Alday vs Wild ?

          La dernière île visitée était déjà loin derrière et une caravelle de la marine se dirigeait vers sa prochaine destination. À son bord, un trio de chapardeurs composé d’Esra, Twister et Alday errait sans réelle destination particulière sur les eaux de South Blue. Chacun vaquait à ses occupations et tentait tant bien que mal de faire passer le temps.

          Postiché sur le bord du navire, une canne à pêche en main, le plus doué des voleurs présents sur le pont attendait patiemment que des êtres aquatiques viennent mordre à l’appât. Ce dernier n’avait pas de réels besoins de s’approvisionner en poissons. En effet, les réserves avaient bien été faite durant leur dernière escale. S’il s’adonnait à cette pratique, c’était tout simplement car il n’avait rien de mieux à faire. Ses bouquins sur la navigation avaient été abandonné sur leur précédente embarcation. Il n’avait donc pas de notions maritimes ou savoirs sur le climat à assimiler. Pour l’heure, c’était donc atelier pêche. Pour cette activité, nombreuses qualités étaient requises et l’une d’entre elles était commune avec celle du cambriolage. Il s’agissait de la patience. Attendre et attendre jusqu’à ce que sa cible baisse son attention puis fasse une erreur. Néanmoins, une différence notable était la valeur du bien à dérober. Il était intéressant de préciser que la vie d’un être vivant représentait moins qu'un sac de billets. Pour Alday, bien qu’il appréciait énormément les animaux, rien ne valait autant que l’or malgré que cela ne nourrissait pas son estomac.
          Avachi sur le pont, le vieux brigand qu’était Twister utilisait ce moment de calme pour profiter du soleil qui resplendissait dans le ciel. Bien que tout semblait se passer pour le mieux depuis plusieurs jours, il gardait à l’oeil la belle Esra qui s’était jointe au duo en même temps que le navire. Elle cachait encore bien trop de secrets et un en particulier concernait la mystérieuse organisation à laquelle elle était affilée. Cela dit, le bandit ne souhaitait pas en parler en présence d’Alday. Ceci ne le regardait pas, et moins il en savait, mieux il se portait. Le plus jeune appréciait assez la demoiselle pour ne pas l’abandonner. Ainsi tant que tout se passera bien, Twister n’en redira rien.

          La journée entamait sa seconde partie. La seule femme du navire sortit à son tour prendre l’air, elle qui avait passé toute la matinée à se faire une beauté d’après ses dires. Il faut avouer que son visage et sa plastique étaient des atouts qu’elle ne devait pas négliger. Tromper et manipuler la gente masculine, tel était son crédo. Voilà pourquoi Twister ne la portait pas dans son coeur. Alday, lui, était parfaitement conscient de cette facette de la voleuse mais n’en tenait pas rigueur. Tant que cela ne nuisait pas à son objectif de trouver le Fontaine de Jouvence. D’ailleurs concernant cette légendaire fontaine, il avait désormais deux objets nécessaires pour la trouver : l’astrolabe et un anneau. Le premier avait été récupéré tant bien que mal au royaume de Saint Uréa. Le second avait été confié au jeune homme au royaume de la Veine et Esra n’en connaissait pas l’existence. Actuellement, les trois individus ne savaient pas comment faire fonctionner l’astrolabe et, bien que désormais en sa possession, n’avaient pas avancé plus que ça dans leur recherche. Aucun indice, aucune île ni aucune piste. Rien ne permettant de déterminer un cap. Twister soupçonnait bien Esra d’en savoir d'avantage mais aucune preuve lui permettait de l’affirmer. Quant à cette dernière, elle supposait également que le plus jeune lui cachait quelque chose et à juste titre. Difficile de se faire confiance entre voleur décidément.
          Alors que le silence régnait sur le bateau et ses environs, Esra décida de s’occuper en allant taquiner le natif de Réthalia. Elle interrogeait ce dernier sur ses nombreuses prises qui se chiffraient actuellement à …

- Zéro. Waouh t’es vachement doué !

- La ferme, lâche-moi.

- Euh je ne suis pas une experte mais as-tu pensé à mettre des appâts sur ton hameçon ?

- Bien sûr pour qui tu m'prends ?

- Où sont-ils dans ce cas ? À part cette assiette de fromage je ne vois rien.

- Bah c’est le fromage, l’appât.

- ………

         Esra resta bouché bée face à la réponse de son acolyte. Son activité cérébrale se stoppa un bref instant avant de reprendre la conversation.

- T’es bien conscient que ça n’attire pas le poisson. Pourquoi t’as pas pris le bocal de vers ? Il se trouve au même endroit que cette canne à pêche.

- Ah bon ? j’ai pas fais gaffe.

- Ceeeeeeeee débile à la phobie des insectes, s’immisça Twister tout en baillant.

- Je vois pas de quoi tu parles, nia Alday. Tu veux pas la fermer un peu. T’étais plus agréable quand tu dormais.

- Hihihihihihi, t’as peur des insectes !!! Alors ça je manquerai pas d’en profiter ! Sinon quoi de neuf concernant l’astrolabe ?

