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Les méfaits de l'alcool

Les méfaits de l’alcool






                 Trois jours déjà que Farros, Mogla et Obelon avaient pris la mer, quittant Cocoyashi pour faire un dernier détour vers Shell Town, qui s’avérait être le lieu de naissance de Farros ainsi que celui où Lokiri, le père d’Obelon, était emprisonné pour ses terribles crimes. La mer avait été plutôt clémente jusque-là, et le Cabot était ravi d’avoir à nouveau l’occasion de naviguer au gré des flots. Alors que Farros préparait le repas du soir, Obelon vint l’interroger :

- Dis voir, tu sais si il reste des glaçons, par hasard ?

- Tu souffres toujours du coup que t’as reçu sur le crâne ? Je t’avais dit que ça plairait pas à Mogla d’apprendre que tu nous avais menti sur ton compte depuis le début.

-

- Et encore, tu t’en es bien sorti.

En fait, Farros sentait bien que Mogla était contrariée depuis leur départ. Comment pouvait-il en être autrement ? Apprendre qu’Obelon était le fils de celui qui lui avait volé une partie de sa vie et tué son frère, c’était déjà difficile à avaler. Prendre la route avec lui comme si de rien n’était, ça l’était d’autant plus. Elle n’avait plus confiance en Obelon, et Farros était loin de la blâmer pour ça. Lui-même avait toujours été assez soupçonneux à son égard. Étrangement, apprendre la vérité sur son passé avait plutôt eu l’effet inverse pour le Cabot. Il avait passé cet état d’éternelle querelle qui avait jusque-là caractérisé ses relations avec le fils du pirate.

En somme, l’ambiance à bord de leur nouvelle embarcation avait été pour le moins morose depuis leur départ. Adieu les beuveries. Maintenant, c’était chacun dans son coin. Autant dire que pour Farros, c’était la mort. Ils arriveraient à Shell Town d’un jour à l’autre, de toute façon. Après ça, Obelon partirait de son côté, et tout reviendrait à la normale.

Le Cabot s’interrogeait sur ce que lui même ferait par la suite. Il savait que ses rêves d’enfant avaient changé. Il repensait à ce que son ami Aleister lui disait, essayant de le convaincre de rejoindre la marine. Peut-être n’était-ce pas une si mauvaise idée, finalement ? Il avait envie d’aider les gens comme Mogla, ou même Obelon, qui avaient souffert des actes de personnes cruelles. Il pouvait aussi opter pour devenir un chasseur de prime, cela dit. Non, monnayer chacun de ses faits et gestes lui semblait trop peu naturel. Il se connaissait, il était bien trop gentil : la faillite l’attendait s’il optait pour cette voie. Il cessa de tirer des plans sur la comète lorsque son partenaire de route s’adressa une nouvelle fois à lui, tout en fouillant à la recherche de quelque-chose qui puisse atténuer ses douleurs :

- T’as toujours pas l’intention de me dire où on va ? T’as toujours peur que je m’enfuie ?

- Comment ça ?

- Allez, je suis pas débile, hein. Je vois bien que vous me faites pas confiance. C’est pas étonnant, tu m’diras. ‘Fin bon, on est au beau milieu d’East Blue. Je peux pas aller bien loin.

- Shell Town. C’est là-bas qu’il est enfermé. Il avait pris la fuite là-bas avant qu’on réussisse enfin à lui mettre la main dessus.

- J’ai jamais été à Shell Town. Je me demande ce qui l’a poussé à aller là-bas.

- Il avait quelques alliés là-bas, et…

Farros eut un déclic. Il se rendit compte que toutes ces émotions lui avaient complètement fait sortir de la tête une information qui avait toutes les chances d’intéresser Obelon. Il se retrouvait dans une situation délicate :

- Quoi ?

- Et une fille. Lokiri avait une fille, là-bas.

- Oh. Je vois. J’ai donc une demi-sœur. Je dois avouer que ça m’étonne qu’à moitié. J’aurai pu m’attendre de la part d’un pirate qu’il aille batifoler aux quatre coins d’East Blue. J’ai un grand-frère, tu sais ? Un pirate, lui aussi. J’ai jamais vraiment compris ce qui l’avait poussé à suivre les traces de notre père. Il lui a toujours voué une admiration ridicule. Pas une journée ne passait sans qu’il ne parle du jour où il serait aussi influent et fort que lui.

- Vous vous entendiez bien ?

- On se disputait souvent. Et pourtant, c’est la seule personne en qui j’ai toujours eu confiance. C’est quand il a pris la mer pour réaliser son objectif de toujours que j’ai décidé de partir moi aussi, avec ma propre idée en tête.

- Trouver Mogla et faire en sorte qu’elle te mène à ton père.

- Ouais.

- Et comment tu savais, pour Mogla ?

- Un jour, je fouillais dans le bureau de mon père. Une salle dont l’accès m’était interdit, évidemment. J’avais beau fouiller, tout ce que j’avais pu y trouver, c’était un dossier contenant plusieurs portraits de Mogla et de son frère, accompagné de différentes caractéristiques physiques et d’autres notes à leur égard. J’ai tout de suite compris de quoi il s’agissait…

- Il voulait les vendre en tant qu’esclaves.

- Ouais. Je me suis dit que si je tombais sur l’un d’entre eux, il saurait sûrement où je pouvais trouver mon père. En revanche, quand j’ai enfin trouvé Mogla, j’ai été foutrement étonné de constater qu’elle avait pas les fers aux pieds.

