EMELIA GRESHAM
• Pseudonyme : Emy
• Age : 23
• Sexe : Femme
• Race : Humain
• Métier : Chasseuse de prime
• Groupe : Chasseur de prime
• Age : 23
• Sexe : Femme
• Race : Humain
• Métier : Chasseuse de prime
• Groupe : Chasseur de prime
• But : Devenir le meilleur maître épéiste du monde!
• Équipement : Une épée à deux mains
• Parrain : Anatara
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Non
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? ...
Codes du règlement :
• Équipement : Une épée à deux mains
• Parrain : Anatara
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Non
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? ...
Codes du règlement :
Description Physique
Emelia Gresham est une toute jeune femme de 23 ans. Ses yeux sont bleus, en forme d'amande, et son regard est dur, de manière à glacer sur place tous ceux qui la rencontrent. Cela lui valut souvent des problèmes dans son enfance, lorsqu'il fallait se faire des amis à l'école. Ce regard impitoyable a également tendance à gâcher son joli visage juvénile : beaucoup de gens disent qu'elle a l'air beaucoup plus vieille que son âge.
Ses cheveux sont longs et roux, souvent indomptables. Lorsqu'elle était plus jeune, ses parents l'obligeaient à adopter des coiffures sophistiquées. Après de trop nombreuses piqûres d'épingles dans son cuir chevelu et autant de disputes avec sa mère, la jeune femme décida de laisser ses cheveux tranquilles et de les laisser tomber librement sur ses épaules. Néanmoins, ce contact continue de la surprendre et elle passe très souvent la main dans ses cheveux. Elle est aussi très régulièrement embêtée par les mèches qui viennent lui chatouiller les yeux et le visage, c'est la raison pour laquelle elle plisse souvent les yeux.
Emelia est de taille moyenne. Elle se tient toujours très droite et semble parfois regarder les gens de haut. De corpulence sportive et plutôt athlétique, elle retrousse toujours ses manches afin de montrer les muscles saillants de ses bras. En outre, sa démarche de panthère lui permet de marcher d'un pas léger et très rapide.
Ses cheveux sont longs et roux, souvent indomptables. Lorsqu'elle était plus jeune, ses parents l'obligeaient à adopter des coiffures sophistiquées. Après de trop nombreuses piqûres d'épingles dans son cuir chevelu et autant de disputes avec sa mère, la jeune femme décida de laisser ses cheveux tranquilles et de les laisser tomber librement sur ses épaules. Néanmoins, ce contact continue de la surprendre et elle passe très souvent la main dans ses cheveux. Elle est aussi très régulièrement embêtée par les mèches qui viennent lui chatouiller les yeux et le visage, c'est la raison pour laquelle elle plisse souvent les yeux.
Emelia est de taille moyenne. Elle se tient toujours très droite et semble parfois regarder les gens de haut. De corpulence sportive et plutôt athlétique, elle retrousse toujours ses manches afin de montrer les muscles saillants de ses bras. En outre, sa démarche de panthère lui permet de marcher d'un pas léger et très rapide.
Description Psychologique
Malgré le fait qu'elle semble regarder tout le monde de haut, Emelia est une personne absolument curieuse et extrêmement respectueuse des autres. Elle s'adresse toujours aux autres avec déférence et fait honneur à l'éducation donnée par ses parents. Ceux-ci, malgré la relation plutôt froide qu'elle entretient avec eux, restent son modèle le plus fort. Elle n'hésite jamais, par exemple, à ressortir l'un des très nombreux proverbes avec lesquels sont père lui a bourré le crâne pendant son enfance.
Emelia a une énorme soif de connaissances, sans doute due à ce que ses parents n'ont pas voulu lui apporter. Elle souhaite savoir le plus de choses possible et découvrir le monde.
Lorsqu'il s'agit de se battre, Emelia ne recule devant rien. Elle pense que la valeur d'une personne se trouve dans sa façon de combattre ; seuls ceux qui font preuve d'ingéniosité et de droiture davantage que de force trouvent grâce à ses yeux. Elle sait apprécier les capacités de ses opposants à leur juste valeur mais ce n'est pas pour autant qu'elle se laisse marcher sur les pieds ! Lorsqu'elle trouve que le combat n'en vaut pas la peine, elle sait toujours évincer l'adversaire et, lorsqu'elle souhaite se régaler un peu, elle trouve plaisir à faire durer les choses un peu plus longtemps, jusqu'à ce que celui-ci lui dévoile toutes ses techniques et faiblesses.
Force est de constater que malgré les risques, Emelia adore se battre et se satisfait toujours de l'expérience qui en découle. Mais elle n'aime pas que ça : les cerises, les gros gâteaux et la lecture font partie des choses qu'elle aime plus que tout au monde. Quant à ce qu'elle déteste, l'irrespect est la pire des choses pour elle. Enfin, la tempête a toujours été sa plus grande peur.
Emelia a une énorme soif de connaissances, sans doute due à ce que ses parents n'ont pas voulu lui apporter. Elle souhaite savoir le plus de choses possible et découvrir le monde.
Lorsqu'il s'agit de se battre, Emelia ne recule devant rien. Elle pense que la valeur d'une personne se trouve dans sa façon de combattre ; seuls ceux qui font preuve d'ingéniosité et de droiture davantage que de force trouvent grâce à ses yeux. Elle sait apprécier les capacités de ses opposants à leur juste valeur mais ce n'est pas pour autant qu'elle se laisse marcher sur les pieds ! Lorsqu'elle trouve que le combat n'en vaut pas la peine, elle sait toujours évincer l'adversaire et, lorsqu'elle souhaite se régaler un peu, elle trouve plaisir à faire durer les choses un peu plus longtemps, jusqu'à ce que celui-ci lui dévoile toutes ses techniques et faiblesses.
Force est de constater que malgré les risques, Emelia adore se battre et se satisfait toujours de l'expérience qui en découle. Mais elle n'aime pas que ça : les cerises, les gros gâteaux et la lecture font partie des choses qu'elle aime plus que tout au monde. Quant à ce qu'elle déteste, l'irrespect est la pire des choses pour elle. Enfin, la tempête a toujours été sa plus grande peur.
