CHAPITRE II
Aventure au Royaume de la
Chance
Aventure au Royaume de la
Chance
Une brise d’air frais animait la mer tandis qu’une barque flottait en direction du Royaume de la Veine. À son bord, deux honnêtes flibustiers en la personne d’Alday et Twister. Ces derniers, grâce à leur argent volé, s’étaient procurés un moyen de navigation de manière légale. Il était nécessaire de le préciser connaissant le passif des deux individus et leur penchant pour s’approprier ce qui ne leur appartenaient pas. Le natif de Rhétalia profitait de l’instant de paix, que lui offrait ou plutôt imposait le vaste étendu d’eau, pour feuilleter un manuel de techniques.
« L’Art du Ryusoken » était le recueil de techniques que lui avait transmis le champion de boxe de l’île Karaté. D’après un bref résumé en début de page, ce style de combat serait basé sur un art ancien que l’Homme aurait créé pour imiter les dragons. Être capable de dompter la puissance brutale de la bête légendaire, c’était ce à quoi aspirait le Ryusoken. Malheureusement pour le jeune vagabond, cet ouvrage n’illustrait aucune technique. Seulement une courte description suivait chaque mouvement. Faire preuve d’un esprit synthétique et être capable de retranscrire physiquement des mots étaient les deux compétences nécessaires à Alday pour maitriser cet art dans un premier temps. Il était maintenant évident que, depuis peu, l’ancien esclave montrait une réelle volonté de devenir plus fort. D’ailleurs cette envie de s’aguerrir n’avait, bien évidemment pas, échappée à la figure paternelle que représentait Twister. Le timonier de la barque se doutait de l’origine de ce besoin. Néanmoins, il préférait ne pas aborder le sujet. Si un conflit d’idéaux éclatait, ils finiraient par se battre amicalement sur cette petite construction flottante.
La notion du temps se perdait pour les apprentis navigateurs. Après plusieurs heures passées sur cette immense surface d’eau salée, l’impatience du plus jeune se faisait ressentir et elle pesait sur le plus âgé. Malgré sa tolérance à toute épreuve, les habitudes acquises à supporter son associé, Twister était impuissant face à ses railleries incessantes. Au début, celles-ci semblaient supportables. le jeunot se contentait de choisir un corps qui l’entourait puis d’énumérer une série de faits et d’hypothèses à son sujet. Cela pouvait tout simplement être un nuage choisi au hasard dans le ciel. Sa taille. Sa couleur. Sa forme. Provenait-il de North Blue ? Ou alors s’était-il tout simplement formé sur South Blue ? À moins qu’il se soit détaché d’un plus gros nuage ? Une fois ces frivolités terminées, il recommençait de nouveau. Parfois avec un oiseau qui passait. Parfois même avec un autre amas de vapeur d'eau condensée en fines gouttelettes maintenues en suspension dans l'atmosphère qui ne passait pas loin du précédent car, oui, il lui arrivait de définir des termes par moment. Jusqu’à présent, Alday focalisait son esprit sur des choses futiles, mais avait finis par s’en lasser. D’humeur taquine et désespéré, c’était tout logiquement que Twitter était devenu son nouveau centre d’intérêt, au grand dam de ce dernier. À ce sujet, les toquades de l’affranchi se manifestaient par d’incessantes questions. Celles-ci étaient rhétoriques ou avaient déjà été posé plus tôt durant le voyage.
⁃ Où est-ce qu’on se rend déjà ?
⁃ Au Royaume de la Veine, répondit l'homme d'un certain âge avec un ton irrité.
⁃ Humm, c’est vrai …… pourquoi là-bas ?
⁃ Je te l’ai déjà dit …. Récemment, j’entends de plus en plus de rumeurs qui évoquent La Fontaine de Jouvence. Ça nous coutera rien d’aller y jeter un coup d’œil.
⁃ C’est pas nouveau les rumeurs à ce sujet, ils y en a pas mal qui proviennent du cimetière de navire. C’est quoi la véritable raison ? Un évènement culturel, de riches personnalités, le butin d’un criminel ?
⁃ C’est là-bas qu’il se trouve.
⁃ Ton honneur ?
⁃ Abruti, tu sais bien que je n’en ai pas, murmura-t il fièrement. Le trèfle à huit feuilles, cette fois-ci, je le trouverai.
⁃ Tu sais à Suna Land, j’ai déjà vu deux trèfles à quatre feuilles, nargua Alday avant de reprendre. Quand on y pense, tu m’as fait naviguer pas mal de fois. Tu connais South Blue comme ta poche on dirait. J’ai jamais su ce que tu faisais avant notre première rencontre. Tu étais navigateur ?
- T’es un marine ou quoi ??!! Tiens, prends ça et rames. On ne devrait plus tarder à arriver.
