DICROSS ! TROISIEME ETAGE, QUATRIEME FENETRE EN PARTANT DE LA DROITE ! FAIS-MOI TAIRE CET ENCULE !
REÇU SERGENT-CHEF !
On est obligé de se beugler à même pas trois mètres l'un de l'autre, et on s'entend à peine avec le vacarme assourdissant de la fusillade. Les balles fusent dans tous les sens, ça ricoche à un centimètre de ta trogne et si tu fais pas gaffes, t'as tôt fait de t'en prendre une dans la carafe. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé à l'un de nous, le petit Leonardo Tassin, un jeune deuxième classe qui vient brutalement de plonger dans le bain, et quasiment de s'y noyer. Il en a pris une dans l'omoplate, et un éclat dans la guibolle, ce qui l'a cloué au sol, à hurler et chialer son mal pendant que ses potes s'activent autour pour le maintenir en vie et tenter de le calmer. Le coupable, c'est justement cet enfoiré de fils de pute que le Sergent-Chef Dumoulin veut que je m'occupe, histoire d'éviter qu'il grossisse nos pertes. Et il est bien gentil, très expérimenté au combat, et a raison de vouloir régler le problème, mais ça va être un peu plus compliqué que ça.
Notre position est pas favorable, retranchée derrière des abris de fortune, aux pieds d'un large et haut bâtiment de plusieurs mètres, grouillant de saloperies armées et profitant de leur position haute pour nous canarder comme des sangliers traversant un découvert en pleine battue. J'ai cru entendre que Julius en avait ramassé une aussi, mais peux être sûr de rien avec une information prise sur le tas, avec les oreilles qui sifflent entre les détonations des fusils, les déflagrations des bazookas, les voix des gradés qui s'égosillent pour surplomber le bordel sonore ambiant. On se fait aligner, on riposte à peine, on a peu d'occasions de le faire, mais dès que y'a moyen de placer une doublette, on se fait pas prier. Je suis partagé entre l'excitation du moment, j'ai attendu ça tellement longtemps, depuis que je me suis engagé, la panique de me faire trouer le bide et la rage qu'on se soit fait enfumer si facilement.
En même temps, avec un tel tocard aux commandes, 'fallait pas s'attendre à un miracle de réussite avec cette putain de mission.
DICROSS ! FLINGUE-MOI CET ENFOIRÉ !
Ça me presse les miches, réaction en chaîne de la commandement, je vais presser le fion des deux gaillards sous mes ordres.
KACHER ! YOUDOM ! VIDEZ-MOI VOTRE CHARGEUR SUR C'TTE PUTAIN DE FENÊTRE A LA CON ! JE VEUX PAS VOIR SA SALE GUEULE DE FIOTTE AVANT D'AVOIR PU BOUGER DE MA POSITION !
RECU CAPORAL !
WECU CAPOWAL !
Si j'étais pas angoissé à l’idée de me faire décanillé d'une bastos pleine face, je crois bien que j'aurais esquissé un sourire, cet accent, je l'adore. Je vérifie mon chargeur, qu'une munition est bien en chambre, et fais signe à mes gars qu'ils peuvent déverser un torrent de chiasse sur notre bâtard haut perché. Ils se font plaisir à arroser la façade, et tout ce qui s'y trouve autour. Je bondis de mon muret troué par le plomb, et active mes guibolles pour détaler jusqu'à un point précis repéré y'a pas long. J'ai une belle couverture, mais je vais pas m'attarder en tourisme en chemin. En quelques dizaines de secondes d'une course les fesses serrées et les mâchoires verrouillées, je me vautre d'un bon à plat ventre derrière ma nouvelle planque. Y'a les coudes et les genoux qui amortissent l'impact, sanguinolents qu'ils deviennent, et moi qui perd pas de temps à compter mes écorchures, objectif en tête , en dégommer une.
YOUDOM JE WECHAGE !
KACHER JE RECHARGE !
Sens du timing quand tu fais bien les choses. Haletant, en sueur, pris d'un soudain coup de chaud, je prends position, cherche à bien me caler et choper un bon angle de tir.