Tout devint silencieux à nouveau. En dehors du crépitement du poisson dans la poêle et du frottement des vagues sur le bateau, rien. Habituellement, Farros aurait trouvé ça relaxant, mais là, il était juste mal à l’aise. Il reprit la parole :

- Bon. Je vais ramener une assiette dans la salle de navigation pour Mogla, et j’en profite pour nous ramener de quoi nous désaltérer un peu. Ça peut pas nous faire de mal.


- Pourquoi pas.
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Toc toc.


« Mogla ? ».


Toc toc.

Toujours rien. La navigatrice n’était certainement pas d’humeur à lui répondre. La connaissant, elle devait être en train de se défouler d’une quelconque manière. Farros préférait ne pas être celui sur lequel elle passerait ses nerfs, ainsi décida-t-il qu’il n’était pas nécessaire d’insister plus longtemps :

«  Arf… J’te pose ton assiette devant la porte. Hésites pas si t’as besoin de quelque-chose. ».

Avant de remonter l’échelle qui menait au pont, il passa une tête dans la minuscule cale du bateau. Elle était si basse qu’il devait presque ramper pour y entrer. Il ne mit pas bien longtemps à trouver ce qu’il cherchait. Satisfait, il retourna auprès d’Obelon :

- Et voilà. Je savais bien que j’avais bien fait de charger un tonneau de bière à bord. Y’a largement de quoi tenir jusqu’à Shell Town, là dedans, herf herf herf.

- Dépêche toi un peu, j’ai soif moi.

- Ouaif, ouaif. Tiens, une chope. Et… voilà !

- Tu pouvais pas me mettre encore plus de mousse, tant que t’y es ?

- Arf, ferme la et trinque.

Aussitôt que leurs chopes s’entrechoquèrent, Farros porta l’amer breuvage à son palais. La fraîcheur de la boisson, combinée à l’odeur de houblon qu’elle dégageait, comblait de plaisir le jeune homme. Cela faisait une paie qu’il n’en avait pas siroté une aussi bonne.

Tous deux sortirent de la cuisine, emportant le baril avec eux. Ils s’assirent sur le pont, appréciant la douce brise qui venait rendre la chaleur supportable. La canicule était passée, mais les journées restaient chaudes. Ainsi, ce vent d’été était plus que bienvenu. Farros se rendit compte avec stupeur que sa chope était déjà asséchée. Un discret coup d’œil lui permit de savoir qu’il n’était pas le seul dans cette situation :

- Je te ressers à boire ?

- Je dis pas non.

- Du coup, Obelon, si ton Asseton n’est pas ton père, c’est qui ?

- Mon oncle. Le frère de ma mère, pour être exact. Il a préféré m’accompagner en mer plutôt que de me laisser partir seul. Il connaissait mon amertume et avait peur que je fasse des conneries.

- Pourquoi il t’a laissé partir avec nous, alors ?

- Faut croire qu’il a cru que vous seriez le genre de personnes à pouvoir me canaliser.

-

- Ce qui n’est pas le cas.

- Bien sûr.

-

-

- Approche un peu le tonneau par ici.

Les chopes se remplirent donc une fois de plus. Puis encore une fois. Et encore une fois. Pour la première fois depuis leur rencontre, les deux compagnons de route partagèrent des histoires sur leur passé :

- *hip* Et z’est comme ça que j’ai été interdit d’approcher le facteur à moins de dix mètres.

- Mais pourquoi est-ce que tu le poursuivais à chaque fois qu’il passait devant chez toi ? Je pige pas…

- Je pouvais pas l’flairer ce type. C’tout. J’te dis que quand on a tellement d’odeurs différentes sur soi, on peut que être quelqu’un de louche.

- Ça se tient. Tu me sers encore un peu de bière ?

- Za marche. Et au fait, dis-moi, ça te vient d’où cette mèche rose, là ?

- De ma mère. Elle avait de longs cheveux roses.

- Oh.

- Plus de bière, s’teup.


- Ouaif, tout de suite.

Quelque-chose clochait. La tireuse intégrée au tonneau devait être défectueuse. Farros avait beau tenter d’en extirper le précieux nectar, rien n’en sortait. Abasourdi, il s’en saisit, le secoua dans tous les sens en tendant l’oreille. Une grimace se dessina sur son visage, dévoilant ses canines :

- Arf… Obelon, j’crois bien qu’on a un petit *hip* problème…

- Comment cha ?

- Je crois qu’on est à court.

- Quoi ? Mais on a caïman… quasiment rien bu !

- Ouaif… Je zais bien…

Les deux jeunes hommes passèrent le quart d’heure qui suivit à se lamenter sur leur sort, blâmant la mer de ne pas être composée de bière. Ils se trouvaient là, comme des cons, complètement imbibés alors que le soleil n’avait même pas encore terminé sa course. Obelon vint mettre fin à cet état de photosynthèse :

- Regardes un peu… On va pas tarder à passer près de Sirup… dit-il en pointant une île du doigt.

- Ah ouaif ?

- Parait que y’a que des riches et des paysans là-bas. C’est ce que j’ai entendu dire par mon père quand j’étais gosse, en tout cas. J’suppose qu’il avait prévu de s’y rendre un jour…

- J’ai déjà vu l’île sur une carte… J’me serais jamais douté qu’elle était entourée de falaises comme ça… *hip*.

- Y’a forcément un endroit pior accoster… Et y’a forcément des tavernes…

- Tu crois que… ?

- Mais oui, on a pas besoin de Mogla pour changer la direction de cette ptit batieau! Moi j’dis qu’on devrait faire un détour !

- Za marche.

- Ne serait-ce que pior visiter. C’est important, la culture. Et moi je suis très culturé.

- Bien dit. *hip*.

