LEWIS THOMAS
• Pseudonyme : Spade. Et tout un tas d'alias.
• Age : 30 ans.
• Sexe : Homme.
• Race : Humain.
• Métier : Agent du Cipher Pol 4.
• Groupe : Cipher Pol.
• Age : 30 ans.
• Sexe : Homme.
• Race : Humain.
• Métier : Agent du Cipher Pol 4.
• Groupe : Cipher Pol.
• But : Piétiner la corruption.
• Équipement : Un escargophone, un costard.
• Parrain : Aucun.
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? DC de Klara Eilhart.
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? Raphaël Andersen.
Codes du règlement :
• Équipement : Un escargophone, un costard.
• Parrain : Aucun.
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? DC de Klara Eilhart.
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? Raphaël Andersen.
Codes du règlement :
Description Physique
Salut, l’ami. Ami, ça te va ? On va passer un bout de temps ensemble, alors vaut mieux que tu sois à l’aise. Je vais me présenter, donc. T’as pas besoin de parler, t’inquiète pas.
Bon. Je fais un mètre quatre-vingt dix. A peu près, hein. Pour le poids, j’en sais rien. Je pourrai me peser, mais je porte quasiment toujours mon costard sur moi, et c’est pas pour faire mon emmerdeur mais j’ai la flemme de me mettre à poil, là. En tout cas, je m’en sors pas trop mal, et je flotte pas dedans : j’aime penser que c’est plus grâce aux muscles qu’au gras. J’ai le visage bien carré, délimité par une barbe de trois jours que je prends soin de tailler avec subtilité. Tu sais, pour que ça fasse bien mais en même temps pas trop. J’ai le cou un peu large, aussi. Je suis brun, les cheveux plutôt courts, souvent rasées sur les côtés. Parfois je laisse pousser, mais ça dépasse rarement du chapeau. Chapeau que je porte quasiment tout le temps. Ça fait partie de l’uniforme, on va dire. Tu veux du détail ? Je sais pas, moi. J’ai pas un petit pif, déjà. C’est pour mieux renifler les indices. J’ai les yeux marrons, presque noirs. Perçant. Enfin, j’espère, ce serait classe.
Alors je sais ce que tu vas dire, jusqu’ici, y’a rien de transcendant. Et tu aurais parfaitement raison. Je me démarque pas spécialement. Les gens font pas forcément attention à moi. Je ressemble au sbire habituel du Cipher Pol, quoi. Ça tombe bien, c’est mon boulot. J’ai une démarche plutôt sûre, rapide. Je pense être moins tendu que les collègues, par contre. Je m’affale, je prends mes aises, les mains dans les poches ; les gardes à vous et les courbettes, c’est pas mon truc. On dit souvent que je fais la gueule, par contre. Ce qui est faux, je te rassure. C’est juste ma tronche qui est faite comme ça. Puis la voix rauque qui arrange rien. Sinon, j’ai des bonnes poignes. J’en suis fier, je ne te le cache pas. On dirait presque que j’ai fais du boulot manuel toute ma vie. En fait, c’est juste à force de mettre des beignes.
J’espère qu’avec ça, t’es capable de me représenter sans trop de mal.
Description Psychologique
Bon, là je te cache pas que ça devient un poil plus complexe. Pour se décrire physiquement, suffit de se tenir devant un miroir et d’être honnête. Pour ma façon d’être, c’est une autre paire de manche. J’ai pas l’habitude de parler de ça, tu vois ? Du coup, je commence où, moi…
Bon, déjà, je suis sympa. J’ai beau bien y réfléchir, non, je pense vraiment être un bon gars, dans le fond. J’ai l’air de faire la gueule, je mâche pas mes mots c’est sûr, mais dans le fond je suis sympathique. Je suis même plutôt sociable quand je suis motivé. Et poli quand il faut. Parce que tu vois, moi j’aime bien les gens. Alors ne te méprends pas, évidemment que la plupart sont des tocards et que le monde se porterai bien mieux sans eux. Mais. J’y peux rien, j’aime bien les gens. Les petites gens. Les types honnêtes, qui font leur vie sans empiéter sur celles des autres. Pas les gars comme moi, quoi. Bref, pour résumer, je ferai pas de mal à une mouche.
...
