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La danseuse au clair de lune

LA DANSEUSE AU CLAIR DE LUNE






I. Un sommeil réparateur



           Farros eût l’impression d’avoir dormi toute une saison lorsque la lumière du soleil le réveilla, la chaleur décuplée par le hublot de sa cabine. C’est d’ailleurs ce que voulurent lui faire croire les pêcheurs de l’équipage.

La bonne humeur régnait sur le navire. Plutôt que de pleurer, l’équipage se réjouissait de pouvoir bientôt rendre honneur à leurs camarades décédés. Cinq hommes étaient morts sous les coups de Lokiri et de ses pirates. Parmi ces hommes figuraient le capitaine Campscotch, mais aussi quatre valeureux pécheurs qui avaient risqué leur vie pour récupérer leur navire. Ils avaient fait preuve d’une immense loyauté envers leur capitaine. Farros se disait que s’il y avait une leçon à retenir de toute cette histoire, c’était ça.

Les pêcheurs avaient dû improviser un dortoir dans la cale du navire, laissant aimablement le leur aux femmes qui avaient été libérées de la prison de Lokiri. Maintenant que tout s’était calmé, Farros put compter à tête reposée le nombre de personne à bord afin de préparer une quantité suffisante de nourriture. Il y avait vingt-huit pêcheurs et dix femmes. Les talents en médecine de certaines d’entre elles avaient permis de soigner ceux qui avaient été blessés au combat.

Parmi elles figurait Mogla. Elle avait pris la décision de suivre Farros pendant un moment, jusqu’à ce qu’elle se lasse. Elle avait d’ailleurs promis au jeune homme de lui apprendre à se battre. Il s’approcha alors d’elle, baillant :

- Salut Mogla, bien dormi ?

- Pas aussi bien que toi, apparemment. J’ai bien cru que tu attendrais le crépuscule pour te réveiller, répondit-elle l’air moqueur.

- Herf, herf, herf. Les derniers jours ont été fatigants. Alors, dis-moi, quand veux-tu qu’on commence notre entraînement ?

- Ah oui, ça m’était presque sorti de la tête… Que dirais-tu de commencer tout de suite ? Attrapes ce bâton, il te reste un peu de temps avant de filer préparer le repas de midi.

- Un bâton ? Je sais bien qu’on me surnomme le Cabot, mais tout de même. Pourquoi tu me filerais pas plutôt une épée ou un sabre ?

- Tu risquerais de te blesser, crétin. Pourquoi ce surnom, d’ailleurs ?

- Eh bien, je crois que c’est parce que les gens m’associent souvent à un chien. A cause de mon comportement, et puis de mon odorat.

- Ton odorat ?

- Ouaif, j’ai un odorat surdéveloppé depuis tout petit. Comparable à celui d’un chien. C’est pratique pour la cuisine, et puis pour d’autres choses.

- Ça explique la sympathie qu’avaient les clebs de Shell Town à ton égard. Pourquoi ne pas t’avoir surnommé le Limier, si ton odorat est si impressionnant ?

- Il faut croire que la plupart des gens n’ont pas ton imagination, herf herf.

- Allez, on arrête les bla-bla,  en position. On commence. Essaye de parer mes coups, triple buse.

Farros et Mogla échangèrent les coups de bâton pendant un moment, sans que Farros ne parvienne une seule fois à atteindre la demoiselle. Elle faisait preuve de rapidité et de grâce dans ses mouvements. Sa manière de manier le sabre était plus élégante que sa façon de parler, ça ne faisait pas de doute. Habile, sa lame fictive semblait être comme une prolongation de son bras. De plus, ses pas étaient légers et sa manière de combattre ne faisait pas naître le moindre bruit.

Le jeune homme tenta de l’assaillir de différentes façons, mais aucune ne s’était montrer concluante. Mogla était silencieuse quand elle se battait. Ce n’était pas plus mal, cela leur permettait de se concentrer sur leur entraînement. Chaque fois que Farros pensait avoir une opportunité de placer un coup de bâton, la jeune femme le parait d’un geste vif et assuré.

C’est épuisé que Farros sortit de cet entraînement. « On remet ça demain, tête de nœud ! » lui lança Mogla. Il se dirigea vers sa cabine pour se rafraîchir un coup avant de rejoindre les cuisines. Il fit signe à quelques marins de le suivre afin de l’aider à préparer le repas.

