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Adieu, île de malheur !

I "C'est ta chance Sola."



Les bras encore tremblants de Nina enlaçaient vigoureusement notre héros alors qu'elle venait d'épancher son cœur. Sola ne bougeait pas, perdu dans ses pensées, ses mains maintenaient une douce pression sur le dos frêle de son amie, tandis que son esprit voguait déjà loin. Sa douloureuse aventure de la veille lui avait laissé des blessures au cœur, bien plus profondes que celles encore fraîches sur son ventre.

"Il me faut un sabre Nina."

Le silence que la phrase de Sola avait jeté se faisait maintenant long, aggravant le poids des mots de l'homme. La jeune femme dans ses bras reniflait de manière régulière,  retrouvant son calme petit à petit. Elle finit par être de nouveau silencieuse et retrouva sa quiétude habituelle. Elle dégagea sa tête du cou du jeune homme et s'installa à genoux sur le matelas. Sola regarda ses yeux humides, elle brûlait d'un désir de connaitre les faits. Il se leva avec difficulté, ses jambes le faisait encore beaucoup souffrir. Il fit quelques pas sans direction précise et s'arrêta devant un énième poème laissé à l'abandon sur le sol, illuminé par la seul bougie flambant sur la table en bois.

"D'accord Nina, d'accord."


Puis il se rassit à coté de la fille de joie pour lui raconter ce qui s'était passé la vieille. Il raconta tout, dans les moindres détails : l’altercation avec le colonel Späre, sa capture dans la tour d'observation, les tortures subits. Quelques secondes lui firent nécessaire pour aborder les révélations sur son père et sa mère, il raconta la fin de l'histoire avec la gorge noué, mais retins ses larmes.
Une fois le récit terminé, Nina ne sut quoi dire. Elle resta muette, comme dénué de sa voix. Quelques sons sortirent de sa bouche, mais elle n'arriva pas à trouver de phrase convenable suite aux confessions que Sola venait de lui faire.
Tous deux restèrent sans rien dire pendant un temps, la cire de la bougie dégoulinait maintenant sur le mobilier, dessinant des formes blanchâtres sur le bois.
Sola se releva une nouvelle fois et se dirigea vers la tour bancal de livres entassés près de l'entrée. Il pris le premier ouvrage de la pile et l'ouvrit au hasard. Page 394. Il constata que le verso de celle-ci était vierge et l'arracha sèchement.
Puis, il prit un des crayons laissés en vrac sur sa table et s'assit sur l'unique chaise lui faisant face. Sans dire un mot, il commença a griffonner des mots sur la page légèrement jauni.
Dehors, la lune progressait dans son pèlerinage quotidien et annonçait bientôt deux heures du matin. Nina regarda l'écrivain pendant quelques minutes, puis s'allongea sur le ventre, la tête bien enfoncée dans le matelas usé.

"Tu viens dormir ?" dit-elle, la voix étouffée par le futon.

"Non, j'écris encore un peu. Je te rejoins après."


Sola s'appliqua a trouver les meilleurs rimes possible. La feuilles fut son exutoire, trop de sentiments et d'émotions l'avaient traversés en 24 heures, il fallait qu'il épanche toutes ses pensées à Palamède avant de se livrer aux bras de Morphée.
Une demi-heure s'écoula. Le poète prit sa feuilles à deux mains et lut le texte à voix basses, mais avec un certain sérieux


"Ma mère meurs quand je nais
Je n'ai peur que de la genèse
Mes mains rêches sur le genêt
Je mentirais si je niais

Que pour une fois il faut tuer
Que ma peau s'apprête à muer
Que l'esclave qui ne fais qu'suer
Désire un avenir assuré"


Sola sourit, plutôt satisfait de son écrit. Il laissa le papier sur la table et souffla sur la flamme fascisante, plongeant la pièce dans une obscurité quasi-total. Il retrouva son lit à tâtons et s'allongea doucement sur celui-ci, en prenant garde à ne pas réveiller la belle endormie à côté de lui.

Au matin, Notre héros se réveilla avec la tête lourde. Des pensées germaient dans sa tête depuis la veille, donnant naissance à un projet fou : s'évader de l'île. Il ne savait pas encore comment, mais une chose était clair pour lui, cette journée serait sa dernière passée dans les champs.
Il se leva et constata que son corps avait déjà commencé à cicatriser, ses jambes et ses bras ne le faisaient presque plus souffrir.
Nina dormait encore, Sola s'habilla avec hâte et s'empressa de sortir de son taudis, avant de donner l'opportunité à la jeune femme de lui parler. Il devait se concentrer, profiter de chaque minutes d'introspection pour mûrir son inconcevable plan. De plus, il ne pouvait lui en parler, que dirait-elle, et à qui le dirait-elle ? Sans compter qu'elle pouvait se faire capturer et torturer pour complicité.Tous ça était trop risqué. Sola se pardonna de son acte égoïste de cette façon, et referma la porte, ainsi qu'un chapitre de sa vie.

La brise était fraiche, revigorante. Le ciel était dégagé et le soleil se levait sur l'île, éclairant les vieilles batisses délabrés d'un jaune pale porteur d'espoir. Sola scruta la mer au loin, encore calme et docile. Il eut l'impression de la voir telle qu'elle pour la première fois, comme si son nouveau but lui avait fait ouvrir les yeux sur la beauté de cette vaste étendue d'eau.
Après ce court moment d'émerveillement, il reprit ses esprits et constata qu'un bateau mouillait sur la côte. C'était un galion servant à exporter les produits de l'île vers Saint Uréa, un porte de sortie que Sola devait à tout prix saisir. Les navires de denrées alimentaires restaient toujours jusqu'au lendemain, l'évasion devait donc se faire dans la nuit. Il prit quelques instants encore et partit d'un pas décidé pour ce qu'il espérait être sa dernière journée de labeur.

Il était pratiquement aux champs quand il entendit une voix l’appeler derrière lui, il se retourna et vu Nina le poursuivre. La jeune femme arriva à sa hauteur et lui sauta au cou. En enlaçant le jeune homme, elle approcha ses lèvres de son oreille.

"J'étais en compagnie d'un militaire chargé de la protection du port la semaine dernière. Mes... talents l'ont fait bavarder plus que d'habitude. Presque tous vont être conviés à l'anniversaire surprise de Jess Späre et faire la fête toute la nuit ! Les quais ne seront surveillés que par quelques jeunes bleus. C'est ta chance Sola."


elle poussa un léger souffle chaud, puis reprit.

"Je.. Je t'aime. Je t'ai aimé des ma première nuit avec toi, même si on ne se connait pas depuis longtemps. Il fallait que je te le dise. Prends cela pour un cadeau d'au revoir ! Prends soin de toi, et pense à moi de temps en temps."


Nina se détacha de son poète, avant de se retourner et prendre la direction des bas quartiers de la ville, elle ne se retourna pas. Sola la regarda s'en aller, quelques secondes lui furent nécessaire pour comprendre l'immense opportunité que venait de lui offrir cette femme, grâce à elle, les astres venaient de s’aligner. Mais comment avait-elle deviné ? Le poème ? Ou peut-être l'avait-elle simplement comprit la veille, elle était une femme intelligente après tout...

*Merci Nina ! Je reviendrais te chercher un jour... si je m'en sors.*


II "Ben partir c'soir, ça f'ra moins de coups d'fouets qu'dans un mois."



Bill était déjà en action, ramassant les patates dans un rythme soutenu. Quand Sola le vit au loin, un sentiment de colère s'empara de lui. Son vieille ami l'avait trahis en ne lui disant pas la triste vérité sur les origines de la mort de sa mère.
Le jeune esclave décida de se tenir à l'écart du vieille homme et se dirigea vers une rangée de légumes éloigné de lui. Bill vit le poète le regarder puis l'ignorer, ne comprenant pas, il tenta de lui faire des appels avec ses bras, sans succès. Il vit un contremaître l'incendier du regard et retourna rapidement a sa besogne.
Sola voulait aller voir le vieillard et lui cracher son venin au visage, mais il devait se concentrer, réfléchir à la situation. De toute façon, les contremaîtres l'en empêcheraient.

La première chose qu'il devait faire était de trouver le meilleur moyen de s'enfuir, avant même d'embarquer dans un navire et de prendre la mer.
Il pensa d'abord à une évasion de masse, en vue des presque quinze mille confrères esclaves que cette île abritait.  Plus nombreux ils étaient et mieux le plan marcherait. Il commença à élaborer dans sa tête une rumeur à faire circuler à travers champs.

Soudain, il entendit un claquement de fouet s’abattre non loin de lui, accompagné d'une voix grave et sévère.

"Hé ! Le boiteux la bas ! Oui toi ! Tu crois que je te vois pas marmonner avec ton copain ! Ferme ta gu*le et travaille plus vite !"

Sola resta quelques seconde les yeux posés sur le contremaître incendiant un pauvre esclave. Une détonation explosa dans son crane.

