Le Deal du moment : -67%
Carte Fnac+ à 4,99€ au lieu de 14,99€ ...
Voir le deal
4.99 €

FB : Une rencontre dans le sang et les larmes [Yûna ♥]

Cela faisait maintenant deux jours que nos deux protagonistes bien connus avaient débarqués sur cette île dont ils ne connaissaient pas encore le nom. Les gens d'ici étaient plutôt d'un style refermé et ne lâchaient pas un seul mot de trop, comme si une force qui leur étaient supérieures les en eut empêché. Il y avait quelque chose de louche dans cette histoire et Kana avait bien envie d'en apprendre plus. Pour le moment, ils avaient établis leurs marques mais cherchaient encore un plan des terres. Apparemment les touristes n'étaient pas nombreux dans le coin. Ceci dit, ce n'était pas étrange aux vus de l'atmosphère environnante. Qui avait bien envie de mettre les pieds dans un coin où on vous regardait d'un air suspect dès que vous faisiez un pas ?

L'albinos et son jeune frère se levèrent en même temps. La jeune femme lâcha quelques berrys qui allèrent rouler sur la table où se trouvaient déjà deux verres vides, elle jeta ensuite un regard au patron du bar qui semblait simplement les voir s'en aller. Oui, ça changeait vraiment des «chers clients» à chaque phrase, au moins il n'y avait pas de chichis si on devait trouver un avantage. Les deux amis s'engagèrent dans une étroite ruelle. Il s'agissait maintenant d'aller faire un tour dans leur chambre d'hôtel afin d'aller se re-fournir en argent. Les informations allaient coûter cher mais les billets déliaient bien les langues.

Une fois arrivés devant l'auberge «Au joyeux trépassé», nom qui n'avait d'ailleurs rien de bien réjouissant, Hotaru poussa la porte un peu trop brusquement ce qui eut pour effet de la tirer de ses gonds et d'envoyer valser le pauvre bonhomme quelques mètres plus loin dans un vacarme assourdissant. Une des autres conséquences fut le débarquement en catastrophe de l'hôtelière qui s'égosillait déjà contre ces touristes qui se croyaient tout permis. La médecin la regarda avec un air tellement froid qu'elle s'arrêta immédiatement de piailler et se fit toute petite, se recroquevillant presque sous la table qui lui servait d'accueil. La pirate aida ensuite son frère à remettre la planche de bois en place et ils montèrent tous les deux dans la petite pièce que les gens d'ici nommaient «chambre d'hôtel».

Outre le fait que cette dernière soit totalement crasseuse et que des taches de gras constellaient la tapisserie, les lits étaient en fait des ballots de paille recouvert d'un drap en toile. Le confort n'était pas vraiment là mais le prix, lui, était digne d'une des meilleures suites, sur une autre île ceci dit. Pourtant, les voyageurs n'avaient pas vraiment eut le choix car c'était la seule auberge qu'ils avaient pu trouver dans la ville. Sans doute profitait-elle de ce monopole et des rares clients pour compenser les absents. Une fois les berrys sortis de leur cachette –la confiance les amis, la confiance- Suu et Ayami sortirent en trombe, affichant le même sourire que des gosses qui allaient enfin pouvoir mener l'enquête qui les emmèneraient jusqu'au trésor. Oui, avec l'âge la définition de trésor avait sans doute un peu tendance à changer.

La pluie s'était mise à tomber, rendant l'atmosphère du coin encore plus triste et grise, il était vrai que les pavés du sol devait beaucoup aider dans la notion de couleur mais tout de même ! Il y avait un endroit où les gens se réunissaient par un tel temps, un petit coin abrité pas très très loin. Si il y avait quelqu'un, ce serait le moment idéal pour le cuisiner sur ce qu'il savait. Après avoir couru pendant deux ou trois minutes, Kana et Hotaru y furent enfin. Il y avait bien une personne mais elle ne semblait pas d'ici elle non plus.




        Histoire & curiosité




        « La curiosité est un vilain défaut. »

          Je suis arrivée, hm, je dirais il y a trois jours. Le bateau touristique que j'ai emprunté s'arrête environ cinq jours dans chaque île de West Blue. Je me suis trouvée un petit hôtel miteux du coin. La chambre est pas trop pourrie, enfin j'ai connu pire. Au moins, il y a un lit, c'est déjà ça. Ah oui, ici c'est ''Ville d'Esclaves'', quel drôle de nom non ? On dit que par le passé la ville était synonyme d'esclavage d'où le nom de celle ci. Apparemment, cet époque est révolue. Je l'espère bien. La ville est jolie, un peu grise mais bon. J'ai déjà été visité le site entier. L'île entière est une petite merveille, l'immensité est assez incroyable. J'ai envie de dire que on pourrait facilement s'y installer. Le seul véritable problème de cette ville, et même de l'île, c'est les gens. Non, mais s'en déconner ! Ils parlent pas, ils sont limite agressifs quand ils osent adresser la parole à quelqu'un. Par exemple, l'autre jour, au bar, quand j'ai demandé au patron ce qu'on pouvait faire dans la ville, il m'a dit de dégager et qu'ici ''on aimait pas les touristes''. Ça fait toujours plaisir.

