Lucian Linwood

Lucian est assez grand : il mesure 1 mètre 79. Sa musculature est finement dessinée sur l’ensemble de son corps. Au diapason de ses origines Albanes, il a le teint clair, les yeux verts et les cheveux roux. Ces derniers, indisciplinés et coiffés à la seule force du vent, s’arrêtent au-dessus de ses épaules carrées. Ils sont remontés à l’aide d’un bandeau en tissu épais vert et noir. Bien que celui-ci ait pour unique but (excepté le style) d’empêcher ses mèches de ne trop descendre sur son visage, certaines rebelles parviennent à se glisser sous le morceau de tissu. Il est donc accoutumé de surprendre le jeune homme souffler de temps à autre vers son front afin de dégager tout ce qui s’apparenterait à des cheveux.

Ce qui frappe, au premier regard, outre la couleur flamboyante de sa crinière, est le cache-œil noir qui recouvre l’entièreté de son œil droit. Il ne s’en sépare jamais, ne souhaitant pas avoir l’air d’un crétin mi-monstrueux mi-drogué à la vue de son oeil borgne dans lequel le blanc s’est transformé en rouge sang.

Son visage, viril mais fin, est encadré par un anneau en bronze sur chaque oreille.

Sa tenue vestimentaire n’a rien de particulier : il s’habille simplement avec un tee-shirt noir, un pantalon souple gris arrivant à mi-mollet ainsi qu’une longue veste noire et blanche qu’il accroche autour de ses hanches par temps chaud. Il se chausse de bottines noires ayant pour seul avantage le fait d’être confortables. Il ne quitte pas le tartan de sa terre natale, imprimé sur une fine écharpe qu’il porte lâche, autour du cou.

Lucian est facilement reconnaissable à sa façon de parler : il ressent le besoin de bouger ses mains dès qu’il prend la parole, ce qui lui donne l’air légèrement agité. C’est sans doute lié à sa capacité de parler le langage des signes. En effet, sa camarade et meilleure amie est sourde et, depuis qu’elle lui a appris, ils ne communiquent entre eux que comme ceci. Pour ne rien arranger, c’est un jeune homme qui parle beaucoup. Beaucoup, voire trop. Il est de ce genre de personne que l’on aurait envie de frapper pour le faire taire, une bonne fois pour toutes.

Sa démarche est silencieuse (quand il ne parle pas) et ses mains sont généralement dans ses poches (encore une fois, quand il ne parle pas). Un sourire taquin est à 80 % du temps collé sur ses lèvres.

Adorant la musique, il sifflote une mélodie aléatoire dès qu’il le peut.

Natif des terres MacQueen sur Alba, Lucian est un excellent tireur à l’arc et ne rate pratiquement jamais ses cibles. Il ne se sépare ainsi jamais de son arc qui a même hérité d’un surnom. L’arc étant cependant une arme de combat à distance, le rouquin préfère également avoir une arme de corps-à-corps sur soi : un bâton de quatre centimètres de diamètre en bois de conifère.

Optimiste en toute circonstance, Lucian sait relativiser et dénicher la plus infime positivité au sein d’une situation plus que mauvaise. Bien qu’il soit l’homme le plus bavard de tout Alba, il retient facilement ses envies hyperactives quand la situation le requiert : étant chasseur et un as du tir à l’arc, la sérénité face à la cible à abattre ainsi que la discrétion la plus intense font partie de ses capacités. Le jeune homme se montre infiniment protecteur envers les personnes à qui il tient. Amelia, sa camarade et meilleure amie en fait évidemment les frais à chaque seconde de sa vie. Facilement influençable et légèrement crédule face aux personnes qu’il rencontre, il n’en reste pas moins futé et stratégique lors des combats contre ses adversaires. Très honnête envers les gens, Lucian ne se donnera pas la peine de mettre les formes quand il pensera quelque chose, aussi positive ou négative soit sa pensée.