*Sola, qu'est ce que t'es c*n, employer un maximum de monde, ça veut aussi dire augmenter les chances que quelqu'un fasse foirer l'opération ! Réfléchis mieux bon sang !*

En effet, le poète n'avait pas l'habitude de réfléchir à un plan solide, il était plus habitué a suivre le mouvement plutôt qu'a prendre les devants. L'exercice était une première pour lui.
Tandis que ces mains forait la terre, il regardait autours de lui, scrutant l'étendue des champs. Le but de cette matinée était fixé. Trouver des hommes de confiance, avec qui il pourrait s'évader sans craindre que l'un d'eux face tout rater.
Soudain, notre héros se rappela de ce que lui avait dit un esclave quelques jours auparavant.

*Il voulait filer à l'anglaise...Il faut que je retrouve Daju !*

Sola chercha son futur complice du regard. L'homme était facilement identifiable, il devait avoir une quarantaine d'année, une véritable montagne de muscles au visage balafré. Sola avait appris que l'homme était un ancien pirate, son équipage fut décimé lors d'une bataille. L'homme s'était retrouvé seul et fini par se faire capturer par des marchands avant d'être placé sur l'île. Sa force hors du commun et son expérience faisait de lui un allié précieux.
La recherche fut vaine, l'homme ne devait pas être sur la même parcelle de terre que lui.
Tant pis, le poète ne devait pas perdre de temps et prendre des décisions rapidement, ce qu'il fit. Il réfléchit tout le reste de la matinée à qui d'autres pourrait lui prêter main forte dans cette expédition périlleuse. Il avait complètement revu à la baisse le nombre de partenaire à trouver.

La fin de matinée arrivait à grand pas et le jeune poète ficelait tant bien que mal son évasion. Il avait quatorze noms en tête, quatorze guerriers qu'il connaissait bien, tous forts et prêt à risquer leurs peaux pour tutoyer la liberté. Tous étaient présents dans l'immense champs, Sola les avaient vu dans la journée. Il ne restait plus qu'à leurs faire part du projet. Il fallait que ses hommes soient d'une discrétion absolue. Tous devront se débrouiller pour rejoindre un endroit en même temps ! Il ne manquait plus qu'un lieu précis. Sola choisit stratégiquement l'ancienne usine de munition désaffectée. Le lieu était désert, situé idéalement entre la partie haute (terre) et la partie basse (mer) de la ville et sa grosseur permettait de caché une quinzaine d'hommes facilement des postes d'observations. Tous devront partir du campement avec au moins cinq minutes d'écart dans l'ordre que Sola leurs donneraient. Il arriverait en dernier, à une heure du matin.
Son plan n'était peut-être pas le plus parfait, mais en vue du temps qu'il u pour le planifier et de son manque d'experience de stratège, Sola jugea qu'il ferait l'affaire.
Tout était en place dans la tête du rebelle. Le reste ne dépendrait que de leurs forces, et de leurs bonnes étoiles.

*Si j'arrive à convaincre ses bonhommes, j'aurais mes chances ! Et je partirais enfin de cette île, pour toujours ! *


Les pensée de Sola lui donna un frisson de plaisir parcourant son corps. Mais tout restait à faire. Pour le moment, ne pas attirer l'attention, réfléchir aux détails, ne rien laisser au hasard. En se creusant les méninges pour établir au mieux son plan, il réalisa qu'il avait oublié un énorme détail, son arme. Sola ne possédait qu'un bâton de bois taillé en katana de fortune. Il lui fallait un véritable sabre, ou au moins quelque chose de plus efficace que ce qu'il avait. Il réfléchit quelques minutes. Deux idée lui vinrent en tête. Voler un outil sur les champs, ou prendre l'arme d'un militaire une fois battu sur le port. Il opta pour la deuxième option, trop compliqué de subtiliser une pioche sans se faire voir par quelqu'un.

*Les autres devront faire le même choix que moi. Pas moyen de faire autrement de toute façon*

L'esprit du rebelle s'échauffa, il leva les yeux au ciel et vu le soleil se tenir haut, l'heure avançait plus rapidement que prévu. Pour une fois dans sa vie, il eut la sensation que le temps lui était compté, cette sensation d'urgence l'exalta encore un peu plus.

A la pause repas. Bill alla trouver son jeune compagnon, occupé à définir de sa cuillère les ingrédients de l’infâme bouilli servi au déjeuner.

"Sola ! Je suis passé chez toi après les travaux, tu n'étais pas la, qu'est ce qu'il t'est arrivé bon sang !"

Le jeune homme ne répondit pas et continua de touiller son repas.

" Oh ! Tu m'ignores ? Qu'est ce que le colonel t'as fais ?
- Dans son infime bonté, il m'a tenu un joli discours !
- Quoi ? Quel discours ?
- Oh, un magnifique discours sur mes parents, mais je n'ai pas besoin de t'en dire plus, vu que tu dois déjà être au courant de tout ! Tu peux dégager maintenant ? J'aimerais manger mon... repas en paix !
- Qu'est-ce que c'est que c'est c*nneries ?
- ...
- Oh et pis m*rde ! Je me fais un sang d'encre et tu m'envoies balader ? Et bas mange tous seul tiens ! "


Sola resta devant sa gamelle, il eut du mal à regarder le vieux chauve lui tourner le dos.

*C'est pour le mieux* pensa t-il.

Le début de l'après midi marqua la fin de la pause, et sonna le début de la mise en marche du plan. Sola ne perdit pas de temps, il délivra le message aux esclaves concernés, tout en effectuant ses tâches agricoles.
Les heures passèrent et bientôt tous les élus furent au courant de l'opération, Sola était en train de glisser la requête à l'oreille du quatorzième homme, en prenant garde à ne pas se faire voir par les contremaîtres. Tous avaient acceptés, tous avaient répondu présent. Sola avait vu juste. Il connaissait ces hommes depuis longtemps, des hommes prêt à tout pour la reconquête de leurs libertés.

Une heure plus tard, Sola arrachait vigoureusement les légumes au sol, gagné par la fougue d'un avenir se dessinant devant lui. Il était dans un tel état d'excitation qu'il ne remarqua pas le corps imposant qui se tenait juste derrière lui.
Une main vint lui saisir l'épaule lourdement. Il se retourna et vit une cavités la où il devrait normalement y avoir un œil. Daju se tenait accroupi devant lui, affichant un sourire béat qui laissait apparaître des dents noirs de pourriture.

"Alors, on a réfléchis à ma proposition ?" chuchota t-il
"Daju ! Je te cherchais justement
- Partant ? On a juste à attendre l'mois prochain, avec quelques...
- Laisse tomber ! Je pars des ce soir avec quatorze autres hommes.
- Ah. Bon, ben partir c'soir, ça f'ra moins de coups d'fouets qu'dans un mois.. T'es sur d'ton coup Sola ?!
- Oui, enfin... plus ou moins. Je ne suis pas expert en stratégie, mais peut-être que tu peux m'aider pour la suite."


Sola expliqua les détails du plan rapidement.

"ça se tente ! On fais comme ça ! J'prend la suite de l'opération mon p'tit, laisse moi la journée pour réfléchir à la suite, je vous explique ce que j'aurais imaginé cette nuit !
- Ok Daju ! Je te fais confiance !"


Sola dépassa la quinzième recrues tout en continuant d'arracher des pommes de terres.
Notre héros savait qu'il était déjà connu des autres, pour son côté bienveillant, mais aussi pour son esprit béliqueux. Cela lui valu d'être pris au sérieux dans sa démarche, et d'insufler l'espoir et l'envie chez ses compagnons. Cette fois c'était sur, la rebellion était en marche !



III "ça aurait été c*n de partir avec une arme d'enfant hein !"



La nuit était tombée aussi rapidement qu'un battement d'ailes de colibri. Sola était chez lui, se préparant mentalement pour la plus grosse épreuve de sa vie. Il prit dans sa poche quelques uns des poèmes dont il était le plus fier. Il arracha également des pages bien précises des recueils que son vieille ami lui avait confié. En regardant la pile de livres donné par Bill, Sola ne put s'empêcher d'avoir des remords à ne pas dire au revoir à celui qui l'avait élevé, qui lui avait tout appris. Il regarda l'horloge accroché au mur : vingt trois heure précise.
Il sortit une feuille blanche de sa poche et s'assit sur sa chaise pour entamer une lettre d'adieu.


" Bill, mon bon vieu Bill.

Quand tu verra cette lettre, je serais déjà loin, du moins, je l'espère. Tu m'a dis un  ..."


"Sola, c'est Bill, ouvre moi s'il te plait !"

Sola releva la tête, surpris d'entendre la voix pour laquelle il était en train d'écrire. Il se leva et ouvrit au vieillard. Celui-ci entra sans se faire prier.

"Bon, tu as fini ton caca nerveux ? Tu veux bien m'expliquer tout ce m*rdier ?"

Le poète regarda son ami, son visage ridé et ses yeux bleus délavés. Il voulu crier, mais des larmes remplacèrent les insultes prévu dans sa tête

" B*rdel Bill, pourquoi tu ne m'a pas prévenu pour ma mère, pourquoi est ce que tu ne m'as rien dis !
- Qu'est ce que...
- Arrête ! Späre m'a tout dis ! TOUT !"


