Il y a pas mal de choses, dans le monde, qui mettent Klara mal à l’aise. Par exemple, dans l’un de ses cauchemars récurrents, elle se retrouve seule sur scène, devant des milliers de spectateurs, à devoir improviser un spectacle de danse. A chaque fois, elle se réveille en sursaut. Et dans la liste de ses pires craintes, se réveiller au beau milieu d’un des endroits les plus crades ayant jamais existé, avec pointés sur elle une demi-douzaine de paires d’yeux globuleux, c’est dans le top trois. Elle ouvre difficilement l’œil, son mal de tête tape contre les parois de son crâne, comme si il voulait s’échapper et s’attaquer à tout ce qui l’entoure. Le bourdonnement qui siffle dans ses oreilles s’estompe petit à petit, en même temps que ses yeux s’habituent à la faible lumière de l’endroit.
« Ca y’est !
– Oooh !
– Elle est encore vivante, regardez, ses yeux s’ouvrent !
– Ben, évidemment qu’elle est encore vivante, elle respire depuis tout à l’heure.
– Tu sais, j’ai déjà vu des gens tellement amochés, qu’ils respiraient encore mais qu’à l’intérieur, ils étaient complètement décédés.
– Oui ! Il paraît qu’un coup de poing, si on y met plein plein d’amour, ça peut envoyer l’âme de quelqu’un valser dans l’hyper-espace !
– Ouais, même qu’après, le corps, c’est plus qu’un gros tas de viande qui respire tout seul.
– Un genre de pilote automatique?
– Oui !
– Et c’est quoi, l’hyper-espace?
– C’est comme l’espace, dans le ciel, mais en encore plus cool.
– Woaw ! »
Finalement, elle préfère le sifflement et les acouphènes. Elle frissonne en croisant le regard de ces types qui la matent depuis tout à l’heure entrain de dormir. Même en essayant très fort, c’est difficile de faire plus flippant. Le petit cagibi, transformé à la hâte en chambre d’hôte, parvient à peine à contenir toute la petite troupe. On y retrouve de tout : des hommes-poissons, un long-bras, et juste des humains louches. Rien qu’en les regardant, on pourrait chopper le tétanos, ou une maladie encore inconnue.
« Qu’est-ce qu’on fait, maintenant?
– Ben, je sais pas moi.
– M’sieur Doppio a dit de le prévenir dès qu’elle se réveille.
– T’es sûr? Il a dit de le prévenir quand le gros chien aura fini sa sieste.
– C’est elle !
– Il est bizarre alors, comme chien.
– En plus, elle bouge pas. Elle nous regarde juste. Elle est cassée vous pensez?
– Peut-être ! Attendez, j’ai une idée. »
Comment est-ce qu’elle s’est retrouvée là, déjà? « Doppio ». Ce nom lui dit quelque chose. Une poiscaille. C’est ça. Elle a combattu avec. Pourquoi, déjà? Elle ferme les yeux pour se concentrer, et pour faire abstraction de ces zigotos. L’arène. Elle a combattu dans l’arène. Et ce type là, cette homme poisson, il a du bien l’aimer, parce qu’il l’a emmené ici, après les combats. Une vive douleur dans le bras la sort de ses pensées. L’un des clochards qui l’observent, un homme-poisson petit et grassouillé, vient de lui planter un bâton dans la peau, en la fixant d’un regard expert. Ignorant la douleur qui lui parcours l’entièreté du corps, Klara s’empare du bout de bois et le lance en plein dans sa poire. Il tombe à la renverse, se relève avec difficulté, et se masse l’arcade, ouverte, avant de lécher le sang sur ses doigts.
« Merci m’dame. »
La chasseuse en profite pour se relever. Derrière le groupe, il y a une banderole tâchée de sang, avec écrit « Bi1venue s e, bon rettablissemengue ».
« Ça va? »
C’est une petite humaine qui lui parle. Toute mince, elle porte juste une salopette rapiécée, et sa peau est couverte de bleus et d’hématomes, que Klara parcourt rapidement du regard.
« Tu aimes mes tatouages? »
Ça suffit. Elle étouffe. Il faut qu’elle sorte d’ici, et surtout qu’elle s’éloigne de ces débiles. Elle se lève, prend appuie contre le mur couvert de rouille pour éviter de tomber, et, une fois sa vision stabilisée, passe la porte grinçante.
« Bienvenue à la Fun Base, m’dame. »
Un entrepôt. Le quartier général de ces fous, c’est un entrepôt désaffectée, sale et à l’abandon. Elle s’en souvient, maintenant. Le type qu’elle recherche, il a rejoint cette sorte de secte, et si quelqu’un peut lui dire où il se trouve, c’est bien le gourou.
« Il est où, ce Doppio? »
Ses cordes vocales sont aussi rouillées que les murs qui l’entourent. Les transformations incessantes, la viande humaine, et la poussière ont visiblement laissés une trace de leur passage.
« Ben, on sait pas, nous.
