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Au pied du mur



_____Que savons-nous sur les Zoukous ? Maxton se prend la tête puis la secoue, dépité. Jusque-là, personne ne semble connaître ne serait-ce que leur existence, gardée jalousement secrète de génération en génération. La seule chose que nous savons c’est qu’ils vivent au sommet de Grand Line. Et dans la littérature, on ne parle que d’un seul et unique peuple qui vit là-haut : les dragons célestes. Des demi-dieux qui descendent des créateurs du monde, ceux qui – dit-on – nous dirigent dans l’ombre, à la tête du Gouvernement Mondial. Et s’il existait d’autres peuples qui vivaient dans le ciel ? Le saurions-nous ? Les dragons célestes ne partagent pas leur terre. De même que l’on appelle un horticulteur pour se débarrasser d’un nid d’abeille découvert au fond du jardin, ils auraient tout fait pour les éliminer, c’est une certitude. Peut-être que c’est pour cela que Jérôme voulait absolument que sa lettre soit brûlée ? Pour protéger les siens de l’éradication ?

_____Jérôme, un homme retrouvé mutilé sur une plage d’une île étrangement proche de Red Line, l’île de Clare. Un homme qui a gardé le silence toute sa vie durant, emportant le secret de son identité et de son passé dans sa tombe. Un homme qui cachait manifestement un lourd secret. Après nous être lancés sur ses traces dans l’espoir de découvrir un fabuleux trésor, nous avons découvert un message indescriptible laissé par Jérôme, gravé sur une plaquette de granite. Nous avons appris qu’il avait écrit une lettre à celles qui l’avaient recueilli, et dans laquelle il avouait venir d’une tribu de Red Line, les Zoukous. Oui, mais où sur Red Line ? La falaise qui fait face à l’île de Clare semble toute indiquée, d’autant plus que l’on sait que Jérôme passait des matinées entières à contempler l’horizon avec nostalgie. Et, justement, depuis la plage où il se trouvait, la seule chose que l’on voit à l’horizon, c’est Red Line. Mais comment en être sûr ? Pour nous, il n’existe que trois façons de nous rendre sur Red Line. Le Gouvernement Mondial, qui possède un ascenseur permettant d’atteindre directement la terre sainte, Reverse Mountain, un puissant courant ascendant qui passe par-dessus la falaise, et l’escalade. Escalader Red Line est notoirement possible, comme l’a prouvé le tristement célèbre Fisher Tiger, un des pires criminels de l’histoire. D’après la légende, cet homme-poisson aurait même escaladé les dix kilomètres à mains nues ! Mais le problème ce n’est pas tellement de monter : c’est plutôt où monter, et comment redescendre.

_____Sur la première question, mon cartographe sera plus qualifié que moi, donc je le laisse faire ses recherches. Accompagné de Christobald qui a déjà prouvé ses compétences en résolution d’énigmes insolubles, je suis sûre que Maxton saura trouver une piste. Sur le deuxième point, j’ai pris rendez-vous avec Janice Drai, fondatrice de l’association des grimpeurs rouges. C’est dans leur maison mère, au pied de Red Line, que mon navire la Pyrphidée fait escale aujourd’hui.

_____Parmi les tours vertigineuses taillées à même la roche par des millénaires d’histoire et par des peuples ingénieux cherchant de plus en plus d’espace pour accueillir la génération d’après, au milieu des roseaux et des bambous dont le feuillage frémissant chatouille le ciel, entre les terrasses et les jardins suspendus qui sont autant de paradis cachés, au-dessus du château d’eau qui domine des maisons qui n’ont pas de toits, à côté des refuges inscrits dans la falaise et dont les ouvertures béantes donnent sur presque un kilomètre de vide, des ouvreurs fous s’ahannent sur les parois pour installer des spits, des pitons et des relais ; retenus par la force de leurs bras, avec pour seule assurance une corde reliée au dernier point qu’ils ont posé, et dont Dieu seul sait s’il est fiable. Entre les murs des maisons, par-dessus les cordes à linges, serpentant derrière les champs de patates et passant parfois par les fenêtres des bars, des milliers de voies s’offrent aux débutants comme aux confirmés. Des voies d’escalades, partout, ouvertes avec passion par des grimpeurs qui n’ont pas froid aux yeux. Voilà le fonds de commerce d’Altéa, la ville-montagne, une des rares qui aient réussi à se développer au pied de la falaise rouge.

— Red Line est en fait une succession d’îles climatiques collées les unes sur les autres. Si tu étais fine comme une goutte d’eau, tu pourrais traverser à certains endroits parce que ça ne se touche pas, mais c’est impossible pour un humain.

_____Nous sommes assises à près de trois cent cinquante mètres du sol, sur une terrasse qui offre une vue vertigineuse sur le vide. Au loin, East Blue scintille paisiblement, nous chatouillant parfois de quelque brise marine. Janice a écouté mon projet avec intérêt, et après quelques considérations techniques, la conversation a dérivé sur des sujets métaphysiques.

— En fait, ce qui rend Rough Tell inatteignable, ce n’est pas vraiment Red Line ou Calm Belt, mais surtout que personne ne sait vraiment où elle est. Même si tu pouvais traverser, tu te retrouverais perdue au milieu de nulle part, sans avoir où aller dans un océan sans pitié. Tu me diras : il y a les Log Pose, mais qui sait ce qu’ils deviennent une fois sur la dernière île ? Si ça se trouve, il est impossible d’en repartir !

_____Je l’écoute distraitement. J’ai beau être devenue chasseuse de trésors, je ne suis pas vraiment intéressée par la quête du One Piece. Pour moi, c’est une légende de pirates, rien de plus. Et puis, si cette île existait bel et bien, cela ferait longtemps qu’elle aurait été découverte vu que tous les flibustiers du monde la cherchent depuis plus de cent ans.

— Des fois, je les comprends, reprend la grimpeuse. Avoir la mer qui tend les bras … ça donne envie.
— Oui, surtout que Grand Line est encore très peu connue !
— Ah oui ? Elle est presque entièrement cartographiée, non ?
— Seulement les voies principales. Mais il existe d’autres îles !
— Qu’est-ce qui te fais dire ça ?
— Ce serait surprenant, non ?
— … Tu as raison ! C’est fou, ça. Tant de mondes à découvrir. Et c’est pour ça que tu veux escalader Red Line ? Pour voir ce qu’il y a en haut ?
— En partie… mais pour le reste : c’est un secret !
— Cachotière !

_____Janice me dit au revoir avec un sourire ému. Pour elle, nous sommes des aventuriers fous et des pionniers. Nous disposons de tout le soutien de son association. Mais ouvrir une voie de dix kilomètres, ça pose trop de problèmes, m’a-t-elle expliqué. Il n’y a pas que l’aspect pécuniaire avérant à la quantité de matériel nécessaire : tout d’abord, l’oxygène commence à manquer dès quatre ou cinq kilomètres d’altitudes, donc ça risque d’être mortelle pour ceux qui la tentent… nous les premiers. En plus, il y a le facteur temps. Il faudrait grimper dix heures par jours pendant dix jours pour venir à bout de Red Line. Ça signifie que les aventuriers qui se lanceront dans ce défi devront porter des vivres, des tentes et plein d’autres trucs qui les alourdiront ! Et si l’un d’entre eux échouait et restait coincé tout en haut ? Ce serait quasi-impossible de le ramener à terre. La voie deviendrait condamnée, à moins que quelqu’un prenne le risque de se lancer dedans sachant qu’il y a déjà des centaines de kilos qui font tension sur une des cordes… Et puis quand quelqu’un se lance, il faut attendre qu’il descende pour que le suivant puisse partir, ce qui ferait de cette voie la moins rentable du site. Enfin, et surtout, il y a l’aspect symbolique. Ce serait vraiment super de tracer un chemin qui relie le ciel et la terre, et je suis sûre que plein d’aventuriers viendraient des quatre mers pour relever le défi, mais le problème… c’est justement cette même symbolique. Les dragons célestes n’apprécieront pas l’existence de cette route, et pourraient même l’interpréter comme une tentative d’invasion. Certes, nous sommes littéralement à l’autre bout du monde par rapport à Marie-Joie mais n’empêche qu’une armée pourrait l'utiliser pour envahir la terre sainte… En plus, on risque de polluer leur air s’il y a trop de gens qui parviennent jusqu’en haut.

_____Bref, impossible de descendre en utilisant une voie d’escalade. On pourra monter, par contre : le dernier n’aura qu’à déséquiper au fur et à mesure qu’il monte, ce qui nous permettra de gravir les dix kilomètres avec relativement peu de matériel… Mais l’exploit n’en reste pas moins surhumain ! Pour le réussir, je vais avoir besoin de surhommes.


Dernière édition par Anatara le Dim 6 Déc 2020 - 11:14, édité 1 fois
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— Boss, je voulais te dire un truc !

_____Nous sommes sur la place du marché. Enfin, sous. Ou dans, je ne sais pas trop. Les étales s’étendent à toutes les hauteurs, et des échelles et des escaliers savamment placés permettent de rejoindre les autres niveaux. Certains sont sous nos pieds, d’autres au-dessus de nos têtes. Le capharnaüm n’en est que plus insupportable. Bijane, un homme à la peau tannée et à la langue habile, tente désespérément d’attirer mon attention au milieu de tout ce souk. Au bout d’un moment, il me prend par la robe, ce qui me fait me retourner aussi sec.

— Ah, c’est toi ! Tu m’as fait peur ! Tu as trouvé quelque chose ?

_____Les yeux exorbités, mon subordonné ne s’attendait pas à une telle réaction. J’ignore ce qu’il lit sur mon visage mais il a un moment de recul.

— Eh, mais fait un peu attention !

_____Des passants se bousculent, un carton se renverse, des légumes se répandent et une paire de jambes les piétinent aussitôt.

— Nooon, mes choux !! Mais ça va pas bien, oui ?!

_____Alors que les deux hommes commencent à s’expliquer, le ton monte et je décide qu’il n’est pas bon de rester ici. D’un geste, je fais signe à Bijane de me suivre et je m’éloigne de quelques pas pour rejoindre une allée moins fréquentée. Du coin de l’œil, je vérifie que sa touffe de cheveux frisés n’a pas disparu et j’accélère le rythme. Je descends quelques marches, je pénètre dans la falaise et, aussitôt, la température chute de cinq bons degrés. Le brouhaha du marché n’est plus qu’un lointain écho, et c’est à peine si nous entendons quelques fois des gens crier leurs affaires les plus alléchantes.

