BLAM !
La porte de notre cellule se ferme avec fracas tandis que l'officier en charge de nous y enfermer enfonce la clé dans la serrure. Derrière les barreaux, affichant un sourire satisfait, la princesse Nina admire son oeuvre :
- Ne vous en faites pas, votre exécution aura lieu bien assez tôt. Il serait dommage de priver le peuple d'un tel spectacle ! Et il faut bien que nos hommes continuent d'inspirer le respect.
J'ouvre la bouche pour répondre mais les mots ne sortent pas. Les menottes en granit marin m'aspirent mes forces et les événement s'étant enchaînés sans que j'y sois préparé, je me retrouve pris au dépourvu. Matt n'en mène pas large non plus, avec sa lèvre enflée : il s'est indigné et a crié à l'injustice et le capitaine Ikeb, l'un des hommes de la garde d'Alubarna, lui a collé son poing dans la figure.
Alors que la jeune femme aux bijoux multiples et au fard prononcé s'éloigne en gloussant, nous nous laissons tomber sur notre couche. Je prends le temps de me remémorer ces derniers jours : nous étions arrivés sur Alabasta, avions cherché des pistes me menant à mes parents, avions attiré l'attention de la garde, étions tombés entre les mains de la princesse Nina, avions menti, étions partis chercher sa cousine Cloclo dans le désert et, une fois de retour, avions été trahis... Enfin c'est ainsi que je vois les choses. Même en considérant le fait que je sois un pirate, une parole donnée doit être respectée. Sinon dans quel monde vit-on ?
De toute manière, il est trop tard pour se lamenter. Nous sommes pris au piège. Cette maudite pimbêche a su ruser alors que nous faisions ce qu'elle voulait. Maintenant, à nous de payer pour notre naïveté désolante...
- Psst... Hé ! Arhye, Matt...
Nous levons la tête et haussons les sourcils, surpris de voir la personne qui nous appelle : cette fois, c'est la princesse Cloclo qui se présente devant nous. Elle n'a rien à envier aux charmes de sa cousine. Ses formes sont, à défaut d'être généreuses, joliment proportionnées ; ses grands yeux, dénués de maquillage, sont brillants d'intelligence et de sincérité ; ses lèvres sont fines, mais sans imperfections, à la fois délicates et attirantes... Il n'y a pas à dire : c'est une beauté naturelle.
- Que faites-vous là ?
- Je voulais vous dire que... Enfin... Je n'avais pas eu le temps de vous remercier et...
- Ce n'est pas la peine. On a fait ce qu'on devait faire, point. Maintenant si vous voulez bien...
- Je suis désolée ! Pour ça ! Sincèrement... Je ne comprends pas pourquoi on doit en arriver là.
- Parce que nous sommes des pirates. Il n'y a pas besoin de chercher plus loin.
- Mais vous m'avez aidée. Vous m'avez sauvée !
- Et ? Est-ce que ça efface notre ardoise pour autant ? Vous croyez qu'une prime a été placée sur ma tête parce que j'ai fait pleurer une fille qui jouait à la marelle ? Vous ne savez pas ce qu'on a traversé avant d'arriver ici.
- Dans ce cas, racontez-moi. Je veux comprendre. Je tiens à écouter vos hist...
- Qu'est-ce que ça changera ?! Rien du tout ! Vous ne vous y intéressez que parce que vous rêver de piraterie depuis votre jolie petite chambre, à l'intérieur de votre beau petit palais ! Qu'est-ce que vous savez vraiment de la vie de forban ? Comment imaginez-vous que les gens nous voient ?! Vous ne partez pas à l'aventure, princesse. Vous vous promenez, sans craindre pour votre vie... Vous êtes juste naïve.
- Je ne vous permets pas... Comment osez-vous... Qu'est-ce qu'il vous prend ?!
