Kaito Yamamoto

D'un point de vue extérieur, Kaito n'a pas la prétention d'être quelqu'un de très impressionnant, surtout au vu de sa posture, pour la plupart du temps courbée pas la fatigue, mais son mètre quatre-vingt-douze a de quoi en intimider naturellement plus d'un. On s'attardera cependant bien plus sur ses cheveux à l'allure chaotique, tout juste coiffée pour ne pas laisser d'épi dépasser, mais dont la couleur gris cendrée est le détail le plus remarquable, ou encore son regard couleur vin rouge impassible, dont les cernes sombres viennent montrer un Kaito fatigué.

À ce stade, on pourrait s'attendre à un de ces jeunes hommes fainéants laissant la vie suivre son cours sans réfléchir, pourtant, Kaito est un sportif. Un très bon sportif même, au vu de ces muscles taillés par les années d'entraînement et qui ne sont visuellement pas là pour faire joli, au vu des quatre-vingt-huit kilos en moyenne qu'il porte sur ses grandes jambes. Il faut dire que depuis tout jeune déjà, il s'entraîne et se renforce, poursuivant la traditionnelle maîtrise du katana de sa famille. Aujourd'hui, le jeune homme est capable de mener un combat à mains nus contre un soldat lambda de la marine sans soucis, et c'est tout ce qu'il faut pour le moment.

Bien sûr, ce ne sont pas les seuls traits qui le désignent. De manière générale, on reconnaît Kaito à ses formes longilignes et fines, notamment au niveau du visage. Menton carré quoique tendant à être pointu, yeux tirés, nez en trompette, oreilles de taille standard, le jeune homme n'a pas un physique qui laisse tout le monde indifférent. S'il prenait le temps de s'entretenir plus longuement, il pourrait possiblement en attirer plus d'une, mais cela n'a jamais été dans ses projets jusqu'à présent. Au moins, il prend le temps de se raser dès qu'il en a l'occasion, chassant ce qui restera malheureusement à jamais un petit duvet de poils.

Autrement, si sa peau d'un beige tout à fait banal, quoique tirant légèrement vers le blanc, n'a rien d'intéressant, on pourra s'intéresser un peu plus à ses jambes légèrement poilues, grandes et surtout développées eux aussi par l'entraînement. On pourra d'ailleurs remarquer la présence de cicatrices, notamment une grosse au niveau du genou gauche, laissés par ses heures d'entraînements un peu trop intensives. On ne doute pas vraiment de l'endurance qu'elles doivent pouvoir offrir à Kaito. Reste à savoir si cela lui sera utile. On termine avec ses mains, d'une taille classique et aux doigts longs, gardant les nombreuses traces d'entraînement au katana.

Voilà  ce qui rend le physique de Kaito assez hors-norme. Et ce n'est que le commencement …


Pour être tout à fait honnête, lorsqu'on découvre Kaito pour la première fois, on est bien plus intrigué par son style vestimentaire et sa façon d'être que par son physique en lui-même. En effet, niveau vêtements, le jeune adulte se situe bien loin des standards de son pays d'accueil. Ayant grandi de nombreuses années dans son pays natale avant d'arriver à Luvneel, il en a adopté le style et n'a jamais réellement cherché à en changer. Dès qu'il en a l'occasion, il enfile des tenues aux motifs typique de ses origines, aux cols longs et surtout des vestes descendant jusqu'à ses genoux, portés comme de simples capes. Au-delà même du type de vêtement, c'est la façon dont il les porte qui trahit ses origines.

Néanmoins, avec le temps, Kaito s'est habitué à diversifier quelque peu sa garde-robe, portant régulièrement des tenues plus classiques, plus neutres et plus proches de la mode de Luvneel. Depuis deux-trois ans d'ailleurs, il a fini par se trouver une passion pour les grosses bottes en cuir comme il y en a dans la marine, les portant qu'importe la tenue. Difficile même pour lui d'en changer tant il s'y sent à l'aise. En dehors de ça, il n'a pas vraiment de style si atypique – en omettant évidemment ses habits rappelant son pays d'origine – et ne porte pas d'accessoire unique qui pourrait le distinguer réellement de la masse.

