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Dépasser ses limites et ses convictions

Bon, cette tenue reste assez pratique et ne gêne pas mes mouvements, mais elle reste trop claire pour l'infiltration: le bleu ciel et la ceinture jaune n'aident pas à rester discrète. J'opte donc pour ma tenue de départ, à savoir un bandana bleu foncé camouflant mes cheveux blonds, un débardeur violet, un bermuda noir et des chaussures en toile noires. Ce sera plus utile pour l'infiltration.
Bon... alors maintenant, je vais devoir me concentrer sur cette mission invraisemblable que je me suis octroyé, à savoir sauver un Marine voulant détruire cette île et ses habitants. Le Commodore Ghar Hadoc m'avait étrangement invité à une discussion avec la reine des lieux, une reine-abeille qui a rapidement pris la mouche devant les propos du Marine. Celui qui voulait assurer l'indépendance de l'île, suite aux événements de Jotunheim, pour être sûr et certain que les révolutionnaires n'auront plus jamais d'abris sûrs se retrouve maintenant derrière les barreaux...
Mais... il avait tant d'occasions de m'arrêter, de me tuer à vue, sans aucune forme de procès et il ne l'a pas fait... J'ignore pourquoi il a fait ça... mais il l'a fait... et je dois payer cette énorme dette envers et contre tout.

C'est pour ça que je me retrouve à raser les murs alvéolés du palais, les sens en éveil, attentive aux passages des gardes et à d'éventuelles discussions, pour essayer de repérer le négociateur du Gouvernement Mondial.
Un tel prisonnier doit alimenter les rumeurs environnantes, surtout si peu de temps après sa capture et après avoir proféré de telles menaces, notamment celle du surpuissant et terrifiant Buster Call. Cette flotte de vaisseaux de guerre semblait être envoyée pour raser systématiquement un territoire posant problème à l'autorité gouvernementale.
Petit à petit, j'arrive à entendre des bribes de conversation, pour finalement situer le Marine plus loin dans le palais.

Les soldats-abeilles passent un peu partout sur ma route, me forçant régulièrement à me cacher dans un recoin ou à rebrousser chemin, faisant traîner le sauvetage.
Aussi, je devais éviter de tuer des soldats "neutres", surtout en sachant que cette île n'avait rien fait à la Révolution et je n'avais aucun objectif concret pour eux, pas de mission particulière. Mais non, je n'ai juste pas envie de faire couler gratuitement du sang.
Pas à pas, info par info, je parviens à m'approcher de l'aile des prisonniers, restant aux alertes comme à la première seconde.
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La cellule ne ressemblait à rien de ce que le marine avait déjà pu expérimenter comme lieu d'assignation. Aucun barreau, aucun gardien, il était laissé dans une pièce sans angle et aménagée comme une petite chambre d'hôtel. Lit, petit bureau, lavabo, commodités et quelques journaux, tout le nécessaire du prisonnier traité avec égards. Il y avait même un écran diffusant une série de documentaires sur le monde fascinant des oiseaux. Ces derniers avaient souvent le mauvais rôle de prédateurs, mais certains reportages tendaient à pardonner leur appétit des insectes. C'était "Ciel, mon paradis", aux souvenirs du Marine.

Ce carré d'images éblouissantes était la seule fenêtre des lieux. Quelques lucioles logées aux murs diffusaient une lumière chaude, mais fatigante. L'air était lourd et l'eau du robinet tiède. Dans ce cocon taillé dans un miel d'une solidité n'ayant rien à envier aux plus solides ciments, la seule sortie était un épais rideau bleu donnant sur un couloir garnis de cellule similaires. Personne ne sortait de sa chambre, car le lieu commun était envahi d'essaims d'abeilles extrêmement agressives et, de ce qu'il a pu entendre des recommandations du gardien l'emmenant ici, aptes à tuer un homme en seulement deux ou trois piqures.

Techniquement, Hadoc pouvait s'évader. Au risque d'être piqué, certes, mais il avait l'habilité nécessaire pour s'en défendre et quitter les lieux. A supposer qu'il existe un moyen d'ouvrir à temps l'énorme bouchon de cire roulant comme une porte de coffre-fort. La serrure s'ouvrait par discussion phéromonale avec les insectes, qui se logeaient dans des trous pour y effectuer une combinaison secrète. Pour ouvrir, il fallait employer la manière forte. Restait à savoir s'il était possible de forcer cette matière. Sans arme ni préparation, Gharr en avait sérieusement douté. Mais quand bien même ce souci aurait été mis de côté, traverser le couloir et y survivre signifiait devoir détruire des abeilles. Succomber à leur poison, même, signifiait en condamner à mort. Hadoc avait compris que la valeur des abeilles égalait celle d'un humain ici. L'idée d'en tuer était donc inadmissible, jamais il ne pourrait appeler la Reine à rallier sa cause si pour obtenir son respect il devait exécuter ses gardiennes. Certes, le temps allait finir par manquer et la perspective de quitter les demeurait incertaine, mais il devait songer à une solution de renégociation sans causer le moindre dommage.

Maya, la Reine qui l'avait emmené ici, avait mal pris ce retour à la réalité, losque l'Officier lui avait assuré que son refus de participer à l'effort de guerre mènerait à une série de conséquences néfastes pour la crédibilité de la jeune personne royale, de sa cité et, très certainement, de l'ensemble de Myriapolis. Personne n'aimait se sentir acculé, aucune décision politique faite à contre-coeur n'était agréable. Pourtant, Maya et lui visaient le même objectif: protéger l'île. La méthode était crasseuse, mais Gharr se savait apte à la mener à bien sans faire perdre la face à quiconque. Cet emprisonnement était le caprice d'une jeune adulte qui préférait la dure réalité loin et sous clef, plutôt que dressée face à elle et imposée à ses désirs de rêver un monde illusoire. Hadoc l'avait malmenée, mais il fallait briser sa carapace de confort. Les gens d'ici ne savaient pas grand chose du monde, c'était le défaut de chaque nation protectionniste. Shimotsuki, terre du Commodore, avait eu le même défaut jadis. La quasi extermination des samouraïs de l'île avait dû les forcer à s'adapter. Aujourd'hui, l'Histoire se répétait.

Cela fait quelques heures qu'il médite sur le sommier de son lit. Il a à peine touché aux friandises servies, trop sucrées. Le temps avait été mis à profit pour discuter avec Yamamoto Kogaku, autrefois bleusaille des Ghost Dogs où ils s'étaient rencontrés, aujourd'hui Commandant d'Elite mondialement connu. Trovahechnik et lui étaient les deux Marines qui s'en étaient le mieux sortis, niveau carrière. Sa relation avec le gradé était restée bonne, bien que leurs chemins se soient écartés suite à la dissolution de l'équipage. Demeure toujours ce respect mutuel, sans parler du fait que Gharr a toujours apprécié le côté insouciant de Kogaku. Aujourd'hui, c'est le vieux qui doit apprendre du jeune. S'il ne peut être piqué par l'essaim, aucune abeille ne mourra. Hadoc ne connait qu'une technique qui permet de résister aux dards de milliers d'assaillants.
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Plus j'avançais dans les couloirs alvéolés de cette forteresse et plus je "m'habituais" à ces étranges infrastructures. Je devais gérer tantôt des couloirs classique et tantôt des trous dans un mur, d'où passaient de temps à autre des abeilles passaient en volant dans un bourdonnement auquel mes oreilles peinent à s’habituer. Là, je devais faire de l'escalade ou faire un grand saut pour passer de l'autre coté. J'imagine qu'ils devaient passer par d'autres passages pour amener le Marine en prison, mais je devais parfois bifurquer du chemin "classique", parce qu'il y avait trop de monde par ce chemin-là.

J'arrive finalement près de ce que je peux juger être l'aile-prison de ce palais-ruche, mais ça amène un autre problème: celui de gérer aussi les autres prisonniers, qui pourraient faire du chahut en me voyant passer.
Je dois m'approcher encore plus prudemment qu'avant, que ce soit pour observer chaque cellule et aussi prêter attention aux bourdonnements et autres cris de protestations de quelques prisonniers, pour arriver à isoler le Marine.
Finalement, outre une bonne partie des cellules vides et quelques insectes emprisonnés à gauche à droite, je parviens à repérer le Commodore... avec un garde devant sa cellule, qui semble décidé à ne pas bouger... Bon, comment procéder?

Me glissant dans les ombres, je parviens à grimper à l'étage supérieur de l'aile-prison, séparé en trois étages, Ghar Hadoc se trouvant au rez-de-chaussée.
Je grimpe au premier étage, me plaquant au sol, dans un coin, pour laisser passer deux sentinelles patrouillant en bourdonnant. L'avantage de ce genre d'ennemis, c'est que tu les entends arriver de loin...
Comptant mentalement dans ma tête les cellules me séparant de celle du Marine, j'avance tout doucement, veillant à ne pas non plus déranger les autres prisonniers, qui pourraient me faire repérer.
Quatre... trois... deux... une... C'est bon, je peux voir la sentinelle juste devant la porte du Commodore, juste en dessous de moi... GO!

Je me laisse tomber à l'étage inférieur, assénant un violent coup de pommeau de Menteuse sur le crâne de l'insecte, qui s'effondre lourdement au sol, assommé net.
Je me retourne vers le prisonnier, soupirant en le voyant si détendu, affalé sur sa couche.

- Allez, dépêchons-nous de vous faire sortir, que l'on passe à autre chose.

Je glisse la lame de mon meitou sur le verrou en cire de la porte de cellule, forçant dessus, essayant de cisailler avec la lame... C'est sacrément solide cette cire!
Je lève bien haut ma jambe, visant et me concentrant... avant d'abattre lourdement et puissamment mon talon sur le verrou, qui se craquelle légèrement avec le choc. Grimaçant, je répète l'opération une fois... deux fois... et le quatrième coup de talon défonce complètement le verrou.

Cependant, durant toute l'opération, le Marine n'aura eu affaire qu'à mon regard glacial et sans émotions ou encore soulagement de le voir en vie. Il menace une île entière de destruction massive, alors je n'ai aucune raison de lui adresser un sourire de soulagement ou une bêtise du genre...
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Hadoc entend frapper plusieurs fois avant que l'entrée s'ouvre. Assis en tailleur, il reste impassible et fixe sa visite, aussi silencieuse que lui. Ce n'est pas vraiment une surprise, mais il imagine le cocasse de la situation et, quelque part, s'en amuse un peu. La visite ne vient pas les mains vides. Dans sa main non armée, un plateau présente fièrement quatre boules de riz nappées d'un sirop que le Commodore ne connait pas.

Entrez, Général Monte-Bourdon.

Le Général Arnau Monte-Bourdon avait été le témoin et gardien de l'entretien entre la reine et l'ex-ronin. Homme stricte, armuré de ses plaques de chitine barrées d'un épaix tabard garni de médailles, il ne devait pas rester beaucoup de place pour le corps sous cette carapace pourtant souple et, visiblement, légère. Hadoc et lui partageaient la même conscience du devoir, y compris celui de devoir faire des choses qui déplaisent. Ou le militaire était venu pour un entretien officieux, ou il venait lui livrer du poison. Dans tous les cas, Gharr acceptait la sentence.