          Aujourd'hui, je suis motivée ! Je vais chercher quelques trucs intéressants ! Genre … hm... Des berrys ! Oui, bonne idée ! Et puis, en passant j'essayerai d'apprendre un peu plus sur cette ville. Les connaissances, c'est mon truc ! J'aimerai bien connaître l'histoire de cet endroit. J'adore apprendre, c'est pour ça que j'aimais Ohara, on apprenait un peu plus chaque jour. Malheureusement, j'ai dus consacrer mes études au ciel et aux étoiles. Quand j'aurai vengé mon frère, je retournerai à Ohara – voir Ojiisan- et continuer mes études, me consacrer à l'histoire et non à l'astronomie. Ça serai cool. Mais pour l'instant, j'avais plus important à faire ! Les gens de cette ville ne sont pas très accueillant, ils vont le payer … avec leurs berrys justement !

          Dehors l'ambiance n'est pas très gaie. La commune paraît triste et abandonnée. Personne à l'horizon. Je suis sûre que ces poltrons sont tous au bar du coin. Désespérant. Kyah ! La pluie elle ressemble à de la grêle. Je met mes bras au dessus de ma tête et cours vers le bar. J'entre à l'intérieur. J'aurais gagné si j'avais parié contre moi même. Ils sont, effectivement, tous ici. Une jeune femme et un jeune homme sortent au moment où moi je m'assois. Je commande un verre d'eau et un truc à grignoter. Le patron me sert en grognant. C'est le moment de lui demander ce qui s'est passé dans cette ville. Il me regarde en mode mêle toi de tes affaires. Il m'envoie balader, en me disant que ce n'est pas mes affaires -justement-, et me dit de partir. J'insiste un peu. Il me dit que ces histoires ne sont pas pour les gamines. Il me répète de quitter son bar et de ne pas m'inquiéter pour le paiement, je me lève et quitte le bar. C'est mal barré.

          Je décide de me promener dans la ville, après tout je n'ai rien d'autre à faire. Étant polie – moi – je salue les personnes qui se trouvent dans le rue, sans avoir de réponse. La pluie s'est stoppée, tant mieux. Je me retrouve en quelques minutes dans la ville haute. Un mémorial y est installé, en hommage aux esclaves qui ont été exploités pendant tant de temps. Je m'assois sur un banc plus haut, un homme âgé passe devant moi, il me regarde d'un air noir et murmure ''si elle savait celle la''. Si je savais quoi ? M'enfin, il a l'air un peu fou celui la. Le ciel recommence se couvrir, boaf, tant pis. La pluie retombe, mais pas en grêle cette fois ci. Très vite, je me retrouve trempée. Je ne sais pas trop je n'ai pas envie de bouger, je suis bien ici. J'admire le paysage. On se trouve sur une presque-île en fait, je n'arrive pas à distinguer les autres petits villages de l'île. Le reste est entouré par la mer, logique. Lorsque le vent vint frapper mon visage avec une force incroyable, je décide de rentrer.

          Une jeune femme cours pour échapper à la pluie, elle me bouscule dans la précipitation – mais ne s'arrête pas pour autant -. Ma main glisse dans son sac, attrape quelque chose. J'espère sincèrement que j'ai touché le jackpot ! Je regarde la petite bourse qui se trouve dans le creux de ma main, il y a un peu de berrys, peu mais c'est déjà ça. Je fourre la bourse dans ma poche de pantalon. La pluie tombe de plus en plus. Je devrais me réfugier quelque part. J'entre dans un petit troquet, encore plus pourris que ma chambre, mais ça suffira le temps que la pluie se calme. Il n'y a vraiment rien à faire ici quand il pleut. Je commande à boire et attends, enfin j'écoute les conversations des deux personnes à la table à coté de moi. Malgré qu'ils chuchotent, je parviens à comprendre un peu leur conversation. Ils disent qu'il y a trop de touristiques et que c'était mauvais pour leur commerce. Je ne comprends pas sur ce coup. Il y a des touristes, mais c'est mauvais pour le commerce ? Ils sont débiles ces deux la ou quoi ? Ou alors … Est-ce des trafiquants ? Boaf, en tout cas ça ne me regarde pas.

          Le temps s'est calmé, je sors du troquet et emprunte le chemin du retour. Les deux hommes qui étaient à coté de moi tout à l'heure marchent devant moi. Ils n'arrêtent pas de se retourner. C'est louche quand même, ils doivent avoir affaire à des trucs louches. Ils tournent dans une petite ruelle, en passant devant je jette un coup d’œil. Ils ont engagés une conversation avec un homme caché par l'ombre. Il se passe quelque chose ! C'est vraiment trop bizarre, cette ville est trop bizarre ! Je devrais me renseigner, mais après toutes mes tentatives les habitants ne sont toujours pas très causants. Raaaah ! Ça m'énerve ! Je veux savoir ce qui se trament ici ! Yûna, tu es trop curieuse murmure la petite voix dans ma tête. Mais cette fois ci, je m'en fous de ses conseils ! Je saurai.

