Manshon, de nuit. Aussi viciée à mes yeux que de jour, l'obscurité ne suffit pas à masquer toutes les pommes pourries qui y prolifèrent, se nourrissant de la faiblesse des honnêtes gens. Manshon, de nuit. C'est comme mettre les pieds dans une forteresse géante du crime, le bastion d'une organisation mafieuse. Tu peux me croire quand je te dis que je mire attentivement le moindre zigue qui s'approche de trop près. Le climat est tendu depuis si longtemps, les nerfs mis à rude épreuve, appartenir à une famille mafieuse ne suffit plus à assurer la tranquillité de ses petites miches. Y'a pas besoin de résider sur le Nid pour craindre de se faire trouer la peau à l'angle d'une ruelle. Les gens ne respectent plus rien et ne craignent plus grand-chose, c'est à celui qui appliquera sa loi au mieux. La ville est en partie en ruines, déchirée par le blocus il y a quelques années. C'est là que tout est parti en vrille. Les civils qui se rebellent de l’influence criminelle les étouffant, la marine qui se décide enfin à ne plus se laisser corrompre par les liasses de billets que les familles distillent à droite à gauche.
Je devrais pas me plaindre du réveil de Manshon, au contraire dans le fond j'en suis satisfait. Cela fait un moment que Monsieur Bambana est en sueur, à agiter ses hommes plus que de raison et à tout faire pour éviter qu'un ennemi ne vienne jusqu'à son trône pour lui enfoncer une lame à travers la gorge. Parfois j'aimerai voir la tête qu'il afficherait en apprenant que l'un de ses plus gros ennemis se tient régulièrement à quelques mètres seulement de sa grosse personne. J'imagine souvent sa gueule de gros lard déchirée par la stupeur au moment ou je pointe le canon de mon flingue sur son énorme carcasse pour lui ferrailler la trogne. En attendant que ce moment devienne réalité, je suis dehors, à me les geler. J'ai beau le haïr au plus au point, Bambana reste mon patron et ce depuis des années. Quand il me siffle, je peux râler autant que je le veux, je finis toujours par rapliquer. 'Faut savoir sauver les apparences, faire profil bas, courber l'échine, pour le grand jour. Du coup quand il m'envoie régler une affaire nocturne, j'ai pas d'autre choix que de m'exécuter.
Je dois aller secouer un type qui doit de l'argent à la famille depuis un moment et qui trouve toujours une excuse pour repousser le moment de passer à la caisse. Problème, plus tu fais traîner ce genre de choses et plus ta dette s'alourdit. Si on me fait me déplacer, c'est pour envoyer un message. Ce genre d'histoire, en temps normal, quelques tontons flingueurs peuvent largement s'en charger. Si c'est moi qui suis sur le coup, c'est que le Boss en a marre de se faire mener en bateau. Et que pour l'autre, ça pue. Ils connaissent tous mes méthodes, elles sont pas belles à voir et encore moins à subir. J'en suis pas fier, mais je suis résigné. Bien longtemps que j'ai cessé de croire que mon âme était bonne et que je pouvais encore m'en sortir en vivant une vie honnête et propre. C'est d'ailleurs pour ça que je suis la personne idéale pour débarrasser Manshon de Antoni Caesar Bambana. C'est bien connu qu'il faut envoyer un monstre pour en finir avec un autre monstre.
Chris Raukankour, c'est le sobriquet qu'on a attribué à la naissance de notre malheureux condamné. Dans le pétrin jusqu'au cou, Chris a une routine tout à fait légitime pour un gars dans sa situation. Toute la journée il fait la tournée des tavernes, des coins illégaux à la recherche d'une bonne poire à escroquer, à qui soustraire des berrys en espérant en amasser suffisament pour être en mesure de payer sa dette. Lorsque le jour perd de sa superbe, et ferme le rideau, Raukankour, dépressif et au bout du rouleau car il constate chaque jour qu'il n'aura jamais assez pour tout payer, fonce se bourrer la gueule toute la nuit. Pris dans ce cercle vicieux, il n'avance pas, ne fait que traverser les jours les uns après les autres, comme une âme en peine. Torché, titubant, au fond du trou, il tente maladroitement de marcher jusqu'à sa petite piaule miteuse au second étage d'une auberge. C'est là qu'il tombe sur le grand méchant loup, le gros chien. Moi. Sortant de l'ombre, mains dans les poches de mon long manteau, je me place face à lui afin de le forcer à s'arrêter.
