S’essuyant le front avec le dos de la main, Helena souffla une minute avant de reprendre sa pelle et continuer le travail. C’était bien joli de vivre sur cette belle île qu’était Boréa, à un détail près… Cette saloperie de neige. À chaque grosse chute, le rituel était le même : sortir la pelle, le sac de sel et le gravier et nettoyer le passage. Et les jours où la neige tombait particulièrement drue, il fallait recommencer plusieurs fois… Le rituel était, comme dit plus tôt, toujours le même : déblayer la neige, répandre une bonne poignée de sel et de gravier sur la zone dégagée, recommencer. Et c’était on ne peut plus pénible… Les gradés insistaient sur le fait que le trottoir menant à l’avant-poste devait être nickel pour éviter de se casser une jambe; facile à dire quand c’est pas eux qui tenaient la pelle!
Enfin, l’avantage de la corvée de pelletage, c’était que comparé aux évènements qui avaient frappé Boréa à plusieurs reprises dans le passé, c’était un parcours de santé. Les deux années précédentes avaient été tendues : mutinerie sanglante, destruction totale de la base, attentats… Helena remerciait sa bonne étoile d’avoir esquivé la majorité de ces crises, tout en frémissant à l’idée de se retrouver impliquée dans le prochain événement qui mettrait encore une partie de l’île à feu et à sang; Jalabert n’avait pas été épargnée, après tout. Ses parents se rassuraient en arguant que la présence de la Marine dans la ville dissuaderait d’éventuels malandrins, mais la majorité des troupes se trouvaient à Lavallière; la ville aux érudits n’avait qu’un avant-poste contenant à peine quelques dizaines d’hommes, pas vraiment de quoi stopper un puissant criminel ou une troupe motivée. D’un autre côté, cette malchance presque surnaturelle était-elle surprenante vu le numéro de la division locale de Marine*? De Ruyter chassa ces pensées sombres quand, enfin, les derniers centimètres carrés de neige furent envoyés au loin d’un coup de pelle. Une dernière dose de sel au sol et elle pourrait enfin souffler un peu avant de repartir au charbon; patrouilles, paperasse et autres joyeusetés logistiques au menu. Rien de passionnant, mais celui qui voulait de l’excitation, c’était sur Grand Line qu’il la trouverait, pas à Cul-Gelé-Island. Enfin, c’était à espérer.
Rejetant la neige accumulée sur ses épaules et sous ses chaussures une fois rentrée dans le bâtiment, De Ruyter s’empressa de ranger son attirail de déneigement avant de se débarrasser de son épais manteau et ses gants; direction la salle de pause et de quoi se réchauffer! Sous réserve que celui ou celle qui avait fini la cafetière aie la décence d’en avoir préparé à nouveau… Par bonheur, c’était le cas. Un grand café noir pour la petite blonde table 3, s’il vous plaît! Le manteau jeté sur la première chaise libre, suivi de sa porteuse, Helena poussa un long soupir de soulagement avant de fouiller dans ses poches pour en extraire ses allumettes et son paquet de cancer en tube. Mais à peine avait-elle sorti une cigarette de l’emballage qu’un autre matelot arriva dans la salle de pause et l’interpella.
- De Ruyter, le sergent veut te voir. Maintenant.
La pause attendrait… Fusillant du regard le pauvre soldat qui apportait la mauvaise nouvelle, Helena descendit d’un coup son café avant de se lever. Une décision vite regrettée; le mélange de jus d’ail et de térébenthine que les divisions logistiques vendaient comme étant du café militaire devait se savourer à petites doses sous peine de passer un mauvais moment. Luttant contre son estomac qui n’appréciait pas cette dose soudaine de liquide dégueulasse et maugréant sur le fait que ce café devait plus servir à étanchéifier les bateaux ou laver le sol qu’à être consommé par des êtres vivants, De Ruyter arriva devant le bureau de l’officier en charge. Trois coups sur la porte, suivis d’un « Entrez » plus tard, Helena était à l’intérieur du bureau et claquait des talons en saluant son supérieur.
- Vous m’avez demandée, sergent?
Un rapide coup d’œil dans le bureau plus tard, Helena vit qu’il y avait bien du monde; outre son habituel sergent, un membre de la Police de Fer, reconnaissable à son masque blanc, ainsi qu’un colosse portant une moustache de compétition, trônaient dans la pièce. Qu’est-ce qui se passait? Et surtout, pourquoi y avait-il besoin de convoquer un planton parmi tant d’autres à cette réunion hétéroclite?