Ce jeune homme à tout l’air de quelqu’un de recommandable décrit ainsi. Ce sont sans compter les multiples défauts qui, comme tout Homme, le parsème. Il suffirait de demander à Amelia, qui le côtoie depuis maintenant de nombreuses années, de décrire le rouquin en un seul mot. « Insupportable » serait sans aucun doute sa première idée. Frôlant l’hyperactivité, caressant l'insolence et plongeant dans les méandres de la bêtise, Lucian est un clown. L’impatience et la provocation le définissent également parfaitement bien : il ne tient pas en place et ne peut s’empêcher de faire des commentaires déplaisants lors de situations ne s’y prêtant pourtant pas. Un dernier petit point négatif ? La rancune. Lucian est terriblement rancunier et, que ce soit une farce gentillette ou une trahison, il se vengera toujours de manière plus ou moins amène.

Ce qu’il aime dans la vie ? Les bonnes choses. Il possède une singulière adoration pour la musique et cela expliquerait d’ailleurs sa manie de siffloter ou meumeumer des mélodies à tout-va. Il aime passer du bon temps, rire, s’amuser et boire. Étrangement, il apprécie tout particulièrement le nouveau style qu’il se donne grâce à son cache-oeil. Un pirate ? On s’y perdrait. Sa plus grande passion reste l’amusement qu’il prend à donner des surnoms à qui mieux mieux, ce qui le rend d’autant plus insupportable. Il a également un petit faible pour les géants qu’il trouve merveilleusement « stylés » pour reprendre ses termes.

D’un autre côté, il ne supporte pas l’équipage de Jaden, son frère. Il exècre le silence et ne rien faire. Pour finir, il n’aime pas les contacts physiques. Il n’est absolument pas tactile et préfère se battre plutôt que de câliner quelqu’un ou se faire câliner. D’ailleurs, Amelia aime beaucoup en jouer en le frôlant et le caressant “malencontreusement” ce qui provoque une constante envie de vengeance de la part du jeune homme. Cette gêne face aux contacts lui a fait développer une certaine claustrophobie. Cela dit, sa plus grande frayeur est de perdre sa meilleure amie pour toujours.

Natif d’Alba, il n’a jamais eu l’occasion de quitter l’île jusqu’à sa récente décision qui était d’enfin mettre un terme à cet emprisonnement. Il ne connaissait ainsi le monde extérieur que par les récits emplis de négativité de son père et les quelques échanges qu’il avait eu avec les étrangers s’arrêtant aux ports d’Alba.
Il trouve que le monde est chargé d’injustices, mais il n’a pas pour autant l’envie de les combattre comme le font les héros de ce monde. Lucian ferait tout pour aider une personne dans le besoin s’il est le seul témoin et qu’il n’a pas d’autres choix, mais jamais il n’ira à la recherche de problèmes.

Opinions :

Pirates → ENNEMIS
Il souhaitait auparavant devenir pirate afin de naviguer sur les mers et découvrir de nouvelles contrées, mais une mauvaise expérience lui a permis d’ouvrir les yeux sur cette simple vérité : les pirates sont des êtres sans-cœur, cruels, égoïstes et injustes envers les autres.

Marine et Gouvernement Mondial → NEUTRE - ENNEMIS
Selon lui, l’existence des grands corsaires devrait être abolie. Une coalition pirate - justice n’a qu’un seul aboutissement : la guerre. Il n’apprécie pas vraiment le gouvernement qui, il le sent, cache énormément de vérités au peuple. Il est contre les pirates, souhaite les voir disparaître, mais n’est pas non plus en accord avec toutes les décisions de la Marine et du Gouvernement.

Révolutionnaires → NEUTRE - ALLIÉS
Il partage tout à fait les idéologies de la Révolution et l’aurait intégrée si son but premier n’était pas de donner une bonne leçon à son frère et également de stopper le plus de pirates possibles.

Chasseurs de primes → ALLIÉS
Il pourrait lui arriver de faire équipe avec d’autres chasseurs, mais préfère tout de même avoir son propre mérite. Une aide n’est cependant pas rejetée si celle-ci est nécessaire.

« - Alors, tu viens d’où ?