          Le changement de sujet soudain, souhaité par Esra, n’allait malheureusement pas aboutir. Soudainement, l’apprenti pécheur bondit sur ses jambes tenant fermement l’alpenstock entre ses mains. La ligne s’était mise à s’agiter dans tous les sens. Il tenait là, certainement sa première prise et pas des moindres. L’expression sur le visage du bandit laissait deviner qu’il avait affaire à un gros poisson sans mauvais jeu de mots. Lui, dont les bras constituaient son principal atout en combat, était dans le mal. Cela dit, hors de question d’abandonner surtout en la présence des deux autres individus. Le jeune homme se débattait, relâchait par moment la pression pour ne pas briser la canne tout en rembobinant le moulinet. L’ombre de la proie était de plus en plus nette et sa forme se dessinait désormais sous la surface de l’eau. Encore un dernier effort puis le voilà hors de l’eau. Le poisson ? Le requin ? La souris ? Tant de confusion à la vue de l’animal. Celui-ci était le parfait croisement entre un rat et un dauphin de cinq mètres. Une tête et un corps de rongeur pour des nageoires de mammifères aquatiques.

- Un … un rat des mers !!! s’exclama Twister le vieux brigand. C’est la première fois que j’en vois un.

- Quoi ? Je pensais que c’était toi le rat des mers, rétorqua la demoiselle en guettant la réaction d’Alday par rapport à sa blague. Euh Alday ?

          Sa silhouette avait disparu de la scène. Il ne se trouvait plus sur le pont mais dans les airs, et s’apprêtait à boire la tasse. Il n’avait pas extirpé la créature de son habitat naturel mais c’est bien celle-ci qui avait, avec l’élan accumulé, fait passer le voleur par-dessus bord. S’en suivit alors une séance de rat nautique mais très vite le jeune homme lâcha prise. Sur le navire, les deux spectateurs étaient très intrigués. Le voleur était censé être un bon nageur. Ils se regardèrent mutuellement pour savoir lequel d’entre eux allait devoir se mouiller. Ils n’eurent pas le temps de se mettre d’accord que le sauveur du damoiseau en détresse jaillit du ciel. Celui-ci était grand très grand, carrément gigantesque. Des ailes dont la largeur surpassait celle du bateau et un corps vêtu de plumes vertes, marrons, bleus, rouges et surement d’autres couleurs encore. Deux pattes armées de serres qui agrippèrent le rat des mers et le voleur. Toute la scène se passa très vite. En moins de 30 secondes, Alday s’était trouvé sur le pont d’un navire, à surfer sur l’eau, à couler et à voyager dans les airs. Un rapace venait d’emmener le beau brun vers d’autres horizons sous le regard impassible de ses compagnons.

- À moins que ce soit une souris de mers ? s’interrogea le vieux briscard.

- T’es sérieux ? C’est la seule chose à laquelle tu penses ? Tu prends la situation trop à la légère !! Il va perdre l’astrolabe. Il l'avait bien sur lui hein ?.

- Et toi tu l’as prend un peu trop personnellement. Ne t’inquiète pas pour votre bidule. Aucun risque qu’il l’égare après tant de risques pour l'obtenir. Cet oiseau va surement rapporter son gibier à son nid.

- Oï, tu viens de qualifier Alday de gibier ou je me trompe ?

- Arrêtons de perdre du temps et gardons le sens des priorités. Il faut se dépêcher.

- Et quelle direction on prend monsieur Jesaistous ?

- On va au nord. Ils sont partis par là. *Si je me trompe pas, dans cette direction c’est … Torino*

       Alday fut embarqué, malgré lui, par une gigantesque créature ailée l’ayant pris pour une nouvelle race de poissons. L’animal se dirigeait vers son nid qui se trouvait sur l’île de Torino où le voleur n’avait encore jamais mis les pieds. C’était la première fois que celui-ci allait débarquer par voie aérienne.