Je le vois écarquiller les yeux, balbutier des conneries inaudibles, probablement à se demander s'il hallucine ou pas. Je prends le temps de sortir une de mes clopes améliorées à l'opium, de l'allumer à l'aide de mon briquet et enfin, d'en tirer une latte. Quand finalement, j'expulse la fumée, ma voix brise le silence.
Coucou Chris, c'est le service de recouvrement des dettes.
Je devrais pas me plaindre du réveil de Manshon, au contraire dans le fond j'en suis satisfait. Cela fait un moment que Monsieur Bambana est en sueur, à agiter ses hommes plus que de raison et à tout faire pour éviter qu'un ennemi ne vienne jusqu'à son trône pour lui enfoncer une lame à travers la gorge. Parfois j'aimerai voir la tête qu'il afficherait en apprenant que l'un de ses plus gros ennemis se tient régulièrement à quelques mètres seulement de sa grosse personne. J'imagine souvent sa gueule de gros lard déchirée par la stupeur au moment ou je pointe le canon de mon flingue sur son énorme carcasse pour lui ferrailler la trogne. En attendant que ce moment devienne réalité, je suis dehors, à me les geler. J'ai beau le haïr au plus au point, Bambana reste mon patron et ce depuis des années. Quand il me siffle, je peux râler autant que je le veux, je finis toujours par rapliquer. 'Faut savoir sauver les apparences, faire profil bas, courber l'échine, pour le grand jour. Du coup quand il m'envoie régler une affaire nocturne, j'ai pas d'autre choix que de m'exécuter.
Je dois aller secouer un type qui doit de l'argent à la famille depuis un moment et qui trouve toujours une excuse pour repousser le moment de passer à la caisse. Problème, plus tu fais traîner ce genre de choses et plus ta dette s'alourdit. Si on me fait me déplacer, c'est pour envoyer un message. Ce genre d'histoire, en temps normal, quelques tontons flingueurs peuvent largement s'en charger. Si c'est moi qui suis sur le coup, c'est que le Boss en a marre de se faire mener en bateau. Et que pour l'autre, ça pue. Ils connaissent tous mes méthodes, elles sont pas belles à voir et encore moins à subir. J'en suis pas fier, mais je suis résigné. Bien longtemps que j'ai cessé de croire que mon âme était bonne et que je pouvais encore m'en sortir en vivant une vie honnête et propre. C'est d'ailleurs pour ça que je suis la personne idéale pour débarrasser Manshon de Antoni Caesar Bambana. C'est bien connu qu'il faut envoyer un monstre pour en finir avec un autre monstre.
Chris Raukankour, c'est le sobriquet qu'on a attribué à la naissance de notre malheureux condamné. Dans le pétrin jusqu'au cou, Chris a une routine tout à fait légitime pour un gars dans sa situation. Toute la journée il fait la tournée des tavernes, des coins illégaux à la recherche d'une bonne poire à escroquer, à qui soustraire des berrys en espérant en amasser suffisament pour être en mesure de payer sa dette. Lorsque le jour perd de sa superbe, et ferme le rideau, Raukankour, dépressif et au bout du rouleau car il constate chaque jour qu'il n'aura jamais assez pour tout payer, fonce se bourrer la gueule toute la nuit. Pris dans ce cercle vicieux, il n'avance pas, ne fait que traverser les jours les uns après les autres, comme une âme en peine. Torché, titubant, au fond du trou, il tente maladroitement de marcher jusqu'à sa petite piaule miteuse au second étage d'une auberge. C'est là qu'il tombe sur le grand méchant loup, le gros chien. Moi. Sortant de l'ombre, mains dans les poches de mon long manteau, je me place face à lui afin de le forcer à s'arrêter.
Je le vois écarquiller les yeux, balbutier des conneries inaudibles, probablement à se demander s'il hallucine ou pas. Je prends le temps de sortir une de mes clopes améliorées à l'opium, de l'allumer à l'aide de mon briquet et enfin, d'en tirer une latte. Quand finalement, j'expulse la fumée, ma voix brise le silence.
Coucou Chris, c'est le service de recouvrement des dettes.