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Les dernières volontés d'Achab

"Des dinosaures, un dragon, des plantes carnivores et maintenant une île céleste, j’ai bien cru qu’on arriverait jamais à se retrouver…
- La route de tous les périls porte bien son nom… Mais il faut croire qu’elle n’en a pas encore terminé avec nos petites aventures… héhé"

Le vent d’ouest soufflait, paisiblement, annonceur d’une bonne journée pour la navigation. Le soleil se levait tranquillement sur l’horizon et, l’une à la barre, l’autre adossé au bastingage de leur petite coque de noix, deux amis profitaient des premières heures du jour pour se retrouver. Des mois durant ils avaient été séparés, tout avait commencé au mauvais endroit, au mauvais moment et après de nombreuses péripéties, ce douloureux épisode se terminait, perdu au milieu du grand océan… ensemble.  

Leur troisième compagnon, le petit Jack dormait à poings fermés dans la cabine, il avait passé toute la journée de la veille à ranger soigneusement leurs affaires et à prendre soin des plantes récoltées au fil de ses aventures. Le garçon était plein d’énergie, mais toutes les émotions qu’ils avaient traversées ces  derniers temps avaient fini par avoir raison de sa fougue.

Pour Nova et Raphaël c’était toute autre chose, le sommeil ne venait plus. Des centaines de questions se bousculaient dans leur tête sur ce qui avait pu arriver à l’un et l’autre, et les mots n’arrivaient pas toujours à suivre. Ils n’avaient pas dormi, se relayant à la barre pour la forme, laissant parfois planer le silence et les vagues rythmer leur croisière. D’incroyable aventure sur des mers fascinantes, ils avaient très vite été cueillis par la réalité du monde, ils avaient muri plus vite qu’ils ne s’y attendaient. Trop vite peut-être…

"Avec une jolie prime sur la tête d’un certain Rafton Anderswag.
- Égérie des magasins Selfmidge !
- Grand découvreur de la Ratatouille maudite !
- Et plus grosse pastèque de l’univers ! "

Un échange de sourire et ils surent que rien ne changerait entre eux. Raphaël termina de cirer ses gantelets de cuir, héritage de son passage à la Cloud’Academia, se leva et s’alluma une cigarette. La mer était magnifique, scintillante sous les reflets rosés qui venaient avec l’aube et leur prochaine destination, bien qu’encore inconnue, lui apportait une grande joie. Ils s’étaient aventurés ensemble sur Grand Line pour la découvrir et rien ne pourrait plus satisfaire son moral que de savoir qu’ils reprenaient leur voyage. Suite à sa confrontation avec l’équipage des Rascal Babies sur Weatheria, il leur avait emprunté –pour une durée indéterminée- ce petit navire et, de retour sur les mers bleues, Jack et Nova retrouvés, avait tout de suite pris pour direction la  prochaine destination indiquée par leur Magnétopose. Nova l’avait gardé tout ce temps. Little Garden, Jontunheim, Armada, Weatheria, Boyn, tout ne semblait être qu’une vague parenthèse, un arrêt, une petite pause prise avant de reprendre la route.

C’était agréable.

Prenant une grande bouffée de nicotine, le vert s’avança vers la proue de leur navire, au loin il commençait à distinguer de curieux récifs, une terre sans relief et des pointes rondes, sortant de la mer comme des flèches qui donnaient l’impression d’être des animaux curieux. Des oiseaux volaient et chantaient dans le lointain, dansant avec les zéphyrs et annonçant l’approche de ce qui semblait être un archipel.

Un nouveau sourire passa sur les lèvres de Raphaël, il se retourna, mais avant qu’il ne puisse prévenir Nova, un boulet de canon tiré à toute vitesse siffla dans ses oreilles et vint s’abattre juste devant lui.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Ven 24 Avr 2020, 12:46, édité 2 fois
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- VA CHIER LE VIOQUE !
- M-mais monsieur Silverb...

    Je jette ma chaise sur le pauvre homme, un soixantenaire en pantalon-bretelles, second à bord de la "Houlette", une caravelle chargée de me guider jusqu'à Clock Work Island. Il parvient à se baisser juste à temps alors que le meuble part se briser contre l'ouverture de la cabine.
    Ce n'est pas sa faute : il ne fait que subir à la place de tous les autres. Le trajet a été particulièrement éprouvant pour mes nerfs, et cela a commencé dès l'annonce de ma nouvelle mission. On m'a chargé à Lone Down de confirmer des informations quant à l'existence d'un trésor enfoui et, par la suite, d'en profiter pour faire avancer le conflit entre hommes-poissons et habitants. Ceux d'en Haut veulent remettre en cause la crédibilité d'une race jugée inférieure... ce que je conçois totalement !
    Je n'aurais jamais dû donner mon avis. Le pire, c'est que ni Abel, ni Emma n'ont voulu m'accompagner, prétextant une "montagne de paperasse" que j'aurais laissée de côté trop longtemps. On m'a ensuite filer cette équipe de bras cassés, avec leur navire tout pourri, leur capitaine en carton et ce foutu second bon pour la retraite ! Au total, ce sont quinze hommes qui font tourner le tout, à un rythme digne des bronzés des îles tropicales les plus fainéants et les plus mous qui soient. Les tonneaux sont remplis de flotte : pas une once d'alcool, même dans la cabine du capitaine Grant ! J'ai vérifié ! Les quelques mousses à peine pubères se couchent à la même heure que l'ancien et ça chante des chansons d'amour nostalgique en pensant à la femme qui attend "sagement" à la maison !
    En somme : on s'emmerde, on déprime et on en a ras le cul de ces conneries.

- Tu sais quoi ?! Va prévenir les autres. Je veux tout le monde aux canons.
- Mais... Nous allons arriver dans quelques minutes.
- Justement ! On va signaler notre arrivée, une pierre deux coups !
- Le capitaine Grant va...
- L'capitaine va pas m'faire chier lui non plus ! Qui c'est qui vous paie ? Hein ?!

     Bon, en l'occurence c'est ma supérieure, mais le vieux marin n'est pas suffisamment bête pour me le faire remarquer.
    Ainsi, en l'espace de cinq minutes, je me retrouve avec tous l'équipage sur le pont. Grant a bien tenté de me faire entendre raison, mais sa mollesse ne put rien face à mon désir intense de divertissement. L'un des jeunots du groupe regarde par dessus mon épaule et m'interpèle, gêné :

- Euh, monsieur... Il y a un bateau là-bas...

    Je me retourne, constate qu'il a raison, chope la longue-vue du second, regarde, identifie deux individus... Et souris.
    Deux pauvres bougres pour une coque de noix. Soit c'est une blague, soit c'est une aubaine. Qui viendra se plaindre ?

- On a trouvé not' cible. Chargez les canons.
- P-pardon ?!
- Vous m'avez bien entendu !
- Mais enfin... C'est contre les règles de navigation et de bonne conduite !
- Les quoi ?
- Les règles de...
- Ose SEULEMENT le répéter !
- ...
- C'est bien c'qui m'semblait !

     Je me dirige seul vers un des canons que je m'empresse de préparer, de charger et, au moment d'allumer la mèche, un bras me retient. C'est celui du capitaine qui fronce les sourcils. Dieu que j'ai peur.
      Je parviens à le repousser et j'abaisse la torche :

- Vous vous rendez compte que vos supérieurs seront au courant de ça, n'est-ce pas ?
- ... Hein ?

    BANG !

    Trop tard. Le coup est parti.
    Ce qui est bien dommage, parce que je viens de saisir que la menace s'avérait bien plus grave que prévu : je dois me comporter en bon agent si je veux m'attirer les bonnes grâces du Cipher Pol et de leur réseau d'informations. Je suis vraiment la dernière des...

- Merde.

     En face, les deux personnes sur le pont du petit bateau commencent à s'agiter. Je m'empresse de m'excuser auprès de Grant, fonce vers le grand mât, tire sur les cordages et lève un drapeau blanc, bien visible. Je redescends, paniqué, et commence à faire de grands signes vers eux.
    Je donne un coup de pieds aux marins à côté de moi, les enjoignant à imiter mon geste... Comme s'ils étaient aussi coupables que moi !

- HOY ! DÉSOLÉ ! PAS FAIT EXPRÈS !

    Mon cul ouais.
    Dans tous les cas, nous nous rapprochions lentement, en agissant de la manière la plus pacifique possible. Une fois suffisamment proche, nous abaissons la rampe d'accès et je descends, accompagné du capitaine Mollasson. En face, un type aux cheveux verts et... une sublime créature rousse, dont les "yeux" m'appelaient sans que je ne puisse détourner le regard.
    Du moins jusqu'à ce qu'elle s'en rende compte et qu'elle croise les bras devant elle.

- Hum... Bonjour ! On est terriblement navrés, on vous a pris pour quelqu'un d'autre... Une erreur regrettable. Heureusement qu'nous vous avons ratés !

    Bizarrement, j'ai l'impression que le mec en face n'en croit pas un mot. Le capitaine Grant non plus d'ailleurs : il me fixe avec des yeux ronds, la bouche entrouverte.
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Comme on avait coutume de le dire sur Grand Line, rien de mieux pour sortir d’une rêverie que de se prendre un bon gros boulet  sur le petit orteil.  

Heureusement pour Raphaël, le tir de canon avait épargné son pied et s’était contenté d’arracher leur proue et de provoquer quelques éclaboussures. Ce fut donc bien naturellement, avec chaleur et quelques échardes au menton, qu’il accueillit les excuses du nouvel abruti de service.  

Heureusement pas grâce à vous. Regrettable c’est certain.” commenta-t-il factuellement pour éviter de s’échauffer trop rapidement.  
- On prend l’eau...  Une belle percée, on va avoir du mal à réparer ça ici. Qu’est-ce qui vous a pris bon sang ?” vint les rejoindre Nova après son inspection des dégâts.  
“On peut vous remorquer jusqu’à terre. Mes hommes s’occuperont de la réparation pour vous, c’est le moindre des dédommagements pour cet incident...
- Hum... Incident, oui c’est ça ! C’était un tir de routine, une habitude vous comprenez. Vot’ barque est tellement petite que le canonnier n’a pas dû vous voir. Ça n’arrive jamais d’habitude, jamais.” insistèrent lourdement les dents de requin du brun qui ne perdit pas une nouvelle occasion de reluquer Nova.  
Et cons,  ça vous arrive souvent de l’être ?
- Montez à bord, on s’occupe de tout !”

Encore sous le choc de son réveil brutal, Jack s’inquiétait de savoir s’ils devaient à nouveau déménager toutes leurs affaires. Nova le rassura rapidement et le capitaine, du nom de Grant, lui proposa d’aller manger quelques biscuits dans les cuisines, histoire de se remettre un peu d’aplomb. Le gars n’était pas un mauvais bougre et, si ce n’est quelques regards noirs jetés à son collègue, il avait plutôt l’air enchanté de pouvoir se faire pardonner du naufrage que son bâtiment avait failli causer. Raphaël voulut s’attarder sur sa coque de noix avec les marins, mais le brun qui l’attendait encore sur la rampe d’accès n’en avait pas terminé avec lui.  

Simple curiosité, c’est vot’ mioche le Jack ? ” questionna-t-il en agitant sa main devant son visage, évoquant de toute évidence le teint sombre de l’enfant.  
Non.
- Et la greluche là-
- Nova.
- Peu importe. C’est ta nana ?
- Non.
- Hm... Mieux...” dit, celui que Raphaël soupçonnait sans trop de doutes d’être le tireur, plus pour lui-même que pour son interlocuteur “Et du coup qu’est-ce que vous foutez dans les parages ? Maintenant que j’y pense ta tronche me dit vaguement quelque chose...
- J’ai une tête plutôt commune, on me prend souvent pour quelqu’un d’autre. ” lui répondit le vert peu coopératif, d'un bond il avait sauté directement sur le navire sans passer par le ponton “On est de simples touristes.

C’est à ce moment qu’un serpent de mer géant émergea, laissant ses anneaux se déplier jusqu’à atteindre la voilure de la caravelle. Une énorme bosse sur le crâne lui donnait un air encore plus menaçant et lorsqu’il ouvrit la gueule pour dévoiler ses crocs, deux marins qui étaient encore à bord de la coque de noix s’évanouirent. Détail curieux, il semblait s’être piégé dans une espèce de conduit de cheminée arraché, couvert d’algues et de coquillages, qui lui faisait une collerette des plus ridicules.  

L’agitation provoquée par sa sortie de l’eau fit basculer la caravelle et aussitôt tout le monde s’agita sur le pont. La bête voulut plonger sur sa proie, mais c’était déjà trop tard pour elle.  

Deux ombres s’étaient propulsés à sa hauteur et, armant le poing, le frappèrent de chaque côté de sa gigantesque mâchoire. Raphaël et le brun n’eurent qu’un instant pour se regarder dans le blanc des yeux avant que l’impact de leur coup ne fasse, en même temps qu’il sonnait le monstre marin, exploser en grosse brique la ridicule collerette.

“Avec tout ce raffut, ce serait étonnant que tous les chasseurs de trésor du coin ne soient pas déjà au courant de notre arrivée... On va s’attirer des problèmes avec les locaux...
-Vous avez dit trésor ?!


Dernière édition par Raphaël Andersen le Ven 08 Mai 2020, 05:05, édité 2 fois
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Nous y revoilà. La Route de tous les Périls. Il fallait bien que ça se fasse. C'est comme renouer avec une ancienne maîtresse. On y va sans chercher à plaire, pas de vaine parade. Halte au bluff. Je m'y pointe avec mes clopes, mon air charmant et ma paire de cojones. Quatre ans se sont écoulés depuis mon dernier périple sur ces mers houleuses, agitées par l'histoire qui s'écrit et les drames que l'on conte. À l'époque, c'était pour le périlleux sauvetage de Hadoc. Le baroud d'honneur des Ghost Dogs. Un autre temps.

Aujourd'hui, mes motivations sont bien plus prosaïques. Un butin. Un magot inouï. Quelque part dans les profondeurs, sommeille, d'or et d'argent. Un truc à vous faire frétiller les moustaches comme un chat devant un bol de lait. Du moins, c'est ce que prétend la lettre sur laquelle j'ai mis le grappin sur Poiscaille. Je la garde précieusement dans mon gilet et ne l'ai plus touchée depuis des jours de peur de l'abimer. Malheureusement, elle reste bien chiche en développement. Il faudra en apprendre plus sur place.

J'ai jamais été spécialement attiré par la fortune, le pouvoir, le renom. J'ai pas une soif monstre à assouvir au fond des tripes, quoi que je lève le coude plus vite et mieux que la plupart des pochtrons d'ici à La Nouvelle Ohara. Mais s'il y a un ennemi que j'ai continuellement fui, c'est la routine. Le train-train. Il se dessinait déjà, léger, jovial, cerné des jeunes pousses. Tous ces mômes que nous avions sauvés à un destin d'esclaves, en compagnie de Nicholas, son horrible mégère de génitrice, Mélinda, Hans... Nous avions tout pour nous évanouir à la face du monde et voir s'égrainer des journées inoffensives. Paisible aquarelle, certes, mais terriblement plat. Routine suave, doucereuse. Mais routine néanmoins. Il fallait s'en extirper sous peine de dépérir.

J'ai planté le gouvernail dans un archipel sans nom. L'air chaud sentait bon la vanille, la mer était d'un bleu si pur qu'un nouveau monde se dévoilait à nous sous l'écume. Le soleil, les alizés, des autochtones pacifiques. Des artisans, des pêcheurs. De bonnes gens. La totale. C'est là que j'ai fait mes adieux à la joyeuse troupe. Léa tirait la gueule, elle l'a vu comme un abandon. Et si j'ai essayé de présenter l'affaire comme étant dans l'intérêt des mômes pour garantir ma fuite, le résultat fut le même. De bonnes décisions se prennent chaque jour sous de mauvais motifs. C'était un secret de polichinelle : je sais déjà pas m'occuper de ma trogne, alors me confier le destin de deux douzaines de gosses ? Mauvais plan.

Nous voilà donc à trois sur notre coquille de noix. Blondin et Eärendil sont mes derniers compagnons de fortune. On aurait pu en rester là, tailler la route chacun de son côté mais y'a quelque chose d'agréable à perpétuer cette alliance que rien ne justifie. Beaucoup d'équipages restent unis pour de mauvaises raisons. Un capitaine tyrannique - c'est tout moi, tiens - le manque d'ambition, la peur de défier l'horizon... Aucun de ces symptômes n'a cours sur notre canot. Non, dans notre cas, ça tient plus au fait qu'on est soudés par une absence de contraintes. Même Eärendil, pour une bonne femme, est carrément supportable au quotidien. Je la soupçonne de me prendre pour un vrai guignolo mais elle a probablement raison, alors... Et puis en cas de coup dur, on tape toujours plus fort à trois que seul.

Et de l'action, on va s'en payer une tranche.

Une constellation d'îlots se présente devant nous. On imagine le restant des surfaces de jadis immergé, sans pour autant deviner sur combien s'étend ce monde enfoui. J'avise un pont de terre dans le tas pour y accoster. Au lointain à bâbord, une détonation claque. Ce grondement de tambour qu'on associe au canon. Et puis, peu après, comme un claquement de fouet que vient gonfler le vent du littoral.

Hm, on nous souhaite la bienvenue.

Alma replie la voile, je me charge de l'accostage dans le petit port. Le radeau vient s'échouer au plus près de l'embarcadère, juste à côté d'un navire qui en fait cinq comme lui. C'est pas la taille qui compte. M'enfin, si on peut s'en dégoter un nouveau qui aurait plus de gueule, je cracherai pas dessus.

J'ai soif! que je piaffe sitôt pied à terre.

Eärendil soupire.

La taverne, ce temple aux indices.
Ce temple des ivrognes ouais!

