Les rames poussaient lentement la barque vers l’embarcadère. Les six hommes à son bord étaient à bout de force après plusieurs jours de navigation. William synchronisait ses mouvements sur la cadence générale. C'est lui qui avait donné l'ordre de rallier Las Camp. Ils ne tarderaient pas à toucher à leur but. Le jeune homme avait en tête de recruter de nouveaux hommes pour l'équipage et de se procurer de quoi réparer le Vestan, qui avait souffert de dommages terribles en mer. Le capitaine en devenir avait voulu attendre la nuit pour poser un pied à terre, dans un port annexe, proche des bas-quartiers de la ville. L'embarcation finit enfin par toucher le ponton et ils se dépêchèrent de l'amarrer. Déjà un homme sortait de la capitainerie. Le jeune artilleur interpella Tubbs, l'un de ses hommes les plus fidèles pour aller au devant et payer la taxe avec les économies qu'ils avaient emporté. Ils descendirent du bateau pendant que le flibustier s'acquittait des formalités. William ne voulait pas faire de remous avant d'être à bord de son navire. Il regarda les trois anciens soldats de la Marine qu'ils avaient capturé pendant l'affrontement naval. Il les avait emporté à ses côtés pour garder un œil attentif sur eux. Il voulait les tester en utilisant leur connaissance de l'île pour satisfaire ses désirs. L'officier de ponton finit par s'éloigner et le jeune homme s'adressa à ses hommes.
"Tubbs, tu fermes la marche avec Boris. Moi j'ouvre le pas avec le meneur de bande."
"Bien capitaine."
L'ancien soldat réprima un soupir et le jeune artilleur ne releva pas. Ils semblaient bien indisciplinés pour des anciens militaires. Ils répondaient respectivement aux noms de Grith, représentant officiel des traîtres, Bunes et Santos. Ils suivirent leur chef qui commençait à s'aventurer dans les rues de Las Camp. Depuis que la ville avait été pacifiée, le pavé avait retrouvé une certaine animation, même dans les quartiers les plus défavorisés. Il faudrait s'enfoncer profondément pour trouver la vermine qui se terrait sur l'île.
"Grith, ouvre le chemin. Emmène moi là où je peux trouver des hommes."
"Bien sûr, capitaine."
La docilité de l'ancienne mouette fit aussi bien tiquer le jeune homme que ses homologues. Ils se contentèrent néanmoins de bêtement suivre la troupe alors qu'elle s'engageait au milieu des habitations. Les stigmates des affrontements étaient encore visibles. Des bâtiments étaient encore en pleine reconstruction et des impacts de balles marquaient certaines façade. Le traumatisme n'étant pas loin, il valait mieux ne pas faire trop de vagues. Ils s'enfoncèrent plus profondément dans les quartiers et les passants se firent de plus en plus rares. L'atmosphère malsaine semblait s’intensifier à mesure qu'ils progressaient. Ils finirent par déboucher sur une place de taille modeste. Des magasins occupaient un côté de la rue, tandis qu'une petite fontaine trônait au centre de l'endroit. William remarqua immédiatement le groupe de personnes qui discutaient devant l'entrée de ce qui semblait être un entrepôt. Les pirates s'approchèrent doucement, convaincus que leurs interlocuteurs se trouvaient en face d'eux.
"Paraîtrait qu'le Sozen est de nouveau sur pieds!"
"L'a bien foutu l'bordel par ici c'ui là!"
"Me l'fais pas... Hé, qu'est-ce qu'vous foutez là vous?"
Les hommes qui montaient la garde près de l'entrepôt n'avaient pas tardé à remarquer la présence du groupe. Voulant s'introduire, William s'avança de quelques centimètres. Des armes jaillirent des manteaux de tout les malfrats qui se trouvaient à proximité. Le jeune artilleur ne poussa pas sur sa chance et s'arrêta d'avancer. Il jeta un regard à l'adresse de Grith, qui ne pouvait pas contenir son air sarcastique en voyant la haine apparaître sur le visage du jeune homme.
"V'z'êtes qui d'abord?!"
"Ferraille. Pas besoin d'en dire plus."
