Le Deal du moment : -27%
-27% sur la machine à café Expresso ...
Voir le deal
399.99 €

Entre vie et mort

Il y a deux jours…

Les yeux dans le trouble, fixant l'horizon inlassablement Ma semble figé comme une statue que rien, ni le vent ni les vagues ne parviennent à faire ciller. Une parenthèse pleine de vie vient de se refermer dans sa longue, très longue existence. Les chapitres s'enchaînent mais depuis longtemps il poursuit son histoire seul, terriblement seul. Seul sur sa barque, balloté par les eaux de la mer de Jade il attend avec sa patience légendaire. Une frêle canne à pêche installé devant lui, à peine le bout des doigts pour la retenir il se plonge dans son passé. Les images de sa femme lui reviennent, une beauté sans pareille. Puis les premiers émois, les premières conneries, l'amour, l'amitié, son travail, c'est toute une vie bien remplie qui défile devant ses yeux. Des joies, des peines et tant d'aventures qui ont fait de lui un homme heureux.
Puis malheureusement le décès de sa femme, il y a 30 ans lui remonte petit à petit. Ses yeux s'emplissent d'une myriade de larmes, pourtant aucune s'écoule pour l'instant. Son coeur était faible, elle n'avait plus la force de vivre et, dans un dernier élan a jeté un baiser sur les lèvres charnues de Ma. L'amour éternel, jusqu'à la mort. Puis, avec douceur et presque beauté elle s'éteint. Une pointe de tristesse serre le coeur du petit vieillard, il suffoque presque tant elle est vive.
On parle de deuil, mais comment réellement se remettre de la mort de celle qui pendant près de 45 ans a partager sa vie. Impossible pour lui, impossible de surpasser cet événement. Seul la présence d'At..

> C'est quoi ça ?! s'étonne-t-il en voyant tomber une masse dans l'eau à quelques mètres de lui.

Aussitôt il se précipite vers sa petite rame rabougrit et use de toutes ses maîgres forces pour se rapprocher de la gerbe d'eau créée à l'impact. Ne voyant rien remonter dans l'immédiat il lance alors sa canne avec une précision digne d'un pêcheur expert directement à l'endroit où la chose a sombrée.

> Oh, c'est un bon morceau ! se dit-il en serrant la machoîre.

Tâtant deux à trois fois le poids de la prise il tire d'un seul coup d'un coup de poignée et de balancier aussi fluide que puissant. La masse fend l'eau puis sort d'un bloc jusqu'à venir s'écraser dans sa petite barque.

> Mais comment ?! hurle-t-il en voyant un homme, face contre les planches et inerte.
Décidant de le tourner pour voir de qui il s'agit, l'armure violette lui indique pourtant d'ores et déjà l'identité de la victime. Atoum.... oh, OOOOOH réveille toi ! lui hurle-t-il en lui mettant quelques claques.

Rien n'y fais, le corps de l'alcoolique est lourd et sans réaction. Blessé de partout, les bras ballants rien ne s'est passé comme prévu pour lui. Ma s'en veut terriblement, il a laissé partir ce gamin et le voilà désormais au seuil de la mort.


Aujourd'hui...

Le chasseur de prime n'a toujours pas ouvert les yeux, il respire, ses fonctions vitales semblent maintenue mais il est encore entre la vie et la mort. Ses poumons ont été vidés de toute l'eau qu'ils contenaient et, sans relâche, Ma veille sur son protégé. Faisant intervenir un médecin à son chevet, ils tentent à deux de sauver la vie de cet étranger qui, en un éclair, a égayé la vie d'un vieillard de presque 130 ans.
Les plaies du natif de Kage Berg sont recousues, ses bras enroulés dans d'épaisses bandes et son visage tuméfié est couvert de pansements. Le voilà dans un piètre état, lui l'homme si fier et vivant d'habitude.

> Tu vas t'en sortir mon garçon, murmure tendrement Ma en regardant son jeune ami.


Dernière édition par Atoum Bahara le Dim 10 Mar - 10:59, édité 1 fois
    > Il ne s'est toujours pas réveillé… dit moi, comment est-il ?! s'inquiète Ma auprès du médecin.
    > Il lutte, son état est un peu meilleur qu'hier mais disons qu'il n'est pas stable ! Pour ses blessures les choses s'arrangeront vite mais j'ai quelques réticences pour ses membres supérieurs… lui répond le médecin avec beaucoup de professionnalisme. C'est vrai que c'est lui qui a mis le boxon près de la brèche ?
    > Je sais qu'il s'en remettra. Comment ça le boxon, tu sais depuis que je l'ai repêché je suis resté enfermé, si ce n'est pour te voir.
    > Il y a deux jours dans la matinée un combat a éclaté près de la brèche. Un homme avec une armure violette que l'on dit chasseur de prime et un pirate assez connu.
    > Ah bon ? Je n'étais pas au courant !
    > Le combat s'est vite envenimé mais, dit-on qu'il n'a pas eu la moindre chance ! Le pirate a les pouvoirs d'un fruit du démon et il a causé un énorme trouble sur le chantier. Il aurait décimé une escouade de l'armée impériale puis aurait démoli une partie de la muraille, laissant un trou encore plus béant qu'il ne l'était auparavant ! lui conte le médecin.
    > ... il a du se battre comme un beau diable !
    > Surement mais je crois bien que du point de vue de l'armée ce gamin n'est pas très bien vu, il est en quelque sorte à l'origine des événements ! Enfin bon, ces pirates ils en manquent pas une non plus...
    > Le principal c'est qu'il s'en remette...
    > Je vais y aller j'ai fini, je repasserai demain dans la soirée ! Si vous observez quoi que ce soit notez le que je puisse suivre correctement son évolution !
    > Je te remercie Yao, passe le bonjour à ta famille !
    > Merci Ma, je le ferais sans faute ! Passez une bonne soirée !

