Nemo
• Pseudonyme : Nemo
• Age : 27
• Sexe : Femme
• Race : Humaine
• Métier : Ingénieure navale
• Groupe : Révolutionnaire
• Age : 27
• Sexe : Femme
• Race : Humaine
• Métier : Ingénieure navale
• Groupe : Révolutionnaire
• Buts :
- Rencontrer la personne la plus forte du monde, lui demander de lui apprendre à devenir aussi badass qu'elle, et la battre au bras de fer
- Trouver Ernest Kotty Hambourse sur Water Seven pour qu'il l'aide à devenir une grande ingénieure navale
- Retrouver le vieux monsieur barbu qui lui a permis de s'enfuir de Tequila Wolf, pour le remercier
- Couler tous les navires du GM, soit en intégrant les scientifiques de la marine et en faisant de la merde, soit en construisant un bateau tellement badass qu'ils pourront rien faire contre !
- Devenir super badass, pour que les p'tits bourgeois tremblent en entendant son nom
- et faire une liste de tout ce qu'elle a à faire...
• Équipement :
- Un masque pour protéger son visage
- Une combinaison épaisse capable d'amortir les chocs (mais pas d'arrêter les balles, c'est pas une armure kwa)
- Des outils pour charpenter !
• Parrain : Jian Feng si c'est possible, parce que c'est clairement lui qui m'a ramenée :c Sinon, personne
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Non
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? Aucun, chui une thug !
Codes du règlement :
- Rencontrer la personne la plus forte du monde, lui demander de lui apprendre à devenir aussi badass qu'elle, et la battre au bras de fer
- Trouver Ernest Kotty Hambourse sur Water Seven pour qu'il l'aide à devenir une grande ingénieure navale
- Retrouver le vieux monsieur barbu qui lui a permis de s'enfuir de Tequila Wolf, pour le remercier
- Couler tous les navires du GM, soit en intégrant les scientifiques de la marine et en faisant de la merde, soit en construisant un bateau tellement badass qu'ils pourront rien faire contre !
- Devenir super badass, pour que les p'tits bourgeois tremblent en entendant son nom
- et faire une liste de tout ce qu'elle a à faire...
• Équipement :
- Un masque pour protéger son visage
- Une combinaison épaisse capable d'amortir les chocs (mais pas d'arrêter les balles, c'est pas une armure kwa)
- Des outils pour charpenter !
• Parrain : Jian Feng si c'est possible, parce que c'est clairement lui qui m'a ramenée :c Sinon, personne
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Non
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? Aucun, chui une thug !
Codes du règlement :
Description Physique
Tequila Wolf, 1622
Je me regardais dans cette flaque. Au beau matin, j’étais épuisée des journées passées et de celles qui arriveraient. Mes yeux bleus s’ouvraient à peine, soulignés d’épais et sombres cernes. Mes joues, de nature potelée, se creusaient à mesure que la famine me prenait, sales de l’hygiène manquante dans le camp de Tequila Wolf. Ma mâchoire carrée se fondait avec elles, encadrée de quelques mèches blondes. Le reste de ma dense chevelure tenait par un ruban à l’arrière de mon crâne, bien que cette coiffure de fortune ne réussisse à dompter ma touffe ébouriffée. Au beau milieu de ce visage affaibli, mes lèvres paraissaient presque épaisses.
- Hé, la gonzesse. Bouge ton cul, tu vas nous faire prendre du retard.
Je relevai la tête, acquiesçai docilement, mais replongeai mes pensées dans la flaque dès que le garde eut le dos tourné. C’était drôle, ça. Petite, mon visage androgyne et mes cheveux coupés au carré court laissaient souvent mes interlocuteurs perplexes. « Mademoiselle, euh… Monsieur ? ». Maintenant, non seulement mes cheveux étaient longs, mais en plus, j’avais une silhouette bien dessinée : une poitrine développée, des hanches épaisses. Si ça me voulait beaucoup de remarques désobligeantes, j’avais au moins pu récupérer une combinaison pour me cacher un peu. J'avais toujours eu un rapport étrange à mon corps. Je n'avais jamais ressenti la nécessité d'être féminine, dans le sens où je n'étais pas à mon aise dans des robes, sous un maquillage même discret, ou avec la douceur attendue d'une femme. Niveau toilette, le plus que je faisais, c'était d'attacher mes cheveux en une queue de cheval. Et je n'avais pas besoin de plus pour me sentir femme. Du moins, il me semblait ne pas avoir besoin de plus. Maman m'avait toujours dit que je devais savoir plaire, que pour une femme, provoquer le désir était la plus grande arme. Etsu, ma maîtresse ingénieure, m'avait forcé à revêtir de plus nobles tissus, pour être présentable. Alors, je savais faire semblant. Je savais rire aigu, je savais feinter la timidité, les bonnes manières, l'envie. Mais tout ça, ce n'était pas moi. Déjà, parce que quand je le faisais, je ne pouvais pas m'empêcher de me moquer des autres et de moi. Ensuite, parce que moi, je rigolais fort, j'explosais de rire, même - Bamahahah ! -, ma voix était grave, j'aimais porter des vêtements amples, les ouvrir à outrance si la chaleur s'y prêtait, sans me soucier de choquer ou de briser les normes. Avant à mes débuts sur Tequila Wolf, je portais des oripeaux, vestiges de ma vie passée, mais inadaptés aux tâches éreintantes du camp. Ils s’étaient usés à vitesse grand V. Heureusement, je crois, un des types de mon dortoir était mort avant que mes vêtements ne fussent plus que lambeaux. J’avais récupéré sa combinaison, turquoise, à poches, bien pour être exploité en tout confort. Au moins, elle tenait la route, quoi. Avec, une paire de grosses baskets tenait mes pieds au chaud.
Il faisait toujours froid, ici. La seule chose à laquelle on pouvait se retenir, pour ne pas y passer, c’était le travail. On bougeait, on se chauffait, comme ça. Du moins, c’était mon cas. Si l’exercice couplé à la faim avaient amaigri la plupart des esclaves, moi, le peu que je mangeais se changeait en muscle. C’était ma chance dans mon malheur. Je réussissais à garder une épaisseur de chair pour passer des nuits gelées, pour voir les autres s’en aller et laisser leurs places aux suivants.
Je me regardais encore, comme si je dévisageais une inconnue. Je rêvais de porter un masque, et des protections. Partout. Dès que je serais sortie de cet enfer, j’aurais tout ça. Si j’avais appris une chose grâce au type qui m’avait envoyée ici, c’était que si j’avais porté une armure, ce jour-là, ce serait lui que j’aurais envoyé dans les profondeurs infernales. Une fois dehors, j’irais le cherchais, je lui ferais vivre en mille fois pire ce qu’il m’aura fait subir ici. En attendant, je m’entraînais à mettre mes plus belles patates, dans ma cellule, usant mes dernières forces de la journée pour y parvenir. C’était pas parfait, mais là aussi, je savais qu’un jour, j’en ferais voir des vertes et des pas mûres à ceux qui me feraient chier. En fait, je m'entraînais tellement, comme une dingue, que j'aurais pu en perdre mes cheveux... mais non, les miens, ils tiennent bien.
