Un arnaqueur et un médecin ? Une affaire qui marche [PV Edward][Terminé]

"Tu as bien morflé, tu devrais peut-être prendre un match de repos le temps de récupérer."

"N'importe quoi Doc', je peux encore me battre ! T'es payé juste pour me maintenir à flot pour que je puisse cogner du réganat alors contente toi de faire ça !"

Je me mordais la lèvre. L'envie de le corriger sur le bon emploi du mot "renégat" et pas "réganat" me titillait, mais je parvenais à ne rien dire malgré l'envie de lui refaire le portrait. Contre fortune bon cœur comme on dit.  Depuis que j'étais arrivé à Rokade, j'avais dû faire profil bas le temps de me faire un début de nom sur l'île. Là où avant, les gens s'inclinaient devant moi à cause de mon rang social et de mon métier, ici les gens avaient tendance à me provoquer davantage que de me respecter. Il était évident que, au début, il fallait se faire tout petit et ramasser les berries là où c'était possible, pour commencer à monter mon affaire. L'île était parsemé de pirate minables mais aussi de certains d'entre eux bien plus forts que moi, et c'était surtout de ces derniers dont je me méfiais. Pour l'instant, je n'étais vu que comme un docteur et ne représentais une menace pour personne. Ma jauge de crédibilité devait oscillé entre le suffisamment ferme pour ne pas que l'on tente de me rouler, et rester calme pour ne pas attirer l'attention des gros poissons.

Mon objectif sur cette île était de commencer à me faire un nom dans la médecine. J'explorais plusieurs pistes à l'heure actuelle, mais comme tout beau projet, vient la question du financement. Le fait d'être partie à la va-vite de mon île natale m'avait mis face à ma principale faiblesse actuellement : le manque d'argent. C'était la première fois que cela m'arrivait, quand j'étais chez mes parents, l'argent n'était même un problème et je pouvais dépenser sans compter. Mais la principale raison à mon départ, était qu'au moins seul, je n'avais de compte à rendre à personne. Et encore seul, j'avais Istos avec moi désormais. Je trouverai un moyen de vaincre la mort seul s'il le faut, de toute façon ce n'est pas exactement comme si je pouvais compter sur qui que ce soit appart le biomécanicien. Mais bref, revenons à notre mouton qui est en train de forcer comme un idiot sur son corps déjà meurtri de mille blessures.

"Fais comme tu veux, mais si ton épaule se démet, tu vas passer un sale quart d'heure et adieu les berries ..."

Je descendais  du ring improvisé dressé par les pirates en soupirant. Pourquoi avais-je accepté de m'occuper du "grand" Rock Ibaleboa ? Cet homme avait deux de QI et utilisait ses neurones restantes pour se battre avec toute une tripotée de pirates de bas étage pour se faire de l'argent. C'était son idée d'installer un écriteau sommaire avec ses sbires. On pouvait y lire "Affronter Rock, miser 2 000 berries, si vous gagnez c'est 10 000 berries !". On ne pouvait que comprendre le second du navire, Mike Higoldmil qui avait insisté pour que je m'occupe de lui entre chaque combat. A l'heure actuelle, le "grand" Rock ressemblait à une aubergine tellement il avait pris de sale coup. Mais ils avaient besoin de berries pour réparer leur bateau et pour repartir en mer.  Là où Mike a été fort, c'est qu'il a fait prospecter ses sbires dans des endroits fréquentés uniquement par des pirates de bas étage afin d'éviter de tomber sur un pirate capable d'envoyer Rock au tapis.