  - Tu vois la plus belle île d’East Blue ? Peuplée de grands arbres et de flore de toute sorte ? J’viens d’Alba, sur cette mer. J’vais pas te raconter la vie là-bas ni les coutumes, tu t’en fous sûrement ! Mais si jamais t’en as déjà entendu parler, je suis né dans les terres MacQueen. Là-bas, tu peux trouver les meilleurs chasseurs de tout East Blue, voire plus. Et clairement, j’en suis !

 - Et t’y faisais quoi là-bas ?

 - J’aime te voir t’intéresser à ma vie ! Quand j’étais petit, je jouais tout le temps avec mon frangin. On jouait à être pirates. C’était cool. On le faisait en cachette, ça plaisait pas à mes parents. En même temps, mon père est un fervent croyant des coutumes locales et il a toujours été très méfiant en ce qui concerne les étrangers. Il m’a toujours dit que peu importe où, tout le monde est débile et pas recommandable. Quoi, me regarde pas comme ça ! Il est réfractaire et borné comme une huître, j’y peux rien ! Et ma mère, de son côté, bah elle dit pas grand-chose. Elle se tait quand mon père parle et approuve tous ses faits et gestes.
 
 - Alors t’es un pirate ? Et il est comment ton frère ?

 - Oh non non, j’suis pas un pirate. Mais attends, j’y viens. Mon frère, il s’appelle Jaden et il a trois ans de plus que moi. Il était sympa avant. Mais chiant. Ouais, il était chiant à toujours vouloir avoir raison. D’ailleurs, c’était un enfer avec mes parents. Mais passons ! Maintenant, il est pirate. Il a bien réussi dans ses ambitions, ce chafouin. Et- … Tiens, tu vois la vieille mégère qui se fout d’ma gueule là-bas ? C’est Amelia. C’est censé être ma meilleure amie, mais j’sais pas comment je la supporte encore. Elle est sourde et muette c’t’ahurie. Mais elle a une merveilleuse habilité à lire sur les lèvres. Genre là si je dis CO-NASSE, bah elle a- AÏE !!

 - J’l’aime bien moi, elle est jolie en plus avec son pull à fleurs. Tu l’as rencontrée comment, dis ?

 - Ah je vois, tu t’intéresses plus à elle qu’à moi ? T’es pas sympa comme mec. Elle vient de la même île que moi, mais pas du même territoire. J’avais neuf ans j’crois. On se baladait avec Jaden comme d’hab’ dans la forêt. Et on a entendu une mélodie vraiment très jolie. Moi qui adore la musique, je me rappelle que j’ai clairement laissé tomber mon frère et que j’ai suivi la mélodie. Et tu as compris la suite, j’suis tombé sur cette malade, là, avec une harpe. Depuis elle nous a plus quittée.

 - J’suis peut-être petit, mais je suis assez intelligent pour savoir que les sourds ils peuvent pas jouer d’la musique !

 - Pas si intelligent qu’ça gamin. Apparemment, elle ressent la mélodie par les vibrations des cordes de l’instrument… Oh ça va hein ! Moi j’répète que ce qu’elle m’a dit. Et t’as qu’à lui demander, saleté d’gosse ! Tu veux connaître la suite ou pas ? Bon. On est donc resté tous les trois depuis ce jour. D’ailleurs, elle se disputait souvent avec Jaden, bon du coup elle le tapait plus qu’elle l’engueulait vu qu’elle peut pas parler. Elle, elle pouvait pas saquer les pirates et c’est toujours le cas. Du coup, elle faisait le chasseur de primes et Jaden et moi, on était les pirates. Je vois que tu t’endors, on va donc passer les détails qui sont pas si ouf que ça. Laisse-moi réfléchir… Oui c’est ça, peu après les 18 ans de mon frangin, j’suis réveillé par les cris de mes parents. C’était Jaden qui était parti. Mais parti pour de bon, après une énorme dispute avec eux. J’suis parti chercher Amy mais on a pas pu lui dire au revoir. Il était déjà parti.

 - Mais c’est pas cool ! Et du coup il est dev’nu pirate, pas vrai ? Moi j’aime bien les pirates.