Description Psychologique
Une ombre informe glissa de part et d’autre dans le reflet du miséreux miroir. On m’observait. Un garde, sûrement, parce que le premier était parti et que j’en branlais pas une depuis… trente secondes. Certains pourraient penser de moi que je suis complotiste, folle ou paranoïaque. Moi, je dis qu’ils sont aveugles. La Marine, elle est là, dans les campagnes, dans les villes… Elle est partout. Si c’est d’autant plus vrai ici, c’est pareil en dehors. Le Gouvernement s’approprie tout, la nature et les hommes, comme si le monde était son dû. Comme un enfant trop gâté. Je crois que ce sont les deux choses que je haïssais le plus : le Gouvernement Mondial, et les pourris. Pour le Gouvernement Mondial, ça semble évident : avides de pouvoir, les Hommes qui s’y sont auto-proclamés souverains n’ont aucune légitimité. Ils tirent les ficelles invisibles qui rythment nos vies, selon leur bon vouloir, sans se soucier de leurs égaux. Car ils ne les voient pas ainsi, ils ne nous voient pas ainsi. Du haut de leurs trônes, pour eux, nous ne sommes personnes, nous sommes des fourmis. Je n’ai qu’une hâte : les voir se faire écraser. Quant aux bourgeois, je les hais de se conforter dans un système si injuste. Eux, ils vivent à côté des petites gens, ils sont voisins de la misère, mais préfère tourner le regard vers un horizon plus confortable. Ouais, ça la fout mal, de voir la déchetterie d’à côté, c’est plus beau, un coucher de soleil au bout de son domaine. Je crois savoir que certains se disent révolutionnaires, se vantent de se battre pour le bas peuple. Mais ils ne valent pas mieux : tous les bourgeois, quelques qu’ils soient, ne savent pas vivre sans opulence, ils ne savent pas survivre, ils ne savent pas, somme toute, suivre le cours d’une vie simple. Pour ceux qui prétendent se lever contre le Gouvernement, ils n’essayent que de se racheter une conscience. Mais je le redis : ils ne valent pas mieux.
- Bon, j’crois que mon collègue t’as demandé de bouger ton beau p’tit cul.
Le maton fit claquer le fouet qui faisait son autorité, apparaissant juste à son épaule. Je soupirai, tentant bon gré mal gré de me calm-
- Alors toi, puceau d’mes deux, j’te conseille de te servir de tes yeux pour surveiller ton chantier plutôt que mon cul, avant que j’te les crève.
Oups.
J’avais trop souvent tendance à oublier de la fermer. D’une, j’avais du mal avec l’autorité. J’avais toujours détesté qu’on dicte mes actes. J’étais un électron libre, du genre à me foutre des règles, à aimer les enfreindre, même. J’avais un instinct contradicteur. En même temps, je m’étais toujours débrouillée toute seule, ou presque, alors je savais ce qui était bon pour moi. Deux, j’aimais pas la façon de me parler de ce type, ni sa sale gueule. Trois, j’étais du genre à pas trop réfléchir, à me laisser emporter par mes émotions. Je pouvais passer par toutes les émotions en trois secondes, et je réagissais souvent au quart de tour. J’étais du genre à parler sans réfléchir, à frapper sans réfléchir – « je te tabasse, puis on discute ». Bref, du genre à pas trop réfléchir. Couplant à ça mon caractère belliqueux, ça m’apportait souvent des embrouilles. J’étais comme ça : je suivais mon instinct, je me laissais porter par mes émotions. Ça m’arrivait de le regretter, comme le jour où je suis arrivée ici, et ce jour-même, cet instant-même, où le gardien venait de me mettre un coup de savate dans les jambes, de manière à me projeter vers le sol. Il pressa ma tête contre le sol, sous sa botte boueuse, assez fort pour que je craigne qu’il ne m’explose la cervelle.
- Et moi, j’te conseille de te calmer, ma jolie. Ici, c’est moi qui décide. Et si j’te dis de te bouger, tu te bouges. J’crois que t’as besoin d’une leçon, pour comprendre.
- A e ai ou !
Je voulais lui dire d’aller se faire foutre, mais ma bouche écrasée m’empêchait d’articuler. Les premiers coups de fouet vinrent claquer sur mon dos, à peine amortis par ma combinaison. Je pensais à tous ceux qui avaient été à ma place, avant moi, qui avaient succombé sous la douleur. Si mes cris révélaient ma souffrance à l’instant, mes propres peurs me tenaient en vie. Plus que tout au monde, je me refusais à rester enfermée ici à tout jamais, et à crever ici. Il ne pouvait m’arriver rien de pire que Tequila Wolf, si ce n’était la mort. L’idée me faisait trembler, si ce n’était pas la souffrance. Mais je voulais montrer à ce gars que toutes les tortures du monde ne pourraient pas me faire abandonner. J’étais une tête brûlée, prête à tout pour parvenir à mes objectifs. Je ne comptais pas lâcher l’affaire, ça lui aurait fait trop plaisir. Alors je tenais, parce que je ne voulais pas mourir ici. Je ne pouvais pas mourir ici. J’étais en prison, et rien ne pouvait m’arriver de pire. Je devais rester en vie pour me sortir d’ici et accomplir ce que je devais accomplir : rejoindre les rangs de la Révolution, dont j’avais entendu parler dans cette prison, et détruire le Gouvernement Mondial par tous les moyens qui m’étaient dus. J’avais grandi comme charpentière, et je m’étais élevée en ingénieure navale. Ma plus grande arme contre le Gouvernement, c’était mon savoir, mon expérience. Alors, durant mes journées de travail, j’en rêvais, du jour où tous les navires Marines tomberaient à cause d’un malencontreux accident. Mais je ne connaissais pas encore tous les aspects du métier, si bien que je devais en priorité trouver un mentor, pour dépasser les limites de mon propre entendement et venir à bout de la Marine. Pas de navires, pas de Marine. Pas de Marine, pas de Gouvernement. Pas de Gouvernement… Pas de Gouvernement. Aussi, en sortant d’ici, je devais devenir encore plus forte, rencontrer quelqu’un qui pourrait m’entraîner, et battre au bras de fer les hommes et les femmes les plus forts du monde. Même, la personne la plus forte du monde ! Je ne pourrais mourir qu’après ça. Alors, je survivais les coups en sentant ma peau se déchirer à leur rythme. Surtout, je détestais les faiblards qui abandonnaient trop vite. Je ne pouvais pas les événements me laisser me haïr.
- C’est bon, t’en as eu assez ? Quand est-ce que tu comprendras que t’as aucune chance de t’en sortir, ici ?
Le maton retira sa chaussure de ma joue, laissant ma mâchoire respirer enfin. Les jambes vacillantes, le corps encore faible, je me relevai sans jouer plus longtemps les rebelles. Je grognais sous les regards apitoyés des esclaves qui transportaient les pierres du chantier, sans trop s’attarder devant le spectacle. Une journée normale, ceci dit. Entre prisonniers, on avait une drôle de relation. D’un côté, on se soutenait les uns les autres, sinon, comment survivre ? D’un autre, on ignorait les douleurs des autres, on essayait de pas trop montrer aux matons qu’une communauté naissait aux dépens de leur volonté, dans l’enceinte même de leur prison. Sinon… comment survivre ? Pour ma part, cette attitude schizophrène me mettait mal à l’aise. Dans les cellules, je parlais à peine aux autres. Je ne leur faisais pas confiance. Qui savait, s’ils n’étaient pas des cafards au service des gardes ? Rares étaient ceux qui avaient réussi à gagner ma confiance. Puis, ici, mieux valait ne pas trop s’attacher : les colocataires changeaient souvent.
Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de prendre en charge ceux qui semblaient le plus en détresse, avec les moyens du bord. Je n’étais pas médecin, alors j’accompagnais doucement ceux qui en avaient besoin. En les écoutant rêver d’un monde d’après, d’un monde meilleur, en restant attentive à leurs souhaits pour le futur, même si je savais qu’ils n’en verraient rien. Je leur promettais, à tous, qu’un jour leurs vœux seraient exaucés. Puis ils partaient. Je savais comme il était dur de tenir dans une mauvaise passe, en prison ou ailleurs. Mais les petites gens n’avaient pas toujours les moyens de s’en sortir. Alors, ça les pardonnait.
Ils avaient donné leurs vies pour un combat qui n’était pas le leur. Seulement, comme tout un chacun le savait : le futur de « je donne » est « je pends ». Euh… « je prends ». « Je tends » ? Je… J’avais toujours eu du mal, avec les expressions. Bref, l’idée, c’est que des innocents mourraient à cause du Gouvernement, et que ces raclures de bidet tarderont pas à répondre de leurs actes.
- Bon, j’crois que mon collègue t’as demandé de bouger ton beau p’tit cul.