— Pardon, boss, mais euh, c’est que… en fait ma sœur est malade et ça fait longtemps que je n’ai pas pu la voir et…

_____Je le fixe d’un regard suspicieux et j’attends quelque secondes la suite des explications qui ne vient pas. Ses yeux gris se plantent dans le sol, eux qui d’habitude sont si malicieux et pétillants. Ses paroles sont maladroites et à peine assumées, alors que de tous mes hommes, c’est lui qui s’est fait le plus remarqué pour son art de la rhétorique… Mais qu’est-ce qui ne va pas ?

— Bijane, excuse, j’étais à cran… je t’ai pas fait peur ?
— Non, ça va. … Enfin, si ! … Un peu.
— Désolée. Bon. D’accord. Je te mets en relaxe.

_____Le jour et la nuit. Son visage se détend, s’illumine, même. C’est à peine s’il ne me saute pas au cou pour me remercier. Ça m’embête un peu, je comptais sur lui pour le verbe ! C’est d’ailleurs pour ça que je l’ai recruté. Et là, le seul moment où j’ai vraiment besoin de lui, il me fausse compagnie ! Pas pro, ça. Enfin bon, je ne peux pas le forcer à venir… De toute façon, j’ai encore Sharon, ma vigie, qui a un aspect social très particulier. Avec un peu de chance il saura créer le lien avec les autochtones.

— Merci ! Je ne savais pas comment demander, je… je reviendrai, promis !

_____Un ange passe. Nous nous regardons tous les deux, sans trop savoir quoi dire, seuls dans ce couloir qui mène dieu seul sait où. Consciente que c’est à moi de prendre les devants dans ce genre de situation, je lui propose de continuer nos emplettes et nous partons négocier nos consommations et ravitaillements. À vrai dire, nous ne sommes pas très performants et nous n’essayons pas vraiment de faire baisser les prix. Lui et moi sommes ailleurs. Je ressens comme un malaise, quelque chose qui ne va pas. Je sais que je ne pourrai pas emmener tout le monde sur Red Line, et j’avais tablé sur une équipe de six personnes. Svinette, Maxton, Christo, Sharon et Bijane. Les autres seront divisés en trois groupes : les guetteurs qui s’occuperont de surveiller et d’entretenir de navire, les relayeurs qui feront comme le nom l’indique, et les relaxés qui seront en congés. Le problème, c’est qu’il me faut maintenant une sixième personne, à moins qu’on décide de ne partir qu’à cinq…

_____J’aurais bien demandé à Miloupe, qui est très intelligente et mignonne, mais elle n’a clairement pas le physique pour escalader la falaise. Comment ça mes critères sont bizarres ? Oui, ben pour aller rencontrer un peuple inconnu qui vit tout seul à dix kilomètres d’altitude depuis des temps immémoriaux, il faut sans doute pas venir avec des gros baraqués armés jusqu’aux dents, si ? Si ? J’en sais rien. Niveau gros baraqué, Svinette fera amplement l’affaire, mais ça vaut peut-être le coup d’avoir un certain score de mignonnerie, n’est-ce pas ? Disons que Sharon et moi, on s’occupera de cette lourde mission. Mais si mais si, je suis belle, c’est juste que je suis un peu… négligée. On va corriger ça, héhé. Une autre fois. Ouais, faisons comme ça. Bref. J’en étais où déjà ? Ah, oui. Trois cent cinq berries. Vendu. N’empêche que j’ai déjà de sérieux doutes quant aux capacités de Christobald, mon savant fou de service, mais je ne peux tout simplement pas me passer de lui pour une mission telle que celle-ci. Hors de question qu’on prenne une deuxième personne qui risque de nous ralentir ! Je sais que c’est cruel, dit comme ça, mais je ne peux pas risquer la vie de mon équipe juste pour ne pas froisser l’égo d’une seule âme.

_____Le soir venu, je dois prendre une décision. Déjà, je me vois mal annoncer à mes gars que je n’ai pas encore la liste de ceux qui vont partir avec moi. Et puis, je n’ai pas envie de les mettre dans l’embarras en demandant des volontaires. La forme physique nécessaire est juste absurde, et je ne connais pas encore assez bien mes gens pour savoir s’il y en a ne serait-ce qu'un qui serait capable de survivre à l’épreuve. Non, impossible de leur demander ça. Je respire. Lente expiration, vide dans les poumons, lente inspiration, remplir remplir remplir, pouf. A plus le stress, fini t’es cuit. Ok. Pas encore très rompue aux exercices oratoires, je décide d’improviser un mini-discours qui résume à peu près la situation.

— Les gens, les gentes ! Un peu d’attention s’il vous plaît !

_____J’entends quelqu’un qui fait tinter un verre pour accompagner mon propos.

— Comme vous le savez, la prochaine étape de notre périple se trouve sur Red Line.
— Wah.
— T’as vu, j’te l’avais dit.
— Oh les rigolos, là !
— Pardon.

_____Un peu vexée de cette intervention moqueuse, je reprends comme si de rien n’était.

— Pour monter, nous n’avons pas trente-six solutions.
— Ouais, Reverse Mountain, on sait.
— Et l’escalade !
— T’es fou toi, on va jamais…
— Chuuut !

_____Alors que son voisin lui fait du coude pour lui demander du silence, je le foudroie du regard et j’attends bien cinq, six secondes. J’en profite pour fixer mon regard sur les deux autres zigotos qui n’ont pas su tenir leur langue, mais j’ignore absolument tout de l’effet que ça a sur eux. Je me sens extrêmement bête, surtout que tous les regards sont rivés sur moi. J’essaie de faire abstraction de mon trac et je décide d’assumer ma décision.

— L’escalade de la falaise ne sera pas chose facile, je vous le concède, mais AVANT TOUT…

_____Mes yeux balaient l’assemblée avec une détermination sans faille. Écoutez un peu avant de protester, bordel ! C’est pas vrai ça. J’aurais dû faire plus attention à la discipline quand j’ai recruté mon équipage. Bon, peu importe. C’est moi le chef ici. Je suis responsable. Bon, mais pourquoi j’ai dit avant tout, moi, déjà ? Peu importe.

— Nous allons former un groupe de six personnes, dont ferons partie Christobald et moi-même.

_____Alors que ce dernier retient un cri de joie, je décide à la volée de ne pas révéler qu’il ne reste en fait qu’une seule place à attribuer. Ils risquent de se sentir moins importants.

— Cela ne fait pas longtemps que vous voyagez avec moi, et je ne connais pas encore très bien vos limites. Afin de mieux pouvoir attribuer les rôles entre les guetteurs, les relayeurs et les RELAXÉS, j’ai décidé de vous faire un petit test physique. Vos résultats détermineront l’ordre de priorité, alors donnez-vous à fond !

_____J’ai bien insisté sur le mot relaxé, parce qu’ils connaissent tous le jargon. Ceux qui veulent tirer au flan n’auront pas comme porte de sortie d’échouer lamentablement. Ils seront en compétition avec tous les autres pour ne pas avoir à faire un tour de garde, tâche horriblement ennuyeuse s’il en est. En plus, ça me permettra de mieux connaître mes hommes pour voir comment ils se comportent face à une situation extrême. Parce que mon test, il les poussera jusqu’à leurs derniers retranchements.


Dernière édition par Anatara le Dim 6 Déc 2020 - 11:25, édité 1 fois
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- [...] Non, restez en position pour l'instant. [...] Oui, Skela est bien avec moi, occupée à explorer et espionner les environs. [...] Segawa doit faire la navette entre ici et le navire, pour faire des rapports réguliers d'un coté à l'autre, comme c'était prévu. [...] Mais oui Mibu, on sera prudents, il s'agit d'une mission de filature et d'espionnage, pas du tout d'une mission de combat ou d'assassinat. [...] D'accord, à tout-à-l 'heure pour le prochain rapport.

Je pouffe doucement de rire en éteignant et rangeant mon escargophone, avant de retourner dans les quartiers plus fréquentés de Alté, cette petite ville de montagne perchée le long de Red Line.
Même si je suis assidue au travail et aussi sur cette mission, j'avoue ne pas trop aimer lorsque j'ai aussi peu de détails de la part des supérieurs. Certes, chercher des informations sur place peut être un plaisir et je conçois ça comme une partie de la mission... mais là c'est à un tout autre niveau.

Tout se base sur une série de rumeurs, d'inconnus à dissidents révolutionnaires ou inversement et on se retrouve avec un fouillis d'informations, sans début ou fin. Seul subsiste deux noms dans tout ce méli-mélo, avec Jérome et Anatara. En recoupant les informations de quelques sources révolutionnaires, il semblerait que ce Jérome soit un archéologue ayant fait de grandes découvertes sur une période oubliée de tous et que le Gouvernement mondial serait sans doute tenté de faire disparaitre.
Le siècle oublié... jamais je n'aurai pu pensé me retrouver impliquée dans une mission semblant impliquer ces instants mythiques...
Concernant Anatara, c'est un peu plus facile de se renseigner sur elle, surtout lorsque l'on est aussi proche d'East Blue. C'est une marchande assez réputée dans la chasse aux trésors et avec du recul, je suis moyennement surprise de la voir impliquée dans cette histoire. Elle n'est pas vraiment discrète avec sa bande et ne cherche pas non plus à se cacher, donc ça m'a pris quelques jours à peine pour retrouver sa trace.
J'ignore précisément ce qu'elle fait sur cette île, mais pour le moment, je me dis que c'est préférable de rester dans son ombre et d'observer au mieux ce qu'il se trame autour d'elle. Je manque d'informations et je pourrai bien chercher sur les îles environnantes, pour essayer de retracer son parcours... mais vu le flou dans lequel j'avance et l'absence de point de départ véritable, autant se raccrocher à la seule "vraie" information que j'ai, à savoir cette marchande.

Sur ma route, je croise plus loin un chaton roux rasant les murs tranquillement et il me fait un imperceptible acquiescement de la tête.
Skela, la Tontatta au Zoan du chat est la meilleure espionne que je connaisse et clairement mon binôme attitré, lorsqu'il s'agit de récolter des informations.
Pour ma part, je dois me contenter de ma tenue "passe-partout", à savoir un bandana bleu foncé camouflant mes cheveux blonds, un débardeur violet, un bermuda noir et des chaussures en toile noires. On est assez proches des Blues et je me dis que ma prime devrait être assez remarquée dans les environs, donc tâchons de nous faire discrets.