Alma ne prend pas parti. Je fiche mon billet qu'il dirait pas non à un godet le loustic, mais il veut pas contrarier sa tourterelle. Il maîtrise les bases, c'est bien.

Hé, restez pas plantés dans l'chemin! ronchonne un grand costaud.

Je m'écarte. Un petit contremaître juge bon d'en remettre une couche.

Ouais, circulez ! Ces nouveaux-venus, tous les mêmes! On peut savoir c'que vous venez fiche dans l'coin d'abord ?

Hm. Bon, le rhum attendra. Je sers mon sourire le plus coupe-gorge à la musaraigne, pose une main sur la crosse de ma pétoire et braille de sorte à être entendu à deux quais à la ronde.

Nous ? Pardi, on vient pour le Trésor !

Avec ça, les indices vont venir tout seuls à nous. Y'aura plus qu'à se servir.


    Je me demande encore ce que je fous à bord de ce rafiot. Pourquoi ne sommes-nous pas descendus, Eärendil et moi, en même temps que tous les autres ? Nous aurions pu avoir une vie si paisible. Certes, sur Grand Line, mais paisible quand même. En fait, la réalité, c’est que j’avais prévu de faire ça, mais ma blonde en a décidé autrement, jugeant dégueulasse de laisser Rik tout seul. Les gonzesses et leur instinct de protection à deux balles. Rik est capable de se débrouiller tout seul comme un grand. S’il a voulu s’aventurer sur Grand Line, c’est qu’il en est tout simplement capable, pas besoin de faiblards comme nous. Ainsi, accoudé au bastingage du navire et scrutant le vide de l’horizon, je me remémore ce passage qui signe évidemment un tournant de ma triste vie. Je me sens un peu piégé par les volontés d’Eärendil et de la puissance de Rik qui nous est indispensable pour suivre dans ces eaux troubles et ô combien dangereuses.

    Ainsi, nous arrivons en plein milieu de je ne sais où. Je quitte ce vieux bastingage dans lequel je compte m’accouder tant que je vis pour plier la voile. Nous accostons sans être tranquille, perturbé par des détonations. Enfin pour ma part, je suis perturbé. D’autant plus qu’aussi vite arrivés, aussi vite remarqués. Rik, encore lui, a réellement le don de s’attirer le monde autour de lui. Serait-ce là le charisme des capitaines d’équipage ? Peut-être bien mais il ne m’arrange pas. Surtout quand il annonce haut et fort qu’il vient récupérer le trésor. C’es types nous ont appelé « nouveaux », sous-entendant qu’ils vivent certainement ici depuis belle lurette. Je ne pense donc pas qu’ils soient friands des nouvelles venues, moins encore quand c’est pour les dépouiller. Donc voir tous ces regards rivés sur nous n’est pas de bonne augure. Tentant de discrètement m’éclipser de cette zone de turbulence, je suis stoppé par la simple masse imposante d’un type.

    - Pardonnez-moi, m’sieur. Je me suis retrouvé au milieu de cet attroupement et je ne tiens pas particulièrement à avoir d’ennui.

    Le type ne bronche pas. Va falloir batailler.

    - Hem... Ne nous associez pas, ma copine et moi-même, à ce drôle de type.

    Lassée, Eärendil me dévisage. Elle se rapprocha même de Rik, me laissant seul me justifier.  Résultat des courses, je passe pour le lâche de service, prêt à abandonner ses camarades pour sa survie. Les bonhommes commencent déjà ricaner. Même pas le temps de boire un coup que les emmerdes arrivent.

    - Que faites-vous ici ?
    - Une pause pour se dégourdir les jambes, s’hydrater et s’alimenter un peu. Le voyage est long et épuisant.
    - On vous a vu descendre du même navire que ce type. Y'a pas grand monde dans les alentours.
    - Vous savez, à seulement trois, voguer dans longues semaines en mer peut rendre fou. Il n’a jamais été question de trésor. Puis, sincèrement, expliquez-moi où peut se trouver un tel trésor ? Pardonnez-moi mais vos îlots n’ont rien d’attirants et je ne vois pas où un quelconque bien d’une inestimable peut se trouver.

    La bande se regarde un instant, silencieusement, avant d’exploser de rire.

    - Pwahaha ! Il est bon lui ! Tu sais vraiment pas où t’as mis les pieds ?
    - Si je vous dis que non ! On n’a aucun moyen de nous repérer, ni carte, ni log-pose, rien.
    - Clock Work Island, ça t’dit quelque chose ?
    - Aucunement.

    Ainsi, nous buvons nos verres de rhums avec ces messieurs, qui nous racontent le récit cette île pour le moins étrange, puisqu’elle est essentiellement sous-marine. Les tréfonds de de cette île regorgeraient de trésors, dans la mesure où ils sont conservés, encore intacts. Malheureux. Les yeux de Rik brillent au fil de l’histoire, tandis que je désirs uniquement me retirer avant que la situation dégénère. Il en fallait pas se leurrer, la situation dégénérera forcément. Un type me saisit joyeusement par l’épaule, me colle à lui avec une facilité déconcertante en buvant de grandes gorgées de ce breuvage qui réchauffe la gorge. Ils sont bien bavards. Profitons-en.

    - Et donc on n’a pas mal de pirates, chercheurs de trésor, qui viennent nous casser les noises. Clock est connu pour les trésors qu’il cache dans ses profondeurs qui, sont en réalité, les biens des citoyens de l’île. Y’a des mecs qui tentent de nous permettre de vivre sous l’eau, donc on survit à la surface en attendant.
    - Vivre sous l’eau ? Comme des poiscailles ? Ça vous tente vraiment ?
    - Mon p’tit gars, dans la vie, on fait pas toujours c’qu’on veut.

    Je préfère certainement me perdre en mer que de vivre avec un scaphandre.

    - Mais… J’ai une petite question qui peut paraître un peu débile, mais qui me trotte à la tête. Comment extraire les trésors de l’eau ? Ils plongent ? Puis vous me dites aussi qu’il y a des hommes-poissons sous l’eau. Sans compter votre présence à la surface. Misère. Y’a vraiment des inconscients, dis-je en orientant mon regard en direction de notre cher capitaine.
    - Mwahaha. T'es vraiment pas un courageux, toi. C'est vrai. On n'a jamais dit qu'il était simple de trouver fortune ici.

    Va pas falloir trainer.

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    Entre l'embarcadère et les caravelles, une balise flotte. Toute ronde, gris béton, aussi paisible qu'un hameçon de géant oublié dans un concours de Poiscaille. Nulle ne sait depuis quand elle dérive, mais à y regarder de plus près, on peut y remarquer que quelques plaisantins l'ont drapée de vêtements sommaires, de la collection épouvantail fin de récolte-début de givre. Il n'y a pas de champs ici, que de l'eau et des opportunistes. Les récoltes sont faites d'imprudents et la moisson ne cesse jamais. Ici, seul le climat est tempéré.

    A y regarder de plus près, la balise a également des membres. De petits bras et de petites jambes agitées au gré des remous de l'eau de là. Clock Work présente, pour la toute première fois depuis sa chute de dix mâts, un homme-poisson incapable de couler. Si le tour peut interpeler le quidam, il n'en demeure pas moins cousu de fil blanc, littéralement employé pour ligaturer la bouche étirée du poisson flottant. Ce dernier est rempli, du bassin aux joues, d'air. Les arêtes de son corps ressemblent aux barreaux de sa prison contenant le boulet de ses péchés. Le ballon gris tressaute à la partition des vagues et redoute, venant des profondeurs, les appétits des ceux venus lui claquer l'abysse.

    Oh putain de merde, je suis pas Gharr ! Hmm ! Ouais, donc Dany Balloon fait la brasse d'air en espérant rejoindre un îlot de débris où se tirer d'affaire. Son plan est simple : ôter la ficelle, dégonfler comme ta gaule quand t'as voulu enfiler ta première capote et rejoindre mère mer pour échapper à mon périscope. Vérifie avec ton haki si tu m'crois pas, il voit l'avenir dans les bouboules le Minos. Bon, celle-là est condamnée à crever et dans tous les sens du terme. C'est pour ça que je jaillis de sous la flotte pour travailler mon smash de waterpolo. Grosso Molo, car c'est un mole, décolle, s'envole, s'affole et cabriole, en parabole, des parasols jusqu'aux guiboles des marioles de la picole.

    - Oh !  
    - Attention ! C'est sale ça !
    - Le pastaga !
    - Les cartes !
    - Essuie avec celle au trésor avant qu'elles s'abîment.
    - Brglgllg, mon p'tit Franky.

    Si les piliers de Clock Work avaient été faits avec ces gens, jamais ils n'auraient cédés. En quelques mouvements de natation olympique, je m'extrais de la flotte et m'égoutte en agitant les guiboles et en acceptant la toile d'un parasol défoncé en guise de serviette de fortune que personne ne me tend. Suis en falzar, du haut de mes six mètres, à écouter les chasseurs de trésors gérer la balle envoyée au détriment de ma venue. Ce n'est qu'en bloquant le soleil de certains qu'ils commencent à remarquer ma présence. Ca sent l'ébriété comme hiver, les quatre saisons de vive l'anis. Suis sûr que les mecs sont beurrés depuis hier matin.


    Hoy ! Désolé ! Pas fait exprès !

    - C'est un ballon
    - Un ballon de rouge ?
    - Un ballon de plage
    - C'est un poisson !
    - Un poisson rouge ?
    - Il a des piques, boufigue!
    - Un poisson qui tombe à piques ?
    - Il en est full.
    - J'avais qu'un brelan.
    - T'es qui là ?
    - Le Roi Minos. Mais vous pouvez m'appeler Minos.
    - C'est un roi qu'il dit !
    - Un roi des mers ?
    - Il a pas l'air.
    - En tout cas, c'est une carte haute.
    - Mon p'tit Franky....
    - Un Roi, ça commence toujours par l'air.
    - Et toi tu finis toujours pas terre !
    - Hahahahahahahahaha.....

    Plutôt avant-hier matin. Heureusement, il a l'étiquette le Minos. S'agit pas de vexer tous ces braves gens, d'autant que certains causent plan de raid sous-marin pendant qu'un autre, sûrement le plus ancien tenancier du bistrot à ciel ouvert, hurle à qui veut l'entendre qu'il vient du paradis pour le trésor. Drôle d'oiseau, mais j'ai pas de temps pour les sous-intrigues. Les choses sont encore simples, faut qu'elles le restent. Du coup, je demande poliment qu'on me rende ma baballe et en échange:

    Tournée générale de Ti-punch, pour le dérangement !

    Cri de joie, c'est comme si on venait d'abolir la sobriété. Tandis que les verres s'alignent et équipent les mains de tout ce qui peut trinquer, je m'empare de Dany qui aimerait leur hurler qu'il va se faire torturer de façon dégueulasse, sauf que de un, il peut pas et de deux, je pense pas que quelqu'un ici en ait quelque chose à foutre.

    Bon, ben moi je repars chercher de quoi payer. En prime, je vous invite ce soir à venir dégueuler sur le pont de mon navire pour le baptiser. Il est juste là.

    Je pointe du doigt un truc, que tu sais pas si c'est tout près tellement c'est grand. L'Arch est un navire encore inachevé, mais assez grand pour accueillir un petit équipage de géants. Autant dire qu'à échelle humaine standardisée, c'est un vaisseau-monde. Mais il n'est pas que beau, y a de l'armement aussi. Bon, sur les trois étages destinés aux canons, y en a qu'un d'équipé. Faudra faire deux autres bases de la Mouette pour combler les vides. Mais ça claque, en plus il est peint dans une résine rosée qui peut briller par endroits dans la nuit et refléter les éclats de la lune. C'est - la - classe !

    - Ah ben vu l'engin, je comprends que vous appareilli...appareyez...à pas rayé....
    -Ouais suis resté à distance du petit bassin, c'pour ça que je me balade à la nage et que je joue au ballon. Jamais dans l'eau sans mouiller la nuque avant. La vie saine quoi !

    Et pour illustrer mon propos, je donne un bon coup de coude qui enfonce la tronche de Dany et l'envoie valdinguer comme un boulet de canon vers l'Arch. De quoi préparer ma petite vengeance à l'abri des oreilles sensibles aux complaintes de géhenne et je parle pas des gars en cosplays d'orques. Là où y a de la géhenne, y a pas de plaisir.

    Crac !


    Crac ? Comment ça crac ? Je me retourne et vois, en plissant mes yeux sensibilisés, amoindris par trop de temps baigné d'obscurité, que le projectile n'a pas atteint l'Arch. Y avait un autre bateau devant. Dany a carrément perforé la coque, là où le blase du bâtiment est écrit. J'entends, au loin, une femme gueuler des insanités que je n'ose pas répéter ici, mais l'est pas contente.

    Eh merde. J'ai pas fait exprès.
    - C'est quel navire ?
    - Il est mis ...oulette.
    - La Houlette ?
    - Non c'est nul ça comme nom. Je crois que c'est la Roulette.
    - Ou La Louette.
    - Je te plumerai ♪
    - Elle est où la Poulette ? Elle est bien cachée ?
    - Faut un juste milieu les gars. La Moulette ça donnerait bien.
    - Avé du blanc ?
    - En tout cas, c'est la boulette.
    - Mon p'tit Franky...
    - Ca sent la coulette
    - Où sont vos toulettes svp ?

    Le trou est bien trop haut pour risquer quoique ce soit, écoute pas ces cons. Mais je leur fais signe de se pointer, aux perforés, qu'on discute réparations. J'ai des ingés, du bois, on peut arranger tout ça à l'amiable.  Si tout le monde se met à tirer sur tout le monde, la soirée risque d'être longue.


    Dernière édition par Minos le Ven 08 Mai 2020, 08:29, édité 1 fois
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    "Le capitaine Némo ? Le Moby Bus ? Non vraiment… "

    Débarqués sur une des principaux îlots de Clock Work Island, le petit groupe d’aventurier était déjà en recherche d’un prochain objectif. Nova, navigatrice et autoproclamée responsable de leur équipage, avait tenu à ce que leur escorte tienne ses promesses, restant en retrait pour superviser les réparations de leur minable embarcation. Les dents de requin du sabordeur ayant rapidement disparues pour vaquer à de sordides manœuvres, Raphaël et Jack avaient pris en considération toutes les explications de leur sauveur sur l’archipel et s’étaient aussitôt laissés captiver par la légende du trésor de ses profondeurs !

    "On cherche un sous-marin . Monsieur, est-ce que vous connaissez quelqu’un qui aurait un sous-marin et qui s’appellerait Némo ? On aimerait le rencontrer… "

    Le Capitaine Grant ne les avait pas laissés sans rien, comprenant que le trio était à la recherche de sensation forte, lui-même ayant déjà beaucoup à faire pour contenir la menace à son bord, il leur avait indiqué qu’un vieux loup de mer de sa connaissance écumait encore probablement les ruines de l’ancienne île horloge. Tout avait été englouti par le temps, ravagé par le passage de barbares, la cité centenaire s’était effondrée dans les flots et maintenant les récifs tout entier étaient une véritable mine au trésor archéologique. Nombreux étaient les vaillants et les mal intentionnés qui cherchaient à mettre la main sur plus que des restes de poteries…

    … Et les rumeurs, les légendes avaient beau s’être multipliées ces dernières années, les natifs et ceux qui s’y étaient établis étaient de moins en moins nombreux à croire qu’un Eldorado se cachait dans les profondeurs et, par contre, de plus en plus haineux de ceux qui en s’acharnant perturbaient la tranquillité de la vie locale.

    Et le nom de Némo n’était pas parmi les plus aimés dans le coin. Explorateur sans vergogne pour les uns, charmeur et détrousseur de petites vieilles pour les autres, chaque fois que Raphaël et Jack entraient dans une nouvelle taverne et essayaient de faire avancer leur petite quête, l’accueil chaleureux n’était pas au rendez-vous et on leur conseillait vivement de ficher le camp. Le vert ne quittait pas son sourire aimable, enchaînait les clopes et souhaitait la bonne journée à qui l’insultait. Il savait d’expérience que les tensions s’escaladaient très vite dans le fameux temple aux indices.

    "Eh tiens ! Regarde là Blondin ! Viens y que c’est la tête d’algue et son gamin qui se repointent, eux ils sont pas prêts de faire trempette ! C’con d’Némo et son sous-marin qu’ils recherchent, c’sûr que ce serait plus pratique pour chasser la fortune à vingt milles lieus de profondeur, si seulement l’était pas aussi caboché !
    -Caboché… Du genre dangereux ?...
    - Ca fait des années qu’il nous promet de retrouver monts et merveilles mais en attendant, il revient toujours bredouille c’débile ! On lui aurait raflé ses seuls butins qui dit…Pffffé ! Ca me fait toujours marrer, mais moi j’crois bien qu’il y a plus rien dans ses abysses qu'la poiscaille n’a déjà raflé. Mwahaha, j’dis pas ça pour vous faire perdre la motiv, mais on est quand même mieux ici au soleil ! J’vous ressers les gars?!
    -Ah oui un sous-marin. Intéressant… "

    Raphaël ne prêta pas plus attention à la tablée de bons vivants qui s’étaient permis de se payer leur tronche. La tête du grand brun lui avait vaguement évoqué quelque chose, mais pas ses accompagnateurs. Il avait confiance en son informateur et, s’il devait rencontrer le Capitaine Némo, il préférait autant que possible se forger son propre avis sur le personnage.

    "J’sais pas toi mon petit Jack, mais j’ai comme l’impression que c’est pas en restant dans l’coin qu’on va parvenir à nos fins. L’gars n’a pas l’air du genre à se mêler à la foule… "

    Le petit gars chapeauté n’eut pas le temps de lui répondre qu’un boulet de canon –qui ressemblait étrangement à un homme-poisson, raconteraient plus tard les témoins de cette scène- vint déchirer la coque d’un croiseur de la marine qui était en train de s’amarrer au port.