Au menu, du poisson, encore une fois. A bord d’un navire de pêche, ce n’était pas chose rare. Cependant, cela satisfaisait le jeune homme. Il y avait toute une variété de poissons, ce qui permettait des possibilités culinaires infinies. Pour ce midi, il avait décidé de préparer des tourtes.

Il lui fallut plus d’une heure, le temps de les préparer et les laisser reposer. C’était du boulot, de nourrir autant de personne à lui tout seul. Néanmoins, ça en valait la peine : Farros était ravi de voir le sourire sur les visages salivants des membres de l’équipage à la vue de leur repas.

La bière coulait à flot pour accompagner le met préparé par Farros. Le jeune homme se demandait d’ailleurs comment faisait l’équipage pour toujours garder sa lucidité. On lui passa une chope. Il leva les yeux. Mogla se tenait là, souriante.

Farros n’avait pas beaucoup eu l’occasion de la voir sourire jusqu’à ce qu’ils n’arrêtent le capitaine Lokiri Gootey. La jeune femme avait troqué ses braies de prisonnières contre une robe longue noire qu’elle enfilait par-dessus un chemisier blanc. Cette tenue élégante ne l’avait pas empêché de mettre la pâté à Farros lors de leur entraînement.

Mogla:

Ils discutèrent un moment, avant que le visage de Mogla ne s’assombrît légèrement :

- Dis-moi, Farros, j’ai une faveur à te demander.

- J’t’écoute ! dit-il.

- Eh bien, que ce soit l’honneur ou la religion, je crois pas trop à ces choses-là, mais… Tu crois qu’on pourrait aussi faire une cérémonie discrète pour mon frère ? Peu importe où, on a jamais vraiment eu de chez-nous de toute façon.

- Bien sûr, je vois pas pourquoi tu demandes mon approbation. Je préviendrai l’équipage si c’est ce que tu veux.

- Non, surtout pas ! Je voudrais que seuls ses proches soient présents. Et ça t’inclue toi, tu étais son ami, il l’a dit lui-même. Et puis… Je sais pas trop comment faire à vrai dire. J’ai jamais vraiment fait ça, mais je t’ai vu faire pour Campscotch.

- Aucun problème Mogla, on pourra faire ça cette nuit, quand tout le monde sera couché, si tu le souhaites.

La jeune femme se redressa, donna une tape sur l’épaule de Farros et retrouva son sourire : « On se reparle plus tard alors, le clebs ! » dit-elle. « Je préférais le Limier ! » lui cria Farros alors qu’elle s’éloignait.
Quand il eût terminé de manger, le jeune homme se dirigea vers sa cabine. Il devait s’endurcir : il savait que s’il voulait parcourir le monde, il devrait faire face à plus d’un danger. Les pirates n’étaient pas la seule chose dangereuse qui parcourait les mers, il en était conscient. S’il voulait être capable de se défendre et protéger ses camarades, il devait se préparer.

Après avoir griffonné quelques idées de recettes dans son cahier de notes, il se retira de son bureau et se rendit auprès de l’équipage pour voir si tout se passait bien. Il avait de la peine pour eux, ils avaient l’habitude de travailler pour Campscotch, qui était du métier, et se retrouvaient désormais sans réelle supervision. Il fallait vite trouver un remplaçant au capitaine.

Le reste de son après-midi fut dédié à aider les pêcheurs. C’était un travail difficile, mais enrichissant. Cela permettait à Farros de mieux connaître les aliments marins. L’équipage avait une grande connaissance dans ce domaine et était d’une grande aide pour le curieux jeune homme. Comme ils ne pouvaient pas se rendre tout de suite dans un port pour vendre leur marchandise, ils firent fumer ou sécher la majorité des poissons pêchés. D’autres étaient conservés au frais pour les futurs repas préparés par Farros.