Biographie
Emelia Gresham a grandi dans une famille assez petite, seulement composée de son père, maître en kendo, de sa mère et de son petit frère qui constituèrent rapidement le seul horizon familial. Après la perte accidentelle de leur troisième enfant, mort dans son sommeil quelques jours après sa naissance et que sa fratrie connut à peine, la relation du couple Gresham changea douloureusement, laissant place à une ambiance glaciale qui se fit ensuite ressentir dans leur éducation : tant qu'à avoir des enfants vivants, autant les perfectionner autant que possible. Paradoxalement, ils se détachèrent de leurs enfants pour se consacrer à leur deuil et à leurs disputes, laissant un immense vide affectif dans le cœur de leurs progénitures.
Le père d'Emelia n'était pas souvent présent. Enseignant les arts martiaux, il passait son temps avec ses élèves, enfants comme adultes, que le traumatisme l'obligeait à couver plus que ses propres enfants. En tant qu'enfant, Emelia aimait beaucoup passer du temps dans le dojo, imitant les gestes de son père qu'elle admirait et souhaitant, un jour, faire les choses comme lui. Quant à la mère, elle tenait la maisonnée d'une main de fer, attribuant très souvent la punition à ses enfants turbulents. Peu à peu, les interdits prirent de plus en plus de place et l'éducation se fit plus stricte, les parents donnant de l'importance à une discipline quasi militaire, égale à celle qui régnait dans le dojo. Avec son comportement et son allure irréprochable, Emelia n'avait plus le droit d'y entrer car sa mère ne voulait pas qu'elle se frotte à la sueur des autres élèves.
Pourtant, le petit frère d'Emelia, Jack, fut toujours autorisé à continuer de suivre l'enseignement de son père. Tandis qu'elle trouvait la porte du dojo close et était reléguée à éplucher les patates avec sa mère, elle observait toujours son petit frère qui s'entraînait et admirait ses gestes maladroits qui devinrent, après quelques temps, toujours plus précis et réguliers. Emelia considérait très mal le privilège accordé à son frère. Pire, elle se sentit délaissée et s'en vint à s'imaginer qu'elle retrouverait l'amour de ses parents en se battant à son tour contre des ombres imaginaires.
Fort heureusement, Jack, qui l'adorait par-dessus tout, la prit en pitié. Alors que ses parents voulaient la reléguer aux travaux les plus doux, il entrevit la nécessité que sa sœur sache se défendre à son tour. Envers et contre tout, pendant que ses parents dormaient, il lui apprit tout ce qu'il savait. Il fallut d'abord qu'Emelia se débarrasse du corset mental et physique dans lequel sa mère l'avait enveloppée, qu'elle fasse moins attention aux choses futiles dans lesquelles elle avait été élevée. Les séances furent courtes et les progrès moindres, mais très bientôt, la jeune fille sut se battre aussi bien que son professeur.
Cependant, quelques années plus tard, leur relation changea et la jalousie fit son entrée lorsqu'une épée fut offerte à Jack. Exhibant son nouveau cadeau à qui voulait le regarder, le jeune homme ne cessait de faire des démonstrations de force. Emelia y eut également droit, ce qui éveilla davantage sa convoitise. Plus que jamais, elle eut l'impression que ses parents favorisaient son frère en lui offrant cette arme magnifique qui portait le sceau du dojo. La jeune fille dissimula sa rancœur et son petit frère n'y vit que du feu. Pis encore, il resta fidèle à lui-même et lui autorisa également à apprendre l'art de l'épée. Là encore, les progrès furent au rendez-vous.
Lorsque leurs parents surprirent leurs petites leçons illicites, ils réagirent étrangement bien. Du moins, la mère lança un regard réprobateur à sa fille tandis que le père ne put s'empêcher de sourire. Il autorisa que le dojo soit à nouveau ouvert à sa fille pour qu'elle y étudie à loisir et laissa à ses enfants le soin de continuer leurs leçons.
Un soir, Jack ne fut pas au rendez-vous et Emelia se retrouva seule dans le dojo désert. Elle le trouva assis sur son lit, un sac énorme posé à ses pieds.
« Je m'en vais, annonça-t-il brusquement. Il n'y a plus rien pour moi ici. J'ai perdu mon dernier duel et je suis la risée du dojo. Rends-toi compte, le fils du maître a échoué !
— Ce devait être un mauvais jour... Où vas-tu donc aller ? s'enquit sa sœur.
— Là où je pourrai devenir le plus grand maître épéiste du monde ! »
Il la regarda avec fierté et elle vit l'ambition brûler dans ses yeux. Elle se garda bien, cependant, de lui révéler qu'elle nourrissait le même rêve que lui afin de remonter dans l'estime de ses parents. En outre, elle avait suivi le même enseignement que son frère ; après tous les avantages dont il avait bénéficié, elle n'allait tout de même pas le laisser devenir meilleur avant elle, qui avait tout fait à la sueur de son front ! Elle voulait que son talent pour le kendo soit remarqué et, encore mieux, que son père reconnaisse le fruit de son dur labeur en la désignant meilleure que lui.
« Emmène-moi avec toi, lança-t-elle simplement. »
Jack accepta immédiatement. Il aimait tellement sa sœur qu'il ne pouvait pas refuser. De plus, il ne voulait pas attrister sa sœur et craignait qu'elle ne se sente abandonnée. Ensemble, ils firent leurs affaires, descendirent dans le dojo et volèrent une épée dans la salle d'armes. Elle n'était pas aussi jolie que celle de Jack et de moins bonne qualité, mais Emelia se força à l'accepter.
Fidèle à sa promesse, Jack prit sa sœur avec lui et ils quittèrent la maison, chacun avec un sac sur le dos. En partant, ils se retournèrent sur leur chemin et entrevirent leurs parents qui les regardaient à la fenêtre. Ils avaient suivi tous les événements et... ils pleuraient ! Les deux jeunes gens les saluèrent longuement de la main puis partirent rapidement avant de changer d'avis. Avant de se lui tourner le dos, Emelia avait vu la tête de son père s'incliner en signe de respect. Il l'avait vue se battre. C'est ainsi qu'elle comprit qu'il approuvait son choix.
Jack et Emelia quittèrent la ville et s'installèrent le plus loin possible pour passer la nuit. Ils voyagèrent ainsi pendant plusieurs mois, mettant à profit tout ce qu'ils avaient appris. Pendant tout ce temps qui lui parut très long, Emelia n'eut qu'une seule idée en tête : récupérer l'épée qui, elle le savait, lui revenait de droit car elle se considérait beaucoup plus méritante que son frère. Mais comment récupérer cette épée de façon honorable ?