        L’être humain qui se tenait horizontalement dans les pattes de l’oiseau constatait que sa nouvelle destination ne lui était pas familière. Pour cause, celle-ci semblait avoir laissé la nature faire son nid. La flore avait pris place sur cette terre et la faune ne devait pas être bien loin non plus. Ce n’était pas qu’Alday n’appréciait pas ce genre de paysage, bien au contraire, mais en général, l’absence de civilisation allait de pair avec l’absence d’ors et de berrys. Cela dit, il avait d’autres préoccupations que de se faire les poches. Déjà bien loin de ses amis, il devait trouver une solution pour s’en sortir. Il pouvait se défaire des serres du rapace mais hors de question de lui faire du mal. Malgré l’animosité naturelle qu’il dégageait envers les animaux, le natif de Rhétalia ne pouvait se résoudre à leur faire du mal gratuitement. La créature volante se dirigeait donc vers le sommet de l’île représenté par un arbre aux proportions démesurées qui s'élançait fièrement vers le ciel.
          Alors qu’il s’interrogeait sur la manière de rejoindre le rivage, le jeune homme fut littéralement lâché à quelques mètres du sol. Dans sa chute il se prit quelques branches et feuilles en plein visage avant d’atterrir sur un support peu stable qui craquelait sous son poids. À en juger par la forme circulaire de la zone et la composition du terrain, il se trouvait vraisemblablement dans une aire d’oiseaux constituée de rameaux toujours accompagné du rat des mers. Situé au centre de l’abri, trois énormes boules jaunes grande comme cinq fois Alday. Au début immobiles, celles-ci se mirent à se tortiller pour tourner sur place et dévoiler deux petites orbites et un minuscule bec chacun. Des poussins, relativement imposants, firent face au bandit. Quelques secondes s’écoulèrent sans qu’aucun des deux partis n'agisse. Les trouvant trop mignons, l’étranger s’apprêta à les prendre dans les bras pour les enlacer et caresser leur duvet. À peine s’était-il avancé qu’un triple regard revolver le stoppa sur place. L’un des oisillons prit alors les devants en caquetant avec autorité. Son cri provoqua une série de gazouillis. Les poussins formèrent alors un triangle autour de l’admiratif indésirable. Comme à chaque fois, une seule personne ne parvenait à remarquer l’aigreur à son encontre, et cela, malgré les picotements dont il était victime. Néanmoins, la suite des évènements allaient le faire littéralement redescendre sur terre.
          Le géant rapace l’ayant entrainé sur cette île revint pour protéger ses petits. Une ribambelle de coups de bec et tentatives de lacération avec ses pattes que le chapardeur s’efforçait d’esquiver sans riposter. Ce dernier ne prenait pas encore la situation au sérieux jusqu’à ce que la bête déploie ses ailes. En effet, dans un violent battement, l’oiseau provoqua une bourrasque pas assez puissante pour nuire au voleur mais suffisamment pour lui subtiliser l’astrolabe qu’il portait sur lui. Son attitude changea du tout au tout lorsque l’artefact tomba devant les poussins. Alday bondit aussitôt sur son précieux bien, donnant l’impression de s’attaquer aux oisillons. Malheureusement pour lui un nouvel invité se manifesta depuis les airs abattant le jeune homme hors du nid. Un autre rapace provoqua la chute de l’homme sur l’un des plateaux inférieurs qui au moment de se redresser constata que le nombre de volatile ne se limita pas à deux becs. Au-dessus de sa tête, six gros piafs étaient venus prêter patte-forte au premier. Une situation difficile se présenter devant le natif de Réthalia qui désormais ne savait pas comment atteindre le plateau supérieur sans blesser ses opposants. Cependant, la donne avait changé et lui fallait récupérer ce qu’il avait perdu quitte à assommer les créatures lui faisant face. Ces dernières stationnaient dans les airs, guettant la moindre réaction du ver de terre qui perturbait leur foyer. Toutefois, ce qui vint perturber cette tension n’était ni l’étranger ni l’un des rapaces mais le bruit d’un système d’enclenchement émit depuis une cachette verdoyante. C’est alors qu’un filet de capture recouvrit le chapardeur qui l’extirpa de cette situation déplaisante pour l’attirer dans la pénombre. En un instant, Alday disparu dans le paysage de l’île contre son gré laissant derrière lui l’astrolabe.
          Ailleurs sur l’île, le navire avec à son bord Esra et Twister s’approchait du plus gros village côtier.

          Alors qu’il se trouvait dans une situation déplaisante l’opposant à plusieurs rapaces géants de l’île, Alday fut subitement tiré d’affaires contre son gré. En effet, un résident de l’île, au look très sauvage, l’avait attrapé dans ses filets. Ce dernier s’éloignait du nid des oiseaux au grand dam du voleur qui y avait laissé l’astrolabe.

          Se faire trainer sur le sol était une expérience fort déplaisante que le natif de Rhétalia n’avait jamais vécu même durant son passif d’esclave. Des branches qui lui rentraient dans le pantalon, des éraflures qui se faisaient nombreuses sur sa peau ou, encore, des chocs forts contrariants à chaque pierre croisées. En temps normal, il lui aurait très simple de se défaire d’un filet de chasse mais celui-ci était curieusement beaucoup trop solide. Selon le captif, il était probablement constitué de fils d’aciers mais cela ne collait pas avec l’atmosphère de l’île. Des êtres primitifs vivants dans un décor si sauvage ne pouvaient avoir conçu ce genre de rets.
         Plutôt que de s’interroger sur la manière de se tirer d’affaire, l’esprit d’Alday se tournait principalement vers les intentions du chasseur. Inutile de tourner autour du pot, le cannibalisme avait été sa première hypothèse mais le plus étonnant était la sérénité avec laquelle le gibier abordait cette idée.

-  * Il mange cru ? Non impossible, il doit forcément cuir la chair mais à quel cuisson ? À point ou bien cuit ? Il doit être du genre à assaisonner ses plats. Il doit avoir pas mal d’épices d’ailleurs *

          Pour avoir des réponses à ses interrogations, le voleur décida d’interagir avec son compagnon de route.

- OÏ ! TOI MANGER MOI - FEU - CHAUD - CUIT … articula Alday en accompagnant ses mots de gestes et de mîmes convaincants.

- Oui, il y a pas mal de nourritures au village. Ne t’inquiète pas tu y seras en sécurité.

- Ah, euh chouette, tu comprends ce que je dis … évidemment. Tu peux me libérer dans ce cas ?

- Bien sûr … voilà. Ce filet émet une odeur imperceptible pour un être humain mais permet de repousser les bêtes de l’île. Je t’ai observé avec les gros piafs, tout à l’heure, ils avaient un regard beaucoup plus fielleux qu’à l’accoutumé.

- Euh, euh, ok, marmotta Alday. *Ça veut dire quoi fielleux ? Ce sauvage a plus de vocabulaires que moi. D’ailleurs ce filet, vachement sophistiqué.*

- Tu ne plais pas aux animaux apparemment. Tu dégages une animosité naturelle envers eux. Pourtant tu sembles être quelqu’un de bien.