Ainsi, le reste de la journée se déroula de cette manière, dans l’odeur du poisson. Quand le travail fut terminé et que le soleil commençait à se coucher, tous trinquèrent avec une chope de bière bien fraîche. Le jeune homme se retira et, après s’être lavé, s’allongea dans son lit. Il avait beau avoir beaucoup dormi la nuit dernière, il était encore épuisé par les péripéties des derniers jours. Il attendit que la nuit soit totale pour rejoindre Mogla sur le pont.
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II. Gouttes de pluie



               Lorsque Farros mit le nez dehors, Mogla semblait être prête depuis un moment déjà. Le jeune homme la soupçonnait de ne pas avoir quitté le pont depuis le coucher du soleil. La jeune femme n’avait pas remarqué l’arrivée du jeune cuisinier et dessinait des mouvements gracieux avec ses bras et ses jambes, fendant l’air avec la même agilité que lorsqu’elle se battait.
Elle poussa un cri de surprise quand elle se rendit compte que le garçon aux airs de canidés avait assisté à la scène :

- Qu-Qu’est-ce que tu fous là ?

- Eh bien, on avait rendez-vous non ? Je savais pas que tu étais douée pour la danse.

- Ouais, ben, c’est pas pour ça qu’on devait se retrouver, c’est clair ? Si c’est juste pour te foutre de moi que tu es venu, je te conseille de vite retourner à ta cabine avant qu’il t’arrive malheur !

- J’avais pas du tout l’intention de me moquer de toi, herf herf ! fit Farros en mimant de mettre les mains en l’air.

La jeune femme au caractère bien trempé laissa échapper un rire. Cependant, son visage redevint vite plus sérieux :

- Bon, je sais pas vraiment par où commencer.

- Y’a quelque chose que ton frère appréciait particulièrement ?

- Aussi loin que je me souvienne, la seule chose qui remontait vraiment le moral de Moglo, c’était les chants de notre mère quand on était gosses.

- Tu te souviens de l’un d’entre eux ?

- Oui. La bouteille à la mer. Chaque fois qu’il l’entendait, il clamait vouloir devenir pirate. Malheureusement pour nous, les dieux ont exaucé ses souhaits.

- Je connais cette chanson, on me la chantait aussi quand j’étais enfant. Attends un instant, je pense avoir une idée.

Farros ne mit pas longtemps à trouver ce qu’il recherchait. Les bouteilles vides, ce n’était pas ce qui manquait sur un navire de pêche. Il en apporta une, qu’il lava préalablement. Il la tendit à Mogla en même temps qu’un morceau de papier et une plume : « Voilà. On va écrire chacun sur un papier ce qu’on aimerait dire à Moglo. Ensuite, on laissera les courants marins lui porter le message. ». La jeune femme hocha de la tête et fixa le morceau de papier :

- Farros… Je ne sais pas quoi écrire. C’est la première fois que je fais une chose pareille et… Je ne vois pas quel message je pourrais lui envoyer.

- Écris simplement ce qui te passe par la tête. L’important, c’est que ce soit sincère et que ça vienne du cœur. Ça n’a pas besoin d’être long : il comprendra en le lisant.

- Dis-moi, dit Mogla après avoir marqué un court temps de pause. Tu y crois vraiment, à tout ça ?

- A quoi ?

- Tu penses qu’il y a quelque chose après la mort ? Un endroit peut-être ?

- Je sais pas. Pour être honnête, j’aimerais bien que ce soit le cas. Enfin, j’espère le savoir le plus tard possible.

- Tu es bien moins catégorique sur ce sujet que la plupart des gens que j’ai connu.

- Et toi, qu’est-ce que tu en penses ?

- Moi, c’que j’en pense… Je pense que ceux qui y croient sont bien crédules, et que ceux qui n’y croient pas sont bien prétentieux de clamer tout savoir.

C’était bien du Mogla, cette façon de voir les choses. En un sens, cela rejoignait un peu ce que le jeune homme pensait de tout ça. Les deux camarades insérèrent leur mot dans la bouteille de verre. La danseuse parut hésiter un instant, mais finit par trouver l’inspiration.

La cérémonie improvisée fut un succès. Farros laissa Mogla jeter la bouteille à la mer et tous deux se mirent à entonner l’air que la mère de Moglo lui chantait autrefois. Leurs voix étaient plutôt belles, et l’atmosphère se chargea d’émotion. Le ciel vint accompagner leurs pleurs, faisant tomber ses larmes sur les eaux calmes d’East Blue. La mer reflétait la pleine lune qui éclairait la scène de sa lumière blanche. Mogla leva la tête vers le ciel, laissant la pluie entrer en contact avec son visage. Elle se tourna vers Farros, arborant un grand sourire : « Bon, tu devrais aller te coucher, le limier. Tu risquerais de tomber malade si tu restes dehors par ce temps de chien. ». Le jeune homme salua le jeu de mot et lui souhaita une bonne nuit avant de retourner dans sa cabine.