    Le responsable : un homme de plusieurs mètres de haut, du genre armoire à glace modèle royal, trempé et une petite seiche essayant de se dégager du casque vissé sur son crâne, qui agitait le plus naturellement du monde sa main pour se faire pardonner de sa maladresse… Ou peut-être bien pour narguer l’équipage marine qui s’était aussitôt rassemblé sur le pont et tenait déjà en joug le semi-géant.

    "C’est l’moment de se tailler les gamins…" lâcha l’insulaire qui se gaussait un instant plus tôt, se carapatant avec ses collègues pour laisser la taverne déserte.

    Deux femmes sautèrent à terre.

    Curiosité d’ailleurs, Raphaël ne voyait que des femmes à bord du vaisseau militaire. Il savait pertinemment qu’il aurait dû saisir sa chance de se casser à ce moment, Jack s’était caché derrière sa jambe et il aurait probablement dû chercher à le rassurer et à le protéger en premier lieu, mais il ne put s’y résoudre, trop fasciné par la scène. Le roi démon dégageait quelque chose, pas le moins du monde intimidé par la menace qu’on lui opposait, s’il avait bien dégommé leur navire d’un simple revers du coudre, il n’était pas n’importe qui.

    " Jolies paires de guiboles… " qu’il siffla alors que leur uniforme flottait au vent " Hmpf ! Vous me voyez bien désolé mesdemoiselles. Pas fait gaffe ! ‘Savez comme on est nous les grands garçons, pas toujours très malins, on fait pas toujours attention à notre force !
    - Oh… " bailla la plus gradée, une jeune femme à la peau blanche dont l’uniforme était doublé de fourrure. Le regard dans le vide elle avait à peine l’air de se sentir concerné par le trou qui ornait à présent son bâtiment.


    Elga Vasilieva, "la Loque"
    Commodore de la Marine


    "Vous faites pas de bile ! Mes gars devraient pouvoir vous réparer ça rapidement. J’espère que vous me pardonnerez cette grossière erreur de calcul. "

    Raphaël lâcha un petit ricanement. Il ne doutait vraiment de rien celui-là. Jugeant qu’il avait déjà trop traîné, le vert s’apprêta à tourner les talons et à envisager de continuer à suivre la scène de plus loin quand l’autre soldat, une brunette clope au bec se tenant dans l'ombre de celle qui semblait être sa capitaine, intervint en repliant la petite lunette maritime qu'elle venait d'utiliser.

    "Pas d’erreur de calcul de notre côté Commodore. Il s’agit du roi Minos, révolutionnaire disparu depuis quelques années, 35.000.000 de Berrys. Essayant de s’échapper vers le centre-ville, Rik Achilia, traître à la marine, 36.500.000 Berrys. De l’autre côté., Rafton Anderswag, allié d’Armada et échappé de Jotunheim, 66.000.000 de Berrys. Ils sont potentiellement eux aussi à la recherche du trésor perdu du capitaine Achab.
    - Fallait le dire avant qu’on jouait à qui à la plus grosse… "

    Et merde...
    HRP:


    Dernière édition par Raphaël Andersen le Ven 18 Déc 2020, 17:01, édité 5 fois
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    Blondin est certes un peu tendu du slip, cerné de tous ces gaillards beurrés, gesticulant et le verbe haut. Mais ma méthode porte ses fruits. De cette assemblée éthylisée, les indices émergent d'eux-mêmes. Pour ma part, je suis plutôt à l'aise dans cette atmosphère, je m'y sens comme à la maison. Est-ce triste, dit ainsi ? J'arrive pas à dire. En tout cas, la plupart des clients m'ont à la bonne, sans doute parce que je bois autant qu'eux et que le semi-géant belliqueux a offert une tournée générale qui déride les coeurs et irrigue les foies. Quant à Alma, quoi que sur la défensive, il compense par sa bonhomie naturelle. Il y a une sorte de magnétisme relax chez ce type. Les gens aiment Alma.

    Ainsi abreuvés de tuyaux et de rhum, le tableau se détaille petit à petit. L'île engloutie, les raids sous la surface pour piller les vestiges. Et puis, de ce flot de témoignages – et d'alcool, j'insiste –  je note un élément en particulier : Némo le cintré et son vieux sous-marin, qu'un drôle d'énergumène aux cheveux algue recherche avec entêtement, selon les dires de mes collègues de beuverie.

    Je le suis du coin de l'œil. Encore un qui se trimballe un moutard dans les pattes, décidément. Il ne paye pas de mine avec son teint pâle et " sa tronche d'endive " comme l'affirme à raison mon voisin bien bavard. Mais il faut toujours se méfier des originaux sur ces recoins du globe.

    Boom. Un nouveau grondement. Presque similaire à celui que nous avions entendu en touchant terre mais qui trouve sa source tout près de nous. Notre bienfaiteur, qui sonne l'happy-hour à sa façon. Personne ou presque ne sursaute, ce genre d'incident est visiblement ici monnaie courante. Quoi que les occupants du bateau avarié à l'impact le voient sans doute d'un autre œil.

    Un nouveau rhum brun est passé par là quand les propriétaires du navire se pointent. Au féminin et sacrément bien gaulées. Miaou. Je m'approche. Après quelques verres d'alcool, il est temps de s'intéresser à d'autres douceurs. Alma peut bien se garder Eärendil pour s'occuper de son petit mât, si j'arrive à aborder une de ces donzelles, je perds pas au change. Je suis vingt ans plus vieux qu'elles mais qu'importe, les hommes s'embelissent avec l'âge. Ça donne du charisme. Sauf que. Je me bloque. Croquant des yeux la plus avancée de ces demoiselles, j'aperçois, camouflé sous cette fourrure...

    Un uniforme !

    J'ai dit ça à demi-mot. Personne ne m'a remarqué. Machine arrière toute. Sans faire de vague. Aucun gradé de la Mouette ne serait assez fou pour venir s'inviter au banquet de pareils forbans sans être sûr de sa force. Et je suis pas venu échanger des civilités avec une bande de canons – de beauté, pas l'artillerie – je viens trouver un trésor. Je retrouve Alma et le sauve à la conversation du barman. Pas maintenant Lloyd. Tous les barmen s'appellent Lloyd. Je lance, discretos :

    Ça va pas tarder à déraper ici, Blondin.

    L'air de rien, on prend la tangente. Dans trente secondes, on pourra se fondre dans les faubourgs dévastés et l'obscurité naissante.

    " Pas d’erreur de calcul de notre côté Commodore. Il s’agit du roi Minos, révolutionnaire disparu depuis quelques années, 35.000.000 de Berrys. Essayant de s’échapper vers le centre-ville, Rik Achilia, traître à la marine, 36.500.000 Berrys. De l’autre côté., Rafton Anderswag, allié d’Armada et échappé de Jotunheim, 66.000.000 de Berrys. Ils sont potentiellement eux aussi à la recherche du trésor perdu du capitaine Achab. "

    Chiotte. Je me retourne.

    Le semi-géant fait directement face à la Commodore, puisque tel est son grade. Lui aussi est donc recherché. Pas vraiment une surprise, il a pas la dégaine du pacifique. Pardon pour les a priori. Il en fait trois ou quatre comme elle, ce qui ne semble en émouvoir aucun des deux. Ça se toise, zen. La scène en jette.

    L'autre tronche de laitue, un peu décalé, est côté à quasiment 70 millions. C'est lui qui reçoit donc le plus d'attention. En ce qui me concerne, ainsi déporté de l'épicentre, je recueille moins de regards.

    Un contingent marine plus nombreux accoste. Le gros des troupes. Ça sent pas la discussion de salon.

    La Commodore confirme :

    " Veuillez nous suivre, sans opposer de résistance. Qu'on leur passe les menottes ! "

    Je doute que ça soit du goût des deux autres interpelés au premier rang. Vite, faut trouver un truc. Un truc malin dont moi seul est le secret. Je lâche entre mes dents :

    Blondin, fais diversion ! Faut que j'aille trouver ce Némo.
    Ça va pas non ?
    Mais t'inquiète, tu crains rien ! Personne oserait te faire du mal, t'as une tête trop sympathique.
    C'est mort, j'ai dit !
    Rho. Tu me laisses pas le choix... Voodoo Bluff!


    Un petit tonnelet de poudre apparaît dans ma main. Pas de quoi faire sauter un saloon, mais suffisant pour distraire tout ce beau monde un instant. D'un coup de zippo, j'allume la mèche et gueule, en faisant la passe à Blondin :

    Capitaine, faites pas ça ! Attention, cet homme va tous nous faire sauter !

    Je prends mes jambes à mon cou et jette un œil par dessus mon épaule. Blondin, de surprise, balance vivement l'engin loin devant lui, autrement dit, vers les Mouettes. Stupeur générale. Le temps semble figé, tous les intervenants suspendus à la trajectoire du projectile et de son vol plané. Boom! Ça vient claquer juste au dessus des têtes gradées. On peut dire que ça met le feu aux poudres. Moi, je trace sans me soucier du début de mêlée. Déjà, on atteint les premières artères de la ville. Derrière, Eärendil et mon fidèle compadre, furax comme jamais, qui gueule :

    Riiik !
    Héhé, joli lancer Blond'...


    Sprootch !

    Aye. Quelqu'un vient litérallement d'atterrir sur ma gueule. Mieux, de m'enfoncer la tronche par terre. C'est con, on venait de passer du sable aux pavés. Tandis que je me remets la tête à l'endroit, une voix toute douce, toute délicate annonce, demande presque :

    Ex-caporal Achilia. Adjudante Frances. Vous êtes en état d'arrestation s'il vous plait.
    Non mais fa va pas non ?! Vous n'afez pas les vyeux en fafe des trous ou bien... ?


    Mon regard se porte sur celle qui vient de m'interpeler. Elle est solide sous son armure. Mais, ses yeux... ? Hm, la boulette. La minette empoigne une matraque toute d'acier qui meurt d'envie de rencontrer mes côtes. Je l'ai vexée. Je le sens bien.

    Bon, bon... 'fcuvez-moi, f'est pas f'c'que v'ai voulu dire. V'ai eu une fale vournée, vous voyez ? Rho, vut...

    Mon éloquence est pas au max là. Mon élocution non plus d'ailleurs. Y'a t-il un lien ? Toujours est-il que l'aveugle aux manières irréprochables se rue sur moi.

    Merci de ne pas opposer de résistance... Hayaah !


      Bordel. À quel moment la situation a-t-elle pu autant dégénérer ? Il y a encore quelques instants, je m’enquillais des verres de rhums en sachant que ça allait dégénérer, mais sans néanmoins trop être dans la mouise. Là, un espèce d’homme géant, un type que je crois avoir vu dans les journaux après l’attaque sur la prison de glace, et un équipage de la marine qui n’a pas l’air très drôle. Quand je dis que les femmes sont extrêmement dangereuses. Évidemment, alors que je suivais Rik dans cette course hasardeuse, je change de trajectoire une fois qu’il fut violemment écrasé par une demoiselle. Elle ne l’a pas raté. Avoir une prime, c’est mourir dans ce monde. On tend à trop l’ignorer, mais je vis l’affreuse expérience - à travers les autres - de ce calvaire.

      - On ne lui vient pas en aide ? demande ma jolie blonde.
      - Certainement pas ! Au pire, on est morts. Au mieux, on finit en taule.
      - Alors qu’est-ce qu’on fait, Al’ ? Tu vois bien qu’on ne va pas courir bien loin avec ces quelques ilots.

      Elle dit vrai. Brillante comme tout cette bonne femme. Néanmoins, j’avais besoin de m’écarter un peu de tout ce bazar pour réfléchir au calme. Surtout de rechercher de Nemo que visait Rik avant de se faire prendre. Mais quand le destin ne veut, il n’y a définitivement rien à faire. Me voici contraint d’arrêter ma course quand une bonne femme, avec de bonnes formes là où il faut, visiblement plus âgée que nous, apparaît subitement en pointant une poil en direction de ma tronche.

      - Tiens, tiens… Ça ne serait pas celui qui nous a jeté sa poudre par hasard ?

      Rik, t’es mort. Je te le promets. Un jour, tu vas mourir de mes mains.

      - Euh… Pas tout à fait, m’dame. C’est le type, là-bas, immobilisé qui m’a jeté sa poudre. Que vouliez-vous que j’en fasse ? Que je m’explose avec ? Et que faites-vous avec cette poêle ?
      - Pas sûr que t’aies envie de le savoir.
      - Vous êtes cuisinière ? demande Eärendil pour temporiser.
      - Perspicace la demoiselle, répond l’officier de la marine. Et vous ? Que faites-vous ici ?

      Mes yeux brillent. C’est peut-être notre issue de secours.

      - De simples voyageurs. Ma copine et moi-même cherchions simplement un lieu où vivre une nouvelle vie. Nous étions perdus, seuls, affamés et en danger, quand ce type, là-bas, nous a généreusement proposé son aide, mais on a vite compris qu’il avait besoin de mains d’oeuvre… Et on n’a presque pas bouffé, je pense que ça se voit à nos corps frêles. Puis je vous avoue qu’on tombe un peu dénue avec cette annonce au sujet de sa prime… Il n’avait pas l’air si dangereux que ça.
      - Ouais, c’est clair, on aurait vraiment dit un type un peu paumé dans sa vie et en manque de compagnie. À son âge, il voit peut-être déjà le bout du tunnel, mourir seul semble si épouvantable…

      La dame nous regarde d’un oeil inquisiteur tout le long de notre récit, mais on n’est pas du tout intimidés avec Eärendil, c’est tellement monnaie courante chez nous. Se retrouver face à des monstres et devoir s’en sortir sans encombre, quitte à raconter des inepties toutes plus grotesques les unes que les autres. Quand on vous dit que plus c’est gros plus ça passe, je vous confirme que c’est la vérité.

      - Bien, bien. Restez dans les parages le temps que l’on règle cette affaire. Vous n’avez pas de prime, sans quoi ma collègue vous aurait cité. Je vous nourrirai et on vous trouvera un nouvel endroit où commencer votre nouvelle vie.

      Après moult remerciements je crois qu’on l’a presque gêné et qu’elle a décidé d’en découdre avec les costauds. Ça peut sembler con et incroyable de s’en sortir comme ça, mais fallait se mettre à la place de cette personne. Une jolie petite blonde et un blond maigrichon, avec une canne et un bob, ça sent plus la blague que le dangereux pirate. Rajoutez à cela un peu de comédie et le tour est joué. Surtout qu’elle s’attendait certainement à fracasser des crânes à grands coups de poêle. En fait, dans ces moments-là, avec nos mines apeurées, on fait vraiment pitiés. Bref. Ainsi, nous partons à la recherche de ce type, apparemment pas très net dans sa tête. Encore une belle affaire, ça.



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      C'est un navire de la marine ? Sérieux !? Hey, mais je pouvais pas savoir moi. Comme on les voit jamais... En plus, il était devant mon paquebot et comme dit le célèbre halage: quand l'imbécile te montre le doigt d'une forêt, seule la lune le cache. Ca veut dire que je pouvais pas savoir.

      Là-dessus, pied-à-terre pour une partie de l'équipage. Je sais pas où est Charlie, mais j'ai un ticket d'or. La donzelle que j'alpague parce qu'elle se met devant les autres a sa petite moue renfrognée qu'a ta daronne quand elle se fait emboutir par un autre carrosse et qu'elle veut jouer au bonhomme. Rien de macho, attention ! Je te vois venir. C'est comme ça, c'est tout; les hommes bombent le torse, les femmes tombent les bollocks. C'est d'autant plus compréhensible que la donzelle dont on parle en a fait chier, des autres filles de sa classe quand elle était marmotte. Première de classe, première aux coeurs des autres élèves, puis préférée des guichetiers et atout ultime pour recevoir des chouquettes à l'oeil dans les fêtes foraines. Les toubibs de son village ont fait leur beurre en crème anti-cocards, parce que ça a avoiné sec pour tenter de gagner ses faveurs ou d'éloigner la concurrence. Et rien ne change puisque les adultes ne sont que des gosses qui se prennent au sérieux, tout en étant toujours aussi cons.

      Ici, le con, c'est moi. J'entame la procédure de constat. Petite dragouille pour voir si elle fait partie des sept pour cent qui ont de l'humour ou de la dérision. Bien sûr, les probas ne surprennent pas. La tite chatoune se met à bailler pour placer l'arbre à castes et se choisir celle du haut. Ha ha, si tu savais que tu causes à un roi, tu serais la première à me trouver subitement très spirituel. C'est le jeu, j'accepte le bouclier de l'indifférence. Y en a eu des draps froissés qui ont commencé par un concours de qui devrait draguer qui.

      Et v'là que sa copine jalouse interrompt le début d'une histoire d'amour en parlant argent. Ah bha bravo, élégante la marine, on applaudit ! Non, mais applaudissez siouplé, moi j'ai un bras tout emplâtré. On balance les blases et les valeurs ajoutées. J'apprends qu'il y a dans l'assemblée des soiffards un ancien bleu à bonne gueule, comme la marque et un minet à tête de chou quand les gains se bourrent. Et c'est pas tout ! On dirait que c'est jour de galette des rois à Clock Work et tout le monde veut la fève. Le trésor Dakab, intéressant. Si la marine aussi cherche ça, c'est que c'est militaire. Et le militaire, m'en faut pour mon navire.

      Hmm, je vaux trente-cinq (ou vingt-quinze selon ta région) billions de berries. C'est peut-être un peu beaucoup, mais en même temps y a une logique.

      C'est pas 35.000.000.000.000.

      Non mais oui j'avais bien compris que c'était un souci de trad et qu'on parlait de milliards.

      C'est trente-cinq et six zéros derrière. 35 Millions.


      Naaaaani !!!!