Le Marine laisse le Général poser sa lance contre un des murs de cire et refermer le rideau qui les sépare du couloir avant de s'installer. Ce premier prend même une des boules de riz, un riz plus petit et plus rond que ceux qu'il a l'habitude de manger à Shimotzuki. Il croque et découvre la saveur légère de fleurs sucrées dans la préparation, une fleur proche de la rose. C'est très bon. Espiègle, il propose au Général de se servir également, ce qu'il fait. La thèse du poison s'élogien, du moins celle d'un antidote y bifurque. Les deux soldats mangent quelques bouchées en s'observant, dans un rituel qui n'a rien de convivial, mais s'avère utile. Ils s'observent. Les gestes, les regards, les auras. Hadoc comprend plusieurs choses sur le passif martial d'Arnau, tout comme il perce certainement, bouchée après bouchée, des choses sur lui.

Vous n'avez pas toujours vécu à Myriapolis, me trompé-je ?

A défaut de répondre, occupé qu'il est à mâcher, Monte-Bourdon hoche négativement du chef. Après avoir avalé, il répond d'un "non, mais le complète quelques secondes plus tard.

Même si le plus clair de mon temps a été vécu ici, j'ai voyagé. Des voyages protocolaires, puis des vacances aussi, une fois par an. je visite une île différente à chaque fois. Je n'ai quitté la Route de tous les périls qu'une fois, mais ça a suffit à voir pas mal de choses.


Je comprends. Je suis aussi un féru de découvertes et d econnaissances. II y a tant de lieux que nous aimerions visiter, si nous avions plusieurs vies à vivre.

Arnau hoche positivement cette fois et débouche sa gourde qu'il tend au Marine. C'est une sorte de bière, plate, certainement meilleure glacée, mais toutefois refraichissante. A son tour le Général en boit, puis brise lui-même le calme de la cellule.

Avez-vous tout ce qu'il vous faut ?

Mis à part  l'accord de la Reine envers le soutien total au Gouvernement, oui, j'ai tout ce qu'il me faut. Merci de vous en soucier.

Le Général ne goûte pas vraiment à la plaisanterie, mais il comprend qu'Hadoc est loin de se moquer. Lui aussi, tient aux accords discutés lors de l'audience et seules la question du tribu et, par lui, d'une forme concrète de soumission, bloque encore la ratification du contrat entre La Ruche et les Nations Unies.

Général, j'aimerais vous poser une question.

Faites.

Pourquoi êtes-vous venu ?

Hmm, vous êtes un invité spécial, je dois veiller à vous maintenir en vie.

Gharr le fixe, un très léger sourire incrédule sur le visage. Sans se dérider, Arnau réalise qu'il ment très mal, sans doute le manque d'habitude.

Je suis venu vous poser une question et...j'aimerais que vous répondiez sincèrement.

Je vous écoute.

Avez-vous demandé à la révolutionnaire Koshin de venir vous délivrer ?


Cette fois, Hadoc tique. Lui qui attendait une question politique, une tentative de ralliement, voire de mutinerie, le voilà à comprendre que Kardelya s'est chargée de venir le sauver. A-t-elle amadoué la Reine ? A-t-elle joué la neutralité pour endormir leur vigilance ? Impossible de le savoir avant de l'appeler, ce qu'il fera car, chose appréciable, son escargophone n'a pas été saisi, seulement ses armes. Techniquement, Hadoc pourrait appeler son navire au mouillage, alerte la Marine et le Gouvernement que la Ruche fait de l'obstruction, voire mener un raid contre le palais depuis sa cellule. Il ne fera jamais rien de tout cela, sa seule cible est le retour à la raison de la Reine Maya, ce qui ne se fera qu'avec du temps et un nouveau terrain d'entente. Si Kardelya vient le sauver et qu'elle a été découverte, les choses pourraient se compliquer. Reste à espérer qu'elle ait pu s'échapper. Pour l'heure, il faut répondre.

Koshin a fait ce qu'elle jugeait le plus juste, c'est une personne de valeurs. Mais non, je ne lui ai jamais demandé de venir me secourir. Malgré son appartenance au mouvement révolutionnaire, je ne veux pas "gagner" les faveurs de la Reine en lui montrant que la Marine agit de façon bien plus pondérée que les révolutionnaires. Kardelya m'a accompagnée sur invitation et sans arrière-pensée néfaste à sa cause. Je ne veux pas qu'elle se mette en péril pour moi, seule ma cause compte. Si elle échoue, nous échouons ensemble.

Monte-Bourdon le regarde, acquiesce et se relève. Lentement, sans sembler sur ses gardes, il récupère sa lance, ouvre le rideau et se prépare à partir.

Général, puis-je, moi aussi, vous poser une question ? Quel est votre astuce pour savoir si quelqu'un ment ? J'ai remarqué que vous perciez bien les gens, mais ne connais pas votre don.

Un haki ? Celui de l'empathie pouvait, disait-on, percer les mystères du conscient pour voir la psyché profonde de chaque individu. Cette technique redoutable fascinait le Samouraï. En réponse, Arnau alla gratter dans son oreille et en ressortit une larve d'abeille, qu'il replaça aussitôt dans sa cavité.

Elle me renseigne sur les phéromones que vous émettez. Vous autres, les humains d'ailleurs, vous diffuser en permanence des messages que les insectes captent et nous transmettent. L'avantage d'une culture endémique, peu de gens anticipent nos mouvements. Bonne soirée, Commodore.

Bonne soirée, Général.

Gharr a reçu une sérieuse leçon, à la fois menaçante et grisante. Ce peuple est si riche de savoir, une guerre contre lui serait à la fois terrible et instructif. A peine laissé seul, sans adopter l'attitude du fourbe, Gharr sortit le mini escargophone de son oreille et appela Kardelya. Si la Cavalière était vivante et en cavale, il fallait appeler au calme.

quelques temps auparavant...


Kardelya frappe quelques fois le cadenas avant que la porte s'ouvre. Assis en tailleur, Gharr reste impassible et fixe sa visite, aussi silencieuse que lui. Ce n'est pas vraiment une surprise, mais elle imagine le cocasse de la situation et est loin de s'en amuser. La visite n'éveille aucune réaction de la part du Commodore. Il ne cligne même pas des yeux. C'est là que la chose devient étrange. Kardelya peut remarquer que la poitrine ne se soulève pas non plus. Gharr serait-il mort ? Forcée de s'approcher, les détails se font plus sordides encore. La peau de Hadoc semble grasse et ses cheveux, ainsi que poils de barbe, collés les uns aux autres comme sous l'effet d'un gel. En le touchant, elle constate que sa peau est aussi lisse que du massepain et froide qu'une bougie. De la cire.

Je savais qu'on ne pouvait pas se fier à la parole des humains.

En se retournant, la révolutionnaire peut voir, face à la porte de sa cellule, une créature qui doit être autant humaine qu'elle, mais donne formidablement bien le change. Peau jaunes, yeux noirs profonds sans sclérotiques, la chose regarde l'intruse sans la moindre humanité. Habillée d'une tenue sombre laissant penser aux espions ou assassins, Kardelya comprend que celle qui la chasse est dangereuse.


Spoiler:


Elle élève ses mains où grouille deux énormes essaims d'abeilles, à moins qu'il s'agisse de guêpes. Le bruit du bourdonnement se fait infernal un instant puis, en prenant son envol, les nuées laissent place à deux lames de cire noire fraichement modelées. Voilà qui explique le leurre, Peak peut commande aux insectes des sculptures réalises avec une vitesse admirable. Si le combat semble inévitable, la mort de l'une ou de l'autre amènerait à un échec de mission.


* MI5: Myriapolis Intrigue 5, spécialisé dans la Sécurité Intérieure. Il existe aussi un MI6 qui, lui, surveille l'Extérieur.
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Tournant les talons, pour en finir rapidement avec cette histoire et expédier le Marine dans les jupons de son gouvernement, pour ensuite partir très loin de tout ça, je marque un stop en soupirant longuement.
Je retourne quelques pas en arrière, pour voir que Hadoc reste sur sa couche, complètement immobile.

- Hoy... j'ai dit qu'on ne devait pas traîner; retournez voir vos supérieurs avant qu'ils ne se décident à... Commodore?

C'est bizarre... Le regard du soldat reste fixe et sans aucun clignement de paupière... Il est complètement figé? Ils ne l'ont quand même pas... Non, ça n'aurait aucun sens: pourquoi mettre un cadavre en cellule? À moins qu'ils soient persuadés qu'une Révolutionnaire puisse secourir un Marine (chose que la Révolutionnaire en question a du mal à concevoir elle-même), je comprendrai la manœuvre...
En me rapprochant d'avantage, je deviens un peu blême, en remarquant que je me trouve face à une statue de cire... ou c'est Hadoc enfermé dans un cocon de cire?

Je sursaute en entendant une voix dans mon dos, me retournant vers une insectoïde au regard mauvais et froid... Elle ne ressemble pas aux autres gardes que j'ai pu croiser à gauche à droite et sa tenue semble plus fonctionnelle et souple que lourde et armurée.
Donc... je viens vraiment de tomber dans le piège du leurre à pieds joints? Je suis rouillée avec le temps on dirait; il faudrait que je m'y remette, si je survis à cette rencontre.

Voyons... Comment procéder?
Combattre? Non, pas possible; j'ai déjà hésité à mettre hors-combat la sentinelle devant la cellule et je tiens à conserver une certaine neutralité vis-à-vis de cette île: qui ne m'a fait aucun mal et qui n'est dans aucun plan de la Révolution, à ma connaissance.
Négocier? Difficile; je suis dans une aile sécurisée du palais, alors que je ne devrai pas y être, avec un garde neutralisé sur le coté et dans une cellule contenant un prisonnier ayant menacé l'île entière (même s'il s'agit d'un leurre).
Fuir? Trop complexe; je ne connais pas non plus le palais sur le bout des doigts et elle aura tout le temps de déclencher l'alerte dans le château, bloquant le seul point de sortie que je peux visualiser.

Pas le choix, ma survie passe par cette "femme".

Dégainant Menteuse, à la vue des lames apparaissant, je fais un mouvement de poignet vif sur le coté, la tête de la statue d'Hadoc volant et s'écrasant au sol dans un bruit sourd, sans quitter du regard l'insectoïde:

- Si je ne craignais pas tant la réaction de votre reine, à la vue d'une lame, j'aurai très bien pu faire ça, à l'instant où ce Marine a menacé de Buster Call votre île, sous prétexte que vous tenez à votre indépendance.
Mais, outre l'horrible menace que représente le Commodore, il y a le risque du Gouvernement mondial qui pourrait attaquer l'île en guise de représailles, si un de leurs haut-gradés disparaît sans laisser de traces.
Autant cet homme ne faisait que de "simples" menaces pour s'assurer que Myriapolis fasse ce que le gouvernement veut, autant je suis persuadée que le gouvernement exécutera ses menaces sur un territoire neutre ayant refusé son offre en capturant ou tuant son émissaire.
Alors... S'il-vous-plaît, libérez ce Marine et je pourrai me charger de le convaincre de ne pas rayer votre île de la carte; mieux vaut un pourcent de chance de survie que pas de chance du tout.
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Si Peak tressaute légèrement à l'apparition de Menteuse, elle se détend en voyant la lame employée sur la statue. L'intruse ne veut pas se battre, c'est à peine si elle désire sortir sa cible de prison. A l'écoute de son argumentaire, l'agent du MI5 abandonne peu à peu sa posture martiale.

