- Rafael-a:
Long soupir.
Le rasoir reposait sur une serviette chaude, la buée sur la vitre laissait à peine entrapercevoir les yeux océans de l’assassin. L’air frais chassait peu à peu le flou du reflet, révélant un menton glabre, donnant naissance à deux lèvres pulpeuses et carmines. Son nez en trompette, agréablement retroussé, était surmonté d’yeux en amandes, légèrement écartés. L’un était marqué d’une cicatrice ancienne, transformant sa pupille océane en un amas gris fumeux, tandis que l’autre observait son reflet avec un agacement difficile à cacher. Ses sourcils fins encadraient un front délicat, où des cheveux gris et longs prenaient naissance.
« Délicat, vraiment ? Depuis quand je suis délicat moi … » grommela une voix sucrée, sensuelle.
Sans compter ses vêtements qui le tiraient désagréablement. Il tira une nouvelle fois sur sa tunique, tentant de libérer sa poitrine de l’étau de tissu. C’était un comble : ses affaires étaient devenues à la fois trop grandes, et trop petites pour contenir ses formes. Ses bras disparaissaient dans des manches infinies, et les ourlets n’en finissaient plus. Ses hanches ne lui permettaient plus de porter confortablement ses ceintures. Et encore, si cela avait pu lui permettre de se libérer de la contrainte d’entretenir sa barbe … mais non : le pirate avait cru sage de lui laisser une opulente moustache sous le nez.
Toc toc.
« J’arrive, j’arrive. » maugréa-t-il, de sa douce voix d’ange.
D’un geste, l’assassin attrapa sa tenue noire d’assassin. Elle se changea en un carcan de fumée qui vint épouser ses formes et constituer une tenue un peu plus adaptée à ses nouvelles formes. Il avait reprisé plusieurs points durant son voyage pour qu’elle soit un peu mieux adaptée. Plus de place pour les jambes, ouverte sur le haut du torse pour pouvoir respirer un peu. Il se sentait serré et mal à l’aise là-dedans. Comment faisait donc Céline pour évoluer avec autant de grâce, avec une tenue pareille ? Encore une merveille à mettre au crédit de sa femme. Qui serait, en revanche, bien moins enchantée de le découvrir dans cet état là … La connaissant, le tourner en ridicule ne serait qu’un des plus doux tourments qu’elle lui réserverait …
Ainsi, l’assassin fit glisser une cape sur ses épaules, venant épouser une fois de plus ses formes. Son épée pendait à son côté, et ses multiples armes étant reléguées dans un coffre, bien loin de là. En tenue classique, il avait enlevé toute trace d’appartenance à l’ordre, ne gardant que sa rapière. Il ressemblait plus à une mercenaire austère qu’à une donzelle en détresse, mais peu importait. Son corps n’était qu’un outil, il n’était qu’un outil. Seule comptait la mission. Il adressa alors un dernier regard vers le miroir avant de se diriger vers la sortie. Il était quand même pas mal, en femme.
La porte s’ouvrit sur un Ragnar tout en muscles. Disparues les formes qui faisaient aujourd’hui l’angoisse de l’assassin. Il était redevenu lui-même, ayant mené son contrat à termes avec Reyson. Au moins, cela prouvait que le pirate savait tenir ses engagements. S’il avait un jour cru qu’il travaillerait de pair avec la fille de Tahar Tahgel … mais nul n’était responsable des erreurs de ses parents.
« Je suis prêt … e. Je suis prête. » grommela-t-il, ayant du mal à se mettre dans une peau féminine.
Il se sentait à l’étroit dans ce corps, se donnait l’impression d’un étranger, comme si ces morceaux de chair en plus ou en moins étaient ceux d’un autre. Ses gestes étaient toujours les même, sa force et son esprit aussi. Mais … quelque chose avait changé. Il sentait des émotions vives qu’il n’avait pas encore eu à canaliser jusque lors, des éléments que les hormones du pirate avaient dû chambouler. C’était étrangement similaire et différent à la fois. Et il n’avait pas encore eu à connaître les crampes mensuelles qui, elles seules, avaient le don de forcer Céline à rester couchée. Il soupira de plus belle en chassant ces pensées de sa tête. Il accepterait ce corps avec ses conditions, ce n’était que temporaire.
« Où est Jonas ? As-tu pu aller chercher les billets pour le train ? Nous ne devons pas louper le départ. Je te conseille de te déguiser un peu. On ne sait jamais quelle technologie le Gouvernement peut inventer pour nous gâcher la mise. » rumina l’assassin, en s’attachant les cheveux en un catogan serré.
Ces derniers avaient beaucoup poussé, rendant son attache inutile pour se dégager la nuque. Il n’aimait pas cette sensation ondulante sur les épaules. Il resserra le tout en un chignon désordonné et soupira de nouveau. Il allait devoir apprendre à faire des tresses. Le grand, le terrible Rafaelo allait devoir apprendre à se faire des tresses. Un léger sourire gagna ses lèvres. Au moins serait-il prêt pour sa fille …
« Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? J’ai un truc sur le visage ? Ah, les hommes ! » grogna Rafaelo, avant de dépasser Ragnar en levant les bras au ciel.
Oui, les hommes … et il n’était pas encore sorti de l’auberge. Dans ce monde, mieux valait être une femme commune et laisser le sexe opposé indifférent. Car si l’assassin pensait pouvoir passer inaperçu avec ce nouveau visage, ce nouveau corps … c’était peine perdue.