Un soir, ne pouvant plus contenir son impatience et laissant libre court à toute son exaspération, elle laissa entendre à Jack qu'elle était bien meilleure que lui et une violente dispute, alimentée par de vieilles rancunes, éclata.
« D'accord, accepta finalement son frère après plusieurs minutes d'argumentations interminables et de hurlements, si tu arrives à me battre en duel, l'épée te reviendra. »
Ils s'exécutèrent sans attendre et ce fut Emelia qui remporta l'objet de sa convoitise. Après s'en être armée, elle fit ses bagages et déclara à son frère :
« Tu vois, il ne peut y avoir qu'un seul plus grand maître épéiste du monde, et ce sera moi ! ».
Puis, sans un regard en arrière, elle s'éloigna et disparut.
Le père d'Emelia n'était pas souvent présent. Enseignant les arts martiaux, il passait son temps avec ses élèves, enfants comme adultes, que le traumatisme l'obligeait à couver plus que ses propres enfants. En tant qu'enfant, Emelia aimait beaucoup passer du temps dans le dojo, imitant les gestes de son père qu'elle admirait et souhaitant, un jour, faire les choses comme lui. Quant à la mère, elle tenait la maisonnée d'une main de fer, attribuant très souvent la punition à ses enfants turbulents. Peu à peu, les interdits prirent de plus en plus de place et l'éducation se fit plus stricte, les parents donnant de l'importance à une discipline quasi militaire, égale à celle qui régnait dans le dojo. Avec son comportement et son allure irréprochable, Emelia n'avait plus le droit d'y entrer car sa mère ne voulait pas qu'elle se frotte à la sueur des autres élèves.
Pourtant, le petit frère d'Emelia, Jack, fut toujours autorisé à continuer de suivre l'enseignement de son père. Tandis qu'elle trouvait la porte du dojo close et était reléguée à éplucher les patates avec sa mère, elle observait toujours son petit frère qui s'entraînait et admirait ses gestes maladroits qui devinrent, après quelques temps, toujours plus précis et réguliers. Emelia considérait très mal le privilège accordé à son frère. Pire, elle se sentit délaissée et s'en vint à s'imaginer qu'elle retrouverait l'amour de ses parents en se battant à son tour contre des ombres imaginaires.
Fort heureusement, Jack, qui l'adorait par-dessus tout, la prit en pitié. Alors que ses parents voulaient la reléguer aux travaux les plus doux, il entrevit la nécessité que sa sœur sache se défendre à son tour. Envers et contre tout, pendant que ses parents dormaient, il lui apprit tout ce qu'il savait. Il fallut d'abord qu'Emelia se débarrasse du corset mental et physique dans lequel sa mère l'avait enveloppée, qu'elle fasse moins attention aux choses futiles dans lesquelles elle avait été élevée. Les séances furent courtes et les progrès moindres, mais très bientôt, la jeune fille sut se battre aussi bien que son professeur.
Cependant, quelques années plus tard, leur relation changea et la jalousie fit son entrée lorsqu'une épée fut offerte à Jack. Exhibant son nouveau cadeau à qui voulait le regarder, le jeune homme ne cessait de faire des démonstrations de force. Emelia y eut également droit, ce qui éveilla davantage sa convoitise. Plus que jamais, elle eut l'impression que ses parents favorisaient son frère en lui offrant cette arme magnifique qui portait le sceau du dojo. La jeune fille dissimula sa rancœur et son petit frère n'y vit que du feu. Pis encore, il resta fidèle à lui-même et lui autorisa également à apprendre l'art de l'épée. Là encore, les progrès furent au rendez-vous.
Lorsque leurs parents surprirent leurs petites leçons illicites, ils réagirent étrangement bien. Du moins, la mère lança un regard réprobateur à sa fille tandis que le père ne put s'empêcher de sourire. Il autorisa que le dojo soit à nouveau ouvert à sa fille pour qu'elle y étudie à loisir et laissa à ses enfants le soin de continuer leurs leçons.
Un soir, Jack ne fut pas au rendez-vous et Emelia se retrouva seule dans le dojo désert. Elle le trouva assis sur son lit, un sac énorme posé à ses pieds.
« Je m'en vais, annonça-t-il brusquement. Il n'y a plus rien pour moi ici. J'ai perdu mon dernier duel et je suis la risée du dojo. Rends-toi compte, le fils du maître a échoué !
— Ce devait être un mauvais jour... Où vas-tu donc aller ? s'enquit sa sœur.
— Là où je pourrai devenir le plus grand maître épéiste du monde ! »
Il la regarda avec fierté et elle vit l'ambition brûler dans ses yeux. Elle se garda bien, cependant, de lui révéler qu'elle nourrissait le même rêve que lui afin de remonter dans l'estime de ses parents. En outre, elle avait suivi le même enseignement que son frère ; après tous les avantages dont il avait bénéficié, elle n'allait tout de même pas le laisser devenir meilleur avant elle, qui avait tout fait à la sueur de son front ! Elle voulait que son talent pour le kendo soit remarqué et, encore mieux, que son père reconnaisse le fruit de son dur labeur en la désignant meilleure que lui.
« Emmène-moi avec toi, lança-t-elle simplement. »
Jack accepta immédiatement. Il aimait tellement sa sœur qu'il ne pouvait pas refuser. De plus, il ne voulait pas attrister sa sœur et craignait qu'elle ne se sente abandonnée. Ensemble, ils firent leurs affaires, descendirent dans le dojo et volèrent une épée dans la salle d'armes. Elle n'était pas aussi jolie que celle de Jack et de moins bonne qualité, mais Emelia se força à l'accepter.
Fidèle à sa promesse, Jack prit sa sœur avec lui et ils quittèrent la maison, chacun avec un sac sur le dos. En partant, ils se retournèrent sur leur chemin et entrevirent leurs parents qui les regardaient à la fenêtre. Ils avaient suivi tous les événements et... ils pleuraient ! Les deux jeunes gens les saluèrent longuement de la main puis partirent rapidement avant de changer d'avis. Avant de se lui tourner le dos, Emelia avait vu la tête de son père s'incliner en signe de respect. Il l'avait vue se battre. C'est ainsi qu'elle comprit qu'il approuvait son choix.