Sola lui décrit alors ce qu'il avait vécu depuis deux jours. Les tortures, les révélations sur ses parents, la haine de Späre envers lui.
Quand il eut fini, Bill resta silencieux. Il s'assit avec délicatesse sur le lit, avant de plonger son regard dans celui du jeune homme, incrédule. Ses yeux devinrent humides et une goutte perla le long de sa joue creuse.

"Je ne savais pas pour ta mère, je te le promets ! On m'a dit qu'Hana' était morte d'une maladie incurable peut de temps après t'avoir u. Quand je t'ai recueillis, tu avais déjà quelques mois. Je.. Oh m*rde ! Je n'en savais rien Sola ! "

Sola fondit en larme, silencieusement. Son poing attrapa machinalement la lettre d'adieux et froissa le papier de toute ses forces. Toute les émotions qu'il avait retenues durant les quarante huit dernières heures s'écoulèrent d'un seul coup.

"Bordel ! Tu... Tu comprends ? C'est ma faute Bill ! C'est ma.."

Bill ne laissa pas l'occasion à son interlocuteur de finir sa phrase. Il se précipita sur Sola et lui prit la tête dans ses bras, laissant les larmes couler sur son gilet encrassé de terre.

"Ta mère peut être morte de n'importe quelle manière gamin, elle t'aimais de tout son coeur. Son désir le plus cher était que tu grandisses et que tu ailles le plus loin possible dans la vie ! Elle aurait donné sa vie encore dix fois pour que tu puisses venir au monde ! Et ça, je peux te l'assurer ! Ne te blâmes pas pour des choses dont tu ne peux rien faire ! Surtout pour ça, tu m'entends ?!"


Quelques secondes s'écoulèrent, Sola reprit rapidement le contrôle de ses émotions. Il relâcha la feuille chiffonnée, qui vint se poser sur le sol en vacillant. Il tenta de la camoufler sous sa chaussure, mais Bill vu le papier. Il s'avança et se pencha pour le ramasser, mais le jeune homme bloquait l'objet avec son pied.

"Un poème ?
- Non c'est .. Enfin oui, mais il n'est pas terminé
- Allons, fais voir ça au vieu Bill gamin !
- Non !"


Bill prit le pied de Sola et l’ôta de force avec sa mains droite, il arracha la feuille tant bien que mal et en déchira une petit partie qui resta bloquée sous les sandales du poète. Il se dirigea rapidement vers le lit et s'assis. Il regarda malicieusement notre héros, content d'avoir réussit à dérober le "poème" et commença la lecture.
Quand il eut fini, ce qui ne prit que quelques instant en vue du peu de mots que la page comportait, ses yeux restèrent figés sur la lettre.

"C'est une lettre d'adieu ?
- Oui.
- Tu compte essayer de t'enfuir ?
- Ce soir."


Sola laissa le temps à son ami de digérer l'information, ses yeux restaient bloqués sur les mots du poète, mais ses mains tremblaient à présent.

"Ecoute Sola, je..
- Non Bill ! N'essaies pas de m'en dissuader. Bill, Tu m'as toujours tenu le même discours, je sais ce que tu vas me dire, mais je n'en peux plus, j'ai besoin d'essayer ! Il y a des réponses que je ne trouverais qu'en parcourant le monde ! Ma décision est prise ! Je pars de cette île de malheur, avec quinze autres esclaves, cette nuit ! Et je vivrais ma vie comme je l'entends !"


Le vieillard put lire toute la détermination dans les yeux bistres de Sola. Ils avaient passé tellement de temps ensemble, il connaissait son jeune ami comme son propre père. Il vit que rien ne pouvait empêcher cette expédition de ce produire. Des souvenirs de leurs vies commune lui revint en tête alors que celui qu'il appelait gamin ce tenait face à lui, comme un homme.

"T'as un plan, le poète ? Parce que sa risque de pas être de la tarte ton histoire  "

Sola expliqua ce dont à quoi il avait réfléchit dans la journée, ce que Nina lui avait confiée avant de lui dire adieu, ses acolytes qu'il allait rejoindre dans quelques heures et la suite de l'opération que l'ancien pirate devait organiser.
Une fois terminer, Bill sa leva et se dirigea lentement vers l'évier de la pièce.

"Hmm.. Daju. J’espère qu'il est fiable. Vaut mieux que tu réussisses ton coup Sola, parce que tu auras du mal à faire ta vaisselle maintenant"

Puis il empoigna le robinet et arracha de toute ses forces le bassin métallique. Il posa Celui-ci par terre et enfourna sa main dans l'emplacement maintenant vide. Il en ressortit une épée flambant neuve. Il prit le sabre dans ses mains et l'observa pendant quelques seconde, sous l’œil incrédule de Sola. Il dégaina et fit quelques moulinet assez impressionnant avec le sabre puis posa l'arme et son fourreau sur la table.

" Tu vas pouvoir te servir de ça ? " dit-il en s'essuyant le front, las de son effort.

" C'est ...
- le sabre que ton père à caché pour toi. Ce p'tit c*n était sûr que tu veuilles t'échapper un jour, il s'est débrouillé pour cacher ça pendant toute c'est années. Et devine qui devait lui remettre si il avait raison ?" questionna t-il, le pouce tendu vers lui.

Sola s'approcha de la table et saisit le pommeau de sa main droite. Il se retourna vers Bill, empoignant l'épée de toute ses forces

"De mon père hein ?!" Dit-il le bras tremblant et l'air aux anges. Bill le regarda s’exalter avant de se retourner vers le lit.

"ça sera toujours mieux que celle-là ! ça aurait été c*n de partir avec une arme d'enfant hein !" dit le vieux en indiquant du menton le bout de bois posé sur le lit.

Sola reposa le sabre sur la table

"Viens avec moi Bill !
- Venir avec toi hein ?! Non, mauvaise idée. La m*rde que les contremaîtres nous ont filés à bouffer ce midi m'a filé des gaz, un truc pas drôle pour les narines !
- Bill...
- Sola, mon heure est passée. Je ne serais qu'un poids mort pour vous, et tu le sais !
- Non, tu es capable de ..
- Je suis capable de me défendre, pas de participer à une évasion et de partir vers l'inconnue, c'est au dessus de mes forces. Sola, j'ai respecté ma promesse en te donnant cette lame, le reste t'appartiens désormais, vie ta vie comme tu l'entends ! Ne te retournes pas et ne te poses pas de question.
- Je reviendrais tous vous chercher Bill ! Toi, Nina et tous les autres.
- Ahah, fais donc ça ! Bon, je file avant qu'un contremaître ne nous surprennent.
- Bill.. Tu as toujours été comme..
- Oh oh ! On a assez fait dans le sentimental ce soir. Je sais déjà ce que tu penses de moi, et inversement, non ?


L'ancien se leva et se dirigea vers la porte, il passa un oeil dans une des interstices et attendit quelques seconde avant de saisir la poignée. Il passa la tête par dessus son épaule et scruta son ami.

"Ton père est vivant, j'en suis sûr Sola ! Vie, et retrouves le !


Puis il ouvra délicatement la porte et sortit. Laissant Sola seul, avec sa nouvelle arme.


IV "On trouve le meilleur angle d'attaque et on mouille le maillot !"



minuit quarante cinq, il était temps. Sola était assis sur son lit, le regard plongé dans le vide. Il planifiait les derniers détails dans sa tête. N'ayant pas entendu de bruit à l’extérieur, il présuma que les autres avaient réussi a filer en douce. Pour la suite, c'est Daju qui devait gérer l'opération. Il espérait ne pas s'être trompé sur son homme... Sola se secoua la tête brutalement, plus le temps de douter maintenant !

Son sabre se tenait à coté de lui, une très belle lame argentée, maintenu par un manche noir  recouvert d'un tressage bordeaux.La garde et les viroles étaient tous deux dorée.
Le fourreau était d'un noir matte, l'embouchure également d'une sublime dorure. Il était entourée par des bandes de tissus de la couleur du tressage, situées au début, au milieu et à la fin de l'objet.

Notre héros se leva, prit son sabre qu'il passa à sa ceinture. Il récupéra les poèmes sélectionnés dans la soirée et les enfourna dans une de ses poches de pantalons. Il fit un bref état des lieux de sa pièce de vie. Il se rappela du briquet, de l'herbe et de sa pipe qu'il avait réussi à cacher tout ce temps.