Comment pourrais-je libérer un prisonnier sans aller à l'encontre de la volonté de ma Reine ? Ce que tu me demandes est impossible.


Sa voix est sèche mais raisonnée, sans menace. Avec prudence, elle fléchit les genoux pour vérifier l'état de santé du garde assommé. Son regard noir se porte sur le meitou.

Je reconnais cette arme. Tu l'avais en entrant à la salle du trône. Le Commodore ne doit pas mourir, mais je ne peux le libérer. Tu vas le faire. Je ferai taire les gardiennes des couloirs pour que ta route aux suites soit facilitée. Mais mon pouvoir s'arrêtera à la porte d'or.


Peak se redresse et laisse ses abeilles transformer une de ses dagues en un cylindre dentelé ressemblant à un écrou obèse.

La porte d'or est une énorme porte d'une cire pratiquement incassable. Seules les abeilles qui la fabriquent peuvent la remodeler, comme les miennes le font avec mes armes. Si tu veux rejoindre le Commodore, tu devras trouver un moyen de forcer cette porte. Sitôt fait...

La porte de cire noire éclate tandis que les abeilles en jaillissent de partout pour envelopper un mètre cube de la cellule.

Des millions d'abeilles qui n'obéissent qu'à une Reine privée te tueront de quelques piqures. En admettant que tu puisses atteindre le Marine avant de succomber, vous serez tous deux prisonniers.

Un sourire d'une certaine forme de satisfaction étire le visage étrange de l'insectoïde. Sa seconde arme toujours en main, elle s'écarte de la porte et envoie son essaim grignoter la Hadoc décapité pour en récupérer la matière.

Je ne trahis pas ma Reine en te confrontant à l'impossibilité de ta tâche. Tente de libérer le Marine. Si tu parviens à un tel miracle, le convaincre devrait être la partie facile. Si tu réussis, nous profiterons de tes objectifs, mais si vous mourrez tous les deux lors de ta tentative, j'aurai de quoi renforcer le pouvoir politique de ma souveraine. Je te le dis pour que tu ne te demandes pas pourquoi je t'aide. Je ne t'aide pas.

Elle tend son index libre où se pose délicatement une abeille. La variété est inconnue, les rayures noires sont grises et les jaunes sont proches de l'argile.

Suis-la. Elle t'amènera à la porte. Si tu te fais découvrir ou capturer, je reprendrai la traque. Bonne chance, car c'est ta seule arme.


°°°°


Echec après échec, Hadoc tente de percer sa peau avec un poil tombé de sa barbe. L'exercice est possible, il le sait. La kératine est assez robuste pour fendre le derme, y compris sous cette forme. Reste à découvrir comment accomplir cet exploit volontairement.

Depuis qu'il sait que Kardelya est à sa recherche, s'évader devient une urgence. Les précédents appels n'avaient rien donné, ce qui pouvait s'expliquer par sa mort ou son infiltration. Gharr avait dans un premier temps songé à la dissuader, mais s'était ravisé. Elle écoute son instinct et le Marine n'a pas toujours les bonnes réponses. Le Général conscient de ce qu'elle fait, la passivité sera un handicap pour lui, qui ne retrouvera jamais les bonnes grâces de la tête couronnée. L'évasion devient la seule option judicieuse. Mais sans arme, avec cette porte et ces gardiennes, autant dire que l'échec par le suicide compromet bien plus que son existence.

Le poil plie encore. Ironiquement, la Samouraï se sent comme un insecte, à vouloir utiliser un dard pour percer la bouteille de verre où il est enfermé. Cette vision est aussitôt balayée, conscient qu'il est que ne pas croire en sa capacité la réduit. Toutefois, se voir à replanter du poil sur son bras aurait de quoi le faire rire.

Un nouvel appel le sort de son cercle inerte. Yamamoto et lui conversent à nouveau. En raccrochant, Gharr n'est pas plus sûr de ce qu'il doit découvrir, mais au moins il a pu exprimer à haute voix ses doutes s'ouvrir à de nouvelles pistes. Comme un fou, il se lève, tourne en rond dans son appartement sous cloche et parle, tout haut, pour s'entendre.

Le haki est un légume. C'est là. On n'apprend pas le haki on le ressent, ou plutôt on ressent une chose et on le nomme haki. C'est plus simple ça classifie. Le haki n'existe pas en soi; il n'est qu'une idée. Est-ce que le haki tel qu'on l'appelle est en fait une dérivation personnalisée chez chacun ? Possible, probable même. Sinon il serait déjà enseigné à tous les Marines. Il faut des conditions exceptionnelles, une expérience singulière pour découvrir ce don. C'est comme siffler. Comme siffler ? non. Tout le monde peut siffler, il ne faut que du temps et la bonne mimique.

Si c'était comme tenter de marquer son premier panier ? Oublions l'entraînement et le fait que tout le monde peut marquer un trois-points. Et si le temps était un leurre ? Si la Voie du haki, ce n'était pas "combien de tirs vais-je devoir faire pour marquer" mais "je n'ai qu'un tir à opérer dans toute ma vie. Comment puis-je m'assurer de le réussir ?" J'ai passé mon temps à vouloir me piquer le bras avec un cheveu, mais en doutant, en sachant que si j'échouais, je pourrais retenter. J'ai vu les choses comme quelqu'un qui pense qu'il aura plusieurs tirs.

Ca expliquerait le côté spontané des découvertes. En fait, ça expliquerait qu'on le découvre par accident. Ceux qui marquent du premier coup parce qu'ils ont senti la balle sont rares, il est plus facile de marquer par chance que par coordination maîtrisée au premier tir. Je dois faire abstraction des tentatives et de l'apprentissage. Une chance, une issue. Comme allumer le premier feu. Sitôt la flamme présente, il faut étudier comment on a fait pour réitérer. Pour découvrir le haki, je dois me jeter dans les flammes. Je dois créer le feu comme si j'ignorais qu'il existe, mais en le ressentant possible. Le haki ne se trouve pas, il se crée, puis se retrouve. Ce n'est pas siffler, c'est le sifflement.


Il se tourne vers le rideau de sa cellule, le tire et fait face à une série d'abeilles posées sur la rambarde de la passerelle où il se trouve. Il y a des dizaines de cellules sur deux étages, toutes colmatées par l'énorme porte du bout du couloir. Hadoc ne bouge pas. Il se contente d'observer les insectes sereines qui l'épient. Doucement, il passe une tranche de tête en dehors de la cellule pour observer les rideaux voisins. Son champs de vision est de plus en plus brouillé, menacé par le vol des veilleuses qui le somment, à leur façon, de retourner dans sa zone. Gharr obtempère et se prépare à sortir d'une traite. Il ne prévient pas son unité de ne pas le considérer comme mort, car il faut que son échec soit cuisant et non modéré. Il faut le poids de conséquences horribles sur ses épaules pour s'émanciper des tentatives. La mort ou le triomphe, aucune alternative. Il s'élance et entend le brouhaha d'un essaim gueulard telle une meute.

Gharr a à peine quitté sa cellule qu'il y replonge en s'écrasant le flanc contre le sol. Ca ne va pas, c'est stupide ! Il n'a pas assez peur de la mort pour s'y soustraire, sa Voie du Samouraï le pousse même à l'appeler. Mourir en tentant de faire son travail est une bonne mort pour lui, aucune raison de s'y soustraire. La guerre entre la Ruche et la Marine ne serait qu'une opposition logique entre une Reine qui a choisi de refuser le contrat et une armée qui a choisi de servir, qu'importe où, qu'importe pourquoi. Il y aurait des victimes, mais aucun innocent, pas selon son code moral de guerrier qui combat par devoir et non idéaux. Des idéaux, il en a, pourtant. Mais il a tellement bien appris à faire la part des choses entre l'issue et la méthode qu'il devient compliqué pour lui de s'alarmer d'une situation. Il réfléchit trop, il prend trop de recul sur les choses. Pour court-circuiter son contrôle, il doit se surprendre. Créer.

Un appel le tire de sa torpeur. Il le prend et se sent soulagé d'entendre la voix de Kardelya. En l'écoutant, une idée saugrenue germe dans sa tête. S'il lui fait croire qu'il a été piqué et mourra à court terme s'ils ne rejoignent pas la Reine, peut-être que Kardelya aura une raison urgente de forcer la porte. Et s'il lui affirme qu'il a pu résoudre le souci des abeilles, ce qui condamnera à mort Kardelya au moment où elle ouvrira la porte, peut-être que lui aura sa raison urgente de s'éveiller.
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Avec la tension palpable, je ne savais pas du tout quelle posture adopter devant cette assassine-abeille, même si je reste fermement ancrée sur ma position, celle de ne pas vouloir engager le combat.
Je soupire intérieurement, lorsque je vois la guerrière se détendre quelque peu dans sa posture d'attaque et je prête attention à ses propos avec attention.

Je secoue doucement la tête, en la voyant s'approcher du garde assommé:

- Rassurez-vous, je l'ai juste assommé en frappant assez fort pour passer outre la chitine; comme je l'ai dit, je ne veux pas être votre ennemi.

Rangeant prudemment Menteuse dans son fourreau, je reste cependant suffisamment aux aguets au cas où: très clairement, je joue très serré et n'importe quoi pourrait faire capoter le plan... à commencer par une porte réputée indestructible...
Ce système de sécurité est clairement impressionnant: à l'entendre, la porte pourrait rapidement se changer en piège mortel pour celui qui "s'amuserait" à la forcer. Je commence à comprendre pourquoi le Gouvernement Mondial veut s’intéresser à cette île.

- Je vois... Je verrai ce que je peux faire sur place, mais clairement, je n'ai pas le choix et dois passer par cette porte...

Au vu des prouesses qu'elle peut accomplir avec ses abeilles, je n'ai pas de raison de douter de cette porte et de sa composition. Clairement, ça va être très tendu de passer outre cette protection... mais là encore, le choix ne semble clairement pas être multiple et je vais devoir forcément m'occuper de cette porte.

- Je comprends votre point de vue et je tiendrais compte de l'ensemble de vos propos; merci malgré tout de me laisser une chance de chercher une issue favorable à tout ça.

Je pars de suite sur les pas de cette abeille-guide, n'hésitant pas d'avantage une seconde; plus vite je serai arrivée devant cette porte et plus vite je pourrai chercher un moyen de passer à travers.

Je bloque un moment, bouche bée devant l'immense porte devant laquelle l'abeille volette paresseusement, avant de disparaître, comme absorbée par cette porte.
Inspirant profondément, je passe ma main le long de la porte, me risquant à toquer quelques petit coup, remarquant bien vite la solide épaisseur de cette porte qui ne rend aucun son et ne semble laisser passer aucune lumière.
Il n'y a pas de gonds à cette porte, Menteuse n'arrive pas à passer dessous l’entrebâillement, pour forcer le passage en faisant un effet de levier et il ne semble pas y avoir la moindre serrure à crocheter.

