Indigestion de Caramels
Seconde Partie
La vie est quand même à cheval entre une grognasse et une fille de joie. Voilà. Je ne développerai pas plus cette comparaison, on se débrouille avec ça et on passe à autre chose.
Je suis à la barre du Hollandais Voleur, magnifique bâtiment de contrebande, complètement travesti en navire marchand. Il faut être honnête, les gosses font preuve d’une efficacité qui ferait pâlir d’envie les recruteurs de la Marine. Je comprends les esclavagistes. J’ai pas beaucoup de respect pour ces gars-là, mais force est de constater qu’un gosse, putain ça bosse bien. Faut les voir à l’œuvre les marmots, ça va vite, c’est précis, ça pose des questions pertinentes et ça picole pas. Pis là, comme c’est pas mes gosses, je peux leur faire faire n’importe quoi sans une once de remord. Non, y a pas à dire, le jour où un équipage d’enfants se lance à l’assaut de Rough Tell, il lui faudra pas deux jours pour décrocher la palme.
Par contre, qu’est-ce qu’ils sont collants. J’ai pas eu une seconde à moi.
« Snuuurf… T’aimes bien ? »
La petite morve, elle est mi-mignonne mi-répugnante, l’arme ultime cette gamine. Elle vient de finir le Jolly Roger qui nous fera passer pour d’honnêtes marchands. Elle est douée.
« J’savais pas qu’on avait d’jà un drapeau marchand dans les cales »
« Bah non, c’est moi qui l’ai dessiné »
« Par le chapeau de paille maudit, je suis sur le derche ma p’tite Sucre, il est parfait »
Et paf, le compliment qui fidélise la gamine. Elle fait ma taille, j’peux être familier. Non, c’est pas dégueulasse, c’est du management.
…
Qu’est-ce qu’elle veut encore ? J’ai pas d’autres compliments en réserve.
« Tu le refais encore ? … »
Bordel, ils n’arrêtent pas avec ça.
« Non, on arrive en vue de l’île, c’est pas l’moment, parbleu ! »
Voilà qu’elle me fait le coup des larmes. Ah non, ça va bien au bout d’un moment.
« Mais j’suis pas une attraction du cirque ! »
« Mais t’avais dis que tu l’referais si j’finissais le drapeau »
C’est vrai. Oh pis merde.
« C’est la dernière fois ! »
Je quitte la barre, je saute sur le pont principale. Je vais y aller mollo, tout doux, pas comme les autres fois. Je tends ma paume vers l’avant et des étincelles violettes en jaillissent. Ni une ni deux, les pièces d’artilleries et les boulets du grand pont roulent et virevoltent gentiment jusque moi. Pis y a aussi une fourchette.
« Maintenant, vous rangez »
Les gamins applaudissent et s’activent pour tout remettre en place.
J’contrôle les fourchettes. C’est le premier truc que j’me suis dit. C'est tout à fait le genre de truc qui aurait pu m'arriver. Le fruit de la fourchette. Il fait quoi ? Bah il contrôle les fourchettes. Ah. Oué. Dommage. Ta gueule. Oui. J'ai tiré la gueule quand je me suis retrouvé avec la fourchette collée à la main la première fois. C’est venu rapidement, dès que j’ai croqué dedans, il s’est produit ce truc. Au moins, pas besoin de m’enfoncer un couteau dans le bras pour découvrir le type du fruit. J’suis pas un Logia. Je comprends, ça valait pas le coup de filer ce genre de pouvoir à un gars qui n’a que la moitié d’un corps normal. Il doit bien se marrer le gars tout là-haut qui écrit ma vie. Sale con. Toi-même. Hein ? Oh l’enflure, il m’écoute.
Pis les gosses, comme c’est des gamins, ils m’ont forcé à faire tout un tas d’expériences. J’avais beau leur dire qu’on avait pas que ça à foutre, ils étaient comme le jour de Noël. Impossible à arrêter. Pis, c’est pas plus mal comme ça, ça les canalise un peu. Par tous les diables, je parle comme une mère de famille.