Le maton fit claquer le fouet qui faisait son autorité, apparaissant juste à son épaule. Je soupirai, tentant bon gré mal gré de me calm-
- Alors toi, puceau d’mes deux, j’te conseille de te servir de tes yeux pour surveiller ton chantier plutôt que mon cul, avant que j’te les crève.
Oups.
J’avais trop souvent tendance à oublier de la fermer. D’une, j’avais du mal avec l’autorité. J’avais toujours détesté qu’on dicte mes actes. J’étais un électron libre, du genre à me foutre des règles, à aimer les enfreindre, même. J’avais un instinct contradicteur. En même temps, je m’étais toujours débrouillée toute seule, ou presque, alors je savais ce qui était bon pour moi. Deux, j’aimais pas la façon de me parler de ce type, ni sa sale gueule. Trois, j’étais du genre à pas trop réfléchir, à me laisser emporter par mes émotions. Je pouvais passer par toutes les émotions en trois secondes, et je réagissais souvent au quart de tour. J’étais du genre à parler sans réfléchir, à frapper sans réfléchir – « je te tabasse, puis on discute ». Bref, du genre à pas trop réfléchir. Couplant à ça mon caractère belliqueux, ça m’apportait souvent des embrouilles. J’étais comme ça : je suivais mon instinct, je me laissais porter par mes émotions. Ça m’arrivait de le regretter, comme le jour où je suis arrivée ici, et ce jour-même, cet instant-même, où le gardien venait de me mettre un coup de savate dans les jambes, de manière à me projeter vers le sol. Il pressa ma tête contre le sol, sous sa botte boueuse, assez fort pour que je craigne qu’il ne m’explose la cervelle.
- Et moi, j’te conseille de te calmer, ma jolie. Ici, c’est moi qui décide. Et si j’te dis de te bouger, tu te bouges. J’crois que t’as besoin d’une leçon, pour comprendre.
- A e ai ou !
Je voulais lui dire d’aller se faire foutre, mais ma bouche écrasée m’empêchait d’articuler. Les premiers coups de fouet vinrent claquer sur mon dos, à peine amortis par ma combinaison. Je pensais à tous ceux qui avaient été à ma place, avant moi, qui avaient succombé sous la douleur. Si mes cris révélaient ma souffrance à l’instant, mes propres peurs me tenaient en vie. Plus que tout au monde, je me refusais à rester enfermée ici à tout jamais, et à crever ici. Il ne pouvait m’arriver rien de pire que Tequila Wolf, si ce n’était la mort. L’idée me faisait trembler, si ce n’était pas la souffrance. Mais je voulais montrer à ce gars que toutes les tortures du monde ne pourraient pas me faire abandonner. J’étais une tête brûlée, prête à tout pour parvenir à mes objectifs. Je ne comptais pas lâcher l’affaire, ça lui aurait fait trop plaisir. Alors je tenais, parce que je ne voulais pas mourir ici. Je ne pouvais pas mourir ici. J’étais en prison, et rien ne pouvait m’arriver de pire. Je devais rester en vie pour me sortir d’ici et accomplir ce que je devais accomplir : rejoindre les rangs de la Révolution, dont j’avais entendu parler dans cette prison, et détruire le Gouvernement Mondial par tous les moyens qui m’étaient dus. J’avais grandi comme charpentière, et je m’étais élevée en ingénieure navale. Ma plus grande arme contre le Gouvernement, c’était mon savoir, mon expérience. Alors, durant mes journées de travail, j’en rêvais, du jour où tous les navires Marines tomberaient à cause d’un malencontreux accident. Mais je ne connaissais pas encore tous les aspects du métier, si bien que je devais en priorité trouver un mentor, pour dépasser les limites de mon propre entendement et venir à bout de la Marine. Pas de navires, pas de Marine. Pas de Marine, pas de Gouvernement. Pas de Gouvernement… Pas de Gouvernement. Aussi, en sortant d’ici, je devais devenir encore plus forte, rencontrer quelqu’un qui pourrait m’entraîner, et battre au bras de fer les hommes et les femmes les plus forts du monde. Même, la personne la plus forte du monde ! Je ne pourrais mourir qu’après ça. Alors, je survivais les coups en sentant ma peau se déchirer à leur rythme. Surtout, je détestais les faiblards qui abandonnaient trop vite. Je ne pouvais pas les événements me laisser me haïr.
- C’est bon, t’en as eu assez ? Quand est-ce que tu comprendras que t’as aucune chance de t’en sortir, ici ?
Le maton retira sa chaussure de ma joue, laissant ma mâchoire respirer enfin. Les jambes vacillantes, le corps encore faible, je me relevai sans jouer plus longtemps les rebelles. Je grognais sous les regards apitoyés des esclaves qui transportaient les pierres du chantier, sans trop s’attarder devant le spectacle. Une journée normale, ceci dit. Entre prisonniers, on avait une drôle de relation. D’un côté, on se soutenait les uns les autres, sinon, comment survivre ? D’un autre, on ignorait les douleurs des autres, on essayait de pas trop montrer aux matons qu’une communauté naissait aux dépens de leur volonté, dans l’enceinte même de leur prison. Sinon… comment survivre ? Pour ma part, cette attitude schizophrène me mettait mal à l’aise. Dans les cellules, je parlais à peine aux autres. Je ne leur faisais pas confiance. Qui savait, s’ils n’étaient pas des cafards au service des gardes ? Rares étaient ceux qui avaient réussi à gagner ma confiance. Puis, ici, mieux valait ne pas trop s’attacher : les colocataires changeaient souvent.
Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de prendre en charge ceux qui semblaient le plus en détresse, avec les moyens du bord. Je n’étais pas médecin, alors j’accompagnais doucement ceux qui en avaient besoin. En les écoutant rêver d’un monde d’après, d’un monde meilleur, en restant attentive à leurs souhaits pour le futur, même si je savais qu’ils n’en verraient rien. Je leur promettais, à tous, qu’un jour leurs vœux seraient exaucés. Puis ils partaient. Je savais comme il était dur de tenir dans une mauvaise passe, en prison ou ailleurs. Mais les petites gens n’avaient pas toujours les moyens de s’en sortir. Alors, ça les pardonnait.
Ils avaient donné leurs vies pour un combat qui n’était pas le leur. Seulement, comme tout un chacun le savait : le futur de « je donne » est « je pends ». Euh… « je prends ». « Je tends » ? Je… J’avais toujours eu du mal, avec les expressions. Bref, l’idée, c’est que des innocents mourraient à cause du Gouvernement, et que ces raclures de bidet tarderont pas à répondre de leurs actes.
Biographie
Maman ? Jamais !
Navarone, 1554-1601
Navarone, 1554-1601
Hettie Hettie, fille des rues sinon de rien, n’avait connu d’autre monde que Navarone. Née de parents inconnus, d’aussi loin qu’elle pouvait s’en souvenir, elle avait été élevée par une matrone de quelques cinquante années qui se faisait appeler Esther Lovegrove. Elle avait grandi à ses côtés, sous les soins d’une femme qui lui avait appris tout ce qu’elle connaissait. Et puisqu’elle ne savait que donner l’amour, dès la puberté, la gamine en avait fait son métier. Appréciée de quelques soldats de l’île, surprenant ceux de passage, Hettie montrait ses talents à qui voulait bien s’acheter ses services. Elle faisait la gloire de l’établissement Lovegrove, aux côtés d’autres jeunes femmes pas moins belles qu’elle. Douées de leurs expériences, toutes s’entraidaient, se jalousaient parfois, se disputaient puis se réconciliaient, œuvrant pour la dynamique de leur besogne. Leurs histoires, parfois fables, faisaient bonne publicité à leur maison. Ainsi, Hettie n’avait jamais manqué ni de parents, ni de sœurs, ni d’amants.
Seulement, les années passant, la gamine était devenue femme. Si nombre de ses amies s’étaient rangées dans un quotidien popote, casées, mariées, mamans, Hettie restait aux côtés de la vieille Esther, dont l’existence n’avait plus que pour but de tenir la maison. Elle, la douce et belle Hettie, n’avait jamais rêvé de famille. Sa famille était là, au sein de la maison Lovegrove. Elle n’avait pas besoin de plus.