Tapotant du bout du pied, je me décide finalement à opter pour une solution moins en finisse et plus en brutalité, décochant un violent coup de pied retourné dans la porte, qui ne renvoie aucun son... mais envoie une violente douleur dans ma jambe, me faisant sautiller sur le coté, avec un petit cri de douleur.
Cependant, après avoir étudié longuement la porte, je ne vois bien que ça pour ouvrir cette dernière: la défoncer à coup de pied.

Me concentrant, je commence à décocher les plus puissants coups de pied que je connaisse, tâchant de varier les angles du coup, comme si je cherchais une faiblesse dans cette immense porte de cire.
À trois reprises, j'ai l'impression que je pourrai me broyer le pied en continuer de frapper comme une sourdingue dedans, mais je m’échine et m'acharne à la tache.

À bout de souffle, j'essaie de contacter mon équipage, pour essayer d'avoir des informations sur la situation; je ne vais pas non plus prendre le risque de leur dire de venir me rejoindre et je suis finalement désespérée au bout de quelques minutes. Je tente même d'appeler le numéro d'Hadoc, persuadée qu'il a dû se faire confisquer son Den-Den mushi et que ça sonnera dans le vide et... ça répond?!?
Bloquant sur le fait que le Marine réponde à ma communication, ne comprenant pas pourquoi il n'a pas appelé de renforts, je laisse ce dernier me donner quelques informations... plus qu'alarmantes, vu qu'il semble sur le point de mourir?!?

- Je... Je vais ouvrir la porte et on se dépêchera de vous conduire à la reine, avant que la situation n'échappe à tout contrôle! Tenez bon!

Si on perd l'émissaire de la Marine comme ça, je ne donne pas cher de la peau de cette île, imaginant déjà le déluge de feu et de destruction qui pleuvra sur l'île-ruche avec le Buster Call... Non, ça ne peut pas se passer ainsi!
Et puis... je n'ai quand même pas survécu à la destruction de Jotunheim pour me retrouver bloquée par une porte!
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La pièce est d'un calme à entendre le sang circuler dans les veines. Gharr respire lentement, le métabolisme ralenti par la méditation. Une bouffée d'air par minute suffit. Dans le silence, il voyage, hermétique aux éventuelles tentatives de Kardelya d'ouvrir la porte et qu'il ne pourrait entendre. Lui est ailleurs, plongé dans une vision qui a débuté au moment où tout s'est changé en ombre autour de lui. Le sifflement tu, ses yeux n'ont projeté que des variantes de couleurs noirâtres sur ses paupières closes. Le son éclot de son dos, plutôt de son cervelet. La voix est lointaine, mais tant familière qu'elle trouve immédiatement son visage. Du chaos s'organisent les traits d'un homme sale et fatigué, empoissé de sang sur un uniforme de la Marine rouge. L'être aux cheveux poisseux les replace malgré leur étaie derrière son front. Il fixe Hadoc, narquois, à peine arrivé et déjà empli d'ennui.

Colonel Tahgel. Etrange.

Tu savais que Toji s'était baladé ici ? C'est lui qui devrait poireauter ici, en auberge. Tu serais pas le premier à le fantasmer.

Tahar sourit au Commodore et ses traits ne cessent de s'étirer, se tordre pour former un rictus qu'aucun humain ne peut atteindre. Des dents pointues écartent les lèvres fines comme un piège à loup qu'on tend. La malice du regard se transforme en éclat luisant de rage tandis que la silhouette pousse, prend masse et dégouline d'une eau usée nauséabonde que seules des teintes d'un tabac d'algue contraste, avec peine. A force, l'uniforme rompt pour ne laisser place qu'à un amas de muscles jaunâtres sertis de branchies. Le colosse aux traits de requin tonne alors un rire claquant au point de faire vibrer le corps d'Hadoc.

Mwouahahahaha ! Je suis Père T'empeste !

Que faites-vous ici, ex-Contre-Amiral Arashibourei ?

Hadoc demeure assis en tailleur, les yeux fermés, mais les sens en éveil. Toji semble si proche, il en ressent presque l'aura animale.

On revient toujours sur les lieux de ses crimes. Dans mon cas, j'ai de quoi taper la croisière. Cigare ?

Il refuse de la tête et entend le cliquetis du briquet précéder la flamme, puis l'odeur d'algue qui s'accumule après quelques bruyantes bouffées de l'ancien Vice-Amiral. Tout en grommelant à chaque muscle tendu par ce qui semble être une accumulation de courbatures, l'homme-poisson répond, le cigare toujours vissé aux dents:

Tu ne m'as pas couru après assez vite, toujours-Commodore. Alors que t'enquêtais sur moi sans le savoir à Logue Town.

Le requin veut asseoir sa domination en se penchant sur Gharr. Le Marine  a beau être un athlète, l'hybride pourrait en loger deux comme lui dans sa carrure. D'un coup de langue il secoue la cendre de son cigare, mais elle passe au travers du méditatif en lui retombant dessus.

Il est impossible d'attraper tous les criminels, tout comme il est impossible de vider l'océan avec un cuillère.

Toji arque un sourcil et se gratte une rouflaquette qu'il laisse en pagaille. D'un ton détaché, abandonnant l'intimidation, il raille.

Bha, de toute façon, je t'aurais défoncé.

Un instant, Gharr sent une pointe d'irritation en lui. Le monde regorge de vantards, mais les pires sont ceux qui ont les moyens de leurs prétentions. Le Marine n'a que mépris envers ces gens, si doués soient-ils. La puissance n'est pas la force. Tout le monde peut devenir puissant. Mais profiter de sa puissance pour emprunter les chemins les plus faciles, ce n'est pas la force. Au contraire, cela dénote une certaine faiblesse pour ceux qui croient en l'excellence. Toji a toutefois pour lui l'excuse d'une nature hybride. En effet, son côté requin adoucit l'aspect animal de l'humain. A cette pensée, Hadoc s'apaise, d'autant qu'il n'a pas le droit d'imposer à d'autres esprits le filtre de ses vertus. Et si Toji est fort, quelqu'un d'autre le surpasse. Il y a toujours quelqu'un.

Cette perspective n'entre pas en ligne de compte. J'ai déjà échoué face à des cibles plus faibles, ou réussi face à des plus dangereuses. Le résultat n'est jamais certain.

Moi, tu m'as eu. Pourtant je t'ai échappé, mon bon Hadoc. Enfin, Commodore.

La cendre s'est changée en gouttes de sang et Toji est redevenu Tahar. Aussitôt l'odeur de marée s'en est allée pour donner place à celle de l'hémoglobine. Le Saigneur ne menace pas Hadoc, sa posture adossée à un mur invisible donne même l'impression d'une visite amicale. Par compassion, Gharr répond, sans bouger les lèvres.

Votre histoire est bien plus déplorable que vos évasions.

Il place sa main devant le visage sans que le Marine puisse dire s'il dissimule une mimque ou se frotte les yeux.

Toujours le pin's de la réinsertion quelque part dans son baise-en-ville je vois. Le genre de blingant à se faire cracher dessus et pas pour du polissage au revers de manche.


Dans le livre que j'ai voulu vous offrir, il y avait un passage qui aurait pu vous intéresser. En substance, il dit que quiconque n'a jamais enfreint le code du samouraï n'est pas un samouraï. L'idée de ce passage n'est pas d'autoriser la faute, simplement d'accepter qu'elle survienne. Vous avez été Colonel. Ce n'est qu'un rang pour les profanes; la plupart ignorent même où le situer parmi les échelons militaires. Ceux qui ont passé des années dans l'armée sans perdre le feu de la justice connaissent la force de la Mouette. Je peux croire que vous avez fait votre deuil de votre vie de soldat. je peux même croire que vous ne regrettez pas votre vengeance personnelle envers le Vice-Amiral que vous avez tué. Mais jamais je ne croirai que vous ne comprenez pas le devoir, l'ordre et la mansuétude. Vous en êtes peut-être dépourvu, mais vous les comprenez.

T'es conscient que tu n'agites ton chapelet qu'auprès d'une projection ? Je suis moins que l'ombre de ton ombre, l'ombre de ton chien. Fou.

Si vous êtes bien un Chien Fou, alors je suis bien un esprit de chien. Comment me reprocher de discuter avec un autre esprit ? Pardonnez-moi, je taquine. Au fond, peu importe que vous m'entendiez puisque moi je vous écoute.

Et comment tu les vis, tes échecs ?

Gharr décroise les jambes pour se lever. Paupières verrouillées, il espace les avant)bras de son corps tout en faisant face au Saigneur.

Comme le poids de mon corps. Je sais que c'est là, mais y penser ne fait que l'alourdir. Oublier sa masse est naturel.  Il y a bien une utilité à songer à ses échecs, pour progresser. En revanche, il n'y en a aucune à les ressasser. Mon dossier professionnel est excellent alors que mes échecs sont nombreux, comme mes réussites. Cela n'a aucune importance de rater. Il faut l'accepter, comme il faut accepter de devoir respirer l'air qui nous vient sans qu'on le contrôle.

Et nous, dans tout ça ? Notre place dans les conséquences de vos échecs ?

Tahar n'existe plus, son costume a viré au bleu nuit, propre, quoiqu'usé. Une barbe légère encarcle sa mâchoire fine et ses cheveux ont raccourci suffisamment pour permettre le court et le décoiffé. Il a perdu du poids, gagné des rides et peine à se détacher du mur absent à cause d'une jambe paresseuse, ou inachevée. Hadoc reconnait le faux-Caporal Achilia, ancien membre des Ghost Dogs dont il fut le Commodore à bord du Passeur, voilà quelques années. Un rapt du Samouraï, suite à une défaite de duel, avait définitivement séparé l'équipage. Il était habituel que Rik sourie, fidèle à son insouciance flegmatique de disciple du jeu. Mais pas là.

Vous aviez disparu, Capitaine. Tout l'équipage vous a cherché. Quand on a abandonné les battues, ordre des gradés, j'ai continué de mon côté. Vous êtes revenu, mais les Ghost Dogs n'existaient plus. Lilou est devenue révolutionnaire, je suis passé pirate pour une connerie. T'avais Plud, il a viré tout petit. Parce que c'est des mecs ils z'étaient pas faits pour ça. C'est tout...

Hadoc marche et s'adosse aux côtés de Rik, qui sent le tabac froid, le parfum fatigué d'agir et le whisky tourbé. Sans le regarder, il tourne le visage vers l'ancien Caporal qui n'attend rien, plus depuis qu'il a fini de parler. Les deux hommes avaient toujours pu communiquer sans le moindre mot, dans des silences sans gêne. L'esprit de Rik ne fait pas exception, pourtant tout ce que pense le Commodore se verbalise, quelque part autour d'eux.

Je pourrais tenter d'équilibrer en disant que la plupart des hommes sont restés dans la Marine. A quoi bon ? Je ne botterai pas non plus en précisant que Jacob et vous n'aviez jamais été à la Marine. De ce fait, votre carrière actuelle n'entache en rien les uniformes que vous n'avez jamais portés. Mais ça non plus, ça n'a aucune importance. Si j'avais travaillé pour obtenir les bonnes grâces de ma hiérarchie, je n'aurais jamais obtenu de satisfaction.

