Bizarre. J’ai l’impression de rêver. Comme si je flottais, tranquillement. Pas besoin de penser, je me laisse juste traîner, dans le vide. J’ai l’impression de rien sentir, comme si j’étais plus qu’un esprit dans le néant. Si seulement je n’avais pas le goût du sang en bouche, ce serait un super rêve. Maintenant que j’y pense, y’a pas que ça. Je sens un truc, finalement ; j’ai mal au bide. Si je pouvais bouger, je tâterai pour voir si il manque pas un ou deux morceaux. Lentement, je commence à reprendre conscience. D’abord le froid. Puis les yeux embrumés. C’est ça, la mort ? Si c’est le cas, c’est quand même vachement décevant. Je suis morte comment, déjà ?
Pas le temps d’y réfléchir. Je sens mon cœur battre à nouveau. Le néant est froid et humide. Je me rends compte que je suis complètement conne, ce que j’ai pris pour le néant, c’est l’eau. La mer. Ca me prend comme un coup de foudre ; je respire plus. J’ouvre la bouche, par réflexe, et mes poumons se remplissent d’eau. Je suis pas encore morte, mais ça va sûrement pas tarder. Si seulement j’avais pas bouffé ce machin, sur Uréa… J’essaye de me débattre, de remonter, en vain. Le peu de lumière qui reste s’estompe petit à petit. Je sombre dans les abysses. Avant que tout s’éteigne, j’entrevois quelque chose sur le côté. Je tourne la tête comme je peux, c’est là que je le vois.
Sa longue chevelure blanche, son air bourru. Pas de doute, c’est lui. La dernière fois que j’ai été autant dans le merde, y’a des années, il est apparu comme ça, aussi. Il vient encore me tirer du pétrin ? Après toutes ces années sans nouvelles ?
Ah, non. Ce que j’ai pris pour mon vieux père, c’est juste un poisson. Il me fixe, avec ses yeux globuleux. Qu’est-ce qu’il a l’air con. Je m’enfonce encore plus. Je vois quasi plus rien, maintenant. Trop profond pour que le soleil ne tape. Ou alors je perds connaissance, définitivement. La dernière chose que j’aperçois, c’est une longue queue de poisson, tout en écaille. Ça brille. Comme dans les vieilles histoires de marins trop arrachés par l’alcool. Encore une hallucination à la con.
Je commence à me souvenir. Je dois sûrement voir ma vie défiler devant mes yeux, un truc du genre. J’étais sur un navire, en direction de Kone, Kono… je sais plus, mais on a dû se faire attaquer. Des pirates ? Nan, c’était pas humain. Un putain de monstre. Tout en écaille, lui aussi. Mais plus dégueulasse. Il a éclater la coque. J’ai pas fais gaffe. Je crois qu’il m’a bouffé. Ou en tout cas, il a essayé. Je me rappelle avoir…
Sursaut, sueur. J’éjecte l’eau de mes poumons en crachant bien disgracieusement. J’ai des frissons. Pas moyen de me lever, pas encore. Mais je crois bien que je suis vivante, c’est déjà pas mal. J’ouvre un œil, puis l’autre. Le soleil me tape en plein visage. En dessous, du sable. Koneashima ? Un peu de chaleur. Et à côté, plus d’écailles ; rien qu’une paire de jambes élancées qui s’approchent. Je crois que y’a un peu de monde, plus loin. Je les entends parler, murmurer, applaudir, s’étonner. Mais je m’en fous. On m’a vraiment sortie des profondeurs ?
Pas le temps d’y réfléchir. Je sens mon cœur battre à nouveau. Le néant est froid et humide. Je me rends compte que je suis complètement conne, ce que j’ai pris pour le néant, c’est l’eau. La mer. Ca me prend comme un coup de foudre ; je respire plus. J’ouvre la bouche, par réflexe, et mes poumons se remplissent d’eau. Je suis pas encore morte, mais ça va sûrement pas tarder. Si seulement j’avais pas bouffé ce machin, sur Uréa… J’essaye de me débattre, de remonter, en vain. Le peu de lumière qui reste s’estompe petit à petit. Je sombre dans les abysses. Avant que tout s’éteigne, j’entrevois quelque chose sur le côté. Je tourne la tête comme je peux, c’est là que je le vois.
Sa longue chevelure blanche, son air bourru. Pas de doute, c’est lui. La dernière fois que j’ai été autant dans le merde, y’a des années, il est apparu comme ça, aussi. Il vient encore me tirer du pétrin ? Après toutes ces années sans nouvelles ?
Ah, non. Ce que j’ai pris pour mon vieux père, c’est juste un poisson. Il me fixe, avec ses yeux globuleux. Qu’est-ce qu’il a l’air con. Je m’enfonce encore plus. Je vois quasi plus rien, maintenant. Trop profond pour que le soleil ne tape. Ou alors je perds connaissance, définitivement. La dernière chose que j’aperçois, c’est une longue queue de poisson, tout en écaille. Ça brille. Comme dans les vieilles histoires de marins trop arrachés par l’alcool. Encore une hallucination à la con.
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Je commence à me souvenir. Je dois sûrement voir ma vie défiler devant mes yeux, un truc du genre. J’étais sur un navire, en direction de Kone, Kono… je sais plus, mais on a dû se faire attaquer. Des pirates ? Nan, c’était pas humain. Un putain de monstre. Tout en écaille, lui aussi. Mais plus dégueulasse. Il a éclater la coque. J’ai pas fais gaffe. Je crois qu’il m’a bouffé. Ou en tout cas, il a essayé. Je me rappelle avoir…
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Sursaut, sueur. J’éjecte l’eau de mes poumons en crachant bien disgracieusement. J’ai des frissons. Pas moyen de me lever, pas encore. Mais je crois bien que je suis vivante, c’est déjà pas mal. J’ouvre un œil, puis l’autre. Le soleil me tape en plein visage. En dessous, du sable. Koneashima ? Un peu de chaleur. Et à côté, plus d’écailles ; rien qu’une paire de jambes élancées qui s’approchent. Je crois que y’a un peu de monde, plus loin. Je les entends parler, murmurer, applaudir, s’étonner. Mais je m’en fous. On m’a vraiment sortie des profondeurs ?