« Eh, attends ! Attrapes ça ! J’ai peut-être pas réussi à récupérer le coffre de Lokiri en entier, mais j’ai au moins pu piquer ça. Ça a des avantages d’avoir appris à voler pendant des années ! Y’en a pour au moins deux millions de Berries ! » dit la demoiselle en lui lançant un collier doré serti de rubis. Farros observa le bijou d’un air ahuri pendant un moment avant de le fourrer dans un des compartiments de sa ceinture.

« On ne va pas refuser un peu d’aide financière, on va bien en avoir besoin. » pensa-t-il. Une fois dans sa chambre, il ferma la porte et s’assit sur son lit, observant les gouttes de pluies s’écraser contre le hublot. Il suivait leur course sur la vitre. Chacune semblait redoubler d’efforts pour en atteindre le bas le plus vite. Au final, toutes disparurent sans laisser de traces quand le soleil se leva.

Les jours qui suivirent ressemblèrent aux précédents. Tranquilles, mais occupés. Le jeune homme commençait ses journées par ses séances d’entraînement avec Mogla. Il fait des efforts et commençait à avoir plus de répondant face à la fougueuse demoiselle. Pour le reste, il s’occupait des repas et aidait les pêcheurs dans leurs tâches autant qu’il le pouvait. Au fil des jours, Farros nouait un vrai lien d’amitié avec Mogla, dont il découvrait peu à peu le caractère caché par son tempérament embrasé. La jeune femme semblait avoir confiance en lui et était loin de la personne méfiante que Farros avait libéré de sa prison de pierre sur l’îlot de Lokiri.

Un jour, alors que tous deux échangeaient les coups de bâtons lors de leur exercice quotidien, le jeune homme l’interpella :

- Au fait, t’as une idée pour la suite du voyage, une fois qu’on en aura fini avec toute cette histoire ?

- J’ai bien une idée en tête, mais ça risque de prendre du temps. Du coup, disons que j’ai l’intention de continuer de voguer librement sur les mers. Avec toi, si possible. Ça me change de la compagnie des pirates débiles et crasseux de Gootey.

- Je vais prendre ça pour un compliment, herf herf. Et du coup, toi qui es navigatrice, tu penses qu’on pourra faire escale sur quelle île, prochainement ?

- Les pêcheurs m’ont dit d’où venaient ceux tombés au combat. Ils étaient tous de Cocoyashi. On devrait y être dans quelques jours. Ensuite…

- Ensuite ?

- Si tu veux, on pourrait aller sur l’île de Dawn. Il semblerait que Campscotch était originaire de là-bas. De la République de Goa, pour être plus précis.

Farros ne répondit pas et se contenta de redoubler d’efforts dans son entraînement. Evidemment, l’information ne l’avait pas laissé indifférent. Un jour, il se rendrait sur l’île de Dawn, mais pour l’instant, il fallait se concentrer sur ce qu’ils avaient à faire.

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III. Sifflements



               Un violent mal de tête réveilla Farros. Ce n’était pas la première fois que le jeune homme subissait une pareille souffrance depuis leur départ de Shell Town. Jusque-là, il avait pris ça pour quelque légère migraine passagère, mais cette fois-ci, ça paraissait plutôt sérieux. Pour que la douleur parvienne à extirper le garçon de son sommeil, celle-ci devait être forte.

Il essaya de se lever tant bien que mal, posant ses mains sur son crâne. Il avança vers la porte de sa cabine difficilement après s’être changé et débarbouillé. Une fois sur le pont, il aperçut Mogla qui l’attendait pour leur entraînement quotidien. Il lui fit signe, tout en s’asseyant contre un tonneau de rhum :

- Bah alors, tu fais une drôle de mine ! T’es tombé de ton lit ? Demanda la jeune femme.

- Très drôle, herf herf. Non, j’ai juste un gros mal de tête, mais ça devrait passer…

- Moi, je pense que tu cherches une excuse pour éviter de te prendre une raclée pendant l’entraînement !

- Arf…

- Bon, si tu veux, je peux demander à Gisèle de t’ausculter. Elle était médecin, avant de se faire capturer par Lokiri. C’est elle qui s’est occupée de la plupart des blessés après la bataille.