      J'en perds mon latin. Quoi ? C'est tout ce que je vaux ? Mais on m'a sorti une défense Chewbacca pour me laver de mes crimes pendant que je germais ou quoi ? Ca veut dire que si tu quittes la marine en les fâchant ou si tu attaques un centre scientifique dont tout le monde se fout, tu vexes plus que si tu rases une base, pique le matos, bousilles des navires et deviens un dieu vivant d'une île. Naaaaah, j'y crois pas. C'est daté leur info, daubé du cul à vous faire hésiter un vautour. Mais je demande quand même à voir l'avis de recherche et découvre ma trombine. Ouais, ça a l'air officiel.

      Tout semble en règle.

      Après avoir vérifié l'authenticité du papelard, je leur rends. Je sais pas si j'aurais pu passer la bague au doigt d'une fille qui sourit que quand on la retourne, mais elle veut nous passer les bracelets à tous et ça sent pas l'orgie. On part plus sur une soirée entre poilus à court d'alcool et avec des voisins qui râlent quand on fait trop de bruit. Pas le genre de soirée qui me branche.

      Ouh, c'est vrai, vous comptez faire du zèle parce que j'ai abîmé vot' bateau ? Besoin de mâles reproducteurs de garde-robe ? Je suis pour réparer les dégâts chérie, mais sûrement pas à hauteur de....euh...attends....je reporte dix-sept....
      ________
      CXXXVIID !  Vous vous servez pas mal, à cet ivre montant c'plus un constat c'est de la friponne. J'ai rien contre les flics-bustières, mais je me demande avec quelle menottes t'espères faire le tour de ce poignet.


      Que j'lui fais en contractant le bras pas cassé pour qu'elle admire le morceau. C'est qu'entre les humains de deux mètres et les géants de trente, y a Minos. Si je porte pas de chemises à fleurs c'est que je suis en avance deux ou trois longueurs. Depuis les Blues, que du cuir et des plaques d'armure. Parce que les boutiques de fringues sont compliquées pour mon format et je reste jamais assez de temps sur une île pour un costume bespoke. Du coup, je reste costume d'époque. Et comme les joailleries aussi ont rendu les armes, j'imagine pas qu'il y a des pinces "spécial plus grand humain du monde" dans la minaudière des vénus pour rien.

      Clic ! :

      Que fait l'énorme mimine en métal d'une autre mignonne. C'pas qu'elle est grande, mais elle a de ses pognes, on dirait son père. Tout en métal, style gants de boxe pour marav' du cyborg. L'emmerdant, c'est que son gogo gadget aux mains a des battoirs comme les miennes et qu'elles font office de menotte.

      Mais tu vas me lâcher oui !

      Que je fais en agitant le bras. Elle s'accroche la petite brune, au demeurant bien plus belle que l'autre thon qui baille en guise de bonjour. Nathalie Baille, dans neuf ans elle sent les cheveux gras et l'odeur incertaine de chorizo oublié sous une plaque à pain de son bureau en vrac, 'vec les yeux vitreux qui se refusent une nouvelle fois à bouger son cul macérant dans son vieux pyjama pour changer la litière du chat. J'ai mieux à la maison, enfin à ma pogne. Tellement qu'elle m'aime, ma poignée d'amour s'agrippe à mon bras en me mordant la main pour que j'arrête de l'agiter dans tous les sens.

      Aaaaaaaaaah ! Mais t'es pire qu'un piranha bordel !
      - Tu ne crois pas si bien dire. Je m'appelle La Rouge, et je ne lâche jamais mes proies.
      - Elle a dit qu'elle s'appelait la rouge ?
      - Pourtant elle est brune
      - C'était la Rougette alors ?
      - Mon p'tit Franky...
      - Vu leur Commodore toute pâle, je dirais la Blanchette.
      - Ou la blanquette !
      - Ca se vaut.
      - Moi j'aime le rouge.
      - Moi la belle rouge
      - Label rouge ?
      - Elle est où la poulette ?
      - En tout cas, voilà la belle blanche.

      Et ça fait bim bam boom ! Ca fait pssht! et ça fait vroooom ! Dans ma tête y a tout qui tourne. Sais pas quel taré s'est cru au nouvel an Céleste, mais j'ai eu droit au big bang par planèharium. Et cette fois être grand n'a pas franchement joué en ma faveur. J'ai tout pris comme un premier rang de cirque. La tête dans un trou noir, je m'allonge d'un coup en bord de berge, pour regarder la beauté du ciel et me dire qu'on est bien peu de chose en ce bas monde. Dans mon inclinaison de confort un peu brutale, je garde juste le bras menotté contre mon torse pour protéger l'aut' furie au cas où un fruit du démon la ferait couler. Eh ouais, même ici les poids sont rouges. Je vais rester un peu là, la journée fut éprouvante. Puis, si les mouettes m'emmènent dans leur yacht de luxure, je suis sûr que je pourrai remettre la main sur Danny Ball avant la Slutdoll Millionnaire.
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      Bordel. Cette prime de malheur avait fini par le rattraper.

      Ne laissant aucune chance à la discussion, Rik Achilia et ses accompagnateurs avaient réussi à titiller un peu plus les marines, tentant même de s’échapper sous le feu de la régulière. D’autres officières s’étaient élancées à leur poursuite et les présentes, d’humeur guerrière, valsaient déjà avec le roi révolutionnaire et l’ex-croupier.

      "Jack ! Ne traîne pas dans le coin, va prévenir Nova que les marines vont nous poser problème… encore… " grimaça Raphaël alors qu’il esquivait les menottes que lui lançait avec « mollesse » la commodore. Tout du moins c'était ce qu’elle laissait paraître, faisant apparaître les liens d’acier et les projetant avec ses bras ballants alors que, en définitive, ses projectiles en rotation avaient déjà décapité une statue de marbre et fait exploser la porte de la taverne.
      "Elle risque de pas être trop super contente… Je lui dis quoi ?
      - Surtout, épargne lui les détails ! J'risque déjà gros. "

      Se jetant derrière un étal de poissons pour éviter de se faire arracher le bras, le vert saisit l’occasion pour prendre un peu de distance et laisser une ouverture au gamin.

      "Browneye, doit-on faire feu ? Votre analyse." s’arrêta un instant son ennemie, voyant le petit chapeauté leur échapper.
      - …Ce.. ce n’est qu’un enfant!? " s’étrangla d’abord la lieutenante-colonelle devant la désinvolture de sa capitaine, puis retrouvant le sang-froid propre à son intellect et son rôle d’expertise "L’individu n’est pas recherché, une dizaine d'année tout au plus, de toute évidence sous l’influence du pirate Anderswag. Une appréhension est souhaitable pour éviter qu’il ne prévienne d’éventuels complices. " analysa-t-elle alors que le petit Jack, empêtré dans son manteau trop ample, semblait courir au ralenti "La violence n’est pas nécessaire Commodore.
      -Bien." commenta sobrement la commodore Vasilieva, prête à s’écrouler d’ennui, en indiquant d’un vague signe de main à deux de ses femmes de partir à la poursuite du chapeauté.
      "Hep ! J'suis dans l’autre sens mesdemoiselles !"

      De nulle part, apparurent deux gantelets de cuir qui, chacun tenant l’extrémité d’un gros espadon se mirent en travers de la route des marines et les firent trébucher. Raphaël se releva tout sourire, les mains dans la glace de l’étal. Son pouvoir lui permettait non seulement de faire apparaître, comme et où il le souhaitait, des gants en tout point similaire à ceux qu’il portait, mais en plus de cela il était à même de téléporter d’une main à une autre les objets qu’il tenait. C'était comme réaliser un des tours de magie qui avaient donné un nom à son Fruit du Passe-Passe.

      "Embêtant… On dirait bien que le gamin est hors de vue à présent. On reprend cette danse ? " invita-t-il d’une main tendue les officières à se focaliser de nouveau sur lui. Celle qu’on surnommait « La Loque » le prit au mot, le surprenant par sa vitesse, elle se jeta sur sa main et de la sienne une protubérance explosa pour libérer des maillons d’acier qui vinrent l’enserrer.

      Elle aussi était maudite par les eaux, dotée de pouvoirs qui correspondaient étrangement bien à son combat et à ses idéaux : le fruit des menottes était le meilleur allié de la justice. On disait qu’elle était capable de mettre aux fers des équipages entiers sans transpirer, ni perdre son air ennuyé. Les rookies de Grand Line ne survivaient pas à une rencontre avec la 346ème Carter.

      Mais Raphaël pour sa part avait plus d’un as dans sa manche…

      "Bordel… C’est pas passé loin… "

      … ou plutôt, plus d’une main.

      Alors qu’il se faisait surprendre par la rapidité de la marine et que l’étau de métal se refermait sur son gant, il se jeta en arrière et abandonna cette main devant lui. Comprenant le principe du pouvoir de son adversaire, il avait vu cette situation venir et dissimulé les siennes derrière des clones factices. Mais la main captive avait beau être un clone, elle n’en gardait pas moins toutes ses capacités. : alors que déséquilibrée, son adversaire cherchait son équilibre pour mieux repartir à l’offensive, un nuage noir commença à se développer, un pétale après l’autre autour du gantelet de cuir qui ressembla bientôt à un bouquet sombre, parcouru d’étincelles menaçantes, au bras de la justicière.

      Un instant plus tard, un éclair de foudre la traversait et venait mourir dans la main de Raphaël. L’ex-croupier n’avait pas perdu son temps pour mettre à profit la technologie de Weatheria.

      " Commodore ! "

      Se passant volontiers de vérifier l’état de santé de son adversaire, Raphaël bondit sur un ponton, désireux de mettre le plus de distance possible entre lui et ses nouvelles emmerdes. Il avait pris un étrange plaisir à ce combat, une sensation délicate, nerveuse, beaucoup moins effrayante que ce qu’il avait vécu jusque-là, comme s’il avait acquis assez d’expérience pour entrer plus serein dans la cour des grands qu’était Grand Line.

      Les balles fusèrent derrière lui, l’artillerie n’était pas prête de le lâcher. De bonds en bonds, il sautait d’une embarcation à une autre, laissant le chaos le suivre, mais la distance qu’il prenait, les soldats la rattrapaient aisément à terre. Aculé, son instinct de survie le poussant à continuer vers le littoral malgré le  risque de noyade, il eut juste le temps d’apercevoir le blondin et sa douce qui avaient, de toute évidence, choisi la mauvaise direction pour s’enfuir que….*BOUM*

      La mer s’ouvrit en deux, les petites embarcations chavirèrent et une partie du réseau de pontons qui serpentait entre les îlots fut arraché. Un monstre de métal venait de sortir des flots, un bâtiment de la taille d’une caravelle qui émergeait des profondeurs et contre lequel Raphaël venait de se casser le nez.

      "Hmpf, hmpf…Qu’est-ce que c’est encore que cette merde qu’ils sont en train de me foutre à la surface… Des coups de feu… des Marines… Je t’en foutrais des services Grant, si jamais le Moby Bus n’a ne serait-ce qu’une rayure, il va m’entendre ce vieux croûton ! "


      Vernon J. Némo
      Explorateur et Capitaine du Moby Bus


      Sortant de sa boîte de conserve submersible par son écoutille, le cinquantenaire à la barbe blanche bien taillée ne semblait pas avoir prévu d’arriver dans le feu d’une altercation entre autorité et hors-la-loi.

      "Qu’est-ce que… Qu’est-ce que tu fous la gueule dans mon sous-marin gamin ?! Mais attends, cette verdure… T’es le môme que m’envoie ce connard de Grant, parais que tu veux te rendre utile. J’te le dis direct, c’est pas à mon bord que tu feras du tourisme. Toi et tes potes vous pouvez faire directement demi-tour si c’est le cas, je ne suis pas là pour… "

      *BOUM*

      Autrement différent que le bruit d’un aventurier débonnaire qui s’écrasait contre la carcasse d’un sous-marin, les premiers tirs de canon du bâtiment de la 346ème heurtèrent la sensibilité du capitaine.

      " Ne les laissez pas s’enfuir à bord de ce sous-marin ! " criait la lieutenante-colonelle Browneye derrière son artillerie.
      -Vous êtes Némo c’est ça ? C’est le sous-marin avec lequel vous fouillez les ruines englouties de Clock Work Island, le Moby Bus c’est ça ? " nota Raphaël, le nez en sang alors qu’il montait les échelons pour rejoindre le marin et éviter de se noyer, puis constatant que celui-ci était en train de s’énerver après les marines et qu’il s’apprêtait à sortit son propre armement pour répliquer, il usa de toute sa subtilité et de toute son éloquence d’ancien croupier : "ON DOIT SE BARRER À BORD DE CE SOUS-MARIN, AU PLUS VITE ! "

      Il n’avait aucune idée de ce que devenaient le Roi Minos et Rik Achilia, pas plus que ses deux accompagnateurs qu’il n’avait aperçu qu’un instant avant que le Moby Bus n’émergea. Quant à Jack, il devait être parti prévenir Nova, sans se faire attraper il l’espérait.

      Autour de lui, beaucoup de destructions, mais surtout encore plus de soldats qui se massaient de part et d’autres du bâtiment, prêts à les cribler de plombs. De l’autre côté la mer, la noyade assurée pour une enclume comme lui s’il se décidait à piquer une tête.

      Son cerveau avait vite fait le calcul. Ses réflexes, encore plus vite.

      "Il est temps de tirer ma révérence. "

      Alors qu’autour de sa main droite un halo froid et bleuté gonflait comme un ballon, le même phénomène rougeoyant de chaleur se développait à sa main gauche. Sans prévenir, il claqua violemment ses deux mains l’une contre l’autre et la réaction fut immédiate : un gigantesque nuage de brouillard se déploya et se répandit jusque sur les quais, brouillant la vue des soldats et permettant à Raphaël de s’offrir une fenêtre de tir pour leur fuite.

      Pris de court, Némo céda et repartit aux commandes de son engin. Raphaël voulut le suivre.

      Sauf que… une de ses mains était menottée. La vraie cette fois.

      Et, attaché à lui à l’autre extrémité se trouvait « La loque » qui, pour une fois qu’elle prenait un air décidé, n’avait pas l’air encline à la lâcher. Il y avait eu, comme qui dirait, un coup de foudre.
      Spoiler:


      Dernière édition par Raphaël Andersen le Mer 09 Déc 2020, 15:53, édité 2 fois
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      Toujours en cavales, Eärendil et moi tentons de nous éloigner le plus possible dans l’espoir de trouver, par un heureux miracle, le fameux Némo et son foutu sous-marin pour s’échapper au plus vite de champ de guerre. Nous avons perdu Rik de notre champ de vision, c’est déplorable. L’aventure avait à peine commencée, la voici déjà terminée.  Il n’existait sans doute pas plus piètre capitaine que le notre. Maintenant capturé par la marine, nous devons en profiter pour empocher un peu de pognon et se refaire une santé. C’est une idée de ma blonde, toujours autant à la recherche d’argent et de danger. Elle a cette faculté à s’attirer la merde sur elle, à foncer tête baissée dans celle-ci, m’emportant malheureusement souvent avec elle. En courant vers une destination que nous ignorons, sur notre droite, un étrange engin mécanique sort de nulle part, attirant fortement l’attention par les grosses vagues provoquées par son arrivée. Je reconnais aussitôt l’un des pirates dont la prime a été citée.

      - Alma ! Un sous-marin ! Là ! C’est sûrement celui qu’on recherche ! hurle Eärendil, comme si nous étions enfin sortis d’affaire.

      Derrière nous, je reconnais également une voix qui tente de nous parvenir.

      - Revenez-là tous les deux ! Vous avez promis de manger mes plats !

      Il ne manquait plus que celle-là. Mon regard se plonge immédiatement au sol. Si nous sommes arrêtés, que Rik est arrêté, il est évident qu’il prétendra être notre capitaine et nous serons automatiquement enfermés avec lui. Je n’ai pas signé un tel contrat avec lui, c’est hors de question que je finisse ma longue vie à croupir derrière des barreaux.

      - Al’ ! Fais ton truc avec tes doigts !
      - Mes quoi ?
      - Tes tours de magie ! Me prends pas pour une idiote, je t’ai vu faire la dernière fois !


      Arf. Elle parle certainement des techniques du climat tact que j’ai utilisé pour chauffer mon bain. Quelle plaie. Rien ne lui échappe, ça en devient pénible. Un peu d’intimité serait trop demandé ? Néanmoins, elle n’a pas tord sur ce coup, je pourrais bien tenter quelque chose pour brouiller un peu les pistes. Donc si j’en crois l’idée, on court en direction de sous-marin sans demander la permission à qui que ce soit ? Allez, vendu ! Alors que je commençais à bouger des doigts, un énorme nuage de brouillard vient obstruer la visibilité environnante. Eärendil me prend la main et nous changeons immédiatement de cap, direction le sous-marin. Sans trop comprendre ce qu’il se passe, je me retrouve à sauter par-dessus des obstacles, toujours sous les ordres de ma blonde, jusqu’à brusquement me retrouver le cul au sol et surtout retrouver la luminosité. Des hublots à partir desquels on pouvait y voir ls fonds marins, un mec vêtu d’un scaphandre, puis…

      - Euh… Bonjour, dis-je timidement en tentant de retrouver une posture à peu près respectable. On y voyait rien avec ce brouillard, alors on s’est retrouvés ici par hasard. Faites comme si nous n'étions pas là, on ne vous gênera pas.
      - Hem. Peut-on m’expliquer ce que foutent la commodore Elga Vasilevia et le criminel Rafton Anderswag menottés ensemble, à bord de ce sous-marin ? reprend Eärendil, sans y mettre un peu de douceur, les deux pieds en avant.

      Comment créer une ambiance pesante ? Si vous avez besoin d’aide, j’ai pour vous la solution. Je préfère d’ailleurs les laisser discuter entre eux et aller voir du côté de l’explorateur. il semble avoir un sacré caractère et le fait que l’on se soit incrustés sans invitation ne semble pas du tout l’enchanter.