Je jetais un œil curieux sur le prochain adversaire, une sorte de jeune punk alcoolisé qui voulait visiblement finir le travail. J'étais payé au nombre d'intervention donc finalement, autant laissé le capitaine du navire prendre quelques coups pour continuer d'intervenir.  Déjà, j'avais réussi à gagner ma soirée avec mon nombre d'intervention. Mais tant que Rock gagne et qu'il veut combattre, j'imagine que je peux encore me faire un certain pécule. Plus j'ai d'argent avec moi, plus vite mes recherches vont avancer pour l'étape suivante de mon plan de recherche. L'idéal dans mon cas, c'est de placer cet argent dans une de mes recherches qui peut me rapporter gros.  Mais reprenons là où nous en étions. Le "grand" Ibaleboa vient d'enchainer les coups de poings dans la tronche de son adversaire puis hurle un grand coup avant de continuer à l'attaquer du gauche. Bon, cela fait un de moins et une intervention de plus pour moi. Ce nigaud a dû encore se déboiter l'épaule à force de taper. Ce n'est même plus un combattant, c'est une épave que je dois maintenir à flot. En remontant sur le ring, je lui remboite l'épaule et le couvre de bandage pour le faire tenir encore un peu debout. Il va falloir que ce combat s'arrête tôt ou tard, sinon je vais me retrouver perdant à percevoir un salaire négatif à cause des bandages ... Je regarde la foule qui attend son tour et ajoute d'une voix enjouée.

"Ben alors les gars, y en a aucun qui est capable de voler la vedette à ce cadavre ambulant ? Franchement, vous me décevez ..."

Des paroles vexantes, et une pointe d'arrogance pour galvaniser une foule, voilà de quoi les motiver à venir tenter de vaincre ce capitaine de pacotille. Je repris ma place dans le coin de Rock, attendant qu'un pirate ose affronter le boxeur. S'il le bat tant mieux, ce sera la fin du partenariat et j'aurais mes berries, s'il ne le bat pas j'aurais encore plus de berries. Le rêve dans une affaire après tout, c'est que tout le monde soit content.

Après ma petite diatribe motivante, un nouveau combattant s'approche pour tenter sa chance. Il ne paye pas de mine mais vu l'état de Rock, je pense qu'il a toutes ses chances. Je vois son ami qui commençait à prendre les paris sur son compagnon de voyage. Vu la différence de gabarit, il y a des chances qu'il l'emporte. Cependant si on se fie à son corps mince, j'aurais tendance à imaginer une issue défavorable. Je regarde l'homme stressé en train de monter sur le ring et je jette un coup d'œil à la table des paris. La côte de Rock qui montait en flèche au vue de son état vient de baisser drastiquement, pour dix berries misés, on empochait seulement deux berries. A l'inverse la côte du challenger qui était basse au vue de l'état d'Ibalboa était monté en flèche. Pour dix berries misés, vingt étaient embauchés en cas de victoire du challenger. Bon en même temps, sans connaître le niveau des deux participants il m'était difficile de pronostiquer une quelconque issue à ce combat.

Le combat commençait et dans un premier temps le challenger a servi de punchingball. Mais il y avait quelque chose de bizarre. On aurait dit qu'il hésitait ou qu'il attendait quelque chose. Je ne comprenais pas à quoi il jouait. Était ce un masochiste en puissance venu obtenir sa dose de douleur pour la semaine ? Ou bien était-ce autre chose ... ? Je jetais un coup d'œil du côté de son ami, me demandant s'il allait pas essayé d'encourager son camarade qui semblait dans le mal. Mais ce dernier était occupé à continuer de parier sur le pied-tendre. Il regardait le match au moins ? Ou bien est ce qu'il avait des raisons de croire que le challenger avait ses chances ? A moins qu'il n'y ait une autre raison à cela. Et voilà que je venais de comprendre leurs manigances, c'était trop évident. Sa garde était parfaite et il avait le temps de parer les coups bien avant qu'ils n'arrivent sur lui. Quant aux coups qu'il encaissait, il prenait soin de ne pas se faire toucher dans les zones de K.O. C'était très intelligent de sa part. Je me pris donc à faire venir le bookmaker et a parier la solde que me devait Rock sur le nouveau venu. Il fût étonné de mon choix mais accepta avec l'impression de m'avoir arnaqué. Et bien mon ami, regarde la fin du combat et nous verrons qui a arnaqué qui.

La suite ne se fit pas priée, un coup "accidentel" suivi d'un autre bien placé et Rock s'écroula devant l'incompréhension générale. Parfait, mon intuition ne m'avait pas trompé sur ce coup. Et je devais remercier ce cher Pirate qui venait de me faire doubler voir triplé ma solde. Alors que j'étais en train de compter les berries que je venais de gagner, un membre de l'équipage de Rock me héla avec force.