Gharr mime une cigarette tirée du paquet de Rik qu'il allume. Aucune fumée ne s'échappe de sa bouche, pourtant l'exhalaison embaume ses narines de l'acide piquant des copeaux de tabac. Puisqu'il peut parler par la pensée, Hadoc explique, sans s'interrompre de ses bouffées:

Quand j'ai eu l'autorisation de fonder les Ghost Dogs, j'ai voulu une équipe d'enquêteurs et de spécialistes. J'avais le choix entre piocher les plus beaux fleurons de l'académie ou choisir ma propre équipe. J'ai fait les deux. En prenant les gens talentueux, dont personne ne voulait. Nous avons eu la crème de l'armée, avec l'un des meilleurs bureaucrates au monde et qu'aucun autre équipage ne supportait: Trovahechnik. Les rebuts qui embarrassent, avec l'ex-Amiral en Chef Céldèborde. A qui nous avons trouvé une utilité et rendu un peu de superbe. Des membres doués, aussi. Lawblood, Kogaku et nous avons même eu droit à notre propre agent du Cipher Pol infiltré pour nous espionner, Howell.

Vous, Achilia, étiez un civil débrouillard et doué dans tout ce qui concerne les milieux du jeu et de l'entourloupe, ou du petit banditisme. Judge était un excellent chasseur de vermine, Jacob une ingénieure prodige. Notre équipage était un rassemblement improbable de marginaux, de gens qui n'auraient jamais misé sur eux-mêmes pour obtenir des résultats et que peu d'équipages auraient voulu s'enorgueillir de compter à bord. C'est pourtant ce que nous avons fait. Parce que nous pensions et agissions différemment du protocole habituel, parce que nous avions chacun nos domaines et nos façons de voir le monde. Nous étions comme un groupe de passionnés d'une même musique, avec nos instruments propres, voire nos styles, mais l'envie de trouver un son commun et harmonieux. Que vous soyez devenus gradés, vous soyez retiré de la vie de soldat ou ayez basculé vers le crime m'importe si peu en vérité. Je suis fier d'avoir protégé et sévi avec chacun d'entre vous. C'est tout ce que je retire de notre aventure commune. Le reste ne pèse rien. Tout a une fin et elles s'annoncent rarement.


Je vais mourir si vous contrez chaque tentative d'explorer vos preuves profondes.

Rik a disparu et aucune nouvelle silhouette ne le remplace. La voix vient de derrière un mur un invisible, le mou et ondulé au toucher de tissu. Kardelya aussi est fatiguée, mais sa voix est surtout empreinte d'une inconsolable déception. Combien de temps depuis qu'il médite ? Est-ce trop tard pour la sauver ? A-t-il jamais été temps ? Le Samouraï repense à l'antichambre précédent l'entretien et à sa tentative de dérider la révolutionnaire mal à l'aise dans ce genre de circonstance. Elle va mourir, trahie par l'expérience du chien ayant plus de folie que d'esprit.

Je sais...

Il imite Kardelya quand elle laisse tomber sa cigarette pour l'écraser du pied. Replacé devant le rideau qu'il ne peut voir, il hésite entre lui mentir ou lui dire adieu.

J'essaye, Koshin. Je vous jure que j'essaye. Tous les coffres que j'excave sont vides, sans cadavres, sans honte. Et pourtant, j'en ai commis des crimes. Je ne le vous dirai probablement jamais, mais moi aussi, je suis un tueur. Pas au sens soldat qui a versé le sang, non. Un assassin, comme vous.

Comme vous, j'ai erré, armé d'une lame et de mes idéaux. Comme vous, j'ai tué de sang-froid tous ceux que j'estimais faire déshonneur à la justice qui n'était en fait que la mienne. J'étais un enfant, fils d'un samouraï mort, lors d'un combat sans honneur dont il ne pouvait se soustraire. Je n'ai appris qu'à tuer, comme un animal. Je le faisais bien.

Sans aucune rage, c'était normal pour moi. Si l'enfer existe et que les dieux jugent les crimes comme les hommes, aucune bonne action ne me soustraira à la peine capitale. Bien sûr, ma vie a changé lorsque la Marine m'a offert une chance de devenir civilisé. Elle a été ma porte de sortie, moi qui étais perdu et ignorais même que je n'étais pas vivant. Explorer cet état sauvage m'a permis d'épouser avec conviction l'éducation et la notion de bien. Néanmoins, cet état demeure un vieil ami qui ne me quitte jamais. Il a seulement été apprivoisé.

Pour vous sauver, je dois le libérer et, non seulement être sûr qu'il ne m'attaquera pas, mais pire encore, qu'il ne s'est pas lui-même apaisé. Qu'il y a toujours quelques chose à libérer. Si ma sauvagerie a faibli, je ne suis plus un guerrier et me fourvoie depuis longtemps. Car ma source se serait épuisée pour ne faire de moi qu'une coquille vide qui se base uniquement sur ses acquis et son expérience. Comme un automate, bien assemblé, mais inapte à apprendre, incapable de se transcender.


Il faut ouvrir cette cage alors.

Une légère envie de vomir remonte de ses tripes.

Je sais. Je veux le faire, mais ne trouve pas la clef. Vous êtes cette clef, du moins j'aimerais qu'il en soit ainsi. Si je me trompe, vous mourrez et je serai déshonoré. Comme pour le Colonel Tahgel, ma vie n'aura ni sens, ni direction. Je dévierai en attendant la fin, en tant que ronin, pirate, ou tout ce qu'on me collera en attendant de me libérer du tourment physique par la mort. Mon esprit, lui, ne connaîtra pas le repos. Parce que j'aurai, par orgueil, joué la vie d'une innocente pour servir mes intérêt. Cet échec-là me couvrirait de honte.

Silence, puis Kardelya répond, sans expression.

Voici vos peurs profondes.

En effet ! Malheureusement, identifier la clef et l'utiliser sont deux choses différentes. Comment fait-on ? Comment libérer la bête ?


Imbécile !

Une bordure du rideau ploie sous le poids d'un liquide qui pue le sang frais. Il en déborde du sol au plafond et donne une dimension à tous les murs qu'il souille. Emprisonné dans sa cabine, Hadoc sent le liquide s'épaissir et coaguler sous ses ongles. Il est chaud et melliflu, mais lourd et suffoquant.

Tu vas jacasser des plombes pendant que le sort de ta pote se joue dehors ?

Le dégoût de l'ex-Colonel pénètre le Samouraï tandis que la pression sanguine s'intensifie. On dirait du plomb en fusion, repousser le flux pour respirer s'avère une gageure. Les choses se compliquent davantage lorsque toute la cellule est noyée, car l'homme-poisson heurte Gharr au moment où celui-ci comptait sortir pour trouver de l'air.

Ca va, pas trop bobo ? Tu devrais pas ouvrir la cage aujourd'hui. Faible comme t'es, elle va te bouffer. Je pourrais en faire une recrue !

Vous avez raison, c'est elle qui doit se libérer.


Alors qu'est-ce que t'attends ?

La main d'Arashibourei saisit le cou d'Hadoc et le plaque contre le mur du fond de sa cellule. Il ne l'étrangle pas, mais serre comme un étau en attendant que Gharr se gorge de sang. Peu enclin à attendre la fin de l'apnée du Commodore, Toji balance son poing vide au visage de Hadoc dans un choc sans bruit.

Dans le monde physique, le sang explose des narines de Gharr.

Sonné par le coup, il ne tient plus et expire tout l'air qu'il réservait à son escapade. Le sourire carnassier de l'ex-Contre-amiral affiche la plus sadique des satisfaction. Gharr l'observe, en colère, puis cesse de lutter et accepte le poids du sang qu'il boit jusqu'à la noyade. La souffrance est là, mais la mort ne vient pas. Condamné au supplice éternel, le prisonnier subit la douleur, puis se familiarise avec et, après une durée qui n'existe pas dans cet état, l'assimile pour la trouver de moins en moins efficace. Devenu aussi lourd que tout ce qui l'entoure, il lui vient l'impression qu'il est à présent le cube entier composant l'aquarium où l'homme-poisson, réduit par la perspective, n'a plus d'avantage sur lui.

J'ai compris.

Gharr repousse doucement le bras du monstre qui n'oppose aucune résistance. A présent qu'ils sont tous les deux dans leur élément, la cellule parait bien vide.

Arashibourei Toji, tu es la bête, ma sauvagerie et l'enfant. Ce que j'ai été avant de découvrir mon humanité.

Hadoc avance et s'enfonce dans le corps de Toji avec qui il fusionne. Le Saigneur fait obstacle au pas suivant.

Tahar Tahgel, tu es ma corruption et mon cynisme et l'adolescent, ce que j'aurais pu être devenir si je m'étais détourné de mon devoir.

Un pas de plus et Tahar fond sur lui pour être aspiré par chaque pore de sa peau. Il ne reste qu'un pas avant la sortie, campé par Rik qui déplore que ses cigarettes soient noyées.

Rik Achilia, tu es l'abnégation, ma peur de l'échec et l'adulte, ce qui me définit aujourd'hui.

Il le traverse pour se retrouver face au rideau de sa geôle. Hadoc sait qu'en le traversant dans cette dimension, son lui physique quittera également la cellule. Mais il est prêt.

En sortant, il découvre que le cube de liquide rouge forme une gélatine qui se refuser à quitter le lieu de captivité. Qu'importe, Gharr s'en extirpe pour quitter ses quartiers et se planter dans le couloir gardé de milliers d'abeilles agitées. Le sang coagule partout sur son corps pour lui offrir une teinte cramoisie. La porte du fond est toujours là, mais Hadoc sait Kardelya de l'autre côté.

Kardelya Koshin, tu es ma foi et ma persévérance, ce que je suis quand ce que j'aspire à être me ressemble.

Les insectes en ont assez de le prévenir de retourner dans sa cellule. Ils attaquent, de leurs dards mortels. A leur surprise et agacement, la peau de l'évadé  demeure hermétique à leurs assauts. Elles cherchent, furibondes, par une aisselle, une articulation, l'endroit tendre où inoculer son poison. En vain. Des renforts sont appelés et le corps du Commodore se retrouve peu à peu recouvert d'une cuirasse d'abeilles furieuses.

Et vous, vous êtes l'ensemble de mes échecs, de mes doutes et de mes failles. Vous êtes nombreuses, opaques, et pourtant insignifiantes. Vous n'avez aucune importance, aucun impact. Vous n'êtes rien.

Il avance vers la sortie en employant la technique du pas léger qui permet de n'écraser aucun insecte, même en marchant dessus. Arrivé devant l'énorme porte d'or, Hadoc attend qu'elle s'ouvre. Si Kardelya n'entre pas dans l'espace des cellules les assaillantes lui ficheront probablement la paix, d'autant qu'elles sont enfiévrées par l'envie de tuer le Samouraï. Dans le vacarme du bourdonnement, Hadoc attend, aveuglé par la couche d'abeilles qui le recouvre entièrement, que l'épée rejoigne le bouclier.
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Je ne sais pas du tout ce qui se trouve derrière cette porte, n'ayant reçu aucune information de la part de la garde-abeille qui m'a brièvement accosté tout-à-l'heure. En même temps, elle m'avait déjà fait la faveur de ne pas me découper en rondelles avec ses lames et je n'allais pas insister d'avantage en demandant des précisions.
C'est une salle de torture? Une autre aile de cellules? Ce doit sans doute être l'endroit où ils mettent les prisonniers les plus dangereux ou les plus sensibles, vu l'imposante sécurité qui est en face de moi.

