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Mémoire d'un cafard. Premier [et dernier] tome.

Journal de bord du capitaine Biutag, jour zéro de la traversée.

Je m'interroge. Si on entame un journal de bord alors que, techniquement, on n'est pas à bord d'un bateau, est-ce que ça compte ? Et si, encore une fois, techniquement, mon journal de bord, c'est juste des feuilles volantes, y'a pas invalidation nautique qui tienne ?
De toute manière, je m'en fous. Je suis un pirate. Que ce soit réglo ou pas, j'ai raison. D'ailleurs bien pour ça qu'on devient pirate. Pour avoir toujours raison. La carrière de chien des mers, c'est avant tout l'affaire de la recherche de la dialectique absolue. Y'a toujours des mauvais esprits pour nous supposer uniquement des intérêts bassement matériels. Comme quoi... on n'aimerait que l'argent. C'est faux. Disons que c'est pas entièrement vrai y'a des raisons sous-jacentes qui mènent au pognon font que, fatalement, afin de subvenir à certains besoins comme celui de s'en mettre plein les fouilles, certaines rencontres nautiques fortuites supposent un abordage et un pillage une relation d'échange imminente, relation d'échange au cours de laquelle les berries vont dans la popoche à monsieur Biutag le rapport marchand s'avère quelque peu disproportionné en notre faveur.
Mais de là à parler de recherche du profit. Je me gausse. HA-HA-HA. C'est autorisé les onomatopées dans un journal de bord ? Ah, oui, c'est vrai, je m'en fous. Pirate. Tout ça.

Donc, je disais - on en tout cas, j'écrivais - que la piraterie, ça repose sur un fondement strictement philosophique et dialectique.

Si je me considère comme un intellectuel persécuté ? Oui. Franchement, oui. Sans le moindre doute. Je dérange. Mon côté libre-penseur en déroute plus d'un. Esprits étroits que ceux de mes contradicteurs. Toujours à vouloir me mettre en prison ou m'exécuter. Voilà où mène l'absence de contradiction, à la basse et bête tyrannie.

Donc, il a fallu que je mette un peu d'eau dans mon vin, parce que me manger tout le Gouvernement Mondial chaque fois que je remuais un peu, à la longue, ça me filait des aigreurs d'estomac. Maintenant, je peux «philosopher» ici et là du moment que je m'auto-censure un peu.
Mais y'a le génie créatif qui crie «Plus d'oseille !» «Liberté absolue». Ouais, c'est ça, la liberté ya-hin-hin (Pourquoi je rédige mes rires démoniaques, moi ? Si je fais ça, ça va finir par se voir que je me fous de la gueule du monde. ET POURQUOI JE CONTINUE D'ÉCRIRE CE QUI ME PASSE PAR LA TÊTE ?! UNE GOMME ! QUE QUELQU'UN ME PASSE UNE G c'est ça qui me motive. Je suis comme un révolutionnaire en fait. Sauf que je bosse pour le Gouvernement Mondial. Et que je suis pas un pédé.

Donc, la liberté me commande de m'exprimer pleinement. De porter ma «bonne parole» de navire en navire, indépendamment du pavillon affiché. Que des passagers de navires se sentent comme obligés de me donner leurs effets et le contenu de leur coffre une fois échaudés par la richesse de mes enseignements dialectiques ? Non, ça ne me dérange pas. C'est instinctif chez eux. Ils sont subjugués et, transcendés par tant de spiritualité, ils cherchent à renoncer à leurs biens matériels. Pourquoi je les accepte ? Faut bien en faire quelque chose... il se trouve que je suis là... et puis c'est quoi toutes ces questions ? Non, mais, je pose sérieusement la question vu que je suis tout seul à écrire et qu'il n'y a personne autour de moi.

Voilà où ça mène la persécution des intellectuels, ça rend paranoïaque et avide.

Donc. C'est pétri d'enseignements psychologiques et de ce genre de trucs de nazes que je m'en retourne sillonner les mers. Ça, et aussi parce que j'ai écoulé mes esclaves et qu'il m'en faut des nouveaux à cœur de faire de nouvelles rencontres qui, peut-être, se perpétueront par une relation suivie et marchande amicale. C'est ça. Je recherche des copains. Des amis très chers ya-hin-hin.... (putain, et je recommence, c'est pas vrai.

Vrai que je manque d'amis. Depuis que ce connard mon regretté camarade Croqdur s'est noyé - triste fin pour un homme-poisson au demeurant - et que Rowena est partie revoir une vieille connaissance avant de revenir, je me fais un peu chier languis de mes compagnons.