Intriguée, je vois alors un début d'altercation entre un subalterne d'Anatara et un marchand, pour une histoire de chou, si j'ai bien suivi...
J'hésite un moment à me rapprocher... mais je me ravise. Ils partent tous deux dans une ruelle et mes yeux ont croisés ceux du chaton-Tontatta, qui se rapproche paresseusement de la ruelle, trainant autour et fouillant distraitement dans une poubelle de la ruelle, avant de partir tranquillement avec des arêtes de poisson dans la bouche.

Quelques instants plus tard, nous sommes dans une autre ruelle, à l'écart, Skela sur mon épaule, crachant quelques arêtes de sa bouche:

- Beurk! J'aurai pas pu tomber sur un poisson complet, pour changer?

- Ce serait bizarre et pas vraiment recommandé de manger un poisson trouvé dans une poubelle. Mais parles moins fort et dis-moi donc ce qu'ils se sont dit...

- Hum... Apparemment, l'homme a des soucis personnels en tête et il n'arrive pas à se concentrer sur le travail. La marchande l'a mis en relaxe, pour qu'il puisse se reposer.


Je lève les yeux au ciel, songeuse... Du coup, une place semble s'être libérée dans le groupe de la marchande, qui devrait réviser ses effectifs... Mais est-ce que ça passerait si je me fais passer pour une mercenaire? Je devrai justifier ma présence ici, soit dire ou non que j'ai entendu parler de la marchande et de son expédition... Et... en vrai, je me dis qu'elle va avoir une place vacante dans l'équipe, mais si ça se trouve, c'était un surplus dont elle peut largement se passer? Si je me fais rembarrer, ce serait compliqué de maintenir en place la filature, parce qu'ils auraient vu mon visage. Je devrai envisager un autre déguisement, peut-être?

Me disant finalement que j'ai besoin d'un contexte plus clair, je choisis de poursuivre la filature et je me retrouve dans une taverne bien occupée par Anatara et sa bande. Pour ma part, je me faufile naturellement jusqu'au bar et commande une bière, tout en prêtant l'oreille. J'entame un échange de banalités avec le barman, d'une voix assez posée et sereine, surtout pour bien entendre ce qui se dit derrière moi.
Au bout de quelques instants, j'apprends finalement quelques choses autour d'un test d'aptitude, ce qui me laisse mi-figue mi-raisin... Elle parle d'escalader une falaise et de plusieurs équipes... mais pas tellement de place vacante... Mais ça reste une piste à exploiter.

Je ne vais pas trop traîner et finir avec mon renvoi de banalités avec le barman, finissant ma bière et partant vers mon propre hôtel. Mine de rien, je devrai être en forme pour demain, histoire de pouvoir faire bonne impression, d'une manière ou d'une autre.
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_____Une chose me préoccupe depuis quelques jours. À vrai dire, je ne sais pas comment le Gouvernement Mondial va réagir quand il va apprendre qu’une équipe d’aventuriers a escaladé Red Line. Il n’y a rien qui nous interdise de le faire, et de plus on est quasiment à l’autre bout du globe par rapport à Marie Joie, mais comme la dernière personne à avoir gravi cette falaise c’est Fisher Tiger, ça risque de nous faire passer dans la mauvaise catégorie à leurs yeux. Et ça, je préférerais l’éviter. Alors bien sûr, on peut décider de le faire en secret et tout, mais je suis absolument certaine que mon équipage ne saura pas tenir sa langue… moi la première d’ailleurs ! Surtout qu’on sera mille fois plus suspects si on essaie de se cacher. Le mieux, c’est de faire ça au grand jour, au su et à la vue de tous. Comme ça, nous pourrons clairement préciser nos intentions, et même inviter des journalistes s’il le faut ! Non, il ne s’agit pas d’un acte de provocation ou d’agression envers les dragons célestes : nous sommes juste à la recherche d’un trésor ! Mais bon, pour ce qui est du trésor je préfère garder ça pour moi : mieux vaut éviter que des concurrents ne viennent se mêler de cette histoire ! Ah là là, tout cela risque de retarder notre départ mais au moins ça lèvera les malentendus… en plus de nous donner un sacré coup de pub !

_____Je l’avoue, l’idée d’être sous les feux des projecteurs m’excite au plus haut point ! J’aimerais bien devenir un modèle pour les jeunes, un peu comme Gold Roger mais en pas pirate. Anatara, l’aventurière qui est devenue riche et célèbre ! Ce serait classe, non ? Alors quitte à faire les choses en public, autant les faire en grand ! J’ai décidé de contacter le club de plongée (parce que oui : il y en a un) en plus des grimpeurs rouges, parce que leur matériel me sera grandement utile pour organiser mon test. L’idée est de présenter ça comme un jeu-compétition-événement où les participants pourront remporter des lots et surtout de la gloire. Comparer ses aptitudes dans une ambiance sportive et bon enfant est quelque chose qui séduira les locaux et les journalistes, et qui surtout donnera beaucoup de visibilité à la ville. C’est gagnant-gagnant : j’ai accès aux infrastructures et au matériel et je peux soulager mon angoisse vis-à-vis du gouvernement et eux, ils se feront une grosse campagne de communication. Et, qui sait, ça pourrait même lancer une toute nouvelle tradition ! Franchement, ce serait trop bien ! J’entrerai dans les mémoires comme la fondatrice d’un tournoi annuel ou un truc comme ça. Trop bien. Quoi qu’il arrive, ils pourront attirer des touristes et devenir une référence dans le monde sportif, et ils valent au moins ça. Parce que franchement, leur ville elle est incroyable et c’est juste fou tout ce qu’ils font dessus ; ils méritent largement d’être célèbres !

_____« Oui, je pense que c’est une bonne idée ! », me dit Ezla,  présidente du club de plongée. Elle reste silencieuse avec un grand sourire, et du coup je me permets de poser la question suivante :

— Euh, donc on fait ça quand ?
— Comment ? Eh bien je ne sais pas encore ! Tu es pressée ?
— Ben, c’est-à-dire que…

_____Ok, ok… le délai risque d’être plus long que ce que je pensais... Le problème, c’est que le temps, c’est de l’argent ! Et ça n’a jamais été aussi vrai : de un, mes bonhommes il faut les nourrir et les loger, et ça c’est pas gratuit, surtout qu’ils sont genre cinquante. Et de deux, ben on risque de se faire doubler dans la course au trésor, et ça c’est inacceptable !

— … mon équipage et moi avons loué une taverne, et ça va nous faire beaucoup de nuitées…

_____Quelques jours plus tard, les modalités du test ont été décidées. En accord avec le maire, nous organisons une compétition sportive de très haut niveau qui permettra aux locaux de faire une démonstration de leur savoir-faire. Au programme, escalade, escalade, escalade, mais aussi parcours urbain avec une course d’obstacles organisée intelligemment à travers les méandres de cette ville-falaise. Sculptés à même la roche, les bâtiments possèdent naturellement des passages difficiles à emprunter et les petites rues qui tentaculent dans toutes les directions peuvent constituer des raccourcis de choix pour ceux qui se sentent capables de les prendre. Au milieu de ça, il y aura une épreuve sous-marine où les compétiteurs devront pousser leur apnée à son paroxysme en faisant un parcours aquatique dont plusieurs étapes impliquent de déplacer de lourdes charges. Bien sûr, chaque épreuve est indépendante et tout le monde est libre d’y participer, ça encouragera les gens à venir sans qu’ils aient besoin de faire toute la compétition. Et plus il y aura de participants, plus j’aurai d’informations sur ceux qui seront les plus aptes pour mon expédition.

_____En attendant, j’ai réussi à négocier avec locaux pour avoir un tarif réduit sur le séjour. Ça me rassure un peu parce que je commence à être serrée, niveau budget… Vivement le jour J !


Dernière édition par Anatara le Dim 6 Déc 2020 - 11:45, édité 1 fois
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Les prochains jours sont assez calmes, alors que j'alterne les filatures entre Skela et moi, pour ne pas lâcher un seul instant Anatara.
Apparemment, elle prévoit un gros "spectacle" dans les prochains jours et demande des services à bien du monde en ville, que ce soit le club de plongée ou le club d'escalade. Si on rajoute la conversation que la Tontatta a pu écouter l'autre jour, entre la marchande et son acolyte et ce qu'elle a dit à la taverne l'autre soir, je peux avoir un idée plus précise de la situation.

Le "petit test physique" dont elle parlait, ça semble bien trop gros pour une quinzaine de personnes seulement et elle ne cherche pas non plus à se faire discrète dans ses échanges avec eux. Je me demande s'il pourrait y avoir des spectateurs ou même des participants extérieurs à tout ça? Le club d'escalade ou de plongée participerait aux épreuves ou ils fourniraient juste du matériel à Anatar et sa bande?

De mon coté, je préfère rester en un duo unique, avec la Zoan du chat, pendant que le reste de mon équipage reste à une île d'écart de nous, la femme-poisson Segawa pouvant couvrir assez aisément la distance entre notre navire et Redline.
Ce village est aussi haut qu'étroit et je pense que des races "exotiques" comme la Tontatta ou la femme-poisson se feront repérer bien vite, surtout en matière de filature. Heureusement que les talents d'infiltration et le fruit du démon de Skela sont là pour combler cet "handicap".

Dans le doute, je passe une bonne journée à m'entraîner à l'écart; si jamais je peux participer aux épreuves d'Anatara, autant que je fasse bonne impression, pour espérer entrer de manière "légitime" dans l'expédition qu'elle s'apprête à faire.

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Le jour J, je suis fraîche et dispo, prête à tout donner pour ses épreuves, que ce soit l'escalade, le parcours urbain ou... ah ben non, pas la plongée...

Grognant légèrement, j'hésite un peu, avant d'aller voir l'organisatrice des épreuves:

- Hum... Anatara, c'est bien ça?
Désolée, mais je ne peux pas faire l'épreuve de plongée; j'ai mangé un Fruit du Démon, ce qui fait de moi une vraie enclume et complètement incapable de nager.
Mais je compte bien me défoncer lors des autres épreuves, pour compenser!


Après ce bref interlude, je me concentre sur les autres épreuves, et je me rends bien vite compte que la marchande cherche du haut-niveau pour son expédition! Après, vu qu'elle vise Redline, ça n'a rien d'étonnant, vu la réputation qu'à cet endroit, d'être une montagne infranchissable. La dernière personne connue à avoir traversé cette montagne de manière "terrestre", c'est paradoxalement un homme-poisson, du nom de Fisher Tiger.