"Hey Doc ! Venez vite, le capitaine est vraiment mal là !"

"Oui c'est vrai, il ne m'a pas écouté, tant pis pour lui"

"Hé tu vas pas le laisser comme ça ! On t'a payé quand même !"

"Effectivement, mais comme l'a si bien souligné ton capitaine avant de se faire mettre K.O, notre accord stipule que, je cite "T'es payé juste pour me maintenir à flot pour que je puisse cogner du réganat". Il n'est plus en état de combattre, donc je n'ai plus à le soigner. Portez vous bien Messieurs !"

Je tournais les talons, comptant les gains que j'avais récupéré grâce au mystérieux pirate. Lui aussi s'en était mis plein les poches sans doute à miser sur lui même. Il fallait le reconnaître cet homme était vraiment ingénieux pour se faire de l'argent facilement. Je suis encore nouveau dans le coin et je suis loin de connaître toutes les ficelles de l'arnaque pour m'en mettre plein les poches. Tiens d'ailleurs, je le vois en train de s'éloigner avec son ami. Je ne sais pas s'il sera disposé à partager ses secrets pour gagner facilement de l'argent, mais qui ne tente rien n'a rien après tout. Je me rapproche d'eux jusqu'à être à deux mètres, puis je me met à applaudir pour attirer leurs attentions. Une fois ceci fait, j'ajoute en continuant d'applaudir de façon diligente faisant un léger "gling" particulier. Mince, il va vraiment falloir que je m'habitue à cette prothèse.

"Et bien, et bien, quelle jolie spectacle vous nous avez offert là ! Si votre ami n'avait pas misé pour vous, je pense que je n'y aurais vu que du feu. Félicitations, vous m'avez bluffé."

Je marquais une courte pause, inspectant l'homme aux yeux rouges. Je n'avais pas fais vraiment attention sur le ring, mais il apparaissait qu'il était du même bois que moi au niveau corporel. Des corps agiles et rapides pour palier notre manque de puissance/résistance.  Il valait mieux ne pas le sous-estimer pour le coup. C'est alors que je me suis rendu compte que j'avais laissé un blanc et peut être ses gentlemen se demandaient-ils ce que je voulais. J'inclinais légèrement la tête en signe de salutation et j'ajoutais d'un air décontracté.

"Je ne me suis même pas présenté, je suis Klaus, mais appelez moi Doc, il n'y a rien que je ne puisse soigner si ce n'est la mort mais j'y travaille" Petit sourire pour accompagné ce trait d'humour. "Je vois que vous avez une capacité des plus remarquables à vous remplir les poches. Si vous avez d'autres passe-temps du même acabit qui me permettrait de remplir les miennes, je suis tout ouïe."

L'argent est ce qui dirige le monde non ? Il n'y a pas de mal à demander des conseils quand on débute dans un monde d'arnaque et de violence.

J'analysais chacune de ses paroles, c'était un vrai professionnel de la rhétorique, si je n'étais pas à ce point à faire une fixette sur l'argent il aurait pu me perdre. D'abord, il me donnait une leçon d'arnaque des plus intéressantes : Tout dans la subtilité rien de suspect. Un discours contradictoire vis à vis de sa plaidoirie d'innocence. Encore une fois, j'aurais pu me faire avoir si j'avais relâché mon attention un quart de seconde, il faut dire que je dois avoir affaire à un spécialiste du mensonge. Puis vint la question la plus étrange qui soit. Qu'est ce qui peut me dire dire qu'il peut me faire confiance ? Oh c'est une question existentielle, qu'est ce qui peut faire en sorte que l'on croit un autre pirate ? Je pourrais donner mille et une raison ! Mais sa proposition éveilla ma curiosité. Un partage en 33% pour 3 personnes me semblaient intéressant. Nous étions trois après tout, la découpe me semblait pas mal. Cependant dans ses paroles, il essayait de m'entourlouper et ça se ressentait fortement. J'eus un petit rire des suites de ces paroles avant d'ajouter.

"Comment savoir si tu peux me faire confiance ? Peut être parce que je suis tout à fait capable d'accepter d'être payé après le boulot. Qu'est ce qui me fait croire que vous n'allez pas vous enfuir après l'opération ? Rien de tout cela, mais peu importe. Là où il y a de l'argent à se faire je marche."

