Grand amas de roche au milieu de l’océan, l’îlot de la gueule de requin est un endroit pour le moins atypique. Déjà parce que le lieu est balayé quasi sans discontinuer par des pluies battantes quand il ne règne pas un épais brouillard. En plus parce que si un Log Pose ne pointe pas dessus pour nous indiquer qu’il s’agit d’un passage de Grandline, on sera bien en peine de le différencier des autres bouts de rochers qui sortent de mer ; certains îlots alentours faisant presque la moitié de sa taille. Mais la chose qui fait du lieu un endroit qui sort vraiment de l’ordinaire, c’est la fourmilière de la Marine qui s’est installée en son sein.
Un véritable dédale de couloirs et de portes closes, où se croisent sans discontinuer les soldats de la base du G9. S’il s’agit d’un véritable enfer pour s’orienter quand on ne comprend pas la mécanique du lieu, l’ensemble de la structure est très codé. Les quatre divisions de la Marine qui résident en quasi permanence au sein de la grotte ont toutes leurs quartiers réservés, indiqués aux murs par des codes couleurs ; quand la 77ème adopte un liseré orange, la 66ème se repère aux bandes marron glacé, la 55ème suit les lignes vert pomme et la 48ème d’élite quant à elle, se réfère à la frise magenta.
Plusieurs parties communes sont marquées des quatre couleurs, mais celles-ci sont réservées aux jours de congés des soldats, qui n’ayant pas le temps de rentrer chez eux systématiquement – du fait de la position solitaire de l’îlot – se rejoignent régulièrement pour disputer des parties de craps, de belote, des matchs de ping-pong, ou encore les célèbres tournois de boxe inter-divisions, qui sont organisés tous les trois mois pour maintenir l’entente entre tous. Un panneau indique d’ailleurs non loin du ring que la 66ème possède une légère avance dans le nombre de victoires de ses unités, ce qui ne manque pas de faire jaser. Les chamailleries qui en découlent restent toutefois plutôt bon enfant, bien que l’unité d’élite ne cesse de faire savoir à qui veut l’entendre que la raison de leur score si faible est uniquement leur plus que récente arrivée au sein de la base.
En dehors des quartiers communs et des quartiers respectifs à chacun, une partie plus réduite est dédiée aux quartiers administratifs, aux appartements et bureaux des dirigeants de la base, ainsi qu’à tout le protocole sécurité du gigantesque complexe. Obtenir une accréditation pour rentrer dans cette partie de la base est une véritable épreuve, et il est souvent plus efficace de s’y faire introduire par un de ses résidents.
Se déplacer dans l’endroit n’est donc pas une mince affaire, d’autant plus que chaque changement de section demande validation d’un badge, et que l’attribution de chaque badge est soumise à des vérifications de profil renouvelées tous les six mois. Ainsi, à part la vice-amirale Kandy Ziva, aucune personne dans la base n’a possibilité de visiter les locaux de fond en comble sans avoir procédé auparavant à quelques mois de paperasse intensive.
C’est cette même Kandy Ziva qui a voulu qu’il en soit ainsi. Une femme intransigeante, têtue, et bien décidée à ce que sa base conserve sa réputation de bastion inexpugnable. L’arrivée récente de l’unité d’élite en est d’ailleurs la preuve. Souhaitant sans arrêt augmenter les capacités de défense de l’endroit, c’est elle qui avait demandé à ce qu’une nouvelle unité vienne s’intégrer à sa forteresse. Et tout avait été fait pour accueillir les nouveaux venus avec bienveillance et fluidité. Elle avait mis à disposition des quatre commandants d’élite des quartiers confortables et spacieux. Elle avait fait creuser de nouvelles galeries pour pouvoir y loger les nouveaux éléments – allant jusqu’à dépêcher une unité de la brigade scientifique pour que la sécurité y soit optimale. Elle avait elle-même prononcé de nombreux discours pour que les tensions habituelles entre régulière et élite soient atténuées le plus possible. Et tous les deux mois de nouveaux effectifs arrivaient, avec comme objectif pour la 48ème de remplir totalement ses locaux tout neufs à l’horizon 1628.
