_Allez mes p’tits poulets, du nerf, faut qu’on finisse de rentrer ce matos ! Y a des camarades qui ont besoin que ça prenne pas la pluie ! Et vu la tronche des nuages au dessus de nos têtes, y a peu de chances qu’on finisse pas trempés jusqu’à l’os. Même les arbres de l’archipel vont pas pouvoir retenir toute cette flotte. On se bouge le derrière et comme ça on va tous bouffer la soupe. Et avec le sourire.
La petite équipe s’était mise au boulot aussi vite qu’elle était arrivée. On avait amarré le navire au large de façon à ce qu’il ne risque pas de s’éclater sur les rochers du littoral avec les remous de l’océan qui seraient certainement plus violents cette nuit en raison de la pluie. On sortait tout ce qu’on avait emporté ; quelques outils, des rations de nourriture, deux trois vieilles armes trouvées ou volées, pas mal de vêtements chauds puisque c’était là la chose qui était le plus donnée par les soutiens de la révolution. Trouver un navire avait été plus difficile que de trouver de la main d’œuvre, aussi ils étaient une vingtaine à venir en soutien à l’équipe déjà sur place.
Les missions que se donnaient les révolutionnaires pouvaient être catégorisées en trois grandes sections : libérer les opprimés, briser les inégalités et reconstruire le monde. Cette mission sur l’Archipel vert était un parfait exemple pour illustrer la dernière. On avait libéré ces esclaves il fallait désormais leur permettre de vivre convenablement. Certains héros de la révolution ont tendance à oublier de s’occuper de la reconstruction ; ils viennent, détruisent ce qui pose problème et repartent vers un nouvel endroit. Alors la misère s’installe et recommence l’oppression. L’Armée Révolutionnaire avait l’avantage sur les indépendants de pouvoir envoyer, après leurs réussites dans l’une ou l’autre des deux premières catégories, des unités chargées de s’occuper exclusivement de la troisième et ainsi de pouvoir rendre pérennes leurs actions. C’était avant tout une question d’effectifs et d’organisation. Se charger d’obtenir le nécessaire venait ensuite.
Alors en ramant sous la pluie qui commençait à tomber, de concert avec son partenaire de chaloupe, Céleste songeait qu’aussi ingrate qu’était cette mission, elle n’en était pas moins importante. Atteignant le rivage pour son troisième aller-retour, elle sauta dans l’eau. Le froid ne l’atteignait plus et seuls ses vêtements détrempés l’empêchaient de se mouvoir comme elle le voulait. Silencieuse et déterminée, elle voulait finir tout ça au plus vite pour pouvoir se mettre au chaud, enlever ses frusques alourdies par l’eau, et se reposer un peu.
D’un mouvement lent mais régulier, elle tractait la barque sur les derniers mètres qui les séparaient de rivage. Son binôme avait également quitté l’embarcation et s’était placé derrière celle-ci pour pousser. Non loin d’eux, on pouvait voir les autres duos effectuer les même tâches. Rapidement, ils atteignirent le rivage, et d’un geste sûr chacun attrapa un bout de sa coque de noix.
Le spectacle de ces hommes et ces femmes mécaniquement dévoués à leur tâche aurait pu être impressionnant si l’orage qui s’abattit alors de toutes ses forces avait permis à quelqu’un d’y voir quelque chose. Mais la volonté et le dévouement de ces soldats était masqués par un épais rideau de pluie.
_FAUT QU’ON SE MAGNE DE METTRE TOUT CA A COUVERT ET DE CALER LES BÂCHES CAMARADES ! PAS QUESTION QUE LE PÈRE TEMPÊTE NOUS VOLE NOTRE LABEUR !
Au même moment que retentissait la voix du meneur de troupes, un éclair vint illuminer la scène. Le petit groupe, voyant la faible distance qui leur restait à parcourir avant le couvert des arbres, redoubla de vigueur et en quelques minutes ils atteignirent la jungle salvatrice. L’eau continuait de tomber mais au moins le feuillage épais atténuait-il sa force. Il attachèrent chaque canot ramené jusque-là avec cordes et piquets plantés dans le sol meuble, se servant des branchages avoisinants pour bloquer les longues bâches qui recouvraient leur contenu.