Je rigole. Quand on bosse pour le Cipher Pol faut être prêt à écraser certains insectes. Mais pas tous, c’est ça que je voulais dire. Tant qu’on me fout la paix, à moi et à ceux qui ont rien demandé, j’ai de problème avec personne. Comme je t’ai dis, je suis même capable de plaisanter, et de discuter du beau temps si il faut. Tiens, tu sais que je suis un grand amateur d’art, et de musique, surtout ? Je suis un grand curieux. De possiblement tout. Je suis aussi un amoureux de la Vérité avec un grand V. Un fouille-merde, pour certains. C’est plutôt pas mal, quand on fait mon métier, mais ça peut aussi attirer des emmerdes, alors j’essaye de me contrôler. Parce que c’est pas un milieu facile, le Cipher Pol. Mais ça, tu t’en doutes sûrement. Personne n’est honnête, et certainement pas moi. Ça fait partie du boulot. On ne se montre jamais sincèrement.
Ça tombe bien, parce que j’en suis bien incapable. Je pleure jamais. Je rigole pas énormément. Je garde mon stress pour moi. C’est d’ailleurs sûrement pour ça que t’es là, l’ami. Avoir quelqu’un avec qui penser, ça m’aide. Sûrement. Toi, je peux tout te dire, t’existe pas vraiment.
Mes pensées. Je suis souvent seul avec, alors j’ai appris à m’y plonger sans retenue. Je me perds souvent dedans, sans forcément m’en rendre compte. Pour oublier le fait que le boulot est souvent dur et chiant, je m’imagine le héros d’un de ces romans que j’affectionne, même si j’en suis relativement loin. Je suis certainement un personnage secondaire qui n’a de peu d’importance et d’incidence sur l’histoire. Ou pire, un antagoniste.
J’ai l’air un peu blasé de ma personne, comme ça, mais j’essaie juste d’avoir un peu de recul. Concernant la vie, je suis dans une sorte d’équilibre précaire, coincé entre ma croyance que le monde qui m’entoure pourrit de jour en jour, et ma conviction qu’il est possible de changer la donne. Alors, je fais de mon mieux, à mon humble niveau. J’aime bien m’imaginer sauveur de la veuf et de l’orphelin. C’est pas vraiment le cas. Je suis un agent du Cipher Pol, rien à voir ; je mens, je complote, je trahis. Ça me fait pas particulièrement plaisir, mais c’est comme ça. Je tente quand même de maintenir des vraies relations. Des relations saines.
Si je devais me trouver des défauts, je dirai maladroit déjà. Nan, vraiment. Je suis toujours à la bourre, aussi. J’ai également beau me considérer capable d’avoir du recul sur moi-même, je crois bien que je laisse parfois mon égo grandir un peu trop, jusqu’à ce que je m’en prenne une suffisamment fort pour que ça me remette à ma place.
Bon, je sais pas si j’ai fais le tour, mais je pense t’avoir donné une idée un peu générale de qui je suis. Un bon gars. Un menteur. Un type qui se paume aussi bien dans ses pensées que dans sa vie, parce que plutôt que de trouver un vraie sens à celle-ci, je préfère m’enfermer dans mon boulot.
Bref, c’est moi.
Biographie
Accroche-toi bien l’ami, parce que maintenant je m’en vais te raconter mon histoire. T’accroches pas parce que ça va être une virée dantesque, mais accroches toi parce que c’est pas spécialement dingue, alors t’endors pas.
Je m’appelle Thomas Lewis, fils d’Isaac Lewis et de Lisa Lewis, née Lisa Spade. Niveau famille, j’ai connu que mes parents et ma sœur. Je suis l’aîné. Je suis né à Marie-Joie, la fameuse Terre Sainte. Tu te doutes bien que c’est pas vraiment le cas, hein. J’ai pas à me plaindre, j’ai eu une enfance relativement tranquille, à l’abri du besoin. Mon père est journaliste, tu vois. Officiellement, il participe à apporter une information claire et factuelle aux habitants du monde. Officieusement, il ne fait que gentiment recopier ce que les gens d’en haut lui dictent. Mais ça, je l’ai pas compris avant un moment. Pendant une bonne partie de mon enfance, j’admirais mon père. Je l’enviais, même. Investiguer, démêler le vrai du faux… Ça, c’est top.
Bizarrement, quand j’ai compris que ce qu’il démêlait le plus, c’était les élastiques autour des liasses de billets qu’il recevait, ça m’a moins fait envie. Mais tu vois, je me trouve un peu hypocrite d’en parler comme ça. Parce qu’à l’époque j’étais bien content de pas vivre dans le besoin. D’être en haut de l’échelle. D’avoir tout ce dont moi et ma sœur avions besoin. Et c’était possible parce que le père était un sacré enfoiré. Donc bon, merci papa quand même, hein.
