Le réveil fut dur. Dur pour Judith, perdue dans une réalité où le cauchemar était partie prenante. Un passé trouble, sombre, qui n'était en aucun cas sensé exister, qui prenait le pas sur une réalité chancelante. Mais elle avait un point d'ancrage. Un document officiel du CP6. Un dossier avec un tampon "confidentiel", signé des traces de sang de son ancien supérieur, le colonel Strauss.
Un dossier intitulé Athéna.
Doucement, elle leva sa main en direction de son soutien-gorge, mais elle ne sentait pas le papier entre ses seins; quelque chose manquait. Elle tenta de vérifier cela avec ses mains, Mais ses mains furent arrêtée net. Ouvrant les yeux, elle découvrit son lit, des sangles solidement attachés à ses mains et à un socle immobile.
"Bonjour, Athéna. Bienvenue à Bourgeoys. Ou devrais-je dire, Bonjour, Judith Zola ?"
La Dame Blanche n'était plus la jeune femme plus qu'accueillante de prime abord. Froide et distante, la combinaison d'équitation, alliée au pistolet sur sa hanche, bien qu'il ne laissait aucun doute quand à son appartenance à la haute bourgeoisie, montrait qu'elle était parfaitement capable de se salir les mains s'il le fallait. Et Judith, enchaînée, n'avait d'autre choix que de répondre.
"Ecoutez, toute cette histoire est un malentendu."
La Dame sourit. "Oh que oui."
Elle jeta le document de strauss à plat sur le ventre d'une Judith immobilisée.
"Discutons un petit moment, vous et moi."
Posté Mar 1 Oct 2019 - 2:41 par Judith Zola
"Votre arrivée était attendue."
Quelques jours ? Le meurtre avait été effectué il y a un jour à peine.
"Et comment avez-vous su que je n'étais pas Athéna ?"
La Dame Blanche sourit d'un air indulgent, comme si la réponse était évidente.
"Parce qu'Athéna est tout simplement... Ailleurs."
Alors qu'elle parlait, elle s'approcha du corps sanglé de Judith, ainsi que du rapport posé sur elle.
"J'apprends ensuite, quelques heures plus tard, d'une source confidentielle interne à la Marine, que la raison de l'arrivée de Danforth Nelson n'était pas due au meurtre de Strauss, mais à un document que Strauss possédait à sa mort et qui avait disparu avec Athéna. Cette dernière ne m'ayant pas fait mention d'une telle information, j'ai supposé, à raison, que ce document était en votre possession. Durant votre... Absence, je l'ai lu. L'avez vous-lu ?"
Évidemment. Le rapport était court, et elle avait pris le temps d'en lire tout le contenu. Mais rien de pertinent ne semblait apparaître, à part des informations sur Athéna qui lui permettait de l'incarner. Peut-être que Strauss avait eu l'intention de lui donner cette couverture, mais avait été doublé par la véritable Athéna.
"Oui." Affirma Judith, sans grande surprise.
"Athena, reprit La Dame Blanche, est la responsable d'une série de meurtres et d’assassinats sur l'ensemble des Blues. Certains étaient des cibles connues de la Révolution, d'autres ne l'étaient pas. Strauss, par exemple, n'était pas une cible, juste un officier de la Marine qui faisait son travail. Le rapporteur en question, nom de code 'Archange', semblait enquêter sur ces assassinats qui n'avaient justement aucune base officielle, même si les crimes étaient bel et bien commis par des agents imitant parfaitement les codes de l'Umbra. Leurs points communs. "
"Le colonel Strauss et cinq autres victimes, ainsi qu'un Valet de la révolution qui s'était avéré être un agent du CP6 sous couverture, ami d'Archange; ce qui enclencha sans doute cette enquête-tous avaient un point commun évident : tués par Athena sans raison apparente. "
Cette partie du rapport, Judith ne l'avait pas considérée. Après tout, que les révolutionnaires avaient des comptes personnels à régler, que la Révolution ne suivaient pas les supérieurs à la lettre... Était-ce si surprenant ?
"Mais il y avait un autre point commun. Ce point commun est écrit dans ce rapport"
"Lequel ? Le rapport ne contenait pas d'information à ce sujet."
En effet, celui-ci ne mentionnait que rapidement les victimes, de leurs noms, avec très peu d'information sur qui était réellement cet assassin drapé de mystères.
La Dame Blanche, plus connue sous le nom de Maëllys de Frankrijk, sourit à nouveau.
"C'est que vous l'avez mal lu."
Un des agents lui tint le rapport. C'était bien le même rapport, mais il avait été altéré, jauni et légèrement visqueux.
