- Bon, la bleusaille, j’ai le résultat de vos évaluations académiques, et c’est à quelques exceptions près pas fameux. Au cas où vous l’auriez oublié, vos supérieurs directs vous ont recommandé pour participer à cette classe parce qu’ils pensent que vous avez vos chances soit d’avoir une promotion plus vite que la moyenne, soit d’intégrer une unité d’élite. Et pour une majorité d’entre vous, c’est une promotion en tant qu’amiral du balai qui vous attend !
Johnson ! Tu penses être capable d’aligner 3 mots sans faire une faute ? 7 sur 20 ! Kobayashi ! Ton supérieur s’est planté dans ton affectation ou quoi ?! 3 sur 20 ! Rascalov ! Pas trop mal, mais faut vraiment réviser tes leçons de secourisme, on fait pas un bandage par-dessus un vêtement ! 13 sur 20.
Si tous les matelots s’étaient tendus comme des cordes de guitare en entendant leurs noms, Helena estima être deux fois plus tendue au moins rien qu’à entendre les résultats. Comment s’était-elle retrouvée là, déjà ? Ah oui. Le sergent.
Comme toutes les divisions de la Marine, la 444ème gardait l’œil ouvert pour tenter de repérer les recrues qui, par leurs exploits, leur travail persistant ou leur zèle (les mauvaises langues diront “leur talent à lécher les bottes”), méritaient de bénéficier de “promotions accélérées” histoire de ne pas laisser un soldat qui aurait plus sa place dans la Marine d’Élite ou à commander passer des années à cirer les parquets. Cette année, les observations des gradés de Boréa devaient être décevantes, car de toute la garnison sur l’île, il n’y avait qu’une personne qui avait le niveau pour tenter sa chance. Bien sûr, les commentaires avaient vite fusé sur la vraie raison pourquoi Helena “Boulets de Canon” De Ruyter avait été choisie, mais s’étaient vite calmés. D’une part parce que les gradés étaient montés aux créneaux pour remettre de l’ordre à coups de corvée de latrines, d’autre part parce que ”Boulets de Canon” cognait fort pour sa petite taille. Le lecteur jugera quelle origine semble la plus probable pour ce surnom.
Dans tous les cas, le résultat avait été le même : direction Logue Town pour passer les tests histoire de voir si Helena faisait bien partie de ces recrues prometteuses ou si son destin pour les X prochaines années se résumait à choisir un itinéraire de patrouille. Mais vu la tournure que prenaient les choses, le sergent semblait s’être royalement planté. Pourtant, toutes les questions semblaient simples : rien qui n’était impossible à moins d’avoir utilisé le manuel d’instructions de la Marine pour caler une table ou se rouler des clopes ! Ou alors, le questionnaire était plein de pièges destinés à séparer les petits malins du reste. Oh bon dieu, oh bon dieu, à coup sûr c’était ça...
- De Ruyter !
Aie. Le moment était venu de s’en prendre plein la gueule. Quel commentaire allait-t-il lui sortir ? Une vanne sur la couleur de cheveux ? Sur la petite taille ? Sur la grosse poitrine ? Un combo ? Dans tous les cas, c’était cuit à en juger la performance de tout le monde… La sueur commençait à perler dans le cou et sur le front d’Helena alors que l’instructeur prenait son temps à annoncer le résultat. C’était si catastrophique que ça ???
- ...J’ai des doutes sur le fait que tu soies une vraie blonde. 18 sur 20.
Oh. C’était la couleur de cheveux qui avait pris, mais pas pour la raison attendue. L’instructeur jeta un regard en coin quand De Ruyter soupira de soulagement, mais elle n’eut droit à aucun autre commentaire de sa part. La distribution de notes continua, mais effectivement, dans l’ensemble, c’était pas terrible dans l’ensemble. Seul un tiers de la “classe” pouvait se vanter d’avoir eu au-dessus de la moyenne, et ceux avec une vraie bonne note étaient 2 ou 3. Ça en disait long… Sitôt les notes distribuées, l’instructeur prit à nouveau la parole.
