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Step two !



Sekan

« Bienvenue dans le Nouveau-Monde. » ricana Jonas d'un geste théâtral de la main.

C’est le seul qui est suffisamment détendu pour sourire. Malgré le fait que ce ne soit pas la première fois que je voyage au sein du Nouveau Monde, il n’empêche que c’est toujours aussi intimidant. La dernière fois, c’était pour une mission sur Parisse, où j’ai mené une enquête aux côtés de Kardelya. Je me souviens d’ailleurs que je dois impérativement y retourner pour remettre de l’ordre, ou du moins tenter de remettre de l’ordre.

Les traits fermés sur mon visage, j’observe notre arrivée sur Sekan qui s’approche à vitesse grand V. La pluie s’abat subitement, me sortant de mes songes, comme si l’on entrait dans un micro-climat. Cela se démontre par la sortie ensoleillée qui nous attend quelques minutes plus tard. J’espère sincèrement que le temps ne variera pas ainsi tout le long de notre séjour, aussi court soit-il. C’est ainsi que le train se met à ralentir progressivement jusqu’à la fameuse gare de Triage de Sekan. Paraît-il qu’elle dessert tous les trains.

Une foule de personnes attend impatiemment l’arrivée d’amis ou de membres de leur famille, des banderoles sont visibles un peu partout. C’est peut-être un peu trop à mon goût, mais ça reste des moments joyeux, donc pourquoi pas. Le style vestimentaire des personnes présente sur le quai est assez particulier, et c’est moi qui le dis ! C’est pour dire. Rafaela se permet même de m’envoyer une petite boutade au sujet de mon accoutrement qui passerait inaperçu dans ce coin du monde. Ma seule réponse ne se résume qu’à un simple regard vers ce dernier.

Durant ce bref arrêt, le temps que des passagers descendent et que d’autres montent, je me laisse distraire par un énorme volcan un peu plus loin. Cette beauté naturelle vaut certainement le détour, mais ce n’est pas tous les jours que l’on peut rencontrer le conseils des DRAGONS. Notre prochain arrêt est Arcadia, qui n’est autre que notre destination finale à bord de ce train. Ce dernier redémarre quelques minutes plus tard. Accoudé au bord de la fenêtre, les cheveux plaqués vers l’arrière par la force du vent, je reste songeur en attendant le début des festivités.


[•••]


Arcadia

Le train sonne l’approche en gare, me réveillant brutalement de ce profond sommeil dans lequel j’étais plongé. Je ne suis pas dans mon assiette, tout le monde l’aura remarqué. Moi, habituellement énergique, grande gueule, toujours fourré dans les mauvais coups… Me voici songeur, calme, silencieux et dormeur. À des antipodes de mes habitudes. Serais-je intimidé pour la première fois ? Stressé ? Quelle est cette boule au ventre ? J’ai l’impression d’être un gosse qui va rencontrer sa célébrité préférée. C’est un peu le cas cela dit.

Nous arrivons enfin, Acardia, dis-je calmement en observant l’arrivée du train en gare.

En terme de superficie, l’île est tout simplement énormissime. J’ai rarement vu une île d’une telle ampleur. Comme dans toutes les gares, il y a du monde en quai. On trouve tous types d’individus, du pauvre clochard au richissime digne héritier. Inutile perdre davantage notre temps, j’en ai un peu marre de voir des gares et des gens sur les quais. Rapidement, je me lève de ce foutu siège et descends le premier. Je remets délicatement la veste de mon ensemble en attendant ces dames.

Ceci étant fait, nous allons maintenant nous rendre dans le quartier le plus sombre de l’île : Tercio. Il serait préférable pour nous d’aller à la rencontre de certains révolutionnaires qui se trouvent dans le coin, annonce Jonas aussitôt sorti du wagon.

Il a probablement compris que je frétille d’impatience depuis longtemps, et donc sans plus attendre, il déballe le prochain objectif. Étape par étape, c’est précisément ce qui rend ce voyage rassurant. Il ne donne que l’objectif de l’étape, sans jamais se projeter au-delà. Non pas parce qu’il ne voit pas aussi loin, mais simplement une déformation professionnelle qu’il a de ne pas surcharger ses hommes standards en guerre. Je ne pense pas être qu’un simple soldat de la Révolution, encore moins Rafaelo dont les différents états de services parlent pour lui.

La capitale est gigantesque. Des bâtiments de partout, des tours si hautes qu’on n’y voit pas le sommet, un monde fou qui peuple les rues… De toute ma vie, je n’ai probablement jamais rien vu de tel. Je suis nature facilement impressionnable mais tout de même. Un regard vers mes deux compères, histoires de ne pas les perdre… Ça peut vite arriver et ce serait vraiment dommage. Surtout quand l’ambiance change du tout au tout.

Clochards, puanteur épouvantable, déchets qui traînent, de pauvres enfants jouant avec des bouts de ferrailles… À quel moment sommes-nous passés du quartier vivant à ce misérable quartier de morts ? Pourquoi une telle inégalité aussi brutale ? Rien d’étonnant en somme, c’est quasi systématique dans les grandes cités, donc bon. Faut dire que comme je l’ai dit, j’ai jamais vu une cité pareille. Alors un tel écart ne passe pas inaperçu.

Inutile de me torturer l’esprit. Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que j’assisterai à une telle abomination. Si je ne suis pas capable de voir ces choses, c’est que je n’ai rien à faire ici. Le poing serré, je continue de suivre mes deux acolytes sans broncher.



Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Sam 1 Fév 2020 - 23:01, édité 1 fois
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Les soubresauts du train tirèrent l’assassin de ses songeries. Les yeux mi-clos, bercé par les cahots, il sursauta lorsque l’annonce de la gare se fit entendre. CE qui aurait autrefois présenté des semaines de voyages par navire venait de se faire en quelques heures à peine, sans contrainte de recharger les log pose, sans contrainte d’affronter les vents changeants du Nouveau-Monde. Il n’était, pour sa part, jamais allé aussi loin sur ces terres, toujours cantonné là où on avait le plus besoin de lui : sur les terres du Gouvernement Mondial.

