Rappel du premier message :
Et bien, mon pauvre Alma, te voici dans de beaux draps maintenant. La seule chose à peu près positive, c’est que je suis aux côté de ma douce, que je pourrais séduire sans compter les jours. Comprenant rapidement que je suis avec des criminels, il se peut que les jours soient finalement comptés. Oui, parce qu’on vient de loin, là. Il y a quelques jours, nous étions dans une arène de laquelle on s’est échappé grâce à une foutue montgolfière.
Depuis ce jour, nous naviguons - ou disons plus précisément que nous suivons le courant marin, dans l’espoir t’atteindre une île. Nous n’avons ni navigateur, ni… que dalle en fait. Pas de cuisinier, pas de navigateur, que des types bons pour la vigie. Ah ! Il y a un formidable charpentier : moi. J’ai rapidement rafistolé le vieux radeau sur lequel nous sommes. Au-delà de ça, on pêche, on cuisine tant bien que mal. Léa et Eärendil sont celles qui se démènent le plus pour le pseudo équipage.
Le jeune Nicholas, à la vigie, prend son rôle très à coeur. Il en faut des jeunes motivés. Le pire de tous, c’est celui qui nous sert de capitaine. Vous voyez le genre, le grand tyran qui n’en fout pas une et qui laisse ses subordonnés agir pour lui. Si ça ne tenait qu’à moi, je lui foutrai quelques coups de pied au cul, mais je repense rapidement à son combat face à l’autre fou de l’arène. Aussi branleur soit-il, c’est un dur à cuir. Le genre que l’on préfère avoir de son côté.
- Oh ! Les gars ! Terre en vue ! dit le petit Nicholas.
Il est impressionnant de voir le soulagement de tous. En même temps, faut dire que l’on y croyait plus tellement. Le voyage paraissait interminable. J’ai même pensé faire ma déclaration ici, à ma douce, et ce avant de périr comme une grosse merde. Mais j’ai bien fait de me retenir, la terre ferme se rapproche au fil des minutes. Alors que j’étais constamment sur le quai vive, j’admets me sentir soulagé à présent. Un toit où dormir, bouffer quelque chose d’à peu près bon… Je bave.
Mais à l’odeur qui nous accueille, nous comprenons bien rapidement que c’est une ville pêcheur. Nous comprenons également que nos repas seront essentiellement constitués de poisson. Je songe réellement à me laisser mourir de faim. À peine arrivé, même pas le temps de jeter l’encre, que j’ai une envie folle de me tirer. Je prends sur moi et ne dis rien. On ne sait jamais ce qu’on peut trouver sur la terre ferme.
La ville semble assez sympathique et paisible. Exactement ce qu’il me fallait. Je souffle discrètement de soulagement. Pas de folles aventures, seulement du repos bien mérité. Je sursaute à la pose d’une main sur mon épaule. Je me retourne brusquement mais… ce n’est que la jolie blonde qui m’accompagne depuis Réthalia. Elle souhaite simplement prendre de mes nouvelles. Il est vrai que nous avons passé peu de temps ensemble. Puis elle s’est liée d’amitié avec Léa à force de bosser ensemble.
Mais un détail m’interpelle. Comment allons-nous vivre sans argent ? Partir à l’aventure c’est cool, sauf que sans thune, c’est compliqué. Ma réflexion faite, le temps que l’on amarra la navire, je me dirige aussitôt vers Riko qui ne semble définitivement pas se poser plus de questions que ça. D’un air déterminé, je me retrouve face à lui, tapant du pied en signe d’impatience. Pour sa défense, nous n’avions pas d’autre choix que de se tirer de Réthalia après le bordel provoqué. J’espérais néanmoins qu’il ait réfléchi à un plan entre temps.
- Dis-moi, canard-boiteux, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Nous sommes une dizaine de salopards, sans argent, sans navigateur, sans cuistot… J’ai quelques économies mais ça part relativement vite. On doit tous être dans ce cas de figure. Et tu sais quoi, j’accepte tous les plans foireux pour me remplir les poches.
Légalement, je construirai ou réparerai des navires. Je dois devenir riche le plus rapidement possible. Loin d’être le plus courageux, ni même le plus inconscient, mais je suis prêt à me salir les mains pour m’assurer un avenir joyeux. Néanmoins, mes pensées sont vite balayées par cette mauvaise impression que j’ai de cette ville. C’est trop calme. Pas mal de sans-abris, beaucoup de pêcheurs, un commerce qui semble être très fructueux… Je n’affirme absolument rien. Nous venons tout juste d’arriver et je n’ai absolument rien vu.