Allez, sors ta petite fiole de salope, mon gros.
Forcément, avec le focus qu'il s'est mangé, il a compris qu'il était un invité particulier pour nous et il ose pas trop repasser un pouce par l'encadrement.
Le Sergent-Chef l'a pigé, dieu merci qu'on ai un soldat avec autant de bouteille du vrai combat à nos côtés, et bouge en conséquence. Accompagné de Toddy et Joff, ils se mettent en mouvement pour attirer l'attention, feintant de tenter une percée pour atteindre les portes. En fond, t'as l'incompétent Lieutenant Marinier qui balance un flots d'ordres bancals à ses subalternes, un escargophone à l'oreille, en liaison direct avec un supérieur hiérarchique trop haut placé pour venir mouiller le falsard sur le terrain, le vrai. Si on attendait après ce trou du cul pour se sortir du merdier dans lequel il nous a plongé, on serait déjà tous cané, pissant des litres de sang. Les appâts font le boulot, à moi de remplir le mien. Je respire, tente de me calmer, de faire abstraction de tout ça, me caler sur ma respiration. Ferme l’œil gauche, bloque ma respiration, maintient mon arme, appuis lentement sur la gâchette et fait feu.
Dans le mur, quel connard je suis.
Des débris volent aux quatre coins où s'est logé la munition, et l'un d'eux tape ma cible sous l’œil, ce qui a pour effet de lui faire rentrer la tête.
DICROSS ?! T'ES SERIEUX ?!
Je vais quand même me faire enterrer, bordel.
Pas le temps de l'ouvrir, que l'enfer nous tombe sur le lard, version dynamite et pluies de plombs. Une riposte corsée à laquelle on était pas préparée, qui force l'illustre Lieutenant Marinier à beugler le repli, la fuite, la retraite stratégique, la fin de la déculottée.
Et c'est sur cette mauvaise note personnelle, et encore plus catastrophique collective, que la section se retire vers un lieu sécurisé.
On y est allé avec nos bites et nos couteaux, on s'est fait trouer.
On dit merci qui ?
REÇU SERGENT-CHEF !
On est obligé de se beugler à même pas trois mètres l'un de l'autre, et on s'entend à peine avec le vacarme assourdissant de la fusillade. Les balles fusent dans tous les sens, ça ricoche à un centimètre de ta trogne et si tu fais pas gaffes, t'as tôt fait de t'en prendre une dans la carafe. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé à l'un de nous, le petit Leonardo Tassin, un jeune deuxième classe qui vient brutalement de plonger dans le bain, et quasiment de s'y noyer. Il en a pris une dans l'omoplate, et un éclat dans la guibolle, ce qui l'a cloué au sol, à hurler et chialer son mal pendant que ses potes s'activent autour pour le maintenir en vie et tenter de le calmer. Le coupable, c'est justement cet enfoiré de fils de pute que le Sergent-Chef Dumoulin veut que je m'occupe, histoire d'éviter qu'il grossisse nos pertes. Et il est bien gentil, très expérimenté au combat, et a raison de vouloir régler le problème, mais ça va être un peu plus compliqué que ça.
Notre position est pas favorable, retranchée derrière des abris de fortune, aux pieds d'un large et haut bâtiment de plusieurs mètres, grouillant de saloperies armées et profitant de leur position haute pour nous canarder comme des sangliers traversant un découvert en pleine battue. J'ai cru entendre que Julius en avait ramassé une aussi, mais peux être sûr de rien avec une information prise sur le tas, avec les oreilles qui sifflent entre les détonations des fusils, les déflagrations des bazookas, les voix des gradés qui s'égosillent pour surplomber le bordel sonore ambiant. On se fait aligner, on riposte à peine, on a peu d'occasions de le faire, mais dès que y'a moyen de placer une doublette, on se fait pas prier. Je suis partagé entre l'excitation du moment, j'ai attendu ça tellement longtemps, depuis que je me suis engagé, la panique de me faire trouer le bide et la rage qu'on se soit fait enfumer si facilement.