L'épreuve d'obstacles urbaine est bien ardue, avec des passages assez traîtres, mais j'ai pleinement confiance en ma condition physique, surtout mes jambes, qui sont mes principales armes, avec le style de combat de la Jambe noire.
Vu la longueur du parcours, je mise d'avantage sur la précision que la rapidité, pour ne pas bêtement tomber, même si la chute n'est pas vraiment un problème avec mes pouvoirs.
Je prends de l'élan... et bondis d'un rebord à l'autre des bâtiments, franchissant de manière calculée et chirurgicale les quelques fils tendus, un peu à la manière d'un funambule. Je gagne du temps sur un léger obstacle d'escalade, en bondissant entre deux façades, pour arriver au sommet. Je vois des personnes tomber, d'autres se débrouiller pas trop mal, mais globalement, sur cette épreuve basée sur le "jeu de jambes", je m'en sors sans trop de problème.
Il y a bien une fois où je rate un saut, ayant mal évalué la distance, parce qu'un candidat a beuglé bêtement en tombant à coté de moi et je dois utiliser Cloche-Air, pour rebondir sur l'air deux fois et passer de l'autre coté.
Finalement, j'arrive en quatrième place sur une vingtaine de candidats, alors qu'une dizaine d'autres a échoué sur le parcours.

Vient finalement l'épreuve d'escalade, après que je sois restée sur le bas-côté, le temps que l'épreuve de plongée se fasse. Bon, je me suis occupée en faisant quelques étirements et en observant de loin le lieu de l'épreuve de grimpette. On se retrouve à douze "finalistes", pour finalement arriver devant le "mur d'escalade", qui est immense, avec quelques personnes éparpillées à gauche à droite et à différents niveaux du mur.
Bon... je voulais la jour "fair-play", mais en vrai, je ne sais pas du tout de combien de personnes a besoin Anatara et dans le doute où il lui faudrait qu'une seule personne...

- Bon! Désolé les gens... mais j'ai vraiment besoin d'un taf!

J'active de nouveau Cloche-Air et grimpe rapidement le long du mur, durant trente secondes, avant de m'agripper au mur, pour souffler un peu. J'ai pris pas mal d'avance sur les autres concurrents et je tâche de maintenir mon avance en grimpant manuellement. Bon, les bras sont dans la moyenne musculaire et mes jambes restent toujours valides, même si j'ai un léger contrecoup avec le "renvoi" des petites détonations des balles d'air sous mes pieds. Mes chaussures de toile encaissent moins bien le choc que mes bottes habituelles et je jure intérieurement, me demandant si ça aurait pu passer avec ma tenue habituelle, même si je n'ai aucune envie que ma prime vienne me mettre des bâtons dans les roues, durant cette mission.

Baissant la tête de temps à autre, sans trop de craintes du vertige, je peste cependant bien vite. Autant je maintiens un bon rythme, autant j'ai un type qui me rattrape petit à petit, alors que j'en ai compté au moins trois abandonner et se faire rapatrier par les membres du club d'escalade de l'île.
Plus je grimpe manuellement, plus je me rapproche du sommet... mais plus l'autre type se rapproche aussi! Non... Je ne peux pas perdre comme ça à la dernière épreuve!

Alors qu'il se retrouve à mon niveau, le type saisit soudainement ma jambe et tire violemment dessus:

- Sale garce! Sale tricheuse! Tu ne mérites pas la victoire!

Surprise par le geste, je m'agrippe comme je peux, mais je me retrouve balancée dans le vide avec un cri de surprise.
J'active de nouveau Cloche-Air, pour me retrouver à la hauteur du type en quelques secondes:

- Toi... J'ai pas dit que je voulais la victoire... MAIS LE TAF!!!

Je décoche un coup de pied retourné dans la tempe du "tricheur", l'assommant net et il glisse le long de sa corde, bientôt réceptionné par le club d'escalade en dessous.
Frustrée par cet "interlude", je continue l'escalade avec mes rebonds sur l'air... lorsque mes semelles éclatent sous les explosions à répétitions! Argh! Mes pieds! J'enveloppe en urgence mes pieds du Haki de l'Armement, pour atténuer les chocs, chose que j'aurai dû faire bien plus tôt, même dès le début de l'épreuve.

J'arrive finalement au sommet, soufflant lourdement, les jambes tremblotant légèrement, épongeant la sueur perlant de mon front, réajustant bien vite mon bandana par la suite.

Je tourne la tête à gauche à droite, cherchant Anatara:

- C'est bon? Les épreuves sont terminées?
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— Bon sang, mais elle n’a pas compris le principe de l’escalade celle-là ?

_____Janice Drai, fondatrice du club des grimpeurs rouges, s’énerve en me pointant du doigt une candidate qui m’a déjà tapé dans l’œil lors de la première épreuve. Cette personne qui m’a timidement demandé si elle pouvait se passer de l’épreuve de plongée a effectivement une manière bien à elle de concourir. Là où l’on s’attendait à un étalage de techniques et de compétences, elle a littéralement court-circuité la difficulté en … bondissant dans les airs ?! Cette capacité tient presque de la sorcellerie, et on pourrait légitimement se dire qu’elle a triché. Comment fait-elle ? Au vu des grosses ondes de choc que l’on devine dans l’atmosphère, on dirait qu’elle utilise des dials, ou d’autres trucs comme ça… Et ça, c’est clairement contraire au règlement ! Ayant déjà rencontré un pirate capable de ce genre d’exploits (il m’a même fait monter sur son dos), je lui accorde le bénéfice du doute. Pour l’instant, on ne peut pas dire qu’elle a triché, mais je pense qu’il va falloir vérifier qu’elle n’a pas utilisé autre chose que son corps et le matériel qu’on lui a fourni…

— Ehhh, mais ça va pas !

_____Janice se lève soudainement, propulsant sa chaise dans le nez du journaliste qui est assis derrière elle :

— Elle l’a frappé ! Vous avez vu, vous avez vu ?!

_____Euh, oui. Là, clairement, j’ai vu. Un bon coup de pied dans la tempe, voilà qui est bien évidemment interdit… Bon sang, mais ça sert à quoi qu’on écrive un règlement si c’est pour que personne ne le respecte ? En tant qu’organisatrice et accessoirement arbitre, je me dois de prendre une décision. Suivie de près par un journaliste tout excité par ce qu’il vient de se passer, je me rends au pied du mur où gît Grégoire, membre proprement assommé de l’association de Janice… Et merde, je sens que mes relations avec le club vont en pâtir, j’espère qu’il n’a rien ! Autour de lui, ses amis lui parlent et font les premiers gestes mais apparemment, sa vie n’est pas en danger. D’ailleurs, il commence à marmonner et à donner des signes de vie.

— Eh, Grégoire ! Ça va ? J’ai combien de doigts ?
— Ah, mais lâchez-moi ! Oui, ça va, ça va, merci… Elle m’a juste attaqué par derrière alors que c’était une épreuve d’ESCALADE, elle est folle j’vous dis !

_____Il enchaîne sur toute une flopée d’insultes suivie de réflexions philosophiques sur l’art de la grimpe, et conclue que des gens comme elle ne devraient pas être autorisés à participer. Bon, bon, très bien… Ah, tiens. La voilà qui descend. Couverte de sueur, à bout de souffle, elle ne ressemble pas vraiment à la tricheuse dépeinte par notre victime, mais bel et bien à une athlète après un effort. Nos regards se croisent, et j’ai le temps de lire une lueur indescriptible dans ses yeux turquoises avant que son visage ne redevienne parfaitement banal.

— Madame !

_____D’un geste, je l’interpelle et je me rends à son niveau, immédiatement suivie par le journaliste qui se fait aussi collant qu’un chiot en manque d’affection. Et par chiot, j’exagère à peine. À peine arrivé à sa hauteur, il l’arrose de questions. Nom, prénom, âge, métier, origine… mais il est du cipher pol ou quoi ?

— Euh, tu permets ?

_____Amicalement, j’essaie d’en placer une mais il est tellement surexcité qu’il a oublié mon existence. À court de ressources, je pose fermement ma main sur son épaule et je le force à reculer pour donner de l’air à ma candidate.

— Non mais ça va pas ? tu vas pas lui demander si elle est mariée aussi tant que t’y es ?, je lui chuchote à l’oreille.
— Euh, mais c’est qu’elle ressemble à…
— Oui ben vous verrez ça entre vous. Ça peut attendre ?

_____Je suis sèche et sans appel. La discussion n’est pas permise. Il hésite, nos regards s’affrontent et il ne semble pas vouloir lâcher l’affaire. Finalement, les rouages de sa cervelle se mettent en place et il décide qu’il n’a rien à gagner à vouloir forcer les choses et qu’il aura tout le temps du monde pour poser ses questions… après.

— Madame, vous allez bien ? J’ai vu que vous avez eu un petit accrochage là-haut… Je peux savoir ce qu’il s’est passé ?

_____Bien entendu, elle me raconte toute une autre histoire que Grégoire. Apparemment, cet hypocrite n’est pas si sportif que ça puisqu’il l’aurait prise par la cheville, ce qui est non seulement interdit, mais en plus incroyablement dangereux et stupide. Venant d’un grimpeur, c’est assez affolant. Bien sûr, il n’y a qu’elle et lui pour savoir si cette histoire est vraie alors nous voilà bien avancés. Bon, commençons par régler cette histoire de dials.

— Comment faites-vous pour vous déplacer dans les airs ?

_____Ma question n’est pas désintéressée parce que j’ai vu ses chaussons exploser. Elle est pieds nus, devant moi. Je vois bien qu’elle n’utilise pas de dials. Et pourtant, la technique que je connais ne fait pas exploser les chausses, que je sache, alors comment fait-elle ? C’est quoi son fruit du démon ? Bien sûr, je ne lui pose pas la question directement, mais je suis irrésistiblement envahie par une curiosité de plus en plus déplacée.


Dernière édition par Anatara le Dim 6 Déc 2020 - 12:31, édité 1 fois
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Les esprits s'échauffent bien vite et je me rends compte que j'ai un gros soucis dans l'histoire: j'ai peut-être fait une gaffe en voulant littéralement "survoler" l'épreuve... mais en vrai, entre perdre l'épreuve de manière légale et gagner de manière injuste... la deuxième option me parait la plus abordable. Franchement, je n'ai pas envie de rater une telle occasion d'infiltrer l'expédition d'Anatara, donc je n'allai pas laisser passer la victoire.

