Tout se passait trop vite. Alors qu'elle était sur le point d'éclairer la chose avec ses coéquipiers, s'infiltrant dans la base en profitant de la pluie et de son corps résistant à l'eau et à l'hypothermie en se faufilant sous les pontons, l'équipe avait soudainement été convoquée par le contre-amiral Nelson lui-même.
Zola frissonna pour la première fois de la soirée, malgré son corps trempé de l'eau glaciale du port boréalin jusqu'au cou. Prenant une large inspiration, elle réfléchit, assise sous la pluie à l'aspect féerique. Attendre les membres de son équipe était une bonne idée (la seule idée qu'elle avait en tête), mais il fallait faire attention à ce qu'ils ne soient pas suivis; auquel cas, les guetter depuis une distance sûre était la meilleure idée à suivre. La frégate de Strauss, encore amarrée, était quasi désertée; et les vigies n'allaient sûrement pas surveiller l'intérieur-même du bateau. De plus, avec une pluie pareille, elle n'avait qu'a s'asseoir sagement dans un coin et attendre discrètement sans que personne ne vienne la remarquer.
C'est ce qu'elle fit donc, s'infiltrant à l'intérieur de la frégate étant assez facile par la proue qui faisait face à l'océan. Elle monta donc sur le navire, attendant patiemment le retour de ses coéquipiers. La présence du document dans la chambre expliquait tout : le faux suicide de Durieux, ce que Strauss voulait et les intentions de la Révolution et du Gouvernement quant à Boréa... Il ne lui restait qu'à trouver l'assassin, et son innocence était prouvée. Et son équipe allait se prouver indispensable pour ce faire.
Zola guetta attentivement le pont. Si seulement Banks était là ! Il aurait pu servir d’intermédiaire... Hélàs, il était resté à la base militaire, où une nouvelle mise à jour attendait Judith. Les heures se succédèrent lentement, dans un calme seulement troublé par une averse glacée. La rouille menaçant, la lieutenante fugitive considéra l'idée de se trouver un gîte pour la nuit, mais c'est alors qu'elle entendit la voix de Dole.
"Tout à l'heure. Elle était là. Juste en dessous du ponton. Elle y est peut-être encore. Zola ? Mon lieutenant ? "
Si elle avait été sous ce pont glacé, elle aurait peut être répondu présent. Mais depuis la frégate, Zola pouvait clairement voir que Dole, Attano et Taré n'étaient pas seuls. Peut-être avaient-ils convaincu la Marine de son innocence ? Mais ce qu'elle vit ensuite lui ôta tout espoir de cela.
Taré braqua son arme sur le ponton. Les deux autres s'exécutèrent également, suivi du reste de la patrouille. Judith jura. Les enfoirés comptaient l'embarquer ! Le contre-amiral avait du les faire changer d'avis. Mais comment ? Pourquoi ? Elle se redressa doucement pour quitter l'endroit le plus vite possible. Mais c'était sans compter les planches mouillées et grasses qui lui firent manquer un pas, la faisant glisser et en provoquant un léger brouhaha qui n'échappa aux oreilles vigilantes du caporal Tarnotevsly, son ancien , qui tourna son effrayant masque droit vers l'origine du bruit, localisant immédiatement Judith.
"J'ai trouvé Athéna. Proue de la frégate." Il mit son fusil en joue. Dole dégaina également son arme. Judith ne bougea pas, paralysée par la réaction de ses coéquipiers. Athéna ? Vraiment ?
"Vous faites une grosse boulette. J'ai un truc à vous dire et c'est..."
Un Den Den sonna. Le soldat opérateur passa l'escargot à Attano. "On a Athéna en visuel, mon amiral."
"Eh bien, qu'est-ce que vous attendez ? Vous avez vos ordres, sergent."
De sa grosse et grave voix, Attano déclama alors, sans une once d'hésitation :
"Unité. A mon commandement."
Les soldats s'alignèrent, Dole et Taré rentrant dans le rang. C'était une ligne d'infanterie.
"Attano ? Dole ? Euh... Les gars ? "
Aucune réponse. Si une once d'hésitation avait apparue plus tôt, ils avaient désormais l'air absolument convaincus.
"En joue..."
