- Et là, Izya s’est transformée en dragon et a détruit la flotte de Kenora.
- Hein ?
- Et même qu’un tyrannosaure est sorti des tunnels et a mangé tous les singes !
- Quoi ?
- Et ... et ... Reyson il a fait pousser une moustache sur Kenora !
- Même pas vrai, t’y étais pas !
- Ouais mais mon cousin connaît un type qui y était et qu’à tout vu. Le type l’avait vu sur la lettre que son frère, qui servait sous les ordres du Commandant Yamamoto, a transportée.
- Donc …
- … c’est un témoignage de premier ordre !
Le brouhaha s’intensifia, allant à qui connaissait le mieux l’histoire, prenant de l’ampleur et ronflant jusqu’à des niveaux douloureux. L’alcool coulait à flots, se renversait sur les planches vermoulues de la coque de la taverne et les chopes ne tardèrent pas à voler, à rebondir contre les murs et les chambranles des épaves accolées pour former la formidable terrasse sur laquelle les pirates ne tarderaient pas à se rouler par terre.
- Mais Izya, elle était pas prisonnière ?
- Non mais t’as pas suivi. C’était un piège ! Les révolutionnaires la suivaient …
- Depuis quand les révolutionnaires nous aident ?
- Non mais c’était nous qui les aidions là … t’as rien compris …
- Paraît même que le grand Tahar est revenu ! Et il a renversé la flotte de Kenora comme ça, d’un geste de la main, pif !
- …
- …
- C’était ta bière ou la mienne ?
- Quelle importance ?
Et les festivités ne tardèrent pas à se transformer en bagarre généralisée, tirant sur les fragrances acidulées de la bile et de l’urine se mélangeant rapidement à quelques effusions de sang, voire de dents. Les navires se mirent rapidement à tanguer sous l’effet de la cohue, et la musique pris le pas sur les échauffourées, les chants paillards finissant par imposer leurs rythmes à la population cosmopolite d’Armada. Les cris se muèrent en rires et ce qui aurait pu dégénérer dans le sang devint une beuverie comme il y en avait tant sur la ville libre.
Mais plus loin, un peu plus à l’écart du bruit, dans un débarcadère à l’abri des regards et des chopes qui se renversaient, une étrange équipe venait de poser pied sur l’assemblage de navires constituant le cœur de la ville. Arrivés par une barque seulement, ils semblaient avoir été transportés là en toute discrétion. Une petite équipe d’ombres, dans le royaume des forbans et des truands. Certains observaient la débauche lointaine d’un œil agacé, d’autres goûtaient avec plaisir l’air du large et de la liberté. Mais tous avaient désespérément besoin de boire quelque chose de frais, et qui ne soit pas sorti de la réservé d’alcool frelaté du sous-marin révolutionnaire.
« Elle a dit qu’on les retrouvait où ? » murmura un homme revêtu d’une tunique noire unie, dans laquelle il semblait flotter.
Il planta sa canne et offrit un sourire dénué de substance à ses camarades. Il était courbé, de nombreuses cicatrices couraient sur son visage et sa longue chevelure rousse n’était plus qu’un ramassis rêche de poils récalcitrants. Il boitilla vers l’avant, grognant de douleur lorsque sa jambe arquée par les souffrances de Jotunheim se cogna contre une planche inégale.
« Non pas que l’idée de les rencontrer sur Armada ne m’enchante pas … en fait si, c’est exactement ça. » bougonna l’homme pour qui toute cette opération avait été montée.
Le preux général des révolutionnaires, l’homme invincible. Celui qui avait perforé des murailles avec ses propres mains, qui avait réduit des amiraux au silence par sa force et sa volonté. Jonas Mandrake n’était plus qu’une épave. Torturé, brisé. Emietté. Il levait la tête, arborait un air arrogant mais l’étincelle qui animait son cœur semblait avoir disparu derrière un regard froid et vide. L’humour était un masque, et sa rancœur un chancre.
« Je crois qu’on nous a parlé du Repos du Dragon … » osa un autre, dont un cigare ornait le coin de la bouche.
Il était revêtu d’un gilet bleu élimé qui couvrait à peine une multitude de bandages sur le torse, venant entourer son bras droit, de l’épaule à la main. Un bandeau masquais sont œil droit, lui donnant l’air dangereux d’un truand des mers. A sa ceinture pendait une simple rapière, battant contre un pantalon en lin blanc lui aussi élimé. Il allait en savates, semblant penser que c’était la meilleure façon de se fondre dans le décor. S’il ne semblait pas avoir tort sur ce point, il posait certainement les yeux sur l’Armada pour la première fois. Et jamais, ô grand jamais, il n’aurait pensé être invité à y accoster. Un mélange d’admiration et de répulsion se lisait dans son regard. Comme s’il comprenait soudain la puissance des libres pirates, comme s’il comprenait soudain que ces forbans sans foi ni loi avaient construit quelque chose qui dépassait son entendement.