Le pied gauche commençant à être endolori, je prends mon élan et fonce de nouveau sur la porte, décochant un violent coup de pied retourné à cet immense bloc de cire. Mais le choc est aussi lourd que le reste et je me retrouve quasiment projetée en arrière, tombant à terre, ma tête heurtant lourdement le sol. Un voile noir couvre mes yeux et je sombre dans une semi-inconscience.
Vaincue par une porte... Je savais que Grand Line était une mer dangereuse, mais au point de perdre contre le mobilier... Je suis pitoyable à ce point?

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- Alors, capitaine? Vous vouliez nous parler de quoi?

La voix de Mibu me rappelle cette conversation que l'on a eu avec tout mon petit équipage, après une longue mission de libération d'esclaves... Je me rappelle le capitaine pirate... et surtout son fouet cinglant le dos des prisonniers... CLAC... CLAC... CLAC...

Je repars des années en arrière, revoyant la petite noble que j'étais, vivant sa paisible et insouciante vie au Royaume de Goa. Entourée de paillettes et de froufrous, je passais mes journées entre mes cours d'histoire et de bonnes manières, tout en dévorant des romans d'aventures des heures durant le soir. La vie était d'une routine qui ne m'agaçait pas encore et je vivais ma vie dans l'insouciance la plus complète et absolue.
Finalement, pour le soir de mes sept ans, mon père m'offre un "cadeau" particulier qui ne m'a pas choqué à l'époque, tellement j'avais été préparée à l'avance: Malkio, un esclave... non c'était même mon esclave et j'en disposais comme je voulais...
Mes parents tenaient à être dans les bonnes grâces des puissants Tenryubito et ça semblait passer par l'esclavage. De ce que j'en avais entendu parler, mes parents se sentaient parfois à l'étroit, enfin surtout mon père, à Goa, sans doute à cause de la proximité avec les pauvres vivant dans l'immense décharge à coté de chez nous. J'ignore encore aujourd'hui s'il ne voulait pas aussi tout simplement nous protéger, ma mère et moi, mais il aura emporté cette réponse dans sa tombe de fortune que je lui aurait faite des années plus tard...

Finalement, j'ai passé des "heureuses années d'esclavagiste", passant beaucoup de temps avec Malkio, de trois ans mon aîné. Il était né esclave et avait déjà énormément voyagé, malgré son jeune âge et nous avions de longues discussions passionnées, où il me confirmait nombre de choses que je lisais dans mes livres. C'était agréable d'avoir quelqu'un qui avait presque mon âge à mes cotés, au milieu des domestiques trop maternelles, ma mère distante et mon père trop préoccupé par l'image que lui et sa famille renvoyaient.

Un soir cependant, Malkio a été accusé de vol par mon père et sévèrement réprimandé et quelques heures plus tard, après que mon père ait apparemment conversé via Den-Den Mushi, je me suis retrouvée... avec un fouet dans les mains, devant Malkio me tournant le dos, torse nu et me présentant son dos.
J'entends encore les propos de mon père, mains sur mes épaules:

- Ma chérie, il faut te faire respecter de tes esclaves, comme tout bon noble qui se respecte... C'est la marque des plus grands nobles... des plus proches collaborateurs des Tenryubito...
Tu le sais bien qu'il est ton esclave, donc ta propriété. C'est ton rôle de te faire respecter...
Dix coups de fouet devront suffire... Allez, dépêches-toi, que l'on en finisse avec cette histoire...


Toute tremblante et vacillante, du haut de mes douze ans, je restais pétrifiée devant mon esc... non mon confident, mon partenaire de discussion, de partage de rêve d'aventure et de voyage! Ce n'était pas un esclave, c'était Malkio!
J'allais pour balancer le fouet par-terre et traiter mon père de tous les noms, lorsque mon regard croisait celui de Malkio, me donnant l'impression que le monde s'arrêtait de tourner l'espace de quelques secondes.
Il acquiesçait d'un signe de tête, en souriant légèrement, alors que je revoyais son dos couvert de quelques marques...

Si j'allais à l'encontre des ordres, Malkio allait sans doute être expulsé de la maison, mes parents m'auraient peut-être reniés, pour avoir désobéi, ils auraient eu des ennuis, si je n'avais pas puni mon esclave... Tout s'embrouillait et tourbillonnait dans ma tête, alors qu'une seule question demeurait dans tout ce chaos mental: tout pouvait-il continuer comme avant, après ça?

Sur le point de jeter le fouet et le piétiner au sol, je raffermissais maladroitement ma prise dessus, me mettant doucement et en tremblant en position, le premier coup partant un peu de biais, cinglant sur la hanche de Malkio.

CLAC!

Un soupir était poussé dans mon dos, me faisant frissonner, alors que je me remets en position.

CLAC!

La deuxième traînée rouge était plus apparente au milieu du dos et je réprimais déjà un haut-le-cœur.

CLAC!

La voix de ma mère se faisait à peine entendre sur ma gauche: inutile d'échanger un regard avec elle, sachant qu'elle était d'accord sur le fait qu'il fallait finir ça au plus vite et passer à autre chose...

CLAC!

Je voyais Malkio tressaillir légèrement, mais il soutenait de nouveau mon regard, avec le même petit sourire, un peu moins assuré.

CLAC!

Plus ça allait et moins je perdais de temps entre les coups.

CLAC!

Si on avait pu m'arrêter...

CLAC!

J'aurai préféré que l'on me tue plutôt que de faire ça...

CLAC!

Tout devait se terminer...

CLAC!

Ça ne doit pas s'éterniser cette souffrance, il fallait l'arrêter, tout de suite!

CLAC!

Complètement sonnée, je levais mon fouet une nouvelle fois, lorsque mon poignet est fermement saisi par... ma mère.
Elle secouait doucement la tête, avec son doux sourire habituel, me faisant lâcher le fouet, toute tremblante et je captais finalement que j'étais en larmes.
Ma mère me lâchait le poignet, demandant aux domestiques de soigner Malkio et échangeant un regard glacial avec mon père et je vois le dos ensanglanté de Malkio une dernière fois, avant de me tourner vers mon père. Il avait un air plus grave encore que d'habitude, mais quelques chose de différent habillait son regard, alors qu'il m'adressait un signe de tête... Je répondais à son signe de tête, partant d'un pas à peine assuré vers ma chambre...

Dix minutes plus tard, j'étais encore penchée sur la cuvette des toilettes, finissant de vomir mon âme et mes tripes, trouvant encore le moyen de pleurer tout ce que je pouvais.
Malkio m'attendait dans la chambre et je ne perdis pas une seconde pour me jeter dans ses bras en pleurs, même si j'avais l'impression que je pouvais verser des larmes de sang, tellement je n'avais plus rien en réserves de larmes.
J'évitais comme je pouvais son dos, devinant ses soubresauts de douleur lors de notre étreinte, alors qu'il ne cessait de marmonner des mots pour me calmer.

- J'ai tellement honte... Je m'en veux... d'être de cette noblesse cruelle...

Mon confident me garde contre lui quelques instants, avant de doucement saisir mes joues, pour me mettre face à lui, m'observant avec un regard sérieux que je ne lui avais jamais vu auparavant:

- Alors partons ensemble, toi et moi. Découvrons ces mers autrement que sur le papier ou en paroles.

Je restais muette de stupeur devant cette demande... Tout quitter là et maintenant?
Bien que l'envie de tout fuir me titillait l'esprit, autrement que la curiosité de voir ce que le monde pouvait m'offrir, h'étais aussi terrifiée à l'idée de partir, après tout ça. Nous aurions été des fugitifs ou pire encore Malkio aurait été accusé de m'avoir enlevé et clairement, il aurait été traqué et abattu sans aucune sommation par toute la Marine de East Blue!

Je hoquette doucement, avant de secouer la tête:

- Non, c'est trop dangereux, on ne peut pas courir le risque qu'ils te tuent pour m'avoir... pour qu'ils croient que tu m'aies enlevé...
Non... restons là... ensemble...


Je restais blottie contre lui, alors qu'il caressait doucement mes cheveux... Cependant, son regard avait changé au fil des jours suivant, jusqu'à ce qu'il disparaisse de ma vie et que je sois recueillie par la Révolution.
Le regard de Malkio... les paroles de mon père qui me reniait... Les regards réguliers que me lançait mon instructeur de combat à la Révolution...
Ils renvoyaient tous la même chose, le même sentiment qui s'insinue régulièrement dans mon esprit et mon corps, comme du poison...

Déception

------


Rouvrant brutalement les yeux, je me redresse d'un bond, le souffle court et rauque, la sueur dégoulinant de mon front, alors qu'une colère froide et intense brûle et monte en moi. Je vois une aura noirâtre courir autour de mon corps, alors que je tremble violemment.
Mon regard se lève vers cette porte, comme si mon regard acéré voulait transpercer cette dernière...
Non... Non... Non... J'ai toujours déçu mon entourage à de nombreuses reprises... mais me décevoir moi-même, après tout ce chemin parcouru...

- JAMAIS!!!

Je bondis et tournoie furieusement sur moi-même et tant pis si je me broie la jambe sur ce coup!
J'abats lourdement mon pied sur la porte, comme si je voulais rejeter toute ma haine et mon dégoût du passé, toute ma rage, mon impuissance et ma frustration par ce simple coup, l'aura obscure m'enveloppant de plus belle...
Et... la porte explose dans un grand fracas, tombant en morceaux autour de moi, alors que j'atterris au sol, le pied gauche endolori et le corps tout tremblant.

Clignant des yeux à plusieurs reprises, j'observe les environs et sur tout derrière moi... Oui, c'est bien ça: la porte est désintégrée en plusieurs morceaux derrière moi... Mon aura noire s'atténuant peu à peu, mon attention est cependant bien vite captée par les multiples bourdonnements m'entourant.
Me mettant en position de combat comme je peux, je reste muette d'effroi, en voyant le spectacle me faisant face... Les abeilles entourent quelqu'un devant moi, par dizaines et je remarque à peine quelques centimètres de peau non couvertes et la couleur de peau me rappelle rapidement quelqu'un:

- ... Hadoc!?!

Je sursaute en entendant d'autres bourdonnement dans mon dos, les fragments de la porte se résorbant et s’éparpillant en plusieurs abeilles qui tourbillonnent furieusement autour du "cocon d'abeilles" en face de moi.

- Vous ne disiez pas qu'il n'y avait plus de sécurité?!?