Je croise les bras en toisant le type qui en fait des tonnes, le fusillant du regard sur la fin:

- Hoy, tu parles de moi et de ma manière pas leggit de gagner l'épreuve, mais tu te remets pas en question? T'es mauvais perdant au point d'envoyer valdinguer une concurrente et la faire s'écraser des dizaines de mètres en bas.
Je croyais que le but de l'épreuve, c'était d'arriver en haut en premier; ça change quoi que je le fasse en escaladant ou avec un autre moyen? Je vais pas me brider, juste pour suivre un règlement pas clair, parce que moi, je pratique surtout "l'escalade aérienne"!
Renseignes-toi sur les variantes de l'escalade, bichon, parce que t'es pas vraiment renseigné sur ce sport que tu affectionnes tant!


Je ricane doucement, en essayant toutes les pirouettes que je peux, pour essayer de me sortir de cette histoire... mais je dois gérer un autre soucis, que j'avais complètement négligé.
Sans doute à cause de la notoriété d'Anatara, les quelques jours de préparation de l'évènement ont suffi à rameuter pas mal de monde, mais surtout des journalistes, dont un se montre particulièrement insistant envers moi.
Reculant d'un pas devant la profusion de questions, je blêmis légèrement, lorsque je surprends l'échange à peine murmuré entre le journaliste et je bloque deux bonnes secondes... avant de rouler des yeux en jurant longuement:

- Bordel... C'était donc ça...
Ok le scribouillard, je cale un stop tout de suite; tu sors rien de nouveau là. Je sais que je ressemble à l'autre révo là, la... Kashin, c'est ça? J'avais voulu faire une pause à Logue Town il y a cinq jours et j'ai déjà passé une nuit en garde à vue, parce qu'on m'avait soupçonné d'être cette terroriste; alors steuplé, ne poursuis même pas tes questions, si c'est pour me parler de cette garce qui me pourrit la vie.
Moi c'est Yzora et je suis une simple mercenaire originaire de Las Camp, à West Blue et qui cherche du taf à gauche à droite.



C'est jouer avec le feu que d'en faire des caisses niveau explications... mais en vrai, je me dis que c'est la meilleure solution que d'en faire des caisses justement. Insister sur la mésentente et sur les "ennuis" que ça m'attire (même si cette prime m'ennuie vraiment, dans un autre sens que je veux dissimuler), c'est le meilleur moyen d'embrouiller les pistes.
Finalement, je suis mise à l'écart par la marchande, qui me demande ma version, me faisant longuement soupirer, en réajustant mon bandana:

- Hof, il y a rien à dire de particulier que ce que l'on a dit tout-à-l'heure. J'ai pris de l'avance, le type l'a pas supporté et il m'a chopé la cheville à la moindre occasion, pour m'envoyer m'écraser en bas de la falaise.

Je penche la tête sur le coté, devant la prochaine question d'Anatara... avant de sourire intérieurement: elle semble soudainement intéressée par bien autre chose que cette histoire de "triche"... Intéressant...
Je lève légèrement les mains et génère deux petites tornades dans mes paumes, avant de les condenser toutes deux en deux boules d'air comprimé.

- Mon fruit du démon me permet de générer de l'air à partir de mon corps et d'en faire un peu ce que je veux. Pour l'escalade, je générai des boules d'air sous mes pieds, pour les faire ensuite "exploser" et je me servais de l'impulsion générée, pour prendre de la hauteur et j'ai enchainé ça tout du long.
Le blème, c'est que j'ai zappé d'utiliser mon Haki et les explosions multiples ont flingué mes chaussures et j'ai utilisé le Haki qu'à la fin.
En vrai, l'autre type a eu de la chance; il m'aurait vexé d'avantage, je l'aurai expédié un kilomètre au large, avec une tornade bien placée dans le bide.
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_____Euh, attends, quoi ?! L’espace d’un instant, j’en oublie complètement la course, le journaliste, et même Janice qui débarque en réclamant la mise à mort de la personne qui a osé assommer un de ses protégés. Sérieusement ? Un fruit aussi pratique existe ? Mais… c’est exactement ce qu’il me faut ! Et, je... tu. Euh. Non, faut pas que je l’assomme de questions, en plus je viens de gronder le journaliste sur ce point. Je ne dois pas être invasive. Ça ne se fait pas, j’ai pas été éduquée comme ça. Et puis, une femme, même après avoir mangé un fruit, ça reste une femme et pas une bête de foire. Bon. Restons calmes… mais quand même ! Une myriade de possibilités s’offre à moi. La navigation ! Calm Belt ! Jusqu’où vont ses pouvoirs ? Quelles sont ses limites ? Si j’arrive à l’avoir dans mon équipage, rien ne sera impossible ! Je pourrai aller où je veux… y compris sur Red Line. Euh, d’accord. Je dis quoi ?

_____Du blanc tétraplégique de mon esprit mécanique ne ressort que des banalités, comme un automate.

— Je vois. Malheureusement, ton usage de la violence est avéré. Tu ne pourras pas participer aux autres épreuves. Tu es disqualifiée.

_____Euh, mais ça va pas du tout, ça ! Comment je vais faire pour lui dire que je suis intéressée, moi ? Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Autant y aller franco.

— Et, euh… Tu as dit que tu étais mercenaire, n’est-ce pas ? Tu cherches du travail ?

_____Quelques jours plus tard, une fois l’effervescence de la course passée et les honneurs rendus aux gagnants, je me rends avec Svinette dans la taverne du cochon pendu, où nous avons donné rendez-vous à notre recrue potentielle. À cette occasion, mon garde du corps attitré a revêtu une armure légère, histoire d’être encore plus impressionnante. Sa carrure massive, son sourire assuré et son regard professionnel devront dissuader toute tentative d’agression, et puis je ne sais pas pourquoi, mais je me sens plus en confiance avec cette femme. D’abord bourrue et discrète, elle s’est révélée au fil du temps être une personne sur qui on peut compter. Elle sait prendre des initiatives et régler des problèmes d’elle-même sans avoir besoin d’aller bêtement me demander quoi faire. En plus, elle est très sûre d’elle et elle sait se faire respecter. Dans un coin de ma tête, je note qu’il faudra que je lui donne un poste plus élevé plus tard, parce que pour l’instant il n’y a que deux échelons dans la hiérarchie de mon équipage : moi et les autres.

_____En attendant l’arrivée de l’utilisatrice du fruit du vent, qui manifestement est en retard, je me fais l’inventaire de tout ce que je vais lui demander. Déjà, il faut absolument que je connaisse les limites de ce qu’elle peut faire. Par exemple, peut-elle garantir un atterrissage en douceur sur Red Line depuis Reverse Mountain ? Ce serait vraiment génial : on économiserait une dizaine de jours d’escalade ! Bon après, on perd le côté symbolique de la chose mais finalement, ce n’est pas plus mal… Bon et puis jusque-là, je me suis surtout concentrée sur la façon dont on va monter mais pour redescendre, il va nous falloir une autre solution ! Clairement, avec le fruit du vent, les choses deviendront beaucoup plus faciles.


Dernière édition par Anatara le Ven 20 Nov 2020 - 11:07, édité 1 fois
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Je croise les bras devant le silence assourdissant de Anatara, ne sachant pas du tout ce qu'il se passe dans son esprit sur le coup... Soit il y a une floppée de questions dans son esprit et elle n'arrive plus à en poser une seule, soit elle réfléchit encore à quelque chose... Dans mon cas, je ne sais pas trop quoi dire ou faire de plus, parce qu'en vrai, je stresse pas mal, surtout avec l'histoire du journaliste. Je ne sais pas si mon bobard est passé, mais maintenant, je ne sais pas si j'ai un projecteur braqué sur moi ou pas. Je dois faire plus attention la prochaine fois, sinon je pourrai vraiment me retrouver en prison, voire pire. Mon équipage est éparpillé aux environs et je n'ai que Skela pour m'aider, en cas de combat; la couverture me semble maintenant tellement fragile...

Je grimace, lorsque je me prends un refus et une disqualification en pleine figure, de la part de la marchande; j'aurai dû m'en douter, vu la grogne que j'ai généré avec mon coup de pied tout-à-l'heure. Bon, je fais comment maintenant pour infiltrer l'expédition? C'est rageant de perdre une telle occasion, parce que je me suis emporté, mais je dois maintenant travailler de suite sur un nouveau plan et... hein?

- Euh... Ouais, j'ai besoin d'un taf pour bouger d'ici et me faire quelques berrys au passage, pourquoi cette question?

Pfiou, j'ai eu de la chance sur ce coup-là! Apparemment, mon pouvoir doit intéresser la marchande et c'est tant mieux! Vu comment a viré la conversation au mur d'escalade, je ne pense pas que ce soit ma "prouesse" à l'escalade qui ait suscité cet intérêt pour la marchande, je ne vois vraiment que ça qui puisse l'intéresser.
Me voilà donc engagée par Anatara, en tant que mercenaire... bon, je vais devoir me faire à cette couverture et à ce personnage. J'ai sorti un semblant d'intrigue, lorsque j'ai répondu au journaliste l'autre jour, donc je vais devoir faire attention à mon histoire, à partir de maintenant.

Le soir venu, j'ai pas mal hésité, avant de venir avec Skela, sous forme de chat (plutôt de chaton vu sa taille de Tontatta), sur mon épaule, ce qui a occasionné un léger retard. Autant avoir directement du soutien avec moi, si jamais je me retrouve embarquée dans l'expédition plus vite que prévu et que je pars sans pouvoir emmener la petite maudite. Elle serait livrée à elle-même sur cette île et avec son caractère ingénu, je n'ai pas envie de la laisser toute seule.

En rentrant dans la pièce, je hausse un sourcil devant une femme en armure, inconnue au bataillon pour moi. On dirait un soldat et aussi une ferrailleuse, vue l'épée à deux mains qu'elle a dans son dos.
Pour ma part, j'ai laissé Menteuse sur le bateau, avec Mibu est les autres, parce que je serai trop facilement repérable avec ce Meitou, volé à Jotunheim.

Je fais un signe de salut aux personnes présentes, avec l'index et le majeur, pour finalement venir à Anatara:

- Salut chef! Désolée d'arriver à la bourre, j'ai galéré à retrouver mon matou et je voulais pas risquer de le perdre! Vous inquiétez pas, Skela est aussi adorable que discrète et elle ne va pas vous embêter!
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— Oh le joli matou ! Il est mignon ! Franchement c’est pas rien d’avoir dompté un chat, tu m’en bouches un coin !