Le soleil se reflétait sur les verres des tours, faisant étinceler la cité de mille feux. Les flèches se reflétaient sur l’eau, accentuant l’effet et donnant à Arcadia le lustre qui faisait sa légende. Lentement, le train ralentit, et les machines se stoppèrent, marquant l’arrêt à leur destination. Ragnar et lui croisèrent leur regard, avant de se tourner vers Jonas. Rafaelo entreprit de rassembler ses quelques affaires, avant d’aider le seigneur de la Guerre à déballer les siennes. Rien de bien consistant, ils étaient révolutionnaires après tout. Ils se glissèrent entre les passagers, avant de gagner la cohue de la cité. Un brouhaha incessant bourdonna à leurs oreilles, ne faisant qu’ajouter à l’inconfort de l’assassin. Bien assez vite, il fallut jouer des épaules pour se frayer un passage, éviter les chevaux et voitures qui dominaient les voies passantes. Quelques crieurs publics tentèrent de leur refiler les nouvelles, demandant une somme exorbitante pour leurs journaux. La cité était riche, les quartiers dans lesquels ils venaient d’arriver étaient les plus rutilants de tous : tout n’était qu’abondance. Arcadia était faite pour impressionner. Mais elle n’était pas la première cité à marquer ainsi l’esprit de Rafaelo, et comme pour Goa, ils ne tardèrent pas à rejoindre l’envers du décor.

« Evidemment … les puissants s’arrogent encore et toujours le droit d’exploiter les autres … » murmura-t-il, en faisant jouer entre ses doigts une bourse qu’il avait subtilisée sur le chemin, à l’un des plus immaculés rustauds qui avait eu l’audace de le bousculer.

L’odeur les enveloppa presque aussi tôt, un mélange d’urine et de sueur. La misère trônait partout, au milieu des déchets et des rats. Un air mêlé d’appréhension et de dégoût gagna les traits fins de la donzelle qu’était devenu Rafaelo. Pas envers cet endroit, non, mais envers ces tours immenses. Une envie de les faire chuter, une envie d’anéantir ces castes. Il se retourna et leva les yeux vers le cœur de la cité, qui rutilait encore du soleil couchant. Il plissa les yeux, serra le poing.

« Avançons à couvert. » ordonna Jonas, avant de rabattre sa capuche sur son visage.

Il s’avança en clopinant, suivi de Rafaelo qui fit passer, lui aussi le tissu noir de son habit sur son visage. Il n’était pas de bon ton d’être une femme dans ce genre d’endroit … du moins, tant qu’on avait pas prouvé sa valeur. L’assassin fit jouer ses doigts, impatient de se prêter à un peu d’action. Or, si tout se passait comme prévu … il n’en aurait pas aujourd’hui. Il avait passé tant de temps enfermé dans le train qu’il avait fini par en éprouver une sorte de malaise : tant de nantis, tant de fervents du Gouvernement …

« Là. Attendez-moi ici. » fit la rouquine, en indiquant un coin à ses deux compagnons.

Rafaelo et Ragnar se regardèrent, avant d’acquiescer. Jonas était celui qui connaissait l’endroit, mieux valait qu’il contacte ses connaissances seul. Rafaelo aurait fait pareil : les indic’ n’étaient généralement pas connu pour aimer les invités surprises. Alors ils se glissèrent dans une rue, et s’adossèrent à un mur garni d’affiches de propagande pour la reconstruction d’Espérance, maintes fois profanées et autant de fois recollées. Les minutes passèrent, puis devinrent une heure. La nuit s’installa entre eux, jusqu’à ce qu’un étrange cliquetis ne résonne dans la ruelle. Mandrake mettait un temps fou …

« Mais regardez-moi ça … deux petits égarés se sont réfugiés dans notre terrier … »

Evidemment. Evidemment. L’assassin se retourna et dévisagea une sorte de demi géant, qui cachait l’intégralité de la lumière diaphane venue des rues. Il n’eut pas besoin de se retourner pour savoir que d’autres formes se mouvaient dans le noir, de l’autre côté de la rue. La créature qui avait parlé, d’une voix sépulcrale, fit rouler entre ses dents un rire goguenard. Ses yeux étincelaient d’une lueur jaune dans le noir, et la puanteur de marée basse qui l’accompagnait était éloquente quant à ses origines. Il avança d’un pas lourd, révélant dans la maigre lueur de la nuit une barbe d’algues et un gourdin de la taille de Ragnar.

« On … ne fait que passer. J’apprécierai que vous nous laissiez en paix. » fit l’assassin, d’une voix qu’il espérait libérée de tout fiel.

« Ooooh. Mais si vous ne faites que passer, milady … alors je m’en voudrai de vous importuner. » rocailla l’homme poisson, en se frottant la panse.

Derrière, quelques rires retentirent.

« Merci bien. » trancha l’assassin, puis il fit mine de s’avancer.

Bien entendu, le gourdin de l’imposante créature se posa sur son chemin. Il s’appuya dessus du coude, souriant de toutes ses dents inégales et jaunies par le tabac à chiquer.

« Pas si vite, milady, il va falloir que vous nous … »

Un éclat argenté s’échappa de la main de la « lady » et la masse se sépara en deux. Surpris, la créature s’effondra vers l’avant, mais déjà la main de Rafaelo crocheta son poignet et le rompit dans un craquement sonore. Il pivota sur lui-même et envoya l’être puant s’enfoncer dans une pile de déchet, d’un coup de talon qui résonna comme un coup de feu dans la ruelle. Un nuage d’immondice se souleva et rebondit contre les murs, puis le silence s’installa. La créature venait d’être mise hors de combat en à peine quelques secondes.

« Ramassez votre chef et tirez-vous, avant que je ne change d’avis et lui ouvre le crâne. » ordonna l’assassin, sa capuche toujours sur le visage.

Un humain un peu frêle et maladif s’avança pour vérifier l’état de son chef. Un autre, plus vieux et bardé de cicatrices, se frotta nerveusement les mains avant d’avancer vers Ragnar et Rafaelo.

« Et bien … c’est que … heu … Baldur était censé vous escorter … Jimmy vous attend avec votre ami et heu … et bien … on va avoir besoin de Baldur. » fit-il, piteux.

« Et demander poliment, ça ne vous a jamais traversé l’esprit ? Bordel, c’est toujours pareil quand on demande à des soudards de faire le boulot. » grogna Rafaelo en secouant la tête.

« On devait vérifier que c’était bien vous et heu … trouver un jeune homme et une jeune femme encapuchonnés et un peu … soupe au lait. C’était les consignes, milady. »

Soupe au lait ? Bon. Soit. Celle-là, il l’avait pas volée. Il soupira et se pinça l’arête du nez. Un grognement lourd se fit entendre, à mesure que l’homme poisson revenait parmi les vivants. Il piailla de douleur en constatant son poignet cassé, et certainement quelques côtes fêlées, voire pire.
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Soupe au lait… Je ne peux m’empêcher de pouffer de rire, jusqu’à ce que ce foutu regard d’assassin me terrorise et me calme de nouveau. Quand je vois la facilité déconcertante avec laquelle il s’est défait du gros molosse, je préfère me détendre un peu. En même temps, c’est un peu con d’aborder ainsi de jeunes gens. La réaction de ma collègue, bien qu’un peu excessive, m’est plutôt légitime. Néanmoins, on se sent tous les deux un peu con quand on réalise qu’il s’agit de nos alliés. Certes, un peu cons, mais nos alliés malgré tout.