- Ce qu'il me prend ? Il me prend que je suis là, à écouter les excuses d'une fille qui n'a jamais rien connu d'autre que son foutu désert et qui ose croire qu'elle peut comprendre ce qu'est la vie au dehors ! Si vous êtes encore en vie, c'est parce que JE suis venu vous sortir du pétrin ! Et pour quoi ? RIEN ! A part la promesse d'une exécution ! Vous vouliez savoir ce que c'est d'être un pirate ? Eh bien ne cherchez pas plus loin : voilà tout ce que ça vous rapporte ! Sur ce princesse, je vous prie de bien vouloir nous laisser. Je n'ai plus rien à vous dire.
Choquée, la belle jeune femme reste bouche bée devant notre cellule. Au bout d'un moment, ses lèvres tremblantes finissent par remuer de sorte à produire un son, mais rien ne vient. Se sachant impuissante et incapable de répondre, elle finit par s'éloigner en courant, les larmes aux yeux. Matt la regarde partir, peiné. Il se tourne vers moi et ne dit rien lui non plus : il sait très bien ce qu'il en est, il me connait depuis un moment maintenant. Je ne pensais absolument rien de ce que je lui ai dit. En temps normal, je n'aurais pas été aussi ingrat envers une personne comme elle... Seulement voilà : je suis un criminel. Je ne peux pas la laisser finir de la même façon. Elle n'a pas de raison d'être hors-la-loi, ce serait une erreur de l'y encourager. Et si jamais elle s'y obstine eh bien... J'aurais au moins réussi à couper les ponts avec elle. Je me dédouane par lâcheté, il est vrai. Mais c'est toujours mieux que d'avoir son sort tragique sur la conscience.
Je me suis couché sur le lit miteux, tourné contre le mur, totalement fermé à toute nuisance extérieure. Ruminant ma frustration, ma tristesse et tout le reste, je m'obstine à fixer le grès rouge et poussiéreux. Le temps passe et j'essaie tant bien que mal de penser à autre chose...
C'est alors qu'une voix se fait entendre à travers la cloison :
- On dirait bien que nous avons eu autant de veine. Vous venez d'où, les pirates ?
La porte de notre cellule se ferme avec fracas tandis que l'officier en charge de nous y enfermer enfonce la clé dans la serrure. Derrière les barreaux, affichant un sourire satisfait, la princesse Nina admire son oeuvre :
- Ne vous en faites pas, votre exécution aura lieu bien assez tôt. Il serait dommage de priver le peuple d'un tel spectacle ! Et il faut bien que nos hommes continuent d'inspirer le respect.
J'ouvre la bouche pour répondre mais les mots ne sortent pas. Les menottes en granit marin m'aspirent mes forces et les événement s'étant enchaînés sans que j'y sois préparé, je me retrouve pris au dépourvu. Matt n'en mène pas large non plus, avec sa lèvre enflée : il s'est indigné et a crié à l'injustice et le capitaine Ikeb, l'un des hommes de la garde d'Alubarna, lui a collé son poing dans la figure.
Alors que la jeune femme aux bijoux multiples et au fard prononcé s'éloigne en gloussant, nous nous laissons tomber sur notre couche. Je prends le temps de me remémorer ces derniers jours : nous étions arrivés sur Alabasta, avions cherché des pistes me menant à mes parents, avions attiré l'attention de la garde, étions tombés entre les mains de la princesse Nina, avions menti, étions partis chercher sa cousine Cloclo dans le désert et, une fois de retour, avions été trahis... Enfin c'est ainsi que je vois les choses. Même en considérant le fait que je sois un pirate, une parole donnée doit être respectée. Sinon dans quel monde vit-on ?
De toute manière, il est trop tard pour se lamenter. Nous sommes pris au piège. Cette maudite pimbêche a su ruser alors que nous faisions ce qu'elle voulait. Maintenant, à nous de payer pour notre naïveté désolante...
- Psst... Hé ! Arhye, Matt...