Sa gestuelle, à contrario, est plutôt difficile à imiter. Comme présenté plus haut, Kaito a tendance à être légèrement courbée, comme si la fatigue l'accablait, et de ce fait, il a appris à adapter ses mouvements à cela. Chacun de ses gestes donnent l'impression qu'il est du genre posé, les réduisant souvent au strict minimum pour ne pas trop s'épuiser, et il bouge au final assez peu, ce qui le rend généralement assez lent. Cependant, ce n'est que l'aspect qu'il montre en temps normal. Kaito est un sportif sachant très bien se battre au katana, et cela n'est pas qu'un hasard. Quand il choisit de s'y mettre, le jeune homme se montre beaucoup plus violent et rapide, son économie de mouvements habituelle lui permettant d'être assez précis dans ses actions. Du genre à écourter les choses, il n'hésitera d'ailleurs pas à se montrer incisif dans ses gestes, que cela soit en combat ou dans une quelconque discussion.

Pour terminer, Kaito, comme beaucoup d'autres, possèdent évidemment des tics de comportement. Allant du petit détail comme le fait qu'il craque toujours ses doigts avant de partir d'un lieu quelconque, qu'il ne peut s'empêcher de se gratter la tête dès qu'on lui parle – comme s'il était gêné, même si ce n'est que rarement le cas – ou encore son réflexe de soupirer un peu trop longuement dès que quelque chose l'embête, au détail pouvant lui apporter des ennuis, comme son changement de comportement soudain dès qu'il a décidé qu'il deviendrait sérieux – ce qui l'empêche de paraître innocent auprès des autres le moment venu – ou les démangeaisons constantes qui peuvent venir l'embêter à tout moment – peu pratique en combat, vous en conviendrez.

Voilà donc ce que vous devriez connaître sur Kaito. Un jeune adulte de vingt-trois ans au physique hors-norme et au style particulier qui le rendent remarquable à son échelle.

D'aussi loin que puissent se souvenir ses proches, Kaito a toujours été ce qu'on appelle communément un électron libre. Bien que suivant scrupuleusement la tradition familiale, il se débrouillait pour se l'approprier à sa façon. Aujourd'hui, il ne s'en sert plus en tant que membre de la famille Yamamoto, mais bien en tant que Kaito. Ainsi, il n'hésite pas à braver certaines contraintes de cette tradition pour le simple prétexte que cela ne correspond pas à ses envies ou ses besoins.

Ainsi, le jeune homme possède en fin de compte sa propre ligne de conduite, guidée par les connaissances acquises auprès de sa famille et de ses proches, et dont les maîtres-mots sont avant tout la liberté et l'amour de ses prochains. Car s'il est souvent considéré comme électron libre, c'est parce qu'il est capable de s'affranchir de toute règle et de tout principe sans soucis. Bien sûr, cela lui a déjà valu plusieurs problèmes, autant dans son pays natal qu'une fois à Luvneel, mais malgré tout, il est toujours resté fidèle à lui-même et ce lui qu'il s'est construit avec les années.

Car Kaito est quelqu'un de fier et intègre. Présenté comme précédemment, on lui donnerait facilement l'étiquette de malfrat. Pourtant, c'est bien loin d'être le cas. Après tout, il a des principes et si rien ne vient les remettre en cause, il s'y tiendra. En vérité, si Kaito agit en faisant fi des règles, c'est parce qu'il considère avant tout que l'Homme est par nature libre de faire ce qu'il souhaite, pour peu que ça n'entache pas la liberté de ceux qui ne l'ont pas mérité.

Pour autant, le jeune homme n'en est jamais devenu maladif, considérant que chacun a sa propre vision de la liberté. J'en veux pour preuve sa parfaite neutralité vis-à-vis de l'esclavage. Non pas parce qu'il n'y porte aucun intérêt ou considère au contraire que c'est la simple réalité de ce monde, mais simplement qu'il n'a pas encore l'occasion de l'expérimenter ou de vraiment l'observer de près – l'esclavage sur Luvneel étant quelque peu particulier. Pour lui, vouloir intervenir ne présente aucune intérêt que ça soit pour lui ou pour le reste du monde. Après tout, les Révolutionnaires existent déjà depuis bien longtemps.