- Ceux qui ont foiré, vos supérieurs en seront informés et jugeront de la marche à suivre pour vous apprendre votre travail. Les autres, prenez pas la grosse tête, vous êtes tous encore plus bleus que le ciel, mais continuez comme ça et y aura des promotions à votre nom un jour. Vous avez tous quartier libre jusqu’à demain, mais je vous conseille de pas aller faire trop les abrutis en ville. Demain, c’est vos évaluations physiques, et on évalue la forme en général et l’aptitude au corps-à-corps et au tir. Pour ceux qui ont du mal avec les moyennes, c’est les deux-tiers de votre note finale. Vous pouvez partir.
Les “étudiants” se levèrent et sortirent de la salle de classe aussitôt. Si ceux qui avaient fait le trajet depuis la même garnison discutaient entre eux, la majorité des participants étaient silencieux, avec des mines pour la majorité déconfites; exception faite bien sûr de ceux qui avaient réussi leur examen. Sitôt dehors, tout le monde s’éparpilla pour profiter de leur liberté retrouvée, excepté Helena.
Le craquement de l’allumette sur sa boîte et le léger crépitement du papier et du tabac qui s’allument, suivis de la première taffe, enlevaient un poids énorme de ses épaules : même en se limitant, ne pas pouvoir avoir sa dose de nicotine pendant l’examen était stressant. Avantage de quitter Boréa, c’était de ne plus avoir à attendre d’être assez éloignée de l’école ou de se cacher dans une pièce pour s’en griller une sans que Carlo risque de lui tomber dessus. Ni de devoir chercher désespérément un bonbon à la menthe pour éviter d’entendre “Pourquoi Maman elle pue de la bouche”.
Quartier libre, voilà qui laissait le temps d’aller se promener en ville et de voir quoi ramener comme cadeau pour Carlo. Logue Town était énorme ; il y aurait bien une boutique qui vendait des jouets-souvenirs comme une peluche ou autres. Il faudrait bien ça pour se faire pardonner de l’avoir laissé, même si ses grands-parents donnaient double ration de dessert en douce ! A condition de ne pas se perdre...
Johnson ! Tu penses être capable d’aligner 3 mots sans faire une faute ? 7 sur 20 ! Kobayashi ! Ton supérieur s’est planté dans ton affectation ou quoi ?! 3 sur 20 ! Rascalov ! Pas trop mal, mais faut vraiment réviser tes leçons de secourisme, on fait pas un bandage par-dessus un vêtement ! 13 sur 20.
Si tous les matelots s’étaient tendus comme des cordes de guitare en entendant leurs noms, Helena estima être deux fois plus tendue au moins rien qu’à entendre les résultats. Comment s’était-elle retrouvée là, déjà ? Ah oui. Le sergent.
Comme toutes les divisions de la Marine, la 444ème gardait l’œil ouvert pour tenter de repérer les recrues qui, par leurs exploits, leur travail persistant ou leur zèle (les mauvaises langues diront “leur talent à lécher les bottes”), méritaient de bénéficier de “promotions accélérées” histoire de ne pas laisser un soldat qui aurait plus sa place dans la Marine d’Élite ou à commander passer des années à cirer les parquets. Cette année, les observations des gradés de Boréa devaient être décevantes, car de toute la garnison sur l’île, il n’y avait qu’une personne qui avait le niveau pour tenter sa chance. Bien sûr, les commentaires avaient vite fusé sur la vraie raison pourquoi Helena “Boulets de Canon” De Ruyter avait été choisie, mais s’étaient vite calmés. D’une part parce que les gradés étaient montés aux créneaux pour remettre de l’ordre à coups de corvée de latrines, d’autre part parce que ”Boulets de Canon” cognait fort pour sa petite taille. Le lecteur jugera quelle origine semble la plus probable pour ce surnom.