Je ne sais pas du tout si je m'adresse à un cadavre ou à une personne bien vivante, mais vu le danger que court cette île si l'émissaire Marine meurt, je préfère cultiver l'espoir qu'il soit en vie sous ce tas d'abeilles...
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Gharr est aveugle et quasi sourd. Le seul son démarqué du vol des abeilles est celui d'un grand fracas, devant lui. Il devine que Kardelya l'a fait; elle a pu le libérer de sa cage dorée. Le brouhaha de l'effondrement de l'énorme bouchon de cire agite et réorganise une partie des mailles jaunes et noires de son armure complète. L'espace d'un instant, il sent son visage dégagé et en profite pour respirer, mais n'ouvre toujours pas les yeux. Sa peau, d'un rouge surnaturel, n'est maintenue que par sa méditation, comme un rêve lucide. S'il ouvre les yeux, elle disparaîtra et les dards le tueront. Les furies n'attendant que cette erreur pour remplir leur mission. Incapable de voir, de parler, à peine d'ouïr et de bouger, le Bouclier a toujours besoin de l'Epée.

Dépasser ses limites et ses convictions Emakco10

Afin d'éviter qu'elle pénètre la zone interdite du couloir, Hadoc lui fait d'abord un coucou d'un geste pataud de la main, avec la lenteur des mascottes de parc d'attractions. Puis, il lui enchaine d'un signe de paume, bombé d'insectes, afin de lui recommander de ne surtout pas avancer. De toute façon, Kardelya a pu constater que les insectes ne font que la prévenir de ne pas entrer en zone de détention, là où ils l'auraient déjà attaquée si elles avaient une raison de le faire. Quant au Commodore, il soulève une jambe, puis pose délicatement le pied devant lui. Son appui ne bascule pas encore. Gharr dandine du pied comme un endormi tâtonne après la pantoufle à celui de son lit.

En vérité, il veille à immobiliser les bourdonneuses sous son pas avant de le franchir. La technique qui permet de ne pas laisser de traces où il marche en évitant d'écraser ce que sa semelle rencontre lui permet ici de marcher sur un tapis d'abeilles sans en détruire aucune. Elles ne sont que forcées à l'immobilité le temps qu'il avance. La manoeuvre est efficace, mais lente. De temps en temps, Gharr pouffe pour se libérer le nez et récupérer de l'air avant que les butineuses reprennent leur siège. Bien entendu, l'avancée du Commodore est si lente, et la destruction de la porte d'or si bruyante, que la garde parvient avant le prisonnier jusqu'à sa libératrice.

Halte ! Plus un geste !
- Elle ne bouge pas.
- Mais lui bouge.
- Oui, c'est vrai. Mais comment ça se fait qu'il bouge ? C'est pas supposé faire ça.
- Et t'as vu la porte ? C'est pas supposé être tout cassé non plus.
- Tu crois que ?
- Glups ! Oui, je crois que.

AU SECOURS !!!

Les deux gardes courent sans demander leur reste en agitant les bras dans tous les sens. Inutile de les assommer, la révolutionnaire sait à présent que ce sont les insectes les véritables vigiles du palais. Il était certain que la nouvelle se transmettait avant même que les deux couards s'enquièrent de la situation qui les dépasse. Gharr passe enfin l'embrasure de l'entrée, ultime frontière le séparant du couloir où la blonde reste alerte. Encore un pas et les abeilles retourneront à leur couloir. Concentré, le soldat pose le pied dehors et...rien ne se passe. Les assaillantes lui collent toujours à la peau, il continue d'être la cible de ces petites bêtes visiblement très vexées d'avoir à noircir leur dossier d'une tentative d'évasion réussie. Pour les diplomates, ça se complique. Afin de faire bonne figure, Hadoc lève un pouce que sa complice ne peut que deviner sous la couche grouillante. D'autres gardes arrivent, cette fois renforcés du Général Arnau, consterné.

Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Non contente de trahir notre confiance, vous aidez le prisonnier à échapper à la volonté de Sa Majesté ? En plus, vous avez cassé notre porte. Une si, si belle porte. J'ai demandé ma femme en mariage devant cette porte ! Nous vivons les heures les plus sombres de notre Histoire.

Il exagère peut-être un peu, mais l'évidence d'une profonde amertume a gagné le vieil officier qui observe le duo de fauteurs de trouble.

Commodore Hadoc, j'ignore comment vous résistez aux abeilles, mais c'est peine perdue. Elles ne vous lâcheront pas, où que vous alliez, quoi que vous tentiez, jusqu'à ce que vous retourniez dans votre suite.

Allons, soyez raisonnables, tous les deux et constituez-vous prisonniers ! La seule personne qui peut commander à ces gardiennes, c'est la Reine Maya en personne.


Monte-bourdon ricane sobrement, réellement amusé, avant d'interrompre son allégresse en voyant la lueur dans le regard de la révolutionnaire qui sait désormais comment ôter le Marine de sa vierge de fer.

Oops !


Dernière édition par Gharr Hadoc le Lun 13 Avr 2020 - 0:51, édité 2 fois
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Clairement, je dois être trop jeune pour ce monde trop vaste, parce que je n'ai jamais vu ça de ma vie. Je bloque complètement sur cette vision d'une silhouette humaine couverte d'abeilles bourdonnantes, résultant une cacophonie assourdissante.
Je secoue vivement la tête pour me remettre les idées en place, pour analyser la situation, un peu perdue par le ballet des abeilles m'entourant. Elles tourbillonnaient autour de cette silhouette, tout en me bloquant la route avec des dizaines, des centaines d'insectes voletant furieusement en une boule diffuse insectoïde.

Les gestes de la silhouette couverte d'abeilles sont lents et difficilement compréhensibles, mais vu qu'elle semble réagir à mes propos, je préfère supposer qu'il s'agit de Hadoc, qui survit d'une manière ou d'une autre à tout ça.

Je me retourne rapidement en entendant des bruits de pas dans mon dos, pour voir arriver deux gardes. Forcément que des renforts allaient arriver, avec le fracas causé par la destruction de cette immense porte de cire.
Je me place en position de défense, dégainant Menteuse de quelques centimètres, tout en jaugeant l'adversaire, mais ils se contentent de parler entre eux et de prendre la fuite.
À les entendre, ce n'est pas normal que cette porte soit détruite et ça m'étonne d'avantage... J'ai vraiment la force de détruire une porte réputée indestructible sur Grand Line? Peut-être qu'ils ne l'avaient pas entretenue depuis un moment et que mes coups répétés ont dû fragiliser une partie de la porte...

Tournant la tête à gauche à droite, j'essaie de trouver un moyen de libérer Hadoc de ce cocon d'abeilles, mais sans rien trouver. Je ne peux pas agiter ma rapière dans tous les sens, pas donner des coups de pied partout... Je crois qu'il y avait une histoire de fumée pour endormir les abeilles, mais j'ai des doutes et je n'ai pas de moyen de faire un grand feu...

D'autres bruits de pas se font entendre et je me retourne de nouveau, esquissant un mouvement de recul, grimaçant: le général des armées abeilles... Ce n'est pas du tout le moment...

- La volonté de votre Majesté pourrait bien sceller le destin de votre île dans un océan de flamme et de mort! Si ce diplomate gouvernemental venait à mourir ici, les représailles seraient démesurées et terribles pour votre royaume! Et puis d'ailleurs ça risque d'arriver, vu qu'il a été piqué mortellement et qu'il a besoin d'un antidote! Pour le bien de sa mission, il s'acharne à encaisser les dards de vos abeilles et à ne pas commettre d'actes criminels en les écrasant et en restant passif!
Par contre... j'ignore comment il fait pour résister à ça... L'adrénaline ou la force du désespoir, ça me paraît un peu trop tiré par les cheveux...


- Hein? Il a été piqué?!?
Je... C'est effectivement un geste très fort et noble qu'il ferait actuellement alors... et je respecte les soldats à la volonté de cire.


Je bloque sur les propos du général: c'est la reine Maya qui contrôle les abeilles courant Ghar? Il faudrait donc arriver jusqu'à elle?

Je grince des dents et balaie furieusement l'air devant moi du tranchant de la main:

- Même si vous refusez de rejoindre un camp ou l'autre, ce que je comprends tout à fait, n'ignorez pas pour autant la menace qu'ils peuvent représenter pour votre royaume!
Le Buster Call est une menace sérieuse, surtout sur un royaume considéré comme "neutre" et ayant participé à la mort d'un soldat haut-gradé de la Marine.
S'il-vous-plaît, laissez-nous accéder à sa Majesté, pour qu'elle libère ce Marine, pour qu'il disparaisse et fasse un rapport favorable ou au pire "neutre" sur Myriapolis, pour éviter sa destruction!
De toute façon, de ce que j'ai cru entendre, cette porte est... enfin était réputée indestructible et je l'ai pourtant pulvérisée à coup de botte. Si vous tenez tant que ça à nous arrêter, venez donc affronter celle qui a réduit votre plus grand protection à néant!


Le général grimace, zyeutant rapidement dans mon dos et je devine qu'il observe de nouveau l'étrange spectacle qu'offre Hadoc avec son "manteau d'abeilles", avant de baisser les yeux vers les débris de la porte.

- Vous n'avez pas tort effectivement: cette porte est supposé être aussi solide que la porte de la salle du trône... et pourtant... vous l'avez pulvérisée...
Mais, quand bien même je vous laisserai passer, vous et... vous et Hadoc, je devrai rendre des comptes à sa Majesté et je refuse de perdre mon rang et surtout ma tête, si j'échoue à ma mission.


- Même pour quelques secondes, voyez au-delà des ordres... Voyez l'ultime sacrifice d'un soldat "ennemi", qui refuse jusqu'au bout de s'attaquer à votre peuple...
Voyez au-delà de vous ou de sa Majesté Maya; ce n'est pas seulement vous deux, mais tout Myriapolis qui est concerné et qui dépend de cet homme, malgré tout ce qui a été dit ou fait...
Accompagnez-nous jusqu'à la salle du trône et nous trouverons tous ensemble une solution...


Le général-abeille reste pensif un moment, avant de plonger son regard dans le mien:

- J'espère que vous ne me ferez pas regretter ce choix, révolutionnaire.

Je soutiens son regard, acquiesçant brièvement de la tête:

- Je l'espère aussi, général.

Le général tourne les talons pour ouvrir la marche et je crie comme je peux au commodore, pour couvrir le bruit des abeilles:

- On part à la salle du trône, tout de suite! Je vais vous guider oralement si vous vous éloignez trop de la route! Faites... Continuez ce que vous faites, quoi que ce soit...
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La porte de la salle du Trône s'ouvre sur le bruit de l'essaim, le visage strict du Général et la cohorte de soldats à sa suite qui encadrent le diplomate aveugle et celle qui le guide par la voix. Maya n'est pas surprise, mais elle donne le change en s'agaçant avant même que son gradé ne soit à ses côtés. Elle réclame des explications sur le champ, demande pourquoi la révolutionnaire n'est pas aux fers et de quel droit le Général les a sortis de leur cellule. Lorsque celui répond qu'ils étaient déjà dehors à son arrivée, avec le ton un poil sec d'un tuteur qui désire couper court aux sujets d'autorité, la Reine décrit des points d'exclamation avec ses antennes, mais ravale ses autres questions et attend que tous prennent place. Kardelya signale à Hadoc de s'arrêter, d'une voix qui porte fort en cette salle et égale sans peine les précédentes vociférations de la personne royale. Même les abeilles recouvrant le Marine tamisent leur capharnaüm. Gharr immobilisé les deux émissaires se taisent.