      - Bonjour, monsieur Némo. Je présume que vous êtes le Némo dont tout le monde parle. Je tiens à vraiment m’excuser pour le dérangement, c’est ma copine qui nous a embarqué ici.
      - Ferme-la gamin ! J’voulais seulement boire un coup avant d’y r’tourner ! Vous avez gâché mon seul moment de récup’ de la journée ! Comme j’l’ai dit à ton pote, vous n’êtes pas là pour vous la couler douce. On ne remontera pas sans un foutu trésor, alors activez-vous le derche.

      Mon pote ? Rafton Anderswag ? Je ne dirai rien mais il n’est absolument pas mon pote. Ça sous-entend néanmoins que les deux se connaissent. On va en profiter ma foi. Par contre, la commodore qui partage le voyage avec nous, ça me botte moyennement. C’est le problème du pirate de toute manière, Eärendil et moi n’avons rien fait.

      - Et où allons-nous, capitane Némo ?
      - J’vois que t’as compris, gamin. T’es plus réactif que tes collègues. Bref. Là, on file explorer une seconde zone. J’ai passé la matinée à fouiller l’Est de ce quartier, alors j’file maintenant au sud.  

      Des fouilles apparemment réfléchies. Il me montre une carte avec des inscriptions dessus, des croix, des cercles et d’autres formes géométriques qui ont toutes leur signification. Il m’explique comment il procède, me montre les zones qu’il a exploré et celles qu’il compte explorer. Donc si l’on résume un peu la situation. On n’a plus de capitaine. On en finalement un de rechange le temps de chercher de l’or. On est à bords accompagné d’un commodore et pirate largement primé. Et dans tout ce beau merdier, la seule qui semble aux anges, c’est ma blonde. Super. Je retire mon bob, m’adosse contre le mur et me laisse glisser jusqu’à avoir les fesses au sol. Je plaque mon couvre-chef contre mon torse et prie pour que tout s’arrange. L’idée même de voyager sous l’eau ne me rassure pas… mais alors pas du tout.


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      C'est pas que je sois un indécrôtable ambassadeur de l'esprit de contradiction, ni que je veuille particulièrement faire mon intéressant. Mais j'apprécie le show et j'aime pas qu'on me dise quoi faire. Alors voir la donzelle se ruer sur ma pomme, ça m'enjaille pas tant que ça. Heureusement pour moi, sa cécité me procure un avantage décisif. L'effet de surprise passé, impossible que la minette réussisse de nouveau à m'étaler la face. Je suis pas le premier clown venu. Quand elle lance l'assaut, je suis campé sur mes appuis et prêt à contrer. Le mouvement de sa matraque est limpide, tranchant, mais presque trop honnête. Militaire, en somme. D'une flexion, je contourne le parpaing et...

      Zbwooch !

      Si j'avais des plombages, elle les aurait fait sauter. Elle m'a touché! Comment ? J'avais bien lu la trajectoire pourtant. C'est peut-être le karma. J'aurais pas dû me moquer d'elle. Sans compter qu'elle a de la poigne la cocotte.

      Ahé ? Bordel, vous y allez pas de main morte, vous s...
      Yaaaah !!


      Zbaam ! Spooch ! Croook !!

      Pas le temps de souffler. Ni  de me soustraire au passage à tabac. J'ai la gueule comme un melon d'eau qu'on a jeté du huitième étage. Des morceaux de moi ne sont pas à leur place. Comment une aveugle peut me foutre une banjolée pareille ? Pas moyen d'esquiver, et pourtant mon truc c'est pas tant la force physique que l'agilité à la base.

      Le troupeau des subalternes admiratifs qui ont tôt fait de cerner le périmètre du combat me donne un indice.

      Bravo Commandante !
      Mettez-lui une raclée, à cette vermine !
      Comme on pouvait s'y attendre, le Haki de la Commandante est impressionnant !

      Haki ? J'ai entendu parler de ces capacités. Les individus bénis de ces dons dictent l'Histoire du monde. C'est bien ma veine, pour ma première rixe sur Grand Line, de tomber sur une drôlesse qui compte parmi les élus. Je me relève, déjà à la peine, me débarbouille la tronche sans que ça change grand chose à la sensation de gueule de bois qui me bat les tempes et lève une main. Non, je ne me rends pas.

      Pause ! Je trouve ça vachement cruel de votre part de faire intervenir le Haki là-dedans. C'est limite de la triche. Où est passé la belle époque, la noblesse du combat, le duel franc et pur entre deux jouteurs honnorables ?

      Le régiment hésite. L'argument aurait-il fait mouche ? Well done Rik, tu les as bien possédés, ces gros malins.

      Ouuuh !
      Noblesse, honneur ? Venant de la part d'un pirate ?
      Pire, d'un déserteur ! Les tomates avant l'échaffaud !

      Sortis d'on ne sait trop où, deux commerçants viennent fort à propos déposer de part et d'autre de l'assemblée deux cageots remplis de divers fruits trop mûrs. Il ne faut pas dix secondes pour que pleuve sur moi une ratatouille infâme dans un désordre à faire blanchir de rage n'importe quel cuisinier du Baratie. Fronde populaire. Indignation suprême.

      Sploch !
      Courgette...
      Zblaaf !
      Ooh, poivron jaune ! Miam.
      Bloooch !
      Rha, navet...

      Me voilà dans un piètre état. Mais pas le temps de m'apitoyer sur mon sort, ou de tenter d'attendrir ces cœurs de pierre. Mon bourreau aux pupilles voilées revient à la charge pour me porter le coup de grâce entre deux formules de politesse. Quelle démone. Si elle n'était pas aveugle, je lui souhaiterais pire. Tant pis, Rik, foutu pour foutu, soigne ta sortie. Arrive un temps où la stratégie s'efface devant la Destinée. En souvenir de mes jeunes années de saltimbanque, je viens narguer le coup qui frond d'un salto arrière à l'instinct. Comme ça, sans stratégie. Au panache le plus total. Heeeop !

      Zping !

      Arg... Ooh ?

      J'ai esquivé ! Petite rumeur inquiète dans l'assemblée. On se demande comment j'ai fait. Moi aussi, mais c'est pas le sujet. Le momentum est en train de basculer ! Vite, il faut surfer sur cette bonne dynamique. Frapper l'ennemi quand il est touché moralement. Dans la continuité de ma parade, qui rend l'Adjudante Frances passablement courrouccée, je passe à l'offensive... avec des mots!

      Hé oui. Tremblez, trouffions ! Infortunés esclaves de l'uniforme ! Car en vérité, j'ai simplement feint tout ce temps d'être en difficulté ! Je suis moi aussi, détenteur du Haki ! Que dis-je, DES Hakis ! Parfaitement ! Cette histoire remonte à...
      Hayaaaah !
      Hé, mon discours !


      Elle est infatigable bon sang ! Qu'à cela ne tienne, cette fois-ci, je connais la combine. Quand la matraque approche, mes deux pieds se décollent avec la grâce d'un athlète de la moitié de mon âge et...

      Zpaaaff !!

      Ok, celui-là, je l'ai mangé plein fer. J'ai presque le goût de l'acier imprimé dans ma bouche. Et ce n'est pas fini. Le Kanabô menace encore de venir mordre ma belle trogne. Pas le choix, je dois me protéger.

      Voodoo Bluff !

      Je fais apparaître un tabouret de rade classique que je reconvertis in extremis en bouclier de fortune. Le coup ravage la pièce de bois qui a fièrement joué son rôle et m'offre le temps de me replier un peu plus loin. Mais l'agression perdure ! Tout mon stock d'ébénisterie passe dans cette opération sauvons notre derche. Adieu, mon projet de reconversion.

      Voodoo Table !
      Scrootch !
      Voodoo Buffet Ancien !
      Craack !
      Voodoo Rhum brun ! Oh ? Glou glou !

      Ça, c'est pour se donner du courage. Pourtant, alors que je me démène comme un beau diable pour échapper aux griffes de la Justice, les huées s'élèvent de toute part de l'audience lassée par mes cabrioles.

      Il ne combat même pas.
      Ce type n'est qu'un bouffon.
      Vous êtes sûre qu'il est primé, Commandante ?

      C'en est trop. Je dégouline pas d'amour-propre, m'enfin, j'ai pas accompli tout ce chemin dans ma vie pour être considéré comme un vulgaire guignolo. J'étais là pour le sauvetage de la Nouvelle Ohara moi. J'ai gagné le Blues Poker Tour. Je mérite un minimum de respect!

      Alors, c'est comme ça, hein ? Vous voulez du spectacle, vous allez être servis ! Toi, là, tu es vraiment aveugle, c'est ça ?
      Oui, Monsieur le Pirate.
      Okay, alors, on va la faire à la loyale ! Comme les vrais jouteurs d'antan ! Une charge, décisive. Qui décidera de tout.


      J'arrache la manche droite de ma chemise. Sous les regards d'abord dédaigneux, puis curieux, je replie le tissu jusqu'à obtenir un bandeau suffisamment épais que je viens nouer devant mes yeux.

      Commandante. Le pirate ! Il... il s'est bandé les yeux !
      Là ! On est à égalité maintenant ! Maintenant, laissez-nous un couloir libre pour notre duel !

      Une voix moqueuse gueule que j'étais déjà en train de perdre, même avec l'avantage de ma vue. Je l'ignore. Frances demande à ce que l'on respecte ma demande. Y'a le beau geste.

      Je veux votre parole que personne parmi vos sbires n'interviendra !
      Vous l'avez.
      Bien !


      Le temps se distend. Ralentit. Je me concentre sur les sons, sur mon environnement. Les bruits de pas. Les murmures dans la foule. Le chant des vagues. La caresse du vent du litoral. Tout. C'est comme découvrir un autre monde. C'est très étrange... J'entends cette petite voix qui me demande ce que je fous. Je suis dans le pétrin, mais je le vis très bien. Une initiation à une autre forme de vision.

      C'est stimulant. Le show m'a toujours transcendé. Ça va le faire !

      Une marine qui a endossé le rôle d'arbitre lance :

      Que le meilleur gagne !

      Je la devine presque distinctement abaisser les bras qu'elle avait levé bien haut vers le ciel. Pour nous donner le départ. Mon adversaire s'élance. Je l'imite. Le chant des foulées. Le déplacement de l'air. Tout. Et au moment fatidique... Esquiver, répliquer !

      Boom !

      Et là. Le trou noir.

      [...]

      Gnnh. Ma tête. Je suis dans des geoles. Des geôles marines. Ça tangue. J'ai mal au crâne. Mon visage entier est enrobé d'un énorme bandage. Dans la cellule d'en face. Le grand gaillard.

      Hé merde. On est dans d'beaux draps.
        Je me réveille avec regrets, je faisais un super rêve. Je rêvais que je gagnais trente millions de berries à un concours de cuisine. Puis la marine est venue pour m'arrêter. Et il y avait ce type avec sa trayeuse dialique...

        Je sais pas si je suis dans la tête d'Hercule Poirot, mais c'est bien une cellule grise. Suis logé dans l'une des quatre chambres, dont trois sont occupées. A ma gauche, y a Danny le poisson-lune, qui se colle au mur opposé en me voyant émerger de mon sommeil. L'a bien raison. En face, séparé par un couloir, y a le mec qui a trahi la marine, Rik Achilia. Pour l'instant, il dort encore. Je vois pas tête de chou, mais comme il ne doit pas sa prime à des libérations de victimes d'erreurs judiciaires, je doute qu'il vienne nous sauver la mise. En même temps, j'ai pas une tronche de princesse. On va commencer par écarter les barreaux de la mitoyenne pour aller choper l'autre poisson et le répandre dans tout l'espace autorisé.

        Que...qu'est-ce que tu fais ?

        Ta gueule !

        J'agrippe les barreaux à une main , fixe le poiscaille terrorisé droit dans les yeux et tire sur le manche pour tordre l'acier. Et ça ne bouge pas. Tain, c'est du solide leur merde !

        Ha ha ! T'as pensé que t'allais venir me tuer espèce de pauvre nul ? T'es fichu ! Moi ils vont me relâcher parce que je ne suis pas primé mais toi, tu vas mourir. Oh oui, tu vas mourir.

        T'es un homme-poisson, ça fait de toi un coupable. Mais il ne vont pas t'envoyer en taule jusqu'au jour du billot, non non. Toi, tu vas avoir droit à une carrière. Pas celle que tu crois. Le Gouvernement va te filer un numéro, une grosse masse et ton boulot sera de taper dans des pierres, pour transformer des gros cailloux en de petits cailloux. Toute la journée, tous les jours. T'as une grande gueule, je doute pas que tu râles un jour, ou te plaignes d'avoir mal par-ci, d'avoir une réclamation pour cela. C'est là qu'ils te couperont la langue, sans que ça te tue. Ils savent y faire pour ça, tu seras prêt plus vite pour la reprise qu'une nouvelle mère après sa ponte. Le jour où tu n'en pourras plus, ils ne te couperont pas la tête. Ils te bloqueront bien au sol, mais elle sera martelée jusqu'à ressembler à une pastèque oubliée en plein champ de course hippique. C'est comme ça que ton histoire finira, poiscaille.

        Il me fixe avec des yeux ronds, plus sûr de vouloir taper la discut'. Mais sa trogne change d'expression quand il me voit baisser le futal pour sortir le co-bras royal.

        Tu fous quoi ? Range ça !
        Faut que je pisse.
        T'as un seau pour ça derrière toi !
        Chhhht, c'est tout, c'est tout.

        Je me soulage. Le jeu de pisser le plus loin est drôle avec quelqu'un, mais encore plus contre. Il a droit au premier rang du cirque et c'est la représentation où les bêtes n'ont pas eu leur arrêt pipi. J'en mets partout, comme un gros dégueulasse. Il esquive mon baptême, mais faudra dormir debout pour éviter la baignade. Quand j'ai fini, je remballe en me marrant, tellement il a la haine.

        Ben quoi ? Les homme-poissons doivent veiller à s'hydrater non ? Je te promets un séjour en dehors du sec. Ah tiens, salut voisin.

        La dernière phrase s'adresse à Rik, sans doute réveillé par les jérémiades de l'aut' con. Aucun respect ce mec. Le zig se frotte les verres au lieu des yeux, à croire qu'il est né avec une paire. Quand je suis à peu prêt sûr qu'il a bien repris ses esprits, je fais un coucou de la main valide.

        Hé merde. On est dans de beaux draps.

        Sûr qu'il faudra un ténor des barreaux pour nous faire sortir. Alors comme ça t'es un ancien marine ? Bienvenue chez toi hé hé ! Moi je suis le Roi Minos, mais tu peux m'appeler Minos.
        Enchanté Majesté. Moi c'est Rik. Je suis Pape.
        Hey, Dany, t'entends ça ? C'mec est Roi des croyants. T'as deux invités de marque - et pas du trou - ce soir. Woh ! Je viens d'avoir un effet de déjà-vu.
        Et il se poursuit jusqu'à notre évasion ?
        Hmm...je...je l'ai perdu. Je l'ai perdu.
        Ca s'est joué à ça. C'est marrant, la dernière fois que j'ai fait le tour de cellules en cale, j'étais de l'autre côté.
        Normal, c'est souvent comme ça avec la marine.
        Je n'étais pas tout à fait ce qu'on peut appeler un marine. Mais tout de même, j'étais geôlier. Dans une piaule un peu comme celle-ci, mais avec des cartes.
        C'est plutôt sobre et bien rangé ici, on sent que c'est entretenu par des donzelles. Bon y a bien un tas de merde entreposé dans la cellule d'à-coté, mais c'est moi qui l'ai bombardé ici, alors ça serait peu sport de pinailler sur le détail.

        Une voix féminine filtre par la porte peu avant que celle-ci s'ouvre. On voit débouler l'aveugle, que Rik connait mieux que moi, avec la petite dame à la clope au bec, si menue que son costume de gradée semble provenir d'un magasin de déguisement pour les treize à seize ans. L'étiqueteuse fait des petits pas au cul guindé derrière Frances. J'en conclus qu'elle n'est pas sa chienne d'aveugle. C'te dernière cause à l'homme aux lunettes noires. On dirait le début d'une blague sur les handicapés.

        Où vos complices emmènent-ils notre Commodore ? Parle et vite.

        Rik lève un sourcil et la main, mais cette dernière uniquement pour la fourrer dans sa poche intérieure du veston. Petit sursaut, vérification vive.

        Mes clopes ! Vous m'avez pris mes clopes ?
        Assez joué ! Parle immédiatement ou tu vas passer un très mauvais moment.
        Alors, je ne suis pas du genre à pointer les handicaps. Mais au cas où ça n'aurait pas paru clair, je me suis retiré de la table un moment pendant que vous mettiez des coups de canne. Vous avez une longueur d'avance sur moi et cette habitude commence à être un peu vexante. C'est moi qui veux savoir où sont mes complices, vu ? Qu'avez-vous fait de mes clopes ?
        Le Moby Bus est arrivé pile au moment où nous arrêtions et le couple avec toi a filé avec Anderswag et Némo. Nous voulons savoir où cet engin se rend. Si tu coopères, tu auras une prison pas trop rude où écouler ta peine. Mais si tu ref...
        ...hey ! Je sais où ils sont moi, vos lascars.

        Les dames tournent la frimousse.

        Mais je m'en fous d'une remise de peine ou d'une prison avec savon à la fleur d'oranger pour les folles nuit au bain douche. Mon prix, c'est le prisonnier poisson lune. Vous me le livrez, je vous aide.
        Nous ne vous rendrons pas votre ami.
        Ami ? Je suis pas ami avec ce malade ! Laissez-moi sortir.
        Oui, votre guide, si vous préférez.
        Le poiscaille dit vrai, c'est pas mon pote. En fait, je ne vous demande pas de nous relâcher, je vous demande de me le laisser venir dans ma cellule et de ne pas intervenir si vous entendez gueuler un moment. Pour votre gouverne, ce connard a butté un tas de réfugiés dans la ville engloutie et avait encore le sang sur les mains d'une gamine à qui j'avais promis un retour à la surface. Ce ne sera pas une grande perte pour l'humanité.
        S'il est bien coupable de tels crimes, sa place est dans un tribunal de la marine. Vous ne pouvez établir la justice vous-même.
        Ah mais c'est pas de la justice, on parle bien vengeance.
        Soit. Parle ou toi non plus ne quitteras pas cette cellule en un seul morceau.
        Eh voilà on se tutoie. T'es vraiment une psycho-rigide. On dirait ta Commodore en encore moins....sensée, hu hu hu !