- Oh, allez, mon ami-e a retenu ses coups, ça devrait aller, dis-je en m’approchant relaxé de la bête.

Je m’accroupis près de lui en sortant une main de ma poche, afin de le réveiller de son profond sommeil. Impossible de le réveiller. Par la même occasion, je suis légèrement refoulé par cette odeur corporelle qui se dégage de ce corps. Il empeste la mort. Ça m’emmerde un peu quand je réalise qu’on ne peut pas le laisser là, que Rafaela ne voudra pas le porter et que les deux maigrichons n’en sont pas capables… C’est bien évidemment moi, Ragnar le sous-fifre, qui va s’en charger avec le sourire aux lèvres.

Le gros bébé sur une épaule, le gourdin de l’autre, j’avance toujours aussi fièrement derrière ces jeunes gens. « Baldur », comme il est mentionné, doit être un gros bras de ce fameux Jimmy, sans doute connu et respecté de tous dans le quartier. C’est un peu le garant de notre survie. Ou pas. Dans ce genre d’enfer, la peur n’a pas sa place si l’on veut survivre, alors on tente le tout pour le tout. Au fil des ruelles que nous franchissons, je sens de nombreux regards se jeter sur nous, comme si nous étions des proies tant désirées.

Je ne crois pas si bien dire en parlant de « proies », quand le balafré m’explique qu’Arcadia était une grande Nécropole où l’on pouvait se nourrir de quiconque sans être jugé. J’apprends donc que certains sont réellement bloqués ici, quand d’autres sont en fait là pour faire ce qui leur plait. J’agrippe fermement le gourdin. Il ne manquerait plus que je finisse embroché et bouffé par des malades. Et comme souvent, c’est quand on s’y attend le plus que les problèmes surviennent.

Nous voici tout simplement enfermés. Chaque issue est occupée par des types aux regards qui en disent long sur leurs intentions. Les regards sont naturellement tous dirigés vers le silhouette féminine, qui semble faire l’unanimité auprès de mes confrères masculins. Avec un peu de chance, ils n’ont peut-être pas remarqué ma présence. Quoi que c’est pas non plus avec le gros machin sur mon épaule que je vais pouvoir me planquer.

- Baldur étant hors-service, je crains que ce soit à toi de t’en occuper, malheureusement pour ces messieurs, dis-je en esquissant un sourire à la belle Rafaela.
- Regardez-moi ce lâche, dit un gros barbu en léchant sa lame. Même pas foutu de protéger une femme, héhé.

Encore faut-il que cette femme ait besoin de protection ? Dans ma vie, sans compter la femme dont je ne vois actuellement que le dos, j’en ai côtoyé de nombreuses qui m’ont protégé plus que l’inverse. Elles sont si fortes. Ce coup-ci, il s’avère qu’en plus de ne pas réellement appartenir à la gente féminine, ces jeunes gens ont juste à faire avec l’un des plus grands assassins de ce monde. Loin d’être à la hauteur de cet illustre personnage, je n’ai pas l’intention d’être le faiblard de service.

- Que dirais-tu de rester bien sagement à mes côtés pendant que mes copains s’occupent de ta copine ?

L’homme qui se tient derrière moi, assez robuste, pose sa main sur mon épaule. Je ne peux m’empêcher de pouffer de rire avant de reprendre mon sérieux.

- Crétin ! Je n’ai jamais eu l’intention de bouger le moindre petit doigt…

Mes yeux virent au rouge, ma main serre puissamment le gourdin.

- … Jusqu’à ce que tu poses ta sale main sur mon…


Ma voix est remplie de colère.

- COSTARD !!

D’un puissant revers, l’homme est pris en sandwich entre l’arme et le mur de la bâtisse à proximité. Le coup est si fort que le mur s’effrite avant de s’exploser, broyant probablement quelques côtes au passage. Alors que l’attention de tous était dirigée vers ma coéquipière, la voici totalement sur moi à présent. Comment récupérer de l’audience ? C’est très simple : massacrer le plus possible. L’étau se resserre autour de moi, je sens que les vacances sont terminées. C’est du moins ce que je pense jusqu’à ce que le gros bonhomme que je porte sur mon épaule commence à grommeler.


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Toujours plus de retard. Cette rencontre traînait en longueur et se faisait bien trop attendre. Ils étaient là seulement pour passer, pour le chemin vers Mega Rêva. Rien de plus. Marcher dans cette cité ravivait de douloureux souvenirs chez l’assassin. D’ombre, de feu et de sang. D’une boucherie sans nom, d’un monde englouti par la violence. D’une véritable révolution … d’un bain de sang sans nom. Il sentait son cœur s’emballer à chaque ruelle, sa colère gonfler à chaque visage contusionné. Ainsi, Rafael … a, Rafaela renfonça sa capuche sur la tête, prenant à merveille le rôle de la beauté ténébreuse. Fort heureusement, il y avait Ragnar.

« Arcadia … un jour, nous te libèrerons … » se murmura le révolutionnaire, percevant les propos du balafré pendant qu’il expliquait le sens de la vie en ces lieux de stupre.

Mais s’il y avait des expériences désagréables pour lui, homme dans toute sa splendeur, ce fut bien celle qui suivit. Certains auraient pu appeler ça un juste retour des choses. Des yeux sur son corps, qui glissaient et luisaient d’audace malsaine. Une bile fangeuse coulant de babines viciées par l’idée même de la chose. Et quelle chose … Il serra les dents, avança dans son corps de jouvencelle, altéré par les hormones de Reyson.

« Et bien … » commença-t-il à répondre à Ragnar, tout en faisant glisser sa cape sur son épaule pour faire sortir sa dague secrète.

Mais les événements prirent une autre tournure. Une tournure qui tira un sourire amusé à l’assassin, lui faisant ressentir dans toute son intensité la force brute de Ragnar, faisant écho aux canons qui avaient frappées les murailles de Goa, faisant écho aux coups échangés avec l’amiral Fenyang. Faisant écho à la force démesurée des héros et des champs de bataille. Car voilà ce qu’ils étaient, deux soldats sur un nouveau champ de bataille. Voilà ce qu’étaient tous les révolutionnaires en ce monde : en guerre perpétuelle. Et la guerre sonnait à leur porte.