Twister ne s’était pas trompé. Grâce à une brise favorable, les deux comparses pouvaient distinguer les premiers reliefs des terres de l’ex-Baterilla. À première vue, il semblait s’agir d’une île tropicale où nature et civilisation prospéraient. On pouvait difficilement rater le phare de l’ile qui guidait les marins en approche du Royaume. C’est naturellement que notre duo de brigand se dirigeait vers le port de la ville de Lokail. Ils amarrèrent dans la zone la plus éloignée de la ville. Leur barque se trouva entre deux gondoles des plus basiques. Une fois pied-à-terre, ils s’assurèrent de ne rien laisser sur l’embarcation. Laisser deux gros sacs remplis de berry sur une piètre embarcation ferait certainement le bonheur d’un veinard. Et sur une île connue pour abriter des individus forts chanceux, il ne fallait pas prendre le risque. C’est donc pour cela que Twister eu la brillante idée de déposer leur argent à la banque comme des honnêtes citoyens. Honnêtes ? Après avoir manigancé une scène de ménage et s’être immiscé en tête de file, ils firent un dépôt au nom de Enri et d’Aladdin. User d’une fausse identité, n’avait pas besoin d’être justifié pour des voleurs.
Le pognon en sureté, ils décidèrent de profiter du calme et du beau temps pour arpenter les rues de la ville. Twister proposa de se séparer. Leg's of Rabbit City à sa charge. Lokail pour Alday. Et si leur promenade semblait des plus banales, il n’en était rien de tel. Comme à leur habitude, à chaque fois qu’ils débarquaient quelque part, ils effectuaient un état des lieux. La moindre ruelle, une bouche d’égout anodine, la distance entre les principaux édifices, rien n’était négligé. L’observation était une tâche essentielle pour un brigand et ceux même s'il n’avait rien à se reprocher. L’escroc en herbe, profitait de la réalisation de sa tâche pour mener son enquête sur la Fontaine de Jouvence. Il fréquentait chaque bistrot qu’il croisait se faisant passer pour un simple étranger venu picoler. Des histoires en tout genre arrivaient à ses oreilles. L’annonce d’un accouchement par-ci, une dispute par là. Rien de trépidant à vrai dire, mais il ne s’attendait pas à grand-chose non plus. En effet, en plusieurs années, l’ancien esclave avait vu défiler son lot de mensonges et de rumeurs à propos de la mystérieuse fontaine.
⁃ … de Jouvence.
Ce fut faible et brève, mais le natif de Rhétalia pensait d’avoir entendu le mot magique. Non, il était persuadé d’avoir perçu cette succession de syllabes. Il rattacha immédiatement la voix à un homme assis de l’autre côté du bar. Un gros gugusse d’un certain âge qui discutait avec un ivrogne. Le voleur ne fit pas dans la discrétion, il se précipita à sa rencontre et attrapa brusquement le vieil homme par l’épaule.
⁃ Oï oï, tu viens d’évoquer la Fontaine de Jouvence, j’ai pas rêvé ?
⁃ Hein mais qu’est-ce que tu me veux le gosse ? rétorqua l’individu alors surpris par l’apparition d’Alday. Lâche-moi, bon sang.
⁃ Ah excuse moi, ossan. De quoi vous parliez, à l’instant ?
⁃ De ma mésaventure à la Fontaine de Jouvence. Pourquoi cette question ?
⁃ Tu veux dire que tu l’as vu ??
⁃ Oui, oui et tu ne devrais pas être trop excité à son sujet. La tentation était trop grande. J’ai donné tout ce que j’avais, mais la fontaine m’a tout pris sans rien me donner en retour. Je te déconseille de t’y rendre.
⁃ Excusez-moi, mais je n’ai pas pu ignorer votre conversation, s’incrusta un autre alcoolique. Vous parliez de la fontaine c’est bien ça ? Je ne m’y suis pas risqué, mais mon fils y a goûté. Il m’a dit que …le premier pas franchi, nous faisons abstraction de ce qui nous entoure. Une fois qu’on y prend goût, nous perdons toute notion de temps.
L’esprit du chapardeur se mit alors à bouillir. Il n’avait plus aucun doute : notion de temps liée à l’immortalité, mésaventures liées aux dures épreuves de la fontaine. C’est en prenant le vieillard par les mains, les genoux à terre qu’il le supplia de le conduire à la source enchantée. Il se montra très persuasif, proposant entre autre, de payer l’ensemble des chopes du vieux. C’est donc sans plus attendre que les deux hommes quittèrent les lieux. Le très excité Alday ne put retenir son enthousiasme. Son visage était semblable à celui d’un enfant de huit ans à qui on avait offert une montagne de bonbons. La personne âgée ne comprenait pas l’allégresse qu’arborait le jeunot.
⁃ Me faire courir … après avoir bu, qui plus est. Tu n’as donc aucun respect pour tes ainés, s’essouffla le septuagénaire. On arrive bientôt. Tourne à droite au bout de la rue.
- Je te porte sur mon dos !!! s'écria le transporteur.
Il était à quelques mètres d’atteindre son but et beaucoup trop facilement à son goût. Arrivée au tournant de l’avenue, son regard se posa sur un magnifique et assez grand bâtiment. Des murs joliment peints d’un bleu cyan où de splendides motifs architecturaux y étaient sculptés. Trois piliers vernis d’une couleur or supportaient la façade supérieure de l’édifice. Dessus en grosses lettres, on pouvait lire : Fontaine de Jouvence.