- J’veux bien, ouaif.

- Bon, attends ici.

Au bout de quelques minutes, Mogla était de retour avec la dénommée Gisèle. C’était la plus âgée du groupe de femmes secouru par l’équipage de pêcheurs. Elle était très maigre et avait la mine sévère. Le temps n’avait pas été très clément avec elle, visiblement. C’était compréhensible quand on pensait que cette dame avait passé les dernières années captive d’un groupe de pirate.

Gisèle:

La vieille femme s’approcha de Farros sans même dire mot et commença à le scruter de toute part. La situation aurait pu être cocasse si le jeune homme ne souffrait pas de ce foutu mal de crâne. La médecin semblait perplexe et finit par lui adresser la parole :

- Je ne vois pas de signes d’une quelconque maladie qui pourrait provoquer ce mal de crâne. Dites-moi, avez-vous eu un choc, récemment ? Une chute violente, par exemple ? Ou un coup sur le crâne ?

- Euh, ouaif. Pendant mon combat contre Lokiri, ma tête a cogné le sol assez violemment.

- C’est bien ce que je pensais. Et qu’est-ce qui a suivi ce choc, pendant les premières secondes ?

- Mes oreilles sifflaient, mon ouïe n’est revenue qu’après un certain temps.

- Mmmhh… Bon, dans ce cas, je ne vois qu’une solution. Il va falloir préserver vos oreilles pendant un moment. Dans ce genre de situations, il arrive qu’on mette du temps à se remettre d’un tel choc.

- Combien de temps ?

- Cela dépend, une semaine peut-être. Mais cela peut aussi être des mois. Si ce n’est plus.

- Arf…

- Si vous voulez éviter ce type de maux de têtes désagréables à l’avenir, je vous conseille de porter un cache-oreilles quand faire se peut. Cela empêchera la situation de s'aggraver.

- Me voilà dans un sacré pétrin… Enfin, quoi qu’il en soit, merci Gisèle.

- Je vous en prie. Reposez-vous, aujourd’hui. Et demain, quand nous serons à Cocoyashi, essayez de vous dégoter une paire de cache-oreilles.

Farros leva la tête et lâcha un profond soupir. C’était bien sa veine : s’il ne faisait pas attention, il risquait ni plus ni moins de devenir sourd. Heureusement pour lui, Cocoyashi n’était plus qu’à un jour, il trouverait sans doute ce qu’il lui faudrait sur place. Sans même qu’il s’en rende compte, Mogla s’était assise à ses côtés. Elle lui dit :

- Tu sais, mieux vaut que ça t’arrive à toi plutôt qu’à quelqu’un d’autre.

- Arf, quoi ? J’ai peur de ne pas comprendre…

- Ben oui, le Limier. Ton odorat surdéveloppé, t'as oublié, peut-être ? Avec ça au moins, tu pourras compenser ta perte d’audition temporaire.

- C’est pas faux. Je suppose que je suis pas trop à plaindre, finalement.

- Bon, si t’as fini de pleurer, je vais m’entraîner. Repose-toi bien, on reprendra les exercices dès que tu pourras de nouveau tenir debout.

Malgré son ton insolent, elle avait raison, Farros en était conscient. Il valait mieux éviter de se forcer, aujourd’hui. Le jeune homme rejoignit à nouveau sa cabine, dont il venait de sortir. La journée passa lentement, très lentement. Le jeune cuisinier commençait à s’ennuyer, coincé entre quatre murs. Au moins, c’était silencieux, on ne pouvait le nier. Il passa quelques heures à griffonner quelques idées de recettes. Il avait prévu de profiter de leur future visite de Cocoyashi pour s’améliorer dans la préparation de desserts. L’île était connue pour ses mandarines, exportées dans tout East Blue, si ce n’était plus loin encore.

A force de rester assis à écrire, ses muscles s’engourdissaient, il prit donc un instant pour se lever et se dégourdir les jambes. Il en profita pour jeter un œil par son hublot. Il vit les pêcheurs s’activer dehors, transportant leurs lourdes caisses de poissons. Au centre du navire, il apercevait Mogla qui s’entraînait seule, frappant contre le mât du navire et faisant preuve de toute la grâce dont elle était capable. Il n’était pas étonnant qu’elle sache danser. En y repensant, sa manière de combattre elle-même semblait plus relever de la danse.