Nelson était un homme intelligent et charismatique, mais qu'est-ce qu'il leur avait dit ? Quel mensonge avait-il pu déblatérer pour les rendre aussi convaincus ? Et Athéna ? Judith repensa à son dossier, avant de faire tilt. Athéna... Oh non...
"Bande d'encu-"
"FEU !"
Judith se jeta en arrière pour éviter le gros de la salve à la dernière seconde. Son corps, tête excluse, pouvait se permettre d'encaisser quelques balles. La Marine ne voulait même pas l'entendre. Elle serait exécutée à vue; il n'y avait plus rien à faire ici. Courant à toute vitesse sur le pont du navire, de part en part, il fallait qu'elle regagne l'anonymat de la ville de Lavallière le plus vite possible. Sautant du pont arrière du navire, ses articulations mécaniques amortissant le gros de la chute, elle se lança éperdument dans les docks, s'assurant d'avoir une couverture constante. Plusieurs salves se firent entendre. Agile, Zola grimpa les 3 mètres de murs utilisant une poubelle non loin et son élan surhumain; l'alarme retentissait dans toute la base. Profitant d'un instant de calme temporaire, Judith arma sa lame, la considérant quelques secondes avant de la rétracter. Si elle prouvait son innocence pour cette affaire mais qu'elle tuait un marine innocent, tout cela ne servait à rien. Elle jura à nouveau. Zola était dans de beaux draps.
Une patrouille la repéra. Les mariniers vidèrent le contenu de leur fusils en direction de Zola, et cette fois sans sommations ni formations. Gagnant une ruelle, grimpant et sautant sur les murs, elle atteignit la sécurité des toits. La lieutenante connaissait exactement le modus operandi de la Marine dans le cas des poursuites. Les officiers traçaient déjà les cartes et coordonnaient les opérations de battues sur toute la ville, profitant du moindre signalement de celle-ci pour tracer les itinéraires probables. Aujourd'hui, un périmètre sera créé pour l'encercler et l'isoler. Demain et cette nuit, les descentes fouilleront tout bâtiment où elle pourrait se cacher. Lavallière n'était plus sûre. Prenant soin de ne laisser aucune trace, et prenant de vitesse la marine qui mettrait du temps à se déployer sur l'ensemble des quartiers, il n'y avait aucun doute que Judith puisse gagner la fin de la ville. Mais que faire à partir de là ?
Au milieu de ses réflexions, elle s'arrêta. a une vingtaine de mètres, sur un toit un homme agitait un drapeau. Un drapeau noir.
"Athéna ! Par là !" fit-il.
Athéna, encore ? Même les révolutionnaires s'y mettaient ? Elle rejoint l'homme en quelques secondes, qui la redirigeait vers une fenêtre. "Ils vont bientôt vous retrouver. Sautez. Vite !"
"Merde, merde, merde."
Elle s'exécuta et s'engouffra dans la lucarne ronde. Un groupe de révolutionnaires lui firent signe :
"C'est bien Athéna ?"
Révolutionnaires, c'était du moins ce qu'elle supposait. En réalité, il semblait plutôt s'agir d'un jeune couple.
"Oui, la cape et tout. C'est elle !"
"Athena, fit la femme du couple, prenez le couloir et la porte à droite. Surtout, ne vous arrêtez pas !"
Judith suivit les ordres de la dernière voix. Derrière elle, elle entendait des tambourinement de portes. Et la Marine qui demandait d'ouvrir. Au moment où elle entra dans la nouvelle salle, la porte d'entrée s'ouvrit, les marins n'ayant pas remarqué l'entrée hâtive de la nouvellement nommée Athéna. Dans la nouvelle salle, un homme âgé l'attendit, avec d'autres instructions, et le même ton paniqué, lui demandant cette fois de sauter par la fenêtre vers le toit plat d'une auberge en face, de continuer jusqu'à l'autre bout du toit, où sa destination l'attendait. Elle prit une longue inspiration. Jura à nouveau, et sauta; mais les marins venaient d'ouvrir la porte. Depuis la fenêtre, un des soldats visa la nuque d'une Judith qui courait à toute haleine vers la fin du bâtiment, et il l'aurait bien eu si le vieillard n'eût pas sauté dans un élan désespéré pour la sauver.
Judith sauta alors, gagnant une petite allée terminée par un cul de sac. Tournant sa tête vers la rue principale, des torches projetaient l'ombre d'une vingtaine de marine. Judith était piégée.