        Ouais, c'pas vraiment marrant, mais sa petite colère vaguement maîtrisée rançonne grassement la fin des négociations. Je me prépare à laisser les choses se tasser, quand la petite fumeuse continue sa marche empotée jusqu'à la cellule suivante. Elle inspecte Dany, puis sort une arme de sa ceinture et la braque vers lui.

        Bien des hommes abandonnent des amis, mais personne ne renonce à un ennemi. Vos princpes valent-ils davantage que cinq secondes d'hésitation ? Cinq, quatre....

        Argh ! Discrète et tarée. J'essaye de sonder si elle bluffe, parce que techniquement ce serait un meurtre, mais envers un truc qui n'a pas d'identité. C'est un peu comme euthanasier un chien enragé pour elles.

        ...trois...

        D'un autre côté, si elles le tuent, j'ai l'assurance qu'il meurt. Alors que si je parle, y aura que leur parole pour assurer mon objectif. Okay, il ne souffre pas, mais au moins il meurt.

        ...deux...

        Ouais, qu'il aille se faire foutre. J'accepte de renoncer à la cruauté, mais il faut que la bête meure.

        ...un...

        Ils ont été chercher le trésor d'Achab.


        Nouveau retournement de situation et de tête. Rik a parlé, d'un ton sombre. La révélation a le don d'interpeler l'assistance.

        Comment savez-vous pour le trésor d'Achab ?
        J'ai sa carte au trésor. Un truc de pirate.
        Nous vous avons fouillé, vous bluffez.

        Rik retourne sa main pour dévoiler un papier plié. Le temps de claper et l'objet disparait pour glisser entre ses doigts de l'autre main. Puis pouf, redisparu.

        Je suis bon avec les cartes. Mes clopes.

        La petite fumeuse sort un paquet de son giron et en porte une à ses lèvres pour l'allumer. Puis, elle la tend à l'ex-geôlier qui ne profite d'aucune situation pour la choper, elle ou son arme. Un mec réglo on dirait. Il prend sa tige sans réclamer davantage et en savoure les bouffées. Les deux donzelles prennent congé dans un silence de mort. Après leur départ, je fixe le zig, surpris, mais positivement. Même si ça m'a un poil niqué ma vengeance.

        Pourquoi t'as craché le morceau ? Tes potes risquent de se faire choper maintenant.
        Peut-être, mais ils allaient exécuter quelqu'un pour une question à laquelle je pouvais répondre. S'il mérite de crever, soit, mais je ne serai pas complice.
        Hmm... j'vais pas dire que je cautionne, mais t'as bien fait. Je veillerai à ne plus t'impliquer dans mon objectif. En attendant, faut trouver une sort...

        Une série de détonations interrompt mon super plan qui allait marcher dès que je l'aurais trouvé. Ca tire de plusieurs distance, puis du rafiot ici présent aussi. On entend des gros ploufs, des ordres gueulés par les filles d'à côté. On capte que ça parle de pirates, puis d'équipages. Des noms fusent. Certains que je connais pas, mais les Zip's oui. Ils sont du nouveau Monde, qu'est-ce qu'ils foutraient sur Grandline ? Je révise ma compréhension, le retour au plan d'évasion redevenant prioritaire au moment où on entend des trucs voler en éclats autour de nous. Et bien sûr, aucun boulet pour ouvrir une cellule.

        L'odeur de poudre emplit la pièce et les canonnades tonitruantes s'allient à des manoeuvres plutôt brusques. Ca sent pas bon du tout. Au bout d'un moment, la porte s'ouvre pour laisser réapparaître la fumeuse.

        Le marteau et l'enclume frappent de concert.
        Kess'vous faites là ?
        Voyez-vous, cette coquille qui recouvre les murs font de cet endroit le plus sûr. En tant que médecin, je suis le jaune d'oeuf. Ma peau ne doit en aucun cas se répandre, où toutle blanc finira contaminé.
        Vous causez brouillé. On peut vous aider ? Non, parce que bon, quitte à crever, autant que ce soit au combat.
        Avaler du venin n'a jamais guéri des morsures de serpent.
        Mais bordel ! J'ai mon navire proche du vôtre. Ils vous attaquent ? Si oui, je suis complice, mais si non, je suis hyper con d'empêcher mes gars de me bombarder pour laisser ce privilège à des autres mecs qui s'en cognent que je crève.
        Je ne pense pas que vous soyez, l'un ou l'autre, impliqués. Cependant, rien ne garantit votre concours. Quand les mouettes suivent un chalutier, c'est qu'elles pensent qu'on va leur jeter des sardines.
        Vous avez un plan ?
        La gangrène nous force à nous séparer de tête, pour préserver le corps. En ce moment, nos jambes se prennent à notre cou.
        Et vous abandonnez votre Capitaine ?
        Et mon...et votre trésor ?
        Le log pose ne montre pas toujours la bonne direction; seulement celle qu'il faut suivre. Seule la commodore Vasilieva pouvait piloter notre sous-marin pour trouver le trésor. Elle s'y rend désormais en tant que passagère.
        Euh, et si on vous le pilote, votre sous-marin ? Vous nous laissez filer en échange de vot' cheffe ?
        Vous ne pouvez pas piloter. Le siège est trop petit pour vous et vous n'avez qu'un bras.
        Moi non. Mais lui oui.

        Que je fais, en désignant Rik. La combine le rend soudainement aussi sûr de lui qu'un pilote chevronné, mais j'ai bien vu à la cendre tombée de son mégot lors de l'annonce qu'il n'est pas plus pilote que moi ardoisier. La petite zarbi nous inspecte. Tu te doutes qu'avec nos têtes d'honnêtes gens, on passe le radar à bobards directs.

        Vous n'êtes pas ensemble, les Légionnaires et les Supernovices n'ont aucun lien.
        C'est ce qu'on appelle une association de bienfaiteurs, chérie. Je t'expliquerai le principe un jour. Tu nous as bien vu boire ensemble à la cafette après tout ? Alors, c'est oui ou on dit tous adieu à l'aventure dans les fonds hostiles pour y récupérer nos précieux ? Limite, tu nous laisses filer en loucedé et vous prétendez qu'on a piqué un sous-marin. Ca augmentera la street cred de Rik en tant que pirate et ça allégera votre navire de fuyards.

        Elle réfléchit, mais le fait vite. Avec un regard déterminé, elle acquiesce et nous assure d'oublier qu'on est montés à bord si on lui ramène la petite péteuse.

        En revanche, je ne vous laisse pas emporter notre sous-marin sans escorte. Si la commodore meurt, notre accord avec elle.
        Combien de places dans votre appareil ?
        Dix personnes peuvent s'y installer.
        Bon, j'en prends quatre, avec Rik ça fait cinq. Il reste cinq places.
        Quatre, la Commandante Frances vient avec vous.
        S'tu veux.
        La commandante c'est celle atteinte de cécité.
        Elle ! Ah ben non, non c'est pas pour contrarier, mais on va se faire chier avec cette pisse-froid. 'vec tout le respect et tout.
        L'eternal pose ne change jamais d'indication.
        Okay ! Okay ! Mais alors, on choisit les autres membres de l'équipe. Non négociable.
        Des marines de chez vous, attention ! Nous procéderons à une sélection à la volée, mais minutieuse.

        Oui oui, rien à voir avec un marché aux jolis articles, vous nous vexeriez rien qu'en y pensant.
        Que des compétences sur la balance.
        Pour le travail, on tient à sauver l'aut' greluche.
        La commodore.
        Voilà, elle.
        ...

        Accordé, soupire-t-elle, sous notre charme. Les cellules s'ouvrent, du moins les deux nôtres. Visiblement, Dany reste en guise de caution. De toute façon on n'emmène jamais ses animaux de compagnie aux soirées glamour. Sinon ça devient bizarre.
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        - Sacré merdier...

            Resté en retrait tout ce temps, recueillant indices et pistes quelconques sur la position sociale et géographique de tout un chacun, j'ai vu un contingent de la marine rappliquer. Que des femelles. Du coup je me suis approché, mais voilà que les trois primés en face - de ce que j'ai pu comprendre - leur ont répondu à leur manière ! Puis ma victime s'en est allée à bord d'un sous-marin et d'autres pirates ont débarqué pour foutre la merde...
           Et mon équipe à moi dans tout ça ? Les quinze mousses retapent le navire que j'ai malencontreusement abîmé. Le capitaine Grant, lui, ne s'est pas privé pour causer trésor et compagnie au dénommé Anderswag... A la bonne heure ! Encore une mission qui démarre sans accroc ! Je kiffe mon métier putain...

           J'ai envie de remodeler le moule à gâteau d'un de ces connards avec un pied de table. Ou de peloter une à une les soldates de la 346e Carter, pour faire redescendre la pression. Ou les deux... Et pas forcément dans cet ordre.
           Avec ces conneries, j'ai à peine eu le temps de discuter avec les pèquenauds alentours pour savoir ce qu'ils pensaient de leur situation... Ce qui m'étonne le plus, c'est qu'aucun n'est tenté de chasser les intrus à coup de pelle ou de carabine. Si on venait me casser les couilles chez moi tous les quatre matins en disant "Où qu'il est votre magot ?", je ne serai pas aussi conciliant. Sans compter cette foutue poiscaille qui pense qu'avoir des bras et une langue suffit à nous garantir les mêmes droits.
           Ça me fait penser qu'une de ces erreurs de la nature se trouve sur le bateau des donzelles en ce moment... Et qu'elles ont entamé les hostilités avec les nouveaux arrivants. Ma destination est donc toute indiquée ! Je réajuste la ceinture de mon pantalon, roule des mécaniques, époussette mon marcel et me rend d'un pas décidé vers le lieu du conflit. Je remarque d'ailleurs qu'un petit groupe s'amuse à grimper le long du navire de la Marine, profitant de la canonnade. Me sentant suffisamment prêt pour être vu et écouté, je me motive :

        - Quand faut y aller...

           J'inspire une grand coup et me met à courir en hurlant des montagnes d'obscénités vers les forbans, troublant leur abordage. La surprise aidant, il ne me faut que quelques secondes pour grimper à bord du navire de la 346e Carter et mettre une première mandale à l'assaillant qui me fait face. Je sors Solution, mon pistolet doré, et allume un autre type. Je rengaine avant d'esquiver le coup d'un troisième, in extremis. Celui-là, je parviens à l'attraper par le cou et il se prend ma gifle à son tour, puis une autre... J'agrémente chaque aller-retour d'un commentaire :

        - On ! Touche ! Pas ! Aux ! Dames ! Sauf ! Cas ! Exceptionnel !

            L'exception étant le consentement... Ou la légitime défense. Parce que c'est dangereux une nana qui s'énerve. Ça peut avoir recourt à des actes impardonnables. Comme l'empoisonnement. Ou la grève de la cuisine... Ou pire : prétexter une migraine affreuse. Dix sur l'échelle du Casse-toi Gros Con.

        - Oh... Attendez, quoi ?!

            Je me tourne vers la mouette à queue de cheval qui s'exclame, puis de nouveau vers mon sac de frappe. Le type, un écailleux à la peau huileuse, la main retenant son sabre avec mollesse, me regarde lui aussi avec un mélange de douleur et d'incompréhension. Je finis de l'assommer d'un dernier revers à la tempe.
           Je m'apprête à faire les présentations avec la jeunette quand un autre homme-poisson vient nous déranger. Elle l'allume par réflexe. Cela met fin au dialogue avant qu'il ne commence. D'un signe de tête, je la remercie et cours en direction des cales, afin de rejoindre les prisonniers.
            Au moment de descendre, je sens un poids à ma jambe. En y regardant de plus près, il semble que la bestiole que la mignonne a allumé n'est pas morte et s'est agrippée à ce qu'elle pouvait. Je hausse les épaules et continue mon chemin, laissant son menton rebondir sur les marches.
            Alors que je m'apprête à ouvrir la porte menant aux cages, un bâton métallique vient m'effleurer le bout du nez. Au bout de celui-ci, une officière, aveugle.

        - Identifiez-vous.
        - On s'présente avant, quand on est poli.

            L'aveugle frappe une fois, j'esquive. La deuxième fois, je pare de justesse avec Argument, mon propre bâton. Je pense que je l'ai vexée. Derrière elle, la porte s'ouvre et apparait une autre gradée, clope au bec, Minos le révolutionnaire, dont la taille et la robuste constitution font trembler mes pectoraux de jalousie... Et Rik Akelque chose.
           J'ai la mémoire des formes inspirantes. Pas des noms.

        Rik profite d'un temps de pause pour pointer du doigt la chose à mon pied :

        - C'est quoi ça ?
        - Un passager clandestin, je me suis dit que c'était sympa d'vous l'apporter, en gage de bonne fois. Y a des potes à lui en haut.
        - Combien ?
        - Quelques uns. Des trouble-fêtes plus qu'une vraie menace. Que des hommes-poissons.
        - Et la vraie raison ? Qu'est-ce que vous fichez là ?
        - Ça regarde que votre supérieure.
        - Elle n'est pas là.
        - Dans c'cas j'ai rien à dire.

           Cette fois, le troisième coup vient plus vite que prévu. Mais il est arrêté de peu par le bras long et puissant du colosse primé, lequel me toise sans que je ne sache à quoi il pense :

        - Plus que trois.
        - Pardon ?
        - Avec lui, plus que trois membres à trouver.
        - Il ne fait pas partie de notre équipage...
        - J'dois causer à votre supérieure. A propos du trésor.

           C'est fou ce qu'un simple mot peut provoquer comme réaction : les deux criminels haussent les sourcils tandis que les deux mouettes se raidissent en grimaçant. Finalement, clope au bec acquiesce en lâchant un juron discret.


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        "ARRÊTEZ BORDEL ! VOUS ÊTES COMPLETEMENT INCONSCIENTS, VOUS ALLEZ NOUS FAIRE COULER, BANDE… D’ENCLUMES ! VOUS ALLEZ TOUS LES DEUX VOUS NOYER ! ALMA INTERVIENT ! C’est pas possible… Je ne veux pas mourir ici…
        - Bien dit gamine !
        - Vas-y toi, je ne veux pas mourir non plus ! D’ailleurs, vous n’avez pas une capsule de sauvetage dans cet engin ?"

        Perdant toute patience, les doigts crispés sur le siège de cuir derrière lequel elle s’était abritée avec le blondin et le capitaine grisonnant, Eärendil venait de cracher toute sa frustration à la gueule des deux chiens fous qui, attachés l’un à l’autre, ne cessaient de se chercher des puces. Ils avaient plongé depuis près d’une demi-heure et si, dans les premiers temps, Némo avait pu diriger sa barque et commencer à expliquer l’exemplarité et la droiture qu’il attendait de ses passagers, la situation avait vite dégénéré entre le vert et la commodore.

        "C’est… C’est pas moi, c’est…  elle qui conti-nue d’in-insister ! PUTAIN MAIS LÂCHE MOI ! "

        Valsant, l’un accroché à l’autre, profitant de chaque coin de surface que leur offrait le sous-marin pour prendre leur élan, se tordre, faire basculer l’autre et reprendre l’ascendant, le couple nouvellement formé avait foutu un sacré grabuge dans la cabine. Une table était cassée, les instruments de navigation éparpillés et la tuyauterie avait été miraculeusement épargnée par les dons de balancier de Raphaël qui, peu enclin à couler par le fond, faisait tout pour éloigner les coups de son adversaire de ce qui les mettrait tous –et surtout lui- en danger.

        "J’ai dit… CA SUFFIT !" exaspérée, la blonde bondit hors de sa cachette, sortit son six-coups et un tir de sommation lui échappa.

        La fumée du canon lui fit réaliser qu’elle avait visé la commodore en pleine tête. Son geste avait dépassé sa pensée et elle en fut mortifiée, sa main s’était portée à sa bouche pour retenir un gémissement d’angoisse, mais elle dût se mordre les doigts pour ne pas en lâcher un de terreur.

        "Vous avez raison. Je me suis laissée emporter par ce combat. C’était très satisfaisant et je souhaiterai très vite y revenir, toutefois… je reconnais que le lieu n’est pas approprié et qu’il pourrait nous mettre en danger, ainsi que ces civils. Je déclare cet affrontement terminé.
        -SEULEMENT MAINTENANT ?! " s’écria le commun des passagers alors, qu’ayant attrapé d’un geste vif la balle entre ses doigts, la mouette avait fini par se calmer et remettre son manteau en place.
        "En revanche, je ne vous lâcherai pas Anderswag. Nous reprendrons ce combat dès que l’occasion se présentera, j’ai besoin de me défouler…" lâcha-t-elle de façon très convaincante en baillant et s’étirant pour faire craquer ses vertèbres cervicales.
        "Compte sur moi… Je fais éclater tes menottes à la première occasion et je-me-baaaarre ma vieille. " grommela le vert avant de se faire entraîner par son bourreau vers le cockpit de navigation.

        Il n’avait pas encore eu l’occasion de prendre mesure de la grandeur du paysage qui s’offrait à lui. À travers cette grosse sphère de verre cerclée d’acier, la vue était irréelle, les ruines immenses. Lorsque l’île avait été détruite, ce n’était pas qu’une ville qui s’était retrouvée engloutie par les flots, c’était toute une civilisation, tout un monde mystérieux, un art, un savoir-faire, une architecture. Les bâtiments en briques blanches, érodées et habillées de coquillages et de coraux, étaient sublimés par les bosquets d’algues qui poussaient et s’étiraient vers la lumière cristalline de la surface. Le bois des fenêtres était rongé, les carrioles, les tuiles et les kiosques traversés par des bancs de poissons tropicaux et un poulpe cirait une vitre, curieux d’y retrouver son reflet.