Les deux vigiles se regardèrent et partirent dans un fou rire. Le temps qu'ils se calment, un homme avait surgi du groupe, encore en pleine discussion quelques minutes plus tôt. Le port droit, de vieilles cicatrices émaillant son visage. Il dégageait une aura qui éclipsait immédiatement celle des autres larbins. Les anciens soldats tressaillirent en voyant ce nouvel arrivant. William comprit alors quelle manigance avait pu être jouée. C'était prévisible, il avait pris ce risque en les emmenant comme guide.
"Ferraille? C'est pitoyable comme nom. Tes parents manquaient d'inspiration, jeune homme?"
Le jeune homme serra doucement ses poings. Déjà le dogue donnait ses ordres pour encercler la troupe de flibustiers. Tubbs et Borris restaient en état d'alerte. Mais sans armes à feu, ils ne faisaient pas le poids contre leurs antagonistes. William se donna donc la peine de répondre. Mieux valait éviter l'affrontement frontal et privilégier la diplomacie.
"C'est le nom du capitaine des Poudres Rouges. Je cherche des hommes et du matériel pour réparer mon navire. J'imagine à votre réaction que vous trempez dans le crime. On peut probablement trouver un terrain d'entente?"
"Pirates? Révolutionnaires? Ou juste des pouilleux qui se sont attaqués à plus gros qu'eux? Vous pensez que vous pouvez faire affaire avec monsieur Van Dongen comme ça?"
Van Dongen? William n'avait jamais entendu ce nom. Sûrement une pointure locale, qui dominait une certaine partie du marché illégal sur l'île. Probablement sous une couverture légale ou avec l'association des soldats de la Marine. La corruption avait eu tendance à se généraliser dans les rangs de l'institution au cours des dernières années. Il voulut tirer son épingle du jeu, essayant de se sortir de la situation dans laquelle les anciennes mouettes l'avaient mise. Il montra la mallette remplie de berries qu'il portait avec lui depuis son arrivée sur Las Camp.
"Dix millions de berries, pour les hommes et le matériel. C'est tout ce que j'ai à vous offrir.
L'homme de main haussa un sourcil en entendant la somme que contenait prétendument la valise. C'était une sacrée somme dans les mains d'un gueux. Il réfléchit rapidement à un moyen de récupérer cet argent avec le meilleur taux de profit. Oui, ils conviendraient parfaitement à la tâche.
"Je ne peux pas te faire confiance comme ça. Je suis Bartholoméo Rubben, c'est moi qui trempe les mains dans le linge sale et qui estime si on peut faire confiance aux crasseux qui se pointent ou pas. Tu as un moyen simple et efficace de gagner ma confiance, en respectant certaines conditions. Les combats clandestins."
"Tubbs, tu fermes la marche avec Boris. Moi j'ouvre le pas avec le meneur de bande."
"Bien capitaine."
L'ancien soldat réprima un soupir et le jeune artilleur ne releva pas. Ils semblaient bien indisciplinés pour des anciens militaires. Ils répondaient respectivement aux noms de Grith, représentant officiel des traîtres, Bunes et Santos. Ils suivirent leur chef qui commençait à s'aventurer dans les rues de Las Camp. Depuis que la ville avait été pacifiée, le pavé avait retrouvé une certaine animation, même dans les quartiers les plus défavorisés. Il faudrait s'enfoncer profondément pour trouver la vermine qui se terrait sur l'île.
"Grith, ouvre le chemin. Emmène moi là où je peux trouver des hommes."
"Bien sûr, capitaine."
La docilité de l'ancienne mouette fit aussi bien tiquer le jeune homme que ses homologues. Ils se contentèrent néanmoins de bêtement suivre la troupe alors qu'elle s'engageait au milieu des habitations. Les stigmates des affrontements étaient encore visibles. Des bâtiments étaient encore en pleine reconstruction et des impacts de balles marquaient certaines façade. Le traumatisme n'étant pas loin, il valait mieux ne pas faire trop de vagues. Ils s'enfoncèrent plus profondément dans les quartiers et les passants se firent de plus en plus rares. L'atmosphère malsaine semblait s’intensifier à mesure qu'ils progressaient. Ils finirent par déboucher sur une place de taille modeste. Des magasins occupaient un côté de la rue, tandis qu'une petite fontaine trônait au centre de l'endroit. William remarqua immédiatement le groupe de personnes qui discutaient devant l'entrée de ce qui semblait être un entrepôt. Les pirates s'approchèrent doucement, convaincus que leurs interlocuteurs se trouvaient en face d'eux.