- Qu’est-ce qui te fais dire ça ?

- Tu sembles t’entendre avec les insectes, c’est un signe de vertu dans mon village.

- Insectes ?

- Oui, les insectes.

- Quels insectes ?

- Ces insectes, rétorqua le résident de l’île en pointant du doigt les vêtements du voleur.

         La réaction qui allait suivre n’était pas du tout commune. Rares sont ceux ayant pu apercevoir Alday dans cet état. Rares sont les moments où ce gaillard fut pris de panique. À ce stade, il fallait même créer un terme propre au jeune homme pour qualifier cette terreur extrême et soudaine. Un cri. Un hurlement qui affola toutes bêtes dans la zone. L’individu provoqua un tel hourvari que la flore elle-même s’hérissa face à cette crise d’épouvante. Aucune gestuel, il était comme pétrifié, dans l’incapacité totale de se défendre face à ces petits êtres insignifiants qui se baladaient librement sur ces habits. Heureusement pour lui, son accompagnateur, de nature bienveillante, se chargea de le libérer de cette soumission après avoir préalablement enfilé des bouchons d’oreilles.
          La crise une fois passé, les deux individus reprirent la route d’un pas un peu plus enjoué de la part du chapardeur qui souhaitait atteindre le village au plus vite. Sur le chemin, ils se présentèrent mutuellement et apprirent à se connaître davantage. Alday constata qu’il avait à faire un interlocuteur fort cultivé, dont les paroles étaient remplis de sagesses. D’ailleurs, il souhaitait en savoir plus sur son peuple et notamment sur leur savoir. Il s’avère qu’il était en présence d’un gardien de l’île du nom de Temuera. Celui-ci était fort sympathique et partagea sans crainte des informations au voleur qui avait donc atterrit sur Torino, une terre qui a su conserver sa flore des méfaits de l'homme. Cela était notamment dû au fait que le seul peuple présent était particulièrement civilisé et respectueux de la nature grâce à laquelle il cultivait la matière biologique entre autre.
          Absorbé par la conversation, l'étranger ne remarqua pas un instant qu'il venait de s'introduire dans le village de Temuera. Et pour cause, celui-ci se fondait parfaitement dans le décor mais lorsqu'on s'y attardait un tant soit peu, on pouvait sans difficulté débusquer la présence d'architectures et de traces de civilisation.
          Néanmoins l'attention de l'étranger s'attardait particulièrement sur le look des locaux qui déambulaient devant lui à moitié nu. Ces derniers, à l'apparence primitive, cachaient en réalité pas mal de technologie sous leur pagne. Et cela serait très probablement passé inaperçu si Temuera ne lui en avait pas parlé avant. Des électro-aimants permettant de tracter des charges lourdes ou encore des poussettes en os équipé de moteur. Des innovations semblables à de la sorcellerie pour notre apprenti navigateur. L’habit ne faisait décidément pas le moine et tandis qu’il s’éberluait devant pleins de bidules, la silhouette de l’entomophobe fut reconnue par deux connaissances à lui.

- Oïïï Alday !!

          Twister et Esra étaient enfin parvenus à mettre la main sur leur comparse qui ne leur rendit pas le même enthousiasme.

- Ah c’est vous ?

- Cache ta joie. T’as l’air de t’en être bien sorti. Rien de cassé ?

- Nickel ! Je suis tombé sur Temuera. Il m’a guidé jusqu’ici, répondit Alday en présentant sa nouvelle rencontre.

         En entendant la réponse de son compagnon de route, le vieux brigand sorti un billet de cent berry qu’il remit à Esra.

- C’est en quel honneur ? s’interrogea le plus jeune.

- Il a parié que tu t’en sortirais pas.

- Ah je vois, je ne m’attendais pas à ce que tu prennes mon parti.

- Et j’ai parié que tu ne t’en sortirais pas SEUL, rétorqua la belle femme qui ne manqua pas d’enfoncer le brigand. Rassure-moi, t’as toujours l’astrolabe ?

          Le natif de Rhétalia se mit alors à gratter l’arrière de son crâne arborant un air totalement suspect qu’il accompagna d’un rire inquiet.

- Hehehehe, tu fais bien d’en parler.

          Twister et Esra avaient enfin retrouvé leur compagnon qui avait donc bien atterrit sur Torino.  Grâce à l’aide de Temuera, un habitant de l’île, il s’en était sorti indemne. Malheureusement l’étranger avait égaré l’astrolabe dans un nid à oiseau géant et, tout comme la jeune femme, il souhaitait impérativement le récupérer.


          À peine réunis qu’Esra souhaitait déjà étrangler le jeune Alday à qui elle reprochait son manque d’attention. C’était la seconde fois, qu’il égarait l’astrolabe. En effet, lors de leur passage sur Saint Uréa, le voleur avait abandonné l’artefact aux mains d’un gradé de la marine. Cependant, comme pour Torino, le jeune homme disposait d’une bonne excuse et savait pertinemment qu’il n’était pas entièrement fautif. M’enfin cela ne soulageait que sa conscience. Néanmoins, il se trouvait une nouvelle fois dans l’obligation de remettre la main sur l’objet. Tandis qu’Esra raillait sur Alday qui se justifiait auprès de Twister qui s’efforçait de proposer un plan pour se rendre au sommet de l’île, Temuera s’immisça dans la conversation de groupe afin d’évoquer un point relativement important.

