James était assis face à Ben dans un petit troquet sur une ile totalement paumée de South Blue.. Les deux hommes parler de tout et de rien, histoire de tuer le temps autour d’une bonne bière. Le pirate trouvait que ce lieu possédait tout ce qu’il fallait pour finir ses vieux jours dans un cadre idyllique. Loin du tumulte de la civilisation, une enclave à taille humaine. Pour couronner le tout, les locaux étaient des gens très abordables, loin des clichés qu’il avait mainte fois entendus sur les habitants des régions reculées.
Cependant, Blackburn avait d’autres projets en tête que devenir pêcheur ou fermier pour le moment. Depuis toujours, il n’avait secrètement rêvé qu’à une seule chose, devenir quelqu’un. L’un de ces hommes qui parviennent à inscrire au fer rouge leur nom dans l’histoire.
Le meilleur exemple est sans conteste celui des Yonkou, des siècles après leur disparition, leur légende perdure ! Les rendant en quelque sorte immortels.
En attendant son heure, il lui prenait de plus en plus souvent de se perdre dans ses pensées. Faisant, notamment, une petite rétrospective de ses dernières années dans la galère de la piraterie. Son évolution la plus visible, était bien évidente physique. Le jeune blondinet n’était pas devenu une machine de guerre pour autant, mais il pouvait se targuer dorénavant d’avoir réussi à tenir tête à un lieutenant d’élite de la Marine. Mais, c’était sur le plan mental qu’il éprouvait le plus de satisfaction. Au prix de nombreux efforts et surtout d’années de galères. Il avait réussi à couper le cordon qui le maintenez à son ancienne vie, celle d’un jeune nobliau. Enfin il s’était émancipé, James était devenu ce qu’il avait toujours souhaité. Un homme libre. Libre de ses choix, de ses actes et de son destin.
James se sentait prêt pour franchir un nouveau palier. Entrer dans le mythique et redoutable Grand Line. Malheureusement, pour l’heure, il n’était pas en capacité de réaliser ses objectifs. En commençant par l’absence d’un navire et son équipage. Tout le ramener à son principal souci, l’argent. Il était pour ainsi dire, sur la paille. À ce jour l’unique source de revenus, dépendait exclusivement de Ben et ses talents hors du commun pour alléger la bourse des passants. Et fort heureusement pour eux, il pouvait se vanter de passer pour un maitre dans ce domaine. Rien de surprenant pour un gamin ayant connu l’extrême pauvreté et la débrouille dans les basfonds de South Blue.
Plusieurs fois, Hackman fit allusion à une ile, Suna Land. Soit disant le paradis sur terre pour les pickpockets comme lui. C’était un endroit qui dépendait uniquement du tourisme et à ses dires la clientèle était plutôt très huppée. Plusieurs fois, émit l’idée à James de se rendre sur place, au début réticent, ce dernier semblait maintenant s’être fait à la raison. Il n’avait aucune idée de comment survivre au quotidien autrement que par ces petits larcins. Toutefois, ce n’est pas de cette manière qu’il allait pouvoir un jour ou l’autre rejoindre le Grand Line. Non, il devait exister un autre moyen, mais lequel ? Il se tourna donc, une nouvelle fois, vers son acolyte :
« Tu m’avais parlé d’un tavernier ou quelque chose comme ça, qui connait tout le gratin de la piraterie de South Blue, je ne me rappelle plus de son nom.Mais peu importe, peut-il nous aider à obtenir un équipage et un navire ?! »
« Ah oui, Edwing, c’est un vieux de la vieille, il à roulé sa bosse dans les quatre coins du Blue. Il s’est posé depuis plusieurs années au cimetière des épaves. Ça pour connaitre du monde, il en connait ! Je crois bien qu’il serait capable de te citer tous les pirates primés du coin sans exception. Toutefois, il ne peut pas faire de miracle, sans un rond, ni un navire comment veux-tu convaincre des hommes avides de richesses de te rejoindre ? Ils ne font pas l’aumône et ce n’est pas en les abreuvant de promesses que tu les berneras. De plus pour attirer un équipage capable d’affronter le Grand Line, il ne faut pas simplement se pointer comme une fleur, il faut avoir le curriculum vitae qui va avec ! Sinon, nous sommes bons pour repartir bredouilles, ou pires ! Finir avec une équipe de bras cassés tout juste bonne à agresser des mamies. »
