. .« Chère maman, cher papa, cher Liam,
. .Cela fait un mois déjà que je vous ai quittés pour voguer vers de nouveaux horizons. Nous faisons essentiellement des allers-retours entre l’île Yotsuba et Goa, parce que Goa a besoin de beaucoup de ravitaillements pour sa reconstruction. J’ai vraiment beaucoup de mal à m’intégrer dans l’équipage parce que je suis une sorte de passagère momentanée et que je ne maîtrise pas leur vocabulaire. Franchement, je ne savais pas que le lexique des marins était si riche est varié ! Je connaissais bâbord et tribord, proue et poupe mais pas bastaque et pataras. Des fois, j’ai vraiment l’impression qu’ils parlent une autre langue et je ne comprends rien de rien de ce qu’ils me disent. Ça me met mal parce qu’ils doivent souvent s’y reprendre à deux fois pour me donner des instructions, voire me faire un cours magistral sur telle ou telle partie du bateau. Parfois, j’ai le sentiment d’avoir complètement épuisé leur patience parce que, d’une part ils mettent plus de temps à m’expliquer ce que je dois faire qu’à le faire eux-mêmes, d’autre part je n’ai pas d’expérience et je fais les choses maladroitement, et enfin il y a tellement de vocabulaire et tellement de choses à retenir qu’ils sont obligés de m’expliquer plusieurs fois la même chose. Mais je fais des efforts et j’intègre leurs codes petit à petit, et bientôt même leur gestuelle et leurs signaux lumineux ou sonores n’auront plus de secret pour moi. En attendant je suis volontaire pour les corvées, je nettoie le pont, je fais la cuisine et je pêche des poissons.
. .L’équipage est constitué de dix-sept personnes, y compris le capitaine, son second et moi. Mis à part le capitaine et son second, les rôles ne sont pas figés et le capitaine prend les gens qui lui tombent sous la main pour effectuer les tâches qui se présentent sur le tas. C’est important que tout le monde sache tout faire car si quelqu’un tombe malade, il faut pouvoir s’en passer momentanément. Ce n'est pas arrivé pour l’instant, grâce en soit rendue aux esprits de l’océan ! Quand un matelot est fatigué, il est possible de tirer au flan et d’esquiver les missions données, mais on ne le fait qu’en cas d’extrême nécessité. On s’entraide beaucoup et on essaie d’être le plus soudé possible, car, après tout, nous sommes tous sur le même bateau. La diversité des tâches est telle que je ne les connais pas toutes encore, et ce serait trop long de les citer. Mais je progresse vite et bientôt je pourrai être capitaine à la place du capitaine !
. .Vous me manquez terriblement et ne quittez pas mes pensées,
Anatara. »