- Alday, vous ne pouvez pas vous rendre au sommet de l’île. Les gros piafs ne vous ont pas à la bonne. Il vous sera difficile t’atteindre le nid sachant qu’il vous faudra passer plusieurs plateaux. Ces oiseaux sont relativement puissants.

- Ne t’inquiète pas pour moi, Temuera-san, je sais me défendre.

- Et nous dans tout ça ? rétorquèrent simultanément le vieux et la femme.

- Justement, je ne peux vous laisser blesser les bêtes même si c'est simplement pour vous défendre. Elles se contentent de protéger leur nid. Et avec votre animosité naturelle vous ne pourrez pas vous approcher sans attirer l’attention.

- Quelle animosité ?!

- Il n’y a que toi pour ne pas le voir. Les animaux te détestent, abruti. Combien de plans as-tu foiré à cause de chiens ou chats ? Et avant que tu dises quoique ce soit, non les griffures et les morsures ne sont pas une preuve d’affection.

- Diantre, Twister. Je suis boulversifié. Voyons, surveille ton langage. Nous sommes en présence d'une personne civilisée ici, déclara Alday avec véhémence.

- * Tu nous fais quoi là ? *

- Ne vous en faites pas, nous avons l’habitude d’accueillir des étrangers et inutiles de vous exprimer de cette manière.

- T’as entendu le monsieur, arrête de nous souler. Tu resteras ici. La vipère et moi, on ira chercher votre machin-labe.

- Mais vous ne connaissez même pas son emplacement.

- Aucun problème. Je peux vous fournir une carte précise de l’île. Je sais où Alday a atterri précisément.

          Tout semblait réglé. Twister et Esra se préparait donc à s’aventurer sur l’île sauvage tandis qu’Alday allait devoir rester au village en compagnie de Temuera sur demande spécifique du vieux brigand. Provisions dans un sac et carte en main, le duo improbable du moment se lança donc dans une chasse au trésor.

          Après avoir été au plus haut dans le ciel, la grosse étoile entamait sa descente signifiant, entre autre, le début de la seconde partie de la journée. Sur Torino, le soleil était plutôt bien apprécié par la faune qui n’en bénéficiait pas totalement à cause de la débordante présence de la flore. Bref, c’est dans cette jungle sauvage que Twister et Esra allaient devoir coopérer et tentaient de dénicher l’astrolabe avec comme seule réelle indication, le nid le plus haut de l’île. À vrai dire, le trouver ne devrait pas être l’étape la plus ardue selon les dires de Temuera. En effet, ce qui allait s’avérer le plus difficile à accomplir était, en réalité, l’expédition hors des sentiers battus. Et pour pimenter cela, quoi de mieux qu’une petite tension dans l’air ? Une voleuse sans scrupule dont la vie d’autrui lui était totalement indifférent et un roublard suspicieux qui n’a jamais porté la demoiselle dans son coeur. Viennes s’ajouter à cela, l’humidité de l’air à laquelle ils n’étaient pas habitués, des moustiques assoiffés de sang, des lianes omniprésentes formant pour la plupart des collées naturelles ou encore des plantes urticantes auxquelles ils ne valaient pas mieux se frotter. Difficile, donc, de se frayer un chemin, tant la nature régnait dans les parages. Malgré le cadre peu idyllique dans lequel se trouvaient les deux aventuriers et leur manque notable de complémentarité, chacun s’accordait sur un point qu’Esra se faisait un plaisir de rappeler.

- Alday n’aurait clairement pas survécu. C’est étonnant que cet ancien esclave soit aussi popote.

- Il a simplement la phobie des insectes … pour le reste il peut se débrouiller seul.

- Alors pourquoi tu le colles sans cesse ? T’aurais pu le laisser à Saint Uréa. Au lieu de ça, t’es parti le délivrer de sa cellule. Je sais que tu ne me portes pas dans ton coeur mais je pense …

- T’as parfaitement raison, je te fais pas du tout confiance. Et tant que tu seras dans les parages, Alday ne sera pas en sécurité.

- Hmm je vois, c’est pour ça que tu as proposé que je t’accompagne.

- C’est dans ton intérêt, nan ? Tu es obnubilé par cet astromachin. C’est la seule raison pour laquelle tu suis Alday. Qu’une chose soit clair, Vipère, je ne porte pas de mon coeur. D’ailleurs …  je me fou de ce qui peut t’arriver.

          Esra se contentait de rester parfaitement impassible face aux propos du vieux brigand. C’était une fourbe manipulatrice depuis toujours. Elle en était consciente, et Twister également. Elle ne pouvait lui reprocher d’avoir des doutes à son égard mais la demoiselle se devait de garder son objectif en tête. Et pour cela, elle devait rester au côté du natif de Rhétalia.