_____Yzora me regarde un peu surprise, ne sachant pas forcément comment elle doit prendre cette remarque.

— Eh ben, c’est que, vu comment tu réagis en compèt d’escalade, je me suis dit que tu n’étais pas une tendre quoi !

_____Je vois une lueur indescriptible briller dans ses yeux, mais elle reste impassible. Je sens que je la gêne avec mes remarques à la con.

— Nan mais c’est pas contre toi, bon, peu importe : tu veux boire quelque chose ?

_____Je laisse mon invitée choisir sa boisson, ce qui me permet de me recentrer et de me concentrer. Bon, n’y allons pas par quatre chemins. Une fois la boisson commandée, j’attaque frontalement.

— Si je t’ai fait venir ici c’est parce que j’ai envie de t’engager dans mon équipage.

_____Est-ce de la surprise ? J’étudie minutieusement sa réaction et les micromouvements qu’elle n’arrive pas à contrôler. Je sens qu’elle a de la pratique. Les gros coups de pieds, ça elle ne contrôle pas mais les petits tics elle est au niveau. Clairement ce n’est pas de la surprise : elle s’y attendait. De toute façon, elle ne serait pas venue si elle n’était pas un minimum intéressée. Bien. On veut toutes les deux la même chose. On devrait y arriver !

— Je vais pas te faire de mystères : c’est ton fruit qui m’intéresse.

_____Je laisse passer un court silence pour lui donner le temps de réagir, pour lui montrer que je la respecte et que je considère qu’elle a le droit de s’exprimer. Elle aussi me respecte, et elle me laisse la parole.

— Tu as compris que j’avais envie d’aller sur Red Line. Du coup ma question c’est… est-ce que tu peux nous faire passer par Reverse Mountain ?

_____Alors que nos commandes sont servies, je prends machinalement mon cocktail (oui, j’ai des goûts de luxe) et je lui propose de trinquer d’un geste. Je lui souris, je vois que la boisson a un peu détendu l’atmosphère. La mienne est bien colorée, dans un verre extravagant accompagné de petits morceaux de fruits. Ça me ressemble : j’aime bien essayer de nouveaux trucs ! Et franchement, je ne suis pas déçue : subtilement fruitée, la boisson fait très bien ressentir le goût de l’alcool dans un mélange détonnant qui a de quoi réveiller un danseur en fin de soirée. Bien, me voilà d’attaque ! Je veux tout savoir sur son fruit : quelles sont ses limites ? Peut-il déplacer un navire ? Peut-il nous aider à redescendre de la falaise ? Au fur et à mesure que les réponses arrivent, je lui pose de nouvelles questions, et des plans tous aussi abracadabrants les uns que les autres viennent naturellement se former dans mon esprit.



Dernière édition par Anatara le Jeu 10 Déc 2020 - 21:14, édité 1 fois
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Je souries doucement, en réponse au commentaire de la marchande sur Skela. J'avais déjà pu entendre et voir les réactions des badauds sur le chaton roux, lors de ses missions d'infiltration et d'espionnage.
Cependant, la réflexion de la rousse sur moi me fait hausser un sourcil, intriguée par cette soudaine remarque; que veut-elle dire par-là.

Je gonfle les joues en tournant la tête sur le coté:

- Hoy, j'étais grincheuse parce que ce pauvre type a voulu me buter, c'est normal, nan?
Et ouaip, j'ai pas vraiment grandi dans une île sereine, donc bon, il faut s'adapter pour survivre.


Je hausse finalement les épaules, avant de m'avancer doucement vers les boissons éparpillées devant moi:

- Hof... je vais partir sur une bière basique, merci.

Je récupère une pinte, avant de prêter attention aux propos d'Anatara, me disant que ça semble devenir bien plus sérieux d'un coup. C'est étrange de voir la demoiselle passer du coq à l'âne comme ça, mais bon, j'imagine que je vais devoir m'y faire, avec le temps.

- J'imagine que ça correspond avec le "boulot" dont vous me parliez juste après l'escalade.
Mon fruit du démon? Eh bien, dans l'idée où la première réflexion que vous m'avez faite concerne ma manière d'escalader le mur et pas le coup de pied retourné magnifiquement mis dans la tempe de l'autre enfoiré, je m'en serai douté.


Je bois une bonne gorgée de bière, poussant un long soupir songeur, avant de réfléchir aux propos de la marchande.
Reverse Moutain... Très clairement, elle a un projet ambitieux en tête, parce que c'est pas une petite colline à gravir.

- Hum... J'ai déjà pu faire accélérer mon bateau, en générant des bourrasques de vent dans la voile, mais là, avec Reverse Moutain et ses courants, je sais pas trop... Je pourrais guider la trajectoire du navire sans trop de soucis... quoi que...
Attendez... Vous voulez escalader Reverse Moutain à la main?!? C'était pour ça l'épreuve d'escalade? Je croyais que c'était juste une épreuve d'aptitude physique moi!


Jouant la surprise sur l'instant, j'étais intérieurement aussi sceptique, parce que je manquais de détails sur cette histoire...

- Bon... Essayons de récapituler, parce que je viens tout juste de débarquer là...
Donc... dans l'idéal, vous voulez faire quoi avec Reverse Moutain?
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_____Dans l’idéal, dans l’idéal… ben je. Bon je lui dis ou pas ? Je la jauge du regard et pèse rapidement le pour et le contre. Couvertes par le bruit ambiant, nous n’avons pas trop besoin de nous préoccuper des oreilles indiscrètes, mais la question c’est : je lui fais confiance ou pas ? Franchement, au stade où j’en suis, je n’ai pas grand-chose à craindre. J’ai suffisamment d’avance dans cette histoire pour ne pas avoir à redouter qu’une équipe concurrente se forme soudainement pour partir à la conquête de Red Line. Et de toute façon, c’est moi qui ai la stèle, alors de quoi j’ai peur ? Je ne sais pas, ce sont peut-être les enjeux qui me rendent méfiante, ou peut-être que c’est juste parce que je ne sais pas du tout dans quoi je m’embarque. Le seul risque, c’est qu’elle fasse partie d’un équipage pirate et qu’elle décide de me voler mon indice pour s’emparer du trésor, mais là je frise la paranoïa. Non, franchement, il n’y a pas de soucis.

— Je suis à la recherche d’un trésor, je dis en baissant d’un ton.

_____Le chat me regarde fixement, calme comme une image. C’est presque perturbant. Rapidement, je lui fais le topo de la situation : Jérôme et sa légende,  mon expédition sur l’île de Clare et ma découverte sur l’existence des Zoukous. Je ne lui parle pas de la plaquette de granite parce qu’elle va vouloir la voir et que je ne veux pas la sortir comme ça, devant tout le monde. Je lui dirai quand on sera sur place, et qu’il faudra la traduire. Je reste vague, je lui dis juste que j’ai des « indices » et des « pistes », et quand elle veut en savoir plus je lui dis qu’elle n’a qu’à rejoindre mon équipage, avec un clin d’œil et un sourire malicieux. Je me fais séductrice. Je joue sur le ton, sur l’excitation et le mystère. Je suscite sa curiosité et j'appuie sur le levier qui me semble le plus évident : l’argent. Elle est toute ouïe.

— Mais pour ça j’ai besoin de me rendre sur Red Line, je conclue avant de vider mon verre.

_____Et on n’a pas trente-six solutions : ou bien on escalade la falaise, ou bien on prend les courants ascendants de Reverse Mountain. Pour ça, il nous faudra une embarcation sacrifiable, parce que ce n'est pas raisonnable de penser qu'un bateau puisse survivre à une telle aventure. Mais surtout, il nous faut la certitude absolue d’atterrir en un seul morceau au bon endroit, et pas de se prendre une chute de mille kilomètres qui se termine au fond de l’océan. D’où le fruit du vent.

— Alors, tu penses que tu peux le faire, ou pas ?



Dernière édition par Anatara le Jeu 10 Déc 2020 - 21:17, édité 1 fois
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Ah ça, il y a des signes qui ne trompent pas dans ce genre de situation, comme lorsque ton interlocuteur tourne la tête à gauche à droite, avant de baisser le ton en se penchant vers toi. Clairement, elle va me donner des informations confidentielles et je suis toute ouïe, ne voulant pas rater un seul détail.
Un trésor? Ce n'est pas vraiment comme ça que j'imaginai les choses, mais à coté, ça conserve une certaine logique; la traque de richesses par une marchande dans le besoin.

- Euh... D'accord... Mais pourquoi faire une compétition aussi médiatisée, pour une chasse au trésor? Vous avez touché un cachet pour la publicité faite au village ou c'est juste que... vous vouliez être sûr d'avoir un gros choix de candidats?

Je me concentre sur la suite du plan énoncé par Anatara, buvant une nouvelle gorgée de bière, gardant les yeux au plafond, songeuse:

- Hum... Pour la descente, si on ramène de quoi faire des parachutes, je devrais pouvoir ralentir notre chute et nous orienter un peu partout, même si ça reste sur une distance moindre. J'ai pas une grosse connaissance de la topographie des mers environnantes et j'ignore où se trouvent les îles les plus proches, mais je vais clairement pas pouvoir couvrir l'équivalent de deux jours de bateau, avec mon pouvoir.
Vous avez pas des gens qui pourraient nous réceptionner quelque part en mer? Parce que moi, j'ai pas envie de faire tout ce taf pour me retrouver au fond de l'océan comme un crabe...
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_____Oui, bien sûr ! Il y a ce problème aussi… Je sors de mon sac une carte d’East Blue et je désigne l’Île de Clare qui se situe au croisement de Red Line et de Calm Belt, juste à l’entrée de Grand Line.

— En fait, je ne sais pas exactement où se trouvent les zoukous, mais je pense qu’ils sont dans ce coin-là.

_____Le contraire aurait été trop beau. Les zoukous peuvent se trouver n’importe où sur Red Line, mais avec les indices laissés par Jérôme, j’ai toutes les raisons de penser qu’ils vivent juste en face de l’île de Clare, ou tout du moins pas trop loin. Pour la convaincre, je lui raconte que Jérôme a écrit une lettre qui malheureusement a été brûlée depuis. Dans la lettre, il était bien question que le peuple de Jérôme se trouve juste en face de l’île, sur l’horizon qu’il venait sans cesse contempler au lever du soleil !