Je marquais une courte pause lui laissant bien le temps d'assimiler mes paroles. Je n'étais pas sot au point de croire que les deux complices étaient forcément de bonne foi. Bien au contraire. Je ne leur faisais pas confiance, mais je me disais que pour un intérêt commun, les berries, nous pourrions nous entendre au moins le temps de ce qu'il prévoyait. Bien, maintenant que les choses étaient remises dans leurs contextes, je pouvais enchainer par la suite.

" Trente trois pourcent de la somme globale récoltée me semble correcte, cependant j'attend de voir combien d'argent cela représente. Si je suis venu vous parler, c'est pour viser plus haut que de jouer les médecins de ring. J'espère donc ne pas perdre mon temps. Combien visez vous pour cette mission ?"

Je n'étais pas du genre à accepter une mission sous payé juste pour le plaisir de contredire mon interlocuteur. J'avais besoin d'argent c'est vrai pour qu'Istos et moi puissions continuer notre entreprise, mais il était hors de question que j'accepte une mission dites "dangereuses" juste pour une poignée de berries. Maintenant que j'avais mon bras-canon, je me sentais assez fort pour accepter des missions dangereuses, mais tout de même, ne dit on pas que plus l'action est risquée, plus le jeu doit en valoir la chandelle ? D'ailleurs après avoir parlé argent, je devrais peut être savoir qui nous allons dépouillé, histoire de voir si je veux vraiment en être ou pas. Mais je me doute qu'il ne me donnera pas les détails de peur de se faire "balancer". Je vais plutôt reformuler ma question et essayer d'aiguiser mon sens de la déduction.

"Quant aux dangers, à quoi dois-je m'attendre ?"

Une question toute bête, mais qui me permettrait de savoir à quel niveau se situe les deux pirates. Est ce que ce sont des pirates de pacotille à la recherche d'un coup d'opportunité, ou bien était ce des vrais cerveaux capables d'organiser une action construite avec un gain considérable ? Cet homme semble être assez doué pour se faire de l'argent rapidement, j'espère que ses réponses ne me décevrons pas. Du moins, s'il me répond ...

Ces deux hommes étaient vraiment louches à dire vrai. Mais après tout, pour se faire de l'argent facilement, j'ai rarement vu des hommes dignes de confiance. C'est ce que je me disais, mais après tout, maintenant que j'avais été équipé comme un cyborg, je me sentais beaucoup plus confiant vis à vis de mes capacités. J'étais de toute façon apte à faire payer les mauvais payeurs. Je me gardais bien pour l'instant de leur montrer ma main robotique. Elle était bien caché par mes manches longues d'une part, et par ma paire de gant blanche. A la limite, s'ils avaient été des personnes dotées d'une capacité auditive hors du commun, peut être auraient ils entendu un léger cliquetis. Cependant, cela pouvait très bien être mes karambits qui s'entrechoquent dans mon revers de veste.  S'il avait ses secrets, j'avais les miens, cela pourrait peut être m'aider à récupérer mon dû une fois la mission finie.  J'avais déjà fait une fois l'erreur de faire confiance à un pirate pour un paiement, j'en ai perdu mon avant bras gauche. Edward, attend toi à ce que je devienne le pire salopard de la terre si je n'ai pas mon dû à la fin de cette mission. Pour l'instant, il n'y avait pas de raison de ne pas être courtois.

Ils semblaient vouloir discuter dans une taverne délabrée. Quel cliché ! Le groupe de pirates qui discute de son prochain coup dans une taverne miteuse, accompagné de pinte de bière et de victuailles peu digestes. Il ne manquerait plus que les têtes balafrées accoudées au comptoir qui nous regarde avec des gueules patibulaires mais presque.  Non heureusement, il y avait tout de même un peu d'ambiance et de bons minois dans cette taverne. Quant aux pirates patibulaires, au lieu de nous accueillir avec un regard noir, ils étaient trop occupés à reluquer la serveuse qui ceci dit avait quelque chose d'étrange. Je ne saurais dire quoi à dire vrai. Mais quelque chose semblait clocher. Je vis mes deux camarades d'infortunes prendre une cuisse de volaille et des frites, et bien soit, je vais prendre la même chose. Alors que je m'attendais à enfin rentrer dans le vif du sujet, le dénommé "Edward" venait encore une fois essayer de noyer le poisson en me demandant d'où je venais.  Je soupirais en secouant la tête lentement avant d'ajouter.