          Plusieurs heures de marches plus tard, la fatigue commençait à se ressentir. Leurs vêtements étaient totalement imprégnés de transpiration. Cela ajoutait une légère touche sensuelle pour quiconque poserait les yeux sur une Esra en sueur. Néanmoins, il ne fallait pas oublier le briscard de compétition qui était là pour faire redescendre la température. Le vieil homme avait également son petit tic pour séduire, à savoir, son inimitable pituite, toujours précédé par un raclement en amont de sa gorge.
          L’ascension s’avérait compliqué malgré l’absence totale de bêtes sur le chemin. En effet, le gardien de l’île leur avait remis une fiole semblable à un parfum contenant un liquide dont l’odeur était un véritable repoussoir à animaux. Et il fallait bien cela pour pouvoir déambuler en toute sérénité. Malheureusement pour le vieil homme, ce n’était pas la faune qui allait lui poser problème mais la flore.
          Le brigand trébucha sur une des nombreuses plantes grimpantes qui le fit basculer par-dessus le plateau. Son corps entama une chute qui fut stoppé in extremis par les lianes, une de ses jambes s'étant entortillée dedans. Rien d’alarmant, a priori, mais son âge et la position dans laquelle il se trouvait faisait que Twister allait avoir du mal à se libérer sans une aide externe. Difficile pour lui de réclamer de l’aide à Esra à cause de la fierté ou de l'entêtement du sexagénaire. Cela dit, la présence de gigantesques ombres dans les cieux allaient vite faire monter le stress. En effet, les gros piafs de l’île étaient de sortie. Son premier réflexe était de chercher son parfum, salvateur jusqu’à présent, mais celui-ci avait disparu.

          Un peu plus haut, quelques mètres au-dessus de lui, la jeune femme resta neutre, le visage impassible marqué par un regard indifférent face à la situation dont elle était spectatrice.

- QU’EST-CE QUE TU ATTENDS ?! FAIS QUELQUES CHOSE !!

- « Je me fou de ce qui peut t’arriver » …… je crois ?

          De son côté, le jeunot du trio allait devoir prendre son mal en patience et cela était un domaine dans lequel il excellait, fort heureusement. Temuera, un des gardiens de l’île, avait une idée pour distraire son invité.

          Séparé de ses compagnons, Alday était contraint de patienter sagement au village. Lui, dont la simple présence semait la discorde parmi les animaux ne se doutait pas un instant des difficultés rencontraient par Esra et Twister. Mieux encore, le lieu où l’emmenait Temuera allait complètement le déconnecter de la réalité. L'autochtone et le Réthalien s'aventuraient en dehors du centre du village pour se rapprocher d'un tronc d'arbre relativement imposant. Il était beaucoup moins grand que l'arbuste sur lequel le voleur avait atterri mais il était tout de même assez difficile d'estimer la circonférence de ce monument de la nature. Grâce à une entrée située au pied du tronc, les deux hommes pénétrèrent à l'intérieur. Sur l'instant, Alday ne put deviner qu'il s'agissait de la plus riche bibliothèque de South Blue.
          À peine, la lumière allumée que le criminel resta scotché sur place. Il n'était pourtant pas le plus passionné de littérature, ni le plus cultivé d'ailleurs. Néanmoins il s'accordait sur un point : le savoir est une arme, et pour faire le pleins de munition il fallait apprendre. De plus, le navigateur qui avait perdu tout ses bouquins, voyait là une opportunité de se refaire.
          Sans plus tarder, Temuera installa le voyageur et lui apporta une pile d'atlas, d'encyclopédie et d'ouvrages sur la navigation qu'il posa brusquement sur la table. Le choc fit tomber un recueil qui traînait là et s'ouvrit à une page dévoilant une illustration singulière. Une grappe de banane y était dessinée avec des motifs étranges. En le ramassant, Alday put lire "Fruit du démons" sur la couverture et, à l'image des enfants de l'île qui avait laissé le bouquin sur la table, fut directement intéressé par celui-ci.

- Ce recueil fait fureur. Vous connaissez les fruits du démons ?

- Non, c'est la première fois que j'en entends parler mais ces motifs .... je les ai déjà vus.

- Vous avez déjà vu un fruit du démon.

- J'en ai mangé un similaire, oui.

- Quoi ?!! s’excita l'hôte. Quel fruit avez-vous digéré ???

          Alday ne comprenait pas vraiment la situation. Il ne connaissait rien de ces mystérieux fruits. Il savait simplement qu'il avait avalé un fruit semblable à celui du recueil sur Saint Uréa. La confusion régnait entre les deux hommes mais après de nombreuses questions posées par l'un comme par l'autre, le dialogue devint plus compréhensible. D'un côté, Temuera comprit que le voleur avait mangé un fruit déjà entamé. De l'autre, le Réthalien découvrit l'existence des fruits du démon. Le pouvoir de manipuler les éléments, de se transformer en des bêtes sauvages, d'influer sur son environnement ... Tant de possibilités avec seulement une contrainte, ne plus savoir nager.

- Réalisez-vous les progrès que nous pourrions faire si ces fruits tombaient entre de bonnes mains ?

- *Avec celui-ci je pourrai voler sans me faire remarquer*

- Euh Alday-san, Alday-san. Vous m'entendez ? Vous avez un regard étrange, pour ne pas dire malicieux.

- Ah désolé. Je ne sais pas si devenir une enclume alors que nous sommes entourés d'eaux est un bon parti pris. Bref, tout c'la est intéressant mais je m'égare un peu. As-tu quoique ce soit sur l'utilisation d'un astrolabe ?

- Vous devriez trouver ce dont vous avez besoin dans cet ouvrage.