En vérité, il faut le reconnaître, Kaito a toujours été une personne détachée du monde qui l'entoure. S'appliquant peu, se contentant d'observer pour n'agir que quand il le décide, il est difficile de totalement cerner les intentions du jeune homme en dehors de ses passages en mode sérieux. De mon avis personnel, je dirais surtout que Kaito est doué d'un sacré pragmatisme lunaire et d'un recul assez conséquent vis-à-vis des événement qui arrivent autour de lui on dont il aurait connaissance. J'ignore, à l'instar de tous ses proches, d'où il a pu développer un tel trait de caractère. Néanmoins, c'est un trait qui ne l'a jamais quitté depuis les première années où il a pu parler.


Ce que l'on a pu voir se développer de plus en plus cependant, c'est cette capacité de leadership qu'il a appris à développer avec le temps et la maturité grandissante. De prime abord, Kaito ne paraît pas meneur d'hommes. Souvent fatigué, un peu mou dans sa gestuelle, on ne lui ferait pas forcément confiance pour un sou, mais une fois à ses côtés, on s'aperçoit bien vite que derrière cet aspect bien reluisant se cache un homme sûr de lui, intelligent et qui sait surtout réfléchir. Il n'a certes jamais été stratège, mais ses capacités intellectuelles lui ont permis par plusieurs fois de se sortir de situations quelque peu complexes – une mauvaise rencontre au détour d'une ruelle de Luvneel, notamment.

Plus encore, ses amis, désormais devenus ses compagnons d'armes, l'attestent : Kaito possède cet étrange aura qui pousse à l'écouter sans trop réfléchir. Parce qu'il croit en eux, parce qu'ils croient en lui, parce qu'il a des convictions et surtout une fierté non dissimulée. Lui faire confiance n'a rien de surprenant d'ailleurs, le jeune étant peu prompte à mentir et prêt à suivre n'importe qui si son envie lui dicte de le faire – dans le cas contraire, il ne manque pas de le faire savoir. Rien de surprenant, donc, à ce qu'il soit devenu le capitaine de son groupe lorsque celui-ci se décida à partir à l'aventure.


Malgré tout, ce qu'on en retient, c'est qu'il est et restera un Homme. Un Homme qui fait des erreurs, qui a des convictions qui peut le pousser à certains extrêmes ou bien à s'affranchir de règles pourtant nécessaires au bon maintien du monde. Kaito le sait, mais il ne cherche pas à en changer, car il est convaincu d'être dans son bon droit. C'est là son plus grand défaut, mais aussi sa plus grande qualité.

Au final, on en retiendra qu'il est un être complexe, forgé par une fierté et une quête de liberté qui vont au-delà des règles établies, et dont on peut avoir confiance lorsqu'il est prêt à donner la sienne. Cependant, il est un Homme qui n'a que peu connu le monde qui l'entoure. C'est un Homme qui a grandi parmi les Hommes. Il ignore ou en tout cas connaît bien peu de choses de tout ce qui se cache au-delà de Luvneel – bien qu'il connaisse les Hommes-poissons, il ne possède que très peu d'informations à leurs propos, par exemple. Quelque part, Kaito est encore un enfant.

Un enfant qui découvrira bientôt la réalité du monde …


Puisque ce genre de détails me semble important quoique mineur, je vais rapidement passer dessus. En ce qui concerne Kaito, celui-ci aime tout particulièrement l'alcool en tout genre, n'hésitant pas à mettre sa confiance dans une simple coupe de vin. Il aime cependant également profiter des bonnes choses et ne dépasse généralement que très rarement les limites qu'il s'est fixé par ne pas se dégoûter de ces fameuses bonnes choses. Il aime dormir – quand il y arrive –, il aime lire, il aime la nuit et les ciels étoilés, il aime l'odeur d'embrun qui arrive de l'océan. Il aime aussi les gens en général, ne faisant que peu de jugement sans apprendre à les connaître – il a tendance à se montrer amical même lorsque la personne n'a pas forcément une tête sympathique –. Il aime aussi, et surtout, la liberté et l'exploration, les voyages, les aventures, ce genre de choses qui font de lui un rêveur.

