Les gouttes de pluie s'abattaient sur la ville. Les routes, qui n'étaient pavées que partiellement, étaient devenues presque glissantes, et les nuages obscurcissaient la cité une fois de plus. Les panneaux des différents commerces étaient faiblement illuminés par des néons de basse qualité. Des câbles et des fils en tous genres traversaient en hauteur les rues. Lynbrook, c'était en quelque sorte une immense fourmilière.
Mount devait partir le lendemain, à bord du navire de Darren Livingstone, l'émissaire de Ravrak. Parfois, la vie se jouait sur des détails. Et ici, le détail, c'était la croix qui ornait à présent la paupière droite de l'ancien marin. Elle traduisait le contrat qu'il avait passé avec le pirate. Un contrat qu'il ne pouvait en aucun rompre ; il n'avait pas le choix. Son sort était scellé : bientôt, il irait sur Terra, une île encore inconnue du Nouveau Monde.
Il ressentait à la fois de l'excitation et de l'angoisse. De l'excitation, car la force des choses l'avait amené à rejoindre un pays qui n'avait ni sombré dans l'anarchie caractéristique des révolutionnaires, ni le chaos des forbans. Un royaume stable, ordonné : en somme, quelque chose qui lui correspondait. Mais il avait une angoisse viscérale, celle de plonger dans l'inconnu, et de tout laisser pour partir là-bas.
Même s'il était maintenant considéré comme un traître, un hors-la-loi, il n'empêche qu'il pensait toujours à sa famille, avec laquelle il avait toujours eu des rapports quasiment fusionnels. Et puis... Sur Grand Line, il y avait Vindex. Une île qui lui avait tout pris ; et pourtant, il en était devenu attaché. Elle lui avait permis d'ouvrir les yeux sur le Gouvernement Mondial. Le prix à payer avait été conséquent : sa fiancée et son meilleur ami avait été tué sauvagement lors du conflit. Il y pensait souvent. Louise... Son visage le hantait. Il entendait parfois sa voix. Les premières fois, il se croyait fou. Néanmoins, il avait accepté cette présence si rassurante. Elle l'aidait à tenir bon, à ne pas chuter dans une mélancolie destructrice. Elle le tirait sans cesse vers l'avant, de manière à ce qu'il ne se laisse pas aller.
Ratzkill le manquait aussi. Sûrement moins que Louise, car l'amour possédait cette flamme intérieure qui transcendait tout autre sentiment. Toutefois, il pensait encore à son frère d'arme. Ils avaient passé une grande partie de leur carrière ensemble. Toujours là dans les coups durs, comme dans les moments de fête. Une amitié sincère, sans faux-semblant, sans intérêt sous-jacent. Allait-il retrouver cela dans sa nouvelle vie ? Il en doutait.
Ce soir-là, il était encore allé au bar le plus proche de son hôtel. Un endroit miteux, un endroit de rencontre pour des raclures en tout genre. La salle était chichement décorée, et le mobilier était sommaire, fait d'un bois vulgaire. Ils buvaient, riaient bruyamment ; il était tombé si bas, lui qui était d'ascendance noble. Il eut un rictus. Il pensait à son père, éminent juge à Enies Lobby, et à sa mère, bureaucrate au Cipher Pol. Des technocrates qui ont toujours eu une vie confortable. Mount aurait pu poursuivre une vie plus simple, plus tranquille, à l'abri. Des fois, il en avait même des regrets. Il faut dire que sa situation était particulièrement pitoyable.
Il commanda auprès du barman un verre de whisky, puis deux, puis trois. L'alcool aidait à oublier, disait-on. Le Fantôme regardait impassiblement le liquide brun, le visage livide. Demain allait être le début d'une tout autre aventure, sur le Nouveau Monde. Mais ce soir, il en était encore réduit à sa condition misérable.
Il prit plusieurs autres gorgées, et reposa doucement son verre sur la table.
Puis, il remarqua que deux personnes s'étaient postée non loin de lui, le dévisageant indiscrètement.
Mount devait partir le lendemain, à bord du navire de Darren Livingstone, l'émissaire de Ravrak. Parfois, la vie se jouait sur des détails. Et ici, le détail, c'était la croix qui ornait à présent la paupière droite de l'ancien marin. Elle traduisait le contrat qu'il avait passé avec le pirate. Un contrat qu'il ne pouvait en aucun rompre ; il n'avait pas le choix. Son sort était scellé : bientôt, il irait sur Terra, une île encore inconnue du Nouveau Monde.
Il ressentait à la fois de l'excitation et de l'angoisse. De l'excitation, car la force des choses l'avait amené à rejoindre un pays qui n'avait ni sombré dans l'anarchie caractéristique des révolutionnaires, ni le chaos des forbans. Un royaume stable, ordonné : en somme, quelque chose qui lui correspondait. Mais il avait une angoisse viscérale, celle de plonger dans l'inconnu, et de tout laisser pour partir là-bas.
Même s'il était maintenant considéré comme un traître, un hors-la-loi, il n'empêche qu'il pensait toujours à sa famille, avec laquelle il avait toujours eu des rapports quasiment fusionnels. Et puis... Sur Grand Line, il y avait Vindex. Une île qui lui avait tout pris ; et pourtant, il en était devenu attaché. Elle lui avait permis d'ouvrir les yeux sur le Gouvernement Mondial. Le prix à payer avait été conséquent : sa fiancée et son meilleur ami avait été tué sauvagement lors du conflit. Il y pensait souvent. Louise... Son visage le hantait. Il entendait parfois sa voix. Les premières fois, il se croyait fou. Néanmoins, il avait accepté cette présence si rassurante. Elle l'aidait à tenir bon, à ne pas chuter dans une mélancolie destructrice. Elle le tirait sans cesse vers l'avant, de manière à ce qu'il ne se laisse pas aller.
Ratzkill le manquait aussi. Sûrement moins que Louise, car l'amour possédait cette flamme intérieure qui transcendait tout autre sentiment. Toutefois, il pensait encore à son frère d'arme. Ils avaient passé une grande partie de leur carrière ensemble. Toujours là dans les coups durs, comme dans les moments de fête. Une amitié sincère, sans faux-semblant, sans intérêt sous-jacent. Allait-il retrouver cela dans sa nouvelle vie ? Il en doutait.
Ce soir-là, il était encore allé au bar le plus proche de son hôtel. Un endroit miteux, un endroit de rencontre pour des raclures en tout genre. La salle était chichement décorée, et le mobilier était sommaire, fait d'un bois vulgaire. Ils buvaient, riaient bruyamment ; il était tombé si bas, lui qui était d'ascendance noble. Il eut un rictus. Il pensait à son père, éminent juge à Enies Lobby, et à sa mère, bureaucrate au Cipher Pol. Des technocrates qui ont toujours eu une vie confortable. Mount aurait pu poursuivre une vie plus simple, plus tranquille, à l'abri. Des fois, il en avait même des regrets. Il faut dire que sa situation était particulièrement pitoyable.
Il commanda auprès du barman un verre de whisky, puis deux, puis trois. L'alcool aidait à oublier, disait-on. Le Fantôme regardait impassiblement le liquide brun, le visage livide. Demain allait être le début d'une tout autre aventure, sur le Nouveau Monde. Mais ce soir, il en était encore réduit à sa condition misérable.
Il prit plusieurs autres gorgées, et reposa doucement son verre sur la table.
Puis, il remarqua que deux personnes s'étaient postée non loin de lui, le dévisageant indiscrètement.