Le rasoir reposait sur une serviette chaude, la buée sur la vitre laissait à peine entrapercevoir les yeux océans de l’assassin. L’air frais chassait peu à peu le flou du reflet, révélant un menton glabre, donnant naissance à deux lèvres pulpeuses et carmines. Son nez en trompette, agréablement retroussé, était surmonté d’yeux en amandes, légèrement écartés. L’un était marqué d’une cicatrice ancienne, transformant sa pupille océane en un amas gris fumeux, tandis que l’autre observait son reflet avec un agacement difficile à cacher. Ses sourcils fins encadraient un front délicat, où des cheveux gris et longs prenaient naissance.
« Délicat, vraiment ? Depuis quand je suis délicat moi … » grommela une voix sucrée, sensuelle.
Sans compter ses vêtements qui le tiraient désagréablement. Il tira une nouvelle fois sur sa tunique, tentant de libérer sa poitrine de l’étau de tissu. C’était un comble : ses affaires étaient devenues à la fois trop grandes, et trop petites pour contenir ses formes. Ses bras disparaissaient dans des manches infinies, et les ourlets n’en finissaient plus. Ses hanches ne lui permettaient plus de porter confortablement ses ceintures. Et encore, si cela avait pu lui permettre de se libérer de la contrainte d’entretenir sa barbe … mais non : le pirate avait cru sage de lui laisser une opulente moustache sous le nez.
Toc toc.
« J’arrive, j’arrive. » maugréa-t-il, de sa douce voix d’ange.
D’un geste, l’assassin attrapa sa tenue noire d’assassin. Elle se changea en un carcan de fumée qui vint épouser ses formes et constituer une tenue un peu plus adaptée à ses nouvelles formes. Il avait reprisé plusieurs points durant son voyage pour qu’elle soit un peu mieux adaptée. Plus de place pour les jambes, ouverte sur le haut du torse pour pouvoir respirer un peu. Il se sentait serré et mal à l’aise là-dedans. Comment faisait donc Céline pour évoluer avec autant de grâce, avec une tenue pareille ? Encore une merveille à mettre au crédit de sa femme. Qui serait, en revanche, bien moins enchantée de le découvrir dans cet état là … La connaissant, le tourner en ridicule ne serait qu’un des plus doux tourments qu’elle lui réserverait …
Ainsi, l’assassin fit glisser une cape sur ses épaules, venant épouser une fois de plus ses formes. Son épée pendait à son côté, et ses multiples armes étant reléguées dans un coffre, bien loin de là. En tenue classique, il avait enlevé toute trace d’appartenance à l’ordre, ne gardant que sa rapière. Il ressemblait plus à une mercenaire austère qu’à une donzelle en détresse, mais peu importait. Son corps n’était qu’un outil, il n’était qu’un outil. Seule comptait la mission. Il adressa alors un dernier regard vers le miroir avant de se diriger vers la sortie. Il était quand même pas mal, en femme.
La porte s’ouvrit sur un Ragnar tout en muscles. Disparues les formes qui faisaient aujourd’hui l’angoisse de l’assassin. Il était redevenu lui-même, ayant mené son contrat à termes avec Reyson. Au moins, cela prouvait que le pirate savait tenir ses engagements. S’il avait un jour cru qu’il travaillerait de pair avec la fille de Tahar Tahgel … mais nul n’était responsable des erreurs de ses parents.
« Je suis prêt … e. Je suis prête. » grommela-t-il, ayant du mal à se mettre dans une peau féminine.
Il se sentait à l’étroit dans ce corps, se donnait l’impression d’un étranger, comme si ces morceaux de chair en plus ou en moins étaient ceux d’un autre. Ses gestes étaient toujours les même, sa force et son esprit aussi. Mais … quelque chose avait changé. Il sentait des émotions vives qu’il n’avait pas encore eu à canaliser jusque lors, des éléments que les hormones du pirate avaient dû chambouler. C’était étrangement similaire et différent à la fois. Et il n’avait pas encore eu à connaître les crampes mensuelles qui, elles seules, avaient le don de forcer Céline à rester couchée. Il soupira de plus belle en chassant ces pensées de sa tête. Il accepterait ce corps avec ses conditions, ce n’était que temporaire.
« Où est Jonas ? As-tu pu aller chercher les billets pour le train ? Nous ne devons pas louper le départ. Je te conseille de te déguiser un peu. On ne sait jamais quelle technologie le Gouvernement peut inventer pour nous gâcher la mise. » rumina l’assassin, en s’attachant les cheveux en un catogan serré.
Ces derniers avaient beaucoup poussé, rendant son attache inutile pour se dégager la nuque. Il n’aimait pas cette sensation ondulante sur les épaules. Il resserra le tout en un chignon désordonné et soupira de nouveau. Il allait devoir apprendre à faire des tresses. Le grand, le terrible Rafaelo allait devoir apprendre à se faire des tresses. Un léger sourire gagna ses lèvres. Au moins serait-il prêt pour sa fille …
« Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? J’ai un truc sur le visage ? Ah, les hommes ! » grogna Rafaelo, avant de dépasser Ragnar en levant les bras au ciel.
Oui, les hommes … et il n’était pas encore sorti de l’auberge. Dans ce monde, mieux valait être une femme commune et laisser le sexe opposé indifférent. Car si l’assassin pensait pouvoir passer inaperçu avec ce nouveau visage, ce nouveau corps … c’était peine perdue.