Non contents de voir leur plus grande gueule s’affaisser dans un mur en pierre brute, voilà que s’allumait le désespoir et la peur dans leur pupille. Une cible facile qui se rebellait ? Quoi de plus déraisonnable que d’insister, malgré la violence du coup de Ragnar, que personne n’aurait aimé avoir à encaisser ici – surtout son destinataire, à vrai dire.

« Jambon beurre … » marmonna l’imposante silhouette de Baldur, reprenant peu à peu ses esprits.

« Je donnerai mon taudis pour un jambon beurre … »

C’était dire le désespoir qui trônait dans cette cité.

« Hé toi ! T’as cassé Jodalvitch ! Tu … tu vas payer pour avoir osé nous attaquer ! » hurla une voix stridente, quoi qu’un peu paniquée.

Silence.

« Bon. Tant pis. Rag, fais toi plaisir … » fit-il, avant de transformer sa main en fumée dans son dos, de façon à ce que seul Ragnar puisse la voir.

D’un geste, il frappa le sol de son poing et une vague de fumée submergea la zone, les plongeant tous dans une purée de pois opaque. Grâce sa maîtrise, l’assassin fit soudain gonfler le nuage et ménagea un léger cercle pour laisser les malfrats dans la zone enfumée, et eux dans une zone respirable.

« Trouvons un endroit où nous reposer en attendant que Baldur reprenne ses esprits. »




Un peu plus tard.

Enfoncés dans une ruelle un peu plus sombre, Baldur était assis sur une caisse retournée qui avait dû servir d’habitat à bien des parasites. Il se tenait le bras en grimaçant et observait sans cesse Rafaela du coin de l’œil, sursautant à ses moindres mouvements. Notamment nerveux par rapport ses bras croisés et son index qui tapotait son coude un peu trop vite.

« Heu … alors … on est plus très loin, mila … heu … madame. » grommela-t-il, semblant se rendre compte a posteriori que se la jouer face à des gens ‘soupe au lait’ n’était pas très futé.

« Jimmy nous attend avec votre amie. Pas loin des ruines, dit qu’il a fait un marché. Promet qu’on aura des … heu … fonds. Pour vous laisser passer tout ça. Mais … heu … me souviens plus par où heu … c’est que le coup a été un peu … fort. M'voyez … »

Rafaela claqua de la langue.

« Je vois. Je vois. Ragnar, une idée pour retrouver Jonas, vu que l’émissaire ne sait plus distinguer le nord du sud ? »

Moment de battement.

« Jonas … comme … Jonas Mandrake ? » cilla Baldur.

Et merde …

« Donc vous êtes … vous êtes … oh bon sang … oh mon dieu … »
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Et merde. Rafaela qui nous fait une bourde. Avant que le type s’éteigne de panique devant nous, je dégaine ma lame, la lui colle au niveau de la gorge tout en le plaquant contre le mur de la ruelle. C’est brutal. C’est violent. Du Ragnar tout craché. Néanmoins, nous manquons de temps et ce type peut rapidement nous foutre dans de beaux draps. On a assez donné pour aujourd’hui niveau emmerdes. C’est pourtant simple : on ne doit pas se faire remarquer.

- T’as absolument rien entendu. C’est clair ? demandé-je d’un ton froid et assassin. Mon amie est perturbée avec conneries. Est-ce que la rouquine de tout à l’heure ressemble un temps soit peu à Jonas ?

Il commence à réfléchir. Plus le temps passe, plus j’ai l’impression qu’il fait le rapprochement.

- Tu veux mourir ou quoi ? demandé-je en exerçant une pression sur ma lame.
- N… Non. Vo-Vous avez raison. La... La peur me fait perdre la raison.

Bien sûr qu'il a fait le lien, il n'est pas dupe. Je me retourne ensuite vers ma coéquipière en constatant l’état de notre présumé guide. Puis je regarde de nouveau le gringalet que je tiens en tenaille.

- Dis-moi. Si un gros bonhomme comme Baldur est notre guide, à quoi tu sers ? Je veux dire par là que… T’es tout frêle et tu n’as pas franchement l’air dangereux. Tu sens ça ? me retournant vers l'assassin, complice.

J’indique le sol, juste en-dessous de l’entrejambe de notre nouvel ami. Pas très vaillant celui-ci.

- Tu veux savoir c’que j’pense ? Sonné ou pas, Baldur est un gros idiot. Il est incapable de guider qui que ce soit, seulement bon à fracasser les crânes des vilains clochards qui voudraient te faire du mal. Est-ce que tu vois où je veux en venir ?
- N…
- N’essaie surtout pas de me mentir, p’tit malin. J’ai déjà fait cracher le morceau à plus coriace que toi, dis-je avec un sourire malicieux, faisant référence à l’agent du CP9 sur Jaya. Guide-nous à notre amie. Je ne le répéterai pas aussi gentiment la prochaine fois.

Baldur, à retardement, commence à réagir. Raf’ ne l’a définitivement pas raté. Le problème, c’est qu’il se voit rapidement immobilisé par une énorme main d’encre, qui l’englobe presque entièrement. D’ailleurs, ça l’étouffe.

- Tic, toc… Tic, toc… Dépêche-toi, crétin. En continuant dans cette direction, tu vas mourir… et lui aussi.

J’avais déjà auparavant ressenti la sympathie qu’il a pour son vieil ami. Je ne les connais absolument pas, mais je suis à peu près certain qu’il s’agit de deux potes inséparables, et pas seulement deux types réunis pour une mission. L’un sert de bras, tandis que l’autre de cerveau. Un grand cliché me diriez-vous, pourtant, c’est une chance de pouvoir se compléter ainsi. Voyant son allié se démener pour sortir de mon étreinte, il finit par baisser les bras et se résigner à la chose.

- Soit tu nous tues, soit notre boss nous tue. Néanmoins, c’est pas impossible qu’il ait envie de vous rencontrer alors autant prendre le risque…

La décision d’un type dos au mur. Mais certainement la plus sage. Après, je ne suis pas encore un assassin - c’est d’ailleurs loin d’être l’une de mes préoccupations actuelles, donc ce n’était vraiment pas dit que je les tue. Je relâche ma prise sur l’homme qui se retrouve immédiatement sur les rotules, avant que son ami accourt à son secours. Un petit clin d’oeil à ma collègue, puis nous partons en suivant, avec méfiance, notre nouveau guide.