Alors je prends la mer. Y'en a qui prétendent que c'est mieux de se munir d'un Log Pose. Mais je fais confiance à ma bonne étoile. Assis que je suis sur le quai, je contemple tous les navires qui s'offrent à moi afin de déterminer au mieux quel serait le plus propice à ma traversée en solitaire. Certes, d'un point de vue strictement légal et même abjectement juridique, ces bâtiments ne sont pas mes propriétés. Toutefois, j'invite tout éventuel lecteur de mon carnet de bord - que je vendrai une fortune je mettrai à la disposition d'une maison d'édition - à pleinement aborder - pas au sens de la piraterie, hein - le sain raisonnement d'un libre penseur. D'un homme qui réfléchit par-delà les vils entraves d'autres hommes jaloux et mesquins :

La nature nous est offerte, nous sommes libres de la façonner comme elle nous façonne. Minéraux, végétaux, animaux, nous devons interagir les uns avec les autres. Vivre en communion avec la nature. La nature, c'est aussi la forêt. La forêt, ce sont les arbres, les arbres, parfois... ça devient des planches et parfois... les planches, ça devient des bateaux. Ce n'est pas un abordage ou un vol de bâtiment nautique : c'est l'aboutissement paroxystique d'une communion avec la nature.
Pareil avec mes provisions. Certains petits enculés intolérants et autres béotiens hermétiques aux choses de l'esprit pourraient prétendre - à tort, j'insiste - que les deux quintaux de bouffe que j'ai fait transporter par mes esclaves employés dévoués par-delà le salariat, seraient volés. Il n'en est rien. Là encore, de la pure communion avec les animaux, les fruits et les légumes. Une telle harmonie avec l'univers, ça choque. Moi, je le vis bien. Et c'est le plus important.

Allez. Je me décide. Mon choix s'est porté vers un petit voilier tout ce qu'il a de plus correct. Un trois mâts. Me suis jamais fait la main sur ce genre d'engins, c'est l'occasion d'innover. La pitance est chargée, moi aussi. Je lève l'ancre tout seul comme un grand, mon périple débute. Va, ma bonne étoile. Aiguille-moi vers la félicité, les rencontres et des tonnes de berries la panacée universelle.


Dernière édition par Joe Biutag le Lun 5 Aoû 2019 - 9:42, édité 1 fois
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Journal de bord du capitaine Biutag, jour quatre de la traversée.

Chère bonne étoile. Je te transmets présentement un préavis de licenciement pour faute lourde. En effet, non-content de tes coups de pute dignes d'une chèvre syphilitique des désagréments survenus sous ton patronage, j'ai jugé que tes services n'étaient plus requis. Mais alors... plus du tout. PARCE QUE LE COUP DE LA GRÊLE EN PLEIN ÉTÉ Car, du fait des intempéries récentes et incessantes, fluctuantes aussi, je me suis senti pour le moins baisé jusqu'au trognon provoqué par un destin trop facétieux à mon goût.

Certes, les précipitations s'avèrent rafraîchissantes et vivifiantes après quelques heures passées au soleil, toutefois, que des grêlons de la taille de boulets de canon ne me tombent sur le coin de la gueule cessent de s'abattre sur le pont suffit à entamer les soupçons de bonne humeur qui m'animaient à l'heure où je levais l'ancre.

Grand Line, d'accord. Mais on peut aussi être raisonnables. Là, je crois que c'est calmé. La coque a rien, c'est déjà ça. Une chance que j'ai pas sorti les voiles. Faut dire que je sais pas trop où elles sont en fait. Me demande si justement, le navire était pas accosté le temps que son ancien équipage - bien que rien ne soit la propriété de personne sauf mes berries et ceux des autres qui sont la propriété de moi - ne se charge de changer la voilure.

Mais c'est pas important les voiles dans un voilier, le tout, c'est de savoir maintenir le cap et se laisser porter par le vent. Mesurons les dégâts de la tempête. Si ce n'est quelques éraflures, ça passe le long de la coque. Des trous sur le pont ? Pas grave ! Suffira de les enjamber. Et puis ça fera moins de surface à laver. Non pas que j'avais dans l'idée de sortir le balai. Le gouvernail a été écrasé ? La belle affaire, l'important, c'est de continuer à avancer. J'espère juste qu'il n'y aura pas de récifs. Pas de raison qu'il y en ait.
Me reste juste à apprendre à comment manœuvrer un trois mâts. Si ces cons de la marine y arrivent, ça doit pas être bien compliqué.¹

Mais d'abord. Le repas. Il faut bien se remettre de ces événements, ne pas se laisser abattre, et repartir du bon pied. Ça, et aussi parce que j'ai la dalle.
Au menu ce midi

Coq au vin
Porcelet rôti
Patates cramées rôties.
Haricots verts et flageolets.