Farros ne savait pas trop quoi penser de la jeune femme. Cela ne concernait pas sa façon crue de dire les choses, non, au contraire, le jeune cuisinier appréciait plutôt son franc-parler. En revanche, il avait l’impression qu’elle ne s’était pas complètement ouverte. Parfois, son regard malin laissait place à un visage triste et fermé. Il ne pouvait pas lui en vouloir, les gens n’étaient pas tous comme lui, à raconter tout et n’importe quoi à leurs nouvelles rencontres comme il le faisait. Ça, il l’avait appris au fil du temps.

En revanche, une chose était sûre : il était heureux d’avoir trouvé quelqu’un pour lui enseigner comment se battre de manière décente. Si ça pouvait lui éviter des situations comme il avait pu en vivre dernièrement, c’était tant mieux. En plus de ça, il commençait déjà à voir les bénéfices des entraînements sur son corps. Il semblait mieux le maîtriser, et ses muscles semblaient commencer à se développer peu à peu. Enfin, autant qu’ils le pouvaient en quelques jours, en tout cas.

Il se réinstalla à son bureau, cherchant cette fois quel nom il pourrait donner à son futur restaurant. Il passa toute l’après-midi à faire ça, sans vraiment rien trouver de concluant toutefois. Cette journée avait été sous le signe de l’ennui, mais quelque chose faisait penser Farros que les journées qui suivraient contrasteraient avec celle-ci. Ce n’était peut-être pas une mauvaise chose, qu’il ait pris une journée pour se reposer.
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IV. Marchands affamés



              Même après une journée complète de repos, les oreilles du jeune homme continuaient de siffler. Il avait intérêt à suivre les conseils de la vieille Gisèle, s’il ne voulait pas perdre l’audition. Farros essayait de passer le temps tant bien que mal, sans succès. Un bruit vint le sauver de son ennui : quelqu’un toquait à sa porte. Le jeune homme se leva, enfila une chemise en vitesse et ouvrit :

- Salut Farros, désolé de te déranger, dit l’un des pêcheurs.

- Boarf, pas de soucis. Je peux t’aider ?

- C’est-à-dire qu’il y a un navire de marchands qui s’est approché. Ils veulent parler au capitaine.

- Je suppose que je suis ce qui s’en rapproche le plus sur ce navire, herf herf.

Il suivit son camarade jusque sur le pont, où il put apercevoir qu’un très petit navire marchand s’était effectivement approché à une distance suffisante pour les aborder. Pacifiquement, bien sûr. Du moins, il l’espérait : il avait eu sa dose avec les brigands en tout genre ces derniers temps. Il finit par apercevoir deux individus entourés par quelques-uns des marins du navire de pêche.

Le premier, qui attirait tout de suite le regard, était un homme très grand et trapu, assis en tailleur. Il portait un costume vert et arborait une chevelure rose rasée de près. Sa moustache était de la même couleur. A côté de lui se tenait un jeune homme. Plutôt svelte et musclé, celui-ci dénotait avec l’autre personnage. Sa chevelure était blonde, à l’exception d’une mèche rose qui retombait sur ses pommettes. Un air suffisant semblait se cacher derrière le sourire qu’il arborait fièrement. Farros avait un mauvais présentiment, mais il lui arrivait assez souvent de ce tromper. De plus, les deux hommes avaient en fait l’air tout à fait sympathiques.

Asseton:

Obelon:

L’homme massif à la chevelure rose se leva et se dirigea vers Farros :

- Excusez mes manières ! Vous devez être le capitaine ! La journée a été quelque peu fatigante.

- Y’a pas de quoi, vous pouvez vous rassoir. Comment est-ce qu’on peut vous aider ?

- Eh bien, mon fils et moi voguons en mer depuis quelques jours déjà et sommes parvenus à arriver à court de vivres. Mauvais calculs, vous comprenez. Cela dit, nous ne manquons pas de Berries ! Nous serions ravis de pouvoir faire des affaires avec vous.

- Bien sûr, on peut vous vendre un ou deux tonneaux de poissons, si ça vous va.

- Mille mercis ! Nous vous en serions grandement reconnaissants.