Alors si je résume, j’attire les trucs en ferraille et les repousse à ma guise. J’contrôle la vitesse et la zone d’action du schmilblick un peu à l’instinct. J’ai fait joujou pendant trente bonnes minutes avec l’autre boîte de conserve de Negociata. Cette enflure de robot, je l’ai fait valdinguer dans tous les sens. A la fin, c’était un tas de boulons. Bon, le p’tit Girofle, il l’a déjà réparé. Foutu génie ce gosse. Pareil, Réglisse, le p’tit poilu avec son lance-pierre, il a voulu m’avoiner avec un boulon, j’lui ai renvoyé dans les guibolles. C’était ma fierté de la journée. Il a changé de munitions, il a envoyé un foutu caillou, j’ai une croûte au cul, depuis il s’est planqué dans le nid de pie. La vengeance est un plat qui se mange périmé. Voilà pour les dernières nouvelles.
Ah non, dernière tuile de derrière les fagots. Mon Log Pose marche plus. A la seconde où j’ai croqué dans cette malédiction, l’aiguille a commencé ses cabrioles. C’est là où j’ai compris mon pouvoir. Comme elle fonctionne grâce aux champs magnétiques dégagées par les îles, je suppose que je suis moi-même un nouveau champs magnétique constant. Il y encore une demi-journée, elle pointait Banaro, mais maintenant, elle tourne sans s’arrêter. Voilà qui devient emmerdant pour retrouver les autres rigolos.
Le vent souffle plus fort. Faut en profiter.
« Les macaques dans les voilures, réduisez la grande voile au maximum. On va profiter du vent pour maintenir notre allure tout en donnant au Hollandais une allure moins tailler pour la course ! Allez parbleu ! »
Et ça cavale dans les cordages, de vrais petits primates. Je me dirige vers la barre, je prend le relais pour maintenir le cap, les gosses apprennent du moindre de mes mouvements. Dans moins de dix minutes, nous arriverons au port principal de l’île. Enfin, de l’archipel de cailloux qui forment cette grande terre d’Ilipucie. Il fait nuit noir, c'est l'heure des tricheurs.
« Qui nous rappelle le plan ? Sablé ? »
Le gamin prend un tonneau et se pose dessus pour prendre la parole. Zagahaha, tout comme moi dès que je m’adresse au groupe. Ces gosses sont de vrais miroirs. Faut que je fasse gaffe, j'vais avoir les parents sur le dos après.
« Caramels mous ! Nous allons euuuh…. »
Bon dieu.
« Infiltrer »
« Infiltrer ! »
Ils applaudissent et le gamin redescend du tonneau.
C’est tout.
Ça valait bien la peine de les couvrir de louanges. Ils n’ont rien compris. Quel bordel.
« Z’allez pas me dire que vous avez décoré le bateau, qu’on s’est tous habillé différemment et tout ça, sans que vous compreniez pourquoi on le faisait ? »
« C’est parce que t’as fait des tours de magie, on n’a pas écouté »
C’est ma faute, bien sûr.
« Vos parents vont vous reconnaître si on arrive sans déguisement. On se fait passer pour des marchands, on débarque et on se trouve un endroit calme. Ensuite, vous me montrez où habite les Kol’Gaete et je les dérouille. Fin »
« On est des marchands qui vendent quoi ? »
Ta mère.
« De l’air »
Ils ont des étoiles dans les yeux. Ces gamins sont complètement immatures.
« On pourra dire que t’as des pouvoirs »
Oh la bonne idée, pis après on ira voir la Marine en se tenant la main.
« Mes amis, c’est notre secret. Si les vilains bonhommes en bleu qui font des patrouilles me tombent dessus, c’est la fin de notre mission secrète. »
Merde, j’ai dit le mot.
« ON EST DES AGENTS SECREEEEEEEETS !!!! »
Et voilà qu’ils font des roulades de partout. Vos costumes, bordel. Après va falloir tout passer à la lessive là. Mais qu’est-ce qu’il m’arrive moi ?