 - Ouaip’. Il est revenu un an après dans le port de l’île, à Glaschù. On y est allé avec Amy, on avait hâte de le revoir. Mais comme tu peux t’en douter, ça s’est pas passé comme prévu. Mais alors que j’attendais au moins un câlin de retrouvaille, il m’a repoussé et il m’a simplement salué. Il était effectivement devenu pirate, au sein d’un équipage nommé les Sang d’Argent. Il avait carrément changé. Comme si je devais plus le toucher parce que moi j’étais rien comparé à lui. Bon, ça nous a pas empêché de taper la discut’ dans une taverne. C’était affreux. Il me contait ses aventures, tout ce qu’il avait fait durant l’année. Et c’était, ouais, affreux. Le pire c’était qu’il était fier de ses faits et gestes. Mais c’était cruel et monstrueux. Piller des villages et tuer des innocents, c’est ça être pirate ? C’est la question que je me suis posée. Mais je n’disais rien, je voulais pas le vexer. Parce que c’était notre ambition à tous les deux, quand on était petits, tu comprends ? Après, je me souviens plus de la raison, je suis sorti de la taverne un peu, laissant Jaden et Amy ensemble. Quand je suis revenu, le ton entre eux était monté. Enfin, plutôt le mouvement des signes des deux avait pris une envergure démoniaque. Et Jaden gueulait comme un bœuf, comme si Amy avait pu entendre plus. Je suis intervenu, essayant de calmer les nerfs mais… c’est clairement pas l’effet que j’attendais qui a fait mouche. Amy m’a repoussé, le capitaine de l’équipage de Jaden est lui aussi intervenu en gueulant encore plus fort sur elle. Ç’aurait pu être comique, mais de l’extérieur. De colère, Amy l’a frappé sans aucune retenue. Sauf qu’elle ne faisait pas le poids contre l’autre grand dadais. Alors il l’a envoyé contre le mur de la taverne. Et ça… Ça m’a vraiment mis en rogne. Je l’ai menacé avec mon arc, mais j’ai pas été assez attentif : on m’a soulevé et encadré les bras et jambes pour que je n’puisse plus bouger.

 - DÉ-MENT ! Je connais la suite ! Tu t’es fait botter l’cul par le capitaine et c’est pour ça que t’es un cyclope !

 - Alors déjà, j’suis pas un cyclope ! Regarde, j’ai pas l’œil au milieu d’la tronche, que je sache ! Et non, ç’aurait été trop facile. Pirate comme il est, il a demandé à son tireur d’élite de mettre une raclée à son propre frère. Moi, j’étais immobilisé. Jaden aussi, sous le poids de l’horrible réalité qui venait de s’abattre sur lui. Mais il a vite su se remettre d’aplomb. Tu crois qu’il aurait préféré lâcher sa splendide vie de pirate contre son frère ? Tss. Il m’a frappé. Ça m’a fait extrêmement mal. Mais j’ai fait comme si je n’avais rien senti et je lui ai craché au visage. Je lui ai dit ses quatre vérités. Je l’ai traité de minable, de lâche, de traître. Je voyais qu’il n’y avait plus que de la haine et de la colère dans ses yeux. Il m’a mis un coup de genou dans l’bide, un coup de poing dans la mâchoire et le dernier était si violent que j’me suis évanoui.

 - Et t’es mort ??

 - … Grave ! En fait j’suis un zombie ! Mais t’es débile ou quoi ? Bien sûr que non j’suis pas mort ! Je me suis réveillé quelques jours après. Mais en plus d’avoir perdu un frère et l’envie de devenir pirate, j’ai perdu la moitié de ma vision. Il m’a tellement frappé fort sur la tempe qu’apparemment j’ai subi un traumatisme cranio-j’sais-plus-quoi et ça a détruit mon œil. Enfin, j’sais pas comment ça fonctionne. Mais mon cache-œil il est classe, t’as vu ?

 - Ouais ! C’est pour ça, je croyais t’étais un pirate moi ! Et alors, les « Sens l’argent » ils ont fait quoi après ?

