Sekan
« Bienvenue dans le Nouveau-Monde. » ricana Jonas d'un geste théâtral de la main.
C’est le seul qui est suffisamment détendu pour sourire. Malgré le fait que ce ne soit pas la première fois que je voyage au sein du Nouveau Monde, il n’empêche que c’est toujours aussi intimidant. La dernière fois, c’était pour une mission sur Parisse, où j’ai mené une enquête aux côtés de Kardelya. Je me souviens d’ailleurs que je dois impérativement y retourner pour remettre de l’ordre, ou du moins tenter de remettre de l’ordre.
Les traits fermés sur mon visage, j’observe notre arrivée sur Sekan qui s’approche à vitesse grand V. La pluie s’abat subitement, me sortant de mes songes, comme si l’on entrait dans un micro-climat. Cela se démontre par la sortie ensoleillée qui nous attend quelques minutes plus tard. J’espère sincèrement que le temps ne variera pas ainsi tout le long de notre séjour, aussi court soit-il. C’est ainsi que le train se met à ralentir progressivement jusqu’à la fameuse gare de Triage de Sekan. Paraît-il qu’elle dessert tous les trains.
Une foule de personnes attend impatiemment l’arrivée d’amis ou de membres de leur famille, des banderoles sont visibles un peu partout. C’est peut-être un peu trop à mon goût, mais ça reste des moments joyeux, donc pourquoi pas. Le style vestimentaire des personnes présente sur le quai est assez particulier, et c’est moi qui le dis ! C’est pour dire. Rafaela se permet même de m’envoyer une petite boutade au sujet de mon accoutrement qui passerait inaperçu dans ce coin du monde. Ma seule réponse ne se résume qu’à un simple regard vers ce dernier.
Durant ce bref arrêt, le temps que des passagers descendent et que d’autres montent, je me laisse distraire par un énorme volcan un peu plus loin. Cette beauté naturelle vaut certainement le détour, mais ce n’est pas tous les jours que l’on peut rencontrer le conseils des DRAGONS. Notre prochain arrêt est Arcadia, qui n’est autre que notre destination finale à bord de ce train. Ce dernier redémarre quelques minutes plus tard. Accoudé au bord de la fenêtre, les cheveux plaqués vers l’arrière par la force du vent, je reste songeur en attendant le début des festivités.[•••]Arcadia
Le train sonne l’approche en gare, me réveillant brutalement de ce profond sommeil dans lequel j’étais plongé. Je ne suis pas dans mon assiette, tout le monde l’aura remarqué. Moi, habituellement énergique, grande gueule, toujours fourré dans les mauvais coups… Me voici songeur, calme, silencieux et dormeur. À des antipodes de mes habitudes. Serais-je intimidé pour la première fois ? Stressé ? Quelle est cette boule au ventre ? J’ai l’impression d’être un gosse qui va rencontrer sa célébrité préférée. C’est un peu le cas cela dit.
Nous arrivons enfin, Acardia, dis-je calmement en observant l’arrivée du train en gare.
En terme de superficie, l’île est tout simplement énormissime. J’ai rarement vu une île d’une telle ampleur. Comme dans toutes les gares, il y a du monde en quai. On trouve tous types d’individus, du pauvre clochard au richissime digne héritier. Inutile perdre davantage notre temps, j’en ai un peu marre de voir des gares et des gens sur les quais. Rapidement, je me lève de ce foutu siège et descends le premier. Je remets délicatement la veste de mon ensemble en attendant ces dames.
Ceci étant fait, nous allons maintenant nous rendre dans le quartier le plus sombre de l’île : Tercio. Il serait préférable pour nous d’aller à la rencontre de certains révolutionnaires qui se trouvent dans le coin, annonce Jonas aussitôt sorti du wagon.
Il a probablement compris que je frétille d’impatience depuis longtemps, et donc sans plus attendre, il déballe le prochain objectif. Étape par étape, c’est précisément ce qui rend ce voyage rassurant. Il ne donne que l’objectif de l’étape, sans jamais se projeter au-delà. Non pas parce qu’il ne voit pas aussi loin, mais simplement une déformation professionnelle qu’il a de ne pas surcharger ses hommes standards en guerre. Je ne pense pas être qu’un simple soldat de la Révolution, encore moins Rafaelo dont les différents états de services parlent pour lui.
La capitale est gigantesque. Des bâtiments de partout, des tours si hautes qu’on n’y voit pas le sommet, un monde fou qui peuple les rues… De toute ma vie, je n’ai probablement jamais rien vu de tel. Je suis nature facilement impressionnable mais tout de même. Un regard vers mes deux compères, histoires de ne pas les perdre… Ça peut vite arriver et ce serait vraiment dommage. Surtout quand l’ambiance change du tout au tout.
Clochards, puanteur épouvantable, déchets qui traînent, de pauvres enfants jouant avec des bouts de ferrailles… À quel moment sommes-nous passés du quartier vivant à ce misérable quartier de morts ? Pourquoi une telle inégalité aussi brutale ? Rien d’étonnant en somme, c’est quasi systématique dans les grandes cités, donc bon. Faut dire que comme je l’ai dit, j’ai jamais vu une cité pareille. Alors un tel écart ne passe pas inaperçu.
Inutile de me torturer l’esprit. Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que j’assisterai à une telle abomination. Si je ne suis pas capable de voir ces choses, c’est que je n’ai rien à faire ici. Le poing serré, je continue de suivre mes deux acolytes sans broncher.
Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Sam 1 Fév 2020 - 23:01, édité 1 fois