Le glaçon brûlait au loin.
L'albinos le contemplait à bord du navire-prison qui s'en éloignait lentement, l’œil hagard et les dents serrées. Quelque part, la mission avait été un franc succès, malgré la victoire de la révolution et la libération de Mandrake. Jotunheim était à feu et à sang, jamais plus l'île n'accueillerait le moindre prisonnier, le moindre garde-chiourme... la moindre âme-qui-vive. Tandis que la glace fondait sous les flammes qui consumaient les rares édifices libérés de leur couverture gelée, les mines placées par Karen et ses subalternes continuaient d'exploser sous le regard avide de la directrice.
Plus loin, les derniers navires de la Marine quittaient l'île dans un dernier espoir de repli, mais déjà la coalition des pirates et des révolutionnaires avait cessé le feu ; ils déguerpissaient, eux aussi, avec certains détenus notoires à leur bord. Mandrake...
À cette pensée, les poings de la blonde se crispèrent davantage dans ses épais gants en cuir. Mais ça n'était pas son combat, son objectif principal n'avait pas été d'empêcher l'évasion, mais de détruire la prison. Non, à ce moment, Annabella se pensait victorieuse, dans son bon droit, sans même se douter de la crasse que lui avait faite l'agent double, sans même se douter que l'Amirale-en-chef avait été témoin de la mise à exécution de son plan infâme. Pourtant le visage de la belle était livide, terne ; quelque chose n'allait pas.
En vérité, l'assaut révolutionnaire avait été plus important que prévu, il ne s'était pas agi d'une simple mission de reconnaissance. Et c'était maintenant sûr qu'ils savaient pour Mandrake : les présomptions de Karen s'étaient malheureusement avérées vraies, même si Anna n'y croyait en rien au départ.
Toutefois il n'avait pas été difficile de capturer l'un des nombreux sous-officiers révolutionnaires au cours de la mêlée et à force de torture celui-ci avait fini par parler. L'information était alors tellement difficile à digérer qu'Anna dut quitter la cale, et voilà maintenant plusieurs bonnes minutes qu'elle se tenait agrippée au bastingage, dont elle tordait involontairement les barres en acier entre ses doigts puissants. Finalement, Karen la joignit sur le pont, un chiffon ensanglanté entre les mains, le regard abscons.
Après de pesantes secondes durant lesquelles seul le bruit des vagues et des explosions dans le lointain parvenaient à se faire entendre, la cornue brisa le silence en dévoilant une simple question que chacun se posait à ce moment précis :
« - Que faisons-nous maintenant ? »
Le regard de la directrice était toujours rivé sur les flammes qui miroitaient sur les derniers blocs de glace et se confondaient en petites étincelles rouges dans les prunelles de ses billes métalliques, si semblables à de vrais organes oculaires. Elle sentit son cœur en acier manquer un battement, mais ne cilla pas.
À la place, elle répondit :
« - Maintenant, il est temps de leur renvoyer la balle. Prévenez les autres unités, dites-leur que nous faisons voile vers Jaya. »
L'albinos le contemplait à bord du navire-prison qui s'en éloignait lentement, l’œil hagard et les dents serrées. Quelque part, la mission avait été un franc succès, malgré la victoire de la révolution et la libération de Mandrake. Jotunheim était à feu et à sang, jamais plus l'île n'accueillerait le moindre prisonnier, le moindre garde-chiourme... la moindre âme-qui-vive. Tandis que la glace fondait sous les flammes qui consumaient les rares édifices libérés de leur couverture gelée, les mines placées par Karen et ses subalternes continuaient d'exploser sous le regard avide de la directrice.
Plus loin, les derniers navires de la Marine quittaient l'île dans un dernier espoir de repli, mais déjà la coalition des pirates et des révolutionnaires avait cessé le feu ; ils déguerpissaient, eux aussi, avec certains détenus notoires à leur bord. Mandrake...
À cette pensée, les poings de la blonde se crispèrent davantage dans ses épais gants en cuir. Mais ça n'était pas son combat, son objectif principal n'avait pas été d'empêcher l'évasion, mais de détruire la prison. Non, à ce moment, Annabella se pensait victorieuse, dans son bon droit, sans même se douter de la crasse que lui avait faite l'agent double, sans même se douter que l'Amirale-en-chef avait été témoin de la mise à exécution de son plan infâme. Pourtant le visage de la belle était livide, terne ; quelque chose n'allait pas.
En vérité, l'assaut révolutionnaire avait été plus important que prévu, il ne s'était pas agi d'une simple mission de reconnaissance. Et c'était maintenant sûr qu'ils savaient pour Mandrake : les présomptions de Karen s'étaient malheureusement avérées vraies, même si Anna n'y croyait en rien au départ.
Toutefois il n'avait pas été difficile de capturer l'un des nombreux sous-officiers révolutionnaires au cours de la mêlée et à force de torture celui-ci avait fini par parler. L'information était alors tellement difficile à digérer qu'Anna dut quitter la cale, et voilà maintenant plusieurs bonnes minutes qu'elle se tenait agrippée au bastingage, dont elle tordait involontairement les barres en acier entre ses doigts puissants. Finalement, Karen la joignit sur le pont, un chiffon ensanglanté entre les mains, le regard abscons.
Après de pesantes secondes durant lesquelles seul le bruit des vagues et des explosions dans le lointain parvenaient à se faire entendre, la cornue brisa le silence en dévoilant une simple question que chacun se posait à ce moment précis :
« - Que faisons-nous maintenant ? »
Le regard de la directrice était toujours rivé sur les flammes qui miroitaient sur les derniers blocs de glace et se confondaient en petites étincelles rouges dans les prunelles de ses billes métalliques, si semblables à de vrais organes oculaires. Elle sentit son cœur en acier manquer un battement, mais ne cilla pas.
À la place, elle répondit :
« - Maintenant, il est temps de leur renvoyer la balle. Prévenez les autres unités, dites-leur que nous faisons voile vers Jaya. »