En même temps, avec un tel tocard aux commandes, 'fallait pas s'attendre à un miracle de réussite avec cette putain de mission.
DICROSS ! FLINGUE-MOI CET ENFOIRÉ !
Ça me presse les miches, réaction en chaîne de la commandement, je vais presser le fion des deux gaillards sous mes ordres.
KACHER ! YOUDOM ! VIDEZ-MOI VOTRE CHARGEUR SUR C'TTE PUTAIN DE FENÊTRE A LA CON ! JE VEUX PAS VOIR SA SALE GUEULE DE FIOTTE AVANT D'AVOIR PU BOUGER DE MA POSITION !
RECU CAPORAL !
WECU CAPOWAL !
Si j'étais pas angoissé à l’idée de me faire décanillé d'une bastos pleine face, je crois bien que j'aurais esquissé un sourire, cet accent, je l'adore. Je vérifie mon chargeur, qu'une munition est bien en chambre, et fais signe à mes gars qu'ils peuvent déverser un torrent de chiasse sur notre bâtard haut perché. Ils se font plaisir à arroser la façade, et tout ce qui s'y trouve autour. Je bondis de mon muret troué par le plomb, et active mes guibolles pour détaler jusqu'à un point précis repéré y'a pas long. J'ai une belle couverture, mais je vais pas m'attarder en tourisme en chemin. En quelques dizaines de secondes d'une course les fesses serrées et les mâchoires verrouillées, je me vautre d'un bon à plat ventre derrière ma nouvelle planque. Y'a les coudes et les genoux qui amortissent l'impact, sanguinolents qu'ils deviennent, et moi qui perd pas de temps à compter mes écorchures, objectif en tête , en dégommer une.
YOUDOM JE WECHAGE !
KACHER JE RECHARGE !
Sens du timing quand tu fais bien les choses. Haletant, en sueur, pris d'un soudain coup de chaud, je prends position, cherche à bien me caler et choper un bon angle de tir.
Allez, sors ta petite fiole de salope, mon gros.
Forcément, avec le focus qu'il s'est mangé, il a compris qu'il était un invité particulier pour nous et il ose pas trop repasser un pouce par l'encadrement.
Le Sergent-Chef l'a pigé, dieu merci qu'on ai un soldat avec autant de bouteille du vrai combat à nos côtés, et bouge en conséquence. Accompagné de Toddy et Joff, ils se mettent en mouvement pour attirer l'attention, feintant de tenter une percée pour atteindre les portes. En fond, t'as l'incompétent Lieutenant Marinier qui balance un flots d'ordres bancals à ses subalternes, un escargophone à l'oreille, en liaison direct avec un supérieur hiérarchique trop haut placé pour venir mouiller le falsard sur le terrain, le vrai. Si on attendait après ce trou du cul pour se sortir du merdier dans lequel il nous a plongé, on serait déjà tous cané, pissant des litres de sang. Les appâts font le boulot, à moi de remplir le mien. Je respire, tente de me calmer, de faire abstraction de tout ça, me caler sur ma respiration. Ferme l’œil gauche, bloque ma respiration, maintient mon arme, appuis lentement sur la gâchette et fait feu.
Dans le mur, quel connard je suis.
Des débris volent aux quatre coins où s'est logé la munition, et l'un d'eux tape ma cible sous l’œil, ce qui a pour effet de lui faire rentrer la tête.
DICROSS ?! T'ES SERIEUX ?!
Je vais quand même me faire enterrer, bordel.
Pas le temps de l'ouvrir, que l'enfer nous tombe sur le lard, version dynamite et pluies de plombs. Une riposte corsée à laquelle on était pas préparée, qui force l'illustre Lieutenant Marinier à beugler le repli, la fuite, la retraite stratégique, la fin de la déculottée.
Et c'est sur cette mauvaise note personnelle, et encore plus catastrophique collective, que la section se retire vers un lieu sécurisé.
On y est allé avec nos bites et nos couteaux, on s'est fait trouer.
On dit merci qui ?
Dernière édition par Peeter G. Dicross le Mar 9 Juil 2019 - 2:48, édité 1 fois