          Je retourne à l'hôtel pour l'instant, je n'ai plus que deux jours pour trouver. Ça va être dur. Il me suffirait de trouver de l'aide, une personne d'ici qui voudrait bien m'aider ! Et puis, quelque-soit le secret de cet endroit, qu'est-ce que j'en aurais à faire hein ? Je m'assois sur le ''lit'', pose mes coudes sur mes cuisses et ma tête entre mes mains. Réfléchis Yûnie ! Tu peux trouver quelque chose ! Tu dois trouver quelque chose ! Et si... Non, ça ne marcherait pas... Un bruit me sort de mes pensés. Un raffut se fait entendre en bas. La patronne gueule un peu, je hausse les épaules. Je descends, je vais réessayer d'obtenir des informations, j'ai entendus dire que lorsqu'il pleuvait les habitants se réunissaient sous un préau pour commérer. Je me rends donc vers ce préau.

          Je ne sais pas vraiment si c'est un préau, mais au moins c'est abrité. Au moins cet endroit existe bien, par contre les gens qui se réunissent en dessous pour parler, eux ils n'existent pas. Tant pis. La pluie a repris depuis quelques minutes, quel temps de chien ! Je suis bloquée la dessous ! J'ai pas envie de me remouiller. Je suis déjà frigorifiée. Au loin, deux silhouettes se forment, se rapprochent à grands pas. J'ai l'impression de les avoir déjà vu, il s'agit des deux personnes qui quittaient le bar où j'étais plus tôt dans la journée. Ils viennent s'abriter eux aussi ici. La jeune femme est assez étrange, en effet elle est albinos. Cette particularité dérange pas mal de gens, mais moi en fait je trouve ça assez attachant. C'est un caractéristique qui rend une personne unique, tout comme mes yeux violets – quoi qu'ils se font de moins en moins rares -. Le garçon, un blondinet semble très attaché à la femme, j'ai remarqué qu'il ne la quittait pas d'une semelle. C'est mignonnet tout ça.
          J'en oubli la politesse !

          « - Bonjour. »


          Je fais un petit mouvement de la tête en accompagnement. J'attrape mon poignet gauche avec ma main droite, sale habitude. Ils n'ont pas l'air d'ici, on peut tout de suite le remarquer. Comme moi, ils n'ont pas cette aura autour d'eux, les personnes vivants ici ont cette apparence qui les rend tristes. Je me demande, si eux aussi ont remarqués la tension qui règne ici ? C'est fort possible … qui ne la remarquerait pas ? Non mais franchement ! Non stop ! Je vais encore râler contre les habitants si je continue sur cette voie... Je me demande aussi pourquoi ils sont venus ici, eux aussi.

          « - Vous aussi, vous n'êtes pas d'ici ? »


          Je ne suis pas d'un naturel très bavard, enfin pas avec les inconnus, sinon … Mais, j'avais besoin de réponses et si il s'avérait que ces deux individus venait d'ici je pourrais les questionner, et obtenir mes réponses.












    Dernière édition par Yûna Nakyuu le Lun 1 Aoû 2011 - 17:12, édité 2 fois
      La simple salutation de la part de cette petite avait suffit à prouver qu'elle n'était pas du coin. Le genre des personnes du coin était plutôt renfermées voir carrément taciturne, ce qui ne correspondait pas vraiment à la description de la gamine aux cheveux roux qui devait d'ailleurs avoir à peu près l'âge d'Hotaru. Kana lança un regard vers son frère qui semblait assez surpris de voir quelqu'un de si jeune se balader seul. L'albinos esquissa un sourire avant de se tourner à nouveau vers l'inconnue. Peut être avait-elle plus d'infos qu'eux au niveau de la situation de cette île, ça se trouve elle était même la depuis un moment et faisait des recherches... Mais bon, il ne fallait pas rêver non plus, ça eut été Noël. Une phrase confirma que la gamine était une touriste -chose étrange vu le genre de ce bout de terre mais bon...- et les espoirs de Suu enflèrent quant à la perspective d'en apprendre plus sur les locaux.

      Oui comme tu dis, on est pas d'ici...


      Tes cheveux, c'est une teinture ?
      demanda Ayami interloqué, en interrompant sa sœur.

      Rah, on interroge pas les gens comme ça ! Je pensais que tu l'avais compris depuis le temps.

      Mais euuuh... C'était plus fort que moi sur le coup... *puis, se tournant vers la fille* désolé hein !

      La légendaire violence de Kana avait encore frappé car si vous n'aviez pas vu le magnifique cou de poing qu'elle avait porté sur le haut du crâne de son frère, vous pouviez maintenant voir la bosse s'installer doucement et surement, tel un œuf, c'est clair que maintenant, Hotaru allait avoir la côte... La médecin sortit de sa sacoche un petit flacon qu'elle lança au blond. En vrai pro, ce dernier se jeta sur la fiole de verre et l'ouvrit avant de plonger ses doigts dedans et de sortir une pâte blanche qu'il étala à l'endroit où l'impact avait eu lieu.

      T'es pas sympa quand même, tu aurais pu ma taper moins fort hein, déclara le marmiton en faisant une moue alors qu'il rependait l'onguent.

      Oui, je sais mais j'en avais pas envie
      , répondit la pirate avec un sourire amusé.

      Les deux amis se lancèrent encore quelques piques puis le coq eu la bonne idée de se tourner à nouveau vers la rousse qui mine de rien avait pu les entendre se quereller -oui bon c'était pas vraiment méchant mais quand même-, ce qui était pas trop trop classe mine de rien, la crédibilité des deux protagonistes en prenait un gros coup quand même. Kana arrêta également de retomber en enfance. Voilà, c'était au moins une bonne chose de faite, 'restait plus qu'à ne pas se faire passer pour des fous ou des abrutis finis.

