La chaleur qui régnait dans le bureau de Tenko était en passe de devenir affreuse. Il était habitué au climat tempéré de West Blue, à ses températures jamais trop froides, mais jamais trop chaudes non plus. Et beaucoup de pluie, une quantité incroyable de pluie. Il s'essuya le front, plein de sueur. Au dessus de ses papiers, il cherchait la raison pour laquelle Kandy Ziva l'avait envoyé dans ce trou paumé là. Le Royaume de l'Absurde était une île d'une certaine importance. Elle comportait une capitale qui s'appelait Bienvenue-les-Danseuses depuis que les Requins étaient arrivés. Rien de mieux pour illustrer les dérives législatives du monarque. L'officier soupira un bon coup en s'étirant sur sa chaise. La Vice-Amirale l'avait envoyé pour entraîner, avec le soutien de sa garnison, les marins qui campaient dans le coin. Des matelots formidables, capables de réelles prouesses en mer. Mais des incapables comme ils n'en avaient jamais vu pour tout ce qui touchait de près ou de loin aux usages terrestres. Ils étaient incapable de patrouiller correctement, le combat ne les attirait pas plus qu'une bonne sieste et c'était presque s'ils ignoraient tout bonnement les criminels qui passaient sous leur nez.
"Chaleur de merde."
Il observait les rapports de section que les sous-officiers du coin s'étaient chargés de rédiger. Ils faisaient montre de lacunes étonnantes pour une garnison de Grand Line. Les menaces étaient loin d'être anecdotique sur cette mer mais la hiérarchie semblait persuadée que rien ne pouvait l'atteindre. La position du Royaume de l'Absurde dans le jeu géopolitique en faisait une cible difficile à atteindre pour les criminels qui écumaient les mers mais il ne fallait rien négliger. Trois coups résonnèrent sur la porte.
"Commodore?"
"Entrez, Bill"
Le lieutenant Karnak ne se fit pas prier pour entrer. Il avait lui aussi laissé tomber la veste pour survivre à l'accès de chaleur qui sévissait sur la semaine. Il s'installa en face de Tenko, le même air blasé sur le visage. Ils étaient arrivés seulement cinq jours plus tôt. Mais rien ne semblait bouger. Ils occupaient des dortoirs prévu à l'accueil de congrégations diplomatiques. Ils ne regrettaient pas le moins du monde leurs couchettes dans la Gueule de Requin.
"Va falloir que vous veniez voir ça..."
Tenko pencha de nouveau sa tête vers ses dossiers. Il avait autant pris la journée dans le bureau pour cerner les lacunes protocolaires que de s'éloigner du spectacle qui se déroulait dehors. Si on lui avait dit que l'un d'entre eux tenait son fusil à l'envers, il n'aurait pas eu de mal à y croire.
"Dites-moi qu'ils s'en sortent mieux qu'hier."
"Ils régressent. C'est presque fascinant."
Le jeune homme soupira alors que son second passait la porte les mains dans les poches. Il n'était franchement pas étonné de la réponse de Bill. Il s'en doutait plus ou moins. Il se leva, attrapa son sabre et sortit de son bureau. Les couloirs étaient déserts, en dehors des soldats qui montaient la garde devant les endroits clés. Des hommes qui servaient sous les ordres de Tenko. Les Requins avaient attaché un foulard autour de leur bras gauche pour se différencier des locaux qui n'en portaient tout simplement pas. Le commodore se dirigea vers la cour intérieure.
"On lève sa garde, on ne fléchit pas!"
Un sous-officier donnait son maximum pour ne pas étrangler les bleus qui massacraient les lettres de noblesse de l'escrime militaire. Tenko se glissa près des sous-officiers, mélangés, qui s'échangeaient leur méthodes entre divisions. Les soldats de la base étaient des feignants comme la nature en avaient rarement fait. Ils étaient si peu enthousiastes qu'ils en passaient presque pour des buses.
"Commodore."
Tenko sursauta. Un homme aux traits durs, un foulard attaché à son bras, se tenait droit derrière le commodore. Si le soldat semblait appartenir aux Requins, le jeune homme ne se souvenait pas l'avoir croisé. En même temps, il ne pouvait pas se souvenir de tout ses hommes. Avant même qu'il ait le temps de répondre à son interlocuteur, celui-ci enchaîna sans se soucier de la réponse de son supérieur.
"On vous demande en salle de reunion, monsieur."