"Une nouvelle technique de chiffrage, expliqua Maëllys. Une encre invisible, que seul la bave d'un certain Den Den permet de révéler. Une technique de révolutionnaires, d'ailleurs, ce que j'avais trouvé très étrange, lorsque j'ai reconnu le léger reflet de l'encre en question. Venait-il de tourner casaque ? Si c'était le cas, alors pourquoi vous rencontrer vous ? Tout autant d'interrogations, dont les réponses sont ici. Maintenant, lisez. "
Posté Mer 16 Juin 2021 - 16:37 par Judith Zola
Sans Judith Zola, notre unité était désorienté. Pour une femme taciturne et solitaire, elle contribuait, à sa manière, à la cohésion de l'équipe, formant le liant qui justifiait pourquoi moi, Taré et Dole "Mecaniqueman" avaient une espèce d'esprit de corps. Je n'avais pas le génie sans ambitions de Dole, ni la paranoïa de Taré. Ce genre de gens n'étaient pas les gens avec qui je voulais nouer des amitiés.
Et pourtant nous voilà, assis à trois devant l'amiral, un air contrit sur le visage pour Dole, une expression impalpable sur Taré qui portait son masque, et moi et ma gueule patibulaire.
"Attano, fiston, je vais être honnête avec vous." La voix de Danforth Nelson, nasillarde, irritée, et pourtant trahissant une énorme lassitude, pesait dans la salle. A ses côtés, deux hommes, deux soldats du rang, assurant la garde. Non pas qu'il en avait besoin. Une claque du petit homme suffirait à m'envoyer dans la stratosphère.
"Je pense que ni vous, ni votre unité, n'êtes au courant de rien du tout. Si je suis venu moi-même vous interroger, c'est pour prétendre que j'en ai quelque chose à foutre devant le Cipher Police. Il y a des gars, des gars qui m'ont incroyablement emmerdé pour que je vienne ici, soi-disant parce que la situation politique est instable, mais moi je vois l'inverse. Je vois une situation particulièrement stable, parce que tout le monde ici nous déteste, à l'unanimité. Des aggressions toutes les rues. Les marins cantonnés à certains bars uniquement et forcés de sortir par groupe de dix, armés."
Danforth marqua un silence. "Je suppose que ça doit sonner un paradoxal."
"Un peu, mon amiral." ai-je répondu un moment après, lorsque je me suis rendu compte qu'il voulait une réponse à son monologue.
"Parce que lorsque les gens sont unanimes, ils ne foutent pas le bordel dans les rues. Les boréalins aiment leur roi. Le roi apporte l'ordre et est soumis au gouvernement mondial. A partir de là, y'a pas d'émeutes. Nous on reste à côté du port, pour marquer le coup, mais c'est tout. Et tout ce que je viens de dire, c'est pas forcément mon avis. M'est avis que tout ces couillons de royalistes devraient faire comme toutes les îles des Blues et se soumettre à la Marine, plutôt que d'avoir à fédérer ce nid à révolutionnaires de loin. Mais c'est l'avis du CP, et le CP croit que je suis assez con pour croire qu'on est aujourd'hui venu pour soumettre Boréa à la Marine, pile le jour ou un officier de la Marine, avec l'entraînement d'un assassin du CP5, et un arsenal de la Marine d'élite, avec un corps tout droit sorti des forges de la Brigade Scientifique, décide de tuer un officier qui, on vient de découvrir, avait des connexions avec la Révolution."
J'étais dépassé parce qu'il me racontait. C'était purement de la politique, et la politique, j'en avais honnêtement rien à carrer. Tout ce que je sais, c'est que le lieutenant Zola m'avait donné une deuxième chance.
"Mon amiral, j'ai pas trop compris tout ce que vous venez de me dire, mais honnêtement, vous avez raison sur une chose : on est au courant de rien."
"Je sais. Mais je vais vous expliquer la chose autrement, alors ouvrez vos oreilles, tous. Le Cipher Police me dit que cette femme est une taupe révolutionnaire qui a tué Strauss pour lui voler des documents importants. Mais moi surtout, je vois un projet inter-armées qui s'est barré en sucette, et des gens paniqués qui veulent effacer leurs traces, et un royaume qui, doucement et sûrement, avec cet arrivage en masse de la Marine, va commencer à paniquer. "
"Le CP veut lancer une guerre civile pour couvrir Zola ?"
Dole renchérit. "Non. Ce qu'ils veulent, c'est un Buster Call. Et pas pour couvrir Zola, non. Pour anéantir toute trace d'elle et de son existence. Judith a pas tué Strauss. C'était un piège pour justifier sa traque, et détruire l'antenne révolutionnaire de Boréa par là même. Et si on ne fait rien..."
"...je suppose qu'on crèvera dans les tirs croisés.", continua Taré.
Danforth opina du chef. "Vous avez une équipe de génie, Attano. La chance. Je suis entourés de cons de magouilleurs, moi." Il soupira "Bref. Attano, fiston, je vous donne le commandement de l'escouade. Votre mission sera d'enquêter sur la mort de Strauss, et la disparition de Judith Zola. Cette mission est absolument secrète, donc restez discrets. Pendant ce temps, je jouerai la comédie, et je continuerai à leur faire croire que je joue le jeu, histoire qu'ils nous ramènent pas un amiral un peu plus belliqueux. Attendez vous à des émeutes et à un beau bordel. Bon courage, messieurs. "
Une fois sortis, J'ai soupiré. "On pourrait juste se tirer d'ici maintenant", proposa Tarnotevsly.