   

          Cela faisait maintenant plusieurs heures que le trio d'escrocs avait débarqué sur Torino. Contraint de se séparer de ses compagnons de route, Alday était resté au village en compagnie de Temuera , son sauveur du matin. Ce dernier avait dévoilé la majestueuse bibliothèque de leur village à son visiteur.

          Le soleil commençait peu à peu à se cacher derrière le paysage de l'île. Les derniers rayons s'affinaient tandis que la population de l'île se préparait pour la nuit. Cela dit, il y en avait un qui vivait à son propre rythme. En effet, Alday dormait paisiblement depuis de longues minutes, la tête littéralement dans les bouquins, la plume à la main et des croquis inachevés éparpillés autour de lui. Sur l'un d'entre eux était inscrit Crimson Fox. Pour le réveiller, il fallait l'intervention de Temuera qui vint précipitamment à sa rencontre.

- Alday-san ! Alday-san !

- Hmmm ? Je me suis assoupi ?

- Vos amis sont de retour !

          En temps normal, le voleur n'aurait montré aucune joie et ne se serait pas précipité à la rencontre de ses comparses comme il l'avait fait si l'astrolabe n'était pas impliqué. Si la courte sieste qu'il avait effectué lui avait permis de se reposer un peu et d'être dans une très bonne forme, on ne pouvait pas en dire autant d'Esra et Twister. Les habits déchirés, la peau noircis par la saleté et recouvertes de plais et coupures, les cheveux tout ébouriffés et, plus que tout un regard revolver envers le coupable de cette expédition. Le plus vieux avait tellement morflé qu'il s'appuyait sur la belle femme pour avancer.

- Vous en avez mis du temps ! Je commençais à m'endormir, confia le jeune homme avec beaucoup de véhémence. Vous avez l'astrolabe ?

- Au moins, tu ne fais pas semblant de t'inquiéter. Attrape.

          La conversation ne dura pas très longtemps. Temuera accompagna les deux aventuriers se faire soigner tandis qu'Alday retourna à la bibliothèque. Il s'assura d'être bien seul avant de dévoiler un anneau en métal tout en arborant son immuable sourire narquois.

          Après moult péripéties, Twister et Esra étaient donc bien parvenus à remettre la main sur l’astrolabe. Désormais il leur fallait se soigner et surtout se reposer. D’ailleurs il y’en avait un qui comptait bien profiter de leur convalescence pour avancer dans ses recherches. Alday s’était hâté vers la bibliothèque et semblait avoir mis à la main sur une piste. Pour comprendre la réaction du voleur il fallait remonter quelques heures dans la journée au moment où Temuera proposait un ouvrage au brigand.

- Vous devriez trouver ce dont vous avez besoin dans cet ouvrage.

- Systèmes céleste ? Qu’est-ce que c’est ?

- Un livre qui recense tous les instruments de mesures et de navigation des siècles passés jusqu’à aujourd’hui.

- Super !! s'exclama l'apprenti navigateur en agrippant le bouquin  …… Kamal, Arbalestrille, anneau astronomique, as-ASTROLABE !! Instrument astronomique d'observation et de calcul analogique. Instrument aux fonctions multiples, il permet notamment de mesurer la hauteur des étoiles, dont le Soleil, et ainsi de déterminer l'heure de l'observation et la direction de l'astre. Sa conception, dont les origines remontent à l'Antiquité, perfectionnée par les civilisations anciennes, s'appuie sur une projection plane de la voûte céleste et de la sphère locale, dite projection stéréographique. Mince c’est du charabia pour moi !! Ça veut dire quoi ?

- Désolé, Alday-san, l’astronomie n’est pas mon domaine de prédilection. N’y a t-il pas autre chose d’indiqué ?

- Rien. La suite évoque des faits historiques sans importance. L’an 609, création du premier astrolabe, le navigateur … … an 698, l’explorateur Rodolf Maldwing découvre blablabla … … an 796 Sir James Ryu-

- Alday-san ? Quelque chose ne va pas ? s'inquiéta Temuera suite à l'auto-interruption de son interlocuteur.

- Non rien d’intéressant malheureusement. Je vais rester éplucher ces livres encore un peu. Ça vous dérange pas si je reste ici ?

- Pas le moins du monde. Je vous préviendrai dès l’arrivée de vos amis.

          Dès lors que l’aborigène avait quitté les lieux, Alday s'assura qu'il était bien seul. Le passage qu'avait volontairement coupé le jeune homme faisait mention d'une utilisation peu orthodoxe de l'astrolabe d'un dénommé James Ryujin.

- Ce n’est pas un outil de navigation mais de décryptage. Le disque de chiffrement est un objet utilisé pour décoder cette langue ancienne grâce à une clef. L’astrolabe seul ne me sert à rien.  Cela voudrait donc dire que …… L’anneau pourrait être la clef qui sert à l’utiliser !!! s’exclama l’apprenti navigateur en sortant le bijou.  Maintenant ça me parait évident. On retrouve les mêmes lettres gravées dessus. Peut-être que si je fais apparaitre chaque lettre de ce mystérieux alphabet dans le plus grand cadran, un mot ou une phrase se formera dans le plus petit cadran  …… raaaaaaaa, mais sans l’astrolabe impossible de vérifier tout ça !!!