        La vision était paisible, figée d’une teinte turquoise, comme un cliché instantané pris depuis les hauteurs d’un joli quartier. Ce n’était pas étonnant que Némo ne se soit jamais lassé d’explorer ces larges avenues, tout en elles était un appel à la curiosité.

        "Quel est l’état de la situation ? " reprit la soldat en reportant son attention sur la carte des fonds marins que quadrillaient l’explorateur.
        "Je… Je… " pris de cours par le ton de la conversation formelle que venait soudainement de prendre sa passagère, le capitaine Némo fut un instant déstabilisé mais il se rattrapa d’un raclement de gorge "Hmrrr… Nous sommes dans les anciens quartiers sud, cela fait des années que je plonge dans le périmètre, c’comme ma poche pour dire. Chaque croix que vous voyez sur cette carte correspond à une journée d’exploration. " expliqua-t-il en tirant sur sa pipe, laissant le temps à son auditoire de regarder pensivement les centaines de croix éparpillées tout autour des ruines de la cité horloge "Achab était une fripouille de la pire espèce… Malin comme un singe et surtout très près de sa fortune, ça ne m’étonne même pas qu’il ait laissé si peu d’indice à sa descendance sur la façon de trouver son trésor… Sa femme, ses gosses, les valeurs de sa noble famille, ils pouvaient tous bien crever…
        -Le commodore ne plaisantait donc pas… son ancêtre était donc bien un forban de la pire espèce.
        -Hrrr Hrrr Hrrrr, quelle tarte ce junior, toujours à chouiner comme une gamine quand il était gosse, l’a pas changé. Ce petit con a été exhumé le testament du croûton… Et voilà que tout Grand Line vient me faire chier sur mes plates-bandes…
        -Un testament ? Il aurait donné des indications supplémentaires pour trouver son trésor ? " se réveilla soudainement Raphaël, qui déjà bien emmerdé d’être menotté à une marine, avait bien tiré la gueule en voyant à quel point l’entreprise de Némo semblait vaine et interminable.
        -Je croyais qu’il était radin et qu’il voulait donner d’infos à personne… " s’insinua rapidement Alma avant de se rappeler qu’il préférait rester discret face aux deux chiens enragés qui menaçaient l’habitacle.
        -J’sais pas, j’men cogne de ce que vieux galeux avait à raconter… "

        Les yeux du verts roulèrent dans ses orbites, qui y avait-il de pire qu’un chercheur d’or tellement perdu dans sa routine qu’il en oubliait le feu de sa passion. Il se demanda un instant si sa présence ici en valait bien la peine, mais c’est en voyant les prunelles de la commodore Vasilieva brûler qu’il se ravisa.

        " Vous ne devriez pas capitaine Némo, trouver des indices et suivre des pistes , voilà qui fait tout le charme d’une chasse au trésor ! "


        Dernière édition par Raphaël Andersen le Ven 15 Jan 2021, 00:55, édité 5 fois
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        Non, Eärendil. Je ne tiens pas le moins du monde à mettre le nez dans cette affaire. D’abord parce que je ne tiens pas particulièrement à perdre la vie, ensuite parce que nous mourrons tous si ces deux là s’agacent. Ils se montent déjà suffisamment le bourricot comme ça, si on pouvait éviter d’aggraver la situation… Le pire c’est ce moment gênant où je me rends compte que tout le monde veut récupérer ce foutu trésor. C’est-à-dire que même si nous parvenons à miraculeusement trouver cette merveille, nous serons obligés de nous foutre sur la gueule pour le récupérer. Je saisis de nouveau mon menton, toujours assis en tailleur dans mon coin, réfléchissant à un moyen d’échapper à ce traquenard. Ce p’tit bout de papier dont ils parlent, c’est pas celui dont Rik nous a fièrement parlé ? Et même si c’était le cas, à quoi bon y penser si ce vaut rien n’est pas avec nous ?

        Enfin bref, les tensions semblent se calmer pour un but : trouver le trésor d’Achab. L’ancêtre d’un commodore d’ailleurs. Qu’ils sont mignons. Eärendil me regarde d’un air un peu plus rassurée, mais elle n’a pas compris que cette paix n’est que de courte durée. Ma petite mémère va tomber de haut, comme bien souvent depuis le début de notre long voyage. Je garde un oeil sur le pilote qui ne pipe plus rien depuis quelques minutes. J’aperçois même des gouttelettes qui perlent sur son foutu front d’enfoiré. Qu’est-ce qui lui arrive à ce connard ?

        BOOM !

        Qu’est-ce que c’était ? Je commence à saisir la raison de sa gueule d’enterré.

        BOOM !

        - QU’EST-CE QU’IL SE PASSE BORDEL ???? hurle Eärendil presque folle.

        Aucune réponse. Inquiet, extrêmement inquiet malgré mon air serein, je me lève pour m’approcher du capitaine qui reste silencieux.

        - La dame a posé une question, m’sieur.
        - J’suis pas encore sourd, gamin, répond sèchement Némo qui retrouve son aplomb. Ces secousses c’est… Hem… Ce sont des créatures des fonds des mers… Vraiment très grosses.
        - Grosses comment ? Juste comme ça pour avoir un ordre d’idée.
        - Quinze à vingt fois plus grosses que notre sous-marin, ça t’va ?
        - Donc vous êtes en train de nous dire qu’on va servir de p’tit déj à ces bestioles ?
        - Ferme-la et laisse-moi gérer, gamin.

        J’en ai marre de me faire chier dessus à chaque fois. On me prend vraiment pour la merde du groupe à chaque fois, celui qu’on peut envoyer paître et à qui on peut mal parler. Je retourne bouder dans mon coin en oubliant presque que nous sommes poursuivis pas des grosses bêtes affamées. Mais étonnamment, le vieux Némo a l’air de gérer son engin et de manoeuvrer de manière assez fluide entre les dents de ces monstres. Je n’ai encore jamais conçu de sous-marin, ça demande des matériaux que je ne traite pas pour l’instant, mais à en juger l’épaisseur de l’engin et la taille des crocs de ces choses, je ne donne pas chère de notre vie. Notre survie ne dépend plus que ce type assez louche mais téméraire.

        - Mon vieux radar m’signale l’arrivée d’intrus, plus p’tits que les monstres derrière nous, mais aussi plus rapides. J’sais pas vous mais ça pue les hommes-poissons. P’tre un équipage ? Quoi qu’il en soit, j’vais pas pouvoir manoeuvre longtemps. Qu’est-ce qu’on fait commodore ?
        - MAIS POURQUOI TU LUI DEMANDES CRÉTIN ??? T’AS PAS L’IMPRESSION QU’ELLE EST MENOTTÉE ??

        Pouarf. La blonde n’est vraiment pas redescendue en pression. Elle ne faisait que de se retenir depuis tout à l’heure.

        - Dites, m’sieur Némo, si l’on se planque dans les ruines, avant que les hommes-poissons n’arrivent, les bêtes ne pourront pas nous suivre. Si je me fie à votre radar, juste en-dessous de nous, ce sont bien des ruines ?

        Le père Némo me dévisage un instant et finit par me lâcher un sourire.

        - Ça s’tente, gamin. Et c’est même le lieu d’arrivée. C’est ici que nos fouilles commenceront. Quelqu’un a-t-il une meilleure proposition ou on s’planque en bas ?

        Némo et moi nous retournons vers le reste de l’assemblée en attendant une réponse.




        Dernière édition par Alma Ora le Mar 01 Déc 2020, 20:49, édité 1 fois
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        Clock Work Island, surface: Quinze heures onze

        T'as remarqué que l'heure n'est jamais ronde dans ce genre de série ? Tu pourrais dire, avec ta voix désagréable que tous tes amis tolèrent parce que t'es vaguement sympa "ben ouais, c'est normal entre quinze heures  et quinze heures dix y a forcément plus de chances de tomber sur des minutes qui ne sont pas rondes". Félicitations, Vegapunk, tu es digne d'écrire des heures dans les séries escargotélé. Ce que je voulais dire, avant que tu te plaises à m'interrompre comme si on avait engagé un débat - or c'pas le cas - c'est que l'heure n'est jamais ronde. Jamais. Si tu ne l'as pas remarqué, tu y penseras chaque fois que tu verras l'heure affichée sur ton écran.

        En fait, ils font ça pour l'immersion, pour que ça fasse bien, que ça fasse précis. Et c'est une manipulation louable. Un bon truc pour toi, si un jour tu mens à propos de chiffres. Ne balance pas un truc rond, genre quatre-vingts pour cent de gens pensent que je fais un hors sujet un peu long. C'est trop rond, ça fait quatre sur cinq, on dirait un score confortable sorti d'un cerveau fainéant. Dis quatre-vingt-trois. Ou Quatre-vingt-sept. Faut utiliser le trois ou le sept en unité d'un pourcentage. Parce que ça fait nombre moins divisible, parce que ça fait précis. On sent des aisselles qui ont pué et des tempes qui ont suinté pour te sortir l'exactitude de ces nombres qui n'ont rien de sexy, mais font pro. Bref, mets des trois et des sept. Sauf à trente-trois et septante-sept. Mais ça marche avec soixante-dix-sept. Tes mensonges sembleront plus crédibles quand tu balances des études bidons pour étayer tes théories fumeuses. De rien, ça me fait plaisir. Reprenons.

        Clock Work Island, surface: Quinze heures dix-sept.

        Les donzelles, qui font comme si elles avaient le droit de vote, me refusent le choix de prendre Dorian dans le groupe. Et gneuh gneuh gneuh, il ne fait pas partie de l'équipage, et gneuh gneuh gneuh je suis un personnage émancipé, et gneuh gneuh gneuh je n'accepte aucune demande masculine sans broncher, parce que ça casserait mon cliché de femme forte indépendante et avant tout casse-couilles pour le spectateur, comme la fluidité de la narration ! J'aurais pas le bras le plus proche d'elle dans le plâtre, y aurait une main de bouddha en mode violence éducative qui remettrait de l'ordre dans cette histoire. Mais je reste tranquille. Maître du logos, le Minos. Pas besoin de faire de la pulpe friction pour négocier le dernier mot.

        C'est pas trop dans votre intérêt de refuser à ce zig en costard de nous rejoindre. De un, c'est un CP, donc un emmerdeur pour la marine.
        D'où tirez-vous ça ?
        Vous voulez rire ? Après les "ué té pa dé nôtre" et les "j'kos ka ton supérieur lolmdr" que vous venez de vous échanger ? J'aurais bien pu miser sur un chasseur de primes, mais je vais pas faire un cours, ici et maintenant, sur le fait que les chasseurs sont moins neutres quand ils paradent sur un navire de la Mouette et qu'ils ne regardent pas avec mépris et un brin de paternalisme les uniformes qu'ils croisent car, contrairement aux chasseurs de primes, les agents du Cipher Pol pensent qu'ils ont un grade supérieur à celui de leurs cousins.

        Donc, premièrement, c'est un emmerdeur pour la marine. Le mec risque de baffer du méchant tout en notant vos infractions et vos failles en tant que soldats. Il sera limite votre pire ennemi à bord. Autant l'emmener loin de vous. Secondairement, il a un truc à dire à votre supérieure et pourrait aider à la retrouver. Ou il merde et c'pas votre faute, ou il réussit et vous aurez votre boss pour le gérer à leur retour. Troisièmement, on avait un accord. C'nous qui choisissons qui monte à bord du sous-marin et de toute évidence ce lascar n'est pas un opposant à la loi et l'ordre.


        Les dames d'abord, c'était votre crédo.

        Et quoi ? Vous êtes déçue parce que vous pensez ne plus avoir votre place à bord ?

        Je suis sceptique. Cela avait l'air de vous tenir à coeur. Il y a anguille sous roche.

        Ben venez avec ! Moi tant qu'il y a des femmes compétentes, je suis chaud.

        Je ne viens pas.

        Moi si !

        Voilà que Rouge s'en mêle. Depuis qu'elle m'a alpagué avec son exo-armure, elle s'imagine que ça y est, je suis une cible facile pour elle. Mais elle est vachement bien gaulée, alors je fais juste un peu mine que ça m'embête. Ca tombe en panne les sous-marins ? Me voilà à vouloir m'engager dans la marine.

        La fifille aux bras d'acier me colle aux basques et se joint à l'équipage. Dorian nous est concédé, tout comme on nous impose une femme en contrepartie, répondant au doux nom de dieu qu'elle moche !
        Spoiler:

        Sergente-cheffe Cook, la cuistot du bahut. Elle doit appâter le mérou en plongeant la trogne dans la flotte. Obligé, il pense reconnaître une concubine. Une petite étincelle me fait cependant penser qu'ils nous passent la cuistot de l'équipage, autrement dit un des rôles les plus importants à bord. Ils n'ont pas grand espoir de contenir les menaces de la surface on dirait. Je le pense aussi. D'ailleurs, ce sous-marin, c'est vraiment l'arche de Noé. Sauf que c'est une seule espèce. Et qu'on ne les sacrifie pas à la fin. Et que les flots sont ici le salut, non le danger. Hmm, ce n'est pas du tout comme l'arche de Noé en fait.

        Quand la négoce ponctuée des tirs de canons se termine, on a notre équipage. Rik et moi, bien sûr, les indispensables, mais aussi Dorian le CP qui cabotine, Rouge la mécano en exo-armure, Cook la moche, Frances l'aveugle chiante et...
        Spoiler:

        ...Fhira, une enturbannée qui sert d'éclaireuse spécialisée dans les zones hostiles. Et de pisteuse. Je proposerai qu'elle file son turban à Bobette la moche, que ce sous-marin reste entre esthètes. A propos, on y entre et bordel, c'pas le grand luxe ! J'admets que je suis grand, mais tout de même, c'est plus une caravane à hélice qu'un bâtiment de guerre submersible. Je me cale au fond pour éviter d'écraser quelqu'un à la première poussée de vitesse. Les nanas s'installent comme elles peuvent, certaines sur mes jambes et ça pourrait me ravir si je n'étais pas contraint à ne pas pouvoir les détendre avant la fin du voyage. Les jambes, pas les femmes. Y aura des fourmis et moins de plaisir que prévu. Suis même pas sûr de pouvoir m'allonger de tout mon long dans ce cockpit pour playmobiles. Quand l'hélice se met en route, je sens les vibrations sur la paroi où je suis collé et j'ai presque l'impression qu'au moindre éternuement, je perce la coque. Mais la vibration fait un peu massage de jacuzzi. Manque plus que les bulles. Ca viendra peut-être.

        Rouge est sur une de mes jambes, à me surveiller. Dorian sur l'autre. Les filles ont curieusement veillé à ne pas trop me laisser accès à leurs courbes, mais c'est pas bien grave. A peine sous l'eau, après un dernier coucou à la fumeuse qui compte échapper aux attaques en surface et nous récupérer la mission terminée, je me mets à peloter le popotin de Dorian sans vergogne. L'ont pas vu venir celle-là. Le dodo sursaute et se prépare à répliquer, mais le vaisseau se met à partir en vrille dès que Rik tente de le manoeuvrer. C'est son premier essai, faut être clément. On brinquebale, ce qui coupe un instant l'élan et l'équilibre de Dorian. J'en profite pour lui tirer les cheveux. Fort. Si fort qu'ils s'arrachent et me restent dans la main. En-dessous, une tignasse blonde et soyeuse qui ne me surprend pas vraiment se déplie avec majesté.

        J'avais bien dit qu'il n'y aurait que des femmes à bord. Tu sens bon.


        Dernière édition par Minos le Mar 02 Fév 2021, 17:38, édité 1 fois
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        Cher journal,


        Clock Work Island, sous la surface -quoique techniquement au-dessus de la surface de Clock Work Island, qui se trouve elle-même sous la surface-, quinze heure vingt cinq.
        Au cas où tu te poserais la question journal, j'arrondis un peu parce que ça fait plus propre. Et parce que à vouloir être trop précis on a tendance à perdre les gens. D'ailleurs en règle générale j'aime mieux arrondir de cinq en cinq, ça fait des chiffres plus jolis. Cinq minutes tout le monde voit ce que c'est, alors que sept minutes virgule trois on se dit: "... bon alors ça doit faire quelque chose entre cinq et dix minutes..." ! En plus, s'il prend l'envie à quelqu'un de contester l'exactitude de mes chiffres -et je ne parle pas seulement des minutes- je peux toujours répliquer: "oui mais c'est normal que le calcul ne tombe pas juste, j'ai arrondi un peu". C'est très utile quand on rend sa note de frais de missions comprenant des "achats vestimentaires indispensables" par exemple, journal !)
        De toute manière, une minute sacrifiée au nom de l'arrondi paraît bien peu de choses dans cette descente dans les fonds marins qui semble prendre une éternité.

        La boîte de sardines qui nous sert de sous-marin s'élance maladroitement dans les profondeurs majestueuses de l'océan, à coup de petits soubresauts et redressements de direction un peu trop brutaux. Je ressens une intense excitation à l'idée d'entreprendre un voyage pareil, parce que ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de découvrir les fonds sous-marins. Surtout dans mon état ! Même si la compagnie n'est peut être pas idéale et qu'emmener avec nous deux criminels dangereux -dont un occupant à lui tout seul la moitié de l'espace habitable ma paraît être une très mauvaise idée, comme ça ne sera pas à moi de rendre des comptes si ça se passe mal mais aux personnes dont le nom figurera sur mon rapport, je me tais et je profite !