    Le médecin s'en allant, voilà que le vieillard se retrouve seul avec son jeune ami. Toujours inconscient, placé dans une sorte de coma à cause de la douleur subie et de l'importance des chocs, le chasseur de prime n'a pas bougé d'un cil depuis deux jours. Une situation inquiétante surtout que les médecins les plus réputés sont innaccessible pour Ma. Lui n'ayant pas les moyens, c'est un arrière-petit-neveu qui le dépanne en passant chaque jour pour évaluer l'état d'Atoum. Le combat de ce dernier ne semble pas terminer et s'il parvient à s'en remettre ce serait déjà un petit miracle en soit. Quoi qu'il en soit, la nuit tombant le vieil homme s'assied aux côtés du convalescent et prend un petit bol de riz. Une portion plus maîgre encore qu'à l'accoutûmé, cependant il ne peut se permettre plus à cause des frais qu'il engage pour sauver l'alcoolique. Il paie effectivement le matériel que son descendant utilise car bien que médecin, il n'est pas argenté pour autant. La vie n'est pas simple à Kanokuni et malgré la fastuosité de son architecture et l'ampleur d'une construction telle que la grande muraille, le peuple vie assez chichement. Enfin, du moment que l'on a pas un titre de noblesse en tout cas.

    La nuit passe et, brûlant le corps d'Atoum commence à convulser. Pris de spasmes, ses jambes semblent presque courir tandis que son visage est tordu de douleur. D'énormes gouttes de sueurs perlent sur son front et il devient bouillant. Ma s'inquiètant de plus en plus de ne pas parvenir à faire baisser sa fièvre en le mouillant régulièrement traverse la baie à toute vitesse en pleine nuit pour rejoindre son arrière-petit-neveu et le faire venir. Par conscience professionnel ce dernier sort des bras de Morphée et, au chevet du chasseur de prime constate que sa santé est mise à rude épreuve. A l'aide de linges mouillés il le rafraîchit aux endroits les plus propices comme l'aine, les pliures de coudes et de genoux et dans le cou. Puis, il sort une seringue, tâte une veine et envoie le liquide directement dans son sang.

    > Je reviens vers 10h et je lui poserais une perfusion, je ne pensais pas qu'il en aurait besoin mais là c'est vital !
    > Comment ça vital ?!
    > Je.... Ma... je ne sais pas, mais il n'est pas sûr qu'il passe la nuit de demain ! Son corps est en quelque sorte en boullie. Il a subit des chocs trop important... on a l'impression qu'il s'est fait écrasé par un cuirassé de la Marine, lui annonce le médecin.
    > Viens le plus vite possible, je te paierais tout ce qu'il faut mais sauve le ! s'affole le vieil homme, larmes aux yeux.
    > Je fais tout ce que je peux, vous le promet !
    > Merci, dit-il en pleurant puis en serrant son descendant contre lui.

    Une fois de plus, Ma se retrouve seul avec Atoum, mais ses forces le quittant il va chercher l'une de ses fioles et se boit deux gorgées d'un coup pour se redonner du courage.
      Les perfusions sont posées, des substances médicamenteuses inoculées dans l'organisme d'Atoum et, branché à de multiples tuyaux, il poursuit son combat pour la survie. La fièvre ne redescend pas tout de suite et Ma comme Yao sont assez sceptique.

      > J'ai eu des infos, c'est bien lui qui s'est battu, le pirate c'est un sacré ! Il a prit la fuite avec son équipage en passant par le Fort Levant !
      > Il a donc tenté de faire son boulot, de nous protéger peut-être même !
      > Je n'en sais rien mais le combat était inégal !
      > Il a eu le temps d'aller à l'herboristerie tu penses ? Il devait rejoindre mon amie, tu te souviens de Jan Kalemen ?!
      > Hum.... je sais pas... ah si ! Je me souviens, son arrière-petite-fille était une amie à moi ! se remémore Yao. De ce que j'ai entendu il n'était pas loin de son échoppe, j'irais la voir demain je t'en donnerais des nouvelles !
      > Oh oui je veux bien, Atoum était censé la voir avant d'aller chasser ce fameux pirate ! C'est un bon gamin, grossier, alcoolique et impatient mais c'est vraiment un bon gamin !
      > Je veux bien vous croire Ma ! Bon, je vais lui faire quelques examens ! Vous pouvez aller pêcher, je m'en occupe ne vous inquiétez pas !
      > Bon je te le confie alors, qu'il se réveille vite !
      > Je donne tout ce que je peux Ma, c'est promis !

