MONTRER LES DENTS (Partie 1)
I. C’est l’heure de la bagarre
C’était une journée bien pluvieuse, pour une fois. Le navire sur lequel Farros était embarqué venait d’arriver à Logue Town. La ville, ayant longtemps été la capitale officieuse d’East Blue, était plutôt moderne. Le père du jeune homme lui avait raconté que c’était ici qu’avait autrefois été exécuté le légendaire Gold Roger, celui qui avait été le roi des pirates. Farros raffolait de ce genre d’histoires, même si celle-ci avait une fin plutôt morose.
Farros déambulait dans les rues pavées de la ville, trempé jusqu’aux reins. Le jeune homme s’était rendu sur l’île pour une raison simple : il avait besoin d’argent, et un lieu touristique comme celui-là regorgeait forcément de restaurants à la recherche de cuistots en herbe. La nuit allait tomber, il allait falloir trouver un endroit où dormir.
En s’enfonçant un peu plus entre les grands immeubles qui arboraient la ville, Farros parvint à trouver une auberge qui, bien qu’elle n’eût pas fière allure, devait faire l’affaire pour la nuit. Il entra, faisant grincer la porte d’entrée en bois. Il faisait très chaud, à l’intérieur : la chaleur humaine se combinait à celle d’un foyer en pierre devant lequel se trouvait une table de jeux de cartes. Le barman semblait avoir du mal à suivre la cadence. La clientèle correspondait à l’endroit : les ivrognes semblaient apprécier le lieu, où l’alcool et le lit n’étaient pas chers.
Farros s’approcha du barman, qui semblait aussi être le tenancier de l’auberge et l’interpella :
- Bonsoir ! Vous avez une chambre de libre ?
- Pour sûr, pour sûr. Z’avez de quoi payer ?
- Ouaif… En parlant de payer, vous cherchez pas à embaucher quelqu’un qui sache cuisiner par hasard ?
- Ah non, désolé ! On sert que d’la picole, par ici. Mais si vous cherchez à vous faire de l’argent… Vous pouvez toujours participer aux combats qui vont bientôt commencer. Seulement, faut être discret, voyez c’que j’veux dire…
- Oh… Ouaif… Allez, inscrivez-moi. J’ai besoin d’argent, ça vaut le coup d’essayer.
- Les règles sont simples : pas d’armes, le premier à mettre KO l’adversaire a gagné. Et on évite de faire des morts, si possible. Ça te va ? Lui demanda-t-il, cessant de le vouvoyer.
- Ça me va, fais-moi signe quand c’est à mon tour. Répondit Farros en le tutoyant, se calquant sur l’attitude du barman.
Le tenancier était un homme menu, chauve et arborant une moustache peu soignée. Farros déposa ce qui pouvait servir d’arme dans un casier prévu à cet effet, comme les règles le stipulaient. Le reste était autorisé. Il avait bien le profil du genre de type à organiser des combats illégaux. Farros patienta au bar en attendant que le spectacle commence en sirotant une bière. Il aurait bien pris un verre d’eau, mais ils avaient pas l’air de connaître, dans le coin.
Le premier combat commença. Deux hommes montèrent sur la scène improvisée qui avait été installée au milieu de la salle. Elle était formée d’un plancher en bois et de cordes rouges qui délimitaient le ring. Le tout était assez usé, mais semblait tenir en place. Les deux combattants qui allaient inaugurer les combats avaient un physique assez classique, ce n’était pas des montagnes de muscles. Ils semblaient avoir un petit coup dans le nez.
Les deux ivrognes se faisaient face, attendant le moment opportun pour frapper, déblatérant tout un flot d’insultes au passage. « Je parie sur celui-ci ! » criait-on çà et là. Les hommes enchaînaient des coups approximatifs qui arrivaient à destination une fois sur deux.
Le combat se finit lorsque l’un des deux amateurs de gnôle mit à terre l’autre par un coup de tête. Il leva les bras, triomphant. Il attrapa une bouteille pour se remettre sur pieds avant le prochain combat. Lorsqu’on demanda qui était volontaire pour se battre, Farros bondit sur la scène sans même attendre qu’on l’y invite. Le jeune homme aimait se battre, il voyait ces démonstrations de force comme un jeu, et il aimait jouer.
L’homme posa ses yeux opaques sur Farros. « Qu’est-ce qu’il veut, le gamin ? », lança-t-il en crachant par terre. « Moi j’parie sur Billy ! » pouvait-on entendre parmi la foule des spectateurs. L’homme à qui Farros faisait face portait des vêtements sales, le pantalon tenant grâce à une paire de bretelles en cuir. Sur sa tête se trouvait une casquette raccommodée par quelques bouts de tissus. Son visage quant à lui était buriné par l’alcool, et affublé d’une barbe mal rasée.