Jack et Emelia quittèrent la ville et s'installèrent le plus loin possible pour passer la nuit. Ils voyagèrent ainsi pendant plusieurs mois, mettant à profit tout ce qu'ils avaient appris. Pendant tout ce temps qui lui parut très long, Emelia n'eut qu'une seule idée en tête : récupérer l'épée qui, elle le savait, lui revenait de droit car elle se considérait beaucoup plus méritante que son frère. Mais comment récupérer cette épée de façon honorable ?
Un soir, ne pouvant plus contenir son impatience et laissant libre court à toute son exaspération, elle laissa entendre à Jack qu'elle était bien meilleure que lui et une violente dispute, alimentée par de vieilles rancunes, éclata.
« D'accord, accepta finalement son frère après plusieurs minutes d'argumentations interminables et de hurlements, si tu arrives à me battre en duel, l'épée te reviendra. »
Ils s'exécutèrent sans attendre et ce fut Emelia qui remporta l'objet de sa convoitise. Après s'en être armée, elle fit ses bagages et déclara à son frère :
« Tu vois, il ne peut y avoir qu'un seul plus grand maître épéiste du monde, et ce sera moi ! ».
Puis, sans un regard en arrière, elle s'éloigna et disparut.
Test RP
Emelia plissa les yeux. Après de longues journées de voyage, elle était enfin arrivée en ville. D'une main, elle se déchargea de son imposant sac à dos et coula un regard de tendresse sur sa précieuse épée. Autour d'elle, les rues fourmillaient de monde. Elle n'avait jamais vu autant de gens en un seul et même endroit.
Alors qu'elle essayait de se repérer au milieu de toute cette effervescence, un étalage de gâteaux attira son attention. D'un geste, elle s'empara de son sac et décida de franchir les quelques mètres qui la séparaient de l'immense charlotte aux fraise qui lui donnait déjà l'eau à la bouche. Pour se récompenser de ses longues marches, elle en ferait l'acquisition et la savourerait entièrement, sans craindre de s'en faire voler la moitié par son frère.
Une fois devant le stand, elle salua la marchande, s'acheta la précieuse récompense et repéra un banc sur lequel elle s'assit pour manger sa charlotte. Comme elle n'avait pas de cuillère, elle tenta de se débrouiller en mangeant avec les mains. Les doigts poisseux de mousse de fruit, le contour de la bouche plein de sucre, elle dévora une partie de son gâteau sans élégance en songeant aux réprimandes que sa mère lui aurait adressées si elle était là. Mais elle était loin, désormais, alors pourquoi se souciait-elle de cela ?
Tout en haussant les épaules, Emelia se lécha les doigts sans dissimuler sa gourmandise. Mais tandis qu'elle se régalait en accordant une attention discrète à tout ce qu'il se passait autour d'elle, des bribes de conversation parvinrent à ses oreilles.
« Si si, je t'assure ! Cet homme peut pourfendre une dizaine d'assaillants juste en un tour de bras !
— Arrête tes bêtises, personne ne peut faire ça !
— Bien sûr que si ! Ce n'est pas pour rien que c'est le meilleur bretteur au monde ! J'ai vu son certificat à l'administration du Gouvernement Mondial !
— Mais comment est-ce qu'il a pu le signer ? Il est aveugle ! »
Emelia plissa les yeux. Elle suivit les deux hommes qui discutaient du regard afin d'écouter la fin de la conversation. Néanmoins, ils s'éloignèrent plus vite qu'elle ne s'y attendait. Elle engloutit son dernier morceau de charlotte à la fraise et eut grand mal à l'avaler tant elle devait se presser. S'emparant de son sac, elle courut à la suite des deux interlocuteurs et se tint à bonne distance d'eux.
« Il n'a peut-être pas toujours été aveugle, se désola celui qui avait aperçu les papiers. Ou alors, il a peut-être fait les choses par procuration.
— C'est ça, oui, prends-moi pour un idiot. Tu ne m'as pas dit qu'il était aussi boiteux, à la base ? Je parie qu'il n'a jamais manipulé une seule arme de toute sa vie ! »
Les deux hommes continuèrent leur chemin sans cesser de débattre. A force d'arguments foireux et d'explications qui ne faisaient qu'emmêler l'esprit de son interlocuteur, celui qui soutenait sans en démordre que le meilleur bretteur du monde pouvait être aveugle et boiteux remporta le débat et réussit à ranger l'autre à son avis. Après cette discussion quelque peu animée, les deux amis se séparèrent et le vainqueur regagna son travail.
L'esprit d'Emelia était échauffé par ce qu'elle avait entendu. Elle ne comprenait pas comment quelqu'un pouvait faire avaler quelque chose d'aussi bidon à une autre personne ; pourtant, elle venait d'y assister. Mais après tout, et si c'était vrai ? La jeune femme s'empourpra de colère. Comment pourrait-elle devenir la meilleure épéiste du monde si un vieillard, aveugle et boiteux qui plus est, lui volait la vedette ? Elle n'en croyait pas ses oreilles. Son père ne lui avait-il donc pas appris que la pleine possession de ses sens était primordiale lorsqu'il fallait combattre à l'épée ?
N'écoutant que son ambition, Emelia décida d'en avoir le cœur net. Elle réussirait à prouver que quelque chose n'allait pas... et si cet homme était effectivement le meilleur bretteur du monde, eh bien, elle n'avait plus qu'à faire demi-tour et retourner chez ses parents ! Après tout, que pouvait-elle faire contre quelqu'un qui se débarrassait de dix ennemis en un seul geste ?
Après avoir tourné en rond dans la rue, elle se dirigea vers les bâtiments de l'administration du Gouvernement Mondial. Un employé la reçut, le visage fermé et la politesse feinte ; par un heureux hasard, il s'agissait de l'homme qu'elle avait entendu dans la rue quelques heures plus tôt. Tandis que les souvenirs lui revenaient, elle s'aperçut bientôt qu'il fixait la commissure de ses lèvres. La jeune femme rougit et passa sa langue sur ses lèvres avant de se rendre compte qu'elle s'était baladée avec une énorme moustache de mousse à la fraise sur le visage. Elle s'essuya d'un revers de main avant de demander aimablement :
« Est-ce qu'on peut consulter les documents ici ?