Sans plus tarder, il s'éloigna. Tenko le regarda dépasser l'angle du mur, ralenti par la chaleur écrasante de la cour. Couvrir les toits des coursives intérieures de tôle était l'une des merveilleuses fausses bonnes idées qu'avaient eux les concepteurs de la base. Le commodore n'attendit pas plus longtemps pour se mettre en route à son tour. Il n'avait pas grand chose à faire sur le terrain d'entraînement, sa chaîne de commandement remplissait son rôle avec autant d'ardeur qu'elle pouvait confronter à l'incompétence générale des locaux. Il pénétra dans le rez-de-chaussée et remonta le long couloir qui desservait l'aile gauche du bâtiment. Il lui semblait que la température était plus fraîche de ce côté-là de la bâtisse. Il dépassa quelques portes avant d'entrer dans celle où il avait été convoqué. Il ne s'attendait à rien d'extraordinaire : le Royaume de l'Absurde avait cela de fascinant que les choses les plus excentriques finissaient toujours par devenir lassante. Le même soldat l'attendait là, appuyé contre une table. C'était l'unique occupant de la pièce.
"J'avoue que je reste perplexe là.
C'étaient les seuls mots qu'avaient trouvé Tenko pour décrire sa surprise. Le soldat ne parut pas changer d'attitude. Il dégageait une aura étrange, ce genre d'impression qu'on laisse aux gens quand on a l'habitude de travailler dans des sphères inaccessibles aux franges classiques de la société, civile comme militaire d'ailleurs.
"C'est normal, commodore Sozen. J'ai un petit conseil pour vous. Une sorte de piste, si vous préférez."
"Attendez, j'aimerai savoir..."
"Ed Duke, si vous tenez à le savoir Tenko. Je sais, de source sûre, que vous perdez votre temps à entraîner les hommes de cette base. Ce que vous devriez plutôt chercher, c'est des révolutionnaires. Et c'est pas ce qui manque dans le coin."
Le jeune officier resta abasourdi. Pas tant par les informations qu'il venait de recevoir que par la scène presque surréaliste qui se déroulait sous ses yeux. Il se demanda, l'espace d'un instant, si la chaleur ne lui avait pas définitivement grillé le cerveau. Car le cadet qui se tenait quelques secondes plus tôt en face de lui venait tout bonnement de disparaître de son champ de vision. Il cligna des yeux mais ne le vit pas reparaître. L'homme s'était juste volatilisé. Il douta de lui-même quelques instants, avant de voir le foulard qui était resté posé sur la table. Il ne l'avait quitté des yeux qu'une seule seconde, pour regarder au travers de la fenêtre qui était dans le dos de Duke. Il avait bien été là. Tenko s'empressa de sortir, sa curiosité piquée au vif.
"Chaleur de merde."
Il observait les rapports de section que les sous-officiers du coin s'étaient chargés de rédiger. Ils faisaient montre de lacunes étonnantes pour une garnison de Grand Line. Les menaces étaient loin d'être anecdotique sur cette mer mais la hiérarchie semblait persuadée que rien ne pouvait l'atteindre. La position du Royaume de l'Absurde dans le jeu géopolitique en faisait une cible difficile à atteindre pour les criminels qui écumaient les mers mais il ne fallait rien négliger. Trois coups résonnèrent sur la porte.
"Commodore?"
"Entrez, Bill"
Le lieutenant Karnak ne se fit pas prier pour entrer. Il avait lui aussi laissé tomber la veste pour survivre à l'accès de chaleur qui sévissait sur la semaine. Il s'installa en face de Tenko, le même air blasé sur le visage. Ils étaient arrivés seulement cinq jours plus tôt. Mais rien ne semblait bouger. Ils occupaient des dortoirs prévu à l'accueil de congrégations diplomatiques. Ils ne regrettaient pas le moins du monde leurs couchettes dans la Gueule de Requin.
"Va falloir que vous veniez voir ça..."
Tenko pencha de nouveau sa tête vers ses dossiers. Il avait autant pris la journée dans le bureau pour cerner les lacunes protocolaires que de s'éloigner du spectacle qui se déroulait dehors. Si on lui avait dit que l'un d'entre eux tenait son fusil à l'envers, il n'aurait pas eu de mal à y croire.
"Dites-moi qu'ils s'en sortent mieux qu'hier."
"Ils régressent. C'est presque fascinant."