 - Sang d’Argent !! J’sais pas, on m’a dit qu’ils se sont barrés et que Jaden avait été banni de l’île. Mon père était tellement en colère contre lui qu’il a brûlé toutes les affaires qu’il restait à Jaden. Et pour finir, quelques mois plus tard, j’ai décidé de me casser de l’île à mon tour. Mais plus pour devenir pirate, au contraire. Mon but est de rattraper Jaden et son bâtard d’équipage et de les mettre hors d’état de nuire. Et… il faut aussi que j’prenne soin de la grosse là-bas. Parce que figure-toi que dès qu’elle a compris que j’partageais finalement ses idées, elle a voulu partir avec moi. J’avais pas envie d’être totalement aveugle alors je l’ai laissé venir… Et puis, y’a pas si longtemps on est dev’nu chasseurs de primes. Voilà bichet, tu sais tout.

 - Eh bah moi, quand j’serai grand, j’serai pirate. Et tu sais quoi ? Je serai le Roi !

 - Ouiiii bien sûr. J’serai là pour t’arrêter alors. Aller Billy, ta mère est de retour. Et dis-lui que j’t’ai bien gardé, hein !

 - J’m’appelle pas Billy !! »

Le gamin partit, laissant derrière lui un jeune homme souriant. Sa tête chancela vers l’avant sous le poids d’une main qui venait de s’abattre sur l’arrière de son crâne. Le visage désespéré, Amelia signa.

*Tu racontes ta vie comme ça, au premier venu ??*

Il pouffa de rire et lui répondit, agitant les mains.

*M’en fou, il était sympa. Et j’m’emmerdais. Aller, viens on s’tire d’ici Ginette.*

Sujet a écrit:Raconte-nous la première chasse à prime de ton personnage.

Le ciel était gris et nuageux, l’étendue d’eau de l’Est était assez agitée et, aux larges d’une île, une petite embarcation naviguait difficilement au gré des rafales de vent et de pluie. Deux personnes et deux sacs s’y trouvaient. Ces deux personnages ne semblaient cependant pas prendre garde à la situation peu aisée dans laquelle ils se trouvaient : l’un riait à s’en perdre la voix en s’accrochant au mât et l’autre tentait tant bien que mal de l’expulser du bateau en le frappant.

« YEEEEHAAAAAA !! Et qui c’est qui a sa licence ?? » Cria le jeune homme accroché au mât, à tue-tête et riant aux éclats. « Qui c’est qui va botter l’cul de tous ces pirates de mes deux ?? »

Il se détacha enfin du poteau et se positionna devant sa compagne, énervée. Manquant de chavirer à plusieurs reprises à cause d’un équilibre proche de celui d’un éléphant sur un fil, cela ne l’empêchait cependant pas de rester souriant et plein de joie.

« *Amy, on est chasseur ! Mais souris bon dieu ! Pourquoi tu fais cette tête ?* » Lui demanda-t-il en agitant les mains et doigts devant elle.

Celle-ci leva les yeux au ciel et soupira. Ses cheveux se collaient à sa peau claire, des gouttes s’accumulaient sur son visage et commençaient à s’engouffrer dans les mailles de ses vêtements. Elle le regarda froidement et le frappa de son poing sur le dessus du crâne.

*J’ai froid. On va finir par tomber dans l’eau. L’île derrière toi, on y arrive. Et tais-toi, même en ne t’entendant pas, tu m’épuises.* Signa-t-elle, résignée.


Shimotsuki. L’île des maîtres des lames. Ils avaient tous deux pris la direction de cette destination dans le but de trouver de nouveaux couteaux, plus affûtés, pour Amelia. La tempête s’était maintenant calmée et l’arrivée à terre s’était déroulée sous les cris de Lucian et les soupirs de la jeune fille. Assis sur un rocher, le rouquin vidait ses bottes laissant s’échapper un poisson qui avait sans doute dû passer un voyage traumatisant. Amelia s’affala à ses côtés et déposa son crâne contre l’épaule de son ami. Leur première escapade n’était pas de tout repos. Quelques minutes passèrent, le temps d’un repos bien mérité. Puis, Lucian se releva, laissant tomber la tête de la blonde qui n’avait rien vu venir.