Je suis resté dans le déni un moment, je me plongeais dans un tas de bouquin quand j’étais gamin, et même encore maintenant. Ça me faisait rêver. Quand on a besoin de rien, on s’ennuie vite, fallait bien que je trouve un échappatoire. L’école, c’en était pas un. Ironiquement, c’est mon père qui m’a introduit aux romans. Policiers, d’espionnage, des aventures dantesques et des héros en quête de vérité, la classe, non ? C’est ça qui m’a donné envie de devenir ce que je suis actuellement. A la base, je voulais suivre les traces de mon père. Puis je suis passé de gamin ignorant à adolescent ingrat.
Et j’ai dévié un peu la route. Je me suis éduqué. Je suis sortie de mes livres, et j’ai fais de mon mieux pour comprendre le monde dans lequel j’ai grandi. Un monde de mensonge, de trahison, de faux-semblant, bref, un monde de merde. Mais tu sais quoi ? C’est quand même vachement stimulant comme monde, tu trouves pas ? Alors j’ai décidé de devenir celui qui dicte la vérité, plutôt que d’être celui à qui on la dicte. Et de faire de mon mieux pour dicter une vérité au pire un peu vraie. Et pour ne pas me sentir trop mal, j’ai tout fait pour rejoindre une division pas trop dégueulasse du Cipher Pol. Lutter contre la corruption, c’est forcément bien, non ? Je préfère ça que de fomenter des coups d’états, en tout cas.
Et me voilà membre actif du Cipher Pol 4. Le père pratique toujours, mais tu me comprendras sûrement si je te dis que notre relation est pas au plus haut. Ma sœur s’est barré y’a bien longtemps, sûrement parce que c’est la moins stupide d’entre-nous. Je fais en sorte de chopper de ses nouvelles quand je peux.
Test RP
Tu sais, j’ai pas un boulot facile. J’ai déjà entendu des types raconter, pensant qu’on n’entendait pas, qu’au quatrième Cipher Pol, on en branle pas une. C’est parfois vrai, mais c’est jamais de notre fait. Forcément, quand il s’agit de coller aux miches d’un gradé pas très honnête, faut passer par des moments pas bien glorieux. Genre patrouiller dans un coin paumé où il se passe rien, ou jouer aux dés avec les collègues du moment pour écouter les ragots. Bref, parfois, on fout pas grand-chose comme un soldat de la Marine, quoi. Mais c’est pour le boulot. Uniquement. Aujourd’hui, c’est ce que j’ai fait. Trois heures passée à surveiller une porte, c’était super. Après, j’ai déjeuné avec les confrères. Puis je suis partie me coltiner la surveillance du port. Une journée convenue pour un troufion de la régulière, en somme. Tout ça pour surveiller de près le colonel Pritchard, un type qui a l’air d’avoir un sacré balais dans le fondement, mais qui est possiblement plutôt ouvert avec la concurrence. Il est soupçonné de traficoter avec des pirates du coin. Nos sources ? Des rumeurs, des plaintes mystérieusement étouffées, des comptes pas toujours très nets. Bref, pas grand-chose pour le moment. C’est là que j’interviens, tu t’en doutes. Tant que je suis à te raconter mes journées merdiques, je dois aussi me taper une tonne de paperasse à lire sur les types que je file. Mais ça, même si c’est chiant, c’est important.
Enfin bref, à la base, je voulais juste te raconter ce qu’il se passe actuellement. Parce que c’est plutôt marrant. Marrant dans le sens pas vraiment drôle, en fait. Tu vois, quand je suis plus dans l’uniforme de soldat et que j’ai une permission, je suis tout de suite plus libre de mes mouvements. Ça me permet de me balader un peu partout, et surtout là ou il faut pas. Le bureau du colonel, par exemple. Je suis généralement assez fortiche pour ça, après tout j’ai été formé pour. Seulement voilà, je suis pas le seul oiseau nocturne de la division, on dirait. J’ai vu son ombre dans le reflet de la fenêtre. Il est arrivé d’un coup. En silence. Comme moi. Lui non plus s’attendait pas à voir du monde. Il est habillé tout de noir, en civil. Mais je reconnais sa tronche, c’est un collègue. Je l’ai croisé deux-trois fois depuis mon arrivée ici, dans les couloirs. C’est un officier. Pas suffisamment gradé pour se balader ici de son plein gré. Il me regarde d’un air calme, on se jauge. On a bien l’air con, tout les deux debout, face à face, à rien dire.