      Ah ouais au fait, tu sais comment elle s'appelle toi cette île ? Parce qu'on a essayé de se renseigner et tout mais ça a pas vraiment fonctionné, les gens parlent pas beaucoup ici et puis, comme on est arrivé par nos propres moyens, bah on est au courant de rien en fait.


      La doctoresse regarda le ciel. Il avait presque cessé de pleuvoir. C'était étrange ces changements météorologiques mais en tout cas, maintenant, il faisait super froid ce qui n'était pas vraiment l'idéal lorsque l'on se baladait avec seulement un tee shirt et un short, comme Hotaru ou encore avec une jupe et un débardeur, version Kana.

      Punaise, on serait mieux dans un bar...

      Parle meilleur p'tit frère ! lança l'albinos en tapant à nouveau Ayami.




            Discution




            « La confiance c'est un lien bancal, entre personnes naïves.
            La naïveté c'est une ficelle qui nous faire confiance à n'importe qui. »

              Les deux personnes ne sont donc pas d'ici, eux aussi ? Wraf … Je ne suis pas prête d'apprendre quelque chose sur cette ville. J'ai envie d'abandonner, ce sentiment de désespoir m'envahit. Je n'ai pourtant pas très envie de lâcher prise, je veux savoir ce secret dont les gens ont si peur … Si je pouvais, je ne sais pas moi, faire quelque chose pour apaiser ces gens qui semble vivre dans la terreur et le silence, l'agressivité aussi. Piou. Je fais une piètre future pirate. Si je commence en ayant pitié des habitants, je ne pourrais jamais me faire craindre … Pouah, la vie est si dure. Enfin bref, mon attention se reporte vers les deux inconnus.

              «-Tes cheveux, c'est une teinture ?»

              Hein ? Je passe ma main sur le haut de mon crâne, la fait redescendre pour enrouler mon index dans une mèche de cheveux. Pourquoi crois-t-il que mes cheveux sont teints ? C'est étrange tout de même. Mes cheveux couleur cerise foncé, d'où ils viennent ? Je crois me rappeler que Okasan avait cette couleur rougeâtre, tout comme moi. Enfin, peut-être est-ce Ottosan ? Je ne peux le dire, je ne me rappelle pas assez de leur visage. Quel plaie ! Moi qui aimais tellement mon père, je ne pourrais dire à quoi il ressemblait. Je reportant mon attention sur le blondinet et la jeune albinos, je remarque qu'ils se dispute. Ils ont l'air de beaucoup s'apprécier. Comme des frères et sœurs. Comme des frères et sœurs... Ils ont de la chance d'être ensemble, même si ils ne sont pas de la même famille... quoi que, je n'en sais rien. Ils sont sûrement du même sang d'ailleurs, comment pourrais-je le savoir, hein ? J'observe la scène qui se déroule devant avec un petit pincement au cœur, j'aimerais bien retrouver une telle complicité avec quelqu'un.

              « - Non, j'ai toujours eu cette couleur de cheveux.  Et toi, tes cheveux ont-ils toujours été blonds ?», lançais-je sur un ton amusé.

              Pourquoi suis-je si amicale ? Je ne devrais pas être si gentille avec des inconnus, oui des inconnus. Boaf, ça doit être mon moi intérieur, il est toujours sympathique, lui. Mon moi intérieur ? C'est bizarre d'utiliser cette expression surtout lorsqu'on sait – ou qu'on ne sait pas – qu'une petite voix invincible se balade dans ma tête à longueur de journée. Si en plus de la voix, j'ai un autre moi qu'est-ce-que je vais devenir, hein ? Une vieille folle aux cheveux gris et hirsutes, qui se promène avec un chat, qui répète sans arrêt les même phrases qui ont aucun sens ? Non ! Je veux pas devenir ça, plutôt crever. M'enfin, tant que ça n'arrive pas, tant mieux. Pour l'instant, vaut mieux ignorer ces autres personnalités, hein ?

              « - Ah ouais au fait, tu sais comment elle s'appelle toi cette île ? Parce qu'on a essayé de se renseigner et tout mais ça a pas vraiment fonctionné, les gens parlent pas beaucoup ici et puis, comme on est arrivé par nos propres moyens, bah on est au courant de rien en fait. »


              Ah oui, je vois … Ils sont vraiment paumés ici ! Chouette! Les seules personnes qui veulent bien m'adresser la parole, en savent encore moins que moi... Pfiou, je suis pas prête de connaître l'histoire de cette ville. Mais en fait, pourquoi je veux connaître ce passé, hein ? Je n'ai pas de but particulier, peut-être l'ennui ? La curiosité ? Je ne sais pas. Baaaah, je réfléchis trop ! Je suis sûre mon cerveau doit être brûlant tellement je l'utilise. Enfin bref, passons.