*De toute façon, si je me fais attraper, je n'aurais plus ce luxe*
pensa t-il en allant chercher ses trésors sous le matelas.
Ses affaires étaient prêtes, il pouvait partir. Un dernier coup d’œil à son taudis, sa maison, son abris, son refuge. Puis il souffla sur la bougie éclairant la pièce, plongeant Sola dans le noir. Il se dirigea vers la porte et l'ouvrit très doucement, puis passa un oeil à l’extérieur. Tout était sombre et noir, la nouvelle Réa semblait être une ville morte vu d'ici. Sola sortit sans un bruit et se dirigea vers le lieu de rendez vous. Le camp d'esclave où se trouvait sa maison et celle de beaucoup de ses compères était l'un des plus proche de la porte de sortie pour les champs, dix minutes lui serait nécessaire pour aller jusque là bas.
Le vent s'était levé dans la soirée et de gros nuages camouflait la lune, ne laissant passer que très peu de lumière. Une aubaine pour notre héros en train de cavaler à vive allure, rasant les murs de chaque maison. Il esperait que les contremaîtres dorment tous à cette heure, mais la discrétion devait être absolu ! Son pas était léger mais rapide. En levant les yeux, il vit les immenses tours d'observations qui lui firent froid dans le dos, Les murailles étaient au moins de trois mètre et entouraient la ville entière. Sola attendit quelques instant, caché derrière un imposant bâtiment n'ayant l'air de tenir debout que par les nombreuses planches de bois placardés sur les murs, il était arrivé à mi-chemin sans encombre.
Soudain, des bruis de pas vinrent alerter notre héros. Sola mit la main sur son épée, son cœur s’accéléra, les pas se rapprochaient de lui. Il attendit le dernier moment et dégaina son sabre mais l'inexpérience rendit le geste lent et confus. Avant même de voir le visage de son adversaire, celui-ci attrapa le bras de Sola, bloquant son mouvement.

"Tu f'rais mieux d'pas ranger ton sabre ! "

Daju se tenait face à lui, habillé d'un pantalon et d'une vieille liquette noir déchirée de toute part. Il était le dernier prévenu du plan, logique qu'il soit le dernier à partir pour l'usine. Il était en avance cependant, surement trop impatient à en juger le sourire qu'il affichait en regardant la ville endormie.
Sola avait déjà l'itinéraire en tête, il savait à peu près quels étaient les chemins les moins risqués, il fit quelques signes à Daju, lui signifiant qu'il prendrait les devants pendant la cavale.
Il s'élancèrent et coururent se cacher derrière un nouveau bâtiment. Ils reprirent leurs souffles et se dirigèrent vers un autre. Ils répétèrent l'opération plusieurs fois, dans une grande vigilance. La partie haute de la ville n'était pas grande, cinq minutes leurs suffirent pour voir l'usine. Ils s'arrêtèrent une fois arrivé en haut d'un escalier, tous près de l'usine.

Daju fit un signe à Sola et s'engouffra dans la dernière allée menant au bâtiment de rendez-vous. Sola attendit quelques minutes. N'entendant aucun bruit, il en conclut que Daju était arrivé au lieu dit. Il pencha sa tête en avant, puis s'élança a son tours. Il courut à vive allure, l'usine devenait de plus en plus imposante. Plus qu'une centaines de mètres, Sola ralentit sa course et continua en trottinant, les genoux fléchis pour ne pas être visible de la rangée de fenêtres qu'il était en train de longer. Plus que quelques maisons, deux, une.
Il tourna sur la gauche et tomba devant l'imposante barrière bloquant l'accès à l'usine. Il bondit sur les barreaux et passa par au dessus sans difficulté. Un terrain vague lugubre faisait la jonction avec les énormes bâtiments industriels. Sola avança d'un pas vigilant, mille et une choses craquaient et se brisaient sous ses pieds, une vrai déchetterie à ciel ouvert qu'il dépassa rapidement avant d'arriver devant la porte principal. Devant lui se tenait près de 3000 m3 de béton. Le poète constata alors sa première erreur, il n'avait pas donné de point exact de rendez-vous, les quinze hommes pouvait être caché n'importe où !  

*Merde, Où est ce qu'ils sont ! Daju, t'es cachés où ?* pensa t-il en longeant les énorme murs gris. Il entendit soudain un léger sifflement provenir d'un renfoncement conduisant à un porche, Sola n'en pus distinguer le fond de par l'obscurité de la nuit. Il fit quelques pas et brandit son sabre en avant, il enfila son autre mains dans sa poche et sortit le briquet s'y trouvant. Il alluma celui-ci dans un bruit sec qui résonna au loin, la flamme illumina le visage de quinze hommes aux regard sévère. Tous étaient la, pas un ne manquait ! Il posa le briquet à terre et laissa la flamme danser. Daju fit un pas en avant.

"Première question : quelqu'un vous a vue ? mentez pas !" chuchota t-il. Quatorze firent un signe négatif de la tête, un seul leva la main
"Syrian ?
- Un contremaître bourré que j'ai due assommé.
- M*rde !
- J'ai laissé l'homme devant sa baraque avec la bouteille de rhum à coté de lui. Et de toute façon, il se reveillera que demain, ça, c'est sur !"
dit-il en craquant son poing dans son autre mains.
"Bon. Quelqu'un a vue des vadrouilles militaires en arrivant ?
- Ouai ! Des que je me suis faufilé dehors, près de la porte de sortie de la ville. Une vadrouille de six marines. Il devait être quelques choses comme une minuit trente.
- D'accord, personne d'autres ? ... Bon, les gars, on a très peu de temps, alors voila le topo : On a tous suivis Sola dans cette folie. A partir d'maintenant, Les choses vont devenir méchamment sérieuses, si y en a qui s'sentent pas d'tailles, ils ont encore le temps de se barrer !"


L'assemblé se regarda, mais tout le monde se tut. La flamme mourut à cet instant, emporté par une bourrasque violente, laissant l'obscurité se réinviter sous le porche.

"Bien, très bien ! Vous connaissez notre objectif, tout le monde se la ferme et écoute ! Si quelqu'un pense qu'il y a moyen de faire autrement ou qui ne bite pas que'qu'chose, il le dit MAINTENANT ! Ok, déjà on doit aller vers le port, on s'arrête un peu avant les quais et on s'divise en quatre groupes, moins on est, moins on sera visible. Si on fonce de front, même de pleine nuit et avec trois fois moins de surveillance, on fini tous crevés avant d'avoir posé une godasse sur le rafiot. Ou alors, même si on arrive à prendre possession du galion après s'être battu, on aura jamais assez de temps pour foutre les voiles. Le boucan du duel rameutera toute la grande et merveilleuse cavalerie de la 69ème division qui se feront un plaisir de nous botter le c*l ! Alors on va devoir contourner et aller sur c'foutu navire à la nage ! Une fois dans la ville, on trouve le meilleur angle d'attaque et on mouille le maillot !"
- Et pourquoi on s'est pas échappé directement hors de la ville, on aurait juste rejoint le bateau à la nage de plus loin et ça nous aurait évité de...
- Parce que c'est un foutu m*rdier pour descendre directement des pu*ins d'récifs, sans compter que sa souffle cette nuit. En plus on aurait été trop loin du galion , j'suis pas champion de natation non plus moi ! Donc j'disais, on mouille le maillot et on s'rejoint tous au c*l du navire. De la, restera plus qu'à prendre les marchands présent par surprise et d'en faire nos otages, sans alerter le moindre marine. Si tous se passe bien, la partie la plus compliquée s'ra juste après, s'échapper de l'île. J'espère qu'Sola a vu juste et qu'il y'a bien moins de surveillance que d'habitude."


La bande de rebelles ne dirent rien. Daju s'avança vers Sola, l'air agacé.

"C'est ton anniversaire ? " lança t-il en montrant du doigt le sabre accroché a sa ceinture
- Non. Mais c'est un cadeau.
- Un cadeau ! Et y aurait pas d'autres cadeaux pour nous ? Parce qu'on a pas de cadeau aussi chouette nous, en faite...on a rien du tout nous ! Aller, tu peux peut-être nous la prêter."


Daju saisit l'épée par sa pointe et tira doucement dessus.

"LACHE ÇA !"cria Sola en brisant le chuchotement imposés par tous.

"Moins fort abrutit ! C'était une blague ! Mais on a vraiment pas d'armes par contre, à pars Blum et Armell qu'ont dégoté une pioche"

En effet, Sola fut forcé de constater que personne ou presque n'avaient réussi à récupérer de quoi se battre. Il se retourna et réfléchit à ce qu'il venait de traverser pour venir jusqu’à eux.

"Dans le terrain vague juste devant, il y a des tonnes de bout de métal et d'armes potentiel ! Vous prenez tous le premier truc tranchant qui vous passe sous la main, ça fera l'affaire. Enfin.. j'espere !
- Des bouts d'métales hein ? A la guerre comme à la guerre alors ! Eh ben, j’espère qu'on aura pas à se battre contre tout un régiment ! Hésitez pas à chourer des armes si y'a de la castagnes les gars ! Bon, on décide des groupes maintenant, on se casse juste après"


Les plus forts en combat rapproché furent automatiquement définirent comme chefs de groupe. Daju  se mit avec Koto , Léon et mallo. Syrian avec kan, Amir et Kujira. Les deux groupes partiront à droite du port.
César rejoigna Archibald,  jacky et Bewell et Sola se retrouva avec Armel Blum et Léonardo. Sola et son groupe ainsi que César et ses hommes se dirigeront à gauche du port. Une fois organisé, la bande se mit en cercle. Daju reprit le briquet de Sola par terre et le ralluma, sa figure balafré s'illumina.