À contrario, Kaito n'aime pas l'injustice, du moins lorsqu'il en est témoin. Cela peut paraître hypocrite vis-à-vis des autres dont il n'a pas connaissance, mais il considère simplement ne s'intéresser qu'aux choses qui l'ont touché directement. D'ailleurs, il n'aime pas trop les gens qui s'immiscent dans des choses qui ne les concernent pas. Il n'ira évidemment pas jusqu'à les envoyer six pieds sous terre, mais il y a de bonnes chances qu'il se montre quelque peu agacé voire énervé dans ces moments-là. Plus personnellement, il n'aime pas vraiment le sucre et tous les plats qui en contiennent une majorité, les fruits à pépins, les légumes non verts mais surtout les carottes. Il n'aime autrement que bien peu les endroits clos, considérant que cela entrave sa bonne liberté. C'est ce qui fait qu'il dort en général à la belle étoile quand il en a l'occasion. Enfin, plus bêtement, il n'aime que très peu le froid, appréciant de ce fait assez peu les saisons hivernales.

Voilà donc globalement les goûts de Kaito …

De ses origines …

Être un électron libre n'empêche pas d'avoir une histoire forte liée à ceux qui nous entourent. Cela n'a jamais été aussi que pour Kaito. Pour le comprendre, remontons une quarantaine d'années en arrière, dans un passé où Pludbus Céldèborde n'était pas encore amiral en chef, où la Purge Bleue n'avait pas encore eu lieu et surtout une époque où les guerres du pays de Kanokuni étaient monnaie courante. À cette époque, rien ne semblait prédestiner les parents du jeune homme à se rencontrer.

Daichi Yamamoto, alors jeune adulte dans la moitié de sa vingtaine, vivait sa vie tranquille d'armateur sur son île natale, Shimotsuki. N'étant pas le premier né de sa famille, il n'était pas destiné à devenir chef de famille, mais son respect de la tradition familiale et son intelligence lui donnait une certaine légitimité parmi les Yamamoto. Un homme sans grande histoire, du genre sympathique et prêt à aider son prochain, ce genre de bon samaritain plus qu'apprécie là où il vivait.

La vie y était paisible, assez épargnée par les affres de la guerre. Pourtant, Daichi était un grand rêveur. Depuis tout petit, il rêvait de partir à l'aventure, de découvrir les merveilles du monde qui lui était inconnu. Alors un jour, motivé par ce désir, il a choisi de prendre la mer, au grand dam de sa famille bien que celle-ci ne lui en ait jamais voulu, bien plus porté sur son frère aîné à l'époque, alors proche de devenir le nouveau chef de famille. C'est ainsi que tranquillement, le jeune shimotsukien s'est mis à parcourir les mers bleues.

Deux ans durant, Daichi a exploré maintes îles, maints lieux dont il notait tous les détails, toutes les choses fabuleuses qui s'y trouvait. Un véritable explorateur, discutant avec ceux qui lui paraissaient sympathique et profitant de sa maîtrise du combat au katana pour faire face à ceux qui tentèrent de s'en prendre à lui. La vie suivait tranquillement son cours comme l'espérait Daichi, lui qui ne rencontrait que très peu d'obstacles. Et puis vint ce jour fatidique où il posa terre sur l'île de Kanokuni.

Un pas qui allait changer sa vie, puisqu'il ne repartirait de cette île que trente ans plus tard. En effet, alors qu'il menait innocemment son exploration au-delà de la muraille de Ming, aux alentours du Bois des Vents, sa route croisa celle de Shu Yang, une native de l'île de quatre ans sa cadette. D'ordinaire, Daichi se serait contenté de la saluer et de continuer sa route comme il le faisait la plupart du temps. Mais pas cette fois. Car au premier regard, il en tomba follement amoureux, de ce genre d'amour qui te fait faire des choix parfois dangereux.