— Ça dépend de ce que vous voulez voir.
— Je voudrais voir les papiers du meilleur bretteur du monde. J'ai entendu votre petite conversation là-dehors, et ça m'a intriguée. »
L'employé leva les yeux vers Emelia et déglutit péniblement. Il ne s'attendait manifestement pas à ce que sa conversation ait éveillé les curiosités.
« Et qu'est-ce que vous lui voulez ? demanda-t-il en pâlissant.
— J'aimerais le rencontrer, est-ce possible ?
— Non mademoiselle, il n'est pas ici.
— Pourrais-je savoir comment le contacter, alors ? »
L'employé de bureau éleva les bras en signe d'impuissance et son interlocutrice croisa les bras.
« J'aimerais bien, mademoiselle, mais je ne sais pas où il est.
— Pourriez-vous demander à votre supérieur ?
— J'ai bien peur qu'il n'en sache pas plus que moi... Personne n'a jamais rencontré cet homme. »
Emelia fronça les sourcils encore plus fort. Des papiers avaient-ils pu être validés sans aucune preuve de l'existence du meilleur bretteur du monde ? La jeune femme serra les poings : quelque chose ne tournait pas rond. En face d'elle, l'employé baissa les yeux devant le regard dur qu'elle lui adressait, conscient, encore une fois, d'en avoir trop dit..
« Puis-je voir ces papiers, insista-t-elle d'une voix respectueuse mais ferme, oui ou non ? »
Son interlocuteur refusa mais elle lui adressa un sourire si charmant et innocent qu'il changea d'avis.
« D'accord, mais juste quelques minutes... »
L'employé se leva et revint quelques minutes près avec le précieux certificat. C'était un simple papier cacheté avec le sceau du Gouvernement Mondial et un nom très mal écrit qu'elle ne sut pas lire correctement. Cependant, le plus important était là : le papier existait bien.
« C'est tout ? s'écria Emelia. Où sont les autres papiers ? Et les justificatifs ? »
Une fois encore, son interlocuteur haussa les épaules. Sans plus attendre, elle lui rendit le certificat, le remercia et quitta les lieux.
Rouge de colère, elle marcha d'un bon bas jusqu'à la bibliothèque de la ville et chercha hardiment tous les livres qui se rapportaient au combat à l'épée. Certains lui étaient familiers, elle les avait dévorés lors de sa formation. Le Guide de l’Épée pour les Nuls, par exemple, avait été son livre de chevet pendant très longtemps. Le chapitre quatre, intitulé Les Atouts du Bon Bretteur, détaillait de façon exacte toutes les qualités qu'un bon combattant devait avoir. Une bonne vue en faisait partie, ainsi que la maîtrise des sens, afin d'analyser au mieux la situation et d'entrevoir toutes les ouvertures possibles. Venait ensuite une bonne endurance et un bon équilibre.
Emelia fonça les sourcils. Elle savait d'expérience que ces deux derniers éléments étaient encore plus importants que la vue. Comment une personne boiteuse pouvait-elle prétendre avoir la stabilité suffisante pour combattre ? Encore pire : la claudication obligeait toujours à s'arrêter après quelques secondes d'effort. Comment donner un combat dans ces conditions et, surtout, sans perdre ?
La jeune femme soupira. Cette histoire lui semblait de plus en plus bizarre, d'autant plus qu'elle avait la confirmation écrite qu'un bon bretteur ne pouvait pas être boiteux. Alors elle chercha davantage, opta pour les livres traitant de poursuites judiciaires.
Après quelques heures de lecture, elle quitta la bibliothèque et fit son grand retour à l'administration. En la voyant arriver, l'employé la regarda avec crainte tandis qu'elle plongeait son regard impitoyable dans le sien.
« Re-bonjour, je viens porter plainte, déclara-t-elle en enfonçant son index dans le doigt de son interlocuteur.
— Contre qui ?
— Contre ce soi-disant « meilleur bretteur du monde ».
— Vous voulez porter plainte contre quelqu'un qui est introuvable ?
— Il n'a pas besoin d'être là. »
L'employé soupira, alla chercher le certificat puis demanda à Emelia de la suivre. Il la mena jusqu'à une pièce où un homme vêtu de noir était tranquillement assis.
« La demoiselle aimerait porter plainte, l'informa l'employé.
— Et pour quelle raison ? s'enquit l'homme.
— Pour faux, répondit Emelia en s'avançant. »
L'homme en noir joignit les mains.
« Ce n'est pas nécessaire. Racontez-moi tout et nous allons régler la chose ici même.
— Votre administration possède des papiers appartenant à un homme que l'on nomme le meilleur bretteur au monde, continua Emelia. J'ai la preuve que ces papiers sont faux. »
D'une main, elle sortit de son sac les trois gros livres qu'elle posa sur une table. Elle en prit un, y chercha un paragraphe et le tendit à son interlocuteur qui jetait déjà un coup d’œil méfiant au certificat.
« Là-dedans il est écrit qu'un bon bretteur ne peut pas être boiteux ! Et qu'il faut se soumettre à une visite médicale avant de prétendre à une qualification. Ne parlons pas du test d'aptitude qui doit être précieusement consigné. Pourtant, les papiers nécessaires sont absents ! ».
Elle en chercha un deuxième, l'ouvrit et le fourra dans les bras de l'employé.
« Et dans celui-ci, il est écrit que le dernier meilleur bretteur du monde date d'il y a deux-cent ans ! Or, ce livre est récent, pourquoi ne s'est-il pas mis au fait ? ».
L'homme en noir lui tendit le premier livre avec un air désapprobateur. Il n'en croyait pas un mot. Emelia l'ignora et s'empara de son dernier livre. C'était un énorme ouvrage à la couverture rouge. La jeune femme fouilla à l'intérieur puis se planta droit sur ses deux jambes, une main sur la hanche.
« Voilà, s'écria-t-elle. C'est ici. Article 441. L'établissement de papiers officiels est une infraction si les faits sont inexacts, si le certificat est falsifié ou si un faux certificat est utilisé. C'est encore pire pour le port d'un titre.
— Je sais tout cela, mademoiselle. »
Emelia éleva l'index pour faire taire son interlocuteur.