- Hein ?
- Et même qu’un tyrannosaure est sorti des tunnels et a mangé tous les singes !
- Quoi ?
- Et ... et ... Reyson il a fait pousser une moustache sur Kenora !
- Même pas vrai, t’y étais pas !
- Ouais mais mon cousin connaît un type qui y était et qu’à tout vu. Le type l’avait vu sur la lettre que son frère, qui servait sous les ordres du Commandant Yamamoto, a transportée.
- Donc …
- … c’est un témoignage de premier ordre !
Le brouhaha s’intensifia, allant à qui connaissait le mieux l’histoire, prenant de l’ampleur et ronflant jusqu’à des niveaux douloureux. L’alcool coulait à flots, se renversait sur les planches vermoulues de la coque de la taverne et les chopes ne tardèrent pas à voler, à rebondir contre les murs et les chambranles des épaves accolées pour former la formidable terrasse sur laquelle les pirates ne tarderaient pas à se rouler par terre.
- Mais Izya, elle était pas prisonnière ?
- Non mais t’as pas suivi. C’était un piège ! Les révolutionnaires la suivaient …
- Depuis quand les révolutionnaires nous aident ?
- Non mais c’était nous qui les aidions là … t’as rien compris …
- Paraît même que le grand Tahar est revenu ! Et il a renversé la flotte de Kenora comme ça, d’un geste de la main, pif !
- …
- …
- C’était ta bière ou la mienne ?
- Quelle importance ?
Et les festivités ne tardèrent pas à se transformer en bagarre généralisée, tirant sur les fragrances acidulées de la bile et de l’urine se mélangeant rapidement à quelques effusions de sang, voire de dents. Les navires se mirent rapidement à tanguer sous l’effet de la cohue, et la musique pris le pas sur les échauffourées, les chants paillards finissant par imposer leurs rythmes à la population cosmopolite d’Armada. Les cris se muèrent en rires et ce qui aurait pu dégénérer dans le sang devint une beuverie comme il y en avait tant sur la ville libre.
Mais plus loin, un peu plus à l’écart du bruit, dans un débarcadère à l’abri des regards et des chopes qui se renversaient, une étrange équipe venait de poser pied sur l’assemblage de navires constituant le cœur de la ville. Arrivés par une barque seulement, ils semblaient avoir été transportés là en toute discrétion. Une petite équipe d’ombres, dans le royaume des forbans et des truands. Certains observaient la débauche lointaine d’un œil agacé, d’autres goûtaient avec plaisir l’air du large et de la liberté. Mais tous avaient désespérément besoin de boire quelque chose de frais, et qui ne soit pas sorti de la réservé d’alcool frelaté du sous-marin révolutionnaire.
« Elle a dit qu’on les retrouvait où ? » murmura un homme revêtu d’une tunique noire unie, dans laquelle il semblait flotter.
Il planta sa canne et offrit un sourire dénué de substance à ses camarades. Il était courbé, de nombreuses cicatrices couraient sur son visage et sa longue chevelure rousse n’était plus qu’un ramassis rêche de poils récalcitrants. Il boitilla vers l’avant, grognant de douleur lorsque sa jambe arquée par les souffrances de Jotunheim se cogna contre une planche inégale.
« Non pas que l’idée de les rencontrer sur Armada ne m’enchante pas … en fait si, c’est exactement ça. » bougonna l’homme pour qui toute cette opération avait été montée.
Le preux général des révolutionnaires, l’homme invincible. Celui qui avait perforé des murailles avec ses propres mains, qui avait réduit des amiraux au silence par sa force et sa volonté. Jonas Mandrake n’était plus qu’une épave. Torturé, brisé. Emietté. Il levait la tête, arborait un air arrogant mais l’étincelle qui animait son cœur semblait avoir disparu derrière un regard froid et vide. L’humour était un masque, et sa rancœur un chancre.
« Je crois qu’on nous a parlé du Repos du Dragon … » osa un autre, dont un cigare ornait le coin de la bouche.
Il était revêtu d’un gilet bleu élimé qui couvrait à peine une multitude de bandages sur le torse, venant entourer son bras droit, de l’épaule à la main. Un bandeau masquais sont œil droit, lui donnant l’air dangereux d’un truand des mers. A sa ceinture pendait une simple rapière, battant contre un pantalon en lin blanc lui aussi élimé. Il allait en savates, semblant penser que c’était la meilleure façon de se fondre dans le décor. S’il ne semblait pas avoir tort sur ce point, il posait certainement les yeux sur l’Armada pour la première fois. Et jamais, ô grand jamais, il n’aurait pensé être invité à y accoster. Un mélange d’admiration et de répulsion se lisait dans son regard. Comme s’il comprenait soudain la puissance des libres pirates, comme s’il comprenait soudain que ces forbans sans foi ni loi avaient construit quelque chose qui dépassait son entendement.