Grand cru Pailloc 1612

Pâtisseries diverses et variées.

Dire qu'il y a des cons qui mangent du poisson quand ils sont sur un bateau. Les types ▒░░sont EN-TOU-RÉS par l'océan et ils se░▒▒▒▓ disent.... «tiens, je remangerais bien du cabillaud». Du cabillaud. Et pourquoi pas du rhum en accompagnement tant qu'on y est ? Merde, ░▓▓ on a beau écumer les mers, on n'est pas des bêtes. ░▒▓ Et puis si c'est volé offert par une nature abondante et généreuse, pourquoi se priver ?
Par contre, la sauce, elle a beau être bien riche, faut pas s'en foutre plein les doigts. Regardez moi ça, je suis en train de saloper mon beau journal de bord. Je vais quand même  ▒░░pas réécrire ma page. Les éditeurs░▒▓ se démerderont. Et puis, ça fait plus authentique, ça fait pirate. La ménagère comme ça, elle aura, du frisson, et des odeurs de cuisine. Comme ça, elle sera pas dépaysée.
Faut savoir être proche  ▒░░de son public. Même si ░▒▒▒▓ce n'est qu'une bande de ploucs.

Oh putain ! Y'a un navire là-bas. Je m'en vais de l'aborder fissa Enfin une opportunité de faire d'agréables rencontres en mer et de rompre la monotonie d'un voyage morne et  ▒░░solitaire. Venez ░▓▓à moi, amis en devenir. N'hésitez pas à me tendre ░▒▓la main, futurs camarades.

▒░░
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¹. L'auteur tient toutefois à préciser qu'il respecte cette éminente et respectable institution qu'est la marine militaire du Gouvernement Mondial. Et pas seulement parce qu'il a le même employeur qu'eux. Il est en effet touchant de remarquer le zèle du G.M à savoir agréger chaque élément de la société à ses rouages, y compris les débiles légers et profonds qui, s'ils savent lacer eux-même leurs chaussures, se voient décerner un grade militaire prestigieux. Même les handicapés mentaux sans la moindre éducation peuvent trouver leur place grâce à un uniforme de tantouze et un fusil. C'est encourageant. Rassurant même. Surtout pour les pirates.


Dernière édition par Joe Biutag le Jeu 25 Juil 2019 - 16:30, édité 2 fois
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Journal de bord du capitaine Biutag, jour cinq de la traversée.

Putain de bordel de merde, j'aime autant vous le dire, ça a philosophé sec chez les péquenauds mes nouveaux convives ! Y'avait du sang jus de philosophie² de l'ancre jusqu'aux voiles. Moi, les amitiés naissantes comme ça, ça m'enthousiasme. Je me contiens plus. Eux non plus. C'est leur abdomen qui ne contient plus rien, là. En même temps, je leur avais dit de pas s'approcher de moi par derrière, que ça me rendait nerveux. Ou alors, peut-être que je ne leur ai pas dit. Quoi qu'il en soit, s'ils avaient lu mes mémoires, bah ils le sauraient. Comme quoi... acheter mes écrits, ça peut changer une vie pour le mieux.

Pas de prisonnier nouveau compagnon de mer par contre. Sont tous morts partis faire la sieste après notre rencontre festive et bon-enfant.

Au début, je me suis dit «Je les attraperai jamais». Parce que mine de rien... un voilier à trois mâts... quand on n'a pas de voiles, plus de gouvernail, et qu'on sait pas trop le manœuvrer au départ, ça empêche une saine interaction avec son environnement.
Mais les cons là humanistes du bateau que j'avais repéré, ils ont foncé sur moi comme des flèches. Un petit voilier, ils étaient trois à bord. Ils pêchaient.

Moi, bon prince, bien élevé, je les laisse monter à bord. Altruiste, vous me connaissez. Normalement, quand on invite un voisin, il est attendu que ce dernier apporte un présent. Des fleurs, une bouteille, un sac d'or. Eux, ils montent les mains dans les poches.
Je ne me suis pas formalisé. Altruiste, vous me connaissez. À partir de là, je me suis dit qu'on allait sociabiliser, échanger des banalités. Grave erreur.

Sans-gênes comme pas permis, première remarque que me fait l'un d'eux «Ouiiiiiiiiiii....Où sont vos voiles ? Pourquoi vous ne battez aucun pavillooooooooon» et au second de renchérir «Qu'est-ce que c'est que tous ces trous dans le ponts ?». Vous croyez qu'ils auraient pu complimenter mon bateau (ouais, ouais, je sais, «rien n'appartient à personne» comme je vous l'avais dit plus tôt, pas la peine d'utiliser le possessif «mon». Mais bon, tout appartient à l'univers ; par la communion, je fais un avec l'univers, ergo, c'est MON bateau. Essayez pas de philosopher avec moi, je suis ceinture noire), dire des choses agréables du genre «Quels jolis mâts parallèles !», «Que d'originalités dans les tons».