              « - Oh ! Je vois... Nous sommes à Ville d'Esclave. C'est un nom étrange, non ? Il paraît qu'auparavant la ville vivait grâce à l'esclavage, c'est horrible ! Je fais des recherches sur ce qui s'est passé, mais les habitants ne sont pas très causants comme tu le dis... »

              Et merde ! J'ai encore trop parlé ! Ils n'ont pas besoin de savoir ce que je fais en ville. Piou, je ne suis vraiment pas faite pour m'adresser à des étrangers, un jour je vais déballer ma vie et j'aurai pas mal de problème! Mais quelle cruche je fais ! Aller, je dois positiver ! Peut-être ces deux personnes m'aideront à faire un historique de cette ville. Ah ah. Ne sois pas si naïve. Tient, ça faisait longtemps qu'elle ne c'était pas manifester celle la. Hm, bref ne changeons pas de sujet. Je regarde les deux êtres qui se tiennent à mes cotés, je pense que je peux leur faire confiance. Oui, je pense. Un sourire m'échappe, oui j'en suis sûre, ils ne me feront pas de mal. N'en soit pas si sûre ♫

              « - Vous voulez aller autre part ? Oh excusez moi! Ça m'a échappé ! »

              Ma fameuse politesse reprenait le dessus. En effet, s'ils veulent aller autre part c'est sans doute sans moi ! Que je suis bête ! Je leur fis un petit signe de tête pour signaler mon départ. Il est vrai qu'il commençait à faire vraiment froid, même si je me suis bien couverte. Je croise les bras et frotte mes mains contre ceux ci. Enfin bon, je devrais dégager et rentrer à l'hôtel. Alors que je commence à partir, je me retourne vers les deux personnes

              « - Vous devriez vous aussi rentrer, la pluie va bientôt recommencer à tomber, on sent la présence de l'humidité »

              Je lève la tête, le ciel est dégagé mais un nuage gris se laisse voir au loin. Oui, la pluie sera la d'ici quelques minutes, mais comme d'habitude ici, elle ne durera pas longtemps. Maintenant que je les ai prévenu je peux partir, ça me dérangeait de les laisser ici sachant qu'il allait repleuvoir. Pourtant quelque chose m'empêche de partir. Les deux hommes qui j'ai apperçus au bar plus tôt dans la journée sont encore là. Ils empruntent de nouveau une ruelle, mais cette fois ci je peux les voir s’engouffrer dans une porte. Raaah ! J'aimerais bien les suivre. Je me retourne, est-ce-que ces deux là les ont aussi vus ? Ça m'arrangerait bien...


          L'atmosphère retomba brutalement lorsque la petite rousse sortit le nom de l'île avec un air aussi décontracté. Des esclaves ? Cela devait s'appuyer sur des faits réels. Elle disait que ce n'était plus d'actualité mais pour Kana, le gouvernement était plus que capable de cacher certaines choses aux populations. C'était même vital pour lui et son image. L'enflure... C'était surement ce qu'il se passait ici aussi. Il faudrait enquêter mais surtout, être plus prudent que d'habitude. Si le boss mondial avait effectivement des choses à dissimuler, il ne les laisserait sans doute pas sans protections ce qui signifiait immanquablement du danger. Beaucoup de danger. Mais après tout, peut être que cette activité avait belle et bien cessé ? L'albinos esquissa une légère moue. Non, on n'était pas dans le monde des bisounours où tout finissait bien et où chacun était gentil. La vraie vie était beaucoup plus compliquée, rythmée par les profits et surtout les apparences. Qui aurait voulu arrêter quelque chose qui devait rapporter autant hein ? L'éthique passait après.

          La pirate essaya de masquer sa gène mais le fit sans doute un instant trop tard car Hotaru semblait avoir deviné ce qui la tracassait. Après avoir passé tant de temps l'un à côté de l'autre, ils avaient acquis à peu prêt la même façon de penser et de réfléchir, ainsi un seul geste avait suffi à trahir l'entière réflexion de l'albinos. Parfois ce n'était vraiment pas pratique, cet espèce de lien qui les reliait.

          Les deux protagonistes se retournèrent à nouveau vers la rousse qui venait de dire qu'il faudrait sans doute profiter d'une accalmie climatologique pour filer en vitesse avant la prochaine averse. C'était pas totalement dépourvu de sens, elle en avait dans la tête cette gamine. Au fait, elle avait quel âge ? Approximativement celui d'Hotaru normalement, non ? Kana n'avait jamais été douée pour évaluer toute sorte de choses, en commençant bien évidement par la force de ses adversaires. Il arrivait que cela se retourne contre elle mais en général, cela l'obligeait à sa pousser à fond en toutes circonstances, ce qui était tout de même mieux qu'une estimation foireuse. En ce qui concernait le sujet présent, c'était du pareil au même, en tirant la notion bénéfique. En se souvenant qu'une fois elle avait traité un pauvre gosse prétentieux comme un adulte, le visage de Suu se fendit d'un léger sourire. Elle avait vraiment dû passer pour une cruche ce jour-là.

          Ayami se retourna alors vers sa sœur qui acquiesça. D'un commun accord tacite, ils firent volte face et interpellèrent leur nouvelle connaissance en lui proposant qu'ils aillent ensembles dans un coin accueillant -ce qui était beaucoup dire aux vues de la ville, m'enfin...- genre un bar. L'estomac du jeune cuistot appuya vivement cette option dans un gargouillement digne de Gargantua lui-même. La médecin quand à elle réfléchi deux secondes. Partir comme ça avec des gens dont on ne connaissait même pas l'identité n'était peut être pas très attirant, enfin ce qui était sûr c'était qu'il n'y aurait presque personne pour le faire, et ça c'était clair. Bon, d'un autre côté, nos deux protagonistes n'avaient pas non plus l'apparence de kidnappeurs ou de chasseurs de prime -ce qui eut été assez risible pour des pirates-.