        Tu penses que je prends des risques inutiles, journal, à m'aventurer ainsi sous l'eau dans un appareil à la fiabilité douteuse ? Bah, tu sais, si il casse aucun de nous ne pourra remonter à la surface, alors mon handicap de ne pas pouvoir nager ne fera pas une grosse différence ! Et puis je ne vois pas en quoi ce que je fais est plus dangereux que de combattre des criminels assassins qui cherchent activement à me tuer, de m'obstiner à continuer d'aller à la piscine en m'aidant d'une bouée pour nager, ou bien de manger des fruits dont je ne connais pas la provenance !
        Je ne m'inquiète pas non plus de la menace que représentent nos compagnons criminels, ni même des éventuelles bestioles que nous pourrions croiser dans l'eau. Jusqu'à preuve du contraire les monstres marins ne viennent pas jusqu'ici et nous ne devrions rien rencontrer de plus moche qu'un homme poisson, et d'autre part de ce côté des parois du sous marin le plus gros danger c'est moi !

        Ce qui me contrarie le plus en vérité c'est que mon espace vital n'est clairement pas respecté ! J'avoue qu'il y a plus désagréable que de m'installer sur les genoux d'un colosse aux allures de nounours qu'on a envie de chouchouter avec son pauvres bras dans le plâtre, mais à chaque embardée que fait vaisseau je me retrouve projetée contre ma voisine, ou contre la paluche baladeuse du géant convalescent ! D'ailleurs... hé mais c'est ma perruque qu'il arrache !

        "- J'avais bien dit qu'il n'y aurait que des femmes à bord. Tu sens bon.
        - Merci, c'est très gentil. D'ailleurs je te trouve très charmant et tu es plutôt confortable. Mais tu veux bien me rendre ma perruque s'il te plaît ? Dorian ne va pas apprécier s'il apprend que je me déguise en lui mais avec des cheveux de fille."

        Je récupère ma fausse tignasse noire, la fixe comme je peux sur ma tête, et ajoute:

        "- On avait pas le budget pour le vrai Dorian alors on a fait ce qu'on a pu."

        Honnêtement, ils y gagnent au change. Et moi aussi, parce que si je fais une boulette pendant cette mission je pourrais toujours la lui mettre sur le dos !
        Nous restons un moment silencieux et je m'efforce d'ignorer les regards que les autres portent sur moi. Je sens planer le léger malaise qu'éprouvent les gens lorsqu'ils réalisent qu'ils n'ont pas affaire à la personne qu'ils s'attendaient, et qu'ils réorganisent leur manière de me percevoir et me considérer.
        Après un moment de réflexion je me décide à demander:

        "- Quand vous dites "que des femmes", ça veut dire que vous et votre ami êtes également déguisés ? Enfin... contrairement à moi je veux dire, vous et votre ami êtes des femmes déguisées en hommes ?"

        Dommage, il me plaisait bien ce roi-géant-criminel-sans-gène-fauteuil ! Son ami aussi était plutôt mignon, sauf que lui ira dans le cercle de l'enfer réservé aux personnes qui portent des lunettes de soleil en intérieur ! D'un autre côté vu la propension du grand blanc à peloter ce qu'il croyait être Dorian Silverbreath, j'en déduis que soit ma théorie est vraie, soit il préfère les autres hommes. Il est sans doute même en couple avec notre pilote-pirate. Dommage. Tant pis.

        "- C'est bien un garçon," m'informe la soldate de la marine répondant au nom de Rouge, "je suis bien placée pour le voir de là où je suis !"

        Et comme pour illustrer son commentaire, elle se décale ostensiblement sur sa jambe en s'éloignant de sa cuisse. Toute l'assistance se met à glousser avant que la tatouée et l'éclaireuse à turban ne se lancent dans une discussion assez explicite et sans la moindre gêne sur le fameux "boudin blanc" qui doit se cacher dans notre sous-marin. Je te fais gré de sa retranscription journal, mais elle illustre bien un fait que les marins masculins qui voyagent la plupart du temps entre eux ont tendance à oublier: quand on est en majorité, on est bien plus vulgaires qu'eux ! Encore plus les femmes de la marine !! Moi non évidemment, parce que je suis un jeune femme distinguée et que la fille d'un comte de Goa ne parle pas de "boudin blanc" en présence d'inconnues ! Ni ne demande au malheureux pilote des détails croustillants sur son ami ! Cependant je ne me gêne pas pour glousser avec les autres et m'amuser de la situation !
        C'est l'adjudante Frances qui recentre la discussion. Il y a toujours au moins une rabat joie à toujours vouloir rester sérieuse dans ce genre de moments ! Dommage, c'était rigolo comme discussion.

        "- Bien ! Messieurs -ou mesdames ?- les prisonniers, maintenant que nous sommes sous l'eau il va être temps de mériter votre place à bord ! Puisque nous partons du principe que les ravisseurs sont partis à la recherche du trésor, amenez-nous-y sans traîner."

        ♦♦♦♦

        Le "boîte à sardines" comme j'ai décidé d'appeler notre vaisseau sous-marin, poursuit sa lente et maladroite progression sous la surface. Grâce à la lumière qui nous parvient -atténuée mais persistante- depuis la surface, couplée aux puissants lumini-dials qui équipent notre appareil, nous finissons par apercevoir des ruines de plus en plus nombreuses qui se mêlent au paysage subaquatique. Cela ne fait que quatre ans depuis la dramatique catastrophe qui a noyée la ville, et pourtant les restes des maisons et des monuments noyés de la ville sont déjà copieusement envahis d'algues et de plantes marines, au point de nous donner l'impression d'explorer les ruines d'une ancienne cité antique engloutie depuis des millénaires.

        Je dois t'avouer que je m'attendais à une recherche un peu plus facile. Un sous marin qui fait du bruit et de la lumière pour se repérer et chercher un trésor, ça doit se remarquer ! Mais la ville est plus grande que je ne le supposais, la lumière beaucoup plus ténue, et les immenses plantes aquatiques forment de véritables forêts dansant lentement au gré de l'eau. C'est magnifique, mais un petit peu oppressant et pas très pratique. Et puis soudain, l'éclaireuse s'exclame:

        "- Là bas, près de la cheminée ! Je vois une lumière !
        - Hardi moussaillon, en avant toutes !" Dis-je avec enthousiasme avant de me reprendre. Je me racle la gorge et m'efforce de retrouver cette voix rauque et cassée qui peut passer pour la voix de Dorian auprès de ceux qui ne l'ont jamais rencontré "J'veux dire... emmènes-nous-y le pilote-pirate, qu'est-ce qu't'attends ?"

        Émettant son petit ronronnement tranquille, notre sous-marin nous dirige tranquillement vers la source de la lumière. Sa trajectoire est au moins aussi erratique que la nôtre, ce qui m'étonne un peu car je pensais qu'ils avaient un vrai pilote avec eux, contrairement à nous.

        "- Ça veut dire quoi tous ces petits points sur cet écran du tableau de bord ?" Demande Rouge à notre pilote-pirate. "Et ce gros point derrière ?"

        La réponse peu éloquente de notre chauffeur incite Rouge à conclure:

        "- Vous ne savez pas piloter de sous-marins en fait ?
        - Évidemment ! Je le sens à sa voix. Je l'ai senti dès la première fois que je lui ai parlé:" ajoute l'adjudante aveugle. "c'est un baratineur.
        - Vous êtes dures avec lui, le pauvre !" Réplique l'éclaireuse en prenant sa défense. "Ça doit être difficile de conduire un engin comme ça ! En plus, qu'est-ce que vous y connaissez en pilotage de sous-marin ?!
        - Moi je n'y connais rien en pilotage de sous-marin, mais je sais reconnaître quelqu'un qui fait n'importe quoi !"

        De mon côté, je suis absorbée par la contemplation de ce que nous permet de voir la large baie vitrée renforcée qui sert de cockpit. La lumière que nous voyons danser au loin devant nous est presque à coup sur le sous-marin que nous recherchons, mais on dirait qu'il cherche à semer des poursuivants. J'en suis certaine à présent car j'arrive à les apercevoir par à coups, et je dirais qu'il s'agit de créatures aquatiques. Ce sont certainement elles qui correspondent aux petits points signalés par l'écran du tableau de bord. D'ailleurs c'est amusant, on dirait qu'elles se dispersent toutes pour éviter...

        A cet instant, la vue devant nous est complètement obstruée par un énorme rocher, tout lisse et gris, qui n'était pas là l'instant d'avant et semble s'être matérialisé devant nous tellement il est apparu vite ! Il nous dépasse, semble bondir, et déplie des pattes monstrueuses qui feraient passer notre passager au bras plâtré pour un petit lutin de bois en comparaison !

        "- Un crabe ! Un crabe géant est en train de les poursuivre !"


        Spoiler:
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        "Où est c’te foutue brèche… 'Chier… BORDEL !
        - Je veux pas… Non je veux pas… Je suis trop jeune… Trop populaire… Trop…
        - Du calme gamine, des années que j’plonge et j’me suis pas encore fait croquer un orteil ! Par contre toi si tu t’ressaisis pas, y’en a un de nous qui va te coller une tarte !
        - Capitaine Némo, la bête ne nous lâche pas. Les autres créatures se sont dispersées et ont probablement trouvé refuge dans les récifs, nos Luminis Dials nous trahissent malgré vos manœuvres mais sans Luminis Dials nous n’arriverons probablement qu’à nous perdre… Peut-être même dans la bouche d’un autre monstre marin…." commenta mécaniquement la commodore Vasilieva, de nouveau blasée qu’on parle d’autre chose que du trésor.
        - Qu’importe ! J’vais m’en sortir avec le radar ma petite ! Allez plutôt préparer l’artillerie ! Les fonds marins m’ont pas l’air d’bonne humeur aujourd’hui ! Poouaaaah mais… !
        - On est sur le coup.
        - Et les ruines ?! On avait dit qu’on se cacherait dans les ruines ! Vous perdez la tête ou quoi ? On ne va quand même pas attaquer ce truc de front ! Il a l’air gi-gan-tesque…
        - Mais vous allez me foutre un peu la paix les morpions ?! OH ! QUI pilote ce bordel de sous-marin ?!
        - Hm… dites… " voulut rajouter Raphaël, levant la tête de son ouvrage, une corde qu’il ne pouvait maintenir de sa main menottée tirée entre les dents.
        - QUOI ENCORE ?!"

        Multipliant les embardées et poussant sa machine au maximum de ses capacités, le vieux Capitaine était dans un état de tension tel que sa moustache frisait. D’abord serein, puis inquiet de ne pas trouver la brèche par laquelle il pensait se faufiler, et enfin vaguement préoccupé de se faire percuter par des animaux marins, une sirène et un homme-poisson paniqués, il avait –lorsque ces deux derniers leur avaient aimablement fait comprendre en quelques signes qu’ils risquaient de se faire trucider s’ils restaient sur place- décidé de foncer. Les turbines du Moby Bus tournaient plein gaz, les pompes à Cola tellement surmenées qu’elles en sifflaient et l’occupation du petit cockpit de pilotage par ses passagers et leurs craintes idiotes avait le don d’excéder Némo.

        Rase-motte et le sous-marin emportait une forêt d’algue.
        Baisse de luminosité et il évitait de justesse de se retrouver coincer dans un dolmen.
        Virage violent, voyants au rouge, les passagers hurlaient mais leur poursuivant continuait de se rapprocher et de suivre leur route.

        Ce fut Raphaël qui réagit le premier, le radar se calma mais aussitôt le décor éclata et une armée de gantelets de cuirs vinrent former un bouclier entre un bloc de marbre et le cockpit de verre. Les invocations furent écrasées et l’embarcation n’eut qu’un instant de répit pour se déporter, déchirant une bâtisse de ses deux énormes pinces la créature leur coupait subitement la route.

        "Foutue Héloïse…Tu m’as retrouvé… "


        Héloïse
        Grande Méchante Crabe


        "Je… Non laissez tomber, j’adore les vieilles histoires mais c’est clairement pas le moment de nous raconter votre première rencontre… " réagit le vert, regrettant dans un grincement de dent d’avoir traité la dénommée Héloïse de « vieille histoire » lorsque celle-ci ouvrit grand la bouche et leur dévoila ses trois rangées de crocs, doublées de vase et de reste de divers représentants de la faune marine. Il ne manquait à peu près plus qu’un morceau de submersible pour compléter le tableau.
        "Anderswag, avec moi ! " s’exclama la commodore en le tirant vers l’arrière de la cabine.
        - Trop innocente… Trop peu vécu…
        - Aïe ! Et la PUTAIN de délicatesse vous connaissez ? OH !
        - NEMO ! ARRIÈRE TOUTE !
        - Trop peu dit à mes parents que je les aime… Trop été superficielle… Trop…
        - TOUT DE SUIIIIIIIIIIII-"

        Trop tard.

        Les pattes de la créature, articulations puissantes, presque robotiques, la propulsèrent avec plus de vitesse que les moteurs du Moby Bus. Tout droit sortie d’un cauchemar, sa pince couverte de balanes se referma sur le sous-marin comme on saisit une boîte de conserve, ne manquant pas de secouer les passagers. Le métal se plia sans se rompre, une lueur brillait dans le regard d’Héloïse alors qu’elle approcha son œil globuleux près du cockpit.

        Du défi.
        La saveur d’une victoire.
        Une moquerie.

        La Grande Méchante Crabe avait reconnu sa proie et ce n’était pas par hasard qu’elle les avait pourchassés. Le capitaine Némo collé à son siège déglutit, peu à son aise comme si un fantôme du passé le visitait. L’embarcation inclinée au gré des mouvements de la créature, Alma et Eärendil faisaient du mieux qu’ils pouvaient pour s’agripper, ne pas perdre leurs moyens et surtout ne pas s’évanouir face au sourire carnassier qu’on leur offrait en plan détaillé.

        "Prêt à viser.
        - Cible en mire, chargez…"

        À l’écoute du maître de bord, retournant un instant dans le rang des soldats pour assurer l’intérêt commun, la commodore Vasilieva avait entraîné Raphaël au poste d’artillerie. Petite alcôve où ils tenaient à peine à deux, entravés dans leur mouvement par le lien qui les unifiait, elle avait le mérite de leur donner une vue directe sur le gosier fétide d’Héloïse.

        "Ce serait quand même bien plus pratique sans cette merde de… VOILA PUTAIN ! Prêt à tirer !" s’exalta Raphaël, pas peu fier de la munition artisanale qu’il venait de charger, avec l'aide d'une de ses invocations pour compenser le handicap d'une main en moins.
        - À vos ordres capitaine Némo…
        - J’espère que vous et cette Héloïse n'étiez pas trop proche, parce que celle-là, elle risque de la sentir passer... et de vous en vouloir ~
        - FEU ! " hurla Némo, déclenchant le tir de la commodore " BOUFFE CA MA VIEILLE ! À JAAAAAAAAAMais… Hmrrr ?!
        -
        -
        -
        - Euh… Elles sont pas censées exploser à l’impact vos torpilles ? "

        Remarque judicieuse du charpentier, la torpille propulsée par air comprimé était partie comme un boulet, se fichant au fond de la gueule de la bête et lui occasionnant une grimace mais… rien ne suivit.

        "Je peux pas vérifier la date de péremption de tous mes équipements. " répondit Némo, le plus naturellement du monde en haussant les épaules.
        - Mais…
        - Typique du troisième âge… " grimaça Raphaël, puis profitant d’une première quinte de toux de la Grande Méchante Crabe pour s’extirper du poste d’artillerie, il sourit à Alma en jubilant "Heureusement que j’avais mon petit plan de secours ~ "

        Une quinte de toux plus violente agita soudainement Héloïse. Elle lâcha subitement le sous-marin et se cambra, visiblement gênée par ce qu’elle venait d’avaler. Une mince corde tissée s’échappait de sa bouche, semblant se dérouler à chaque raclement de gorge du crabe.

        "C’est le moment d’en profiter ! Ca va pas être beau à voir, il est temps de déguerpir ! "

        Nouvelle expectoration et cette fois l’eau se mit à vrombir autour de la corde, encore une et le crabe recula de trois mètres, à la suivante l’eau agitée prit la forme d’un tourbillon et la gueule de la créature celle d’un gouffre qu’elle n’arrivait plus à contrôler. Le courant marin se fit plus puissant autour d’elle, l’environnement tout entier sembla s’agiter et au dernier toussotement la gueule d’Héloïse se détendit et recracha toute la tension accumulée. Son corps massif fut projeté comme une torpille vers la surface et la trace de son passage découpa l’océan d’un puissant jet d’air sous pression.

        "Je me suis dit qu’au pire les nœuds de vent dont j’avais entouré la torpille se déferaient avec l’explosion, mais même pas besoin héhé ! Impressionnant comme tour hein… L'artisanat des îles célestes est fascinant, ils enferment de l'énergie dans des coquillages et capturent les rafales de vent dans des cordes tissées. Et voilà une Tornade..." commença à expliquer Raphaël, pas peu fier de tous le savoir et la technique qu'il avait acquis ces derniers mois sur l'île céleste de Weatheria "J’avais encore jamais essayé sous l’eau, pour des raisons évidentes… " rajouta-t-il pour fanfaronner en montrant ses gants, symbole de son autre pouvoir "Mais ça a son potent- Euh… Par contre, c’est moi ou on ne recule plus ?! "

        À cause de l’impact du jet d’air, le sol était en train de s’effriter, le courant d’eau relâché par le crabe ne se calmait pas, et sa forme de tourbillon les piégeait, commençant à prendre de l’ampleur. Quand le fond marin céda, tout alla très vite.

        Un trou béant s’ouvrit sur nulle part, l’eau se précipita pour s’y engouffrer, le tourbillon devint typhon et le typhon maelström, trou noir de l’océan.

        Et trop près pour s’en extirper, le Moby Bus.
        Spoiler:


        Dernière édition par Raphaël Andersen le Jeu 14 Jan 2021, 23:06, édité 2 fois
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