C’est lui qui brise le silence.
« Vous n’êtes pas censé être là, soldat.
– Ordre du patron, je viens lui dénicher un petit truc. Le dites pas aux collègues, mais c’est une petite bouteille de rouge.
– C’est marrant, il m’a demandé la même chose.
– C’est vrai que c’est marrant. »
Je suis pas plus avancé. J’ai l’impression qu’il va me sauter dessus au moindre mouvement. L’inconveniant de ce genre de mission, c’est que y’a évidemment pas moyen d’utiliser des bonnes vieilles techniques de la maison. Sauf qu’il fait rien, on se regarde juste.
En bas, ça s’agite. Y’est censé n’y avoir personne. Des voix remontent jusqu’à nous, depuis les escaliers qui mènent ici. Deux voix. Dont une que je connais.
« Vous allez voir, je vais vous faire goûter un cru de l’année passée, vous m’en direz des nouvelles. »
C’est Pritchard. On regarde tout les deux la bouteille dont je me servais comme alibi, posée sous le bureau. Puis on se regarde à nouveau. Les yeux écarquillés, on a l’air encore plus con qu’avant. D’un geste parfaitement synchronisés, on se jette vers la pièce d’à-côté, qui sert de rangement et d’archive. Lui aussi, il a des choses à cacher.
« Pourquoi tu te cache, que je lui lance, si t’es parfaitement censé être ici ?
– Et vous, soldat ? »
Je ricane en silence, puis je ferme complètement ma gueule, parce que les deux autres viennent de ramener leur fraise dans le bureau. Pritchard se saisit de la bouteille et la lève fièrement vers le deuxième type, que je connais pas. Tu vois un peu le genre de type bizarre, genre cliché ? Ben lui, c’est ça. Il a une cicatrice sur la joue, et ça c’est un signe qui trompe pas. C’est forcément pas un type honnête. Mais je me concentre plus sur mon collègue que sur lui, parce que tu vois moi j’ai pas envie de me prendre un coup de surin dans le dos. Mais il fait rien, il observe avec moi à travers la porte entre-ouverte. Ça c’est de l’espionnage, j’espère que tu es impressionné par la puissance et l’expertise du Cipher Pol.
Les deux types parlent rapidement, pas fort. C’est suspect, faudra que je le note quelque part. Ça parle d’argent. Tu sais comment je le sais ? Le type bizarre a le regard qui brille. Ça aussi, c’est un signe qui ne trompe pas. Puis je l’ai aussi entendu prononcer les mots « sacré paquet de blé », ce qui est un indice conséquent aussi.
Et ils redescendent, la bouteille en main. Mon collègue se relève. Je prends la parole.
« J’ai menti, en fait. Avec les copains on a entendu dire qu’il planquait deux trois bouteilles dans le genre, alors on s’est dit que bon… Ça ferait de mal à personne si on se servait un peu. Pour décompresser, vous voyez ?
– Hm. »
Il a pas l’air convaincu. Il est en pleine réflexion, je le laisse tranquille. Si je peux m’en tirer comme ça, ça me donnera un peu de temps pour découvrir ce que lui fout là.
« Vous allez me suivre.
– C’est la sanction disciplinaire qui m’attends ?
– J’aviserai en chemin. »
Ouais, c’est ça. Tu vas rien aviser mon grand, je sais bien que je risque pas grand-chose, parce que t’es pas censé être là non plus. Enfin, non, je rectifie. Je risque rien vis-à-vis de la hiérarchie. Lui, selon ce qu’il fout là, il va peut-être me trancher la gorge et me jeter dans un fleuve, mais je peux pas vraiment savoir pour le moment. Enfin, le flingue qu’il me point au visage me donne une vague idée, quoi. Je vais jouer les victimes pour le moment.
Je te raconte pas comment je me suis retrouvé attaché au fond d’une cabane qui sent la pisse, ce serait un peu humiliant. Mais je te donne quand même une vue générale de ma situation, parce que je suis honnête. Autant que puisse l’être un espion du gouvernement, je veux dire.