Loin de déjà éprouver des difficultés à se déplacer sans tituber, les deux assoiffés s’attelèrent à la tâche. Rien de bien compliqué, à priori. Il suffisait de changer la direction de la voile et hop, plein vent ! Farros se prit une corde sur la tête durant la manœuvre, qui fit un bruit sourd en tombant sur le sol : « Ssshhhhh ! Faut pas que Mogla entende ! » réprimanda-t-il l’indiscrète cordelette.

Il fallait bien avouer que le bateau secouait pas mal, depuis son changement de direction. Peut-être que déployer entièrement les voiles n’étaient pas la meilleure idée qu’Obelon avait eu. Au moins, ils arriveraient plus rapidement. C’est qu’il faisait soif, à bord de cette petite bicoque des mers.

Ils finirent par apercevoir une plage, derrière laquelle la roche s’ouvrait pour laisser place à un chemin pentu qui permettait de se rendre sur l’île. L’endroit paraissait imprenable. Pas étonnant que l’endroit était prisé par les fortunés : il paraissait difficilement concevable que quiconque puisse prendre Sirup d’assaut. Un modeste port habillait la plage. Le petit navire s’approchait de plus en plus des quais. À cette allure, ils y seraient bien assez vite. Trop vite peut-être.

«Merde, merde, merde, merde, merde ! Farros ! Jette l’ancre, vite ! Je m’occupe des voiles ».

« Hein ? Arf… merde ! ».

Le Cabot bondit aussi vite qu’il put à l’avant du pont, se vautrant presque sur le sol à deux reprises. Il ramassa le lourd objet métallique et s’empressa de le balancer par dessus bord. Encore emporté par son élan, la coque de noix entama un virage inopportun. La poupe manqua de très peu d’entrer en collision avec le quai.

- Je t’avais dit qu’on pourrait le faire sans l’aide de Mogla.

- Herf herf…

- Bon, maintenant, cherchons une caverne. Une taverne. Doit bien y’en avoir une dans le coin.
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Oh, Sirup était un coin tranquille, on pouvait le dire, oui. La taverne dans laquelle le duo avait prit place était peu peuplée. Très peu, même. C’était à se demander s’il se passait jamais quoique ce soit dans ce bled. Ce que Obelon ne s’était d’ailleurs pas gêné de demander. Le tenancier lui avait aimablement répondu qu’en effet, l’île était un endroit très tranquille, et que rien de spécial ne s’était passé ces derniers temps, si ce n’était des rumeurs sur des pirates qui avaient traîné dans les parages récemment.

En dehors de nos deux compères, la clientèle du bar se résumait à un vieil homme endormi et quatre gusses qui jouaient aux cartes. En somme, l’ambiance était folle. Farros s’empressa donc de commander deux verres. Du rhum, pour changer. Ils continuèrent à trinquer toute la soirée, sympathisant même avec les autres clients. Ils ne sentaient pas la rose, mais le Cabot ne pouvait pas leur en vouloir de venir se détendre après une dure journée de travail dans les champs. Enfin tout de même, une petite douche n’avait jamais tué personne.

- Qu’est-ce que t’as dit ?

- Arf… Je disais, z’est ma tournée, herf herf ! Santé ! *hip*.

- Alors ça c’est sympa.

Le jeune homme réfléchirait plus tard à l’énorme trou que cette soirée allait causer dans son budget. Là, l’important, c’était de profiter. Il n’avait jamais autant ri avec Obelon depuis… Eh bien, depuis jamais, en fait. Tous les deux avaient longtemps entretenu une rivalité sur fond de mésentente qui s’était drastiquement édulcorée depuis que le secret du fils de Lokiri avait été découvert. Ça n’empêchait pas Farros de lui en vouloir de leur avoir menti tout ce temps, ça non, mais ça avait eu le mérite de faire retomber cette méfiance qu’il nourrissait à son égard jusque là.

Fatigué par le rythme effréné de leur soirée, Farros s’installant un instant dans un rocking-chair qui faisait le coin de la guinguette. Malgré la visiblement insuffisante fréquentation de l’endroit, on voyait que le propriétaire gérait avec soin son établissement. Un tapis rouge de bonne manufacture habillait un parquet bien ciré. Le tenancier frottait frénétiquement son bar, à l’assaut du moindre grain de poussière. Et surtout, les fenêtres étaient d’une parfaite transparence. On y voyait sans aucun mal ce qui se passait à l’extérieur, même en pleine nuit.

Quelle fut leur surprise quand, alors que tous deux s’étaient assoupis par mégarde, Farros et Obelon furent réveillés par le patron qui leur hurlait depuis l’arrière-salle que le service était terminé et qu’il était temps de déguerpir. Ils se levèrent donc, non sans difficulté, réalisant difficilement ce qui était en train de se passer. Alors qu’ils s’apprêtaient à partir, un bruit étrange attira leur attention. Des bruits de pas, qui venaient de l’extérieur. Farros s’approcha alors doucement de la fenêtre, son instinct et l’alcool qui parcourait son organisme l’incitant à être prudent.

Les poils de sa nuque se dressèrent alors que son regard se posait sur la chose la plus terrifiante qu’il eut jamais vu. A l’extérieur, une masse difforme, couverte de pics se dévoile à la lumière lunaire l’espace d’un instant, se déplaçant silencieusement. Un simple coup d’œil suffit alors à Farros pour se rendre compte qu’Obelon, lui aussi, venait de voir ce phénomène inexplicable. Ce n’était donc pas l’alcool qui lui jouait des tours, non.