"Si on s'fais voir avant de s'diviser, on tabasse la milice et en fonction du bordel qu'on aura fait, on se sépare ou pas. N'oubliez pas que nos chances de réussites dépendes surtout de not'discretion ! Alors personne joue les gros bras, sauf si y'a besoin ! Une fois sur le bateau, on lève l'ancre, et on se barre une bonne fois pour toute d'ici !

- Trainez pas les gars, parce que je vais pas poiroté une heure dans une flotte glacé.
- Si on est ... Dix à attendre dans l'eau, on montent sur le navire. Les autres devront suivre de près, ou alors..."


Daju s'interrompu et regarda notre héros avec crainte.

"Sola, j'y ai pas pensé mais t'es l'seul à être né sur l'île, t'sais nager rassures moi ?!

- Je .. je me débrouillerais, ne t'inquiète pas.
- Y'a intérêt, sinon... t'attends qu'le navire est levé l'ancre et tu passes par le port, mais bon... T'auras surement un joyeux comité d’accueil. Bon si tout est clair, on s'barre d'ici !"

Le groupe  se regarda une dernière fois dans les yeux, la flamme du Zippo brillait à travers leurs pupilles. Daju referma  le briquet, avant de le rendre à son propriétaire.
Les hommes se dirigèrent ensuite vers l'étendu d'herbe et se munirent de bouts de métal jonchant le sol. Sola regarda les esclaves sélectionner rapidement les bouts les plus tranchant, ceux qui ressemblaient le plus à une arme. Il baissa les yeux sur le pommeau de son sabre , il n'avait pas encore réfléchit à ça, mais l'idée de prendre la vie d'un homme le terrorisa. Il prit quelques secondes de réflexion.

*Et moi, j'ai vraiment envie de l'utiliser ? j'ai vraiment envie de tuer quelqu'un ?*

En avança sur le terrain, il sentit quelque chose tinter sous sa sandale. Il ôta son pied et vit une fine chaîne gisant sur le sol, elle faisait la même dimension que sa lame. Sola prit l'objet dans ses mains, il enroula les maillons autours de l'arme et enfonça la pointe dans un des maillons, ce qui bloqua convenablement la chaîne. Il secoua son sabre et vu que le tout tenait bien. Il regarda sa création et jugea le résultat satisfaisant. Un des esclaves si dirigea vers lui, un bout de tuyau métallique dans la main.

"Peur de tuer ?
- Peur ? Non. Je n'en ai pas envie, je crois. Et toi Léornado ?
- J'ai déjà ôté des vies, alors... non. Pas si bête en tout cas le coup des chaines ! Elle a un nom cette jolie lame ?
- Heu..Non, pas encore.
- Kusari, qu'est ce tu en penses ?"


Leornado jeta un dernier coup d’œil sur le sabre et laissa le poète à ses pensées. Sola regarda l'homme blond s'en aller. Son visage inexpressif et ses yeux plissés en permanence ne laissait jamais deviner son état d'être, mais le poète sentait quelque chose de bon en lui. Il posa son regard sur le manche bordeaux puis fredonna "Kusaricou, sa sera ça ton nom."


Dernière édition par Sola Son le Mar 14 Avr 2020, 21:26, édité 2 fois
    V "Ne t'occupes pas des morts Sola, seulement des vivants."


    Le groupe s'activa sans un bruit et tous se dirigèrent vers le portail principal de l'usine. Les esclaves escaladèrent les uns après les autres et se mirent en file indienne. Daju prit la tête du groupe, suivit par Sola et de tous les autres. Ils marchèrent d'un pas cadencé en descendant les rues désertes.
    Ils arrivèrent rapidement à la partie basse de l'île, ils entendaient de loin le remue ménage des bas quartiers. Daju tapota sur l'épaule de Sola et lui montra du doigt le QG de la marine, à quelques pâtés de maison sur leurs droites. Les quatorze autres levèrent la tête dans la direction montré par le borgne. Le bâtiment entier était allumé et on distinguait des hommes faire des allées et venues par les fenêtres.

    "On contourne par l'est." chuchota Daju avant de reprendre la marche.
    Le groupe progressait lentement mais sûrement. Les rues étaient de plus en plus escarpées et plongeaient maintenant toutes légèrement, signe que les hommes étaient arrivés à destination. Ils se cachèrent derrière une vieille bâtisse en ruine.
    Les bruits de vie nocturne étaient de plus en plus audibles et les lumières du port et des quelques rades encore ouverts bien visibles.
    Daju indiqua une dénivelé en contre bas se terminant par un cul de sac. L'endroit était dissimulé par un mur de parpaing et bien moins exposé que là où ils se trouvaient, une ruelle les en séparaient. La tête de gondole s'y précipita et arriva de l'autre côté et fit un signe du pouce à Sola. Celui-ci s’agrippa sur l'angle du mur, et s'élança à son tour. Dans sa course, il jeta un coup d’œil bref sur sa droite. Le port était visible et on pouvait voir le galion tant convoité, éclairé par la lumière jaunâtre des lampadaires. Il continua sa course et rejoignit rapidement l'ancien pirate, puis il fit le même signe que son prédécesseur à Armel.

    L'avant dernier du groupe venait d'arriver et les hommes se serraient dans leur lieu de confinement. Syrian sortit de sa cachette et commença sa course, mais il s'arrêta en pleine foulé et se figea.  

    "Tu viens d'où comme ça toi ?"


    Trois marines faisaient face à l'esclave. L'un des militaires s'approcha de Syrian et réitéra sa question.

    "Oh ! Tu sais parler ? Tu viens d'où ? T'es marchand ?
    - D'esclave .
    - Un marchand d'esclave ? T'as l'air bien pressé non ? Et cette tenue..."


    L'homme attrapa le bras de l'esclave en le fixant, son autre main se dirigea lentement vers son sabre. Seulement quelques mètres plus bas, le groupe d'évadés regardaient les marines dos à eux, impuissant. Sola sortit son sabre et se tint prêt à venir en aide. Léornardo lui donna un léger coup de coude lui signifiant qu'il l'épaulera.

    Les deux autres soldats rejoignirent le troisième et encerclèrent Syrian. Ils dégainèrent tous en même temps.
    Sola et son acolyte se précipitèrent dans la ruelle. Avant qu'ils aient pu se retourner, Léonardo planta son arme dans le flanc d'un des marines en lui masquant la bouche. Au même instant, Syrian attrapa la tête du marine devant lui et envoya un coup de genoux puissant, puis un deuxième avant de relâcher le crane ainsi qu'une poignée de cheveux de sa victime. L'homme tomba à genoux en tenant son visage ensanglanté.
    Le troisième marine fit un pas rapide en arrière.

    " C'EST QUOI CE BOR..."

    Pas le temps de finir sa phrase, Sola bondit sur lui et lui envoya un coup de sabre vertical sur la tempe. L'homme tomba à terre dans un cri de douleurs.
    Léonardo relâcha sa prise inanimé. Il fit un pivot et shoota dans le visage déjà blessé du marine, ce qui lui fit perdre connaissance. Puis il attrapa l'adversaire de Sola et lui mis la pointe de son tuyau rougit par le sang sur la gorge, il saisit l'homme par l'épaule avant de le tirer vers la planque du groupe, assisté par Sola. Daju et Archibald accoururent et ramassèrent les deux autres corps inanimés.

    "M*rde ! m*rde !
    - On va devoir se séparer dès maintenant !
    - Et lui, qu'est ce qu'on en fait !


    Le militaire prit en otage regardait le groupe avec d'énormes yeux. Il était jeune, 18 ans ou même  moins. Surement un bleu.

    "Déjà, on va récupérer ça" dit Daju en arrachant rapidement le sabre des mains du marine. Il décrocha le revolver à la ceinture du captif et lança l'arme à César

    "Tu m'a toujours dis que t'savais t'servir d'un flingue, non ? Bon, toi ! Y'a bien une fête organisée pour vot'chef cette nuit ?"

    L'homme ne bougea pas. Léonardo pressa un peu plus son arme au cou du marine, ce qui le fit acquiescer doucement de la tête

    "Bien ! C'est surement pour ça qu'on a presque pas croisé un chat !Tu tiens à ta vie j'suppose ?"


    Le militaire leva les les yeux vers l'homme le tenant en otage, puis fit un signe positif de la tête.

    "Tu viens avec nous ! A partir de maintenant, si tu fais le moindre geste suspect ou que tu gueule ne serait-ce qu'une fois, César te descend ! Combien d'hommes sur le port ? Sachant qu'on sait déjà qui y a pas foule !

    - Une vingtaine.
    - Combien en faction ?
    - Je.. je sais pas, une cinquantaine je dirais.
    - Ok... Bon, désape toi maintenant !"

    Le marine s’exécuta sous la menace de son propre pistolet. Une fois en caleçon, l'ancien pirate borgne ramassa la pile de vêtement et la jeta  aux pied de Koto.