      Le vieillard s'en va, laissant le médecin seul avec son patient. Récupérant ses filets, sa canne à pêche et sa pagaie il se met en route pour tenter de ramener le repas du soir. Chaque jour son quotidien se résume à de la survie, pêcher et économiser ses maigres économies pour qu'il puisse, une fois le moment venu léguer ce qu'il lui reste à ses petits-enfants.

      Pendant ce temps, seringue à la main et désinfectant dans l'autre il s'occupe de finir de soigner les plaies d'Atoum. Les points qu'il a fait tiennent bon et le reste est en bonne voie. La respiration très faible du chasseur de prime n'est cependant pas un très bon signe. Finalement, le temps passe et Yao semble satisfait, les données sont meilleures que la veille. Au final il est content, bien qu'il ne soit pas un grand toubib, l'arrière-petit-neveu de Ma semble réussir à le maintenir en vie. Puis dans les quartiers de la Baie de Jing il fait du bon travail depuis maintenant quelques années. Ses moyens sont moindres mais il tient bon et assure la santé d'un maximum de ses concitoyens. Il est temps pour lui d'y aller, récupérant sa trousse médicale il s'en va, fermant la porte derrière lui.
        Une semaine plus tard...

        > Merci le vieux ! Merci de m'avoir sauvé vraiment ! dit Atoum, les yeux enfin ouvert.
        > Le tout c'est que tu sois vivant ! La prochaine fois, tâche d'être au niveau quand tu t'attaques à quelqu'un ! Tu vois, que je te dis que tu es un impatient ! le réprimande gentillement Ma.
        > Pfff, il a eu de la chance la prochaine fois je le défoncerai !
        > Mais arrête... tu ne peux plus ! tu n'as pas encore compris ?! Tu ne pourras plus te servir de tes bras ! Je sais que c'est dur mais il faut l'accepter !
        > Ta gueule le vieux et sert moi à boire !
        > Tu ne dois pas...
        > La vieille, tu as eu des nouvelles ?! le coupe net Atoum.
        > Hum... fait Ma l'air mélancolique. Elle est morte... on a retrouvé son corps à l'étage... ce serait le pirate que tu as affronté et ses hommes qui l'auraient tué, lui et son mari !
        > QUOI ?!!! hurle Atoum en tentant de se lever. P'tain d'merde ! J'vais l'buter ce type ! dit-il en se remettant en position assise.
        > Non, la haine ne doit plus être versée.. il est un truand de la pire espèce, mais tu vas mourir à ton tour ! s'inquiète Ma.
        > J'm'en branle ! J'te fais la promesse que j'vais lui faire regretter ses actions !
        > Atoum... dit le vieil homme avec beaucoup d'émotion dans la voix.

        Touché par la détermination du chasseur de prime, il n'en demeure pas moins lucide sur la réalité et Ma sait très bien que sans bras, cela n'est pas possible. Brisés, ceux-ci ne serviront plus à rien à leur propriétaire. Ils sont devenus complètement inutilisable et sont désormais uniquement source de douleur pour Atoum.

        > Tu peux vivre ici autant que tu le veux, je vais te trouver un travail mon garçon et tout ira bien !
        > Pfff tu m'crois capable de ça ?! J'me barre dès que je le peux ! J'vais aller le chercher, s'il faut que je fasse trois fois le tour du monde je le ferais ! Bras ou pas bras je vais le défoncer !
        > Mais tu ne p...
        > STOP !!!! Laisse moi 'tain ! s'emporte Atoum.

        Motivé par une colère et une énorme blessure dans sa fierté, le natif de Kage Berg se lève d'un seul bond surpassant toute douleur et s'en va dehors. Les bras correctement bandés, il y voit désormais deux fardeaux qu'il va devoir porter. Deux boulets accrochés à lui qui le trainent plus qu'autre chose. Il a l'impression de n'être que la moitié d'un homme, d'avoir perdu dans sa virilité, dans son honneur. Profondément meurtri autant physiquement que psychologiquement, la seule chose qui lui reste est son désir grandissant de vengeance. 
        Comme pour se prouver quelque chose il donne un parfait coup de pied dans un saut qui vole en éclat à l'impact, puis tente un coup de pied acrobatique mais s'étale au sol, déstabilisé en plein vol.

        > ARRRRRGGHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!! hurle-t-il, comprenant que sans bras son équilibre en prend également un coup.

        Toute sa colère est concentrée dans ce cri venant du fin fond de ses tripes et de son cœur.

        Par la fenêtre, Ma observe son protégé. Il l'admire presque mais sait que la route sera longue pour qu'il surpasse cette épreuve. Apprendre à re-dompter son corps n'est pas une mince à faire, mais Atoum en a le potentiel. Il a survécu, il peut se reconstruire.