Et c'est exactement ce qui se passa. En effet, la demoiselle se trouvait alors poursuivi par deux hommes qui profitaient de la situation politique actuelle pour assouvir leurs plaisirs les plus malsains. En tant que simple touriste, le jeune adulte se serait contenté d'emporter la jeune femme pour la mettre en sécurité, mais ce ne fut pas ce qu'il décida. Il choisit à la place de défendre cette femme en abattant de deux coups de sabre ces deux hommes sans aucun regret. Un acte qu'aujourd'hui encore il désigne comme le meilleur choix qu'il ait fait dans sa vie.

Car c'est ainsi qu'il a rencontré celle qui allait rapidement devenir sa femme. Elle qui ne souhaitait alors qu'être aidé, voilà qu'un homme sorti de nulle part l'avait sauvé. Elle qui avait été éduqué depuis toujours à la politesse et au respect des hommes, ne pas le remercier convenablement aurait été un véritable déshonneur. Voilà comment par un simple acte, Daichi Yamamoto et Shu Yang se rencontrèrent et apprirent à se connaître.

Au final, lui qui pensait simplement rester quelques semaines, le jeune adulte ne tarda pas à demander à séjourner sur Kanokuni avec Shu, bien trop amoureux pour en voir les désavantages. Et malheureusement, la jeune femme ne pouvait l'en empêcher, obligé par sa propre famille à rester sur place. Malgré quelques difficultés, notamment liées à une administration déjà débordée par la situation du pays, le shimotsukien fut permis de s'installer sur place, lui permettant de rester auprès de sa désormais promise. Un amour grandissant, qui jamais ne s'éteignit malgré les critiques et ceux qui tentèrent de les séparer.

Quinze ans passèrent ainsi entre les différentes guerres de faction, leurs proches cherchant à les séparer ou les obligations de Shu lui pesant – être la seule enfant de la famille étant une responsabilité plutôt lourde pour elle. Malgré tout, ils étaient heureux et la volonté de s'intégrer de Daichi pour soulager sa femme payaient petit à petit, le désormais adulte souhaitant avant tout profiter de sa vie auprès d'elle. Puis un jour, à la fois poussés par leur envie de le faire et par la famille Yang, souhaitant avant tout perpétuer leur lignée, les deux amoureux finirent par donner naissance à leur enfant.

Long Yang.

... et du passé qui l'a forgé ...

Le jeune enfant ainsi né a grandi dans la plus pure tradition de la famille Yang. Bien que la plupart du temps éduqué par ses parents, il fut rapidement formé aux coutumes du pays dès lors qu'il fut en âge de les comprendre. Daichi et Shu n'y opposèrent que peu de résistance, considérant que cela pouvait lui être bénéfique. Après tout, la kanokunienne n'était pas devenue ce qu'elle était par un simple coup de baguette. Bien qu'elle ait été longtemps en conflit avec sa famille, elle adorait le respect de la tradition qui y faisait loi. Une chose que le shimotsukien n'avait rien à redire.

C'est donc dans cette atmosphère étrangement tranquille et traditionnelle que Long Yang passa ses premières années, loin des guerres ne faisant de cesse de se répéter. À l'aube de sa sixième année cependant, il fut venu pour lui le temps d'apprendre à se battre. Bien qu'épargné par l'absence quasi totale de mâles dans la famille Yang, celle-ci était quelque peu épargnée, mais malheureusement, Yang n'allait pas pouvoir y échapper. Ainsi, il ne tarda pas à être formé au combat, éduqué, à sa demande, exclusivement par son père Daichi, qui souhaitait au moins lui laisser une petite trace de ses origines à lui. C'est donc à partir de là qu'il commença à apprendre à manier le katana,

En parallèle évidemment, Long commença à développer son caractère, faisant montre de son intelligence et d'une maturité assez précoce. Très vite, il prit conscience du monde qui l'entourait, se forgeant ainsi ce comportement détaché et compréhensif. Très vite, ce caractère lui permit d'être vu comme une sorte de chef parmi ceux de son âge, même si son côté désinvolte et son mépris régulier des règles ne lui attira pas uniquement de la sympathie des autres. Pour certains, ils étaient vus comme une nuisance pacifique, qu'il valait mieux ignorer. Pour d'autres, quelqu'un en qui on se tournait facilement et en qui on pouvait avoir confiance.