Ce qu’elle n’avait jamais appris, c’était que l’on ne choisissait pas toujours de fonder une famille. Ainsi, en 1582, elle avait enfanté d’un premier enfant : Ariel Oscar Hettie. Un garçon qui avait pourtant tout hérité d’elle : le crâne brun, des iris de la couleur des rubis, le visage fin. En grandissant, son corps svelte aussi s’était copié sur celui de sa mère. Seulement, pour celle qui n’avait jamais voulu d’enfant, la vie avait totalement basculé dès le jour où le petit être s’était mis à pousser dans son ventre. Elle avait vu son corps changer, son ventre grossir, ses bras et ses cuisses enfler, ses seins se gonfler. On entend parfois dire des femmes qu’elles aiment leur enfant à l’instant où elles le voient. Hettie ne l’aima pas. Toute son enfance, elle s’était contentée de l’allaiter puis de le nourrir, laissant les soins encombrants à sa propre mère adoptive. Esther était une bonne éducatrice, pleine d’amour et de tendresse. Cultivée, elle avait appris au petit garçon à lire, à grandir, à se débrouiller comme il le fallait. Finalement, à ses quinze printemps, le gaillard s’était retrouvé sur le chantier naval de Navarone, et avait su prouver comme il y avait sa place.
La vieille Esther succomba au temps le jour où Hettie, elle, apprit la venue d’un nouvel être. Perdue, sans sa guide pour l’aider dans ses choix, Hettie dut se rendre aux évidences : cet enfant était une épreuve qu’elle devait accomplir seule. En ce printemps 1600, elle prit la décision de ne pas reproduire les erreurs passées. Ainsi, pour l’hiver 1601, la femme devint mère, donnant vie à Helene Moreen Hettie. Moi, quoi !
Le Nemo
Navarone, 1610
Navarone, 1610
- Helene, bouge-toi !
- J’arriiiiive !
Je posai la maquette de fortune qui me servait de cobaye. Depuis toujours passionnée par les navires, je récupérais des bouts de bois pour fabriquer des sculptures plus ou moins proches de bateaux miniatures, en y ajoutant toujours ma petite touche. J’y accrochais des lance-pierres en guise de canons, des bouts de gomme à mâcher comme revêtement, des samares sous la coque ou sur les mats pour mimer les aéronefs, ou encore des écrous dans le rôle de roues, si jamais on souhaitait stationner un vaisseau sur terre. Je redoublai d’idées, toutes très inspirées du monde qui m’entourait ou de machines déjà existantes. Ma chambre était un joyeux bordel de tous ces joujoux. Ma mère m’encourageait toujours à faire fonctionner ce petit cerveau, et le nourrissait d’imagination en me racontant des histoires d’aventures toutes plus folles les unes que les autres. Elle m’avait appris à lire et m’avait offert à deux reprises des ouvrages traitant de charpenterie, que je pris le soin, dès qu’ils furent entre mes mains, de dévorer en quelques heures.
Ariel m’attendait en bas, les bras croisés sur son torse épais. Depuis qu’il avait accepté de m’amener au chantier, c’était chaque jour le même refrain : je tardais trop à son goût. Fallait le dire, aussi, Ariel, c’était un fou de travail. Avec Maman, il avait pas eu autant de chance que moi, alors, c’était sa manière de se réfugier. Maman, elle, essayait de se rattraper comme elle le pouvait. Parfois, elle y parvenait, en lui cuisinant son plat préféré. D’autres fois, maladroitement, elle essayait d’asseoir l’autorité qu’elle n’avait jamais su instaurer entre lui et elle. Pour Ariel, sa mère était Esther, et personne d’autre. Finalement, ils avaient beau se ressembler comme deux gouttes d’eau, ces deux-là étaient comme poisson-chat… je crois. Un instant à s’adorer, la minute suivante à se haïr, il était difficile de penser que leur relation pourrait s’améliorer un jour. Bizarrement, Ariel m’aimait bien. Je dis « bizarrement », parce qu’il aurait été totalement légitime qu’il me haïsse, la petite sœur à qui on donne tout l’amour qu’il n’a jamais eu. Plutôt que de me détester, Ariel s’était mis en tête qu’un jour notre mère m’abandonnerait, et qu’il était le seul capable de m’élever inconditionnellement. Et, de vingt ans mon aîné, mon frère pouvait se vanter d’avoir été comme un père, pour moi. Alors, quand j’étais en retard, il croisait les bras, tapotait le sol de son pied, et souriait à demi de me voir me presser et rouler dans les escaliers de notre maison.
- Allez, crevette, tu nous mets toujours à la bourre.
Il m’attrapa par les bretelles de ma salopette et me tira jusque sur son dos. J’avais beau être charnue, il n’avait aucun mal à me soulever. Fallait dire que j’étais toujours bien moins lourde que les planches qu’il trimballait toute la journée. Maman nous fit au revoir d’un signe de main, ignorée par Ariel, saluée en retour par un sourire de ma part. J’aimais aller au chantier avec Ariel. J’étais encore trop petite pour porter les planches les plus lourdes, mais j’aidais à clouer, à visser, à apporter les outils ou à étaler le vernis de térébenthine sur le bois des navires. Et surtout, à chaque fois, j’enviais de loin les ingénieurs qui géraient le chantier.
- Dis, tu crois qu’un jour, elle dira oui ?
- Bah, laisse tomber. C’est une gosse de riches, elle parle pas aux gens comme toi et moi. Bien sûr, ce serait logique que les charpentiers deviennent ingénieurs : on sait comme ça fonctionne, tout en bas de la pyramide. M’enfin…
Je grattai une crotte de nez coincée au fond de ma narine, avec mon petit doigt.
- Rien compris.
- Ahahah ! Tant mieux. Crois-moi, j’aimerais avoir encore ton âge.
- T’façon, aujourd’hui, je vais encore lui demander. Et cette fois, elle dira oui !
- Tu dis ça tous les jours… tu ferais mieux d’arrêter d’espérer. Puis, tu vas encore pleurer si elle refuse.
La dame dont on parlait, c’était Etsu Ogawa, une ingénieure navale civile. Elle travaillait rarement aux côtés de la Marine, pour ne pas dire jamais. En général, elle faisait les plans de navires de commerce, de traversées ou de tourisme. Elle s’était installée ici sans que personne ne sache trop pourquoi, puisqu’on l’entendait toujours dire qu’un jour, elle se casserait sur Water Seven, et que ses navires seraient reconnus, là-bas. Et personne ne savait trop pourquoi elle n’y partait pas, non plus.
L’un des livres que Maman m’avait offert traitait de Water Seven. Aussitôt lu, j’en avais retenu les moindres détails. J’y voyais un monde de liberté, un El Dorado pour les amoureux de navires, un paradis dont les séraphins étaient les charpentiers, les chérubins les ingénieurs, et Dieu… c’était Ernest Kotty Hambourse. Il y avait une brève biographie de lui, ou du moins de son ascension à Water Seven. Je rêvais de devenir comme lui en tout point, même d'avoir sa moustache. Pour moi, il représentait l’accomplissement d’une vie. Alors, à l’image d’Etsu Ogawa, j’attendais impatiemment le jour où je partirais sur Water Seven.
En tout cas, bloquée sur Navarone, je faisais mon possible pour me rapprocher de mon icone locale. Depuis déjà deux ans, je la harcelais dès qu’elle descendait de son bureau jusque sur le chantier pour qu’elle m’apprenne tout de son métier. Jusque-là, elle avait toujours refusé, parce qu’elle ne voyait pas l’intérêt d’éduquer une gamine dont la mère pourrissait les mariages. Je comprenais pas trop ce qu’elle voulait dire. Je crois qu’elle faisait référence à tous mes Papas, qui s’alternaient pour passer du temps avec Maman, et que l’un d’eux était son ex-mari. Mais c’était pas de la faute de Maman, si elle était si jolie que tous les hommes se l’arrachaient. Et c’était encore moins de ma faute. Mais je ne lâchais pas l’affaire. Ogawa représentait pour moi une chance de devenir ingénieure navale. Encore une fois, ce matin, j’étais allée vers elle, toute guillerette et sûre de moi :
- Encore elle… soupira-t-elle en me voyant arriver.