Était-ce un animal étrange ? Une créature cauchemardesque ? Impossible de le savoir. Enfin si, il y avait bien un moyen. Échangeant un hochement de tête approbateur, tous deux se précipitèrent à l’extérieur pour voir la chose de plus près. Encore une fois, impossible de savoir s’il s’agissait de l’effet de l’adrénaline ou des relents de rhum.

Ils déambulèrent un moment autour du restaurant avant de renoncer. Peut-être n’était-ce effectivement qu’un mouton qui s’était échappé de son enclos, comme l’avait suggéré le tavernier. Un drôle de mouton, tout de même, selon Farros.

La lune était déjà très haute dans le ciel, et les deux fêtards étaient épuisés. Le simple fait de marcher droit était une épreuve inachevable :

- Bon, on ristourne… on retourne sur le bateau ?

- Za va pas la tête ?

- Ben quoi ?

- Tu veux vraiment qu’on ze fasse tuer par Mogla, toi. Enfin bon, tu fais z’que tu veux, moi, je m’inztalle là, pépère, sous ce grand arbre. *hic*.

- Pour une fois, c’est pas rond, c’que tu dis. Pas con… Pas… c… zZzZzZz...
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« TU CROIS QU’ILS SONT MORTS ?? »


(Arf… Ma tête...)


« Raconte pas n’importe-quoi. Ils sont certainement juste paralysés ou confus. »


(Hein ?) 

« T’as raison. Tu crois que c’est le monstre qui a fait ça ? »


« Ouaip, je vois pas ce que ça peut être d’autre. »


(Arf...)


« Mais alors, faut appeler un médecin ! »


« MAIS VOUS ALLEZ LA FERMER, OUI ? ».


Obelon, à sa manière, avait bien résumé les pensées de Farros. Mais qu’est-ce qui prenait ces gamins de hurler comme ça de si bon matin ? Bon, vue la position du soleil, il devait plutôt être midi. Mais quand même, c’était pas si difficile de deviner qu’ils étaient en train de dormir, si ?

Bien que son corps le suppliait de faire l’inverse, Farros se redressa douloureusement pour faire face à ses interlocuteurs. Les deux jeunes enfants paraissaient effrayés. Soit ils les prenaient pour des zombies, soit il s’agissait simplement de leur réaction au hurlement d’Obelon :

- Vous nous expliquez votre délire ? Grogna ce dernier, visiblement dans une situation semblable à celle du Cabot.

- Vous avez parlé d’un monstre ?

- Ouaip ! Y’a un monstre affreux qui traîne à Sirup !

- Même qu’on l’a vu de nos propres yeux, une fois ! Renchérit le second.

- Je crois bien que nous aussi… 

- Tu crois que… ?

- Quoi ?! Vous avez vu le monstre ! Pour de vrai ?! Et il ressemblait à quoi ?

- Je croyais que vous l’aviez déjà vu…

- Massif, pas très grand. Et couvert de pics, surtout. Ça correspond à la description ?

- Aaaaarg ! Ils l’ont vraiment vu ! C’est exactement comme Gilbar l’a dit ! Tout plein de pics !

- Qui ça ?

- Gilbar ! Il habite près d’une forêt, et même qu’un soir, il a vu le monstre en train de traîner des trésors ! Nos parents veulent pas nous croire, pourtant, Gilbar c’est pas un menteur ! Même que…

- Attends un peu, tu veux ? Tu peux nous répéter la partie sur les trésors ?


- Euh, ouaip… Ben, Gilbar, il habite près d’une forêt et donc, le soir…

- J’ai compris, ça ! Mais ce trésor là, il était gros ?

- Arf, Obelon ?

- Tu comprends donc pas ? Tu sais à quel point Mogla aime les Berries. Si on lui ramène quelque-chose qui peut en valoir tout un tas, elle sera certainement plus encline à me pardonner en voyant que j’en ai pas profité pour me faire la malle avec !

- J’en suis pas sûr…

- En tout cas, moi, j’y vais.

- Arf…

Farros était trop gentil, il le savait. Pourtant, il ne pouvait pas se retenir d’aider son camarade. Même si sa seule envie sur le moment était de retourner se coucher. L’un des gamins s’exclama :

- On peut vous guider, si vous voulez ! C’est pas tous les jours que des adultes nous croient ! Allez, suivez-nous, on va vous montrer !

- Herf herf…

- Allons-y.

Ils entamèrent ainsi une marche qui dura un bon moment, gardant le rythme malgré leurs mollets engourdis par la paresse. Sirup était un bel endroit. Une fois ses abruptes falaises dépassées, on y découvrait de grandes étendues de verdures, ponctuées çà et là par de magnifiques demeures, lieux de villégiature de nobles familles. Quelques bosquets venaient également habiller les verdoyantes prairies. La légère brise qui soufflait ce jour-là rendait l’endroit d’autant plus somptueux, faisant voyager l’odeur des rosiers jusqu’au nez du Cabot. C’était dans ces moments-là qu’il considérait son don comme une véritable bénédiction.

Le groupe arriva finalement aux abords d’une ferme, à la lisière d’un petit amas forestier. Si de jeunes bouleaux peuplaient majoritairement l’endroit, on y comptait aussi quelques vieux et imposants arbres. Chênes et pins venaient offrir un abri aux oiseaux de l’île, dont les chants venaient renforcer cette sensation de quiétude qui caractérisait l’atmosphère du village. L’un des deux gamins pointa le bâtiment :

- C’est ici, chez Gilbar. Et la forêt, là, c’est l’endroit où il a vu le monstre.

- Tu saurais nous dire quand c’est arrivé ?