Le tenancier annonça le nouveau combat lancé. Le dénommé Billy se lança immédiatement sur Farros, tentant un direct dans la face du jeune homme. Celui-ci esquiva le coup sans problème. Les mouvements de l’ivrogne étaient lents et confus mais imprévisibles. En plus de ça, il encaissait bien. Il parvint à assener un coup violent sur la figure du jeune homme. Farros essuya le sang qui lui coulait du nez par le revers de sa main.
Farros appliqua les enseignements qu’il avait reçu des chiens de Shell Town : montrer les dents, rester en mouvement et frapper fort. Il s’équipa alors de son plus beau sourire canin. Il n’avait pas l’habitude de se battre à mains nues, mais il s’y faisait sans trop de soucis. Il frappa son adversaire d’un coup puissant sur le haut du crâne, parvenant à l’étourdir. Il enchaîna par un coup de pied dans le ventre, coupant le souffle à Billy qui avait déjà du mal à se remettre du coup précédent. Celui-ci se tint aux cordes qui entouraient la scène pour éviter de tomber.
Après quelques secondes, il fonça sur Farros dans un hurlement de rage. Pivotant sur le côté, le jeune homme au nez fin se contenta de tendre la jambe, faisant un croche-patte au combattant titubant. Celui-ci s’étala sur le sol planché, face contre terre. Farros s’assit sur le dos de Billy, en tailleur, et s’adressa au tenancier : « Alors, j’ai gagné ? ».
« Alors ? Quelqu’un veut-il tenter sa chance contre le jeune homme ? Je vous rappelle qu’il faut gagner trois combats de suite pour gagner le pactole ! Allons, venez tenter votre chance ! Et n’oubliez pas de parier sur votre favori ! » lança le tenancier.
« Laissez-moi monter ! » dit un homme d’âge mur, essayant de se frayer un chemin vers la scène. Farros avait du mal à distinguer le visage de l’homme, mais celui-ci était sans aucun doute aussi imbibé que les autres. « Ah, très bien ! Un volontaire ! » cria le tenancier qui s’improvisait animateur. « Dépêche-toi, le vioc ! » hurla l’un des ivrognes.
Farros eut du mal à en croire ses yeux lorsqu’il leva le regard vers son prochain adversaire.
« C… Capitaine ? ».
I. C’est l’heure de la bagarre
C’était une journée bien pluvieuse, pour une fois. Le navire sur lequel Farros était embarqué venait d’arriver à Logue Town. La ville, ayant longtemps été la capitale officieuse d’East Blue, était plutôt moderne. Le père du jeune homme lui avait raconté que c’était ici qu’avait autrefois été exécuté le légendaire Gold Roger, celui qui avait été le roi des pirates. Farros raffolait de ce genre d’histoires, même si celle-ci avait une fin plutôt morose.
Farros déambulait dans les rues pavées de la ville, trempé jusqu’aux reins. Le jeune homme s’était rendu sur l’île pour une raison simple : il avait besoin d’argent, et un lieu touristique comme celui-là regorgeait forcément de restaurants à la recherche de cuistots en herbe. La nuit allait tomber, il allait falloir trouver un endroit où dormir.
En s’enfonçant un peu plus entre les grands immeubles qui arboraient la ville, Farros parvint à trouver une auberge qui, bien qu’elle n’eût pas fière allure, devait faire l’affaire pour la nuit. Il entra, faisant grincer la porte d’entrée en bois. Il faisait très chaud, à l’intérieur : la chaleur humaine se combinait à celle d’un foyer en pierre devant lequel se trouvait une table de jeux de cartes. Le barman semblait avoir du mal à suivre la cadence. La clientèle correspondait à l’endroit : les ivrognes semblaient apprécier le lieu, où l’alcool et le lit n’étaient pas chers.
Farros s’approcha du barman, qui semblait aussi être le tenancier de l’auberge et l’interpella :
- Bonsoir ! Vous avez une chambre de libre ?
- Pour sûr, pour sûr. Z’avez de quoi payer ?
- Ouaif… En parlant de payer, vous cherchez pas à embaucher quelqu’un qui sache cuisiner par hasard ?
- Ah non, désolé ! On sert que d’la picole, par ici. Mais si vous cherchez à vous faire de l’argent… Vous pouvez toujours participer aux combats qui vont bientôt commencer. Seulement, faut être discret, voyez c’que j’veux dire…
- Oh… Ouaif… Allez, inscrivez-moi. J’ai besoin d’argent, ça vaut le coup d’essayer.
- Les règles sont simples : pas d’armes, le premier à mettre KO l’adversaire a gagné. Et on évite de faire des morts, si possible. Ça te va ? Lui demanda-t-il, cessant de le vouvoyer.