Évidemment, Long comprit qu'il pouvait se servir de cela, du moins que cela lui serait utile pour survivre dans ce monde. Dès lors, il s'entraîna plus que jamais pour développer ses compétences de leader, cherchant à se montrer toujours plus convaincant envers ceux prêt à le suivre. Bien sûr, il y avait toujours en parallèle ses entraînements avec son père, l'école qui le formait à la découverte du pays et de la situation autour du monde – bien qu'à cet époque, le gouvernement mondial n'avait déjà pas une grande influence, rendant les discours de ses professeurs quelque peu dirigés – et enfin son éducation concernant les coutumes et les traditions de la famille.

Les années passant, le jeune garçon devint un adolescent reconnu parmi ses pairs. Si son âge ne lui permit pas d'être considéré comme réellement compétent auprès de ses proches, sa maturité et son intellectuel le plaça parmi les jeunes les plus influents de son côté de Kanokuni. Personne dans le village où ils vivaient, non loin du Bois des Vents, n'ignorait son existence. Il était là, c'était indéniable. Mais de son point de vue, cela n'avait rien d'extraordinaire : il avait fait les efforts pour y parvenir. À l'aube de sa seizième année, Long honorait son prénom comme sa famille l'espérait. En un sens, il était devenu le dragon défendant leur village.

Cependant, bien qu'isolé, Kaito ne put ignorer la guerre qui ravageait son pays. Et si jusqu'à présent, cela s'était cantonné à quelques attaques avec peu d'effectifs que les occupants repoussèrent sans peine et au départ des bras pour les champs de bataille, il advint ce jour où un groupe armé, allié à la famille menant le coup d'état de cette époque et dont Kaito n'a aucun souvenir, décida de s'attaquer à ce village, cachant apparemment des sympathisants du chef régnant alors. Bien qu'entraîné tout comme son père, le jeune adolescent dut rapidement s'apercevoir qu'ils ne feraient pas le poids face à tous ces hommes, et fuit avec ses parents, abandonnant la plupart de leurs affaires. Malheureusement, ce jour-là, ce fut tout le reste de la famille Yang et l'entièreté du village qui fut rasé, obligeant le couple et leur fils à fuir là où ils le pouvaient.

Comme l'on dit, dans les grands malheurs, on trouve toujours une lueur d'espoir et fort heureusement, ils purent traverser la muraille de Ming, alors encore sous contrôle de la famille régnante et de son armée, leur permettant de rallier la baie de Jing. Une fois sur place, deux choix s'offraient à eux : se terrer dans la grande ville côtière le temps qu'on les oublie, ou bien tenter de prendre la mer pour fuir ceux qui voulaient les éliminer. En vérité, le choix n'était que trop évident : la baie de Jing était bien trop risqué pour des gens souhaitant se faire discret tant la culture des rumeurs et des secrets y était forte.

C'est donc finalement sans trop d'hésitation qu'ils usèrent de leurs dernières ressources financières pour obtenir un bateau potable et quelques vivres, puis ils quittèrent Kanokuni au plus vite, se lançant sur la mer bleue sans but précis. Bien que n'ayant pas repris la mer depuis presque quinze ans, Daichi, alors dans la cinquantaine, retrouva ses habitudes de navigateur amateur et put ainsi mener sans trop de soucis sa famille à travers les flots. Le problème était ailleurs : où pouvaient-ils bien se cacher ? Shimotsuki était bien trop dangereux, leurs poursuivants étant bien capable de retracer les origines du cinquantenaire, et il ne tenait pas à mettre plus en danger sa famille encore en vie là-bas par sa simple présence. Et Shu n'avait aucune idée à ce sujet, ne connaissant rien d'autre que Kanokuni.