Enfin, l’avantage de la corvée de pelletage, c’était que comparé aux évènements qui avaient frappé Boréa à plusieurs reprises dans le passé, c’était un parcours de santé. Les deux années précédentes avaient été tendues : mutinerie sanglante, destruction totale de la base, attentats… Helena remerciait sa bonne étoile d’avoir esquivé la majorité de ces crises, tout en frémissant à l’idée de se retrouver impliquée dans le prochain événement qui mettrait encore une partie de l’île à feu et à sang; Jalabert n’avait pas été épargnée, après tout. Ses parents se rassuraient en arguant que la présence de la Marine dans la ville dissuaderait d’éventuels malandrins, mais la majorité des troupes se trouvaient à Lavallière; la ville aux érudits n’avait qu’un avant-poste contenant à peine quelques dizaines d’hommes, pas vraiment de quoi stopper un puissant criminel ou une troupe motivée. D’un autre côté, cette malchance presque surnaturelle était-elle surprenante vu le numéro de la division locale de Marine*? De Ruyter chassa ces pensées sombres quand, enfin, les derniers centimètres carrés de neige furent envoyés au loin d’un coup de pelle. Une dernière dose de sel au sol et elle pourrait enfin souffler un peu avant de repartir au charbon; patrouilles, paperasse et autres joyeusetés logistiques au menu. Rien de passionnant, mais celui qui voulait de l’excitation, c’était sur Grand Line qu’il la trouverait, pas à Cul-Gelé-Island. Enfin, c’était à espérer.
Rejetant la neige accumulée sur ses épaules et sous ses chaussures une fois rentrée dans le bâtiment, De Ruyter s’empressa de ranger son attirail de déneigement avant de se débarrasser de son épais manteau et ses gants; direction la salle de pause et de quoi se réchauffer! Sous réserve que celui ou celle qui avait fini la cafetière aie la décence d’en avoir préparé à nouveau… Par bonheur, c’était le cas. Un grand café noir pour la petite blonde table 3, s’il vous plaît! Le manteau jeté sur la première chaise libre, suivi de sa porteuse, Helena poussa un long soupir de soulagement avant de fouiller dans ses poches pour en extraire ses allumettes et son paquet de cancer en tube. Mais à peine avait-elle sorti une cigarette de l’emballage qu’un autre matelot arriva dans la salle de pause et l’interpella.
- De Ruyter, le sergent veut te voir. Maintenant.
La pause attendrait… Fusillant du regard le pauvre soldat qui apportait la mauvaise nouvelle, Helena descendit d’un coup son café avant de se lever. Une décision vite regrettée; le mélange de jus d’ail et de térébenthine que les divisions logistiques vendaient comme étant du café militaire devait se savourer à petites doses sous peine de passer un mauvais moment. Luttant contre son estomac qui n’appréciait pas cette dose soudaine de liquide dégueulasse et maugréant sur le fait que ce café devait plus servir à étanchéifier les bateaux ou laver le sol qu’à être consommé par des êtres vivants, De Ruyter arriva devant le bureau de l’officier en charge. Trois coups sur la porte, suivis d’un « Entrez » plus tard, Helena était à l’intérieur du bureau et claquait des talons en saluant son supérieur.
- Vous m’avez demandée, sergent?
Un rapide coup d’œil dans le bureau plus tard, Helena vit qu’il y avait bien du monde; outre son habituel sergent, un membre de la Police de Fer, reconnaissable à son masque blanc, ainsi qu’un colosse portant une moustache de compétition, trônaient dans la pièce. Qu’est-ce qui se passait? Et surtout, pourquoi y avait-il besoin de convoquer un planton parmi tant d’autres à cette réunion hétéroclite?
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- En japonais ainsi que plusieurs autres langues asiatiques, les caractères utilisés pour les mots « quatre » et « mort » s’écrivent et se prononcent de façon identique. Comme le 13 en Occident, le 4 fait l’objet d’énormément de superstitions, au point d’éviter de l’inclure dans des numéros officiels (numéros de maisons, etc.) ou d’avoir des ascenseurs sautant les étages contenant un 4. Quoi que ce soit portant le numéro 444 serait donc considéré comme extrêmement malchanceux, voire carrément maudit!
Bien que nous soyons tous, ou du moins en extrême majorité, occidentaux sur ce forum et que Boréa elle-même fait vachement nord de l’Europe, One Piece étant un manga japonais, la référence culturelle me semble coller.
Dernière édition par Helena De Ruyter le Ven 6 Nov 2020 - 16:54, édité 3 fois