Une première impression, ça peut toujours mal se passer. Cela, je le savais. Alors j'encaisse gentiment, je fais comme si de rien n'était. Vous me connaissez, altruiste. Et le troisième larron qui se sent obligé d'en rajouter. «Faudrait appeler la marine pour vous remorquer».

Le mot qui fâche. Ces trois bouseux gentilhommes montent à bord les mains vides, critiquent tout mon bâtiment, manquent limite de pisser dessus tellement ils sont désagréables et faut qu'en plus de tout, monsieur devienne grossier ? Alors... j'ai «philosophé» et ils ont fait une sieste. Oui, dans l'océan. Paraît que c'est à la mode. J'ai lu ça dans Ne pose pas de questions qui fâchent magazine. Devriez y jeter un œil.

Nous trouverons toujours quelques esprits chagrins pour prétendre qu'ils ne pensaient pas à mal. Moi, qui ne suis pas paranoïaque pour un sou, je peux vous le dire. Y'avait un sous-texte à leurs propos. Je l'ai clairement perçu. Par «remorquer», ils entendaient «ternir votre libre pensée». Quasiment synonyme, à n'en point douter.

Moi, devant un tel mépris pour les choses de l'esprit, mon sang n'a fait qu'un tour. Le leur en a fait plusieurs. Ils vont bien, hein. Ils ont beau flotter dans l'eau sur le ventre au moment où j'écris ces lignes, je leur ai creusé des branchies pour qu'ils puissent y respirer comme il faut. J'ai des notions de secourisme, faut pas croire. On peut être pirate, philosophe, médecin et altruiste.

Puisque avant de crever de dormir avec les poissons (non... trop tendancieux comme formulation) choisir de faire évoluer leur race pour devenir des hommes-poissons et piquer un roupillon, ils m'avaient demandé de me servir dans leurs affaires pour poursuivre mon périple - là encore, c'était dans le sous-texte - je fouille à bord de leur petite embarcation.

Qu'est-ce que c'est encore que ces pêcheurs qui n'ont que du poisson à bord ? C'est quoi ces manies ? Ces idées fixes ? D'accord... donc, sous prétextes que ces messieurs étaient sont pêcheurs, ils se laissent enfermer dans des cases. «Ouiiiiii, je suis pêcheeeeeureuh, donc je ne pense qu'au poissooooooon, je ne pars pas en mer avec plusieurs kilos d'oooooreuh».
Ce conformisme m'écœure. Ce serait comme prétendre que, parce que je suis pirate, je ne penserais qu'à l'argent et serais prêt à tout pour m'en emparer.

Eh bien non. Je ne pense pas qu'à l'argent. Je pense aussi à l'or, à l'oseille, au grisbi, au flouze, aux pépettes, aux sous, au fric, aux berries, aux liasses de billets, à la fortune, à des tas d'autres trucs que je ne rapporte pas ici par pudeur.

Leur bateau a son charme. Il a une voile et un gouvernail déjà, c'est le genre de trucs qui me tapent dans l'œil. Mais y'a que du poisson à bord, et y'a pas la place pour y stocker ma viande. Mon choix est fait, je m'en retourne à mon navire qui de toute manière avance déjà tout seul. J'ai encore oublié l'ancre.

C'est bientôt le soir. J'ai pas mis la main sur grand chose dans leur gourbi flottant, mais c'est pas ça qui m'empêchera de faire bombance.

Au menu ce soir

Caviar (comme quoi, je sais parfois manger du poisson)
Cailles fourrées et son coulis de champignons
Asperges cuites
Riz de Wano

Grand cru Banjalou 1615

Pâtisseries diverses et variées.

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². C'est un truc philosophique, cherchez pas à comprendre.
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Journal de bord du capitaine Biutag, jour douze de la traversée.

Ce matin, vers treize heures, en regardant à travers le hublot de ma cabine, j'ai remarqué quelque chose de particulièrement incongru. Je voyais sous l'eau. Peut-être qu'il y a une option submersible sur le vaisseau. Ou alors... ça voudrait dire que y'avait bien des trous dans la coque finalement.
Pas de quoi s'inquiéter. Le bateau est en bois. Le bois flotte : ça ne peut pas couler. Être porté sur les choses de l'esprit ne me dispense pas d'être un homme de sciences à mes heures perdues. Là, du temps, perdu, j'en ai par pelletées entières. Pour un peu, je m'emmerderais presque même.