- S’il te plaaaaaîîîît ! fis-je la mine boudeuse, m’aplatissant devant elle pour la supplier d’accepter. Au passage, j’avais posé ma nouvelle maquette devant elle, pour qu’elle puisse la juger. Ça, pour le coup, c’était la première fois que je le faisais. Maman me l’avait conseillé, pour que je puisse lui montrer de quoi j’étais capable, même si ça ne l’enchantait pas trop que je traîne avec cette Etsu. Elle aurait probablement préféré que je côtoie un autre ingénieur, mais le chantier sur lequel travaillait Ariel était principalement sous le joug d’Etsu Ogawa. Et moi, de toute façon, je la voulais elle, parce que c’était comme ça et pas autrement. Cette fois, c’était différent. L’ingénieure avait jeté un coup d’œil au bateau miniature, et m’avait soufflé, un sourcil levé :
- C’est toi, qui as fait ça ?
- Oui !
- Tout entier ?
- Tout entier !
- Ton frère ne t’a pas aidé ?
- Non, j’ai tout fait toute seule ! J’ai récupéré des écrous défectueux, et des bouts de ficelles, et tout et tout, et puis j’ai fabriqué « Le Nemo » ! Je l’ai appelé comme ça parce que je m’appelle Helene Moreen, et que ça fait Nemo. Enfin… Hé-lè-NE, MO-r-
- Oui, c’est bon, j’avais compris. Ecoute… tu es débrouillarde. Si tu me prouves que tu peux en faire d’autres comme ça, je t’engagerai. Sinon, ça voudra dire que c’était seulement un coup de chance.
- J’en ai déjà plein chez moi, viens !
Avant même qu’elle ne puisse répondre, j’attrapai sa main pour la tirer avec moi jusque chez Maman.
- Hey, crevette, tu vas où ?! On a besoin de toi, ici !
- Je reviens vite !
A notre entrée, l’un de mes papas était en train de discuter avec Maman, qui sentit probablement son sang se glacer en voyant Etsu pénétrer sa maison. Froidement, les deux femmes se saluèrent d’un « Bonjour », avant qu’à nouveau, je ne tire l’ingénieure à l’étage supérieur, pour l’inviter dans ma chambre. La tête de Maman dépassa dans l’escalier, surprise, avant qu’elle ne se retourne vers le papa en lui demandant de patienter un instant.
En haut, j’ouvris la porte de ma chambre pour laisser Etsu Ogawa admirer tout mon travail. Elle leva à nouveau un sourcil, surprise de tout mon bazar. Moi, toute souriante, je lui présentais chacun de mes bateaux, sans vraiment voir qu’elle ne m’écoutait pas, mais qu’elle ne s’intéressait qu’à mes productions. Etsu Ogawa me tapota la tête, et sans prendre la peine de me regarder, établit son jugement :
- Ce n’est pas parfait, mais c’est un bon début.
Et voyant ma mère débouler devant la porte, retenant sa fureur devant moi, l’ingénieure se tourna face à elle, sourire au coin des lèvres :
- Madame, vous n’êtes certainement pas sans savoir que votre fille me harcè… me sollicite depuis bientôt deux ans pour que je lui offre mon savoir. Eh bien, ce fut une malheureuse erreur pour moi, comme pour elle, de refuser. Elle a encore beaucoup de progrès à faire, mais si elle vient tous les jours, de l’aube au crépuscule, travailler à mes côtés, elle deviendra sans aucun doute une très bonne ingénieure.
- Toute la journée ? Hors de question. C’est encore une petite fille.
- Mais Maman !
- Bon, si "Maman" ne veut pas…
- Non, non, non ! Maman ! Dis oui ! De toute façon, j’irai même si tu dis non ! Puis Ariel, il avait raison. Il dit que t’es une mauvaise maman, et que t’allais me laisser tomber comme tu l’as laissé tomber.
Maman serra les dents, prise au piège. Mes mots avaient été durs, comme ceux d’une gamine trop capricieuse qui savait toucher là où ça faisait mal. Je n’avais pas été habituée à chouiner pour obtenir ce que je voulais, mais cette fois, c’était une question de vie ou de nord. De tort ? Peu importe, j’avais vu dans le regard de ma mère que je l’avais blessée, et je ne pouvais pas m’empêcher de regretter mes mots.
- Très bien. Tu as le droit d’y aller si tu veux. Mais ne rentre pas trop tard, le soir…
- Merci, merci Maman ! Tu es la meilleure des mamans !
Je l’embrassais rapidement, courant sur le chantier pour retrouver mon frère que j’avais laissé en plan. J’allais lui annoncer la plus belle nouvelle du monde. Mais derrière moi, Etsu Ogawa prenait son temps pour revenir. J’entendis, d’en bas, la voix cinglante de ma mère s’adresser à l’ingénieure :
- Je sais à quoi vous jouez, mais je ne vous laisserai pas faire.
Pour moi, peu importait ce qu’elle voulait dire, de toute façon, j’étais trop contente pour y penser. J’allais devenir une ingénieure, une vraie, une grande, et ça, c’était tout ce que je pouvais rêver.
Tous les mêmes
Navarone, 1621
Navarone, 1621
Je ne connaissais pas exactement les différends séparaient Etsu et Maman. C’étaient leurs histoires. Plus exactement, ce n’était pas mon histoire. J’étais comblée par les savoirs que l’ingénieure m’enseignait, c’était tout ce qui m’intéressait. Ma mère n’était jamais ravie de me voir partir dans les bureaux d’Ogawa, et elle ne manquait pas, à mes départs et à mes retours, de lancer quelques remarques assassines sur la savante. Etsu, elle, se taisait sur la situation. Je pensais que Maman était simplement jalouse, que je trouve une figure maternelle ailleurs que chez elle. En tout cas, je me contentais de la situation, sans chercher ni à l’envenimer, ni à l’améliorer.
Je ne comptais plus tout ce que j’avais appris, tout ce que j’avais lu, tout ce que j’avais conçu aux côtés de l’ingénieure. Evidemment, ça avait pris du temps, et j’étais loin d’avoir acquis toutes les compétences d’une ingénieure accomplie. Les années passants, je m’étais rapprochée de la dame, et peu à peu, j’étais devenue sa semblable. Tout n’était pas simple. A l’inverse de ce que j’imaginais, ce n’étaient pas les longues heures de travail, qui me compliquaient la vie, mais plutôt la vie aux côtés d’Etsu. Nous n’étions pas du même monde, si bien que je devais me comporter comme une demoiselle aux bonnes mœurs, lorsque nous rencontrions des clients. J’avais appris à être polie, aimable, souriante, parce que c’était plus vendeur. Je n’aimais pas cette facette du travail. Je préférais mille fois passer la journée au bureau, à chercher comment ajouter tel ou tel revêtement au navire, comment protéger la coque par l’érosion de l’eau de mer, comment améliorer les mâts et les voiles pour maximiser la poussée des vaisseaux par le vent. Je pouvais y passer des nuits entières.
Malgré ce comportement de bonne famille qu’Etsu m’imposait, j’avais beaucoup appris d’elle, et avec elle. Elle avait choisi de ne pas travailler pour le Gouvernement, car elle jugeait l’utilisation de leurs flottes trop violente, trop peu servile pour les petites gens. Dans le fond, c’était une humaniste. Elle travaillait pour améliorer les échanges transrégionaux, pour permettre à chacun, même le plus humble des hommes, de voyager à travers les mers. J’aimais cette vision du métier, je la chérissais, même. A ses côtés, je savais que j’avais fait le bon choix, que mon instinct d’enfant m’avait guidée vers une grande femme. Les ingénieurs ne manquaient pas, sur Navarone, mais la majorité travaillait au service de la Marine, pour fabriquer la mort. Avec Etsu, j’étais entre de bonnes mains pour grandir du bon côté.