« Comme le disait mon père, ce n'est qu'avec les yeux des autres que l'on peut bien voir ses défauts. Continuons donc : il est également écrit dans ce livre que les certificats donnant lieu à un titre doivent être faits à travers une cérémonie et signés en présence des deux parties ! Votre employé ici présent a déclaré que personne n'a jamais vu le meilleur bretteur du monde... »
L'homme en noir se tourna vers le principal intéressé. Celui-ci baissa la tête et serra le livre qu'Emelia lui avait tendu contre lui. S'attendant à ce que son supérieur le punisse, il recula de quelques pas. Mais l'homme en noir se contenta seulement de saisir le livre qu'il tenait avant de le consulter.
« Où avez-vous trouvé tout cela, mademoiselle ?
— A la bibliothèque, tout simplement.
— Il faudra que j'effectue une petite vérification de cette bibliothèque. Juste pour voir si elle ne contient pas de documents trop... compromettants ».
Le regard de l'homme s'éclaira d'une lueur malsaine. Emelia le remarqua et haussa les sourcils lorsqu'il éleva le poing en signe de résignation. Néanmoins, se souvenant qu'il était observé, il se contenta de rire entre ses dents avant de se racler la gorge.
« C'est exact, se reprit-il. Personne ne l'a jamais vu.
— Pourtant, si les papiers sont ici, c'est qu'ils auraient dû venir de vous, n'est-ce pas ? »
L'homme en noir s'accorda quelques secondes de réflexion.
« Vous avez raison. Rien n'a été signé ici... Nous allons devoir faire une petite enquête sur ce certificat. Il va de soi qu'il n'est pas valide. Je vais me charger personnellement de cette affaire... Pourtant, quelqu'un a bien dû introduire ces papiers ici. Il nous faudra trouver de qui il s'agit, mais ça ressemble bien à un coup de ces foutus révolutionnaires ! »
L'homme tapa du poing sur la table qui lui faisait face et l'employé rentra la tête dans les épaules. Emelia, elle, se contenta de pincer les lèvres et de retenir un sursaut.
«Tu sais quelque chose ? cria l'homme en se tournant vers l'employé. »
Celui-ci secoua négativement la tête. Emelia se doutait pourtant qu'il en allait autrement ; elle l'avait vu parler du bretteur avec une assurance impressionnante, ce qui prouvait qu'il n'était pas étranger à cette affaire. Mais s'était-il seulement rendu compte de la supercherie sans oser la signaler ou avait-il agi dans son coin ? La jeune femme se força à ne rien laisser paraître de sa réflexion tandis que l'homme en noir s'avançait vers elle en déchirant le précieux certificat.
« Très bien, il n'y a plus de meilleur bretteur au monde ! Merci de votre diligence, mademoiselle. Une affaire telle que celle-ci ne restera pas sans justice. Mais comment avez-vous su que le meilleur bretteur du monde était un faux ? »
Emelia ne put s'empêcher de sourire. Elle aurait aimé avoir l'audace de lui dire que le véritable meilleur bretteur du monde était devant lui, mais elle n'en eut pas le courage. Elle se retint également de dire qu'elle avait tout entendu de la bouche de l'employé ; ce n'était pas à elle de faire le ménage dans les rangs du Gouvernement Mondial. Alors elle se contenta de répondre malicieusement :
« Disons que j'ai de très bonnes oreilles. Vous devriez régler cette affaire au plus vite. Le bruit est déjà en train de se répandre dehors... ».
D'une main, elle serra la garde de son épée qu'elle arborait fièrement. La voie était à nouveau libre pour elle : c'était déjà une bonne chose de faite ! Satisfaite de l'issue du problème, elle remercia poliment tous ceux qui se trouvaient dans la pièce et quitta les lieux.
Alors qu'elle essayait de se repérer au milieu de toute cette effervescence, un étalage de gâteaux attira son attention. D'un geste, elle s'empara de son sac et décida de franchir les quelques mètres qui la séparaient de l'immense charlotte aux fraise qui lui donnait déjà l'eau à la bouche. Pour se récompenser de ses longues marches, elle en ferait l'acquisition et la savourerait entièrement, sans craindre de s'en faire voler la moitié par son frère.
Une fois devant le stand, elle salua la marchande, s'acheta la précieuse récompense et repéra un banc sur lequel elle s'assit pour manger sa charlotte. Comme elle n'avait pas de cuillère, elle tenta de se débrouiller en mangeant avec les mains. Les doigts poisseux de mousse de fruit, le contour de la bouche plein de sucre, elle dévora une partie de son gâteau sans élégance en songeant aux réprimandes que sa mère lui aurait adressées si elle était là. Mais elle était loin, désormais, alors pourquoi se souciait-elle de cela ?
Tout en haussant les épaules, Emelia se lécha les doigts sans dissimuler sa gourmandise. Mais tandis qu'elle se régalait en accordant une attention discrète à tout ce qu'il se passait autour d'elle, des bribes de conversation parvinrent à ses oreilles.
« Si si, je t'assure ! Cet homme peut pourfendre une dizaine d'assaillants juste en un tour de bras !
— Arrête tes bêtises, personne ne peut faire ça !
— Bien sûr que si ! Ce n'est pas pour rien que c'est le meilleur bretteur au monde ! J'ai vu son certificat à l'administration du Gouvernement Mondial !
— Mais comment est-ce qu'il a pu le signer ? Il est aveugle ! »
Emelia plissa les yeux. Elle suivit les deux hommes qui discutaient du regard afin d'écouter la fin de la conversation. Néanmoins, ils s'éloignèrent plus vite qu'elle ne s'y attendait. Elle engloutit son dernier morceau de charlotte à la fraise et eut grand mal à l'avaler tant elle devait se presser. S'emparant de son sac, elle courut à la suite des deux interlocuteurs et se tint à bonne distance d'eux.
« Il n'a peut-être pas toujours été aveugle, se désola celui qui avait aperçu les papiers. Ou alors, il a peut-être fait les choses par procuration.
— C'est ça, oui, prends-moi pour un idiot. Tu ne m'as pas dit qu'il était aussi boiteux, à la base ? Je parie qu'il n'a jamais manipulé une seule arme de toute sa vie ! »
Les deux hommes continuèrent leur chemin sans cesser de débattre. A force d'arguments foireux et d'explications qui ne faisaient qu'emmêler l'esprit de son interlocuteur, celui qui soutenait sans en démordre que le meilleur bretteur du monde pouvait être aveugle et boiteux remporta le débat et réussit à ranger l'autre à son avis. Après cette discussion quelque peu animée, les deux amis se séparèrent et le vainqueur regagna son travail.