          Enfin, c'est toi qui vois hein, t'es pas obligée non plus. Au fait, moi c'est Kana et mon petit frère s'appelle Hotaru...

          Hé oh ! Je peux me présenter tout seul hein, je suis plus un gamin !

          Mais oui mais oui, répondit la jeune femme en ébouriffant la touffe de cheveux blonds qui entouraient le crâne du marmitton.




                Pas de titre !




                « Pas de citation ! Nah. »

                  Bien consciente que j'ai plombé l'ambiance – bien que déjà froide – je préfère forcement m'esquiver. Avec le sourire et la bonne humeur ! Bien évidement. C'est toujours comme ça ! Il me suffit de dire trois mots en trop et je foire tout ! Enfin... C'est pas grave, je continuerai mes recherches toute seule, même si ces deux là aurait put m'aider. Rien qu'un tout petit indice sur l'évolution de cette île m'aurait servis ! M'enfin, je trouverai toute seule. Je relâche mes bras contre mon corps et reprends la marche. En passant devant la ruelle suspecte, je ne peux m'éviter de pousser un soupir. Je suis bien trop faible pour affronter deux hommes comme eux toute seule. Je ne suis pas assez curieuse pour en être suicidaire.

                  Je m'arrête. Brusquement. Est-ce vrai ? Ces gens sont-ils réellement près à faire confiance à une gamine sortie de nul part ? Sont-ils à ce point inconscient ? Apparemment oui. Je me retourne, délicatement, joyeusement. Je leur souris. Que faire ? Dois-je moi aussi révéler mon identité ? On verra. Pour l'instant je me contente, tranquillement, de faire le chemin inverse pour revenir vers eux. Pendant ce temps, mon esprit bouille. Dois-je vraiment leur faire confiance ? Cinq minutes plus tôt j'aurais dis oui, mais vu mon changement de caractère permanent, je ne sais plus. M'enfin...
                  Kana et Hotaru, intéressant. Est-ce leur vrai nom ? Me mentent-ils ? Possible … En attendant, je dois prendre une décision. Mon retour montre mon accord pour aller dans un autre endroit. Une erreur peut-être ? Quoi que, c'est bel et bien moi qui ai proposé en premier. Je m'arrête devant eux.

                  « - Yûna. Enchantée. »

                  Un nom, une présentation, peut-il vraiment changer quoi que ce soit ? Je l'ignore, en tout cas je vais les accompagner, prendre un verre avec eux et parler. Après, on verra. Qui sait, peut-être les apprécierais-je. J'attends quelques secondes qu'ils se préparent à partir. Je leur propose un pub où je suis allée une fois, un des plus chaleureux sur l'échelle de la bonne humeur de cet endroit. Je pars la première, tout en regardant s'ils suivent ou non. On ne sait jamais, ils peuvent changer d'avis ! Sur le chemin du le bar, je ne prononce pas un mot. Après tout, je ne suis pas d'une conversation très passionnante parfois. Arrivés au point de départ, je leur précise que c'est ici.

                  Le bar n'est pas le plus joli, ni le plus rempli. Au contraire. Il n'y a que quelques personnes. Je l'avais trouvé plus sympa la fois d'avant. Il semble plus obscure aussi. J'ai dus me tromper, cette ville n'est pourtant pas un labyrinthe. Étrange. Pourtant, je reconnais le patron des lieux. Un petit homme presque chauve au ventre bedonnant. Pas de doute, c'était bien la. La décoration est toujours la même, des tables carrés de deux à six personnes, de chaque cotés du lieu. Seul deux tables rondes sont présentes, aux coins de la salle. J'attrape une chaise et m'assois dessus, imitée par Kana et Hotaru. Bizarre de nommer ces inconnus par leur nom respectif, je vais avoir du mal, je le sens.

                  « - Hm, et alors vous venez d'où ? Ou plutôt, vous voulez allez où ? »


                  J'essaye de lancer la conversation, ce n'est pourtant pas mon fort... Enfin si, avant, mais plus maintenant. J'arrive pas à savoir pourquoi je suis devenue si silencieuse et si bavarde à la fois, une preuve de ma double personnalité peut-être ? Bouah … J'appelle le serveur – enfin le patron, ils ne font qu'un – et demande un verre d'eau, pas d'alcool ou autre à cette heure ci ! Je me donne une raison, je n'en commande pas car je n'aime pas ça, pas parce qu'il est tel ou tel heure ! À quoi bon faire semblant ? Je n'aime pas, c'est tout … C'est un poil piquant, écœurant, ça a toujours le même goût … enfin voilà quoi ! Je préfère prendre un jus de fruit, mais devant des inconnus, ça craint un peu !