Le jeune homme soupira alors que son second passait la porte les mains dans les poches. Il n'était franchement pas étonné de la réponse de Bill. Il s'en doutait plus ou moins. Il se leva, attrapa son sabre et sortit de son bureau. Les couloirs étaient déserts, en dehors des soldats qui montaient la garde devant les endroits clés. Des hommes qui servaient sous les ordres de Tenko. Les Requins avaient attaché un foulard autour de leur bras gauche pour se différencier des locaux qui n'en portaient tout simplement pas. Le commodore se dirigea vers la cour intérieure.
"On lève sa garde, on ne fléchit pas!"
Un sous-officier donnait son maximum pour ne pas étrangler les bleus qui massacraient les lettres de noblesse de l'escrime militaire. Tenko se glissa près des sous-officiers, mélangés, qui s'échangeaient leur méthodes entre divisions. Les soldats de la base étaient des feignants comme la nature en avaient rarement fait. Ils étaient si peu enthousiastes qu'ils en passaient presque pour des buses.
"Commodore."
Tenko sursauta. Un homme aux traits durs, un foulard attaché à son bras, se tenait droit derrière le commodore. Si le soldat semblait appartenir aux Requins, le jeune homme ne se souvenait pas l'avoir croisé. En même temps, il ne pouvait pas se souvenir de tout ses hommes. Avant même qu'il ait le temps de répondre à son interlocuteur, celui-ci enchaîna sans se soucier de la réponse de son supérieur.
"On vous demande en salle de reunion, monsieur."
Sans plus tarder, il s'éloigna. Tenko le regarda dépasser l'angle du mur, ralenti par la chaleur écrasante de la cour. Couvrir les toits des coursives intérieures de tôle était l'une des merveilleuses fausses bonnes idées qu'avaient eux les concepteurs de la base. Le commodore n'attendit pas plus longtemps pour se mettre en route à son tour. Il n'avait pas grand chose à faire sur le terrain d'entraînement, sa chaîne de commandement remplissait son rôle avec autant d'ardeur qu'elle pouvait confronter à l'incompétence générale des locaux. Il pénétra dans le rez-de-chaussée et remonta le long couloir qui desservait l'aile gauche du bâtiment. Il lui semblait que la température était plus fraîche de ce côté-là de la bâtisse. Il dépassa quelques portes avant d'entrer dans celle où il avait été convoqué. Il ne s'attendait à rien d'extraordinaire : le Royaume de l'Absurde avait cela de fascinant que les choses les plus excentriques finissaient toujours par devenir lassante. Le même soldat l'attendait là, appuyé contre une table. C'était l'unique occupant de la pièce.
"J'avoue que je reste perplexe là.
C'étaient les seuls mots qu'avaient trouvé Tenko pour décrire sa surprise. Le soldat ne parut pas changer d'attitude. Il dégageait une aura étrange, ce genre d'impression qu'on laisse aux gens quand on a l'habitude de travailler dans des sphères inaccessibles aux franges classiques de la société, civile comme militaire d'ailleurs.
"C'est normal, commodore Sozen. J'ai un petit conseil pour vous. Une sorte de piste, si vous préférez."
"Attendez, j'aimerai savoir..."
"Ed Duke, si vous tenez à le savoir Tenko. Je sais, de source sûre, que vous perdez votre temps à entraîner les hommes de cette base. Ce que vous devriez plutôt chercher, c'est des révolutionnaires. Et c'est pas ce qui manque dans le coin."
Le jeune officier resta abasourdi. Pas tant par les informations qu'il venait de recevoir que par la scène presque surréaliste qui se déroulait sous ses yeux. Il se demanda, l'espace d'un instant, si la chaleur ne lui avait pas définitivement grillé le cerveau. Car le cadet qui se tenait quelques secondes plus tôt en face de lui venait tout bonnement de disparaître de son champ de vision. Il cligna des yeux mais ne le vit pas reparaître. L'homme s'était juste volatilisé. Il douta de lui-même quelques instants, avant de voir le foulard qui était resté posé sur la table. Il ne l'avait quitté des yeux qu'une seule seconde, pour regarder au travers de la fenêtre qui était dans le dos de Duke. Il avait bien été là. Tenko s'empressa de sortir, sa curiosité piquée au vif.
Dernière édition par Tenko Sozen le Mer 6 Jan 2021 - 21:56, édité 1 fois