"Bien que j'admire cette capacité à noyer le poisson qui est la vôtre, je trouve cela presque insultant à dire vrai votre façon d'éluder mes questions."

Certes, en répondant à cela j'avais éludé sa question, mais le but était avant tout de lui faire comprendre que je ne souhaitais pas entrer dans des discussions très personnelles. Bien au contraire en réalité, moins ils en savaient sur moi, mieux c'était pour moi. J'aurais pu leur retourner la question mais en réalité, cela m'importait peu. Je pense qu'ils ne seront que des acolytes pour un one-shot et après tout le monde rentrera chez soi et on ne se recroisera peut être jamais. Du moins, c'est l'impression qu'ils me donnent à l'heure actuelle. Pour éviter de me retrouver l'objet de la même remarque que je viens de leur faire, je pris sur moi pour en dévoiler un peu plus sur ma vie.

"Si cela vous intéresse vraiment, je suis originaire de South Blue, je suis docteur et je suis prêt à vous suivre dans votre affaire car j'ai besoin d'argent pour lancer des projets personnels. Bien maintenant que les présentations sont faites, on peut entrer dans le vif du sujet ? Ou vous souhaitez que nous nous échangions nos photos de famille et racontions des anecdotes rigolotes pour perdre davantage de temps ?"

Bien, j'en avais suffisamment dit pour montrer que j'étais de bonne foi, maintenant je n'allais pas étaler ma vie devant lui non plus. Non seulement je n'en avais pas envie, mais en plus cela ne leur serait d'aucune utilité. J'étais davantage intéressé par la suite de cette discussion plutôt que par une histoire à dormir debout sur comment Jim et Edward se sont rencontrés. Alors que le plat arrivait, un silence suspect s'installa entre nous. Il aurait été difficile d'ouvrir la bouche avec une serveuse à côté qui écoutait nos paroles. Une fois celle-ci éloignée, j'ajoutais d'un ton plus sérieux.

"En quoi consiste cette mission ?"

La tension était montée d'un cran semble t'il. Sous le coup de la colère, l'homme impatient venait de révéler un peu plus de son plan. La cible était un notable de Rokade. Je les ai peut être sous-estimé, moi qui m'attendait à tomber sur des détrousseurs d'entrepôt ou des assassins à la sauvette. Je pense m'être trompé sur leurs comptes. Il est vrai qu'ils ne payaient pas de mine mais c'est bien là leurs forces, à sous-estimer ses adversaires, on en paye le prix. Je n'aurais peut être pas dû m'emballer. Mais en même temps, il est vrai que j'aurais préféré que l'on rentre dans le vif du sujet dès le début au lieu de cette mascarade. Au moins je savais maintenant que je n'avais pas affaire à des amateurs. Tant mieux, qui dit gros risques dit gros gains. Je m'apprêtais à rebondir sur mon côté "random" mais Jim cassa mon élan en expliquant son  histoire ce qui stoppa mon envie de dire les quatre vérités à cet arnaqueur. Bon, c'est vrai qu'il ne servait à rien de s'énerver contre lui, d'autant que ce qu'il préparait m'intéresser fortement.  

Et puis, après l'intervention de Jim, Edward me lança à nouveau une bribe d'information. Cette fois, il était question d'un meito, une arme légendaire pour sa qualité et son tranchant inégalé. Ce sont des armes qui valent très chères et qui sont très convoitées par de nombreux pirates pour leur durabilité. Cependant, nombre d'entre elles étaient aux mains de terribles bretteurs, et le fait seulement de les battre permettait l'obtention de ces dernières. Je me disais que cela devait valoir le coup d'en revendre une, mais je me doutais d'après les dire de Jim que Edward voulait garder la lame pour lui. Je ne savais pas vraiment et je m'en fichais à dire vrai, ce qui compte pour le moment c'est de savoir combien je vais me mettre dans les poches.  Et pour ça, il pouvait bien faire ce qu'il veut avec ce sabre. Je finissais mon assiette et je payais ma part. Le post-repas fût silencieux. J'analysais chaque cas possible. S'attaquer à un notable ici, c'était chercher à se faire mettre un contrat sur la tête par la pègre. Mais suivant combien on allait se mettre dans les poches, c'était un risque bon à prendre.