La 48ème, parlons-en, car c’est bien dans cette toute nouvelle unité que j’ai été recruté. Et si j’ai assez vite compris le fonctionnement du bordel, j’ai pas forcément apprécié ce que j’y ai trouvé. Déjà le voyage a pas été de tout repos : j’ai été mis à la tête du navire de recrutement en provenance de East Blue avec des hommes que je connaissais pour la plupart ni d’Ève, ni d’Adam ; on a dû essuyer une bonne tempête et une pluie de grêlons ; on s’est vus obligés de faire une escale imprévue à Kikai No Shima pour réparer une avarie à l’arrière du navire ce qui nous a coûté dix jours à terre sur une île pas hostile mais presque ; j’ai trois gars qui en ont profité pour se fritter avec des types pas corrects dans un bordel local – que je leur aurais collé un blâme s’ils avaient pas eu la présence d’esprit de se pointer là-bas en civil et sans armes – ce qui leur a coûté quelques plaies à l’abdomen qu’on a dû soigner tant bien que mal ; à ce moment-là j’ai ma seconde – une quarantenaire efficace avec l’insigne de sergent d’élite agrafé à l’uniforme, mais qui mériterait amplement ma place étant donné ses qualités de dirigeantes bien supérieures aux miennes – qui a pété un plomb en menaçant de foutre à pied tout le monde s’ils se comportaient pas autrement qu’en parfaits plantigrades écervelés ; un abruti à jugé bon de lâcher un peu trop fort un commentaire sexiste à destination de la madame – qu’elle a évidemment entendu – et celui-ci à terminé le voyage à fond de cale avec corvée d’épluchage de patates pour le reste du séjour.
Et maintenant que me voilà enfin arrivé je suis forcé d’aller passer la bienvenue au commandant en chef de l’unité. Et celui-ci a tout pour me déplaire. Déjà le type se la joue uniforme tout blanc, genre main de la justice, avec un borsalino de la même couleur et des ch’veux bien lisses et tout noirs regroupés en un catogan parfaitement ajusté à la jointure entre la nuque et le crâne : la coiffure de peigne-cul. Ce genre de dégaine proprette me dit jamais rien qui vaille : quand on n’a rien à se reprocher, on s’efforce pas de paraître impeccable. Bref, le gars m’accueille dans son bureau – après que j’ai patienté trois plombes dans différents couloirs de la base pour pouvoir accéder jusque-là – avec un sourire tout droit sorti des pires histoires à faire chialer les gosses et un regard tout aussi terrifiant. Il m’expose pendant des plombes ce qu’il attend de moi ici, me présente le fonctionnement global de son unité – comme si c’était différent d’ailleurs, mais sans que j’y note la moindre différence – et finit par me sortir une phrase qui me fait très fortement songer à un précédent commandant sous les ordres duquel j’avais eu le sacré plaisir de travailler :
« C’est en quelque sorte très simple lieutenant. Avec moi, il existe trois règles : Ne pas déserter, N’avoir aucune pitié et Obéir aux ordres.
-C’est pigé commandant, la règle des trois « N », que j’balance sans trop réfléchir aux conséquences de la vanne.
-Comment ça, trois « N » ? Je ne sais pas si j’ai été bien clair lieutenant Kosma. L’obéissance est une des principales vertus de mes subordonnés. Ce n’est pas en la niant par une pirouette que vous vous en sortirez.
-Désolé mon commandant, la fatigue du voyage m’a rendu sujet aux blagues idiotes. J’ai bien compris l’adage : Ne pas déserter, N’avoir aucune pitié, Obéir aux ordres.
-Bien, je crois que je vais pouvoir vous laisser repartir. J’ai demandé à votre nouveau supérieur direct, le commandant Scardestin – vous pouvez l’appeler commandant Scard il préfère – de venir se présenter et vous montrer où vous installer. C’est à lui que vous aurez à rendre des comptes sur les deux unités qui vous seront attribuées. Celles-ci seront fixées sous huit jours, le temps de procéder aux évaluations des nouveaux arrivants et de voir si les autres unités déjà en place n’ont pas besoin d’un petit mouvement. Je ne vous apprendrai pas que quelques changements occasionnels permettent souvent de dynamiser les groupes. Vous avez des questions ?
-Je ne pense pas, s’il m’en vient je les poserai au commandant Scard.
-Le voilà qui arrive d’ailleurs, on peut entendre sa voix d’ici. »
En effet, dans la pièce attenante au bureau dans lequel je suis, une voix grave et calme semble discuter avec le secrétaire du commandant Kimblee et la voix de ce dernier retentit dans un haut parleur situé devant le commandant en chef de la 48ème division pour annoncer l’arrivée de Scardestin. Qui ne manque pas de corriger en écourtant son patronyme d’un aimable mais ferme « je vous ai déjà dit de m’appeler Scard ». Aussitôt que le porte s’ouvre pour laisser place à un grand homme au sourire franc et au crâne dégarni, je me lève de mon siège et procède à un salut réglementaire. Ce n’est pas vraiment mon genre de faire dans la pirouette, mais tant que je ne connais pas les gens, je m’efforce de respecter le protocole. D’autant plus que le Kimblee m’a l’air d’avoir à tenir à sa discipline.
« Commandant Scard, je vous présente le lieutenant Kosma qui intègre dès à présent la 48ème unité d’élite sous votre commandement. Je vous laisse vous charger de la suite, il me reste encore de la paperasse à remplir suite à l’arrivée de tout ce régiment.
