De héros en zéro [PV moi - FB de 22 ans]

Infos pratiques : Unwin a 20 ans et possède alors ~400 dorikis. Son adversaire, Buntaro, en aura 900.

~ Introduction ~



    On n’est pas sérieux quand on a dix-neuf ans, presque vingt. Unwin le savait. Si ça faisait bientôt deux ans qu’il avait quitté son île natale, il n’avait pas trouvé pour autant sa voie. Des jours, il avait erré sur North Blue, visitant une ville par ci, une ville par là. Rien de très folichon. Après quelques semaines, alors que l’ennui avait pointé le bout de son nez, Vail était tombé par hasard sur une affiche de prime dans une rue et il avait eu l’idée géniale de s’improviser mercenaire. Il était jeune, il pouvait bien tester différents métiers. Qui sait, si lutter contre le crime lui plaisait, peut-être irait-il dans la marine. Non, je blague.

    En tout cas, pendant plusieurs mois, Unwin s’adonna aux plaisirs de la traque. Il ramassait des Wanted, récupérait des informations et partait la chasse. Il ne s’attaquait pas à du gros poisson. Il était bien trop inexpérimenté pour ça. En effet, sur son île, choyé et dorloté comme un sale gosse de riche, il n’avait jamais vraiment fait face au danger. Oh, il savait tirer, aucun doute là-dessus, mais faire face à un hors-la-loi expérimenté, c’était une toute autre affaire ! Le jeune homme avait au moins l’avantage d’être lucide et conscient de ses capacités. Son côté terre à terre, sans doute… Mais on ne peut pas se contenter de cibles médiocres toute sa vie, même si ladite vie n’était pas très avancée. Aussi, après avoir ramassé un bon tas de primes dérisoires, Unwin choisit de trouver un adversaire à sa taille.

    Sur une île méconnue de North Blue, Vail prit donc le temps de passer du côté d’un avant-poste de la marine pour récupérer les dernières affiches de recherche. Accoudé tranquillement à un espèce de comptoir, il discutait des différentes têtes qui lui passaient sous les yeux avec le type qui était de garde ce jour là. Ici il y avait un revendeur d’arme présumé dangereux, là un mafieux difficile à débusquer. On trouvait aussi l’affiche d’une jeune voleuse qui commençait à sérieusement problème, ou encore la prime d’un homme qui prenait un malin plaisir à terroriser une ville avec sa bande de malfrats. Rien qui n’intéressait Unwin. Jusqu’à ce qu’il tombe sur le visage d’un gaillard peu avenant et au regard hagard. Eh bah voilà ! Quand on cherche, on trouve. Buntaro. Primé pour dix millions de berrys. Jolie somme. Le jeune chasseur de prime demanda quelques informations au marine et appris que sa cible avait été vue il y a peu sur une île proche. Décidément, le destin était du côté d’Unwin. Peut-être était-ce grâce à la patte de lapin qu’il avait trouvé par terre le matin même. Unwin superstitieux ? Pensez-vous !

    Plutôt satisfait, le jeune sniper plia soigneusement l’affiche et la mit au fond de sa poche avant de sortir d’un pas guilleret. Direction le Big Bang Joe ! Hissez les voiles et en avant pour l’aventure !



Spoiler:


Dernière édition par Unwin Vail le Ven 22 Juil 2011 - 23:35, édité 1 fois
      Qu’il avait fier allure, notre Unwin, avec ses trois poils au menton et son air altier. Seul à diriger le Big Bang Joe, on aurait dit qu’il se prenait pour le maître du monde. Peut-être était-ce le cas, d’ailleurs. En tout cas, le fier chasseur de prime était bien résolu à gagner gloire et renommée en rapportant la tête de ce Buntaro. Ce criminel ne perdait rien pour attendre ! Mais il faudrait plusieurs heures à Vail avant d’atteindre son but. Sa patte de lapin dans la poche de son pantalon, il ne doutait pas de trouver sa cible à l’endroit souhaité. Il était en vaine aujourd’hui, il en était persuadé.