Y'a toujours de quoi s'occuper à bord cela dit. Écoper l'eau à fond de cale - autre indice suggérant qu'il pourrait y avoir une ou plusieurs fuites -, faire la cuisine, manger, dormir. Aussi, faire des découvertes. Je sais à présent comment naviguer un trois mâts. En dehors des voiles et du gouvernail, ce qu'il me faut, c'est plusieurs dizaines d'hommes pour manœuvrer correctement. On en apprend tous les jours. L'idéal eut été de le savoir avoir d'être en pleine mer. Mais j'ai de la ressource.

Pas croisé grand monde en mer. Ah, si. L'autre jour, j'ai vu un navire de la marine. Ils sont passés à tribord, je m'étais dit qu'en voyant mes quelques avaries, ils feraient halte pour venir en aide à un vaillant et estimé capitaine corsaire. Eh bien non. Ça avait l'air de les amuser de me voir en mer sur un voilier sans voiles. J'innove, moi. Je suis un précurseur. C'est la jalousie qui leur stimule les zygomatiques, parce qu'il n'y a pas de quoi rire devant le génie créatif et la recherche de la performance nautique.
Connards, va. Après ça, ce tas de mongoliens petit monde s'en est allé au loin, m'abandonnant à mon sort. Abandonner... le mot est un peu fort. Je n'ai pas besoin d'eux. Ils n'auraient fait que me gêner. Je les connais bien ces abrutis là zélés serviteurs de la Justice. La dialectique, à haute dose, ça les rend nerveux.
Pour eux, faudrait que je ne «philosophe» qu'avec des pirates et des révolutionnaires. Soi-disant que ce serait compris dans le contrat que j'ai passé avec le G.M. On veut m'enfermer dans un ghetto mental. Me laisser qu'avec des pue-la-pisse pour m'avilir à leurs côtés. Parce que parfaitement entre nous, les révolutionnaires sont trop pauvres indigents pour que je me fatigue à prêcher la bonne parole parmi leurs ouailles.
Non, ce ne sont pas des gens sérieux. Me suis jamais trop exprimé sur le sujet parce qu'ils n'en ont jamais vraiment valu la peine mais... emmerder un ordre établi dont tout le monde se satisfait sous prétexte que pépé et mémé se sont fait zoquer par des marines venus soi-disant leur tirer dessus sans raison... dans le genre motivation en carton-pâte : ça se pose.

Le vide de leur esprit en appelle à celui de mon estomac. C'est pas tout ça, mais il fait faim.

Au menu ce soir

Salade de tomates fraîches
Foie de veau sur son lit de salades
Blé cuit et hariots rouges

Bière brassée de South Blue

Pâtisseries diverses et variées
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Journal de bord du capitaine Biutag, jour vingt-trois de la traversée.

Même pas coulé ! Toutes les brèches dans la coque sont colmatées. Par contre, j'ai plus de planches sur le pont. On vit très bien sans vous me direz. Je suis plus à ça près non plus. Mais là au moins, y'a plus de trous !
J'ai installé mes quartiers d'été sur la vigie. Pas que ma cabine me déplaisait... mais y faisait humide. Jusqu'aux genoux seulement. Au moins, tout là-haut, je risque pas l'inondation. Et puis, on a une belle vue. L'horizon. Me voilà contemplatif, admiratif. Un paysage idyllique. Le soleil couchant sur une mer turquoise. Turquoise comme une belle émeraude bien brillante... Pareil spectacle ça vaut bien vingt millions de berries hors-taxes n'a pas de prix. Le genre de spectacle qui vous rend pensif. De l'ordre de «depuis combien de temps j'ai pas vu une île ou un navire ?».

Pas que je m'inquiète, mais après plus de quinze ans de piraterie, je m'étais plus ou moins laissé dire qu'il y avait des terres émergées au milieu de la flotte à divers endroit du globe. Non pas que je regrette ma petite excursion mais bon.... l'imprévu, c'est juste marrant la première semaine. Là, je serais même limite lassé. Limite.