Elle me parlait souvent de Water Seven, m’en faisait rêver, même. Nous n’avions qu’un désir, toutes les deux : nous échapper là-bas, rencontrer les plus grands ingénieurs navals de la planète, nous élever à leurs côtés. En attendant, nous étions bloquées ici. Etsu avait grandi ici, avait fondé ses bureaux à Navarone, et ne pouvait se résoudre à laisser ses clients sans remplaçant.
En bref, nous vivions une idylle. Mais comme il semblait que tous les bonheurs ne pouvaient être éternels, une fin de matinée printanière, un commandant était venu frapper aux portes du grand bureau Ogawa, alors qu’Etsu et moi débattions de l’efficacité du nouveau gouvernail qu’elle venait de concevoir.
- Entrez !
Un homme aux cheveux bruns, à la peau pâle, aux couleurs de la Marine et surtout aux multiples médailles, entra, accompagné d’une poignée de soldats. Les cernes sous ses yeux indiquaient un cruel manque de sommeil, mais il ne semblait que se préoccuper de sa montre gousset. Sans la lâcher du regard, il éleva la voix :
- Miss Ogawa.
- Commandant Kim.
Etsu semblait mal à l’aise, et s’était soudainement redressée de sa chaise, déglutissant difficilement. Je n’avais jamais vu cet homme, avant, et ne savait pas quel lien l’unissait à Etsu. Mes yeux passèrent de l’un à l’autre, et mon visage ne pouvait cacher l’étonnement.
- Nous venons finaliser… tout ça. Pour récupérer vos travaux, les bureaux, votre liste de clients… Enfin, tout ça, quoi.
La voix du type, toute calme, toute soporifique, m’était agaçante. Sa manière de ne pas nous regarder en s’adressant à nous, et d’ignorer ma présence, encore plus. En plus, il devait s’être trompé de bureau. Ceci dit, s’il ne regardait jamais ses interlocuteurs, ça n’avait rien d’étonnant. Je ris doucement, avant de prendre la parole :
- Vous vous êtes trompés de porte. Ici, on ne travaille pas pour le Gouvernement Mondial. Dis-leur, Etsu !
- Hum…
En classique, on appelle ça de la musique commerciale, mais bon ça fait l'affaire.
L’ingénieure, dos à moi, baissa le visage. Je la vis serrer ses bras contre elle, embarrassée. Quelque chose n’allait pas. La Marine n’avait aucun intérêt à prendre son bureau, à réquisitionner ses plans ou à l’engager : elle n’était pas spécialiste des vaisseaux de combat. Elle m’avait habituée à une attitude plus tenace, plus sournoise, et c’était ce qui nous avait lié. La docilité dont elle faisait preuve n’était pas bon signe. Le soupir agacé du commandant non plus. Je m’avançai au niveau de ma supérieure, me tenant à bonne distance d’elle. Je n’étais plus autant en confiance qu’au départ, mais je tenais la face bon gré mal gré. Poings sur le grand bureau, je m’étais penchée vers le représentant des forces de l’ordre, ne le lâchant pas du regard tandis qu’Etsu cherchait où se mettre.
- Dis-leur.
- Helene…
- Oui, dites-nous, Miss Ogawa. Vous avez changé d'avis ?
Le type, confiant, s’était approché du bureau, juste face à moi et daignait enfin lever les yeux vers nous. J’avais envie de me jeter à sa gorge, et de l’exploser.
- Je suis désolée, Helene.
- Quoi ?
- Bon, j’ai du travail, après ça moi. La logistique, ça demande de l’organisation, et vous allez me mettre en retard sur mon programme. Puisque Miss Ogawa a du mal à trouver ses mots, je vais les trouver pour elle : nous ne vous demandons pas votre avis. Je suis désolé si ça ne vous plaît pas, mais les ordres viennent d’en-haut : on réquisitionne ce bureau car on a besoin de plus de main d’œuvre et de cerveaux pour construire des navires pour la Marine. Evidemment, vous serez bien mieux payés que vous ne l’êtes actuellement. Miss Ogawa nous a déjà donné son accord.
- Quoi, attends ? C’est vrai, ça ?
Ma gorge se serrait. Après des années à me répéter qu’elle se refusait à servir un gouvernement sanguinaire, à fabriquer des navires de guerre qui tueraient avec certitude des innocents pour asseoir la puissance d’une poignée d’Hommes sur une île, à avoir du sang sur les mains pour quelques pièces de plus, voilà qu’elle acceptait sans broncher une proposition qui allait contre tous ses idéaux.
- Tu fais ça pour l’argent ? C’est quoi, t’as du mal à vivre ? Si c’est ça, je peux te céder une part de mon salaire. Mais je sais que t’en as pas envie. T’as pas envie de faire ça.
- Helene, tu ne comprends pas, soupira-t-elle en levant ses yeux roses vers le commandant, la mâchoire serrée. On n’a pas toujours le choix.
- Exactement, enchaîna-t-il. Nous ne faisons que notre travail. Et si ça ne vous plaît pas, jeune fille, c’est la même chose. Vous êtes protégés ici par la Marine, le Gouvernement vous offre une vie paisible, ici, à Navarone. Et toutes les choses ont un prix, alors il est normal que vous répondiez présents lorsqu’il vous demande un service. Vous devriez suivre l’exemple de votre supérieure.
Je sentais Etsu tendue. Ce n’était pas l’argent, le problème. Elle avait peur. De quoi avait-elle peur ? Je n’arrivais pas à penser. J’avais l’impression que tous étaient responsables, mais se dédouanaient de leurs responsabilités en invoquant le Gouvernement Mondial. Le commandant Kim ne faisait que son travail, en assiégeant notre bureau, à nous, ingénieurs civils qui n’avions rien demandé. Etsu n’avait pas le choix, parce que ce que le Gouvernement désirait, le Gouvernement avait. Aucun prétexte ne justifiait de nous forcer à les servir. Aucun prétexte ne me forçait à obéir. Mes ongles venaient presque percer mes paumes, tant mes poings se serraient. Il me semblait que ma tête allait exploser, tant les pensées fusaient, tant la colère m’envahissait. Je ne voulais, je ne pouvais pas accepter, je ne pouvais pas me soumettre, je ne pouvais pas servir des principes qui allaient contre les miens. Je refusais. Et le calme, le silence pesant qui naissait entre nous trois ne faisait qu’amplifier ce sentiment. Je haïssais Etsu, je haïssais Kim encore plus, et je haïssais le Gouvernement à en mourir. Je ne répondais plus de rien. Ni de mes paroles, ni de mes actes.
- Helene…
- Eh bien, si nous n’avons plus rien à nous dire, j’imagine que tout cette histoire est réglée. Je vais aller finir mon travail. Il regarda sa montre. Je suis en re-
Mon poing était venu se coller droit dans sa joue, avec une violence que je me découvrais. Son corps avait chaviré avant qu’il ne finisse sa phrase. Mes propres yeux s’étaient écarquillés sous l’impact du coup. Ceux d’Etsu aussi, et dans un réflexe, elle avait tenté d’attraper mon bras, en vain. Une seconde, le monde s’était arrêté de tourner. Je ne voyais que le visage aplati par mon poing, je n’entendais que mon souffle apaisé, je ne percevais plus que mon esprit libéré. Si ma propre fureur m’avait surprise, l’instant d’après, je souris. J’étais heureuse : j’avais accompli ce qui devait l’être.
Seulement, une douleur atroce vient prendre mon ventre. Comme une crampe, en pire. Je fronçai les sourcils, me tordant sans que ça ne puisse guérir la sensation tortueuse qui m’envahissait. Mes yeux se baissèrent vers mon abdomen, découvrant mon haut ensanglanté. Je relevai le menton, pour découvrir un soldat, tout menu, l’arme tremblante, tenue droite vers moi. Soudain, un voile flou se dressa entre nous. Comme dans un réflexe vain de survie, je me forçai à retenir le moindre détail de son visage, avant de m’écrouler.