- Il nous a raconté l’histoire il y a quelques jours ! On s’était donné rendez-vous sur le quai et, Gilbar, il était tout paniqué !

- Bon, avec un peu de chance, y’a encore des traces de son passage.

- Ouaif.

- Bien, c'est bon, vous deux. Vous pouvez nous laisser maintenant.

- Quoi ?

- On a pas besoin d’avoir de mioches dans nos pattes pendant qu’on cherche.

- Et puis, ça pourrait être dangereux pour vous, surtout.

- Mais…

- Y’a pas de mais, allez, fichez l’camp.

Alors que les deux gamins allaient – bien moins discrètement qu’ils ne le pensaient – se cacher derrière un muret non loin, nos deux compères commencèrent leur investigation. A première vue, rien ne suggérait le passage d’une créature monstrueuse dans les environs. Les feuilles qui tapissaient le sol rendaient impossible le repérage d’une quelconque trace de pas.

Un détail attira néanmoins l’attention du Cabot. Certains arbres semblaient avoir été meurtris, leurs troncs étant décharnés par endroits. Intrigué, il s’avança donc pour observer les dégâts de plus près. Les entailles n’étaient pas très profondes, mais particulièrement nettes : il était peu probable que cela corresponde à un quelconque phénomène naturel. Le monstre était probablement passé par là précédemment.

Farros fit signe à Obelon de s’approcher, tout en rapprochant son nez des entailles pour en constater l’odeur. Celle-ci était légère. Si quelque-chose était passé par là, c’était il y a quelques jours déjà. Tout laissait penser qu’il s’agissait bien du monstre aux pics.

Les deux enquêteurs improvisés commencèrent donc à s’enfoncer dans la forêt, curieux de ce qu’ils allaient y découvrir.
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Les marques continuaient jusqu’à une clairière au milieu du bois, un grand chêne en son milieu. Super. Il allait falloir vérifier chaque arbre qui en marquait le contour pour savoir dans quelle direction il s’était dirigé ensuite. Autant dire qu’il y en avait au moins pour une heure, s’ils voulaient fouiller correctement.

Ils s’attelèrent alors à la tâche, partant chacun de leur côté. Premier arbre, rien à signaler. Deuxième, rien. Troisième, toujours rien. Quatrième… à ce rythme là, ça allait être long. Soudain, pendant que Farros vérifiait son il-ne-savait-combientième arbre, un bruit se fit entendre derrière lui, dans les fourrés. Sans doute était-ce le contexte qui rendait son imagination fertile, mais le jeune homme ne put s’empêcher d’avoir un frisson. Il s’agissait certainement d’animaux sauvages. A moins que…

- Hého ? C’est vous, les p’tits ? Si c’est le cas, on vous a bien dit de pas nous suivre !

- Qu’est-ce qu’il se passe, Farros ? Un problème ?

- Non, non. Continues à chercher. J’ai juste entendu un bruit.

Un buisson frétillant attira alors son regard. Préparé à une attaque éventuelle, il s’avança doucement en position défensive. Tout paru soudainement silencieux, Farros ne percevait plus que les bruits qui émanaient du mystérieux buis. Il le sentait, il allait devoir se battre. Pourtant, il était loin d’être dans une forme olympique. Il ne fallait pas se leurrer, ses chances de survie étaient mineures face à un tel monstre.

Il n’était plus qu’à un pas lorsque le monstre bondit du buisson. A sa grande surprise, ce fut un autre monstre encore. Pourvu d’une longue queue, de deux dents avant acérées, de petites griffes et d’une fourrure entre le gris et le brun. Vraisemblablement, celui-ci était particulièrement agile. Monstrueusement même. Un véritable monstre… Un mon-… Ou bien… Un… Un écureuil ?

S’attendant à tomber nez à nez avec le monstre à pics, Farros ne put se retenir de pousser un cri de terreur. Frôlant la crise cardiaque, le pauvre rongeur se précipita au sommet d’un arbre. Insultant le Cabot de tous les noms. Enfin, en écureuil, cela s’apparentait plus à un tas de couinements énervés.

Ce malheureux incident eut néanmoins l’intérêt de créer un déclic dans l’esprit de Farros : « Arf, peut-être que ? ». Tournant des talons, il se précipita auprès du chêne centenaire qui trônait au centre de la clairière :

- Peut-être qu’il a pu grimper là-haut, avec ses mains pleines de pics !

- Tu crois ? C’est vrai qu’il était assez petit, mais de là à être assez souple pour ça…

Farros fit le tour de l’arbre à la recherche de traces. Rien à signaler. Obelon devait avoir raison. Dépité, il se laissa tomber à terre, faisant s’envoler les feuilles mortes qui tapissaient le sol. Un détail l’intrigua. Il en saisit une entre ses doigts et l’observa à la lumière du soleil. Elle était trouée, laissant un rayon la traverser. Le Cabot farfouilla alors parmi les autres feuilles, constatant que nombre d’entre elles possédaient les mêmes stigmates. En les reniflant, il souligna la même odeur légère que celle qui était présente sur les coupures qui marquaient les arbres. Peut-être n’avait-il pas totalement fait faux pas, finalement.

Il se mit alors à les éparpiller un peu partout, comme un chien qui s’amuserait à creuser un trou, découvrant peu à peu les racines du chêne centenaire. Celles-ci, bien que cachées par les feuilles, étaient denses et solides. Assez denses pour dissimuler une trappe, visiblement.

« Une trappe ?! » s’exclama intérieurement Farros, soulagé. Dévoilant son grand sourire quasi-canin, il invita Obelon à s’approcher. La trappe était à moitié bouffée par les termites, et le vieux bois qui la composait peinait à ne pas se détacher des gonds de métal rouillé qui permettaient son bon fonctionnement.