          Le jeune Réthalien se lançait dans d’innombrables recherches et théories allant même jusqu’à dessiner des croquis. Il avait également dévalisé le rayon Écriture et Alphabet ancien afin de traduire par lui-même sans attendre d'avoir l'astrolabe. Il retranscrivait à l'identique les caractères gravés dans l'anneau au point de s’assoupir dans son travail.

Չ չ Ճ ճ Ց Ծ ծ     Ձ Ծ Ջ    Ϙ ձ  Ռ չ Շ


De retour au présent

          Alday inséra l’anneau dans la cavité au centre de disque de déchiffrement qui était clairement prévu à cet effet. Il pivota le cercle de métal pour faire apparaître chaque note successivement dans le cadran principal puis copié chaque syllabe sur un bout de papier.

- C, R, I, M, S, O, N, F, O, X, H, E, A, R, T … Crimsonfoxheart ou plutôt Crimson Fox Heart. À quoi ça peut bien correspondre ?

          Le trio de brigand fut contraint de passer la nuit sur Torino afin de se reposer. Chacun d’entre eux avait eu son lot d’aventure sur l’île aux oiseaux. Ils étaient désormais requinqués et prêts à reprendre la mer. Il leur fallait néanmoins déterminer un cap.

          Le plus jeune du groupe s’était couché beaucoup plus tard que ses compagnons. Il faut dire que sa récente découverte l’obnubilé tellement qu’il était sans cesse tenté par l’idée de partager sa découverte avec Twister. Ce dernier avait beaucoup plus de connaissances et d’expérience que le jeune homme. Cela dit, hors de question de solliciter Esra. Bien que son comportement semblait pour le moment honnête, Alday restait réticent quant à ses intentions.
          Tandis qu’il amassait les vivres que les locaux du village leur avait offert, Twister approcha de son acolyte.

- Cette partie de pêche nous aura permis de nous réapprovisionner bien que je m’en sois tiré avec quelques bleus.

- Vraiment désolé pour ça.

- Épargne moi ta compassion … mais heureusement qu’Esra était là. Ça me déchire les entrailles de le reconnaitre mais sans elle, je ne sais pas si j’aurai survécu dans cette jungle.

- Esra ? Tu l’appelles par son prénom maintenant ?

- Ça te dérange ? rétorqua froidement le vieux briscard.

- Non, non. Rien, chuchota le voleur en sirotant un cocktail que lui avait apporté Temuera. Dis-moi, t’as déjà entendu parler de Crimson Fox Heart ?

- Crimson Fox ? Le navire qui a disparu ? Me dis-pas que toi aussi tu cherches son trésor !  

          Alday devait improviser une réponse et il devait le faire vite.

- * Pourquoi juste Crimson Fox et pas Heart ? Ça à l’air d’être un navire célèbre. Je peux très bien m’y intéresser sans éveiller le moindre soupçon. * Bah la chasse aux trésors c’est notre spécialité.

- Sauf que le navire de James Ryujin n’a pas été retrouvé depuis plusieurs siècles et que bien que son existence soit réelle, son trésor commence peu à peu à se faire une place parmi les légendes.

- * Encore ce James Ryujin. Pourquoi est-ce qu’il porte le même nom que moi ? En tant qu’ancienne esclave on nous affuble d’un numéro ou d’une appellation vulgaire mais mon père me disait sans cesse de ne jamais oublier notre nom. Ryujin. Est-ce que j’ai un lien avec ce navigateur ? *

- Oï oï, t’es toujours là ?!

- Euh … ouai !! J’aimerais beaucoup tenter ma chance dans cette quête au trésor. Tu sais par où commencer ?

- Pffff, ton sourire narquois me laisse deviner que je ne pourrai pas te faire changer d’avis, soupira le vieux. Et bien, ça n’a pas trop changé depuis le temps où je cherchais le trésor … il faut se rendre au cimetière d’épaves.

- Super, allons prévenir Esra !

- Alday. Je ne sais pas ce que tu caches mais se lancer tout à coup dans une chasse au trésor en délaissant ta quête de la fontaine de Jouvence …… je parierais mes dix doigts que tout est lié.

          Twister connaissait bien celui qu’il avait élevé pendant plusieurs années et s’attendait à un mensonge en guise de réponse mais une intervention extérieure vint interrompre la discussion des deux voleurs en la présence d’Esra et de Temuera.

- Vous en avez pas marre de rêvasser. Tirons-nous de cette île sauvage le plus vite. On a récupéré l’astrolabe, plus rien nous retient !!

- * Après avoir tant insisté pour venir ici … *

- Esra a raison. Allons-y.

- Alday-san, si vous le souhaitez, vous pouvez prendre quelques livres sur la navigation, proposa l'aborigène.

- Non ça ira. Je saurai m'en passer.

- * Tu les a déjà volés c'est ça ? * chuchota Twister par la pensée.

- * Bah ouai, comment je pouvais savoir qu'il me les proposerait ? * marmona le voleur. Merci pour tout Temuera-san. Cette fois il est temps d'y aller.

- Chouette !!! Je propose d'aller faire un tour à Suna Land !! Ça nous changera de cette jungle infesté d’insectes, souffla la belle femme sans se soucier de la présence du gentil autochtone.

- Désolé de te décevoir ma belle, une nouvelle chasse aux trésors nous attend.