Blackburn se rappela de ses mésaventures avec le capitaine badaboum, et son second régis. Ce couillon avait réussi l’exploit de couler leur navire rempli à raz bord de cargaison de premier choix… En effet, la simple idée de se retrouver avec de tels boulets sur les bras lui donnait des envies de meurtres… James baissa le son de sa voix :
« Et ma prime de 5 millions ? Ce n’est pas une garantie peut-être ?! »
Ben pouffa, ignorant totalement les précautions de son interlocuteur pour ne pas ébruiter ce sujet sensible :
« Tu plaisantes j’espère ?! Tu as une idée de ce que représente actuellement le montant pour ta capture ?.. Pour ainsi dire, pas grand-chose. Tu es dans la moyenne des pirates de South Blue, et faute d’argent pour te démarquer de la masse, il va falloir trouver un autre moyen… Reste à savoir lequel ? »
« Tu préconises quoi ? Que je zigouille une centaine de civils pour voir ma prime monter en flèche ? Peut être que je devrais me laisser attraper pour fuir une prison tiens ! Si mes souvenirs sont bons, la marine à la sainte horreur des fugitifs ! Ou mieux ! Je rase une putain d’ile remplie de dragons célestes ! Qu’est-ce que tu en dis ? »
Ben éclata de rire, en voyant que son capitaine avait vraiment pris la mouche sur le montant de sa prime. C’était un de ses points sensibles, Blackburn était persuadé de mériter bien mieux que 5 millions. Mais malheureusement la marine n’avait pas l’air de cet avis.
« Non pas jusque-là couillon… Mais disons qu’il faut voir la prime comme une carte de visite d’un pirate. À l’heure actuelle, cela ne peut pas te servir outre mesure, juste devant quelques novices pour leur faire miroiter des belles histoires. Mais si dans les prochains mois voir années, nous parvenons à atteindre la barre des dix millions. Là, tout de suite, cela cause sérieux. À ce stade, plus question de marchander ou de raser les murs, ton nom est connu à travers tout le Blue. Trouver un équipage ainsi qu’un navire devient un jeu d’enfant. Tu deviens tout de suite, un prétendant sérieux pour la course au Grand Line ! »
«10 millions … »
James se laissa tomber dans le fond de son siège. Il lui avait fallu plusieurs années et de nombreuses cicatrices pour atteindre difficilement les cinq millions… Rien que d’imaginer les efforts nécessaires pour doubler sa prime lui donner le vertige.
« Tu as une idée de comment faire grimper cette foutue prime sans devoir zigouiller des pauvres gens à la pelle ? »
« Absolument pas ! Par contre, je sais comment gagner de l’argent ! »
« Laisse-moi deviner … Suna Land ?! »
« Bingo ! Soleil, argent facile, et peut-être que nous trouverons quelques beaux coups à faire sur place. Car ce n’est pas en restant ici que cela fera avancer le schmilblick de toute façon… Il n’y a absolument rien à faire ici. »
« Hum… Tu as probablement raison. Il est peut-être temps de se remettre au travail. »
James fixa le ciel azur à travers la fenêtre de la petite taverne. Ici aussi il faisait beau, mais il n’y avait strictement rien à faire, aucun moyen de gagner le moindre sou. Son esprit divagua vers des contrées lointaines, là où se rencontraient Empereurs et autres pirates légendaires.
« Tu connais l’histoire du Yonko Blackburn ? »
Ben esquissa un léger sourire, comme à son habitude James aimait faire part de ses délires et autres rêves. Il n’avait même pas une barque pour trainer son cul, et voilà qu’il se voyait déjà Empereur.
« Non en revanche je connais l’histoire de James le fauché qui va encore demander à Ben de payer l’addition... »
« Tu es tellement négatif mon pauvre… Ce n’est pas avec cet état d’esprit qu’on parviendra à dominer le Grand Line ! »