Celle-ci s’ouvrit sur une galerie souterraine, dépourvue de lumière. Creusée directement dans la terre et la roche, il ne semblait pas s’agir de l’œuvre de l’Homme. Certainement qu’un opportuniste était tombé sur cette cavité naturelle et avait décidé d’en profiter pour l’aménager. Enfin, avant que le monstre ne lui propose une collocation, probablement.

Une descente rocailleuse ouvrait l’accès au reste du dédale. « J’ouvre la marche. On n'a pas de quoi allumer une torche, mon odorat devrait faire l’affaire. » dit le Cabot.
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C’était un vrai labyrinthe, là-dessous. Le duo avançait à l’aveugle, prenant garde aux racines qui traversaient le plafond et rendaient le terrain difficilement praticable. Par chance, une odeur fruitée venait se démarquer de celle de la terre et de l’humidité, servant de véritable fil d’Ariane pour l’odorat du jeune homme.

Il ignorait ce qui pouvait être à l’origine de ces effluves, la source étant trop loin pour qu’il ne l’identifie. Cela-dit, il fallait bien commencer les recherches quelque part et cela paraissait être la meilleure option.

C’était bien pratique, d’avoir un odorat sur-développé, mais une source de lumière n’aurait pas été de refus. Si seulement il portait la ceinture utilitaire qu’il avait l’habitude d’enfiler avant d’aller cuisiner, il aurait au moins des allumettes. Malheureusement, il avait peu à peu perdu l’habitude de l’enfiler depuis qu’il avait commencé à ne plus considérer la cuisine comme sa raison de vivre. Coïncidence, depuis qu’il s’en était rendu compte, il se sentait aussi perdu au quotidien que dans ce tunnel tentaculaire souterrain.

L’odeur fruitée était de plus en plus proche. Ils y étaient presque, il le sentait. Peu à peu, il reconnaissait également des effluences de fermentation. Le Cabot craignait d’avoir deviné ce qui en était à l’origine. Manque de chance, son don inné ne lui permettait pas de prévoir la présence d’obstacles, ainsi trébucha-t-il par dessus une pierre confortablement installée au beau milieu du passage. Sa chute l’entraîna dans une dégringolade, enchaînant les roulés-boulés jusqu’à arriver en bas d’une pente de terre meuble, atterrissant contre une surface en bois :

- T’es vraiment pas doué. Rien de cassé ?

- Arf… Non, ça va. Et je crois que j’ai trouvé une porte…

Se redressant péniblement, il parvint à ouvrir la vieille porte grinçante, qui n’était pourvue ni de serrure ni de poignée et qui manqua de s’écrouler quand il la poussa. La cavité était plus spacieuse que les couloirs qui les y avaient menés. Fait curieux, une légère ouverture vers l’extérieur venait éclairer la caverne. Il s’agissait une fine brèche, trop petite pour que quoique ce soit puisse passer au travers.

Intrigué, Farros s’approcha et regarda à travers. Il n’en crut pas ses yeux. La brèche donnait directement sur la mer. La cavité se situait donc en bord de falaise. D’ailleurs, le vent qui s’y engouffrait était si puissant qu’il peinait à regarder à travers plus de quelques secondes. Quand il se retourna, il constata que Obelon avait déjà commencé à fouiller les nombreux conteneurs qui se trouvaient ici. Il semblait bien qu’ils avaient fini par le trouver, ce trésor. Restait à voir s’il y avait vraiment quelque chose d’intéressant parmi tout ce bric-à-brac :

- Du tissu, des babioles bizarres faites en bois… Jusque là, rien de très intéressant…

- Arf, j’espère qu’on a pas fait tout ça pour rien…

- Tiens...

- Quoi ?

- On dirait bien qu’on n’a pas fait tout ça totalement pour rien.

- Comment ç-…

D’un geste vif, Obelon dégagea l’énorme caisse de tissu qui leur bloquait la vue pour laisser apparaître quelque-chose d’autrement plus intéressant. Des dizaines et des dizaines de tonneaux de vin, visiblement tous produits à Sirup si on en croyait les écritures qui les ornaient. C’était donc de là que venait l’odeur fruitée qui chatouillait les narines de Farros ! Il constata que l’un d’entre eux était légèrement percé. Voilà qui expliquait l’omniprésence des effluves. Il avait certainement dû goutter partiellement sur le sol lorsqu’il avait été amené ici. Sans attendre plus longtemps, Obelon saisit une babiole en bois qui s’apparentait à un récipient, la dépoussiéra d’un bref mouvement de manche puis s’en servit pour goûter la boisson gratuite qui s’offrait à lui :

- Tu devrais faire pareil, j’en ai jamais bu d’aussi bon.

- Tu dis ça parce que t’as pas eu à le payer, herf herf.

- Tu m’as pris pour qui, là ? Mogla ?

- Bon, allez, sers-moi un verre. Juste histoire de goûter.

Juste pour goûter, hein. Mais il se foutait de la gueule de qui, à la fin ? Là où n’importe quelle personne sensée aurait choisi d’être raisonnable après une cuite comme celle qui avait eu lieu la veille, les deux jeunes hommes, eux, avaient choisi de remettre ça.

Il n’était pas question de traîner pour autant. Tout en se resservant copieusement, ils continuèrent leur examen des lieux. Il fallait bien l’avouer, vérifier le contenu de chacune des caisses qui se trouvaient dans la salle était loin d’être amusant. En gros, on se faisait chier. Enfin, jusqu’à ce que Obelon mette la main sur un coffret qui sortait de l’ordinaire. Celui-ci, fait d’un bois verni raffiné, était orné de dorures. Un solide mécanisme empêchait néanmoins de l’ouvrir.