Pis, quand je trouverai un navire, faudra qu'il ait le bon sens de se mettre sur ma trajectoire. Gouvernail. Tout ça... Pas de raison que ça se passe mal de toute façon. Dans le pire des cas, je risque quoi ? De ne rencontrer personne ni aucun rivage ? De finir à court de victuailles et de crever de faim ?
Mourir de faim en mer. Enfin... Tout le monde sait bien que ça ne s'est jamais vu. En mer, on meurt à cause des pirates. De ceux qui ne sont pas assermentés par le Gouvernement Mondial j'entends. Nous autres corsaires avons le label qualité. Ja-mais on ne tue des innocents. Pas de notre propre chef en tout cas. Car il arrive... parfois... souvent.... quasi systématiquement, que des malheureux se jettent maladroitement sur la trajectoire de mes balles... Qu'y puis-je ? Je ne suis qu'un homme riche après tout. Un homme avec des mousquets. Entre autres.
J'ai pas mal griffonné sur la révolution, mais parlons-en des innocents ! Jamais plus de vingt-mille berries sur eux, toujours à chialer et s'agiter quand leurs mômes sont réduits en esclavages (Pas par moi, hein ! Moi je réduis les familles entières en esclavage mange pas de ce pain là. Je suis assermenté je vous rappelle. Y'a la respect de la loi. On rigola pas avec ça ya-hin-hin), et à faire du bruit qui rend nerveux leurs nouveaux compagnons venus d'un autre navire.
Ce que j'en dis, c'est que quand on manque de savoir-vivre à ce point... bah on meurt. Logique implacable. Je dis pas que j'approuve. Certainement pas. J'ai horreur du gâchis de marchandise humaine Toute vie est précieuse à mes yeux. Si précieuse... Deux-cent-mille berries pour les humains bien portants si on se fie au prix du marché.

Tout ça pour dire que les innocents ont toujours le beau rôle dans les journaux. Y'a jamais le point de vue des pirates. Alors forcément... confrontés à tant de malhonnêteté journalistique... les esprits s'échauffent et on les pirates butent tout le monde.
La faute à la presse qui les a enfermés dans un stéréotype qu'ils se sentent obligés de reproduire pour se conformer aux carcans établis. Le mimétisme qu'on appelle ça. La piraterie, c'est un drame social. On ne le dit jamais assez. Au fond, c'est nous ce sont eux les victimes.

Ça remet pas mal de choses en perspectives, hein ? Prochaine fois qu'il y a un abordage relaté dans les journaux, demandez-vous ce que ces enculés de les passagers ont bien pu faire de répréhensible pour justifier une telle agressivité à leur égard. La malveillance appelle la malveillance, c'est bien connu.
Voulez que je vous dise, c'est l'innocent qui fait le pirate. Parce qu'en dehors des mousquets, des sabres et autres armes blanches, des dents pourries, du besoin imminent de s'enrichir aux dépends d'autrui et la propension au viol et au meurtre, qu'est-ce qui sépare un forban d'un honnête homme ? Je vous laisse cogiter là-dessus. Moi, je vais grailler, ça creuse de se foutre du monde.

Au menu ce soir

Cornichons marinés
Trois œufs durs et haricots réchauffés

Sirop de menthe

Pâtisseries indigestes et avariées

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Journal de bord du capitaine Biutag, jour trente-deux de la traversée du naufrage.


Alors que le glouglou dans la cale sèche se fait sans cesse plus tonitruant et menaçant, je m'interroge. Était-ce bien avisé de prendre la mer dans ces conditions ? La liberté absolue propre à ma caste ne devrait-elle pas être un chouïa tempérée par la réflexion et le bon sens ? Serais-je noyé avant ou après être mort de faim ?
On s'en pose des questions quand on n'a rien à faire sur un putain de voilier qui erre telle une gigantesque planche pourrie sur une mer d'huile qui n'attend que de vous engloutir. Pour un peu, Rowena me manquerait presque. Pas Elijah. Lui, pas du tout.

Faut croire qu'à fond de cale, mes réparations n'étaient pas franchement au point. Mais je suis un intellectuel, moi ! Un penseur maritime, un philosophe en haute mer. Qu'est-ce qu'on vient me faire chier me casser les couilles à colmater des trous avec trois clous et un marteau ?! C'est avilir mes talents. D'autant plus que l'histoire a démontré que j'étais plus doué pour casser que réparer. À chacun son attribution.

Fait chaud. Quelle idée de rester perché en haut de cette saloperie de vigie. Y'a le soleil qui cogne toute la sainte journée. J'aurais dû prendre des provisions. À l'heure-ci, la cuisine est inondée. De toute façon, il ne restait que du sel. Mais... mais je divague, moi ! QUE du sel ? Au prix où ça coûte - même si je l'ai emprunté sur une durée indéterminée - mais je perds la tête !

Un petit vent frais me caresse les joues pelées par l'insolation qui se rit du fait que je sois pourvu d'une casquette pour chercher à éviter les rayons solaires. Des nuages qui s'avancent, peut-être une petite pluie qui s'annonce. Je dis pas non.

Au menu ce soir

De toute façon, je m'en fous, j'ai pas faim.