      ***

      Pendant ce temps, dans la ville où se déroulerait l’action (appelons-la Perpette les Alouettes), l’ambiance n’était pas à la rigolade. Depuis plusieurs jours, le terrible et redoutable Buntaro se baladait en toute impunité dans la petite cité sans histoires. Depuis plusieurs jours, les habitants ne dormaient que d’un œil, s’attendant à tout instant à entendre retentir un cri ou des bruits qui n’engageraient rien de bon. Pourtant, depuis plusieurs jours, il ne se passait rien.

      Le criminel semblait prendre un malin plaisir à terroriser la population locale, se montrant ostensiblement sans la moindre crainte. On l’avait même vu faire son marché le matin même. Il était reparti avec des poireaux, des tomates ainsi qu’un kilo de pommes. Même pas le moindre gramme de viande. Et pourtant, malgré tout, personne n’avait osé revoir à la baisse son opinion sur le hors-la-loi. Il aurait pu se montrer en papa gâteau ou se déguiser en poulet toute la journée que les réactions des citoyens n’auraient pas été différentes. Il se dégageait de cet homme une aura trop noire et effrayante pour que la moindre illusion plane à son sujet. Ce type était un tueur né, cela ne faisait aucun doute. Et si même la marine locale avait du mal à l’attraper, ce n’était pas pour rien. Aucun soldat n’avait fait le poids, pas plus que les chasseurs de primes. Le surnom de Buntaro l’invincible commençait même à être répandu par certains.

      Toutefois, les choses étaient sur le point de changer aujourd’hui. Buntaro lui-même avait ce mauvais pressentiment que le vent allait tourner rapidement. Et pas forcément dans sa direction. Avec un soupir qui fit tressaillir un trio de jeunes filles, le criminel haussa les épaules et continua sa balade.

      ***

      De son côté, Unwin venait de se farcir de longues heures à ne rien faire à part scruter les horizons. Perpette les Alouettes était plus longue à atteindre que ce qu’il croyait. Mais finalement, sa patience fut récompensée, et alors qu’il atteignait le page sport d’un journal qu’il avait piqué on ne sait où, il aperçu des bateaux de pêche, ceux qui ne s’éloignent jamais trop des côtes. Avec un sourire satisfait, le jeune homme laissa tomber son journal.

      Spoiler:

      Paré à en découdre, Vail attendit calmement que le port de Perpette se profile et après encore une bonne demi-heure de patience, il pu amarrer son bateau. Il veilla à ne laisser aucun objet de valeur à bord et sauta sur le ponton, armé jusqu’aux dents. Fini de rigoler, on passait aux choses sérieuses. Unwin ne mit d’ailleurs pas beaucoup de temps à débusquer le criminel et il l’interpella avec sa diplomatie naturelle.

      « Hey ! Buntaro, tête de con, arrête ton putain de cirque, je suis là pour te défoncer ! »

      Un vague grognement franchit les lèvres du hors-la-loi alors qu’il posait les yeux sur le jeune freluquet qui venait de l’interpeller. Les chasseurs de prime ne lui laisseraient donc jamais en paix ? Tant pis. Si celui-ci voulait jouer, il ne tarderait pas à comprendre son erreur. Avec un rictus, Buntaro sortit son sabre et fit face au jeune homme qui l’avait insulté.
        Comme si les habitants avaient compris qu’il allait se passer quelque chose de grave, ils avaient détalés de la rue principale et le lieu s’était retrouvé désert en moins de temps qu’il n’en faut pour crier « Au secours ! ». Au secours. Oui, mais de qui ? Buntaro ou Unwin ? Unwin ou Buntaro ? Le combat en déciderait. Ou peut-être pas d’ailleurs. Les deux hommes savaient qu’il s’agissait d’une rencontre décisive pour eux, mais ils ne se doutaient pas que les choses n’allaient pas du tout tourner comme ils le pensaient. De toute manière, qui aurait pu deviner ?