Dans la pièce d’à côté, ça parle à l’escargophone. Il pense que j’entends pas, parce que je suis censé être bien sagement attaché dans un coin de la pièce fermée. Sauf que je me suis déjà disloqué le pouce pour me libérer, et que j’ai l’oreille bien collé contre le mur de bois. Ce gars là risque pas de me buter, ne t’en fais pas pour moi. Par contre je risque de chopper le tétanos si je touche trop longtemps le bois pourri. Il parle un peu fort, il est énervé je crois. Puis il rigole nerveusement. Et il se rapproche. Je me remets dans le coin, je reprends un air triste, et je fais mine d’être toujours attaché. A la moindre menace, je lui en colle une.
« Bon, qu’il commence.
– Ouais ? T’as décidé de ce que t’allait faire de moi ? Je m’impatiente.
– Pff. Te libérer, déjà. Entre collègue, c’est la moindre des choses.
– Tiens donc.
– Agent Rupert, Cipher Pol Cinq. Je suis là pour enquêter sur les possibles liens entre la division présente ici et un groupe révolutionnaire de la région. Ravi de te rencontrer, agent Lewis du Cipher Pol Quatre.
– Putain de merde. »
Je soupire. Il va pour couper mes liens, mais je me lève tout seul. Ça le fait rire.
« Désolé pour tout ça, qu’il fait. On dirait bien qu’il y a eu un soucis niveau relai des informations entre les bureaux.
– On dirait bien, ouais. Encore une sacrée preuve du parfait fonctionnement des bureaux, hein. Ça fait plaisir à voir.
– Au moins, c’est pas nous qui auront le plus l’air con dans le rapport. »
Tu vois, j’avais peur d’être sacrément naze comme agent, mais finalement c’est peut-être toute ma branche qui est comme ça.
Enfin bref, à la base, je voulais juste te raconter ce qu’il se passe actuellement. Parce que c’est plutôt marrant. Marrant dans le sens pas vraiment drôle, en fait. Tu vois, quand je suis plus dans l’uniforme de soldat et que j’ai une permission, je suis tout de suite plus libre de mes mouvements. Ça me permet de me balader un peu partout, et surtout là ou il faut pas. Le bureau du colonel, par exemple. Je suis généralement assez fortiche pour ça, après tout j’ai été formé pour. Seulement voilà, je suis pas le seul oiseau nocturne de la division, on dirait. J’ai vu son ombre dans le reflet de la fenêtre. Il est arrivé d’un coup. En silence. Comme moi. Lui non plus s’attendait pas à voir du monde. Il est habillé tout de noir, en civil. Mais je reconnais sa tronche, c’est un collègue. Je l’ai croisé deux-trois fois depuis mon arrivée ici, dans les couloirs. C’est un officier. Pas suffisamment gradé pour se balader ici de son plein gré. Il me regarde d’un air calme, on se jauge. On a bien l’air con, tout les deux debout, face à face, à rien dire.
C’est lui qui brise le silence.
« Vous n’êtes pas censé être là, soldat.
– Ordre du patron, je viens lui dénicher un petit truc. Le dites pas aux collègues, mais c’est une petite bouteille de rouge.
– C’est marrant, il m’a demandé la même chose.
– C’est vrai que c’est marrant. »
Je suis pas plus avancé. J’ai l’impression qu’il va me sauter dessus au moindre mouvement. L’inconveniant de ce genre de mission, c’est que y’a évidemment pas moyen d’utiliser des bonnes vieilles techniques de la maison. Sauf qu’il fait rien, on se regarde juste.
En bas, ça s’agite. Y’est censé n’y avoir personne. Des voix remontent jusqu’à nous, depuis les escaliers qui mènent ici. Deux voix. Dont une que je connais.
« Vous allez voir, je vais vous faire goûter un cru de l’année passée, vous m’en direz des nouvelles. »
C’est Pritchard. On regarde tout les deux la bouteille dont je me servais comme alibi, posée sous le bureau. Puis on se regarde à nouveau. Les yeux écarquillés, on a l’air encore plus con qu’avant. D’un geste parfaitement synchronisés, on se jette vers la pièce d’à-côté, qui sert de rangement et d’archive. Lui aussi, il a des choses à cacher.
« Pourquoi tu te cache, que je lui lance, si t’es parfaitement censé être ici ?