Une fois sorti, le prénommé Edward pris enfin la parole. Je pensais qu'il était en train de bouder mais il avait fini par sortir de son mutisme pour me demander où est ce qu'on pourrait parler dans un endroit calme. Il n'y en avait pas trente six mille dans le coin. J'aurais préféré ne pas montrer où je me planquais, mais la récompense avait l'air d'en valoir la chandelle. Je fini par sortir de mon silence en ajoutant.

"Par ici."

Nous prîmes une route sur la gauche, puis deux sur la droite, nous fîmes même un détour pour s'assurer que nous n'étions pas suivi. Puis au niveau d'une grotte, il y avait une issue dérobée au niveau d'un buisson et j'empruntais donc ce passage suivi de mes deux acolytes. Cela descendait à 45° et il ne fallait pas être trop grand pour passer dans ce repère de fortune. Mais une fois en bas, une grande salle s'offrait à nous. Une salle carrée avec une grande table au milieu, remplie de papiers en tout genre, deux futons, deux chaises et une sorte d'atelier robotique où Istos étaient en train de serrer quelques boulons. En me voyant arriver avec deux autres personnes, il saisit son marteau de guerre et me regardait. Sa peau mate et l'obscurité lui donnait vraiment un air démoniaque avec son arme-outil. Je l'apaisais d'un geste et ajoutais à son encontre

"Du calme Istos, ces gentlemen ont un plan pour qu'on se fasse un maximum d'argent. Je te présente Edward et Jim."

Puis je me tournais vers mes deux acolytes en ajoutant.

"Je vous présente Istos, c'est mon bras droit. J'ai une confiance absolue en lui, vous pouvez parler librement en sa présence. Si j'ai bien compris, votre cible est un notable de Rokade et ce qui vous intéresse c'est un meitou. Cela nous intéresse. Je suis désolé de vous avoir sous-estimé tout à l'heure, je m'attendais à un plus maigre larcin. Je suppose que vous avez déjà pensé à un plan."

Istos s'approchait pour nous écouter, posant le bout de son marteau à ses pieds mais guettant la moindre réaction suspecte des deux étrangers. Quant à moi je m'adossais sur la table regardant les deux arnaqueurs et leurs présentant une chaise chacun. J'attendais d'en apprendre davantage sur la teneur de la mission avant d'accepter ou de réfuter, mais pour le coup, on peut le dire, ils ont attirés mon attention.

En un instant, l'arnaqueur disparu avant de réapparaitre sur sa chaise. Je n'ai pas bien compris ce qu'il s'est passé, mes yeux pourtant vigilants n'ont pas réussi à suivre son mouvement ultra rapide qui sonnait comme un avertissement. Il n'avait pas dû aimer l'accueil qu'Istos lui a fait avec la masse de guerre. Ou bien est ce une contrariété qu'une personne de plus soit au courant de son plan top secret ? Je ne sais pas. Le fait est qu'il se sent menacé pour devoir à ce point jouer des épaules.  Bon, au moins j'espère que ce sentiment de menace fera en sorte qu'il ne pense pas à nous rouler. De toute façon, je pense que je demanderais à Bapum ou Monti de se tenir prêt à saboter leurs fuites s'ils essayaient de nous filer à l'anglaise en nous abandonnant sur Rokade. J'avais fais le malheur de croire une fois un pirate sur parole, on ne m'y reprendra pas. La confiance n'exclue pas le contrôle après tout non ?  Surtout que là, même si Jim me semblait sympathique, le caractère fier d'Edward m'énervait au plus haut point. Je devais tout de même mettre de l'eau dans mon vin. Après tout, s'il est bon dans ce qu'il fait et qu'il peut me permettre de me faire des millions de berries, ça vaut le coup de prendre le risque non ?