Ça y est, c’était le pactole. Il y avait forcément quelque-chose de valeur là-dedans : des bijoux, des Berries… Sans plus attendre, poussé par son euphorie, Farros força la serrure en tirant de toutes ses forces sur chaque côté du coffret. L’opération se solda par un succès, signe que ses entraînements physiques des derniers mois n’avaient pas servi à rien, finalement. Les gonds ayant cédé, le petit conteneur s’ouvrir – littéralement – en deux.

L’intérieur était tapissé d’un velours rouge. Seulement… celui-ci ne semblait contenir qu’une seule chose, qui calma immédiatement leurs ardeurs face à l’idée d’y trouver une source de richesse :

- C’est quoi cette merle ! On se fait chier à chercher, et quand on trouve, c’est un fruit de merle ?

- Ohh attends *hip* ! Z’est certainement quelqu’un de riche qui a voulu faire importer un fruit exotique ! Zi za se trouve, il est délizieux ! Répondit Farros en salivant.

- Tu vas me dire que y’a un type qui a payé une fortune pour… chat, euh, ça ?

- Z’est bien toi qui répète tout le temps que le monde est rempli de cons, non ?

- Tu marques un coin. Un point.

- Bon. Par contre, j’vois pas à qui on va pouvoir vendre za.

- Fait chier…

-

- Je parie que t’as pas le cran de taper un croc dedans.

- Ah ouaif ? On va voir za, herf herf.

Bien décidé à contredire Obelon, Farros empoigna le fruit. Il l’observa un moment avant de l’engloutir. Assez petit, sa forme et sa couleur jaune orangée rappelaient les caractéristiques d’une pêche. En revanche, les motifs linéaires qu’il arborait le rendaient tout à fait particulier, traçant comme des zigzags anguleux sur sa surface. A vrai dire, il avait effectivement l’air tout à fait délicieux.

C’est fou comme les apparences sont parfois trompeuses. Le Cabot en prit une grande bouchée, confiant. Le goût qui s’empara alors de son palais était indescriptible. Jamais, vraiment jamais, il n’aurait cru un jour goûter à quelque chose d’aussi immonde. Cela s’apparentait à... de la pâtée pour chien bon marché ? Oui, c’est ce qui s’en rapprochait le plus. Sauf que c’était des centaines de milliers de fois pire. Et inutile de demander comment Farros savait quel goût pouvait bien avoir de la pâtée pour chien. Il fallait être curieux, quand on faisait carrière dans la gastronomie.

Obelon fut pris d’hilarité comme jamais Farros n’en avait encore été témoin. Il se tordait de rire sur le sol, s’étouffant presque alors qu’il tentait de décrire l’expression qui se lisait sur le visage du Cabot. Ce moment de fou-rire fut cependant raccourci lorsqu’une ombre menaçante vint se dessiner sur le sol rocailleux. Une ombre dont le contour dessinait de terrifiants pics aiguisés.

« AAAAAAAAAAAAARRGGGGGG !! ».
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Comme si ça ne suffisait pas déjà, Farros se sentait vraiment bizarre. Quelle erreur d’avoir mangé ce fruit. A croire que l’alcool ne lui avait pas déjà suffisamment retourné l’estomac. Pourtant, il fallait en faire fi et se concentrer sur l’urgence du moment. Le monstre se trouvait face à eux, et le Cabot pouvait désormais en distinguer chaque détail.

Il était encore plus hideux et effrayant vu de près. On aurait presque dit une sorte de lézard. Haut d’environ un mètre, son corps tout entier évoquait l’hostilité. Et, visiblement, il était passablement agacé par la présence des deux œnologues improvisés.

Il fallait réfléchir à un plan pour dégager, et vite. Farros doutait d’être dans un état propice au combat. La seule solution qui lui venait à l’esprit, c’était la fuite. Il regarda rapidement autour de lui. Il avait peu de temps. Son attention se porta sur l’une des grosses caisses de bois qui contenaient du tissu, à deux pas de lui. Il se précipita vers le conteneur et en arracha tout un pan, avant de jeter la plaque de bois sur la créature :

- FONCE TOUT DROIT !

- Quoi ?!

- FONCE LUI DROIT DESSUS, JE TE DIS ! REJOINS MOGLA ! J’TE ZUIS !

Acquiesçant légèrement, Obelon fonça et d’un bond, pris appui sur la planche qui recouvrait entièrement le corps de leur assaillant et atterri derrière lui avant de foncer à l’aveuglette dans le dédale souterrain. A peine avait il remit le pied à terre que de longs pics transpercèrent la planche, la détruisant sur le coup. Le monstre semblait avoir rapetissé d’une vingtaine de centimètres, mais ses défenses, elles, étaient plus longues qu’auparavant.

Farros allait devoir trouver un autre moyen de s’en sortir. Il y avait vraisemblablement peu de chance que sa technique fonctionne deux fois de suite. Le jeune homme recula pour augmenter l’espace qui le séparait de son adversaire :

- C’quoi c’bordel ?! T’m’expliques c’que v’foutiez dans ma planque ?

- Arf ! Un m-m… Un monztre qui parle ?! *hip*

- Eh mais… m’parole… T’complètement rond ou j’rêve ? M’dis pas qu’z’êtes v’nus ici pour m’taxer mon stock de vin ?