« *Aller, il est temps de trouver notre première cible !* » Lui fit-il comprendre en se dirigeant vers l’intérieur des terres. Il se retourna soudain, sentant un regard glacial dans son dos. « *Et d’acheter tes couteaux, ouais ouais !* » Rajouta-t-il.

Levant les yeux au ciel pour la centième fois de la journée, mais souriant cette fois, Amy sauta sur ses pieds et le rattrapa rapidement.


Il fallu tout l’après-midi aux deux chasseurs pour écumer les boutiques de la ville d’Honnoji et trouver leur bonheur. En plus des quelques achats d’Amy, Lucian en avait profité pour acheter de nouvelles flèches qui, il en était sûr, allaient faire des ravages.

Désormais à jour niveau armes, ils ne l’étaient plus niveau argent : ils avaient presque dépensé toutes leurs économies. Il n’y avait maintenant plus aucun doute, leur prochain but était d’enfin mettre en action leur nouveau statut de chasseurs de primes et de gagner une belle somme.
Cependant, au plus grand désarroi de Lucian, il n’y avait pas la moindre trace de ne serait-ce qu’un petit pirate de pacotille. Il soupira de lassitude et grogna.

« - *Qu’est-ce que t’as ?* Demanda la jeune fille, avec ses mains.
- *Y’a pas de pirates. Rien. Ça m'énerve.*
- *Allons à Nagaya, s’il y a des pirates sur cette île, ils seront sans doute au port.* »

Un sourire se rétablit sur les traits du rouquin et sa joie, partie pas si loin que cela, revint au pas de course. Sur le chemin, les deux compères « parlaient » de leur nouvelle vie qui venait tout juste de débuter. C’était au début un beau dialogue, qui s’était rapidement transformé en monologue. Le sourire d’Amelia s’était éteint et un air désespéré comblait maintenant son visage. Elle ne faisait même plus en sorte de comprendre les gestes de Lucian qui devenaient incompréhensibles à cause de son flux de paroles beaucoup trop élevé. *Si seulement il pouvait se taire et arrêter de s’agiter ainsi… Si seulement…* pensait-elle.

« - […] et là t’imagines j’arrive et un croco me bouffe la jambe ! Je ferais quoi hein ? Si seulement j’avais des- zzgmmfeuh! »

Et le rêve de la jeune fille se réalisa. Sortant de ses pensées, le borgne revint sur terre et dégagea la chose qui venait de s’engouffrer dans sa bouche et s’étaler sur l’entièreté de son visage. Le temps d’adaptation de son seul œil fonctionnel fut trop lent à son goût, ainsi il tendit les bras pour voir le sujet du bout de papier qui avait osé le couper en plein discours intéressant. Les sourcils froncés, il se radoucit soudain en comprenant ce qu’il tenait entre ses doigts.

« - Hey M’sieur ! Donne-moi ça, c’est pas à toi ! »

Un gamin le bouscula sans ménagement tout en arrachant la feuille d’entre ses mains. C’était la deuxième fois qu’il se sentait ridiculisé. Un bout de papier et maintenant un gosse ? Vexé, Lucian rattrapa sans difficulté l’enfant et le lança sur son épaule. Il avait de nouveau la feuille en sa possession.

« - Lâche-moi ! C’est ma sœur ! C’est une pirate mais elle est gentille, il faut que j’enlève tous ces vilains papiers avec sa photo dessus ! Lâche-moi ou j’te fais pipi dessus !!
- Hey, gamin. T’inquiètes pas, j’suis un pirate aussi. J’m’en fou de cet avis de recherche. Mais tu m’as l’air triste et j’aime bien les gosses. Alors si j’la vois, je lui dirai de faire gaffe. Elle pourrait croiser des vilaines personnes.
- Oh c’est gentil ! Eheh merci ! Mais lâche-moi quand même !! »

Le visage angélique, Lucian le reposa par terre, sous les yeux rieurs d’Amelia qui avait compris quelques bribes de la conversation en lisant sur leurs lèvres. Le roux se permit quelques secondes, le temps de bien enregistrer le visage de la pirate.