    "Koto, t'es l'plus jeune. T'es celui qu'a l'plus la tronche d'un bleu. Tu r'ssemble un peu à not'pote d'ailleurs ! Enfile ça et file lui tes fringues ! Kan, Blum, prenez les fringues des deux autres et faites comme lui ! Grouillés, On a déjà fait trop d'b*del dans le coin !"

    Les trois s’exécutèrent tandis que Daju poursuivit.

    "Si on se fait griller par d'autres marines, on est vos enfo*rés d'esclaves qu'on essayés de se barrer de leurs camps ! Ça nous filera une cartouche de plus. Bon Kan..Y'a un peu d'sang et un trou sur ton haut, alors t'invente un truc hein ! "


    Une fois les esclaves costumés, Tous se préparèrent à partir. Sola rajusta son katana à sa taille, il se concentra du mieux qu'il put, mais le macchabée caché dans le fond du cul de sac l'en empêchait. Il regarda l'homme au ventre perforé et stoppa le groupe qui s'apprêtait à partir.

    "On le laisse la ?

    - Il est mort maintenant, ne t'occupes pas des morts Sola, seulement des vivants."

    La réponse de Léonardo laissa un long silence.
    D'un coup, Daju regarda par dessus le mur de parpaing et s’engouffra dans la ruelle, suivit par son groupe. Un autre enquilla le pas quelques minutes après, puis l'avant dernier se mit en route, laissant Sola et ses trois autres compagnons seuls.
    Notre héros s'avança au pied du mur, suivit d'Armel, Léonardo et du pseudo marine. Il s'assura que la ruelle était encore déserte et s'empressa de s'y aventurer. Ils prirent directement sur leur gauche et longèrent une rue pavé pendant une centaine de mètres. Ils étaient à deux rues parallèle de la route principal du port. Ils entendaient les éclats de voix des poivrots encore debout à cette heure tardive. Il continuèrent avant d'arriver à une intersection, ils prirent la rue adjacente et continuèrent pendant encore quelques temps dans la même direction. Au bout de quelques minutes, Sola s’aperçut qu'il ne voyait plus les quais depuis quelques temps dans la rue censé être celle du port. Le groupe s'arrêta quelques instant. Sola se pencha pour entrevoir la prochaine rue, il constata qu'ils étaient en faite arrivé à la fin de la zone portuaire. Le remblais avait laissé place à une parcelle rocailleuse donnant directement sur la mer. Le jeune poète se tourna vers Léonardo.

    "Bon les gars, on est arrivé ! On doit être à peu près entre 500 mètres et 800 mètres du bateau, faut qu'on nage maintenant, on s'éloigne le plus possible des soldats et on s'accroche à la coque du galion dès qu'on y arrive !"

    Armel posa la pioche qu'il avait gardé jusque là et sortit un bout de miroir tranchant de sa ceinture. Il inclina sa tête, une centaine de mètres seulement le séparait de l'eau. Il regarda ses complices quelques secondes et couru jusqu'au roches avant de plonger.
    Léonardo regarda les deux jeunes hommes dans les yeux, puis suivit son compagnon.
    Blum, vêtit de son costume de militaire marine, emboîta le pas et fonça vers l'océan.
    Sola se retrouva seul, écoutant les vagues se jeter contre la rocaille. Il pencha la tête, l'allée le séparant de l'eau n'était pas éclairée, aucun soldat dans la zone. Nina avait dit vrai, la surveillance avait été réduite à quelques hommes à son minimum.  Sola vit les hommes surveillant le port au loin, pas plus d'une douzaine comme avait dit le marine capturé. Il vit aussi les premiers de ses complices se rattraper à la coque du galion. La mer était assez forte et l'océan grondait, ce qui ajoutait une difficulté pour la nage mais formait également une parfaite couverture pour les fugitifs, déjà quatre, ou même cinq devaient déjà être en place. Le navire était plongé dans le noir, aucun signe d'hommes à son bord, ou en tout cas debout à cette heure.

    Le poète s'élança à son tour mais s'arrêta au dernier moment. Il vit au loin sur le port un attroupement de marine et cru connaitre Daju et sa longue chemise noire. Ils se dirigeaient vers les terres. Sola ne réfléchit pas et fonça vers eux !


    VI "Un sabre entouré d'une chaîne ? Pas banal.."


    Notre héros courrait comme un dératé, il savait qu'il était en train de faire exactement l'inverse du plan, mais il agissait maintenant sans réfléchir, incapable de ne rien faire alors que son camarade était surement en danger. Il emprunta la route qu'il avait fait à l'aller et se rapprocha du port. Il arriva sur une place de commerce donnant directement sur les remblais. Le lieu n'était éclairé que par un lampadaire et donc très sombre. Il remarqua qu'une conversation avait lieu et se cacha à l'orée de la place. Le poète reconnut la voix grave et effrayante de Daju ainsi que celle plus fluette de Koto. D'autres voix lui étaient inconnues.

    - Faut le faire quand même ! T'es pas la moitié d'un abrutit toi, si j'ai bien compris, tu t'échappes de ton camp pour voler l'argent des marines en pleine nuit ...Pas très finaud !
    - C'est clair ! Bon, je le ramène de ce pas jusqu'à un contremaître.
    - Attend, on va y aller nous, hein les gars ? Et pis ça serait mieux d'être plusieurs quand même, il a pas l'air commode l'animal.
    - Je.. pense que ça serait..
    - D'ailleurs, quelque chose me chiffonne. Toi la ? Tu t'es gentiment laissé capturer sans te défendre ?


    Sola s'aperçut que les voix devaient être celles de cinq ou six marines, pas plus. Il posa la main sur son sabre et rejeta un coup d'oeil. Il vit les marines de l'autre côté de la place, cinq comme Sola l'imaginait. Daju était tenu captif par Koto. Il constata également qu'il pouvait aisément voir le galion au loin. Les fenêtres des cales étaient maintenant toutes allumées. Sola se souvint de l'ordre de Daju

    *Au moins dix hommes.. Bon.*

    Il s'introduisit sur la place et brandit son sabre en l'air. Les marines le repèrent de suite et quatre s'élancèrent déjà vers notre héros, tandis que le dernier resta avec l'esclave et le faux marine.

    "C'est quoi ce foutoir ? C'est qui lui ?" Dit-il en se retournant vers Daju

    Sola esquiva le premier coup de sabre d'un marine et frappa les genoux avec le plat de sa lame enchaînée. Il sauta sur l'épaule de l'homme tombant à terre et se projeta dans les airs, il retomba devant les trois autres marines et envoya son sabre se planté dans l'épaule du plus proche de lui. Il arracha sa lame, lacérant la chair de sa victime et porta un coup latéral dans le front d'un deuxième marine. Il recula de quelques pas, le dernier hommes debout chargea une nouvelle fois, Sola para, s'en suivit un rapide échange de sabre. Le poète profita d'un faible coup latéral pour esquiver et envoyer son sabre fracasser la côte gauche du militaire, qui tomba dans un cris de douleur.

    "Derrière toi !"


    Notre héros eut à peine le temps de se retourner qu'il entendit la détonation d'un revolver. La balle toucha très légèrement son épaule gauche, une petite tâche de sang se dessina sur sa chemise blanche.  Il courut vers le premier homme qu'il avait laissé à terre, brandissant son pistolet à deux mains. Le marine n'eut pas le temps d'appuyer sur la détente, Sola lui donna un coup de sabre puissant sur le crane qui plongea l'homme dans le coma. Puis il se retourna et courut dans la direction de ses complices. Koto lâcha les bras de Daju qui en profita pour attraper ses deux bouts de métal et les empoigner tel des poignards. Il fit un bond en arrière et se mit en position de combat.

    "M*rde, il est fort ! Le bleu, vas chercher des renforts ! Je m'occupe de ces deux là !" Dit le dernier marine à Koto en sortant son sabre. L'esclave déguisé regarda ses deux compères s'avancer lentement près du militaire, puis il courut en direction du port.
    L'ennemie n'avait toujours pas remarqué que le galion était en train de se faire envahir.

    Sola fixait son adversaire dans les yeux, il reconnut l'homme qu'il avait déjà vu plusieurs fois auparavant, un haut gradé. Il jeta un coup d’œil à la décoration de son uniforme : un sous-lieutenant. Les choses allaient se compliquer encore un peu plus.

    Daju se posta à côté du poète, les deux attendirent l'attaque imminente. Le sous-lieutenant chargea et envoya un coup horizontal à Sola, qui esquiva facilement. L'autre main de l'adversaire lui attrapa la manche et l'envoya rouler au sol, puis il se jeta sur lui, laissant à peine le temps à Sola de faire un roulé-boulé sur le côté et d'esquiver un autre coup puissant. Daju bondit par derrière mais le marine se retourna rapidement et décocha un coup de poing dans l'abdomen du borgne, qui tomba à genoux en se cramponnant le ventre. Sola chargea à son tour et des échanges vifs d'épées s'ensuivirent. Daju se releva et attendit le moment opportun pour sa prochaine attaque, mais déjà une flopée de marine arrivèrent sur la place, une petite douzaine.

    "On a entendu un coup de feu depuis le port ! On est venu aussi vite que possible sous -lieutenant Logan !"