« Bon bah… Préparez-vous à accoster… petits espions… »
«OUUUUUÉÉÉÉ »
Youpi comme qui dirait.
Je suis à la barre du Hollandais Voleur, magnifique bâtiment de contrebande, complètement travesti en navire marchand. Il faut être honnête, les gosses font preuve d’une efficacité qui ferait pâlir d’envie les recruteurs de la Marine. Je comprends les esclavagistes. J’ai pas beaucoup de respect pour ces gars-là, mais force est de constater qu’un gosse, putain ça bosse bien. Faut les voir à l’œuvre les marmots, ça va vite, c’est précis, ça pose des questions pertinentes et ça picole pas. Pis là, comme c’est pas mes gosses, je peux leur faire faire n’importe quoi sans une once de remord. Non, y a pas à dire, le jour où un équipage d’enfants se lance à l’assaut de Rough Tell, il lui faudra pas deux jours pour décrocher la palme.
Par contre, qu’est-ce qu’ils sont collants. J’ai pas eu une seconde à moi.
« Snuuurf… T’aimes bien ? »
La petite morve, elle est mi-mignonne mi-répugnante, l’arme ultime cette gamine. Elle vient de finir le Jolly Roger qui nous fera passer pour d’honnêtes marchands. Elle est douée.
« J’savais pas qu’on avait d’jà un drapeau marchand dans les cales »
« Bah non, c’est moi qui l’ai dessiné »
« Par le chapeau de paille maudit, je suis sur le derche ma p’tite Sucre, il est parfait »
Et paf, le compliment qui fidélise la gamine. Elle fait ma taille, j’peux être familier. Non, c’est pas dégueulasse, c’est du management.
…
Qu’est-ce qu’elle veut encore ? J’ai pas d’autres compliments en réserve.
« Tu le refais encore ? … »
Bordel, ils n’arrêtent pas avec ça.
« Non, on arrive en vue de l’île, c’est pas l’moment, parbleu ! »
Voilà qu’elle me fait le coup des larmes. Ah non, ça va bien au bout d’un moment.
« Mais j’suis pas une attraction du cirque ! »
« Mais t’avais dis que tu l’referais si j’finissais le drapeau »
C’est vrai. Oh pis merde.
« C’est la dernière fois ! »
Je quitte la barre, je saute sur le pont principale. Je vais y aller mollo, tout doux, pas comme les autres fois. Je tends ma paume vers l’avant et des étincelles violettes en jaillissent. Ni une ni deux, les pièces d’artilleries et les boulets du grand pont roulent et virevoltent gentiment jusque moi. Pis y a aussi une fourchette.
« Maintenant, vous rangez »
Les gamins applaudissent et s’activent pour tout remettre en place.
J’contrôle les fourchettes. C’est le premier truc que j’me suis dit. C'est tout à fait le genre de truc qui aurait pu m'arriver. Le fruit de la fourchette. Il fait quoi ? Bah il contrôle les fourchettes. Ah. Oué. Dommage. Ta gueule. Oui. J'ai tiré la gueule quand je me suis retrouvé avec la fourchette collée à la main la première fois. C’est venu rapidement, dès que j’ai croqué dedans, il s’est produit ce truc. Au moins, pas besoin de m’enfoncer un couteau dans le bras pour découvrir le type du fruit. J’suis pas un Logia. Je comprends, ça valait pas le coup de filer ce genre de pouvoir à un gars qui n’a que la moitié d’un corps normal. Il doit bien se marrer le gars tout là-haut qui écrit ma vie. Sale con. Toi-même. Hein ? Oh l’enflure, il m’écoute.
Pis les gosses, comme c’est des gamins, ils m’ont forcé à faire tout un tas d’expériences. J’avais beau leur dire qu’on avait pas que ça à foutre, ils étaient comme le jour de Noël. Impossible à arrêter. Pis, c’est pas plus mal comme ça, ça les canalise un peu. Par tous les diables, je parle comme une mère de famille.