                  Le jeune garçon me regarde, je lui esquisse un sourire. Je me demande bien quel âge il peut avoir. Approximativement mon âge, un poil plus jeune ? Ayant dix-sept ans, presque dix-huit il doit tourner dans ces eaux là lui aussi. Et la jeune femme ? Impossible, il se peut qu'elle soit plus vieille mais je ne serais le dire. Enfin, ce n'est pas important. Je me demande bien ce qu'ils font ici, et surtout s'ils comptent rester dans cette ville du plus moins lugubre. Je repense rapidement à ma question posée auparavant, me demande si c'est n'est pas déplacé. Après tout, ils n'ont pas à me raconter leur vie …

                  « - Excusez moi ! C'était déplacé de ma part ... »

                  Je baisse la tête, comme si je m'inclinais, pour m'excuser. J'ai beau me le répéter, je n'arrive pas à ne pas être polie et surtout à ne pas me mêler de ce qui ne me regarde pas ! Un jour je vais avoir des problèmes avec cette habitude ! En y pensant bien, avec tout mes tics ou tocs réunit je pourrais avoir de gros problèmes ! Il faudrait que je me débarrasse de chacun d'eux, un par un. Par exemple celui de regarder mes ongles, ce qui donne l'impression que je m’ennuie. Vous savez, ce petit geste que j'exécute depuis qu'on est arrivés ici. Je relève brutalement la tête, plaque mes mains contre mes cuisses. Promis, je ne regarde plus mes ongles jusqu'à ce que je me sépare des deux personnes.

                  Je pourrais rester ici longtemps, mais je n'ai pas tout mon temps. Je me demande bien ce qu'ils me veulent. Eh oui, on invite pas les gens par sympathie, mais plutôt par intérêt. Non ? C'est bien ce que je me disais.



              Donner son nom, son identité était presque aussi important que le premier regard qu'une personne avait d'une autre, au delà des apparences, cela était comme un signe de confiance bien que souvent il soit utilisé à tord et provoque la méfiance des gens. Il était mauvais de décliner trop vite son patronyme et la confiance ne pouvait s'accorder que rarement de but en blanc, surtout chez les pirates bien que ce fut sans doute juste une question de point de vue. Pourtant, Kana n'avait eu aucun mal à croire en Yûna, peut être était-ce son aspect juvénile ou bien le fait qu'elle lui rappelait une de ses jeunes sœurs qui était morte il y avait bien longtemps de cela maintenant.

              Hotaru prit sa sœur par le bras et lui montra d'un coup de tête la petite rousse qui partait déjà devant, certainement vers le pub qu'elle avait indiqué. L'albinos ne l'avait écouté que d'une oreille et se faisait maintenant rappeler à l'ordre par son frère. La médecin esquissa un sourire devant l'expression indéchiffrable du gamin. Peut être commençait-il à réellement apprécier cette petite rousse. Bah, le temps en déciderait après tout, la vie des forbans n'était pas tout à fait dédiée aux mêmes aventures que celle des civils.

              Les rues se succédaient, toujours aussi poussiéreuses et sales. La pluie avait transformé tout ce qui trainait sur le sol nu -pourquoi perdre son temps à paver les routes ?- en une espèce de boue qui se pressait de rejoindre la mer, coulant avec facilité dans les pentes. Bien qu'on ne fut qu'en fin d'après midi, tous les volets étaient fermés, sans doute signe que rien ne devait filtrer, que ce soit les informations sur la ville ou la vie de ses citadins. L'ensemble était gênant sans forcement donner une impression d'insécurité, les sentiments de Suu se balançaient entre nostalgie, car l'ambiance lui rappelait vaguement Tequila Wolf, curiosité et appréhension. Il n'y avait pas une once de peur en elle, cette bourgade était largement moins dangereuse que Las Camp, il n'y avait pas à tergiverser là dessus.

              Enfin le trio arriva au pub qui était très simple, que ce soit dans son aménagement ou dans l'ambiance qui y régnait. Pas de moulures mais de simples boiseries qui avaient perdues leur éclat depuis bien longtemps à en juger par la couche de crasse qui les recouvrait. Au plafond était suspendu une lampe des plus simples entourée d'un abat-jour qui avait gardé sa teinte d'origine, sans doute à cause du manque de soleil et de luminosité dans la pièce. Tout semblait ici figé, en passant par les décorations d'un autre temps, les fleurs pourries placées dans un petit vase sur le comptoir mais également le gérant de l'établissement, vêtu à la mode des siècles passés. Le tout n'aspirait pas réellement à la propreté mais les deux acolytes espéraient tout du moins que ce qu'ils servaient était digeste. Ils n'avaient pas réellement l'habitude de ce genre d'endroits et préféraient en général des lieux où l'hygiène était un peu mieux considérée. Enfin, puisque Yûna pensait que le coin était bien, ça allait.

              « - Hm, et alors vous venez d'où ? Ou plutôt, vous voulez allez où ? »


              La jeune fille se ravisa ensuite, jugeant sa question déplacée. Suu ne savait pas vraiment quoi répondre, après tout, peut importe qu'elle lui fasse confiance ou pas, elle la connaissait depuis trop peu de temps pour pouvoir lui dire si facilement que les pirates n'avaient pas besoin de destination précise. Hotaru lança un regard interrogateur à sa sœur qui acquiesça. Le garçon n'était pas obligé de répondre bien précisément après tout.

              Disons que l'on vient d'autres îles, en ce moment nous parcourons West Blue sans réel but. Nous aimons découvrir les ambiances de chaque ville bien que celle-ci soit plutôt déplaisante. Et toi, tu es sur le bateau qui a débarqué récemment non ? Enfin, libre à toi de répondre ou non... déclara Ayami avec un léger sourire alors que Kana commandait de quoi boire.