L'esprit d'Emelia était échauffé par ce qu'elle avait entendu. Elle ne comprenait pas comment quelqu'un pouvait faire avaler quelque chose d'aussi bidon à une autre personne ; pourtant, elle venait d'y assister. Mais après tout, et si c'était vrai ? La jeune femme s'empourpra de colère. Comment pourrait-elle devenir la meilleure épéiste du monde si un vieillard, aveugle et boiteux qui plus est, lui volait la vedette ? Elle n'en croyait pas ses oreilles. Son père ne lui avait-il donc pas appris que la pleine possession de ses sens était primordiale lorsqu'il fallait combattre à l'épée ?
N'écoutant que son ambition, Emelia décida d'en avoir le cœur net. Elle réussirait à prouver que quelque chose n'allait pas... et si cet homme était effectivement le meilleur bretteur du monde, eh bien, elle n'avait plus qu'à faire demi-tour et retourner chez ses parents ! Après tout, que pouvait-elle faire contre quelqu'un qui se débarrassait de dix ennemis en un seul geste ?
Après avoir tourné en rond dans la rue, elle se dirigea vers les bâtiments de l'administration du Gouvernement Mondial. Un employé la reçut, le visage fermé et la politesse feinte ; par un heureux hasard, il s'agissait de l'homme qu'elle avait entendu dans la rue quelques heures plus tôt. Tandis que les souvenirs lui revenaient, elle s'aperçut bientôt qu'il fixait la commissure de ses lèvres. La jeune femme rougit et passa sa langue sur ses lèvres avant de se rendre compte qu'elle s'était baladée avec une énorme moustache de mousse à la fraise sur le visage. Elle s'essuya d'un revers de main avant de demander aimablement :
« Est-ce qu'on peut consulter les documents ici ?
— Ça dépend de ce que vous voulez voir.
— Je voudrais voir les papiers du meilleur bretteur du monde. J'ai entendu votre petite conversation là-dehors, et ça m'a intriguée. »
L'employé leva les yeux vers Emelia et déglutit péniblement. Il ne s'attendait manifestement pas à ce que sa conversation ait éveillé les curiosités.
« Et qu'est-ce que vous lui voulez ? demanda-t-il en pâlissant.
— J'aimerais le rencontrer, est-ce possible ?
— Non mademoiselle, il n'est pas ici.
— Pourrais-je savoir comment le contacter, alors ? »
L'employé de bureau éleva les bras en signe d'impuissance et son interlocutrice croisa les bras.
« J'aimerais bien, mademoiselle, mais je ne sais pas où il est.
— Pourriez-vous demander à votre supérieur ?
— J'ai bien peur qu'il n'en sache pas plus que moi... Personne n'a jamais rencontré cet homme. »
Emelia fronça les sourcils encore plus fort. Des papiers avaient-ils pu être validés sans aucune preuve de l'existence du meilleur bretteur du monde ? La jeune femme serra les poings : quelque chose ne tournait pas rond. En face d'elle, l'employé baissa les yeux devant le regard dur qu'elle lui adressait, conscient, encore une fois, d'en avoir trop dit..
« Puis-je voir ces papiers, insista-t-elle d'une voix respectueuse mais ferme, oui ou non ? »
Son interlocuteur refusa mais elle lui adressa un sourire si charmant et innocent qu'il changea d'avis.
« D'accord, mais juste quelques minutes... »
L'employé se leva et revint quelques minutes près avec le précieux certificat. C'était un simple papier cacheté avec le sceau du Gouvernement Mondial et un nom très mal écrit qu'elle ne sut pas lire correctement. Cependant, le plus important était là : le papier existait bien.
« C'est tout ? s'écria Emelia. Où sont les autres papiers ? Et les justificatifs ? »
Une fois encore, son interlocuteur haussa les épaules. Sans plus attendre, elle lui rendit le certificat, le remercia et quitta les lieux.
Rouge de colère, elle marcha d'un bon bas jusqu'à la bibliothèque de la ville et chercha hardiment tous les livres qui se rapportaient au combat à l'épée. Certains lui étaient familiers, elle les avait dévorés lors de sa formation. Le Guide de l’Épée pour les Nuls, par exemple, avait été son livre de chevet pendant très longtemps. Le chapitre quatre, intitulé Les Atouts du Bon Bretteur, détaillait de façon exacte toutes les qualités qu'un bon combattant devait avoir. Une bonne vue en faisait partie, ainsi que la maîtrise des sens, afin d'analyser au mieux la situation et d'entrevoir toutes les ouvertures possibles. Venait ensuite une bonne endurance et un bon équilibre.
Emelia fonça les sourcils. Elle savait d'expérience que ces deux derniers éléments étaient encore plus importants que la vue. Comment une personne boiteuse pouvait-elle prétendre avoir la stabilité suffisante pour combattre ? Encore pire : la claudication obligeait toujours à s'arrêter après quelques secondes d'effort. Comment donner un combat dans ces conditions et, surtout, sans perdre ?
La jeune femme soupira. Cette histoire lui semblait de plus en plus bizarre, d'autant plus qu'elle avait la confirmation écrite qu'un bon bretteur ne pouvait pas être boiteux. Alors elle chercha davantage, opta pour les livres traitant de poursuites judiciaires.
Après quelques heures de lecture, elle quitta la bibliothèque et fit son grand retour à l'administration. En la voyant arriver, l'employé la regarda avec crainte tandis qu'elle plongeait son regard impitoyable dans le sien.
« Re-bonjour, je viens porter plainte, déclara-t-elle en enfonçant son index dans le doigt de son interlocuteur.
— Contre qui ?
— Contre ce soi-disant « meilleur bretteur du monde ».
— Vous voulez porter plainte contre quelqu'un qui est introuvable ?
— Il n'a pas besoin d'être là. »
L'employé soupira, alla chercher le certificat puis demanda à Emelia de la suivre. Il la mena jusqu'à une pièce où un homme vêtu de noir était tranquillement assis.
« La demoiselle aimerait porter plainte, l'informa l'employé.