Alors si je résume, j’attire les trucs en ferraille et les repousse à ma guise. J’contrôle la vitesse et la zone d’action du schmilblick un peu à l’instinct. J’ai fait joujou pendant trente bonnes minutes avec l’autre boîte de conserve de Negociata. Cette enflure de robot, je l’ai fait valdinguer dans tous les sens. A la fin, c’était un tas de boulons. Bon, le p’tit Girofle, il l’a déjà réparé. Foutu génie ce gosse. Pareil, Réglisse, le p’tit poilu avec son lance-pierre, il a voulu m’avoiner avec un boulon, j’lui ai renvoyé dans les guibolles. C’était ma fierté de la journée. Il a changé de munitions, il a envoyé un foutu caillou, j’ai une croûte au cul, depuis il s’est planqué dans le nid de pie. La vengeance est un plat qui se mange périmé. Voilà pour les dernières nouvelles.
Ah non, dernière tuile de derrière les fagots. Mon Log Pose marche plus. A la seconde où j’ai croqué dans cette malédiction, l’aiguille a commencé ses cabrioles. C’est là où j’ai compris mon pouvoir. Comme elle fonctionne grâce aux champs magnétiques dégagées par les îles, je suppose que je suis moi-même un nouveau champs magnétique constant. Il y encore une demi-journée, elle pointait Banaro, mais maintenant, elle tourne sans s’arrêter. Voilà qui devient emmerdant pour retrouver les autres rigolos.
Le vent souffle plus fort. Faut en profiter.
« Les macaques dans les voilures, réduisez la grande voile au maximum. On va profiter du vent pour maintenir notre allure tout en donnant au Hollandais une allure moins tailler pour la course ! Allez parbleu ! »
Et ça cavale dans les cordages, de vrais petits primates. Je me dirige vers la barre, je prend le relais pour maintenir le cap, les gosses apprennent du moindre de mes mouvements. Dans moins de dix minutes, nous arriverons au port principal de l’île. Enfin, de l’archipel de cailloux qui forment cette grande terre d’Ilipucie. Il fait nuit noir, c'est l'heure des tricheurs.
« Qui nous rappelle le plan ? Sablé ? »
Le gamin prend un tonneau et se pose dessus pour prendre la parole. Zagahaha, tout comme moi dès que je m’adresse au groupe. Ces gosses sont de vrais miroirs. Faut que je fasse gaffe, j'vais avoir les parents sur le dos après.
« Caramels mous ! Nous allons euuuh…. »
Bon dieu.
« Infiltrer »
« Infiltrer ! »
Ils applaudissent et le gamin redescend du tonneau.
C’est tout.
Ça valait bien la peine de les couvrir de louanges. Ils n’ont rien compris. Quel bordel.
« Z’allez pas me dire que vous avez décoré le bateau, qu’on s’est tous habillé différemment et tout ça, sans que vous compreniez pourquoi on le faisait ? »
« C’est parce que t’as fait des tours de magie, on n’a pas écouté »
C’est ma faute, bien sûr.
« Vos parents vont vous reconnaître si on arrive sans déguisement. On se fait passer pour des marchands, on débarque et on se trouve un endroit calme. Ensuite, vous me montrez où habite les Kol’Gaete et je les dérouille. Fin »
« On est des marchands qui vendent quoi ? »
Ta mère.
« De l’air »
Ils ont des étoiles dans les yeux. Ces gamins sont complètement immatures.
« On pourra dire que t’as des pouvoirs »
Oh la bonne idée, pis après on ira voir la Marine en se tenant la main.
« Mes amis, c’est notre secret. Si les vilains bonhommes en bleu qui font des patrouilles me tombent dessus, c’est la fin de notre mission secrète. »
Merde, j’ai dit le mot.
« ON EST DES AGENTS SECREEEEEEEETS !!!! »
Et voilà qu’ils font des roulades de partout. Vos costumes, bordel. Après va falloir tout passer à la lessive là. Mais qu’est-ce qu’il m’arrive moi ?
« Bon bah… Préparez-vous à accoster… petits espions… »
«OUUUUUÉÉÉÉ »
Youpi comme qui dirait.
codage par LaxBilly.