- Euh…

- Suffisait d’demander si v’vouliez boire un p’tit coup ! C’pas tous les jours qu’j’ai d’la compagnie. D’cidément les jeunots ils savent plus s’comporter poliments avec leurs aînés. Z’êtes des pirates, vous aussi, j’parie ?

- Arf…

- D’cidément, y’a du monde à Sirup c’temps-ci. D’bord Genkishi, puis vous. T’façon, j’suis juste v’nu récupérer deux-trois trucs qu’j’avais gardé ici. Tout c’t’alcool, là, j’saurai pas où l’foutre sur mon rafiot.

- Et d-donc v-vous êtes un monztre p-pirate ? Oui. Rien de plus normal… Bon je vais pas vous déranger plus longtemps, je vais m’en aller, j’ai azzez abusé de votre hozpitalité… Allez au-revoir…

- Attends voir deux s’condes, p’tiot.

-

- T’as pas vu un coffret ? P’tit, mais bien fignolé.

- Euh non, za me dit rien. J’ai p-pas vu de coffret avec des fioritures en or, non.


- … J’t’ai pas parlé de fioritures en or, p’tiot…

- Arf…

- Où tu l’as foutu ? Vite, avant qu’j’m’énerve pour d’bon.


- Eh ben… Je l’ai malencontreusement cazzé, mais, razzurez vous monzieur le monztre : y’avait juzte un fruit dedans. Dégoûtant, en plus.

- UN FRUIT ?! ET T’LA ENGLOUTI ?!

- Ou-oui, mais j’vous ai dit, il était dégueulazze !


- Ç’aurait pu m’apporter une p’tite fortune… J’vais t’faire la peau ! Foi d’Fink Berrick !


Il s’approcha de Farros, tous pics sortis. Le jeune homme était dos au mur, impuissant. Le monstre n’était plus qu’à un mètre, préparant son poing, tel un fléau d’armes. C’est alors qu’arriva quelque chose d’inexplicable. Alors que celui-ci allait s’écraser en plein dans la face de Farros, le jeune homme eut une sensation qui le perturba au plus haut point. Il eut l’impression de… rapetisser ? Oui, c’était ça. Il n’avait aucune idée de ce qui était en train de lui arriver, mais, dans l’immédiat, il avait d’autres chats à fouetter.

A peine eut-il esquivé l’attaque en passant entre les jambes du dénommé Fink qu’il reprit déjà sa forme normale. Tout ceci était très perturbant. Par chance, dans son mouvement de rage, son assaillant s’était coincé le bras dans la fine brèche qui ornait le mur de la cavité, et semblait peiner à le retirer.

C’est alors qu’un trait de génie parcourra l’esprit enivré du Cabot. Il se précipita vers la caisse qu’il avait détruite un peu plus tôt, récupérant le plus de vêtements possible. Le temps que Fink parvienne enfin à extirper son bras, Farros avait une pile immense de linge sur les bras. Furieux, le monstrueux reptile fonça en sa direction, avant de sauter en effectuant un salto mortel, ses pics s’apparentant à ceux de lances fraîchement aiguisées.

« Allez, ça passe ou ça casse. ». D’un geste ample, Farros lança l’intégralité des vêtements dans la direction du lézard. Emporté par son élan, il ne put pas les esquiver, se vautrant dans le tas de fripes, s’enroulant dedans, ses pics restant accrochés et empirant la situation. C’était le moment où jamais.

Farros prit ses jambes à son cou, plus rapide qu’il ne l’avait jamais été, s’enfonçant à son tour dans le labyrinthe terreux qui l’avait mené jusqu’ici. Derrière lui, il entendait Fink pester et se mettre à courir à son tour. Curieusement, il avait l’impression que son odorat était plus puissant encore que d’habitude. Il arrivait à percevoir les odeurs qui émanaient de l’extérieur, alors qu’il était encore bien loin de la sortie. Mais qu’est-ce qui lui arrivait, à la fin ?

Au moins, cela lui aura permis de s’extirper de ce souterrain au plus vite. L’estomac retourné, il se prit le temps de vomir près du grand chêne centenaire, non sans honte. Néanmoins, les pas de son poursuivant le rappelèrent à l’ordre.

Le Cabot se précipita alors en direction du port, Fink Berrick sur ses talons. Il y arriva sans embûches, détalant la pente qui marquait le côté sud de Sirup et qui en fendait ses falaises. Malheureusement pour lui, un autre obstacle l’attendait au bout du quai. En effet, le bateau se trouvait à une dizaine de mètres de celui-ci. Obelon, penché par dessus bord, lui hurla à titre d’information :

« On a oublié d’attacher le navire aux bittes d’emmerdage ! Euh, d’amarrage ! J’ai du nager jusqu’à ce foutu bateau ! Attends encore un peu, je suis presque au niveau du quai ! ».

Farros se retourna, en nage. L’homme-lézard n’était plus qu’à une vingtaine de mètres de lui, il n’avait pas le temps d’attendre. Il n’avait pas le choix. Reculant de quelques pas pour gagner en élan, il piqua un sprint jusqu’au rebord du quai, procédant à un saut en longueur magistral vers l’océan azur. Il se doutait bien qu’il n’arriverait pas à atteindre le bateau, mais il continuerait à la nage lui aussi s’il le fallait. L’important, c’était de foutre le camp au plus vite.

Nager ? Comment on faisait, déjà ? Il se sentait faible, tout à coup… Tellement faible… C’était l’alcool qui lui faisait ça ? Non… Autre chose… Qu’est-ce que… C’était… le… fruit ? Farros perdit conscience, se laissant totalement submerger. Juste avant qu’il ne sombre, il vit une silhouette venir à sa rescousse. 
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« Mogla ? ».
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