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L’assassin laissa échapper un soupir de dépit. Quoi d’autre ? Ces deux énergumènes se démenaient pour leur faire perdre leur temps … et il ne savait pas ce qu’avait eu Jonas en tête lorsqu’il les avait plantés là. Cette histoire commençait à tourner en rond, dans le genre de rond en forme de cercle et qui se mordait la queue. Son index sur son coude accéléra la cadence, à mesure que Ragnar montrait qui était le chef, d’une façon que Rafaelo avait condamné bien trop de fois. Et dont il avait usé tout autant.

« Alors … mène nous donc à Jimmy. De toute manière, je ne vois pas comment cette situation pourrait devenir pire … à moins que tu sois un traître au service des pols ? Vous deux ça suffira, pas la peine de prendre votre marmaille, je commence à en avoir assez. » lâcha le révolutionnaire en dépassant le petit groupe d’un pas décidé.

Pour faire bonne mesure, les pseudo-guides ne pipèrent mot et se contentèrent d’accélérer la cadence. Baldur ordonna au reste des larrons de rester en arrière, et entreprit de les mener au travers d’un espace entre deux bâtiments, emplis de déchets répugnants et de mendiants qui l’étaient tout autant. Seule Goa pouvait se montrer plus tenace que la misère d’Arcadia. Les minutes s’égrenèrent à mesure que le groupe hétéroclite se faisait un passage au sein des ruelles de l’infâme quartier. Ils finirent par gagner les souterrains, échanger quelques passes de main secrètes et pièces clinquantes, avant d’arriver devant une grille délabrée. Ce fut là qu’il le remarqua pour la première fois, la disparition des voix et des murmures humains, mis à part les borborygmes incessants de Baldur.

Ils avaient gagné les profondeurs, s’éloignant de la puanteur des hommes pour gagner celle de la vase, dans un décor sombre et toxique, aux espèces invasives corrosives. Les murs suintaient de graisse noire, les sols débordaient d’une fange composée d’arthropodes et de chélicérates divers. Un modèle de sympathie, une zone agréable en soit. Les insectes, grimpant et menaçants, tentaient de grimper sur les pauvres visiteurs. S’ils ne parvenaient à grimper sur les miasmes d’encre de Ragnar, ils s’étouffaient tout autant dans la fumée de Rafaelo. Mais leurs deux guides n’en finissaient pas de frapper le sol de leur talon, ou de grogner de mécontentement lorsque l’une des bêtes parvenait à se frayer un chemin sous leurs oripeaux crados.

« Nous … y voilà … hgn, foutu scolopendre ! » grommela Baldur, en claquant une bête de la taille d’un rat sur son épaule.

« La voie vers … Klavethy ! »

L’assassin fronça les sourcils. Klavethy, Klavethy … cela lui disait étonnamment quelque chose. Quelque chose en lien avec l’histoire de la cité qui se dissipa lorsque les gonds de la grille abîmée grincèrent et révélèrent un homme en tenue de camouflage, épée à la main et cicatrices au visage.

« M’fin ! Pas trop tôt les lourdauds ! Jimmy les attend depuis une heure. Vous vous êtes encore perdu ? » grommela l’intrus, tirant des grimaces aux deux guides, dont l’un sentait plus l’urine que l’autre.

Il inspecta de bas en haut Ragnar et Rafaela, le visage impénétrable.

« Faut dire que vous en avez causé des remous pour rien. Vot’ chef vous attend en bas, paraît que vous avez un voyage à terminer. Enfin … c’était ce que je vous dirai si Jimmy avait pas b’soin de vous … mais bon … il vous expliquera mieux que moi. »

Il se recula dans l’ombre, écrasa deux blattes de la taille d’un poing, puis fit coulisser une porte secrète dans le passage qui se dévoilait devant eux. La lumière du passage inonda le souterrain, invitant les deux compagnons à s’engouffrer dans cette étrange alcôve, qui donnait sur un escalier en colimaçon. Voilà qui devait être bien pratique pour le transport de matériel.

« Bienvenu chez la Vox Dystopia, mes frères. » murmura le garde, avant de refermer le passage derrière eux.

Les odeurs nauséabondes de Baldur et son comparse se dissipèrent aussi tôt, mais le mur n’était pas assez épais pour couvrir les remontrances du garde à leur sujet. L’assassin n’attendit pas que les remords le cueillent, car il n’était pas pour rien dans l’infortune des deux guides. Il descendit les marches en fermant les yeux, laissant son mantra le prévenir de ce qu’il pourrait bien y trouver. Et, rapidement, la voix de Mandrake s’imposa à lui, au milieu de quelques autres. Pas de doutes, ils étaient sur la bonne voie. Suffisamment profond pour qu’il n’ait pas réussi à le trouver plus tôt, suffisamment proche pour qu’il puisse trouver le chemin jusqu’à lui. Au bout d’une dizaine de minutes, ils mirent pied dans une salle décorée de tonneaux et flambeaux, pendant aux murs. Une porte en bois épais trônait au fond, derrière un homme en tenue militaire débraillée, se curant les ongles avec une dague.

« Ah, vous voilà. Jimmy et Jonas vous attendent. Il y a un problème pour votre bateau, et je pense qu’il va falloir aller chercher le tri-log chez les bourges. Mais … je leur laisse le soin de vous exposer tout ça … suivez-moi. » trancha-t-il, sans même se présenter.

Bellâtre, les cheveux mi-longs et brun, il se dégageait de lui une aura de confiance et de sûreté qui vinrent ébranler l’assassin, faisant manquer un battement à son cœur, immédiatement suivi par une bouffée de colère. Qu’est-ce que c’était que ça encore ? Il ne manquait plus qu’il ne succombe au charme d’un mec qui avait la même dégaine, la même nonchalance que … que … que lui. Ah, et bien voilà qui expliquait au moins une chance. A la fois rassurant … et inquiétant.
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Niveau propreté dans la ville, on a connu mieux. Il n’empêche que l’organisation de ce groupe, Vox Dystopia, est plutôt pas mal. On nous répète au moins cinq ou six fois que les chefs nous attendent. Cela est surtout reproché à nos guides, qui ont presque failli à leur mission. Je sens la légère pointe de remord qui émane de mon binôme, ce que je peux comprendre étant donné notre implication dans ce boucan. Et puis tout va trop vite pour qu’on ai le temps de se préoccuper de ces choses. En effet, assez rapidement, nous sommes escortés profondément dans cette vieille bâtisse, dans une salle où nous attend un drôle de type. Rafaela semble soudainement être désorientée, mais je préfère ne pas l’embrasser davantage. Recoiffant ma chevelure face à cet homme, je tente quand même de le décortiquer de la tête aux pieds. Il ouvre la porte en nous indiquant de le suivre. Je passe le premier en me tournant rapidement vers ma camarade, m’assurant que tout va bien pour lui. Je dois admettre que je reste assez impressionné par cette structure qui vit dans ces profondeurs obscures, « Klavethy ». Des révolutionnaires sans vraiment en être. Alors en train d’admirer ce tunnel souterrain, illuminé par des torches enflammées, le guide - un de plus - ne cesse de parler de choses diverses et variées. Un homme bavard, confiant, heureux de faire ce qu’il fait.