Loin des yeux, loin du coeur
En mer, 1621
En mer, 1621
A mon réveil, la douleur était toujours présente. Moins épineuse, mais bien là. Quelques longues minutes défilèrent pour que je reprenne mes esprits. Les événements passés ne me revenaient pas encore. Où étais-je ? Les murs bruns de l’endroit m’étaient inconnus. La toute petite fente qui faisait office de puit de lumière, traversée de barreaux, laissait tout juste entrer quelques rayons clairs dans la pièce. En plus de ça, je me sentais ballotée et ballonnée, avec l’envie terrible de rendre tripes et boyaux. Ma langue était pâteuse, ma bouche sèche. Je passai une main sur mon ventre, grimaçant sous le mal sourd qui persistait. Sous ma paume, je sentis un tissu, un bandage, qui avait été soigneusement placé là. Le mouvement avait provoqué le cliquetis de deux bouts de métal. Puis, je réalisai que mon ventre n’était pas ma seule blessure. Mes poignées semblaient irrités, frottés par des bracelets râpant ma peau. Clignant plusieurs fois des paupières avant de pouvoir retrouver une vue nette sur mon environnement, je levai mes mains au-dessus de mon visage. A nouveau, le cliquetis. A nouveau, les bracelets. Mais cette fois, je vis les chaînes qui suivaient le mouvement de mes bras. Je vis, plus loin, les barreaux d’une cellule dont la vue donnait sur la mer. Je sentis l’oscillation de toute la pièce. Soudain, je me relevai : j’étais entourée d’une cinquantaine d’hommes, de femmes et d’enfants aux airs misérables, enchaînés aux mains, au cou, aux pieds.
Je me jetai vers les barreaux, y retenant mon corps toujours fébrile. Au loin, l’océan s’étendait dans un horizon infini, sans frontière entre le ciel et l’eau, sans le moindre point de terre dans le paysage, sans don d’une once d’espoir. Soudain, tout me revint. Etsu, dans un drôle d’état. Le commandant Kim, venu pour réquisitionner nos travaux. Ma tête, à deux doigts d’exploser. Ma fureur. Le coup de poing. La balle. Le gamin. Ce gamin. Je fermai les yeux, un instant, pour me souvenir. Ses cheveux blonds, sa gueule d’ange, le flou. Puis plus rien. Combien de temps s’était passé, depuis mon évanouissement ? Où est-ce qu’on m’amenait ? Qui étaient ces gens ?
- Petite, tu devrais te recoucher. J’ai retiré la balle de ta blessure, mais tu as besoin de repos. Puis, la plaie va se rouvrir, si tu t’agites.
Je tournai le visage vers la voix. Une grand-mère se tenait assise au sol, dos contre mur, le visage ridé et poussiéreux, aux traits tirés par la fatigue. Elle me regardait avec un grand sourire, bien que rien, dans ce lieu, ne le justifie.
- Qui est-ce que vous êtes ? Et c’est qui, tous ces gens ? Et on est où, on va où ?
- Peu importe nos noms. A notre arrivée, nous serons tous séparés… pour ceux qui seront encore en vie.
- Comment ça, qu’est-ce q-
Je me pliai sur moi-même, fronçant les sourcils et serrant les dents, alors que la douleur abdominale s’intensifiait.
- Je te l’ai dit : couche-toi. A moins que tu veuilles mourir maintenant.
Sans un mot de plus, je me remis dans le lit de fortune, fait d’une unique planche en bois, supporté par quelques sacs de sable qui le tenait en hauteur.
- Ca pourrait se comprendre, que tu veuilles crever. Ils nous emmènent à Tequila Wolf, pour servir de main d’œuvre. Et avant que tu dises « qui, ils ?», je vais te répondre parce que c’est un peu casse-couille de changer de couleur à chaque fois qu’une personne différente parle : le Gouvernement Mondial. Enfin, ses sbires.
- Pourquoi, pourquoi nous ?
- Oh, toi, je ne sais pas. Mais moi, j’ai soigné un pirate qui passait sur mon île. En pleine opération, je me suis fait prendre. Et lui, il s’est fait pendre. Le gamin, là, à côté, a refusé de prêter allégeance au Gouvernement en rejoignant les rangs de la Marine. C’est son propre père, qui l’envoie ici. Je ne savais même pas que c’était possible. Enfin… tu l’as compris, on est tous des pions défectueux, d’une manière ou d’une autre. Et on n’est pas assez dangereux pour finir à Impel Down. Donc on finit à Tequila Wolf pour le restant de nos jours.
Le restant de nos jours. Je venais de fêter mes vingt ans. Je ne pouvais pas croupir éternellement en taule, encore moins aux pieds du Gouvernement. Je sentis une fièvre brûlante monter, les battements de mon cœur s’accélérer, ma poitrine s’emballer dans un effort brusque, tant et si bien que Morphée me prit dans ses bras, à nouveau.
Plusieurs jours plus tard, le navire arriva à bon port, sans encombre. Posant le pied à terre, mes yeux se posaient un peu partout autour de moi pour découvrir le paysage morbide offert par le chantier. Je revis pour la dernière fois mes compagnons de voyage, sur la route vers nos cellules. La vieille, elle, n’était plus là.
Monstrueuse liberté
Tequila Wolf, 1622
Tequila Wolf, 1622
Fébrilement sur mes appuis, après la sentence du maton, je m’étais mise en tête qu’un jour, lui aussi, je lui rendrai la pareille. Mais je me taisais, aussi difficile que ce fut, pour éviter le fouet. Là, je me détestais, parce que je me fondais dans la masse, par peur de la punition. Pourtant, les prisonniers étaient bien plus nombreux, et de loin, que les matons. De quoi avait-on peur ? Quitte à crever ici, autant faire en sorte que ça serve, en libérant les autres. Je ne comprenais pas pourquoi on tenait autant à nos propres vies. Pourquoi je tenais autant à la mienne. Est-ce qu’une seule vie était trop importante pour être sacrifiée, même contre des milliers de survivants ?
Alors que je reprenais ma route, rageant seule au beau milieu de mes pensées, un cri perçant, comme un rugissement de lion, ou quelque chose de plus gros, de plus effrayant, de plus violent, vint faire sursauter toute la grande place. Je me retournai, et au même moment, le corps d’un maton, à moitié déchiqueté, venait s’éclater contre le sol, à la vue de tous. Une seconde, et la panique se fit générale. Le maton, devant moi, leva son arme vers les cieux, ordonnant aux prisonniers de se diriger vers leurs cellules. Si certains se soumettaient, d’autres commençaient à se soulever, fuyant çà et là à travers les cabanes. Je n’avais pas un instant à perdre, c’était maintenant ou jamais. Mon cœur palpitait à en déchirer ma poitrine, mais cette fois, j’adorais la sensation. Ce n’était pas la peur, qui me prenait, mais l’excitation, l’adrénaline, la vie. Je bondis sur le maton, flanquant mon poing gauche au niveau de sa tempe, et le laissait tomber, sonné, juste à mes pieds.
- Aucune chance de m’en sortir, hein ?
Je relevai les yeux vers l’un des toits, où un mouvement large se dessinait.
- Holy shit.
C’était pas juste un mouvement large. Le rugissement, il venait de lui. De… ça. Bouche bée, je me figeai en découvrant la bête, le monstre, le démon, s’élever au-dessus de tous. Des éclairs, annonçant une tempête, tonnaient derrière lui, ne laissaient voir que la silhouette sombre d’un corps épais, d’une tête cornue. De toute sa puissance, il écrasait les frêles soldats qui tentaient de l’affronter. Il bondit au milieu de la place, se voulant toujours aussi menaçant, mais cette fois-ci à la vue de tous.
- Mais… c’est un vieux ! C’est sérieux ?