"Paraîtrait qu'le Sozen est de nouveau sur pieds!"
"L'a bien foutu l'bordel par ici c'ui là!"
"Me l'fais pas... Hé, qu'est-ce qu'vous foutez là vous?"
Les hommes qui montaient la garde près de l'entrepôt n'avaient pas tardé à remarquer la présence du groupe. Voulant s'introduire, William s'avança de quelques centimètres. Des armes jaillirent des manteaux de tout les malfrats qui se trouvaient à proximité. Le jeune artilleur ne poussa pas sur sa chance et s'arrêta d'avancer. Il jeta un regard à l'adresse de Grith, qui ne pouvait pas contenir son air sarcastique en voyant la haine apparaître sur le visage du jeune homme.
"V'z'êtes qui d'abord?!"
"Ferraille. Pas besoin d'en dire plus."
Les deux vigiles se regardèrent et partirent dans un fou rire. Le temps qu'ils se calment, un homme avait surgi du groupe, encore en pleine discussion quelques minutes plus tôt. Le port droit, de vieilles cicatrices émaillant son visage. Il dégageait une aura qui éclipsait immédiatement celle des autres larbins. Les anciens soldats tressaillirent en voyant ce nouvel arrivant. William comprit alors quelle manigance avait pu être jouée. C'était prévisible, il avait pris ce risque en les emmenant comme guide.
"Ferraille? C'est pitoyable comme nom. Tes parents manquaient d'inspiration, jeune homme?"
Le jeune homme serra doucement ses poings. Déjà le dogue donnait ses ordres pour encercler la troupe de flibustiers. Tubbs et Borris restaient en état d'alerte. Mais sans armes à feu, ils ne faisaient pas le poids contre leurs antagonistes. William se donna donc la peine de répondre. Mieux valait éviter l'affrontement frontal et privilégier la diplomacie.
"C'est le nom du capitaine des Poudres Rouges. Je cherche des hommes et du matériel pour réparer mon navire. J'imagine à votre réaction que vous trempez dans le crime. On peut probablement trouver un terrain d'entente?"
"Pirates? Révolutionnaires? Ou juste des pouilleux qui se sont attaqués à plus gros qu'eux? Vous pensez que vous pouvez faire affaire avec monsieur Van Dongen comme ça?"
Van Dongen? William n'avait jamais entendu ce nom. Sûrement une pointure locale, qui dominait une certaine partie du marché illégal sur l'île. Probablement sous une couverture légale ou avec l'association des soldats de la Marine. La corruption avait eu tendance à se généraliser dans les rangs de l'institution au cours des dernières années. Il voulut tirer son épingle du jeu, essayant de se sortir de la situation dans laquelle les anciennes mouettes l'avaient mise. Il montra la mallette remplie de berries qu'il portait avec lui depuis son arrivée sur Las Camp.
"Dix millions de berries, pour les hommes et le matériel. C'est tout ce que j'ai à vous offrir.
L'homme de main haussa un sourcil en entendant la somme que contenait prétendument la valise. C'était une sacrée somme dans les mains d'un gueux. Il réfléchit rapidement à un moyen de récupérer cet argent avec le meilleur taux de profit. Oui, ils conviendraient parfaitement à la tâche.
"Je ne peux pas te faire confiance comme ça. Je suis Bartholoméo Rubben, c'est moi qui trempe les mains dans le linge sale et qui estime si on peut faire confiance aux crasseux qui se pointent ou pas. Tu as un moyen simple et efficace de gagner ma confiance, en respectant certaines conditions. Les combats clandestins."
Dernière édition par William Burgh le Mer 13 Jan 2021 - 1:17, édité 1 fois