-Très bien commandant Kimblee. Lieutenant Kosma, enchanté. Vous êtes prêt pour une visite détaillée de la base ? Des points que je juge essentiels de vous montrer en tout cas.
-Tout à fait prêt mon commandant. Je vous suis. »
Un véritable dédale de couloirs et de portes closes, où se croisent sans discontinuer les soldats de la base du G9. S’il s’agit d’un véritable enfer pour s’orienter quand on ne comprend pas la mécanique du lieu, l’ensemble de la structure est très codé. Les quatre divisions de la Marine qui résident en quasi permanence au sein de la grotte ont toutes leurs quartiers réservés, indiqués aux murs par des codes couleurs ; quand la 77ème adopte un liseré orange, la 66ème se repère aux bandes marron glacé, la 55ème suit les lignes vert pomme et la 48ème d’élite quant à elle, se réfère à la frise magenta.
Plusieurs parties communes sont marquées des quatre couleurs, mais celles-ci sont réservées aux jours de congés des soldats, qui n’ayant pas le temps de rentrer chez eux systématiquement – du fait de la position solitaire de l’îlot – se rejoignent régulièrement pour disputer des parties de craps, de belote, des matchs de ping-pong, ou encore les célèbres tournois de boxe inter-divisions, qui sont organisés tous les trois mois pour maintenir l’entente entre tous. Un panneau indique d’ailleurs non loin du ring que la 66ème possède une légère avance dans le nombre de victoires de ses unités, ce qui ne manque pas de faire jaser. Les chamailleries qui en découlent restent toutefois plutôt bon enfant, bien que l’unité d’élite ne cesse de faire savoir à qui veut l’entendre que la raison de leur score si faible est uniquement leur plus que récente arrivée au sein de la base.
En dehors des quartiers communs et des quartiers respectifs à chacun, une partie plus réduite est dédiée aux quartiers administratifs, aux appartements et bureaux des dirigeants de la base, ainsi qu’à tout le protocole sécurité du gigantesque complexe. Obtenir une accréditation pour rentrer dans cette partie de la base est une véritable épreuve, et il est souvent plus efficace de s’y faire introduire par un de ses résidents.
Se déplacer dans l’endroit n’est donc pas une mince affaire, d’autant plus que chaque changement de section demande validation d’un badge, et que l’attribution de chaque badge est soumise à des vérifications de profil renouvelées tous les six mois. Ainsi, à part la vice-amirale Kandy Ziva, aucune personne dans la base n’a possibilité de visiter les locaux de fond en comble sans avoir procédé auparavant à quelques mois de paperasse intensive.
C’est cette même Kandy Ziva qui a voulu qu’il en soit ainsi. Une femme intransigeante, têtue, et bien décidée à ce que sa base conserve sa réputation de bastion inexpugnable. L’arrivée récente de l’unité d’élite en est d’ailleurs la preuve. Souhaitant sans arrêt augmenter les capacités de défense de l’endroit, c’est elle qui avait demandé à ce qu’une nouvelle unité vienne s’intégrer à sa forteresse. Et tout avait été fait pour accueillir les nouveaux venus avec bienveillance et fluidité. Elle avait mis à disposition des quatre commandants d’élite des quartiers confortables et spacieux. Elle avait fait creuser de nouvelles galeries pour pouvoir y loger les nouveaux éléments – allant jusqu’à dépêcher une unité de la brigade scientifique pour que la sécurité y soit optimale. Elle avait elle-même prononcé de nombreux discours pour que les tensions habituelles entre régulière et élite soient atténuées le plus possible. Et tous les deux mois de nouveaux effectifs arrivaient, avec comme objectif pour la 48ème de remplir totalement ses locaux tout neufs à l’horizon 1628.
La 48ème, parlons-en, car c’est bien dans cette toute nouvelle unité que j’ai été recruté. Et si j’ai assez vite compris le fonctionnement du bordel, j’ai pas forcément apprécié ce que j’y ai trouvé. Déjà le voyage a pas été de tout repos : j’ai été mis à la tête du navire de recrutement en provenance de East Blue avec des hommes que je connaissais pour la plupart ni d’Ève, ni d’Adam ; on a dû essuyer une bonne tempête et une pluie de grêlons ; on s’est vus obligés de faire une escale imprévue à Kikai No Shima pour réparer une avarie à l’arrière du navire ce qui nous a coûté dix jours à terre sur une île pas hostile mais presque ; j’ai trois gars qui en ont profité pour se fritter avec des types pas corrects dans un bordel local – que je leur aurais collé un blâme s’ils avaient pas eu la présence d’esprit de se pointer là-bas en civil et sans armes – ce qui leur a coûté quelques plaies à l’abdomen qu’on a dû soigner tant bien que mal ; à ce moment-là j’ai ma seconde – une quarantenaire efficace avec l’insigne de sergent d’élite agrafé à l’uniforme, mais qui mériterait amplement ma place étant donné ses qualités de dirigeantes bien supérieures aux miennes – qui a pété un plomb en menaçant de foutre à pied tout le monde s’ils se comportaient pas autrement qu’en parfaits plantigrades écervelés ; un abruti à jugé bon de lâcher un peu trop fort un commentaire sexiste à destination de la madame – qu’elle a évidemment entendu – et celui-ci à terminé le voyage à fond de cale avec corvée d’épluchage de patates pour le reste du séjour.