Finalement, ce fut Long qui débloqua la situation. Lui qui avait eu l'occasion d'apprendre un peu la géographie du monde et en partie la politique associé, au moins pour les îles des mers bleues, il lui parut une bonne idée de tenter de se cacher à Luvneel. Peu enclin à se lier au Gouvernement Mondial, loin du train de vie des pays de ses parents, ce royaume se présentait comme une bonne solution pour se faire oublier et recommencer une nouvelle vie, d'autant que Daichi restait avant tout un armateur et Shu, femme au foyer, avait pris l'habitude de s'occuper des enfants d'autrui, moyennant parfois finance. L'idée plut rapidement au couple et ils se dirigèrent alors vers Luvneel, priant pour y trouver ce renouveau tant espéré.

Le voyage ne fut pas de tout repos, la famille devant notamment compter sur leurs maigres ressources de nourriture pour survivre. Il fallut d'ailleurs par plusieurs fois s'arrêter sur des îles diverses pour refaire un peu les ressources avec des petits boulots pas toujours très légaux. Une période de la vie que Long a eu beaucoup de mal à vivre, voyant ses parents parfois se démener pour une misère. Pire encore, ses parents tenaient à ce qu'il se concentre avant tout sur ses entraînements et le peu de connaissances qu'il pouvait encore apprendre, ne manquant pas de le frustrer. Malgré tout, le jeune adolescent fut heureux de pouvoir ainsi vivre quelques aventures avec ses parents, finissant après plusieurs semaines par les mener jusqu'au but qu'ils s'étaient fixés.

Luvneel.

... Naquit un homme que l'on appelle Kaito.

L'arrivée sur l'île ne fut évidemment pas de tout repos. Une famille d'étrangers, ne courant visiblement pas sur l'or, une bonne recette pour en faire des personnes dont on se méfiait. Leur chance fut cependant de se retrouver à Luvneelroom, le port gouverné par un homme-poisson. « Havre de tolérance et d'harmonie », le décrit-t-on. Effectivement, il ne fallut pas bien longtemps pour s'en apercevoir. C'était un tout autre monde par rapport à Kanokuni. Comme ils l'avaient espéré.

Leur vie recommencerait donc ici, et ils firent ce qu'ils purent pour y parvenir. Déjà, accepter de vivre parmi les hommes-poissons ne fut pas difficile, aucun d'eux n'ayant d'appréhension particulière avec cette espèce – cela étant évidemment dû au père de Long et aux rencontres qu'il avait pu faire lors de ses deux ans de voyage dans sa jeunesse. Ensuite, se créer une nouvelle identité. Par respect envers la famille Yang, Daichi avait choisi de prendre leur nom de famille, devenant un Yang à son tour, mais désormais qu'elle n'était plus et car il n'avait plus besoin de cacher ses origines, il décida de reprendre son nom d'origine, Yamamoto. Décision logiquement suivie par Shu et Long.

Ce dernier, cependant, souhaitait également changer de prénom, afin de faire table rase de ce passé et de repartir sur des bases saines. Et si au départ, sa mère le prit comme un dénigrement de ses origines qu'il avait passé tant de temps à découvrir et apprendre, celle-ci comprit bien vite qu'il n'en était rien, qu'il pensait seulement que son prénom devait représenter son lui du moment présent, son lui qui avance vers le futur et non pas le passé. C'est donc ainsi que Long Yang devint Kaito Yamamoto, fils de Daichi Yamamoto et Shu Yamamoto. Et tous les trois, ils purent ainsi commencer à s'installer dans cet nouvelle vie qui les attendaient.

Comme prévu, la suite se passa assez difficilement au départ, la famille devant vivre dans un premier temps dans ce petit bateau qui leur avait servi à arriver jusqu'à Luvneel. Assez vite heureusement, le père de Kaito parvint à décrocher un travail en tant qu'armateur pour une des grosses compagnies de bateau de la ville, permettant à chacun d'eux de ne plus seulement survivre mais de commencer à vivre. Shu, de son côté, travailla rapidement en tant que ménagère dans les chaumières, en profitant pour faire connaissance avec tous ces gens qui lui étaient jusqu'alors inconnues, notamment les hommes-poissons.