                  « Et puis soudain, tout s'éclaire. »

                    « Disons que l'on vient d'autres îles, en ce moment nous parcourons West Blue sans réel but. Nous aimons découvrir les ambiances de chaque ville bien que celle-ci soit plutôt déplaisante. Et toi, tu es sur le bateau qui a débarqué récemment non ?
                    Enfin, libre à toi de répondre ou non... »


                    Des itinérants, ou un truc dans le genre. En gros des gens qui se baladent dans le monde, dans la ville. C'est cool tout ça. J'en suis un peu une, moi aussi, même si j'ai un but précis. Rejoindre South Blue, rejoindre un équipage et puis trouver le salopard qui a tué mon frère. Ma vie m'a été tracée comme on trace un dessin. Je n'ai pas d'autres choix. Dés le début, je le savais. Je savais ce que je deviendrai, ce que je ferai. Je sais ce qui m'attend, ce que je dois faire. Mais ai-je vraiment envie d'accomplir une revanche ? Oui bien sur. Bien sur que j'en ai envie. C'est ce qui guide mes pas depuis quelques années. Je suis obligée. Je ne pourrais pas abandonner. Je sais que j'en suis capable, et j'y arriverai. Ceci met un point à cette petite réflexion inutile. On n'évoque plus mes doutes, non. Plus jamais. Ok ? Enfin, jusqu'à la prochaine fois.

                    Le patron m'apporte mon verre d'eau. Je jette un coup d’œil par dessus. L'eau est clair, pas de trace de poussière, de morve ou de bave. Pas de miettes, ou des moisissures. Elle a l'air potable. Je le remercie dans un souffle et en attrapant le verre, boit une gorgée. Elle est fraîche et agréable. C'est étonnant, on pourrait croire qu'elle serait dégueulasse au premier coup d’œil. Enfin, je ne vais pas me plaindre hein, au contraire. Je le repose et décide de répondre aux deux personnes se tenant devant moi. Mais que répondre ? Ils sont gentils, mais je ne vais pas leur dire ce que je compte faire, ce que je fais. Non ? Le plus simple, c'est de rester vague, qu'ils ne comprennent pas où je vais, d'où je viens. Ou alors, leur dire clairement mon histoire. Je peux toujours inventer une histoire. Je suis douée pour ça. Le mensonge non, mais l'invention si. Et si j'invente, ce n'est pas comme un mensonge, non ?

                    « - Je viens de West Blue, mais j'ai quitté mon île natale, il y a longtemps maintenant pour vivre avec mon frère. Mais celui ci est mort de maladie. »


                    La maladie … Il est vrai qu'il est mort, mais est-ce vraiment par maladie ? Non, bien évidement que non. Mon imagination n'a pas été très débordante. J'aurais pus dire n'importe quoi, de toute façon ils ne me connaissent pas. Ils ne connaissent pas mon histoire, comment pourraient-ils la connaître ? Comment pourraient-ils savoir qui je suis, d'où je viens. Pour mon île natale, je n'ai pas menti. Je viens bien de West Blue, mais je n'ai pas besoin de préciser de quelle île. Ça ne regarde que moi. Évoquer la mort de mon frère est une chose nouvelle pour moi. Je ne l'ai jamais signalé. S'il y avait bien une personne à qui je devrais le dire, ça serait à mes parents. Mais je ne me suis pas encore arrêtée à Kage Berg, donc ça ne risque pas. D'ailleurs j'espère que ça ne sera pas le cas.

                    « - Excusez moi pour cette pause. La mort de mon frère est dure pour moi, même si elle remonte à trois ans. » repris-je. « Après qu'il m'ait quitté, j'ai décidé de partir à l'aventure. Son but étant de se rendre sur Grand Line. Ne vous méprenez pas ! Ce n'était pas un pirate ! Il voulait juste voir à quoi ressemblait Grand Line. »


                    Yuiichi ? Un pirate. Non ! Jamais, il avait trop d'honneur pour en être un. J'en suis persuadée. Il n'aurait jamais faire parti de ces horribles voyous. Même si, dans un sens je le serais moi aussi un jour. Bien évidement, si je trouvais un meilleur moyen je le saisirais, mais je n'ai pas de plan B pour l'instant, donc je me contenterais de ça. Et puis, ça ne sera que quelques années de ma vie, rien de bien perturbant. Je suis jeune et j'aurai le temps de me reconstruire. Oui, c'est sûr. Enfin bon, il vaudrait mieux que je continue mon récit. Je pense trop et quand je pense, je m'arrête. Les pauvres doivent se demander ce qui m'arrive.

                    «- Et maintenant, j'essaye de concrétiser son rêve. Même si j'en suis loin. Pour l'instant, je me rends sur South Blues pour gagner un peu d'argent. »


                    Sur ces mots, je termine mon verre, pose mes coudes sur la table et nouent mes mains entre elles. Déballer une partie de sa vie à des étrangers, c'est quelque chose d'étrange. On se sent plus confiant, on sait qu'ils ne nous jugeront pas. On sait qu'ils n'essayeront pas de nous comprendre. Et puis, confier son histoire à des gens qu'on ne connaît pas, offre le privilège de pouvoir modifier cette histoire comme bon nous semble.

                    [HRP : Je suis désolée, désolée, désolée pour le retard ... J'espère que tu me pardonnes, hein ? =(]