Himiko Suya. Ouais, elle sera une parfaite première proie. Et tant pis pour son petit frère, ce sont des choses qui arrivent, malheureusement. Le regard insistant et le visage sérieux, Lucian disposa la feuille de papier abîmée sous le nez de sa camarade blonde. Une certaine mesquinerie se ressentait dans son sourire. La chasse pouvait commencer.

L’un attendait sur les quais discutant çà et là, l’autre vadrouillait dans les rues de la ville tentant de ressentir une aura plus sombre que les autres. Lucian et Amelia étaient prêts à tout et surtout au combat. Le visage de la proie était intégré au plus profond de leur mémoire, elle était ainsi reconnaissable à tout instant et n’avait plus aucune échappatoire.

Une ruelle menait aux quais et c’est dans celle-ci qu’Himiko, pirate depuis déjà deux bonnes années et enfin reconnue en tant qu’ennemie de la justice, s’incrusta. Sentant un regard pesant derrière elle, elle se retourna, méfiante. Elle était pourtant seule, personne n’était dans son champ de vision. Mais, dans un renfoncement, deux yeux brillants ne la quittaient pas. La proie était désormais identifiée et suivie, tout se déroulait parfaitement bien. Amelia était un as en matière de discrétion et sa furtivité était parfaite, tel un ninja ou presque.

Lucian de son côté, faisait les cent pas, bien moins patient que la jeune fille. Il jetait de temps à autre des coups d’œil autour de lui, attendant malgré lui. Quand son regard se posa sur un casque de barbare décoré de cornes, un sourire dévoilant ses dents prit place sur son visage. Elle était là. Amelia la suivait à pas de loup. Et la proie arrivait tranquillement sur le quai, droit dans la gueule du loup. Il la suivit une fois qu’elle l’eut dépassé, rejoignant sa collègue de chasse.

Himiko était tendue. L’aura qui l’entourait était étrange, elle n’aimait pas cela du tout. Ses pupilles se déplacèrent tout à droite, ce qui lui permit de distinguer des ombres qui la suivaient discrètement. Elle ne les avait pas entendus, c’en était effrayant. Serrant fermement ses doigts sur le manche de sa massue qu’elle ne quittait pratiquement jamais, elle expira lentement et ferma les yeux tout en continuant sa route.

Lucian ne l’avait pas vu venir, il esquiva au dernier moment le balayage de la massue de la pirate. Ils n’avaient pas été assez discrets finalement… Il jeta un coup d’œil à sa gauche, Amelia l’avait également évité. Il banda son arc et l’arma d’une flèche, tandis que la jeune fille dégaina ses deux nouvelles lames, une dans chaque main. Ils s’échangèrent un dernier regard, hochant la tête. Celle de cette pirate, était à eux. Le roux décocha deux flèches à la suite, visant le visage et le torse de la femme. Autant toucher ses points vitaux dès le premier coup. Il ne s’attendait pas à un one-shot, mais l’intention était présente. La barbare parvint à parer l’une des deux avec son arme en acier, mais la seconde frôla son flanc et y laissa une légère égratignure. Le chasseur fit un bond en arrière afin de rester hors de portée de l’arme lourde et dangereuse que portait pourtant aisément la pirate. Celle-ci, en colère après avoir vu qu’elle avait été touchée, partit en courant à la poursuite du jeune homme. Acculé contre un mur, le cœur battant à tout rompre, il décocha encore une fois deux flèches vers la femme qui courait vers lui. Sans attendre de voir le résultat de ses tirs, il roula sur le côté et se releva d’un bond, échappant de justesse à la massue qui vint s’écraser sur le mur, exactement là où il se trouvait quelques secondes auparavant.

De son côté, Amelia regardait la scène, un sourire en coin. Lucian ne faisait que courir, ce qui rendait le combat assez ridicule. Ce n’était pas le moment de jouer au chat et à la souris. De plus, la pirate semblait l’avoir oubliée. C’était le parfait moment pour agir. Les lames au vent, elle s’élança vers la femme. Son agilité lui permit de la rattraper facilement. Arrivée derrière elle, la blonde s'aplatit et glissa entre les jambes de son ennemie. Tenant ses lames fermement, elle parvint à sectionner la chair des deux mollets de l’adversaire qui cria de douleur.

