La Révolution Féministe

Grandir à Las Camp, pour une femme, forcément, ça endurcit, ça forge. On passera sur les épreuves qu’a du affronter Cannelle durant son enfance, puis surtout son adolescence où commencent à poindre chez les jeunes filles les premières formes de féminité, attirant indubitablement une foule de mâles trop obsédés par leur entrejambe pour tenter de raisonner avec leur tête. Alors Cannelle s’est blindée, tant moralement que physiquement. Elle a appris à se défendre et à se méfier des hommes, quels qu’ils soient, empruntant avec eux une attitude méfiante voire hostile.

Vers ses dix-huit ans, Cannelle intègre des petits groupes de la révolution, mettant en avant ses qualités et luttant une nouvelle fois contre la misogynie gangrenant les rangs de ses confrères. Plus elle est confrontée à ces réseaux, plus elle se rend compte du manque de confiance à son égard, du mépris qui lui est attribué et des tâches médiocres et infantilisantes qu’on lui fait faire. Cependant, elle ne se laisse pas faire, prend la direction de plusieurs opérations qu’elle mène avec succès. Mais la présence d’hommes dans ses équipes fait qu’on ne la reconnaît pas pour vraie responsable de leur réussite et ça la fait sortir de ses gonds.

Elle décide donc de ne plus choisir que des femmes pour travailler avec elle et pour cela, fait le tour des petits réseaux des blues pour recruter des personnes de confiance. En chemin, elle fait l’acquisition d’un petit voilier, Le Maroufle, et recrute un petit équipage de marins spécialisés dans le transport des personnes pour se faire une parfaite couverture. Ainsi, seules les femmes, dirigeantes du navire font partie de cellules révolutionnaires et sont au courant des opérations dirigées par la Capitaine Garnier, féministe et fière de l’être.

Suite à une mission ayant quelque peu dégénéré lors d’une course de navire, Le Maroufle a été coulé et la trentenaire et son équipage sont à la poursuite de leurs agresseurs, aux côtés d’un Marine d’élite au sourire impayable.

Il est très étrange pour la fille d’une famille de nobles de Goa de se retrouver là, au milieu d’un groupe féministe révolutionnaire, dont les membres sont, il faut le dire, très éloignées socialement d’elle. Mais Marie n’est pas arrivée là par hasard. Très jeune, elle est élevée selon des traditions strictes et bien entendu tout à l’avantage de ses deux frères aînés, représentants mâles de la famille et de surcroît, des bons fils à papa reproduisant avec fidélité le bain patriarcal de quelques siècles de traditions familiale.

Malheureuse de cette condition, sans vraiment s’en rendre compte, elle se mure dans le silence et passe ses journées à être la parfaite petite fille modèle. La nuit, elle s’enfuit régulièrement de sa chambre pour s’aérer, rêver à une autre vie où elle aussi pourrait faire tout ce que ses frères peuvent faire, où elle aurait le droit à la parole. C’est lors d’une de ces virées nocturnes qu’elle fait la connaissance d’un jeune mendiant tout droit venu du Grey Terminal. Elle se lie d’amitié avec lui et le suit dans ses virées folles où elle apprend la maraude, mais aussi le maniement du poinçon, redoutable arme des voleurs lorsqu’il s’agit de percer une jugulaire sans trop attirer l’attention.

Malheureusement, son père finit par la surprendre en train de faire le mur, et plutôt que de l’arrêter immédiatement, il la suit pour savoir où elle se rend. Et elle le mène directement à son ami que son très cher géniteur tuera d’une balle entre les deux yeux avant même que les deux complices aient au le temps de réagir. Saisie d’une rage emplie de tristesse en voyant son seul ami se faire assassiner, Marie va elle même retourner sa lame contre son père.

Ensuite, elle s’enfuit, se réfugie auprès de quiconque pourrait l’aider, est baladée de foyer de la révolution en foyer de la révolution avant de faire la rencontre de Cannelle Garnier qui d’un regard dans le blanc des yeux la prit sous son aile.

Naître au sein du Royaume de Luvneel, on pourrait se dire que c’est plutôt une aubaine, une chance pour démarrer dans la vie. Mais quand on devient orpheline à l’âge de 5 ans suite au grand raz de marée qui ravagea Luvneelpraad en 1600, la vie devient tout de suite beaucoup plus compliquée. Alors on se retrouve adoptée par un couple de révolutionnaires biens sous tous rapports, qui nous éduquent avec des valeurs de respect, d’égalité, d’entraide. Mais lorsque ceux-ci décèdent à leur tour alors que la jeune Sarah n’a qu’une quinzaine d’années, il faut bien trouver un nouveau moyen de survivre.

Après avoir tenté par divers moyens d’aider les collègues révolutionnaires de ses parents adoptifs, sans réel succès, elle commence, faute d’alternative vivable, à se prostituer. Peu à peu, elle prend conscience de la dangerosité de ce métier, mais aussi de tout ce qu’il peut apporter à une organisation révolutionnaire. Elle devient plus sélective avec ses clients, et commence à traîner auprès des quelques gradés de la Marine qui transitent par Luvneelgraad, ce afin de leur soutirer des informations en usant de ses charmes.

Peu à peu, elle mesure que la portée de son action n’est pas suffisamment efficace. Bien que ses méthodes soient de plus en plus perfectionnées, la faible présence du gouvernement sur Luvneel la limite. Alors elle commence à visiter les Blues, se mettant ça et là au service de petites cellules révolutionnaires pouvant avoir besoin de ses services. C’est au cours d’une de ces missions qu’elle fait la connaissance de Cannelle Garnier. Celle-ci se montre d’abord très opposée à l’utilisation du corps de la femme dans des actions révolutionnaires, mais c’est la détermination de Sarah à choisir ce qu’elle fait de son corps et à refuser qu’on ne comprenne pas son point de vue qui finit par retourner le capitaine Garnier qui recrute la révolutionnaire-prostituée dans sa petite équipe révo-féministe.

Petit rat de bibliothèque ayant grandi au sein de la plus grande bibliothèque des quatre mers, Olga semble avoir un parcours légèrement différent de ses trois autres camarades. Parce qu’avant de croiser le chemin de Cannelle Garnier, Olga Davos ne connaissait la Révolution que par les livres. Livres qu’elle avala très tôt, se réfugiant dans la lecture pour éviter de penser au harcèlement scolaire subi continuellement.

Ainsi, elle compense un manque immense en sociabilité par de très grandes connaissances dans beaucoup de domaines. Si Olga peut sembler n’avoir aucune connaissance pratique de part son enfermement dans des rayons de bouquins pendant toute une partie de sa vie, elle compense cela par la théorie. Fine tacticienne, connaisseuse des poisons et médicaments, maîtrise du corps humain, il n’y a que le naturel à aller vers les autres qui lui manque. Ainsi, il lui arrive souvent d’avoir des réactions disproportionnées face à quelque chose qui la trouble.

C’est en farfouillant dans l’arbre-bibliothèque d’Ohara que Cannelle Garnier la rencontre, et, touchée par son histoire, lui propose de rejoindre sa petite équipe. La surdouée mettra longtemps à accepter, mais finira, à force d’arguments, par prendre la mer et commencer pour la première fois, à vivre sa propre vie...