- Et voilà. Nous y sommes, conclu-t-il brutalement après avoir tant parlé.

Nous voici face à des escaliers qui semblent mener vers une table ronde, juste éclairée par quelques flambeaux tenus par des statues de pierre, qui représentent certainement d’anciens et valeurs guerriers. Je constate par ailleurs que d’autres escaliers mènent au même endroit. Inutile d’être un grand chercheur pour comprendre qu’il s’agit d’une grande salle où les chefs d’autrefois se retrouvaient pour parler de choses sérieuses… ou peut-être pour faire la bringue. Pour l’heure, la bringue attendra, notre comité d’accueil n’est composé que de deux individus, et la priorité est toute autre. Johanna (Jonas) est facilement reconnaissable. L’autre type m’est inconnu mais on peut supposer qu’il s’agisse d’une fameux Jimmy. Bel homme également, il a tout du grand charmeur. Sa tenue est loin d’être la plus élégante, sans être pour autant dégueulasse. Le chef de la Vox a une certaine classe.

- Madame, Monsieur, je vous souhaite la bienvenue à Klavethy, notre humble demeure, dit le grand Jimmy en se levant de son siège.

J’imagine qu’il est inutile de se présenter les uns, les autres, puisque chacun a dû en entendre parler. On nous invite par la même occasion à nous installer autour de cette grande table. Me retrouver assis à côté de Jonas ne m’avait pas manqué. J’ai toujours une forme de pression quand il est proche de moi. Devoir surveiller tous mes mots, mes gestes… Raf’ n’a pas cette aura permanente qui l’englobe et le bride. À croire qu’il se fiche de l’assassin, ou qu’il lui fait entièrement confiance. C’est plutôt cette deuxième option à mon avis. Le regard qu’elle me lance (Johanna) semble m’accuser d’avoir retardé notre arrivée ici… La vie est injuste.

- Ne perdons pas davantage de temps, trancha Johanna en me dévisageant.
- Absolument, enchaîna Jimmy. Concernant le bateau, un problème est survenu au moment de l’inspection. On a constaté que le tri-logue est cassé et nous ne pouvons en avoir de rechange avant quelques jours, voire des semaines…

Ah. C’est vraiment problématique. On ne peut pas se permettre de perdre autant de temps.

- Mais après discussion avec votre cheffe, nous avons peut-être une solution rapide et… risquée. Mais apparemment, selon ses dires, vous êtes les plus à mêmes d’y parvenir.

L’assassin reste de marbre, Mandrake continue de me dévisager, et moi, j’attends que l’on me balance le plan foireux. Ça ne présage rien de bon et je me trompe rarement.

- Chers camarades, dès maintenant, vous partirez vous procurer un tri-log, dit très calmement Johanna.

Aussi simplement ? Il se fout de la gueule du monde ? Ma seule envie est de lui balancer « mais t’es con ou quoi ? » mais ce n’est certainement pas la meilleure des idées. Néanmoins, après réflexion, il est vrai que Raf’ et moi sommes les plus susceptibles de voler des choses avec brio. Nos capacités nous permettent certaines choses. Pas si con ce Mandrake finalement.

- L’endroit où vous êtes le plus susceptible d’en trouver n’est autre que le port d’Alsbrough. Cependant, cet endroit est truffé de marins d’élite, alors… soyez discrets.

Ça donne envie. Jimmy ne semble pas convaincu lui-même de ce qu’il nous avance. Encore une mission suicide, mais pas pour rien cette fois-ci. Le type qui nous a amené jusqu’à ces messieurs sera celui qui nous escortera jusqu’à ce fameux port. Je n’ai vraiment pas hâte… mais alors vraiment pas. On fait ça pour le peuple, hein. Quoi que, c’est pas moi, Ragnar, qui vais me plaindre d’avoir un peu d’action. C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Les mains dans les poches, accompagné des loustiques, nous quittons la base en direction de cette nouvelle étape de notre aventure. Aller au port, pour des visages inconnus comme les notre, n'est pas réellement un problème. Le plus difficile sera d'accéder à l'un des navires et d'être sûr qu'il possède le bien que nous recherchons. Voyageant dans le Nouveau Monde, ils devraient tous en détenir, ce qui allège considérablement nos recherches. Le port est immense, des infrastructures incroyables semblent s'être récemment bâtis. On y voit également un énorme chantier naval, une base de la marine, des commerces fleurissants. La ville est peuplée de colons de marines.

- On se le fait comme à l'ancienne ? demandé-je d'un air heureux à ma camarade.

Cela sous-entendait naturellement un plan complètement saugrenu et suicidaire, mais j'ai ma petite idée sur le chose.

- Tu vois ces gardes, devant ce navire, qui ont l'air de s'ennuyer à mourir ? J'attire toute leur attention, tu t'infiltres dans le navire, tu voles le bien que l'on recherche, tu fous le feu au navire et tu reviens.

On parle tout de même d'un énorme cuirassé de la marine et, jusqu'à preuve du contraire, c'est souvent bien gardé. Raf' ne réagissait plus tellement à mes plans chaotiques, disons plutôt qu'il subissait un peu la situation, couvrant toujours mes bourdes. Je lui en dois des belles, de très belles. C'est pour cela qu'avant même d'attendre une quelconque réaction de sa part, je me mets en action. Advienne que pourra. L'idée est de camoufler la sortie de mon acolyte grâce à l'étendue de fumée qui propagera. Le gros point qui pose question n'est autre que les éventuels soldats à bord. Des sous-fifres ? Des officiers ? En soit, je risque simplement une réprimande contrairement à Rafaella qui risque sa vie. Un type un peu empoté, un peu pressé, accompagné de son élégante femme, bien mieux conservée que son gros mari, tenant un petit enfant tout mignon, nous passent devant. J'emboîte immédiatement le pas, saisissant l'instant crucial, face aux soldats, en me crochetant volontairement à sa jambe pour justifier ma lamentablement chute, le cul relevé et la tête écrasée aux pieds des soldats. Ces connards pouffent de rire, tandis que l'empoté me passe par-dessus sans même s'intéresser à moi.