J'écoutais donc son plan avec intérêt notant dans un coin de ma tête chaque information. D'accord, alors il souhaitait acquérir un meitou dans une semaine sur l'île. Ce qui me fit tiquer un peu plus, c'est la personne que l'on va voler.  En fait, c'était le "Monsieur sécurité" de l'île, celui qui était chargé de faire régner l'ordre en l'absence de Clotho, et qui détenait tout un arsenal de munitions et d'armes. J'avais eu très peu d'écho sur lui, mais je savais que s'il arrivait à faire en sorte que l'île ne deviennent pas un champ de bataille géant,  c'est qu'il devait être fort.  Surtout que ce n'était pas pour me vanter ou autre, mais j'estimais que j'étais déjà particulièrement fort, mais que jamais je n'arriverais à tenir un repère de pirate aussi vaste. J'écoutais la suite du plan. Il m'expliquait que moi et Istos, nous jouerons le rôle de membres de marteaux. Je ne sais pas exactement ce que cela signifie, mais au vue du regard plein de conviction d'Istos, je me disais qu'il pourrait me renseigner plus tard.  Notre tâche était des plus simples au final, et je profitais donc de cette occasion pour ajouter d'une voix calme.

"On pourra toujours faire des fausses mallettes en préparation et mettre des objets pour l'alourdir, ça fera diversion, pour un temps du moins. Faire un échange, c'est dans nos cordes."

Puis il nous parlait des risques encourus, nous rappelant l'importance de notre cible. C'était prévenant de sa part, mais honnêtement pour plus de 3 millions de berries, j'aurais pu faire ça au nez et à la barbe d'un supernova. Et puis de toute façon, cela faisait bien nos affaires,  nous devions quitter cette île prochainement car Istos est toujours recherché par la secte d'adorateur des robots. Je voyais en ce plan une occasion idéale pour filer à l'anglaise et repartir chacun de notre côté. Du moins j'espérais que les choses se passeraient ainsi, après tout, nous ne sommes pas obligés de nous étriper après un coup pareil. De toute façon, l'argent serait à nos côtés, donc même s'il se faisait la malle avec son meito, on aurait toujours 10 millions pour accuser le coup. Ce serait l'occasion de faire une pierre deux coups tiens. Et si je le roulais en premier ? Non, il ne faut pas être trop gourmand dans la vie. Son mouvement grande vitesse de tout à l'heure restait quand même dans un coin de ma tête. Je ne connaissais pas son niveau de combat, il n'a sans doute pas montré tout son talent contre Rock. Et puis, maintenant qu'il savait pour la planque, cela demanderait trop d'effort de tout déménager pour requitter l'île après. Surtout que même si Edward me semble antipathique au possible, Jim a l'air d'être un bon gars et ça m'ennuierais de le rouler. Après quelques instants de réflexion j'ajoutais.

"Bien, dans ce cas c'est entendu. Nous nous retrouverons donc dans une semaine ici ou à l'auberge comme vous voulez pour les préparatifs. Nous nous chargerons de la préparation des fausses mallettes si besoin et de la location du bateau qui nous fera sortir de l'île. Nous avons pas mal de choses à faire monter à bord avant le grand départ. J'ai également deux sbires qui se mettront en appui feu si les choses tournent mal. Ils ne sauront rien de l'histoire, ils auront juste pour consigne de nous aider à nous enfuir si vous n'arrivez pas à convaincre Tomé."

Nous avons donc préparé l'opération "arnaque le gros poisson" dans cette cave pourrie à l'abri des regards. Il n'y avait plus grand chose à dire donc nos deux invités ont pu repartir de notre repère et je voyais Istos commençait à soupirer. Je savais très bien ce qu'il allait me dire, mais je ne lui en laissais pas le temps pour cela. D'un air affirmé et serein j'ajoutais tranquillement.

"Ne fais pas cette tête là mon ami, de gros bénéfices impliquent de gros risques. Mais trêve de bavardage ! Commençons à chercher un transporteur digne de confiance. On appellera ensuite Bapum et Monti pour le déménagement de tout notre matériel. Je te le dis, ça va être soit un premier grand coup dont on se souviendra longtemps, soit la plus grosse erreur de notre courte vie de pirates."