— Red Line est en fait un amalgame d’îles collées les unes sur les autres. Il n’y a pas besoin de faire des jours de bateau pour atteindre une île : il y en aura juste en bas ! Le problème c’est au contraire qu’il ne faut pas tomber trop loin.

_____Mon interlocutrice n’était manifestement pas au courant de ce détail topologique, alors je lui répète les informations que j’ai obtenues de Janice il y a une semaine à peine. Je lui épargne les digressions sur le One Piece, parce que même si c’est clairement une conversation qu’on peut tenir dans un bar, je veux rester professionnelle et aller à l’essentiel. Elle semble rassurée : je vois dans son regard que les engrenages s’emboîtent et qu’elle entrevoit la possibilité de la chose… bien ! Je ne suis donc pas si folle.

— Et donc, j’ai pensé à un autre truc pour monter. Reverse Mountain.

_____Alors que ses yeux s’écarquillent, je ne lui laisse pas le temps de protester :

— Oui, le courant marin qui enjambe la montagne : il n’y aura pas plus rapide pour arriver en haut ! Et puis ce serait parfait vu que c’est juste à côté.

_____Coïncidence, don du ciel ? Non, quand on y réfléchit il n’y a rien de plus logique. Les Zoukous sont sans doute un peuple qui a été fondé par des échoués, des gens qui ont tenté la traversée de Reverse Mountain mais qui se sont retrouvés propulsés sur la falaise par accident. Franchement, ce ne serait pas si surprenant, et ça expliquerait cette proximité bien pratique. Peut-être d’ailleurs qu’ils accueillent régulièrement de nouveaux arrivants ? Calmement et peu à peu, j’explique à Yzora les avantages de cette approche : d’accord, ça a l’air plus dangereux mais pas plus que d’escalader la falaise, en soi ! Un accident est si vite arrivé. Et il y aura tellement de choses à gérer : niveau temps, niveau logistique et niveau vivres, ce n’est pas la même chose. On pourra se contenter de prendre une petite embarcation munie d’une voile et paf, de la propulser dans la bonne direction une fois arrivés en haut.

— Et alors, tu n’auras qu’à utiliser le fruit du vent pour qu’on atterrisse au bon endroit !, je termine, bourrée d’optimisme.

_____Vu mon enthousiasme, si je lui avais proposé d’aller sur la Lune, elle aurait signé quand même. J’ai essayé de placer les bons arguments et de lisser les bords, mais au final c’est sur elle que reposera notre sécurité, alors si elle me dit qu’elle ne se sent pas capable de faire ça, ce n’est pas la peine d’insister.

— Alors, tu penses que tu peux le faire, ou pas ?


Dernière édition par Anatara le Jeu 10 Déc 2020 - 21:22, édité 1 fois
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Je penche la tête sur le coté, de plus en plus intriguée par cette histoire de zoukous. Le problème, c'est que je ne sais pas trop comment doser la "curiosité", vu que je semble jouer le rôle d'une mercenaire. Après, je peux peut-être obtenir des informations de manière détournée...

- Et... ces zoukous, c'est quoi au juste? C'est un groupe hostile? On doit s'attendre à se battre, d'une manière ou d'une autre?

Lorsque la marchande commence à parler de Red Line et ses environs, le chaton roux sur mon épaule saute de son perchoir, se posant sur la gauche de la carte, observant intensément la carte, même si on voit bien sa queue battre joyeusement l'air.
Sur le coup, je ne sais pas trop comment nos interlocuteurs verront la réaction de Skela, mais à coté, attraper soudainement le chaton et le remettre sur mon épaule, ça risque d'attirer inutilement l'attention.

Cependant, le fait d'en apprendre d'avantage sur la topologie du lieu arrange grandement nos affaires, ce qui me fait acquiescer d'un signe de tête souriant:

- Dans ce cas, ça devrait être plus jouable! J'espère juste que vous avez pas prévu de ramener trop de souvenirs d'en haut, parce que je vais pas non plus m'amuser à balader des morceaux de falaise lestant l'équipage, surtout si on enchaine assez vite, après notre "décollage" de départ.

En vrai, cette réserve sur l'étendue de mes pouvoirs n'est pas vraiment "jouée"; je suis clairement assez anxieuse, au sujet de ce que je pourrai faire, surtout dans les courants de Reverse Moutain. Ce ne sont pas de petites vagues et la moindre erreur pourrait nous envoyer nous fracasser sur les montagnes.
Cependant, j'ai la chance d'avoir ma navigatrice juste à coté et je compte sur elle pour me guider, même si on va devoir jouer ça assez discrètement... ou alors, autant utiliser tous les moyens disponibles...

- Hum... Si on renforce comme il faut la voile, pour qu'elle encaisse de grosse rafales de vent, je devrais pouvoir emmagasiner une grosse quantité d'air dans le sillage du navire, avant de la souffler dans les voiles, au sommet de Reverse Moutain, pour nous projeter directement par-dessus la montagne.
Après, j'aurai besoin de quelques consignes au moment de l'ascension, pour manipuler et "renforcer" les vent environnants. Je m'épuiserais inutilement, en utilisant mon pouvoir sur un courant "contraire".
Vous avez un navigateur qui pourrait me donner le sens des vents lors de la traversée?
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_____Je me crispe à l’évocation d’une potentielle hostilité. Je comprends que, du point de vue de la mercenaire, elle doit sans doute se poser ce genre de questions voire se sentir responsable de ma sécurité en quelques sortes… Mais j’avoue que cette interrogation est parfaitement légitime. Je n’ai pas retourné toutes les bibliothèques du monde mais je n’ai pas trouvé beaucoup de traces de l’existence des Zoukous. Tout ce que j’ai, c’est la lettre de Jérôme et quelques bouquins dénichés par mes hommes, dans lesquels de vagues passages évoquent potentiellement un peuple qui vivrait entre le ciel et la terre, mais franchement il n’y a pas de quoi en faire un fromage. Bref, on n’a rien, et c’est peut-être parce que les Zoukous font en sorte que leur existence reste secrète. Peut-être qu’ils chercheront à nous éliminer ou qu’ils ne nous laisseront pas repartir ! À vrai dire, ce n’est pas ce qui m’angoisse le plus. Moi, ma grande peur, c’est qu’on se rende sur place et qu’on ne trouve rien. Voire que quelqu’un se blesse au passage histoire d’en rajouter une couche. Non, je préfère ne pas trop y penser. Nos pistes sont minces et le mieux qu’on puisse faire pour l’instant c’est de tenter l’aventure. On ne sait pas tant qu’on n’a pas essayé, et si vraiment on fait chou blanc, on avisera.

— Je ne sais pas. C’est une possibilité.

_____Je la regarde bien dans les yeux pour voir si elle mesure le risque que ça implique, mais il est noyé dans tant d’autres inconnues que ça n’a pas l’air de peser sur sa conscience. Peu importe, j’enchaîne dans mes explications et je ne retiens que le mot « jouable » qu’elle a définitivement prononcé. Non, je n’ai pas rêvé, c’est bien ce qu’elle a dit ! C’est jouable. J’ai envie de sauter dans tous les sens et je suis soudainement envahie d’une impatience irrépressible. Je suis frustrée d’être coincée dans ce bar et j’ai envie de tout de suite aller chercher un bateau pour concrétiser notre plan.

— Ne t’en fais pas pour la navigation : il n’y a pas de vent à cette altitude et les courants de Reverse Mountain sont assez prévisibles. Vois ça comme des rapides : il faut juste faire attention aux rochers et aux siphons.

_____Elle hausse le sourcil et j’ai l’impression qu’elle réfrène un mouvement de panique. Euh, mince. J’espère que je ne lui ai pas fait peur. Bon, comment expliquer ça ?

— Un siphon c’est quand le courant passe sous le rocher au lieu de faire le tour. Ça arrive de temps en temps, et c’est très dangereux pour les petites embarcations parce que tu peux te retrouver coincée voire aspirée !

_____Avant que sa mine ne se décompose, je me dépêche de rajouter quelques mots rassurants :

— Mais ne t’en fais pas : Sharon, ma vigie, sera avec nous. Il a un œil hors du commun et il connait bien Reverse Mountain. En plus il est très fort en navigation.

_____Svinette hoche la tête avec un sourire et je l’encourage à intervenir. Il ne faut pas qu’elle ait l’impression de tenir la chandelle parce que c’est super désagréable quand on se sent de trop dans une conversation. Alors, d’abord timidement puis avec ses mots à elle, elle explique que Sharon parle bizarrement et qu’il est parfois difficile de le comprendre mais que quand on prend la peine de l’écouter, on trouve de belles histoires cachées dans ses phrases. Moi je ne m’en mêle pas parce que ça ne me regarde pas, mais au fond je sais que le courant passe bien entre ces deux-là. Toujours est-il que Sharon a fait pas mal d’allers-retours sur Grand Line, et qu’il a raconté quelques-unes de ses aventures à la brunette. Franchement, ça me fait plaisir de la voir s’attendrir en parlant de lui. Elle reste concise et factuelle, mais je vois qu’elle s’est détendue.

_____Mon regard se porte sur Yzora qui semble encore inquiète. Honnêtement ? Moi aussi j’ai la trouille et avec mon histoire de siphon, c’est clair qu’elle doit se demander comment se tirer de là le plus poliment possible. Bah ! Je ne peux pas la forcer à venir : si elle a peur pour sa vie, il n’y a pas de honte à l’avouer… Quoi que… je suis son regard, et j’ai l’impression qu’elle s’inquiète pour son chat.

— Ah, mais c’est vrai que tu as un chat ! Ne t’inquiète pas : je peux demander à mes hommes de la surveiller pendant notre absence ; je t’assure qu’elle ne va pas se perdre.


Dernière édition par Anatara le Jeu 10 Déc 2020 - 21:27, édité 1 fois
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Mes doigts de la main droite tapotent doucement et mécaniquement sur la table, alors que je réfléchis un temps. Je n'ai jamais entendu parler de cette tribu, civilisation, ou peuple zoukou et ce serait trop facile et rapide de simplement dire qu'ils seront hostiles à notre groupe. Je ne sais pas où ils habitent, si nous devrons beaucoup marcher, une fois arrivés sur Red Line... Erf, j'ai l'impression que plus j'en apprends, moins j'en sais...

Jouant la carte de l'ignorance, au sujet de Reverse Moutain et de ses courants (même si j'avoue ne pas trop l'avoir traversé, pour m'en faire une idée précise), je reste attentive aux moindres informations données.