- Connard ! crié-je en me redressant rapidement.

Je le saisis violemment par le col en me relevant à toute vitesse.

- Des excuses ?! De l'attention ?! Non ?!
- Chéri ! s'esclaffa la femme.
- Ta gueule, toi ! Laisse les hommes parler entre eux et occupes-toi de laver les fesses de ton môme !

Mes excuses madame, cela fait malheureusement parti de ma comédie. Et pour cause, cela excite naturellement l'empoté qui me fout immédiatement une beigne. Quelle est ma réaction ? Évidemment, je lui en remets une, exagérant le mouvement pour foutre mon coude à une type derrière moi, qui tente de m'en mettre une à son tour. Une esquive s'en suit, son poing finit sur la tronche de l'empoté, qui se ramasse contre un autre passant. Je vous imaginer la suite, ça finit en énorme bagarre généralise, de laquelle je m'éclipse en écartant la femme de l'empoté et son enfant. Les soldats tentent de calmer le jeu, d'autres arrivent du cuirassé pour les aider. Un coup du côté de mon camarade, mais il n'était déjà plus là.







Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Sam 1 Fév 2020 - 23:02, édité 1 fois
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Dos au mur, en train de reprendre son souffle. Les cheveux argentés de l’assassin étaient poisseux de sang, coulant de son front à sa pommette, goûtant sur les planches fendues du pont. Les flammes dévoraient déjà l’avant du navire, dévorant le mat et glissant d’un bâtiment à l’autre par les voiles et les cordes enroulées autour du bois. Les sirènes hurlaient l’alerte, et les cris faisaient écho aux canons qui déversaient leur rage à tout va. Un choc d’une puissance inouïe ébranla les mers, faisant gîter jusqu’au plus lourd des navires de guerre de la Marine. Les rails du transilien s’ébranlèrent sous le choc. Le premier wagon s’ouvrit sous l’effet de la déferlante et les passagers glissèrent hors de leur compartiment, pour alimenter les féroces monstres qui étaient venus là, attirés par le sang. La chaleur monta d’un cran, lorsque les flammes atteignirent les réserves de poudre. De nouvelles détonations vinrent secouer la mer, et un mélange de briques et bois gagna les cieux. Le tout retomba lourdement et causa des ravages parmi les badauds, roulant et écrasant tout sur leur zone d’impact.

L’assassin porta ses doigts à ses tempes et les fit glisser le long de sa joue. Pas de sang. Il posa sa main sur sa poitrine, pendant que son cœur reprenait un rythme normal. Plus de cendres, plus de flammes. Il se sentit vaciller, au milieu des coups que Ragnar commençait à échanger avec un civil. Ce n’était pas la première fois, c’était comme … une vision. Quelque chose, un instinct, le poussait à agir vite. Se pouvait-il que cela ne soit qu’un avertissement quant aux conséquences de ses actions ? Il avait eu un moment d’absence lorsque Ragnar avait mis en branle son plan. Etait-ce … trop tard ? Ragnar pouvait être, par moment, la personnification du chaos. Et le cercle qui se dessinait autour d’eux en témoignait. La violence commença à gagner les rangs autour : il avait pris pour cible un noble ou peu s’en fallait. Le fait qu’un roturier ose s’en prendre à nanti commença à allumer quelques étincelles dans les yeux des marins, usés jusqu’à la souche par les inégalités d’Arcadia. Pas de quoi générer un bain de sang, mais suffisamment pour que chacun essaye de s’arroger une part du gâteau…

Du sang, des flammes … Un frisson glacé glissa le long de l’échine de Rafaelo, à mesure qu’il s’éloignait de la scène et en direction du bateau. Les gardes vinrent juguler l’expansion, un coup malheureux en appela un autre et, rapidement, des coups de feu furent tirés en l’air. Des cris de douleur. Pas tous avaient été tirés en l’air. Rôdant sur le sol, l’assassin s’était mué en traînée fugace. Il passa entre les lignes de soldats trop concentrés sur la rixe et se dissimula sous le débarcadère pour finir par entrer dans le navire par un des nombreux dalots. De là, il s’infiltra par le caillebotis en direction de la cabine du Capitaine. Tous les navires de la Marine étaient faits de la même manière. Tous les navires de guerre suivaient leurs plans : c’était la dure cruauté du monopole. Rafaelo avait mené suffisamment de missions en ces lieux pour savoir où se diriger.

On pouvait au moins reconnaître à Ragnar l’efficacité de son plan. Le navire s’était vidé dans une grosse proportion. Ainsi, il put sans problèmes reprendre une forme humaine devant la cabine. Il glissa un doigt dans la serrure et solidifia la fumée pour la déverrouiller. Bon signe : cela voulait dire que personne n’était là. Depuis qu’il avait été bloqué dans une cage en granit marin sur le Léviathan, il évitait de se glisser sous les planches d’une porte, préférant se garder une voie de sortie grande ouverte. L’assassin fit donc un pas dans la pièce et tira le cordon permettant d’allumer la lampe de l’entrée. Un grand bureau trônait au centre de la pièce, juste devant les grandes vitres permettant d’observer les autres bâtiments de guerre. Il s’avança vers le meuble et entreprit d’en ouvrir tous les compartiments. Il laissa sa fumée glisser le long, afin de trouver les possibles compartiments cachés. Il lui fallut à peine deux minutes de recherche avant de trouver ce qu’il cherchait, dissimulé. Il se servit de ses pouvoirs pour déverrouiller sans peine le bureau puis le glissa dans un sac en toile prévu à cet effet. Il prit soin de ne rien prendre d’autre, de façon à ce que la découverte de cette perte soit tardive. Et qu’une fouille des bateaux quittant le port ne soit pas effectuée d’ici le temps qu’ils prennent la mer.