Mais pourtant, lorsque les marins arrivèrent à la rue, ils ne trouvèrent personne.
Zola frissonna pour la première fois de la soirée, malgré son corps trempé de l'eau glaciale du port boréalin jusqu'au cou. Prenant une large inspiration, elle réfléchit, assise sous la pluie à l'aspect féerique. Attendre les membres de son équipe était une bonne idée (la seule idée qu'elle avait en tête), mais il fallait faire attention à ce qu'ils ne soient pas suivis; auquel cas, les guetter depuis une distance sûre était la meilleure idée à suivre. La frégate de Strauss, encore amarrée, était quasi désertée; et les vigies n'allaient sûrement pas surveiller l'intérieur-même du bateau. De plus, avec une pluie pareille, elle n'avait qu'a s'asseoir sagement dans un coin et attendre discrètement sans que personne ne vienne la remarquer.
C'est ce qu'elle fit donc, s'infiltrant à l'intérieur de la frégate étant assez facile par la proue qui faisait face à l'océan. Elle monta donc sur le navire, attendant patiemment le retour de ses coéquipiers. La présence du document dans la chambre expliquait tout : le faux suicide de Durieux, ce que Strauss voulait et les intentions de la Révolution et du Gouvernement quant à Boréa... Il ne lui restait qu'à trouver l'assassin, et son innocence était prouvée. Et son équipe allait se prouver indispensable pour ce faire.
Zola guetta attentivement le pont. Si seulement Banks était là ! Il aurait pu servir d’intermédiaire... Hélàs, il était resté à la base militaire, où une nouvelle mise à jour attendait Judith. Les heures se succédèrent lentement, dans un calme seulement troublé par une averse glacée. La rouille menaçant, la lieutenante fugitive considéra l'idée de se trouver un gîte pour la nuit, mais c'est alors qu'elle entendit la voix de Dole.
"Tout à l'heure. Elle était là. Juste en dessous du ponton. Elle y est peut-être encore. Zola ? Mon lieutenant ? "
Si elle avait été sous ce pont glacé, elle aurait peut être répondu présent. Mais depuis la frégate, Zola pouvait clairement voir que Dole, Attano et Taré n'étaient pas seuls. Peut-être avaient-ils convaincu la Marine de son innocence ? Mais ce qu'elle vit ensuite lui ôta tout espoir de cela.
Taré braqua son arme sur le ponton. Les deux autres s'exécutèrent également, suivi du reste de la patrouille. Judith jura. Les enfoirés comptaient l'embarquer ! Le contre-amiral avait du les faire changer d'avis. Mais comment ? Pourquoi ? Elle se redressa doucement pour quitter l'endroit le plus vite possible. Mais c'était sans compter les planches mouillées et grasses qui lui firent manquer un pas, la faisant glisser et en provoquant un léger brouhaha qui n'échappa aux oreilles vigilantes du caporal Tarnotevsly, son ancien , qui tourna son effrayant masque droit vers l'origine du bruit, localisant immédiatement Judith.
"J'ai trouvé Athéna. Proue de la frégate." Il mit son fusil en joue. Dole dégaina également son arme. Judith ne bougea pas, paralysée par la réaction de ses coéquipiers. Athéna ? Vraiment ?
"Vous faites une grosse boulette. J'ai un truc à vous dire et c'est..."
Un Den Den sonna. Le soldat opérateur passa l'escargot à Attano. "On a Athéna en visuel, mon amiral."
"Eh bien, qu'est-ce que vous attendez ? Vous avez vos ordres, sergent."
De sa grosse et grave voix, Attano déclama alors, sans une once d'hésitation :
"Unité. A mon commandement."
Les soldats s'alignèrent, Dole et Taré rentrant dans le rang. C'était une ligne d'infanterie.
"Attano ? Dole ? Euh... Les gars ? "
Aucune réponse. Si une once d'hésitation avait apparue plus tôt, ils avaient désormais l'air absolument convaincus.
"En joue..."
Nelson était un homme intelligent et charismatique, mais qu'est-ce qu'il leur avait dit ? Quel mensonge avait-il pu déblatérer pour les rendre aussi convaincus ? Et Athéna ? Judith repensa à son dossier, avant de faire tilt. Athéna... Oh non...