Dans tous les cas, le résultat avait été le même : direction Logue Town pour passer les tests histoire de voir si Helena faisait bien partie de ces recrues prometteuses ou si son destin pour les X prochaines années se résumait à choisir un itinéraire de patrouille. Mais vu la tournure que prenaient les choses, le sergent semblait s’être royalement planté. Pourtant, toutes les questions semblaient simples : rien qui n’était impossible à moins d’avoir utilisé le manuel d’instructions de la Marine pour caler une table ou se rouler des clopes ! Ou alors, le questionnaire était plein de pièges destinés à séparer les petits malins du reste. Oh bon dieu, oh bon dieu, à coup sûr c’était ça...
- De Ruyter !
Aie. Le moment était venu de s’en prendre plein la gueule. Quel commentaire allait-t-il lui sortir ? Une vanne sur la couleur de cheveux ? Sur la petite taille ? Sur la grosse poitrine ? Un combo ? Dans tous les cas, c’était cuit à en juger la performance de tout le monde… La sueur commençait à perler dans le cou et sur le front d’Helena alors que l’instructeur prenait son temps à annoncer le résultat. C’était si catastrophique que ça ???
- ...J’ai des doutes sur le fait que tu soies une vraie blonde. 18 sur 20.
Oh. C’était la couleur de cheveux qui avait pris, mais pas pour la raison attendue. L’instructeur jeta un regard en coin quand De Ruyter soupira de soulagement, mais elle n’eut droit à aucun autre commentaire de sa part. La distribution de notes continua, mais effectivement, dans l’ensemble, c’était pas terrible dans l’ensemble. Seul un tiers de la “classe” pouvait se vanter d’avoir eu au-dessus de la moyenne, et ceux avec une vraie bonne note étaient 2 ou 3. Ça en disait long… Sitôt les notes distribuées, l’instructeur prit à nouveau la parole.
- Ceux qui ont foiré, vos supérieurs en seront informés et jugeront de la marche à suivre pour vous apprendre votre travail. Les autres, prenez pas la grosse tête, vous êtes tous encore plus bleus que le ciel, mais continuez comme ça et y aura des promotions à votre nom un jour. Vous avez tous quartier libre jusqu’à demain, mais je vous conseille de pas aller faire trop les abrutis en ville. Demain, c’est vos évaluations physiques, et on évalue la forme en général et l’aptitude au corps-à-corps et au tir. Pour ceux qui ont du mal avec les moyennes, c’est les deux-tiers de votre note finale. Vous pouvez partir.
Les “étudiants” se levèrent et sortirent de la salle de classe aussitôt. Si ceux qui avaient fait le trajet depuis la même garnison discutaient entre eux, la majorité des participants étaient silencieux, avec des mines pour la majorité déconfites; exception faite bien sûr de ceux qui avaient réussi leur examen. Sitôt dehors, tout le monde s’éparpilla pour profiter de leur liberté retrouvée, excepté Helena.
Le craquement de l’allumette sur sa boîte et le léger crépitement du papier et du tabac qui s’allument, suivis de la première taffe, enlevaient un poids énorme de ses épaules : même en se limitant, ne pas pouvoir avoir sa dose de nicotine pendant l’examen était stressant. Avantage de quitter Boréa, c’était de ne plus avoir à attendre d’être assez éloignée de l’école ou de se cacher dans une pièce pour s’en griller une sans que Carlo risque de lui tomber dessus. Ni de devoir chercher désespérément un bonbon à la menthe pour éviter d’entendre “Pourquoi Maman elle pue de la bouche”.
Quartier libre, voilà qui laissait le temps d’aller se promener en ville et de voir quoi ramener comme cadeau pour Carlo. Logue Town était énorme ; il y aurait bien une boutique qui vendait des jouets-souvenirs comme une peluche ou autres. Il faudrait bien ça pour se faire pardonner de l’avoir laissé, même si ses grands-parents donnaient double ration de dessert en douce ! A condition de ne pas se perdre...