_On bouge ! Et vous me changez tout ça pour des vêtements secs ! S’agirait pas que vous attrapiez la crève, on a encore du boulot demain...
La petite équipe s’était mise au boulot aussi vite qu’elle était arrivée. On avait amarré le navire au large de façon à ce qu’il ne risque pas de s’éclater sur les rochers du littoral avec les remous de l’océan qui seraient certainement plus violents cette nuit en raison de la pluie. On sortait tout ce qu’on avait emporté ; quelques outils, des rations de nourriture, deux trois vieilles armes trouvées ou volées, pas mal de vêtements chauds puisque c’était là la chose qui était le plus donnée par les soutiens de la révolution. Trouver un navire avait été plus difficile que de trouver de la main d’œuvre, aussi ils étaient une vingtaine à venir en soutien à l’équipe déjà sur place.
Les missions que se donnaient les révolutionnaires pouvaient être catégorisées en trois grandes sections : libérer les opprimés, briser les inégalités et reconstruire le monde. Cette mission sur l’Archipel vert était un parfait exemple pour illustrer la dernière. On avait libéré ces esclaves il fallait désormais leur permettre de vivre convenablement. Certains héros de la révolution ont tendance à oublier de s’occuper de la reconstruction ; ils viennent, détruisent ce qui pose problème et repartent vers un nouvel endroit. Alors la misère s’installe et recommence l’oppression. L’Armée Révolutionnaire avait l’avantage sur les indépendants de pouvoir envoyer, après leurs réussites dans l’une ou l’autre des deux premières catégories, des unités chargées de s’occuper exclusivement de la troisième et ainsi de pouvoir rendre pérennes leurs actions. C’était avant tout une question d’effectifs et d’organisation. Se charger d’obtenir le nécessaire venait ensuite.
Alors en ramant sous la pluie qui commençait à tomber, de concert avec son partenaire de chaloupe, Céleste songeait qu’aussi ingrate qu’était cette mission, elle n’en était pas moins importante. Atteignant le rivage pour son troisième aller-retour, elle sauta dans l’eau. Le froid ne l’atteignait plus et seuls ses vêtements détrempés l’empêchaient de se mouvoir comme elle le voulait. Silencieuse et déterminée, elle voulait finir tout ça au plus vite pour pouvoir se mettre au chaud, enlever ses frusques alourdies par l’eau, et se reposer un peu.
D’un mouvement lent mais régulier, elle tractait la barque sur les derniers mètres qui les séparaient de rivage. Son binôme avait également quitté l’embarcation et s’était placé derrière celle-ci pour pousser. Non loin d’eux, on pouvait voir les autres duos effectuer les même tâches. Rapidement, ils atteignirent le rivage, et d’un geste sûr chacun attrapa un bout de sa coque de noix.
Le spectacle de ces hommes et ces femmes mécaniquement dévoués à leur tâche aurait pu être impressionnant si l’orage qui s’abattit alors de toutes ses forces avait permis à quelqu’un d’y voir quelque chose. Mais la volonté et le dévouement de ces soldats était masqués par un épais rideau de pluie.
_FAUT QU’ON SE MAGNE DE METTRE TOUT CA A COUVERT ET DE CALER LES BÂCHES CAMARADES ! PAS QUESTION QUE LE PÈRE TEMPÊTE NOUS VOLE NOTRE LABEUR !
Au même moment que retentissait la voix du meneur de troupes, un éclair vint illuminer la scène. Le petit groupe, voyant la faible distance qui leur restait à parcourir avant le couvert des arbres, redoubla de vigueur et en quelques minutes ils atteignirent la jungle salvatrice. L’eau continuait de tomber mais au moins le feuillage épais atténuait-il sa force. Il attachèrent chaque canot ramené jusque-là avec cordes et piquets plantés dans le sol meuble, se servant des branchages avoisinants pour bloquer les longues bâches qui recouvraient leur contenu.
_On bouge ! Et vous me changez tout ça pour des vêtements secs ! S’agirait pas que vous attrapiez la crève, on a encore du boulot demain...