"Bande d'encu-"
"FEU !"
Judith se jeta en arrière pour éviter le gros de la salve à la dernière seconde. Son corps, tête excluse, pouvait se permettre d'encaisser quelques balles. La Marine ne voulait même pas l'entendre. Elle serait exécutée à vue; il n'y avait plus rien à faire ici. Courant à toute vitesse sur le pont du navire, de part en part, il fallait qu'elle regagne l'anonymat de la ville de Lavallière le plus vite possible. Sautant du pont arrière du navire, ses articulations mécaniques amortissant le gros de la chute, elle se lança éperdument dans les docks, s'assurant d'avoir une couverture constante. Plusieurs salves se firent entendre. Agile, Zola grimpa les 3 mètres de murs utilisant une poubelle non loin et son élan surhumain; l'alarme retentissait dans toute la base. Profitant d'un instant de calme temporaire, Judith arma sa lame, la considérant quelques secondes avant de la rétracter. Si elle prouvait son innocence pour cette affaire mais qu'elle tuait un marine innocent, tout cela ne servait à rien. Elle jura à nouveau. Zola était dans de beaux draps.
Une patrouille la repéra. Les mariniers vidèrent le contenu de leur fusils en direction de Zola, et cette fois sans sommations ni formations. Gagnant une ruelle, grimpant et sautant sur les murs, elle atteignit la sécurité des toits. La lieutenante connaissait exactement le modus operandi de la Marine dans le cas des poursuites. Les officiers traçaient déjà les cartes et coordonnaient les opérations de battues sur toute la ville, profitant du moindre signalement de celle-ci pour tracer les itinéraires probables. Aujourd'hui, un périmètre sera créé pour l'encercler et l'isoler. Demain et cette nuit, les descentes fouilleront tout bâtiment où elle pourrait se cacher. Lavallière n'était plus sûre. Prenant soin de ne laisser aucune trace, et prenant de vitesse la marine qui mettrait du temps à se déployer sur l'ensemble des quartiers, il n'y avait aucun doute que Judith puisse gagner la fin de la ville. Mais que faire à partir de là ?
Au milieu de ses réflexions, elle s'arrêta. a une vingtaine de mètres, sur un toit un homme agitait un drapeau. Un drapeau noir.
"Athéna ! Par là !" fit-il.
Athéna, encore ? Même les révolutionnaires s'y mettaient ? Elle rejoint l'homme en quelques secondes, qui la redirigeait vers une fenêtre. "Ils vont bientôt vous retrouver. Sautez. Vite !"
"Merde, merde, merde."
Elle s'exécuta et s'engouffra dans la lucarne ronde. Un groupe de révolutionnaires lui firent signe :
"C'est bien Athéna ?"
Révolutionnaires, c'était du moins ce qu'elle supposait. En réalité, il semblait plutôt s'agir d'un jeune couple.
"Oui, la cape et tout. C'est elle !"
"Athena, fit la femme du couple, prenez le couloir et la porte à droite. Surtout, ne vous arrêtez pas !"
Judith suivit les ordres de la dernière voix. Derrière elle, elle entendait des tambourinement de portes. Et la Marine qui demandait d'ouvrir. Au moment où elle entra dans la nouvelle salle, la porte d'entrée s'ouvrit, les marins n'ayant pas remarqué l'entrée hâtive de la nouvellement nommée Athéna. Dans la nouvelle salle, un homme âgé l'attendit, avec d'autres instructions, et le même ton paniqué, lui demandant cette fois de sauter par la fenêtre vers le toit plat d'une auberge en face, de continuer jusqu'à l'autre bout du toit, où sa destination l'attendait. Elle prit une longue inspiration. Jura à nouveau, et sauta; mais les marins venaient d'ouvrir la porte. Depuis la fenêtre, un des soldats visa la nuque d'une Judith qui courait à toute haleine vers la fin du bâtiment, et il l'aurait bien eu si le vieillard n'eût pas sauté dans un élan désespéré pour la sauver.
Judith sauta alors, gagnant une petite allée terminée par un cul de sac. Tournant sa tête vers la rue principale, des torches projetaient l'ombre d'une vingtaine de marine. Judith était piégée.
Mais pourtant, lorsque les marins arrivèrent à la rue, ils ne trouvèrent personne.