    Sola pensa directement à la prise du galion, il regarda en direction de la mer et vu des hommes commencer à apprêter le voilures. Il ne vit aucun de signe de combat sur le port comme sur le navire. Quel aubaine, les militaires en face d'eux devait être l'unité chargée de surveiller les quais.

    "Occupe toi du grand pas content, je me charge de la p'tite troupe ! Tu sais ce qu'il te restes à faire !"
    Lança Daju avant de foncer dans la direction opposé du port, poursuivit par les soldats. Sola resta seul face à Logan. Le marine l’observa quelques secondes de ses yeux bleus. Sa casquette laissait dépasser une touffe de cheveux bruns en batailles. Il se passa une main dans sa barbe grisonnante.

    "Mais.. Je te connais toi ! Je t'ai déjà vu auparavant ! T'es un célèbre trouble fête parmi les esclaves. Sola hein ?!
    - Possible, c'est que j'ai du mal avec les coups de fouêt, alors des fois j'ose me plaindre un peu.
    - Grmm... Pas croyable. je me souviens de toi maintenant. Alors tu as choisis d'encore une fois te rebeller...Cette fois, tu vas avoir droit à une peine exemplaire. J'opte pour la mise à mort."

    Logan se lança sur son ennemie avec fougue. Il enchaîna des coups de sabre précis, Sola para comme il le put. Son adversaire envoyait des attaques plus puissantes qu'avant, il paraissait également plus rapide.
    Le marine envoya son sabre de toute ses forces en direction du cou du poète, la lame s'écrasa contre celle de Sola, obligé de tenir son arme à deux mains sous la force de l'attaque. La lame de Logan crissait contre les chaines, Sola renvoya le sabre sur sa gauche en profitant des maillons bloquant l'épée. Le bras du marine fut projeté en arrière, laissant l'homme sans protection. Le poète vint mettre un revers vertical et lui trancha le flanc du bout de son épée, une petite quantité de sang gicla. Le soldat recula de quelques pas, des gouttes rougeâtres coulèrent sur son pantalon.

    "Un sabre entouré d'une chaîne ? Pas banal.." souffla le sous-lieutenant.

    Soudain, un tintement de cloche se fit entendre au loin, puis des cris de plus en plus nombreux provenant de l'ouest. Sola regarda le navire au loin, les voiles étaient prêtes et des marines accouraient vers le port. Logan regarda par dessus son épaule puis il se tourna vers Sola

    "Qu'est ce que t'as manigancé ?! T'es venus avec des amis ? Vous comptez tout de même pas vous enfuir hein ?

    - On verra bien.
    - Pauvre fou, tu ne sortiras jamais vivant de l'île !
    - ça reste à prouver !"

    Le combat devait être terminé rapidement. Sola courut autour de son ennemie et se jeta sur lui, brandissant son sabre en avant. Le coup fut stoppé par le sabre de Logan dans une gerbe d'étincelles. Le marine attrapa le bras gauche du poète et tira l'homme vers lui, avant de lui envoyer son manche en pleine bouche. Sola se prit le coup de plein fouet, il fit deux pas en arrière, sa bouche saignait à présent. Il essuya le sang dégoulinant de ses lèvres et reprit son souffle quelques secondes mais son adversaire revint déjà à la charge. Sola para un premier coup de sabre et répondit par deux coups puissants dans l'épée, celle-ci trembla dans les mains de son adversaire. Avec une grande agilité, il se déplaça sur sa droite et donna un coup de sabre violent dans l'épaule. Le marine vacilla en avant, Sola fit volt-face et frappa de toute ses forces là où il avait déjà blessé le marine, dans un cris de rage. Le coup porté fut fatal, le marine tourna la tête vers Sola, observant l'esclave haletant.

    "Tu.. tu peux peut-être y arriver au final, bonne ... bonne chance l'esclave."balbutia Logan avant de  s’effondrer sur le sol.

    Sola observa les hommes qu'il venait de coucher à terre. C'était la première fois qu'il battait autant d'ennemies à la fois. Il resta figé quelques secondes avant qu'une bourrasque lui fit reprendre ses esprits, il courut en direction du port. Il remonta une grande ruelle pendant quelques minutes avant de débouler sur la rue principal où il avait affronté les premiers marines.

    Le tintement de la cloche ne s'arrêtait pas et Sola vit une marrée de soldat sortir du QG. Il se hâta et dévala la rue.
    En arrivant au port, il vit une cinquantaine d'hommes se battre sur le ponton d’amarrage tandis qu'une vingtaine s'agitaient sur le navire. Des groupes de marines affluaient de toute part. Des hurlements de militaire s'élevait partout dans la ville "LE GALION DE RAVITAILLEMENT S'EST FAIT PRENDRE  PAR DES ESCLAVES" "TOUT LE MONDE SUR LE PORT"  

    Sur le bateau, Sola reconnut quelques-uns de son groupe, mais beaucoup d'inconnus aux bataillons. Sans chercher à comprendre, il regarda sur sa gauche et vit un groupe d'uniforme blanc et bleu se rapprocher de lui. Il prit la direction opposée à vive allure, longeant les bars du port.. Un groupe de cinq marines déboula devant lui par une ruelle perpendiculaire, Sola fonça dans la mêlée, un pied en avant. Il mit le marine lui bloquant le passage à terre et passa en force. Il entendit les balles sifflées dans son dos tandis qu'il arrivait devant le ponton.
    Le galion était prêt à partir, un gros groupe d'esclave et de marine le séparait du bateau. Les cris, coups de feu et bruits de sabres s'entrechoquant créaient un véritable vacarme. Sola fonça une nouvelle fois tête la première et se mêla à la cohue général, il reconnut Léonardo et Archibald se battant côte à côté. Il courut vers eux mais une balle troua le crane de l'un des esclaves, Archibald vit son compagnon tombé net, il releva les yeux et se jeta sur l'auteur du crime mais une lame lui transperça le ventre avant qu'il n'ai put se venger.

    "LES GARS !!"

    Trop tard, les marines arrivèrent par paquet et submergèrent rapidement le maigre mur humain. Au même moment, Sola entendit un bruit de chaîne strident et vu Daju et Léon remonter l'ancre tant bien que mal. Notre héros para l'attaque d'un marine et lui envoya un coup de manche dans la nuque. Il esquiva un autre sabre sur sa gauche et vu le navire commencé à bouger.
    Avec beaucoup d'agilité, il réussit a sortir de la zone de combat. Il courut à vive allure pour rejoindre la fin du ponton, il regarda par dessus son épaule et vit Mallo, Amir et Kujira le talonner, les marines les suivaient de près.

    Plus qu'une cinquantaine de mètres, le bateau prenait de la distance avec son lieu d’amarrage. Sola tourna une nouvelle fois la tête, mais ne vit qu'une énorme masse de soldat, il distingua le corps de ses compagnons et d'une dizaine d'esclave non-connus piétinés par ses poursuivants. Il refoula le sentiment d'horreur qui s'emparait de lui et continua sa course. En arriva au bout du ponton, il fit un saut impressionnant pour atterrir sur la poupe du galion. Il se mit à l'abris des tirs ennemies derrière la rambarde. Devant lui, une vingtaine d'esclaves livraient un combat à distance avec les marines du port, il vit également des marchands aux regards terrorisés tenir le rôle d'équipage du navire.

    Les détonation des revolvers se faisaient de plus en plus rare. Sola releva la tête une poignée de seconde plus tard, ils étaient maintenant à bonne distance de la terre, une centaine de mètres. Il se remit à couvert et tomba nez à nez avec un pantalon noir et une chemise de la même couleur, complètement délabré.

    "Tiens, t'es la ? Ramène t'es fesses avec nous, on est pas encore sortit de la galère.." Dit Daju en tendant sa main gauche au poète assis par terre. En relevant Sola, il reprit ".. Mais on a réussi la première partie du plan !" Puis il appuya sur la détente du revolver qu'il tenait de son autre main, ce qui coucha un soldat au loin sur le port.
    Au même moment, la vision de notre héros se ralentit et il n'entendit plus rien. .Il vit ses complices et des marchands s'empressant d'aller gérés les voilures du trois mats, des esclaves inconnus se penchant pour vérifier si le cœur de leurs confrères battaient encore, sortant les canons pour les dirigés vers la poupe du navire, cavalant dans tous les sens. Sola regarda derrière lui et vit le navire s'éloigné des quais, les militaires devenaient de plus en plus petit mais leurs nombres ne faisaient qu'augmenter.

    Tout allait lentement et sans bruit, comme une anomalie dans l''espace temps. L'esprit du poète lui joua des tours encore quelques secondes avant se faire rappeler à l'ordre par la voix tonnante de César, en train d'installer un des canons contre la poupe du galion.

    "Sola !! Aides nous et apporte un autre canon par ici ! On va en avoir besoin !