Dernière édition par Joe Biutag le Lun 5 Aoû 2019 - 10:06, édité 1 fois
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Journal de bord du capitaine Biutag, jour trente-trois de la traversée

P░▒▒▒▓ut░▓▓ain de p▒░░luie à la ░▒▓ c'e░▓▓st la mouss▒░░on !
Trop de f░▓▓lotte, je vois pas▒░░ à dix c▒░░entimètres de▒░░vant moi. Oh pu░▒▓tain, les vagues.... les vaaaagues !░▒▒▒▓

Au menu ░▒▓ce soir

Con de jo░▒▓urnal de b░▒▒▒▓ord, tu vois░▓▓ pas que j'ai d'au░▓▓tres chats à foue▒░tter ?!
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Journal de bord du capitaine Biutag, jour... je sais plus, j'ai perdu le compte de la traversée.


Il s'est passé des choses....

L'une d'elle en l'occurrence se rapporte au léger épisode pluvieux advenu quelques jours auparavant. Quelques jours. Je dis ça parce que je ne sais plus quand exactement, j'ai glissé sur une flaque et suis tombé du haut du mât. Vu qu'il n'y a plus de pont... la chute fut quelque peu prolongée.
Et puisque le sol sur lequel je me suis réveillé était sec, j'en ai déduit que ça faisait au moins deux jours que je roupillais là. Une manière comme une autre de s'occuper à bord.

Aujourd'hui sinon, soleil radieux. Après la pluie, vient le beau temps. Et le naufrage.

On va pas se le cacher, y'a eu comme des problèmes au niveau de la flottaison récemment. M'en suis rendu compte quand, en ouvrant la porte de ce qui était anciennement ma cabine, j'ai manqué de me noyer sous le torrent de flotte qui m'est tombé sur sa gueule. Faut dire les glouglous que j'entendais auparavant tendaient à indiquer que quelque chose se passait déjà au niveau de la cale. Ça, et le fait que je trouve que la mer est sans cesse plus proche chaque fois que je me réveillais depuis la vigie.
Pas de chaloupe de prête. Bien entendu. Si je retrouve le con qui était propriétaire de ce tas de merde merde... Oh. Non. J'arrête de censurer. On dira que ça s'adresse à un public averti. Comme ça, les gens penseront qu'il y a du sexe, donc, ça fera mieux partir les ventes.
Et vu comme la situation se présente, en vendant le tout à titre posthume, je vais encore m'en mettre plein les fouilles. Après tout, les plus grands artistes ont été reconnus après leur mort. Enfin une bonne nouvelle ! Sauf concernant le moment où je meure. C'est encore la partie qui me pose le plus problème. Faut que je réfléchisse à un moyen pour vendre mes mémoires posthumes tout en restant en vie. Ça devrait pouvoir se faire.

Donc, à défaut de chaloupe, j'ai sectionné le mât juste en dessous du poste de vigie. C'est pas vilain comme embarcation. On est un peu à l'étroit, ça manque de compartiment pour ranger ses affaires, mais on fera avec. Et puis, avec la planche que j'utilise comme rame, ça compense l'absence de gouvernail. Maintenant, je peux choisir ma trajectoire, ce qui est un peu quand on navigue. Par contre, je sais toujours pas où me diriger.

Et tandis que j'observe ce qui fut mon embarcation, ce tombeau des mers, couler à pic au loin, mes pensées vont à.... merde ! Non, non ! Ah chié ! J'aurais pas dû écrire et pagayer en même temps, j'ai fait tomber ma planche. Toute façon, je savais pas où j'allais. Pour ce que ça change.

Au menu ce soir

J'ai oublié que j'avais un métabolisme de scorpion et que je pouvais me retenir de bouffer et de boire des semaines entières. Que de négligences au cours de ce périple.
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Journal de bord du capitaine Biutag, jour... on va dire quarante de la traversée

Avec le temps que j'ai pour penser, je me dis que vu la coque de noix que je me paie, faudrait pas qu'il se mette à pleuvoir. Elle aurait vite-fait de se remplir la carne.
Mais avec un beau ciel bleu comme ça, y'a pas de raison de m'en faire.


Dernière édition par Joe Biutag le Dim 11 Aoû 2019 - 13:43, édité 1 fois
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Journal de bord du capitaine Biutag, jour quaran▒░░te-et-un de la traversée

Galère de putain de mère ░▒▒▒▓nature de pluie de merde à con qui░▓▓ me les brise ! Même pas de quoi écoper ! Chien▒░░ne de salope de pute de m░▓▓onde de merde qui ░▒▒▒▓fait chier et me casse les░▒▒▒▓
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Journal de bord du capitaine Biutag, jour quarante-deux de la traversée

Ma dernière page.