"Et avoir la marine et le CP au cul ? On tiendrait pas une semaine." rétorqua Dole. "Ce qu'on peut faire, par contre, c'est faire avancer le schmilblick. Je repensais à un truc... l'aubergiste qui a accusé Judith, il est toujours là bas ?" J'ai approuvé. On était peut-être pas bâti pareils, mais Danforth avait raison. On pourrait arriver à quelque chose si on travaillait ensemble, comme sous Judith. "Bonne idée, tiens. On va aller lui poser quelques questions, pour commencer."
Posté Sam 19 Juin 2021 - 14:17 par Judith Zola
Et le fameux aubergiste dont on parlait était là, en train de rentrer chez lui, laissant là son fils pour le service de nuit. Habitant à quelques rues du centre-ville où trônait son bouge, il était parti pour rentrer chez lui. 4 heures, comme d'habitude, les rues silencieuses lui prodiguant un certain confort routinier.
Cette nuit était néanmoins différente. Les évènements de ces derniers jours n'aidant pas, il se sentait comme suivi, surveillé dans le moindre de ses faits et gestes. Il s'arrêta brièvement, après avoir entendu un bruit. jetant un coup vers la source, soulagé de ne voir que ce n'était qu'une corneille ayant pris son envol, avant de s'engager dans une ruelle au pas de course. Ce soir, il ne valait mieux pas rentrer chez soi.
Arpentant les ruelles de Boréa à toute vitesse, il arriva finalement à un entrepôt désaffecté dont la porte métallique était barrée d'un judas. Une forme familière se dessinait, et attendait le mot de passe. Satisfait, la forme entrouvrit la porte, et judi
J'ai fait signe à Taré et à Dole, qui opinèrent du chef. C'était bien l'endroit. Nous nous cachâmes une rue plus loin pour discuter.
"Le gars est donc révolutionnaire," conclut Dole. "Ils ont tué Strauss, et ont fait porté le chapeau à Judith. On devrait retourner à la base pour raconter tout ça à Nelson, arrêter tout ce beau monde, et interroger les gars sur où est passée Zola."
J'ai eu un instant d'hésitation, mais en vrai, ça se tenait. Mais au moment où on s'est détourné pour partir, Taré, resté fixe, déclara :
"Niet. Y'a un truc qui cloche dans cette histoire."
D'un léger hochement de tête, je lui fis signe de continuer.
"Athena est un vrai assassin dans les blues. Elle existe. Judith est sapée comme un assassin de l'Umbra. Drôle de coïncidence, non ?"
"Oui, et alors ?" Ai-je demandé, impatient.
"Vous partez tous du fait que Judith Zola n'est pas Athena, mais supposez que c'est le cas. Alors pourquoi l'aubergiste, qui est révolutionnaire, irait la balancer à la Marine ? Personne ne savait pour la rencontre entre Strauss et Judith. Elle aurait pu le tuer, priver la Marine d'un de ses officiers supérieurs, et continuer sa vie comme de rien n'était. Nous ? On aurait rien dit."
"On aurait rien dit ? Moi j'aurais dit quelque chose", contredit Dole, surpris.
Tarno le fixa intensément, à tel point que Dole détourna les yeux, bien moins sûr de son affirmation.
"Vraiment ? Attano s'est fait épinglé pour détourner des fonds, d'après le médecin de Lavallière, j'aurais clairement pas pu réussir mon examen psychiatrique, et honnêtement, tu n'as ni le physique ni le comportement de la profession, camarade Mecaniqueman. Et pourtant, nous voilà propulsé sous les ordres direct d'un officier de la marine pour des missions d'investigations. Et pas plus tard qu'hier, on s'est mis en tête de prouver envers et contre tous qu'elle est innocente. Pourquoi ?"
"Parce qu'on est loyaux." reconnu Dole.
"Et parce qu'on lui est redevables.", ai-je ajouté. "Elle nous a choisi exprès." Taré avait raison, peu importe le nombre de fois que je secouais la tête, l'idée ne parassait pas si folle. "Elle avait préparé son coup depuis un très long moment, si c'était le cas."
"Elle porte ses lames de poignets depuis plus longtemps qu'on sert avec elle. Peu importe. Si elle a tué Strauss, les révolutionnaires ne l'auraient pas balancés. Or le gars qui l'a balancé ne doit pas être un révolutionnaire. Un agent double, da-"
"Si, c'est un révolutionnaire," fit une voix.
On s'est brusquement retourné armes braquées. La voix venait de nul part. Quoique...
Taré regarda les toits, y pointant son arme. Dole fit de même. Je fis de même. Il y avait une centaine de gars pointant leurs flingues sur nous.
"Un révolutionnaire de Boréa," termina Richter. "Baissez vos armes messieurs, et rendez-vous."