    - César ! C'est quoi tout ce monde sur le bateau ?? Qu'est ce qui s'est passé ?
    - Eux ? On a du bol sur ce coup ! Comme Daju avait dit, on est monté par derrière des qu'on a put compté dix clampins dans la flotte. On à directement été voir dans les cales, et on est tombés sur une trentaine de confrère ! Bref, tu penses bien qu'ils nous on filés un coup d'pattes pour neutraliser les marchands présent à bord. On doit surement avoir une trentaine d'esclaves en plus avec nous..Enfin, peut-être moins maintenant. Sans compté les marchands. Bref, Quand je suis remonté sur le pont voir comment ça se passait sur le port, pas un bruit, mais surtout pas un seul marine.
    - Ouai je sais, Ils en avaient après nous.
    - Nous ?
    - Daju et moi, Koto...
    - Koto s'est pointé juste après qu'on est commencé à préparer le navire. Il nous a dit que son groupe était tombé sur une patrouille de soldat mais que le coup du déguisement avait marché, il m'a aussi parlé de toi et de Daju en train de se battre. Bref, grâce à lui, on a gagné pas mal de temps. Il s'est rendu devant le port, sur la place. Il a réussi à détourner deux patrouilles vers le sud., elles nous auraient vu préparer les voilages à coup sûr sinon ! Daju est le dernier à nous avoir rejoint par la mer, il nous a aidé dans les préparatifs, c'est lui qu'a u l'idée de voler les armes et d'enrôler les esclaves et marchand ! D'ailleurs, y'a un sacré paquet de pognon à bord aussi ! Bref, On s'est fait griller juste après avoir installé la troisième voiles. Une douzaine de soldats qu'ont déboulés d'un coup, mais on avait déjà bien avancé et on pouvait déjà s’apprêter à partir. C'est rapidement devenu un joyeux b*rdel après ça, mais t'as du t'en rendre compte en venant, vu que t'es passés par le port... Armell s'est fait tuer dès que les choses ont commencés a se gâter...Bref, un canon Sola, ramène un canon !

    Sola fit un quart de tours et se dirigea vers le pont central, il s'orienta vers deux esclaves déjà en train d'extraire le gros cylindre de son emplacement. En arrivant à la hauteurs des deux hommes, il sentit une main sur son épaule, il reconnut l'imposante paluche du borgne. Son ami lui souriait de toutes ses dents pourries.

    "Ahahah, alors ? C'est ta première fois en bateau non, pas trop le mal de mer ?"


    En effet, dans toute l'agitation, il en avait oublié de réaliser le plus important, il était sortit de l'île ! Il se dégagea de la main de Daju et s'avança jusqu'à la rambarde la plus proche de lui. Il regarda au loin et vu l'immense océan baignant dans le noir de la nuit, majestueux et d'une rare poésie, comme dans ses rêves. Il voulut profiter de ces quelques secondes de bonheurs. Il ferma ses paupières et emplit ses poumons de l'air marin, il pensa à Bill et à Nina, à ceux qu'il avait laissés sur l'île. Puis il rouvrit les yeux et les posa sur le canon qu'il devait ramener au plus vite, ce qui le ramena à la dur réalité : Une bande d'esclave s’échappant de leur île et qui devait maintenant échapper aux marines qui allaient indéniablement les poursuivre !


    VII  "Tu crois pouvoir t'échapper hein Sola ?!"


    Quelques heures plus tôt, QG militaire de l'île aux esclaves.



    "Et pour le colonel hip hip hip..
    - HOURRA !
    - Hip hip hip..
    - HOURRA !"


    Presque six-cent hommes clamaient avec joie leur affection pour leur chef, réunis dans la grande salle de réception. L'anniversaire du colonel Jess Späre avait été organisé en surprise et tous les soldats de l'île ou presque avaient été convié à l’événement. L'heure était à la fête, le banquet avait accueillit près du double de marines et c'était terminer depuis peu, tous commençaient à s’enivrer de litres de rhum et de saké.
    Späre se tenait au milieu de l'assemblé, il partageait une coupe de vin avec son lieutenant et son commandant,

    "ça me fait bien plaisir cet anniversaire surprise en tout cas !

    - soixante-dix ans Jess ! Ça se fête nom d'un chien !
    - C'est sur ! C'est sur !
    - Mais vous avez conviés beaucoup de marines dites moi. Avec tous ceux de repos cette nuit, il ne doit plus rester grand monde dans le ville...
    - Ahah détends toi, nous avons laissé des factions en patrouilles dans la ville. Logan est avec eux, il ne devrait pas avoir trop de mal à gérer les poivrots des bars je pense.
    - Oui oui, c'est sur ! C'est sur !"

    Le colonel glissa la main dans sa poche et sortit sa montre à gousset : une heure moins le quart. Il s’excusa auprès de ces deux amis et se leva et se dirigea vers la porte menant au quartier résidentielle, mais il fut intercepté par une bande de six marines bien éméchés, dont un certain Jhon Prings, caporal depuis peu, mais surtout complètement saoul ce soir là.

    "Oooh, Colonel Späre ! Z'êtes.. un roc ! Une montagne !

    - Merci bien Jhon, je prend ça comme un compliment.
    - Vous faites.. faites bien ! Et je le pense ! Toujours juste avec tous le monde ! La .. la fête vous pait.. Vous plait ?" dit Jhon en faisant un geste du bras montrant la salle pleine à craquer. Il tituba sur le côté et renversa un peu de rhum provenant de la bouteille qu'il avait dans son autre main.
    - Beaucoup ! Mais je te conseil de calmer ton débit de boisson Jhon. Début de la journée à sept heure demain, et tu dois te rendre sur le galion de marchandise avec ton groupe il me semble. Allons, sois raisonnable mon brave.

    Le colonel prit la bouteille dans la main du caporal et la posa sur la table la plus proche, il posa une main amical sur l'épaule de l'ivrogne et continua en direction de la sortie. Il entendit Jhon continué de brayer à ses camarades.

    "Ah la la ! Toujours juste j'vous dis ! Il a corrigé un gamin qui cherche les emm*rdes à tous le monde hier.. Ou avant-hier j'sais plus bien! Toujours est tril.. est-il que c'est bien fait pour sa tronche, qu'ils restes à leur place les esclaves ! Comment qui s’appelait déja .. Fopa..  Fola... Queque chose en A..."

    En entendant de tel propos, Späre se retourna vers le caporal, mais il fut une nouvelle fois pris d'assaut pars une dizaine de marines, dont le lieutenant

    "Ces hommes voudraient entendre la fabuleuse bataille qui t'a coûté ton bras Jess !
    - Allez colonel ! Racontez nous !!"


    Le colonel se décala sur la gauche pour avoir en vue le groupe de Jhon, mais celui-ci avait disparu dans la cohue général. Il soupira avant de s'installer à une table

    "Installez vous, je vais tout vous racontez"

    Les soldats ne se firent pas prier et s'installèrent autours de leur chef.

    Une demi-heure plus tard, trente hommes s'étaient rajoutés autours de la table rectangulaire. Le colonel Späre expliquait de manière théâtrale ses aventures de guerres

    "Ils étaient vingt-cinq devant moi, VINGT CINQ ! Mais je ne me suis pas laissé faire, j'ai sorti mon bon vieu fusil de précision et j'ai commencé à tirer !
    - OUAI !!
    - Les balles fusaient ! tout en gardant de la distance, je visait les têtes de mes ennemies.
    - OUAI !!!
    - Mais le pire, le pire ..."

    Le colonel fut interrompu par une cloche retentissant au loin. La salle plongea rapidement dans le silence, quelques secondes plus tard, les hommes se ruèrent au fenêtres. Ils virent au loin le navire de ravitaillement en train de se préparer à partir et quelques marines se battant sur le port.

    "Y'A DU GRABUGE, LE GALION EST EN TRAIN DE SE FAIRE ABORDER ! TOUS LE MONDE SUR LE PORT !!"
    hurla le commandant. Les militaires se ruèrent vers la sortie dans un vacarme assourdissant. Le colonel se dirigea vers une des fenêtre et arrêta un adjugent chef en pleine course.

    "Attend, donne moi tes jumelles !"

    Le soldat s'éxécuta, Späre posa ses yeux sur l'objet et regarda plus nettement ce qui se passait sur les  quais. Il vit un attroupement massif sur le port. En regardant plus attentivement, il vit un jeune homme à la tignasse brune se battre sur le ponton, il connaissait ce jeune homme. Il prit le temps de regarder attentivement la scène et vit deux hommes lever l'ancre du navire.

    "Non.. NON ! Appelle un navire de guerre tout de suite, qu'il vienne nous chercher !

    - colonel..
    - Le galion est en train de partir, on ne réussira pas à l'arrêter ! On va le reprendre par la mer. DÉPÊCHE TOI BON SANG !
    - Bien colonel !

    L'homme partit comme une flèche. Späre resta quelques secondes devant la fenêtre, les poings serrés. Les veines de son crane chauve ressortait, lui donnant un air de véritable tyran.

    "Tu crois pouvoir t'échapper hein Sola ?! TU CROIS VRAIMENT POUVOIR T’ÉCHAPPER ?!!" hurla t-il, seul dans l'immense salle maintenant vide.