Ce n'est qu'au bord du précipice, ou en tout cas, de l'abîme, que nos pensées se font plus sagaces. On mène une vie si creuse en réalité et ce n'est jamais que trop tard qu'on le réalise.
Le monde matériel commençant à nous échapper, le spirituel pointe le bout de son nez. Il était pourtant là depuis longtemps. Depuis toujours. Mais on préfère feindre de ne pas entendre ses sages conseils. Ceux-là sont pourtant formulés dans notre meilleur intérêt. Mais cela suppose de renoncer à tant de choses. Des choses pourtant dispensables.

Le bilan rédigé, on fait le calcul et le résultat apparaît en rouge. À la croisée des chemins, des décisions ont été prises. Les mauvaises. Quasi systématiquement. J'aurais pu emprunter un autre parcours que le mien, pas les opportunités qui manquaient. Alors, on regarde derrière soi, et on voit qu'on a été trop loin.
Derrière moi, y'a la mer. La mer, la mer et encore cette putain de mer. Pas de rivage à l'horizon ou même au-delà. Oui, c'est ce qui nous attend en bout de parcours, l'opportunité de nous retourner afin de nous apercevoir qu'il n'est plus possible de faire machine arrière, que le point de non-retour a été dépassé depuis un bail maintenant. Reste à se fourvoyer dans la direction prise jusqu'alors tout en sachant que ce n'est pas la bonne, parce qu'au final, c'est la dernière qu'il nous reste. On avance à la dérive. Plus le choix.

Peut-être qu'il est permis de croire au destin. Ou en tout cas à la juste providence. Les causes engendrent toujours des effets. Personne ne doit ce qu'il est au hasard ou à la malchance. Mon sort, je me le suis infligé parce que je n'ai pas écouté la voix de la raison. Depuis le temps que je ne l'entendait plus celle-là, j'avais fini par croire qu'elle était cannée. Non. Elle se rappelle à moi. Trop tard. Comme pour me narguer de ces années passées à la négliger. Elle jubile, me gratifie de «tu aurais dû» et autres «je te l'avais bien dit». Elle me l'avait dit, c'est vrai. Pas assez fort.

Ainsi ballotté par les flots vers un avenir trop certain, on regrette enfin. On se rappelle à quel moment on a merdé. Cela s'est fait en diverses occasions. Je regarde la flotte - y'a guère rien d'autre à apercevoir - et je me dis que je ne suis pas perdu. Non. Je sais exactement où je suis. Première voie de Grand Line ? Deuxième ? Ni l'une, ni l'autre ni aucunes de leurs sœurs. C'est le Styx qui porte mon rafiot. Terminus, les enfers. Ne loupez pas la marche en sortant.

Des regrets ? J'en ai. Je l'admets avec le couteau sous la gorge. Il fallait au moins ça pour que je me résigne à ranger mon arrogance et que je cesse de m'obstiner à nier l'évidence, que je me range du côté de la raison et que j'admette mon principal tort : j'ai pas amassé suffisamment de pognon.

Mais c'est l'évidence même enfin ! Péché d'avidité à n'en point douter. Oui, je l'admets, j'ai péché par manque d'avidité. Toujours dans la retenue, c'est tout moi ça. Toutes ces occasions de m'enrichir qui me sont passées sous le nez.... si je les avais saisies, j'en serais pas là.
Parce que si on y réfléchit bien et même, si on y réfléchit mieux, avec plus de flouze, j'aurais eu plus de moyens pour cette traversée à la con, j'aurais pas été contraint et forcé - à mon corps défendant et à contrecœur - de voler ce bateau de merde ! J'en aurais eu un mieux et j'en serais pas là.

Eh puis, quitte à être vraiment honnête avec soi-même, autant aller jusqu'au bout des choses. Je suis fautif. Fautif de ne pas avoir reconnu les torts des autres. Parce que si j'en suis là, c'est la faute à Rowena. Si cette morue à cornes n'était pas en voyage rencontrer des amis, je me serais pas retrouvé dans cette mélasse.
Dès que je la revois, un coup de mousquet dans les gencives pour dire «Bonjour». Ah oui, c'en est fini de Joe le laxiste, Joe l'altruiste respectueux d'autrui et de la vie humaine. Je prends la résolution d'être plus dur avec mon prochain, de lui en faire baver et de lui faire les poches en fin de partie. Marre d'être trop gentil !

Le Styx. LE STYX ! Ce ruisseau de merde où il faut que je verse une pièce d'or à Caron ? Il peut se brosser celui-là ! J'en ai pas besoin de leurs enfers, je créerai les miens. Tout plaqué or. Juste moi. Moi et mon pognon. Mes enfers auront un goût de paradis. Me manque qu'un rivage sur lequel prendre appui et me refaire.

Ou un bateau. Précisément comme celui qui s'approche.... oui. Il fera l'affaire. Amplement. Ya-hin-hin !
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