- Ça me va, fais-moi signe quand c’est à mon tour. Répondit Farros en le tutoyant, se calquant sur l’attitude du barman.
Le tenancier était un homme menu, chauve et arborant une moustache peu soignée. Farros déposa ce qui pouvait servir d’arme dans un casier prévu à cet effet, comme les règles le stipulaient. Le reste était autorisé. Il avait bien le profil du genre de type à organiser des combats illégaux. Farros patienta au bar en attendant que le spectacle commence en sirotant une bière. Il aurait bien pris un verre d’eau, mais ils avaient pas l’air de connaître, dans le coin.
- Le tenancier:
Le premier combat commença. Deux hommes montèrent sur la scène improvisée qui avait été installée au milieu de la salle. Elle était formée d’un plancher en bois et de cordes rouges qui délimitaient le ring. Le tout était assez usé, mais semblait tenir en place. Les deux combattants qui allaient inaugurer les combats avaient un physique assez classique, ce n’était pas des montagnes de muscles. Ils semblaient avoir un petit coup dans le nez.
Les deux ivrognes se faisaient face, attendant le moment opportun pour frapper, déblatérant tout un flot d’insultes au passage. « Je parie sur celui-ci ! » criait-on çà et là. Les hommes enchaînaient des coups approximatifs qui arrivaient à destination une fois sur deux.
Le combat se finit lorsque l’un des deux amateurs de gnôle mit à terre l’autre par un coup de tête. Il leva les bras, triomphant. Il attrapa une bouteille pour se remettre sur pieds avant le prochain combat. Lorsqu’on demanda qui était volontaire pour se battre, Farros bondit sur la scène sans même attendre qu’on l’y invite. Le jeune homme aimait se battre, il voyait ces démonstrations de force comme un jeu, et il aimait jouer.
L’homme posa ses yeux opaques sur Farros. « Qu’est-ce qu’il veut, le gamin ? », lança-t-il en crachant par terre. « Moi j’parie sur Billy ! » pouvait-on entendre parmi la foule des spectateurs. L’homme à qui Farros faisait face portait des vêtements sales, le pantalon tenant grâce à une paire de bretelles en cuir. Sur sa tête se trouvait une casquette raccommodée par quelques bouts de tissus. Son visage quant à lui était buriné par l’alcool, et affublé d’une barbe mal rasée.
- Le dénommé Billy:
Le tenancier annonça le nouveau combat lancé. Le dénommé Billy se lança immédiatement sur Farros, tentant un direct dans la face du jeune homme. Celui-ci esquiva le coup sans problème. Les mouvements de l’ivrogne étaient lents et confus mais imprévisibles. En plus de ça, il encaissait bien. Il parvint à assener un coup violent sur la figure du jeune homme. Farros essuya le sang qui lui coulait du nez par le revers de sa main.
Farros appliqua les enseignements qu’il avait reçu des chiens de Shell Town : montrer les dents, rester en mouvement et frapper fort. Il s’équipa alors de son plus beau sourire canin. Il n’avait pas l’habitude de se battre à mains nues, mais il s’y faisait sans trop de soucis. Il frappa son adversaire d’un coup puissant sur le haut du crâne, parvenant à l’étourdir. Il enchaîna par un coup de pied dans le ventre, coupant le souffle à Billy qui avait déjà du mal à se remettre du coup précédent. Celui-ci se tint aux cordes qui entouraient la scène pour éviter de tomber.
Après quelques secondes, il fonça sur Farros dans un hurlement de rage. Pivotant sur le côté, le jeune homme au nez fin se contenta de tendre la jambe, faisant un croche-patte au combattant titubant. Celui-ci s’étala sur le sol planché, face contre terre. Farros s’assit sur le dos de Billy, en tailleur, et s’adressa au tenancier : « Alors, j’ai gagné ? ».
« Alors ? Quelqu’un veut-il tenter sa chance contre le jeune homme ? Je vous rappelle qu’il faut gagner trois combats de suite pour gagner le pactole ! Allons, venez tenter votre chance ! Et n’oubliez pas de parier sur votre favori ! » lança le tenancier.
« Laissez-moi monter ! » dit un homme d’âge mur, essayant de se frayer un chemin vers la scène. Farros avait du mal à distinguer le visage de l’homme, mais celui-ci était sans aucun doute aussi imbibé que les autres. « Ah, très bien ! Un volontaire ! » cria le tenancier qui s’improvisait animateur. « Dépêche-toi, le vioc ! » hurla l’un des ivrognes.
Farros eut du mal à en croire ses yeux lorsqu’il leva le regard vers son prochain adversaire.
« C… Capitaine ? ».