Les mollets ensanglantés, Himiko avait la rage au ventre. Hurlant férocement, elle balaya l’air de sa massue et le manche de l’arme balança la jeune fille à l’autre bout du port. Voyant cela, Lucian prit son bâton entre ses mains, le regard noir. Personne ne s’en prenait à Amy. Surtout pas une pirate de bas étage.

Il s’élança, bondit au-dessus de la barbare et fit tournoyer son arme entre ses doigts. Une fois au-dessus de sa tête, il prit tout l’élan qu’il avait et abattit son bâton sur son crâne. Il avait été trop rapide, elle n’avait pas eu le temps de réagir. Elle était sonnée, elle voyait flou et avait incroyablement mal. Lui, s’était reposé à terre tranquillement en une roulade, près à en remettre une couche. Il ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil vers Amelia qui se relevait difficilement. Quand il retourna la tête, son cou lui faisait atrocement mal. Une chaîne venait de s’enrouler autour de sa gorge : la pirate le tirait vers lui férocement, titubant légèrement suite au choc. Son casque l’avait sauvé. Lucian porta ses mains à son cou, essayant de se dépêtrer des liens en acier qui l’étouffaient. Il avait évidemment lâché son bâton et il lui était impossible de décocher une flèche dans ses conditions. Son seul moyen était… Non, il ne pouvait pas s’en remettre à elle de la sorte…

Se remettant de ses émotions, Amelia se redressa lentement. Elle avait atrocement mal aux côtes. Pourtant, sa douleur s’estompa quand elle aperçut ce qui se déroulait devant elle. Sa mâchoire se serra. Qu’avait-il fait encore ?? Elle distingua un mouvement au niveau de la main droite de son ami. Il essayait de lui dire quelque chose. « Viser », « dos », « gagner » ? Son regard s’éclaircit. Elle ne pouvait pas bouger, mais pour ce plan, elle n’en avait pas besoin. Elle vit Lucian se démener pour changer de position et offrir le dos de la pirate à sa portée. Très ingénieux ? Non, terriblement con et suicidaire. Il allait s’étouffer. Elle n’avait cependant pas d’autre choix que de le regarder faire. Une fois sa cible à portée, elle visa et tira l’un de ses couteaux. Six ou sept mètres les séparaient, tout allait bien. Le mouvement lui arracha un cri silencieux et elle porta une main sur ses côtes. La lame atteignit sa cible et se planta sous l’omoplate de la femme, qui tomba à terre sous la puissance du choc et de la douleur. Son prisonnier put enfin se dégager des chaînes. Après avoir toussé de multiples fois et repris sa respiration, il se servit des chaînes pour attacher les mains et les pieds de la pirate. L’arroseur arrosé.


Côtes remises en place, pirate attachée sur l’embarcation, massue jetée difficilement à la mer, armes et flèches récupérées, tout était en place pour repartir, enfin. Direction base G-2 pour se débarrasser de la vermine empestant le bateau et surtout empocher la magnifique somme de cinq millions de Berrys. Le combat n’avait pas été facile, au contraire. La vie de chasseur de primes s’avérait plus compliquée qu’elle en avait l’air et ils se devaient de s’entraîner et devenir plus fort.

Le bateau quitta enfin le port de Shimotsuki et, au loin on pouvait entendre un garçon qui pleurait à chaudes larmes. Amelia regarda son ami, les yeux tristes.

« - *C’est son frère, le gamin de tout à l’heure.*
- *Oui.* »

Lucian sentit une boule se coincer dans son estomac.

« - Pour lui, c’est nous les méchants… On lui a arraché sa sœur, il ne la reverra plus jamais…
- *Qu’as-tu dit ?*
- *Rien, repose-toi, toi et tes côtes en mousse.* »

Personne n’est blanc ou noir. Cette vérité venait de faire surface dans l’esprit de Lucian. Le monde était fait ainsi et il devra survivre ainsi. Mais il allait devoir faire les bons choix et ce, à chaque occasion.