En temps normal, Farros aurait fait cadeau de nourriture à des personnes dans le besoins comme c’était leur cas. Cependant, il avait la responsabilité de l’équipage de pêche et ne pouvait pas se permettre de donner le fruit de leur labeur sans rien attendre en retour. Cela dit, il se sentait mal de ne pas faire au moins un petit geste et les invita donc à partager avec eux le repas du soir.

L’imposant homme aux cheveux roses s’empressa d’accepter, sans cesser de l’inonder par un flot de remerciements. Son fils, lui, paraissait moins emballé et mais ne s’y opposa pas pour autant. Il les invita à attacher leur petite embarcation au navire de pêche à l’aide de cordes puis leur fit signe de s’installer tranquillement. « Les gars se chargeront de déplacer les tonneaux. Installez-vous, un repas bien mérité vous attend, herf herf. » leur dit le jeune cuisinier.

Farros rejoignit les cuisines, faisant signe à quelques marins de l’y accompagner, comme d’habitude. Il avait décidé de paner du poisson et de le servir avec des patates rôties. Les pêcheurs bavèrent d’avance à l’annonce du menu. Comme à l’accoutumée, le jeune homme dut rappeler à ses aides de cuisine de se laver les mains avant de commencer. Ils auraient dû retenir la leçon : il avait l’habitude de demander plus ou moins aux mêmes personnes à chaque fois.

Le jeune cuisinier alluma les dials de chaleurs et laissa la magie s’opérer. C’était un plat simple, rien de bien sorcier, mais c’est ce que Farros préférait : parfaire au maximum et rendre délicieux des plats pourtant modestes. Il avait pu comprendre au fil de son voyage que si la haute gastronomie l’intéressait, son cœur était toujours attiré par des plats conviviaux et chaleureux. A côté de la cuisson du plat principal, le jeune cuisinier se dit qu’il n’avait pas eu l’occasion d’accueillir quelqu’un avec sa cuisine depuis un moment : il fallait au moins un peu marquer le coup. Il se mit donc à préparer tout un tas de tartelettes à la pomme : du fait maison de A à Z, évidemment. Leur petit côté caramélisé venait parfaire la douceur des fruits utilisés.

Farros avait été plus long que d’habitude et il faisait presque déjà entièrement nuit à l’extérieur. Les pêcheurs avaient dressé une table de fortune sur le pont et semblaient s’être préparés à faire la fête. C’était une bonne idée, finalement. L’équipage n’avait que peu fêté depuis les événements tragiques qui ont suivi l’infiltration des pirates de Lokiri. Un peu d’alcool et de rires leur ferait le plus grand bien. Tous se hâtèrent d’aider le cuisinier à ramener les plats sur la table. La quantité était plus que suffisante et il leur était difficile de s’empêcher de se jeter dessus immédiatement.

La fête battait son plein, mais Farros se tenait un peu à l’écart de toute cette agitation. Il avait besoin de calme. Enfin, ses oreilles avaient besoin de calme : lui, il mourrait d’envie d’aller les rejoindre. Cocoyashi les attendait, et il pouvait déjà s’estimer heureux s’il pouvait reprendre les entraînements une fois qu’il se serait dégoté une paire de cache-oreilles. Oui, il valait mieux qu’il écoute la voix de la sagesse pour une fois : les mélodies jouées par les accordéons pourraient se montrer fatales pour son ouïe.

A défaut de participer à la fête, il observa la scène, adossé à tonneau de rhum, servant de temps à autre ses camarades enivrés qui venaient chercher de quoi satisfaire leur soif. Son regard se posa sur le dénommé Asseton, qui ne semblait jamais s’arrêter de manger. A moins que ses yeux ne lui jouent des tours, c’était au moins la dixième fois qu’il se resservait. Le jeune homme était content que sa cuisine plaise. Assis un peu plus loin, son fils, Obelon, était en pleine discussion avec Mogla. Farros ne comprenait pas d’où lui venait son mauvais présentiment : pourtant, rien n’indiquait que celui-ci puisse avoir quelque mauvaise intention. C’était sûrement son sixième sens qui lui jouait des tours.

Le jeune cuisinier se résigna, alla saluer ses invités et se rendit dans sa cabine. Finalement, la fatigue ne mit pas longtemps à avoir raison de lui. Peu à peu, les sifflements qui lui perçaient les tympans finirent par laisser place au calme du sommeil. Farros se laissa envelopper dans les bras de Morphée.
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