Il arracha la tête d’un soldat à coup de dents.
- Ok, ça en a l’air.
Le vieux semblait ne s’attaquer qu’aux gardes, ce qui relativisait un peu l’impression que j’avais de lui. Il était pétrifiant, mais semblait avoir un but bien précis sur ces terres, un but qui servait les esclaves. Il avait commencé à nous permettre une ouverture, en détruisant tous ceux qui se mettaient sur son passage. Certains prisonniers, trop effrayés, s’étaient réfugiés dans leurs cellules, mais les mains épaisses du géant perçaient les toits comme du carton pour inviter les esclaves à le suivre, sans crainte.
Je souris, le voyant faire. C’était mon jour de chance. C’était notre jour de chance à tous. Imitant mes frères et sœurs esclaves, levant la main en clamant à la liberté, je pris le pas pour suivre le démon. Seulement, à peine eussè-je avancé que ma jambe était retenue. Je fermai les yeux, inspirant un grand coup pour me calmer, alors que le maton relevait son arme vers moi, prêt à tirer.
- Tu vas pas t’en sortir comme ça, ma cocotte. Tu vas pas t’en sortir, tout court.
Derrière le flingue pointé sur ma tête, je revis le visage du blondinet, toujours flou, tremblant alors qu’il venait de décocher une balle en plein sur moi. Là, je vis rouge. Avant qu’il n’appuie sur la détente, je virai son arme d’un kick bien placé, l’envoyant valser à plusieurs mètres. J’hésitais à laisser le maton en plan, et à gagner en temps pour fuir. Mais si je voulais un monde en paix, je n’avais qu’une chose à faire : éliminer ses semblables. On ne pourrait jamais vivre sereinement tant que les sbires du Gouvernement, eux, vivraient. Alors, le pied sur le poignet désarmé du soldat, je basculai au-dessus de lui, de manière à bloquer ses bras de mes genoux. Là encore, je vis Etsu, le commandant Kim, le soldat, à sa place. Je souris, en pensant que c’était eux tous, à sa place. Le premier direct, il était pour Kim. Le crochet du droit, pour Etsu. Celui de gauche, pour le gamin. Encore, je frappai. Direct, droit, gauche. Encore. Direct, droit, gauche. Le visage du type se décomposait sous les coups, laissant ses gesticulations devenir immobilité, ses gémissements se fondre dans le silence, son visage pâle se noyer dans le pourpre. Dans cet état second, je ne voyais plus la réalité autour de moi. Je ne voyais pas que déjà, le maton ne bougeait plus. Je n’entendais que les bruits sourds de mes poings sur ses joues, sur son nez, ses dents, ses yeux. Je ne sentais plus que mon cœur battre au ralenti, soulagé, libéré, et mon souffle froid, lent, qui glissait sur mes mains et son visage. Je n’écoutais plus que ma rage, qui me susurrer de continuer jusqu’à ce que sa face ne soit plus que poussière. Je frappai, machinalement, oubliant le reste.
- Hé, je crois qu’il a eu son compte, me souffla une voix lointaine, accompagné d’une main sur mon épaule qui me ramena lentement à la réalité. Suis-nous, plutôt ! On doit se casser d’ici !
Aussitôt dit, le corps à qui appartenait cette voix fila dans l’ombre, à la suite du géant. Je relevai le visage vers lui, qui avait déjà bien avancé. Il semblait insensible aux attaques des soldats, comme un spectre que l’on chercherait à traverser, comme un dieu que des mortels voudraient atteindre. Sans attendre, je me relevai. Le maton, inerte, ne chercha plus à me retenir. Je n’attendis pas que les ordres fusent chez les gardiens pour prendre la fuite, à mon tour. Valsant entre les débris volants, bondissant à droite, à gauche, pour éviter les tuiles que le surhomme projetait en libérant les prisonniers, je faisais de mon mieux pour le rattraper. J’ignorais la douleur dans mon dos encore blessé. Je courais aussi vite que je n’avais jamais couru, ne visant qu’un unique objectif : le navire, au loin, que le monstre invitait à atteindre.
- Un bateau vous attend en bas du pont, cassez-vous maintenant.
Je glissai juste à côté de ses jambes, dans la neige, pour le doubler. Arrêtée une minute, je le regardai. Mais il était trop occupé à se battre pour notre liberté, le moment n’était clairement pas propice à la discussion. Sans attendre, je sautais vers le navire, pour rejoindre le pont. En sécurité, au moment de partir, je levai à nouveau les yeux vers lui, admirative. C’était exactement comme lui, que je voulais devenir. Avec la même barbe. Même si nous étions forcés de partir, je me promettais de le retrouver un jour, pour le remercier. Et de lui demander d’apprendre à me battre comme lui… sans le truc de manger des têtes, ça, c’était un peu trop pour moi.
En nous éloignant des Huit Ponts, je posai ma tête sur mes mains, elles-mêmes sur la rambarde du navire. Je pensais à la vieille, dans la cale qui nous avait amenés ici, persuadée que nous allions crever ici.
- Dans ta gueule, vieille conne !
- Mh ?
- WAAAH !
Elle était juste là, à côté de moi, tout sourire.
- Eh bien, on dirait qu’on vient de dépasser le restant de nos jours, hein ?
Futur
Ailleurs, 1622 – 1628
Ailleurs, 1622 – 1628
Jusqu’à mes vingt ans, je n’avais rien vécu de palpitant. La prison, Tequila Wolf, c’était une drôle d’aventure. De mésaventure, plutôt. Mais grâce au vieux monsieur, ça n’avait été qu’une passade, une étape qui m’avait faite grandir. J'aurais préféré grandir sans ça, évidemment, mais je crois que dans mon malheur, j'ai eu la chance de mûrir en accéléré. Les années suivantes, je m’étais baladée sur les Blues, pour continuer à découvrir le monde, à m’améliorer tant en ingénierie qu’en combat. Je m’étais alliée à des hommes et des femmes révolutionnaires, le temps d’une histoire, et avait combattu le Gouvernement Mondial ou les hors-la-loi qui reproduisaient son schéma terroriste. J'avais même rencontré des pirates, avec qui je comptais faire un bout de chemin. J’avais bien vécu, mais pas encore assez pour m’en contenter. De nombreuses questions n'avaient pas encore de réponses, et j'avais encore beaucoup à faire. Car pour moi, une seule chose est certaine : j’en suis toujours à éclore doucement, et mes aventures s’écriront dans l’avenir.
(Note de moi, la meuf qui écrit cette prez: Imaginez qu'il y a un générique après ça, svp, pour terminer la musique, parce qu'elle est quand même cool, je trouve. Et si vous êtes pas d'accord, allez vous faire foutre. non jrigole svp validez-moi je vous aime)
Informations IRL
• Prénom : Laurie
• Age : 22 ans
• Aime : FAIRE DE LA MOUZIK même si chui naze, FAIRE DES DESSINS même si chui naze mais en même temps je débute tavu, FAIRE DE LA CUISINE là ça va chui pas trop naze mais je sais pas présenter joliment, FAIRE DE LA CHIMIE parce que jvais en faire ma vie un peu mdr donc heureusement que ça me plaît, LES FILMS QUI FONT PLEURER genre Your Name quand le mec écrit dans la main de la meuf et qu'il doit écrire son nom mais il y a écrit "je t'aime" omd je chiale en écrivant là, premier degré, ET LES COURTS METRAGES parce que c'est vraiment trop cool, genre Esma, Golden Moustache et tout j'aaadoooore. ET LA VIE, j'aime bien le concept.
• N'aime pas : Pascal Praud. Juste Pascal Praud.
• Personnage préféré de One Piece : Brook le sang, ou Bonclay le sang D':
• Caractère : chui jontille
• Fait du RP depuis : 2016
• Disponibilité approximative : Ca dépend des cours et de la motiv (mauvaise réponse ? é.è)
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ONE PIECE REQUIEM
Dernière édition par Nemo le Sam 12 Déc 2020 - 19:32, édité 38 fois