        ***

        Buntaro se tenait en face d’Unwin. Sabre à la main, sa position était presque relâchée. Pas vraiment en garde, mais attentif. Le regard qu’il lançait au jeune homme était loin d’être avenant et l’impression de noirceur qui se dégageait de lui semblait s’intensifier de plus en plus. Sa peau sombre elle-même semblait absorber le soleil. N’importe qui aurait fui devant l’aura du criminel. Mais Unwin n’était pas n’importe qui. Oh que non ! Il était un jeune chasseur de prime qui ne connaissait pas encore la peur de la mort. Il n’avait affronté que du menu fretin jusqu’à présent. Il était loin de se douter du danger que représentait son nouvel adversaire. Toutefois, armes en mains, il n’était pas encore passé à l’attaque et attendait la réaction de sa cible. Réaction qui ne tarda pas à se manifester.

        « Me défoncer, hein ? Comment tu t’appelles, petit ? »
        « Unwin Vail, et je suis le chasseur qui remporterait ta putain de prime. »

        Un soupir fut la seul réponse qu’obtint Unwin. Puis, avant même qu’il ait le temps de le réaliser, le hors-la-loi passa à l’action.

        D’abord, il y eut ce mouvement d’air. Soudain, inattendu. J’ai pas compris. Puis une ombre. Une putain d’ombre devant moi. Je sais pas pourquoi, j’ai reculé. Réflexe ou autre connerie, aucune idée, mais ça m’a sauvé la vie. Putain. La douleur. En travers de mon torse, comme si on venait de me trancher en deux. J’étais pas loin de l’idée. Ce type est fort. Trop fort. Merde.

        Malgré l’attaque aussi violente qu’inattendue de Buntaro, Unwin ne céda pas à la panique. Il se sentait étrangement serein. Comme si ses sentiments avaient été éventrés en même temps que lui. Ou presque. Une sensation d’irritation persistait. Pas encore prête à exploser en rage, elle n’en restait pas moins tapie dans l’ombre, à attendre le moment de surgir. Un rictus déforma le visage de Vail tandis qu’il esquivait une nouvelle attaque. Celle-ci, il l’avait vu venir et se permit même de répliquer par une balle.

        Le coup de feu retentit dans la rue déserte, avant que la balle se perde au loin. Elle n’avait même pas effleuré Buntaro. Le bruit causé par la détonation s’éteignit aussi vite qu’il était né et, de nouveau, les lieux redevinrent silencieux. Les hommes ne se perdaient pas en futiles paroles. Seuls résonnaient les sifflements de la lame de Buntaro et les pas d’Unwin qui faisait de son mieux pour esquiver ses coups. Rapidement, en plus de l’hideuse balafre sur son torse, ce fut de multiples entailles qui apparurent sur le jeune homme.

        Putain de merde. Putain. Putain. Putain.

        Buntaro prenait son temps. Il aurait pu achever Unwin sans problème, mais il semblait préférer jouer. Petit à petit, coup par coup, il faisait reculer le jeune impudent qui l’avait menacé. Avant de lui accorder un éternel répit, il lui apprendrait l’humilité. Entreprise inutile, certes, mais ce gamin avait osé le menacer, pensant le tourner en ridicule. Stupide et insolente jeunesse.

        Quant à Vail, il avait compris que s’il voulait s’en sortir vivant, il avait plutôt intérêt à innover. Alors qu’il s’apprêtait à recevoir un énième coup, la solution s’imposa à lui. Réflexe. Bras levé, arme en guise de bouclier, il avait trouvé une parade. Peut-être la seule.

        « Pas mal. »

        La remarque de Buntaro fit tiquer Unwin. Se moquait-il ou était-il sérieux ?

        « Mais tu ne t’en sortiras pas ainsi. »

        Le jeune chasseur de prime ne répondit pas. Son adversaire venait soudainement d’accélérer le rythme. Il n’avait pas le temps de répondre. Pas le temps de penser. Chaque geste était réflexe. La seule chose qui se dégageait encore des gestes d’Unwin était une volonté presque démesurée de survie. Il attendait de pouvoir attaquer ou fuir. Il attendait la faille, la brèche dans la garde de son adversaire.