— Et pour quelle raison ? s'enquit l'homme.
— Pour faux, répondit Emelia en s'avançant. »
L'homme en noir joignit les mains.
« Ce n'est pas nécessaire. Racontez-moi tout et nous allons régler la chose ici même.
— Votre administration possède des papiers appartenant à un homme que l'on nomme le meilleur bretteur au monde, continua Emelia. J'ai la preuve que ces papiers sont faux. »
D'une main, elle sortit de son sac les trois gros livres qu'elle posa sur une table. Elle en prit un, y chercha un paragraphe et le tendit à son interlocuteur qui jetait déjà un coup d’œil méfiant au certificat.
« Là-dedans il est écrit qu'un bon bretteur ne peut pas être boiteux ! Et qu'il faut se soumettre à une visite médicale avant de prétendre à une qualification. Ne parlons pas du test d'aptitude qui doit être précieusement consigné. Pourtant, les papiers nécessaires sont absents ! ».
Elle en chercha un deuxième, l'ouvrit et le fourra dans les bras de l'employé.
« Et dans celui-ci, il est écrit que le dernier meilleur bretteur du monde date d'il y a deux-cent ans ! Or, ce livre est récent, pourquoi ne s'est-il pas mis au fait ? ».
L'homme en noir lui tendit le premier livre avec un air désapprobateur. Il n'en croyait pas un mot. Emelia l'ignora et s'empara de son dernier livre. C'était un énorme ouvrage à la couverture rouge. La jeune femme fouilla à l'intérieur puis se planta droit sur ses deux jambes, une main sur la hanche.
« Voilà, s'écria-t-elle. C'est ici. Article 441. L'établissement de papiers officiels est une infraction si les faits sont inexacts, si le certificat est falsifié ou si un faux certificat est utilisé. C'est encore pire pour le port d'un titre.
— Je sais tout cela, mademoiselle. »
Emelia éleva l'index pour faire taire son interlocuteur.
« Comme le disait mon père, ce n'est qu'avec les yeux des autres que l'on peut bien voir ses défauts. Continuons donc : il est également écrit dans ce livre que les certificats donnant lieu à un titre doivent être faits à travers une cérémonie et signés en présence des deux parties ! Votre employé ici présent a déclaré que personne n'a jamais vu le meilleur bretteur du monde... »
L'homme en noir se tourna vers le principal intéressé. Celui-ci baissa la tête et serra le livre qu'Emelia lui avait tendu contre lui. S'attendant à ce que son supérieur le punisse, il recula de quelques pas. Mais l'homme en noir se contenta seulement de saisir le livre qu'il tenait avant de le consulter.
« Où avez-vous trouvé tout cela, mademoiselle ?
— A la bibliothèque, tout simplement.
— Il faudra que j'effectue une petite vérification de cette bibliothèque. Juste pour voir si elle ne contient pas de documents trop... compromettants ».
Le regard de l'homme s'éclaira d'une lueur malsaine. Emelia le remarqua et haussa les sourcils lorsqu'il éleva le poing en signe de résignation. Néanmoins, se souvenant qu'il était observé, il se contenta de rire entre ses dents avant de se racler la gorge.
« C'est exact, se reprit-il. Personne ne l'a jamais vu.
— Pourtant, si les papiers sont ici, c'est qu'ils auraient dû venir de vous, n'est-ce pas ? »
L'homme en noir s'accorda quelques secondes de réflexion.
« Vous avez raison. Rien n'a été signé ici... Nous allons devoir faire une petite enquête sur ce certificat. Il va de soi qu'il n'est pas valide. Je vais me charger personnellement de cette affaire... Pourtant, quelqu'un a bien dû introduire ces papiers ici. Il nous faudra trouver de qui il s'agit, mais ça ressemble bien à un coup de ces foutus révolutionnaires ! »
L'homme tapa du poing sur la table qui lui faisait face et l'employé rentra la tête dans les épaules. Emelia, elle, se contenta de pincer les lèvres et de retenir un sursaut.
«Tu sais quelque chose ? cria l'homme en se tournant vers l'employé. »
Celui-ci secoua négativement la tête. Emelia se doutait pourtant qu'il en allait autrement ; elle l'avait vu parler du bretteur avec une assurance impressionnante, ce qui prouvait qu'il n'était pas étranger à cette affaire. Mais s'était-il seulement rendu compte de la supercherie sans oser la signaler ou avait-il agi dans son coin ? La jeune femme se força à ne rien laisser paraître de sa réflexion tandis que l'homme en noir s'avançait vers elle en déchirant le précieux certificat.
« Très bien, il n'y a plus de meilleur bretteur au monde ! Merci de votre diligence, mademoiselle. Une affaire telle que celle-ci ne restera pas sans justice. Mais comment avez-vous su que le meilleur bretteur du monde était un faux ? »
Emelia ne put s'empêcher de sourire. Elle aurait aimé avoir l'audace de lui dire que le véritable meilleur bretteur du monde était devant lui, mais elle n'en eut pas le courage. Elle se retint également de dire qu'elle avait tout entendu de la bouche de l'employé ; ce n'était pas à elle de faire le ménage dans les rangs du Gouvernement Mondial. Alors elle se contenta de répondre malicieusement :
« Disons que j'ai de très bonnes oreilles. Vous devriez régler cette affaire au plus vite. Le bruit est déjà en train de se répandre dehors... ».
D'une main, elle serra la garde de son épée qu'elle arborait fièrement. La voie était à nouveau libre pour elle : c'était déjà une bonne chose de faite ! Satisfaite de l'issue du problème, elle remercia poliment tous ceux qui se trouvaient dans la pièce et quitta les lieux.
Informations IRL
• Prénom : Eli
• Age : 23
• Aime : manger des desserts
• N'aime pas : le shopping, les kiwis
• Personnage préféré de One Piece : Juste pour le délire, Alvida
• Caractère : Curieuse, têtue... Mais je ne mord pas ;D
• Fait du RP depuis : J'en ai fait un peu, il y a longtemps
• Disponibilité approximative : Au moins une fois par semaine, normalement plus
• Comment avez-vous connu le forum ? Par mon parrain
ONE PIECE REQUIEM
Dernière édition par Emelia Gresham le Jeu 1 Aoû 2019 - 0:10, édité 3 fois