– Et vous, soldat ? »
Je ricane en silence, puis je ferme complètement ma gueule, parce que les deux autres viennent de ramener leur fraise dans le bureau. Pritchard se saisit de la bouteille et la lève fièrement vers le deuxième type, que je connais pas. Tu vois un peu le genre de type bizarre, genre cliché ? Ben lui, c’est ça. Il a une cicatrice sur la joue, et ça c’est un signe qui trompe pas. C’est forcément pas un type honnête. Mais je me concentre plus sur mon collègue que sur lui, parce que tu vois moi j’ai pas envie de me prendre un coup de surin dans le dos. Mais il fait rien, il observe avec moi à travers la porte entre-ouverte. Ça c’est de l’espionnage, j’espère que tu es impressionné par la puissance et l’expertise du Cipher Pol.
Les deux types parlent rapidement, pas fort. C’est suspect, faudra que je le note quelque part. Ça parle d’argent. Tu sais comment je le sais ? Le type bizarre a le regard qui brille. Ça aussi, c’est un signe qui ne trompe pas. Puis je l’ai aussi entendu prononcer les mots « sacré paquet de blé », ce qui est un indice conséquent aussi.
Et ils redescendent, la bouteille en main. Mon collègue se relève. Je prends la parole.
« J’ai menti, en fait. Avec les copains on a entendu dire qu’il planquait deux trois bouteilles dans le genre, alors on s’est dit que bon… Ça ferait de mal à personne si on se servait un peu. Pour décompresser, vous voyez ?
– Hm. »
Il a pas l’air convaincu. Il est en pleine réflexion, je le laisse tranquille. Si je peux m’en tirer comme ça, ça me donnera un peu de temps pour découvrir ce que lui fout là.
« Vous allez me suivre.
– C’est la sanction disciplinaire qui m’attends ?
– J’aviserai en chemin. »
Ouais, c’est ça. Tu vas rien aviser mon grand, je sais bien que je risque pas grand-chose, parce que t’es pas censé être là non plus. Enfin, non, je rectifie. Je risque rien vis-à-vis de la hiérarchie. Lui, selon ce qu’il fout là, il va peut-être me trancher la gorge et me jeter dans un fleuve, mais je peux pas vraiment savoir pour le moment. Enfin, le flingue qu’il me point au visage me donne une vague idée, quoi. Je vais jouer les victimes pour le moment.
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Je te raconte pas comment je me suis retrouvé attaché au fond d’une cabane qui sent la pisse, ce serait un peu humiliant. Mais je te donne quand même une vue générale de ma situation, parce que je suis honnête. Autant que puisse l’être un espion du gouvernement, je veux dire.
Dans la pièce d’à côté, ça parle à l’escargophone. Il pense que j’entends pas, parce que je suis censé être bien sagement attaché dans un coin de la pièce fermée. Sauf que je me suis déjà disloqué le pouce pour me libérer, et que j’ai l’oreille bien collé contre le mur de bois. Ce gars là risque pas de me buter, ne t’en fais pas pour moi. Par contre je risque de chopper le tétanos si je touche trop longtemps le bois pourri. Il parle un peu fort, il est énervé je crois. Puis il rigole nerveusement. Et il se rapproche. Je me remets dans le coin, je reprends un air triste, et je fais mine d’être toujours attaché. A la moindre menace, je lui en colle une.
« Bon, qu’il commence.
– Ouais ? T’as décidé de ce que t’allait faire de moi ? Je m’impatiente.
– Pff. Te libérer, déjà. Entre collègue, c’est la moindre des choses.
– Tiens donc.
– Agent Rupert, Cipher Pol Cinq. Je suis là pour enquêter sur les possibles liens entre la division présente ici et un groupe révolutionnaire de la région. Ravi de te rencontrer, agent Lewis du Cipher Pol Quatre.
– Putain de merde. »
Je soupire. Il va pour couper mes liens, mais je me lève tout seul. Ça le fait rire.
« Désolé pour tout ça, qu’il fait. On dirait bien qu’il y a eu un soucis niveau relai des informations entre les bureaux.
– On dirait bien, ouais. Encore une sacrée preuve du parfait fonctionnement des bureaux, hein. Ça fait plaisir à voir.
– Au moins, c’est pas nous qui auront le plus l’air con dans le rapport. »
Tu vois, j’avais peur d’être sacrément naze comme agent, mais finalement c’est peut-être toute ma branche qui est comme ça.
ONE PIECE REQUIEM
Dernière édition par Thomas Lewis le Lun 6 Avr 2020 - 17:27, édité 5 fois