        Vail recula encore. Bientôt, il serait acculé contre la devanture de l’armurerie derrière lui. Il avait commencé sa vie dans une boutique de ce type. Etait-ce là qu’il allait la terminer ? Ironique, n’est-ce pas ? Unwin n’aimait pas l’ironie. Il ne la comprenait pas. Aussi, plutôt que de se concentrer sur ce genre de détail absurde, il se concentra sur son environnement et remarqua ce qui, peut-être, lui sauverait la vie. Tout près, à peine à quelques pas, le terrain devenait irrégulier, cabossé. Tentant le tout pour le tout, Unwin prit le risque de rencontrer la lame de son adversaire pour se déporter vers la gauche. Le bretteur ne broncha pas et le suivit, poursuivant le mouvement du jeune sniper. Ce dernier voulait l’attirer dans un piège ? Quelle délicate attention. Le sourire de Buntaro devint carnassier et il envoya son sabre au niveau du cœur du chasseur de prime. Unwin était préparé. Respirant à peine, il bloqua l’arme du bretteur et arma sa seconde arme. Cette fois-ci, il l’aurait.

        « Marine ! Arrêtez-vous ! Buntaro, pose ton arme et rend-toi ! »

        Les deux combattants se stoppèrent net, surpris par les soudains éclats de voix. Buntaro, emporté dans son élan, trébucha alors qu’Unwin ne pu retenir le coup qu’il préparait. La balle manqua sa cible, mais vint se ficher dans le tonneau de poudre devant l’armurerie qui lui avait fait dos quelques instants plus tôt.

        L’explosion fut effroyable. Unwin sentit une vague de chaleur le brûler et ses tympans lui parurent se désintégrer. Puis il fut soufflé comme un fétu de paille et rencontra un mur avec brutalité. Pendant quelques secondes, il cru avoir perdu tous ses sens. Puis il sentit l’odeur familière de la poudre. Prenante, entêtante, il avait l’impression que chaque pore de sa peau tentait de l’absorber. Ce qu’il sentit ensuite, ce fut la douleur. Insupportable. Un cri franchit ses lèvres alors qu’il tentait de bouger. Enfin, ce fut l’ouïe. Synonyme d’une nouvelle douleur. Comme si on lui transperçait à nouveau les tympans avec un objet pointu. Puis la sensation s’estompa doucement pour laisser place à un bourdonnement. Tous les sons lui paraissaient étouffés, comme s’il était dans une bulle silencieuse que rien ne parvenait à franchir. C’était… bizarre.

        Toutefois, il ne devait pas rester là. Serrant les dents et faisant de son mieux pour refluer la douleur, le jeune homme se redressa. D'abord en position assise, puis maladroitement, il se remit debout, prenant le mur comme appui. Ses jambes flageolaient, ses multiples blessures se rappelaient à lui et il avait l’impression qu’effectuer le moindre pas aurait raison de lui. Il ignora tout cela et se dirigea vers le port. Il n’avait pas le choix. Il était inconnu de la marine et avait déclenché – malgré lui – cette explosion phénoménale. Il ne s’en tirerait pas aussi facilement. Qui plus est, si Buntaro s’en était également sorti, il voudrait lui faire la peau, et il n’était plus en état de combattre.

        Putain, ça fait mal. Avance Unwin, bordel. T’es pas loin. Bouge ton cul, ducon, ou tu finiras ta vie en taule.

        Le trajet jusqu’au Big Bang Joe parut interminable. Il avait vaguement entendu les marines s’organiser pour apporter les premiers secours, mais il n’était pas parvenu à savoir s’ils le recherchaient. Il sembla que non car le jeune tireur, malgré de nombreuses chutes et des difficultés évidentes à se déplacer, atteignit son bateau. Une fois à bord, il fit feu sur les cordes qui empêchaient au Joe de prendre le large seul et remonta l’ancre grâce à un mécanisme inventé par Tsunechika. Jamais Vail ne fut plus reconnaissant à son vieil ami pour ses inventions. Puis, voiles lâchées, il laissa le bateau partir à la dérive, uniquement guidé par le vent.

        Alors, une fois seul et à distance respectable des côtes, il lâcha prise et s’effondra. Inconscient.

        ***

        C’est ainsi qu’Unwin Vail, jeune homme de dix-neuf ans, presque vingt, fut poussé à un radical changement d’orientation. C’est ainsi qu’il laissa derrière lui un passé peu glorieux de chasseur de prime pour passer pirate hors-la-loi. La suite, vous la connaissez…




      ~ To be continued ~