Et maintenant que me voilà enfin arrivé je suis forcé d’aller passer la bienvenue au commandant en chef de l’unité. Et celui-ci a tout pour me déplaire. Déjà le type se la joue uniforme tout blanc, genre main de la justice, avec un borsalino de la même couleur et des ch’veux bien lisses et tout noirs regroupés en un catogan parfaitement ajusté à la jointure entre la nuque et le crâne : la coiffure de peigne-cul. Ce genre de dégaine proprette me dit jamais rien qui vaille : quand on n’a rien à se reprocher, on s’efforce pas de paraître impeccable. Bref, le gars m’accueille dans son bureau – après que j’ai patienté trois plombes dans différents couloirs de la base pour pouvoir accéder jusque-là – avec un sourire tout droit sorti des pires histoires à faire chialer les gosses et un regard tout aussi terrifiant. Il m’expose pendant des plombes ce qu’il attend de moi ici, me présente le fonctionnement global de son unité – comme si c’était différent d’ailleurs, mais sans que j’y note la moindre différence – et finit par me sortir une phrase qui me fait très fortement songer à un précédent commandant sous les ordres duquel j’avais eu le sacré plaisir de travailler :
« C’est en quelque sorte très simple lieutenant. Avec moi, il existe trois règles : Ne pas déserter, N’avoir aucune pitié et Obéir aux ordres.
-C’est pigé commandant, la règle des trois « N », que j’balance sans trop réfléchir aux conséquences de la vanne.
-Comment ça, trois « N » ? Je ne sais pas si j’ai été bien clair lieutenant Kosma. L’obéissance est une des principales vertus de mes subordonnés. Ce n’est pas en la niant par une pirouette que vous vous en sortirez.
-Désolé mon commandant, la fatigue du voyage m’a rendu sujet aux blagues idiotes. J’ai bien compris l’adage : Ne pas déserter, N’avoir aucune pitié, Obéir aux ordres.
-Bien, je crois que je vais pouvoir vous laisser repartir. J’ai demandé à votre nouveau supérieur direct, le commandant Scardestin – vous pouvez l’appeler commandant Scard il préfère – de venir se présenter et vous montrer où vous installer. C’est à lui que vous aurez à rendre des comptes sur les deux unités qui vous seront attribuées. Celles-ci seront fixées sous huit jours, le temps de procéder aux évaluations des nouveaux arrivants et de voir si les autres unités déjà en place n’ont pas besoin d’un petit mouvement. Je ne vous apprendrai pas que quelques changements occasionnels permettent souvent de dynamiser les groupes. Vous avez des questions ?
-Je ne pense pas, s’il m’en vient je les poserai au commandant Scard.
-Le voilà qui arrive d’ailleurs, on peut entendre sa voix d’ici. »
En effet, dans la pièce attenante au bureau dans lequel je suis, une voix grave et calme semble discuter avec le secrétaire du commandant Kimblee et la voix de ce dernier retentit dans un haut parleur situé devant le commandant en chef de la 48ème division pour annoncer l’arrivée de Scardestin. Qui ne manque pas de corriger en écourtant son patronyme d’un aimable mais ferme « je vous ai déjà dit de m’appeler Scard ». Aussitôt que le porte s’ouvre pour laisser place à un grand homme au sourire franc et au crâne dégarni, je me lève de mon siège et procède à un salut réglementaire. Ce n’est pas vraiment mon genre de faire dans la pirouette, mais tant que je ne connais pas les gens, je m’efforce de respecter le protocole. D’autant plus que le Kimblee m’a l’air d’avoir à tenir à sa discipline.
« Commandant Scard, je vous présente le lieutenant Kosma qui intègre dès à présent la 48ème unité d’élite sous votre commandement. Je vous laisse vous charger de la suite, il me reste encore de la paperasse à remplir suite à l’arrivée de tout ce régiment.
-Très bien commandant Kimblee. Lieutenant Kosma, enchanté. Vous êtes prêt pour une visite détaillée de la base ? Des points que je juge essentiels de vous montrer en tout cas.
-Tout à fait prêt mon commandant. Je vous suis. »