Mes abeilles me disent qu'elles doivent reconstruire la Porte d'Or et qu'elles n'arrivent pas à châtier l'évadé. Cette outrecuidance dépasse l'entendement et je devrais déchaîner la colère de mon armée sur vous. Toutefois, je perdrais de nombreux hommes et n'aurais aucune satisfaction à m'en prendre à deux personnes qui cherchent le dialogue. Libérez le prisonnier.

Le cocon explose comme une bombe à fragmentation où chaque shrapnel est un insecte. Ils volent en cercle qui prend de l'altitude et s'écarte bientôt du noyau diplomate. Enfin Hadoc respire sans entrave et peut interrompre sa concentration. La seconde peau cramoisie qui le couvre vire en plaques, puis îlots, avant de se faire absorber par sa peau qui retrouve sa teinte naturelle. Le Marine ouvre les yeux et doit les frotter pour digérer la lumière qui l'attaque. Avec une pointe d'humour, il soulève un pied après l'autre pour relâcher les abeilles coincées sous ses plantes et les entend presque rejoindre leurs semblables en le traitant de butor, voire de gros ours sans poils.

C'est la journée de la libération. Vous avez faits beaucoup d'efforts pour revenir ici, alors que nous nous étions tout dit. Je suis impressionnée par vos exploits et la défiance faite envers notre système de sécurité. Mais si votre idée était de me prouver mes failles, cela ne suffira pas. Je ne défends pas mon royaume parce que j'ai la force, je le fais parce que j'ai le devoir. Parlez !

"Nous nous reverrons le jour où il sera temps de discuter de vos exigences." C'étaient vos mots. Puisque nous nous revoyons, n'est-il pas temps de dialoguer ?

Que ! Une insolence de plus ! Cherchez-vous un prétexte à une guerre ?


Je suis las, Reine Maya. Je suis venu à vous, en respectant tout votre protocole. j'ai porté vos habits, parlé quand vous m'y autorisiez. En gage de bonne fois, je suis venu avec un cadeau diplomatique et ai invité une supposée ennemie qui aurait pu me trahir à tout moment; dans l'unique but de votre confort. Mais quoique je dise, quoique je fasse, vous ne répondez qu'en craignant pour votre statut de Reine, sous prétexte qu'il vous faut penser au peuple.

Cela ne m'amuse pas de vous parler de Buster Call, mais je l'ai fait par respect. Combien des miens auraient trouvé des moyens plus séduisants de vous convaincre ? Je n'ai jamais menti, je vous ai offert toutes les informations et ai accepté votre sentence. Je ne dois ma libération qu'au devoir de ne pas sacrifier cette femme, Kardelya, qui elle aussi m'est venue en aide sans amitié. Elle 'la fait par convictions, par devoir envers Myriapolis et pour nous donner une chance de protéger la Ruche. Je devrais être mort, mais grâce à mes alliés, je suis là. Seulement, tout ce que je dis ne trouve aucun écho. Vous m'avez jugé et êtes incapable de vous confronter à votre propre erreur. Je sais que vous ne m'écouterez pas. je sais que vous n'écouterez pas Mademoiselle Koshin. Mais peut-être écouterez-vous votre propre Général ? Nous ne sommes pas ici pour vous parler. Nous sommes ici pour que le Général Monte-Bourdon vous conseille. Nous nous rangerons à son verdict.


Arnau a beau être entraîné à l'impassibilité, le nouveau rôle lui désynchronise les sourcils. Quant à la Reine, elle tourne vers lui un visage mitigé, toutefois curieux de recueillir son expertise.

Désirez-vous prendre la parole, Général ?


Il le faut, Majesté, il le faut je le crains.

Je n'ai pas plus confiance envers ces gens que vous. Et moi non plus, je n'aime pas ces manières de négocier. Mais, en mon âme et conscience, je ne vois pas quel autre moyen ces deux personnes auraient eu de manoeuvrer. Ils optent pour des choix discutables, mais ont donné sueur et sang pour nous manifester le bienfondé de leurs intentions. Je les crois sincères car il faut être passionné du devoir pour veiller à ne tuer aucun soldat, pas même le moindre insecte. Je pense également que, même si le Gouvernement sous-estime grandement notre puissance, nous commettons la même erreur. Je pense que nous avons besoin de temps et que ce traité pourrait nous l'offrir.

Certes, cela pourrait décevoir les révolutionnaires, mais nous avons la chance d'avoir, ici même, une représentante qui pourra leur envoyer un rapport et auquel je doute que le Marine fera obstacle. Ce traité n'est que de la politique, pas de la moralité. Je suis persuadé que, si nous pensons de cette façon, nombre de Nations signeront avec la même arrière-pensée qu'ils ne sont en rien acheter. Le tribut ne serait alors qu'une façon de financer le temps. Le temps n'a pas de monnaie aussi puissante que lui-même. C'est tout ce que j'ai à dire.


Elle l'écoute avec attention et reporte son regard sur les deux étrangers. Après un moment de réflexion, elle offre l'acquiescement qui soulage la salle. Un groupe d'abeilles apporte quelques feuilles de parchemin, le stylet et l'encre. Maya rédige, de sa plus belle calligraphie.

Le premier document est une copie de votre traité. Il sera ratifié et Myriapolis s'engage à verser un centile de ses revenus pour soutenir l'effort de guerre, pourvu que toutes les Reines signent. Auquel cas, je verserai cinq centiles. C'est un lourd tribut, mais j'espère que vos supérieur y verront la volonté de la Ruche de promouvoir la paix. De toute façon, nous avons le seul port de l'île, je pense que mon concours est le plus essentiel à votre mission.

Le second document est une attestation signée que je vous ai bien reçus et qu'un accord a été conclu entre nous. Le seau vous permettra de passer la plupart des sécurités pour vous entretenir avec les autres Reines. Mais ce n'est qu'un papier, il n'arrête pas les morsures. J'aurai deux requêtes à vous soumettre, en échange de ces aides.

La première, je veux, si vous survivez à votre périple, que vous reveniez me voir avant de quitter Myriapolis. Vous me raconterez votre aventure, à commencer par celle que vous venez de vivre ici. La seconde requête est plus simple. Dites-moi si je ne mets que le nom de Hadoc, ou si j'y joins celui de Koshin ?


***

Kardelya et Hadoc quittent l'enceinte du Palais par la grande porte. Devant eux, les jardins qui s'étendent sur plusieurs centaines de mètres ont bien plus d'ampleur que lorsqu'ils les avaient survolés. Dans les airs du dôme, c'est toujours le trafic aérien, mais on ne les entend pas d'ici. Des gens de la Cour se baladent et saluent les émissaires qui ont récupérés leurs affaires. Le ciel qui perce par le haut toit de La Ruche indique que le soleil est fatigué de sa journée et repeint d'orange le mur de sa chambre. D'ici une demi-heure, il fera nuit.

Hadoc aussi est fourbu, mais soulagé, comme après une grosse journée de boulot. Les documents en poche, il doit désormais convaincre la Reine Werber, du Royaume de la Fourmi. Mais d'abord, dormir. Envoyer son rapport, puis dormir, pour encaisser le trajet du lendemain. Gharr n'avait pas vraiment échangé de mots avec celle à qui il doit le succès de sa mission. Ne lui reste que la réponse offerte à la Reine lors de sa dernière requête.

Merci, Koshin. En tant que Marine, mais aussi en tant qu'Homme, merci pour ce que vous avez fait. Je sais que ce n'était pas facile.

Vous avez ma fréquence escargophonique. Nous nous reparlerons. Elles sont précieuses vos valeurs. Je ne juge pas vos choix, mais si un jour vous désirez vous reconvertir, ou abandonner votre organisation révolutionnaire pour une vie sans traque, je vous aiderai. Vous ne méritez pas votre prime pour avoir été à Jotunheim et le Gouvernement a bien plus néfaste que vous à combattre.

En tout cas, pour ce que ça vaut et au vu des circonstances, je suis ravi d'avoir pu faire votre connaissance.



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L'arrivée à la salle du trône se fait étonnamment calmement, avec le général-abeille ouvrant la marche. Bon, après, il y a un sacré vacarme avec les abeilles bourdonnant sur Hadoc et la reine-abeille nous incendiant oralement. Alors que le général s'entretient avec la souveraine, je continue de guider le Marine dans la salle:

- Tout droit! Un pas à gauche! Encore un peu... et c'est bon!

Finalement, les abeilles sont retirées par la reine, me faisant hausser un sourcil devant l'étrange apparence de la peau du Commodore, me laissant perplexe et songeuse. Il a un pouvoir permettant de couvrir sa peau d'une étrange substance? C'est ça qui lui permettait de survivre et endurer l'assaut insectoïde?

J'écoute le discours de Hadoc, qui semble bien plus sensé qu’auparavant, me faisant doucement soupirer de soulagement. C'est vrai qu'à écouter les raisons derrière son discours, ça semble plus logique et sensé ce qu'il a dit, même si mentionner le Buster Call reste toujours excessif pour moi...

Je secoue la tête lorsque l'on mentionne la Révolution:

- Là encore, je me dédouane complètement en tant que révolutionnaire: ce n'est pas du tout le rôle que j'ai face à vous et actuellement.
J'ai agi en tant qu'humaine qui voulait protéger un peuple d'une potentielle menace, en sauvant un Marine qui tenait le destin d'une île dans le creux de sa main, avec ses propos.
Je me répète, j'ignore si mes "supérieurs" ont des projets pour cette île et je ne suis pas venu ici dans ce cadre-là.


Au final, la reine Maya semble prête à coopérer avec la Marine et je réfléchis un moment à sa deuxième demande...
Associer mon nom à une négociation de la Marine? Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée. Si ça remonte à mes supérieurs ou à d'autres membres de la Révolution, ça risque de compliquer les choses entre les révolutionnaires, avec une période déjà bien difficile, après Jotunheim.

Je secoue doucement la tête:

- Je ne préférerai pas que l'on pense que je sois associée à cette affaire, même en tant qu'observatrice.

Finalement, l'entretien et même cette aventure à Myriapolis se termine pas trop mal, alors que je sors du palais aux cotés de Hadoc, préférant quand même garder un œil sur lui.
Allumant une cigarette et tirant une longue taffe, j'écoute les propos du Commodore, avant de longuement soupirer, expulsant la fumée de cigarette en un grand nuage:

- Vous n'avez pas à me remercier, j'ai fait ce que j'avais à faire pour sauver cette île de votre... "négociation".
Mais bon, avec le climat actuel, je serai stupide de me mettre à dos un Marine qui a la "bonté" de ne pas me couper la tête; c'est limite moi qui devrais vous remercier.
Et concernant votre... offre... je ne préfère pas y penser: la Révolution m'a offert une vie après que j'ai tout perdu et je ne vais pas l'abandonner comme ça.
Et... Oui, j'imagine que c'est la meilleure conclusion que l'on puisse avoir, compte tenu des circonstances actuelles qui ébranlent les mers.
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