- Hum... M'ouais, je comprends mieux comment j'ai pu valdinguer aussi facilement, lors de ma première traversée...
Mais là, je devrai me méfier d'avantage, surtout que je vais devoir générer et condenser énormément de vent derrière nous, pour ensuite le projeter dans notre voile, pour décoller à la crète des "rapides".
Si jamais je perds ma concentration et donc le contrôle de mes bourrasques, j'avoue ne pas savoir du tout comment ça va se terminer, parce que je pourrai tout aussi bien nous envoyer nous fracasser contre la falaise... Il va falloir que je m'entraîne, le temps de renforcer et d'étendre la voile du navire. Quitte à ce que l'on se retrouve avec une voile ressemblant à un ballon, j'aurai besoin d'insuffler un max d'air dans cette "baudruche" et il va falloir du costaud pour éviter de percer la voile.


Je gratte mon menton distraitement, ne sachant trop que penser du plan consistant à "s'envoler" avec ce bateau... mais à coté, je n'ai pas d'autre suggestion, donc autant essayer de mettre toutes les chances de notre coté.

Intriguée, j'écoute tout ce qui tourne autour de la vigie Sharon: en vrai, s'il a un langage particulier, donc possiblement difficile à suivre, ça sera compliqué de gérer tout ça... quoique...

Je hausse les épaules, en souriant:

- Oh, techniquement, si je dois me concentrer sur l'accumulation de vent dans le sillage du bateau, votre vigie et votre timonier devraient pouvoir bosser ensemble pour guider la bateau. Me concernant, j'aurai surtout besoin d'un signal, pour projeter le vent dans la voile et l'expert en courants devrait pouvoir gérer ça sans problème.
Pour le reste, je m'en remets à vous, chef!


En tout cas, malgré les appréhensions et une légère gêne, alors que je comprends bien vite que cette opération va pas mal m'isoler, je grimace bien vite, lorsque le débat dérive sur Skela et le fait que je doive possiblement la laisser ici. Alors non, clairement pas!

Je saisis doucement le chaton roux et le garde contre moi, en secouant la tête négativement:

- Nan! Ca ira, je peux la gérer sans soucis et puis bon, elle en a pas l'air, mais la petite boule de poils est habituée au bateau et elle a un meilleur pied marin que bien des matelots!
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— Nan mais ça va pas ! Elle va paniquer, prendre peur, tomber à l’eau, griffer les voiles… C’est super dangereux comme voyage ! Et même ! En admettant qu’elle arrive sur Red Line, comment tu vas faire pour la garder sur tes épaules ? Un chat, ça veut gambader, explorer courir, après les rats ! Et si elle tombait ? Et si tu la perdais ?

_____Franchement je trouve qu’il y a assez d’inconnues dans l’équation comme ça : ça suffit. Un chat, c’est beaucoup trop imprévisible : il pourrait nous mettre en danger. Pour moi, la question ne se pose même pas, mais Yzora n’en démord pas : elle ne veut pas se séparer de son chat.

— Mais… pourquoi ?

_____Je peux comprendre qu’elle y soit attachée mais ce n’est pas une raison pour la prendre partout où elle va quand même ! Et quand elle va aux toilettes, elle prend son chat, aussi, peut-être ? Malheureusement, mon interlocutrice ne cède pas d’un pouce. Elle insiste sur le fait que son chat est bien dressé et pour me le prouver, elle le fait passer d’une épaule à l’autre, lui demande de donner la patte et même de se mettre debout ! Franchement c’est incroyable, je n’avais jamais vu ça.

— Mais c’est un chat ou un chien ta bestiole ?, demande Svinette, estomaquée.

_____Yzora conclue en disant que le chat la suit partout où elle va et qu’il s’est toujours passé quelque chose de dramatique quand elle s’en est séparée. La dernière fois, elle a foutu l’appartement à sac, a défoncé la porte en faisant tomber le porte-manteau sur la clenche et s’est enfuie pour partir à sa recherche. Quand elle l’a retrouvée, elle était toute fière de son exploit et n’a pas arrêté de secouer frénétiquement la queue jusqu’à ce qu’elles rentrent chez elles. Alors Yzora n’a même pas trouvé la force de la disputer parce qu’à chaque fois, elle se mettait à ronronner et c’était trop mignon !

— Bon, d’accord mais si elle part de ton épaule, tu ne fais pas un pas de travers pour la récupérer. C’est ton problème.

_____Je me sens toute nulle en disant ça : je sais que je vais trop loin et que je me fais passer pour la méchante, une sorcière sans cœur qui donne des pommes empoisonnées à sa belle-fille, juste parce qu’il fallait un méchant dans l’histoire et que sinon il n’y avait rien à raconter. Mais si le chat s’en va et qu’elle commence à lui courir après c’est le début de la fin, et je préfère sacrifier un félin plutôt que toute mon équipe, voire une seule personne. Le calcul est d’un froid mathématique, et c’est inhumain de penser comme ça, mais c’est ma responsabilité.

_____Yzora acquiesce et me remercie : elle semble soulagée. Bon, j’espère vraiment pas qu’elle va foutre la merde, celle-là : je commence déjà à regretter ma gentillesse. Mais d’un autre côté, sa reconnaissance me rassure, je suis contente de voir qu’on est arrivé à un compromis et que je n’ai pas été si méchante que ça, finalement. Bon, oublions ce chat et passons à autre chose.

— Je suis d’accord qu’il va falloir faire des tests : hors de question de se lancer tête baissée dans un truc aussi dangereux ! Je te donne rendez-vous dans deux jours au port. En cas de soucis tu peux me joindre par den-den, j’en ai un sur mon bateau. Ça te va ?


Dernière édition par Anatara le Jeu 10 Déc 2020 - 21:31, édité 1 fois
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La discussion autour de Skela me stresse de plus en plus; c'est quoi le problème avec ce "chat"? Il paraît que l'on peut utiliser les chats pour plein de raisons sur un bateau, surtout pour la chasse aux rongeurs, donc elle devrait plutôt s'estimer chanceuse qu'on en ramène un...
Pfiou, heureusement qu'elle finit de rouspéter sur la présence ou non de ce chat à bord. De toute façon, elle ne va pas coûter grand chose en manutention ou en nourriture, vu que l'on va assez proche d'ici, sur Reverse Moutain.

- Avec mes quelques coéquipiers, c'est un des seuls souvenirs qui me restent de West Blue et je veux pas risquer de la perdre, si elle se fait bouffer aussi bêtement par un chien errant, alors que je pars en vadrouille.
Sérieux? Elle sait se débrouiller pour rester sur mon épaule, quitte à planter ses griffes dedans. Au pire, je lui dirai de se planquer dans la cale et elle va le faire, pour éviter d'être bazardée par une vague ou par la rafale de vent que je balancerai dans les voiles.


Bon, au final, cette histoire est réglée et on peut se concentrer sur le bateau, me faisant hausser un sourcil, en penchant la tête sur le coté:

- Euh... Ce serait pas mieux que je reste avec vous, pour aider comme je peux? Ne serait-ce que pour tester les voiles renforcées avec quelques bourrasques d'air? De toute façon, je vais devoir m'entraîner pas mal, pour générer et maintenir suffisamment d'air pour faire décoller une embarcation. Donc autant que je maintienne la "mécanique en état", en m'entraînant sur les voiles, pour les tester.
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— Euh, ben… fais comme tu veux. Le truc c’est qu’on n’a pas encore le bateau donc on ne pourra pas faire de test tout de suite si tu veux…

_____Devant son air un peu confus, je m’empresse de préciser que La Pyrphidée, c’est un gros Galion qui peut aller sur Reverse Mountain, certes, mais que je n’ai pas l’intention d’envoyer faire un saut en plein sur les falaises ! Parce que je l’ai payé une petite fortune, mine de rien, et c’est hors de question que je prenne le risque de l’abîmer. Alors on va « emprunter » une barque, un radeau, je sais pas, moi, mais pas La Pyrphidée. Ce sera le strict minimum : juste de quoi placer six personnes et supporter le poids d’un petit mât histoire qu’on puisse y mettre une voile.

— Du coup ce n’est pas que je ne veux pas de toi mais pour l’instant je dois juste me débrouiller pour trouver un bateau, du coup tu n’as pas besoin de me suivre.

_____Comme nous avons fini nos verres depuis belle lurette, j’essaie désespérément d’attirer l’attention du serveur mais rien à faire : il est toujours occupé ailleurs. Bon, on ne va pas rester ici toute la journée :

— On y va ?, je propose avec le ton qui va avec.

_____Je me lève calmement et je me dirige vers le comptoir pour payer l’addition. Cela fait, je vérifie d’un coup d’œil que les deux filles ne se sont pas perdues et je sors, contente de respirer enfin de l’air frais. Aventure : nous voilà ! Bon, comment je vais faire pour me trouver un bateau, moi ? Étant donné l’usage qu’on veut en faire, une simple barque fera parfaitement l’affaire. On sera le premier groupe à partir à l’assaut de Reverse Mountain en barque ! Quoi que, je suis sûre que d’autres personnes l’ont fait avant nous… peu importe. Même si la célébrité ne me laisse pas indifférente, au final ce n’est pas ça qui m’intéresse. L’argent ? Oui, en effet, mais l’aventure ! Les perspectives ne sont-elles pas merveilleuses ?

— J’ai repéré quelqu’un qui vend des voiles, au marché, me dit soudainement Svinette.
— Ah ouais ?

_____J’avoue que je n’avais pas fait attention. Le marché n’est pas particulièrement grand, même ramené à la taille toute relative de l’île. Par contre il s’étend sur cinq ou six étages, et comme je ne vis pas ici, je ne sais pas vraiment quel étage est lié à quoi. Du coup c’est très possible que j’ai complètement raté des trucs, surtout que je ne cherchais pas particulièrement des voiles. Bon, je suppose qu’il n’y a pas trente-six fabricants de voile, dans cette ville.

— Allons-y.

_____Avant de partir, je me retourne vers Yzora pour savoir ce qu’elle va faire. Clairement, elle n’a pas spécialement envie de me suivre comme un toutou pendant que je vais faire mes emplettes. Et d’ailleurs c’est réciproque : même si elle serait pratique pour porter mes paquets ou pour discuter technique, genre « à ton avis, on prend plutôt ça ou ça ? », je pense que ce serait gênant.

— Tu n’es pas obligée de venir, tu sais ?


Dernière édition par Anatara le Jeu 10 Déc 2020 - 21:40, édité 1 fois
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