En moins de deux ans, la famille Yamamoto put quitter leur vieux bateau prenant petit à petit l'eau pour s'installer dans une charmante petite maison, qu'ils ne quitteront plus par la suite. Les années qui suivirent furent d'une tranquillité sans nom en terme d'événements pour eux. Sans être un expert, Daichi obtint la confiance de ses pairs et devint cinq ans avant sa retraite armateur pour la pseudo-marine navale de Luvneel. Pendant ce temps, Shu, grâce à l'aide des rencontres qu'elle put faire, et quelques semaines de formation, parvint à devenir aide d'institutrice dans une des écoles de la ville et y passa ses dernières années actives.

Et Kaito alors, dans tout ça ? Véritable électron libre, le jeune adolescent ne manqua pas de profiter de tout ce qu'il avait appris à Kanokuni pour se faire rapidement des amis, formant finalement un gang rassemblée autour d'une même passion : les rêves. Des amis avec qui il ferait les quatre cents coups, explorant la cité et ses alentours pour son plus grand bonheur. En parallèle évidemment, il rejoignit une nouvelle école dès qu'il en eut la possibilité, continuant de parfaire sa connaissance théorique du monde, tout en pratiquant sous l'impulsion de son père la maîtrise du katana.

Cependant, lorsqu'il en eut terminé avec tout ça, prêt à reprendre le travail d'armateur de son père Daichi, Kaito choisit plutôt de laisser parler son cœur, et son envie de découvrir tout ce que les livres et ses professeurs lui avaient raconté prit le dessus, le poussant à vouloir prendre la mer. Néanmoins, son gang avait bien évoluée, composée désormais de six membres fidèles avec qui il compter bien réaliser ses rêves – et les leurs, bien sûr. Voilà pourquoi, ensemble, ils décidèrent de partir tous ensemble, formant un nouvel équipage que l'on considérera malheureusement et sûrement comme pirate. Mais Kaito et ses amis s'en contrefichent pas mal, car ce qui leur tient le plus à cœur, alors que le soleil se lève sur le jour de départ, c'est avant tout la liberté et la découverte qui s'offrent à eux. Ils sont Hommes libres, et ils comptent bien le montrer au monde. Et c'est armé de cette motivation qu'ils quittent leur pays natal pour se lancer sur les mers bleues …

Un autre but

Aujourd'hui, il est difficile de réellement situer les objectifs de Kaito, tant son côté désinvolte et son envie de liberté le rendent difficile à comprendre. Pourtant, il existe une personne qui le connaît mieux que personne et qui connaît ses véritables intentions : sa bras droit. À ce jour, elle est la seule à savoir ce que recherche le jeune homme au-delà même de la découverte du monde. Comme dit plus haut, baigné depuis tout jeune dans les traditions et coutumes de ses parents, il est un point qui a toujours interrogé Kaito vis-à-vis de la famille Yamamoto, du côté de son père donc.

Au détour de quelques conversations, ce dernier en vint à parler du fameux trésor familiale, une relique remontant à l'origine même des Yamamoto : un sabre de premier rang nommé Amaterasu. Malheureusement, celui-ci aurait été perdu au cours des dernières décennies dans des circonstances mystérieuses, brisant quelque peu la famille depuis. Enfin, Daichi n'ayant pas eu de nouvelle de son pays depuis bien longtemps, aucun moyen de savoir ce qu'il en est désormais.

Cependant, cette histoire n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, et Kaito l'a prise très au sérieux. Lui qui est désormais l'héritier de sa famille, souhaitant perpétuer au moins un peu ces fameuses traditions et coutumes qu'on lui a enseigné, il espère bien un jour retrouver ce fameux sabre, trésor de la famille. Peut-être le gardera-t-il, peut-être le rendra-t-il à l'endroit où elle se trouvait à l'origine ? À vrai dire, lui-même n'en sait rien. Mais en tout cas, il fera ce qu'il faut pour mettre la main dessus. Et ça, personne ne le sait autrement que sa bras droit. Et elle fera tout pour l'y aider …