Nous levons la tête et haussons les sourcils, surpris de voir la personne qui nous appelle : cette fois, c'est la princesse Cloclo qui se présente devant nous. Elle n'a rien à envier aux charmes de sa cousine. Ses formes sont, à défaut d'être généreuses, joliment proportionnées ; ses grands yeux, dénués de maquillage, sont brillants d'intelligence et de sincérité ; ses lèvres sont fines, mais sans imperfections, à la fois délicates et attirantes... Il n'y a pas à dire : c'est une beauté naturelle.
- Que faites-vous là ?
- Je voulais vous dire que... Enfin... Je n'avais pas eu le temps de vous remercier et...
- Ce n'est pas la peine. On a fait ce qu'on devait faire, point. Maintenant si vous voulez bien...
- Je suis désolée ! Pour ça ! Sincèrement... Je ne comprends pas pourquoi on doit en arriver là.
- Parce que nous sommes des pirates. Il n'y a pas besoin de chercher plus loin.
- Mais vous m'avez aidée. Vous m'avez sauvée !
- Et ? Est-ce que ça efface notre ardoise pour autant ? Vous croyez qu'une prime a été placée sur ma tête parce que j'ai fait pleurer une fille qui jouait à la marelle ? Vous ne savez pas ce qu'on a traversé avant d'arriver ici.
- Dans ce cas, racontez-moi. Je veux comprendre. Je tiens à écouter vos hist...
- Qu'est-ce que ça changera ?! Rien du tout ! Vous ne vous y intéressez que parce que vous rêver de piraterie depuis votre jolie petite chambre, à l'intérieur de votre beau petit palais ! Qu'est-ce que vous savez vraiment de la vie de forban ? Comment imaginez-vous que les gens nous voient ?! Vous ne partez pas à l'aventure, princesse. Vous vous promenez, sans craindre pour votre vie... Vous êtes juste naïve.
- Je ne vous permets pas... Comment osez-vous... Qu'est-ce qu'il vous prend ?!
- Ce qu'il me prend ? Il me prend que je suis là, à écouter les excuses d'une fille qui n'a jamais rien connu d'autre que son foutu désert et qui ose croire qu'elle peut comprendre ce qu'est la vie au dehors ! Si vous êtes encore en vie, c'est parce que JE suis venu vous sortir du pétrin ! Et pour quoi ? RIEN ! A part la promesse d'une exécution ! Vous vouliez savoir ce que c'est d'être un pirate ? Eh bien ne cherchez pas plus loin : voilà tout ce que ça vous rapporte ! Sur ce princesse, je vous prie de bien vouloir nous laisser. Je n'ai plus rien à vous dire.
Choquée, la belle jeune femme reste bouche bée devant notre cellule. Au bout d'un moment, ses lèvres tremblantes finissent par remuer de sorte à produire un son, mais rien ne vient. Se sachant impuissante et incapable de répondre, elle finit par s'éloigner en courant, les larmes aux yeux. Matt la regarde partir, peiné. Il se tourne vers moi et ne dit rien lui non plus : il sait très bien ce qu'il en est, il me connait depuis un moment maintenant. Je ne pensais absolument rien de ce que je lui ai dit. En temps normal, je n'aurais pas été aussi ingrat envers une personne comme elle... Seulement voilà : je suis un criminel. Je ne peux pas la laisser finir de la même façon. Elle n'a pas de raison d'être hors-la-loi, ce serait une erreur de l'y encourager. Et si jamais elle s'y obstine eh bien... J'aurais au moins réussi à couper les ponts avec elle. Je me dédouane par lâcheté, il est vrai. Mais c'est toujours mieux que d'avoir son sort tragique sur la conscience.
Je me suis couché sur le lit miteux, tourné contre le mur, totalement fermé à toute nuisance extérieure. Ruminant ma frustration, ma tristesse et tout le reste, je m'obstine à fixer le grès rouge et poussiéreux. Le temps passe et j'essaie tant bien que mal de penser à autre chose...
C'est alors qu'une voix se fait entendre à travers la cloison :
- On dirait bien que nous avons eu autant de veine. Vous venez d'où, les pirates ?