Il ressortit donc de la pièce, puis referma la porte à clef, de la même manière qu’il l’avait ouverte. Cependant, le tri-log étant trop encombrant pour le fondre en lui, la sortie serait un peu plus complexe. Mettre le feu serait une diversion suffisante mais … l’image des flammes et des explosions lui revint en tête … Mais qui pouvait en prédire les conséquences ? Sur la base de ce pressentiment, il se dirigea directement vers le pont supérieur. Il ne suivrait pas le plan proposé par Ragnar, mieux valait compter sur ses talents pour se sortir de cette situation et causer le moins de chaos possible. Il n’était pas nécessaire de causer plus de dégâts qu’ils n’en avaient déjà causé. Mais, bien entendu, l’assassin se retrouva rapidement dans une impasse : les troupes qui avaient mené l’assaut commençaient déjà à revenir, maintenant que l’esclandre avait été calmé. Il eut à peine le temps de se cacher derrière une épontille avant de se faire voir. Il porta la main à sa rapière. S’il pouvait éviter de se battre …

« … non mais t’as vu comment ça a failli partir ? J’te dis, Arcadia c’est une poudrière ! Pas étonnant que l’Amiral ait dépêché l’élite par ici. »

« Tout ça à cause d’une mandale … Je préfèrerai plutôt aller gérer Teach que ces connards, ah ah ! »

« Je préfèrerai faire n’importe quoi qu’affronter de nouveau Teach. Tu sais pas de quoi tu parles … Ce mec c’est … c’est ce que l’enfer pouvait nous chier de pire. Rien que d’en parler … je … brrr… »

« De toute façon, c’est qu’une question avant que Fenyang ne vienne régler les merdes ici. Il a fait des miracles à Goa j’te dis. Il devrait arriver avec le prochain ravitaillement. »


Fenyang ? L’assassin eut un geste malheureux de recul. Son coude cogna une caisse qui glissa et se fracassa à terre, révélant de nombreux légumes. La petite troupe de marines sursauta et eut tôt fait de tirer ses armes, les pointant dans la direction de Rafaelo. Ils armèrent leurs chiens.

« C’est quoi ça ?! » hurla l’un d’eux.

« Qui que ce soit, sortez d’ici ! Si c’est encore une de tes blagues Kern … »


Levant les mains en l’air, le révolutionnaire s’avança dans la lumière des lanternes. Il révéla son visage et ses formes … féminines aux marines. Il ne se faisait pourtant pas d’illusions sur le sort qu’ils lui réservaient. Mais le nom de Fenyang avait allumé un brasier en lui, qu’il avait eu du mal à résorber dans le passé. Il avait été pris de court. La cicatrice qui lui barrait son abdomen et son dos commençait à le brûler. Les feux de Goa gagnèrent son esprit, les cendres et la destruction rampaient hors de sa peau. Une fumée diaphane se glissa hors de sa peau, ruissela sur ses membres et gouta à terre. Alors il comprit quelle était la signification de sa vision ultérieure. Il avait … entendu la voix de Fenyang. Il avait perçu son arrivée. Il fallait qu’il les tue … tous. Non. Non, il lui fallait partir d’ici. Fenyang était … une chose personnelle. Une chose qu’il règlerait plus tard.

« Hé mais … heu … mademoiselle, vous n’avez rien à faire ici. »

« Attends, mais qu’est-ce qu’elle a ? C’est … c’est de la fumée qui sort d’elle ? »

« Va sonner l’alerte, c’est … ! »


Les cinq lames de fumée se rétractèrent des orbites des soldats. Ils glissèrent à terre dans un même mouvement, les dards fumigènes de l’assassin les ayant tués sur place. La fumée les rattrapa avant qu’ils ne rencontrent le sol. D’un geste, Rafaelo dissimula les corps dans un coin. Il n’avait pas le temps de faire mieux, il leur faudrait partir vite. Il se donnait deux heures avant qu’ils ne fassent le lien entre les corps et le tri-log. Il se faufila dans l’escalier et mua la moitié inférieure de son corps en fumée pour serpenter le long du bois et passer en une fraction de seconde par-dessus le bastingage. Il entendit un hoquet de surprise mais rien de plus. L’assassin atterrit sur la terre ferme en roulant, puis se faufila dans la foule encore sous le coup des événements qui venaient de se produire. Il eut tôt fait de se rendre dans la ruelle où Ragnar devait certainement l’attendre. Quelques gouttes de sang maculaient son visage.

« J’ai le tri-log. On ferait mieux de se tire vite fait, des gradés arrivent ici. Il leur faudra un peu de temps pour comprendre qu’on a pris le tri-log. » lui fit-il, avant de partir en direction de leur planque sans lui laisser le temps de réagir.

Au moins cette fois-ci, ils connaissaient le chemin. Ils se muèrent en fumée et encre non loin d’une bouche d’évacuation, puis entreprirent de gagner Klavethy aussi vite que possible. Ils parvinrent même à reprendre leur forme humaine dans la salle qu’ils avaient quitté quelques heures plus tôt, tirant un cri de surprise à la majorité des personnes présentes, Jonas mis à part.

« Et voilà le tri-log. Déjà calibré pour notre traversée. Jonas, tu es le seul à connaître les coordonnées de notre destination, et je pense qu’il serait plus sage que nous partions sur le champ. Je … je crois avoir senti que Fenyang père arrivait. »

Un sourcil se leva chez le représentant de la guerre.

« Tu crois l’avoir senti ? »

Rafaelo opina du chef.

« Mon mantra est … particulier. J’ai appris à le maîtriser chez les shandias. »


Jonas fronça les sourcils. Ce n’était pas le lieu d’en parler visiblement, ni le moment.

« Nous verrons cela plus tard. Je pense qu’il n’est pas sage de rester ici, en effet. Nous allons éviter que ton passé ne vienne encombrer notre mission. » trancha-t-il, avant de faire signe aux autres révolutionnaires de se mettre en route.

« Le Vendetta est affrété, et prêt à nous accueillir. Nos hôtes n’ont pas chômé en vous attendant. Nous embarquerons avec un équipage minimal. A savoir, seulement nous trois. Mais j’ai cru comprendre que certaines de vos habilités permettraient de compenser cela. Que ce soit l’encre … ou la fumée. » conclut la rouquine, tout en repliant une carte d’Arcadia.

Il ne semblait nullement surpris par l’information de l’assassin. Il avait juste l’air préoccupé, comme s’il savait que cela n’allait pas tarder à arriver. Tout comme il connaissait le passé de Rafaelo, et préférait certainement éviter qu’une vieille rivalité ne vienne entraver leur progression. Après tout, le père d’Alheïri avait déjà mis aux fers l’assassin deux fois. Et pratiquement tué une dernière, en faisant voler en éclat la révolution de Goa et attribuant le carnage à l’assassin seul, alors qu’il avait ordonné de passer la ville par le feu et le sang. Si Rafaelo était connu comme le boucher de Goa, c’était en partie à cause de lui. En partie, seulement.
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