– Vous savez pas ou se trouve votre chef?
– Nan ! Il est super mystérieux, c’est pour ça qu’on l’adore. Souvent, il s’en va pendant plusieurs jours, et on sait jamais où il va. Alors on prie jusqu’à son retour. Et après, il fait une super entrée fracassante.
– Vous… Priez?
– Oui ! On se cogne la tête contre des gros blocs de béton jusqu’à ce qu’ils soient tout rouge et que des bouts de cervelles collent dessus. Tu veux venir prier avec nous?
– Ça ira, je préfère attendre dans mon coin.
– Tu vas pas t’ennuyer?
– Tu peux te transformer en gros chien?
– Je peux te croquer?
– Tu veux faire un concours de coup de boule? Le premier qui meurt a perdu ! »
L’attente risque d’être longue.
« Ca y’est !
– Oooh !
– Elle est encore vivante, regardez, ses yeux s’ouvrent !
– Ben, évidemment qu’elle est encore vivante, elle respire depuis tout à l’heure.
– Tu sais, j’ai déjà vu des gens tellement amochés, qu’ils respiraient encore mais qu’à l’intérieur, ils étaient complètement décédés.
– Oui ! Il paraît qu’un coup de poing, si on y met plein plein d’amour, ça peut envoyer l’âme de quelqu’un valser dans l’hyper-espace !
– Ouais, même qu’après, le corps, c’est plus qu’un gros tas de viande qui respire tout seul.
– Un genre de pilote automatique?
– Oui !
– Et c’est quoi, l’hyper-espace?
– C’est comme l’espace, dans le ciel, mais en encore plus cool.
– Woaw ! »
Finalement, elle préfère le sifflement et les acouphènes. Elle frissonne en croisant le regard de ces types qui la matent depuis tout à l’heure entrain de dormir. Même en essayant très fort, c’est difficile de faire plus flippant. Le petit cagibi, transformé à la hâte en chambre d’hôte, parvient à peine à contenir toute la petite troupe. On y retrouve de tout : des hommes-poissons, un long-bras, et juste des humains louches. Rien qu’en les regardant, on pourrait chopper le tétanos, ou une maladie encore inconnue.
« Qu’est-ce qu’on fait, maintenant?
– Ben, je sais pas moi.
– M’sieur Doppio a dit de le prévenir dès qu’elle se réveille.
– T’es sûr? Il a dit de le prévenir quand le gros chien aura fini sa sieste.
– C’est elle !
– Il est bizarre alors, comme chien.
– En plus, elle bouge pas. Elle nous regarde juste. Elle est cassée vous pensez?
– Peut-être ! Attendez, j’ai une idée. »
Comment est-ce qu’elle s’est retrouvée là, déjà? « Doppio ». Ce nom lui dit quelque chose. Une poiscaille. C’est ça. Elle a combattu avec. Pourquoi, déjà? Elle ferme les yeux pour se concentrer, et pour faire abstraction de ces zigotos. L’arène. Elle a combattu dans l’arène. Et ce type là, cette homme poisson, il a du bien l’aimer, parce qu’il l’a emmené ici, après les combats. Une vive douleur dans le bras la sort de ses pensées. L’un des clochards qui l’observent, un homme-poisson petit et grassouillé, vient de lui planter un bâton dans la peau, en la fixant d’un regard expert. Ignorant la douleur qui lui parcours l’entièreté du corps, Klara s’empare du bout de bois et le lance en plein dans sa poire. Il tombe à la renverse, se relève avec difficulté, et se masse l’arcade, ouverte, avant de lécher le sang sur ses doigts.
« Merci m’dame. »
La chasseuse en profite pour se relever. Derrière le groupe, il y a une banderole tâchée de sang, avec écrit « Bi1venu
« Ça va? »
C’est une petite humaine qui lui parle. Toute mince, elle porte juste une salopette rapiécée, et sa peau est couverte de bleus et d’hématomes, que Klara parcourt rapidement du regard.
« Tu aimes mes tatouages? »
Ça suffit. Elle étouffe. Il faut qu’elle sorte d’ici, et surtout qu’elle s’éloigne de ces débiles. Elle se lève, prend appuie contre le mur couvert de rouille pour éviter de tomber, et, une fois sa vision stabilisée, passe la porte grinçante.
« Bienvenue à la Fun Base, m’dame. »
Un entrepôt. Le quartier général de ces fous, c’est un entrepôt désaffectée, sale et à l’abandon. Elle s’en souvient, maintenant. Le type qu’elle recherche, il a rejoint cette sorte de secte, et si quelqu’un peut lui dire où il se trouve, c’est bien le gourou.
« Il est où, ce Doppio? »
Ses cordes vocales sont aussi rouillées que les murs qui l’entourent. Les transformations incessantes, la viande humaine, et la poussière ont visiblement laissés une trace de leur passage.
« Ben, on sait pas, nous.
– Vous savez pas ou se trouve votre chef?
– Nan ! Il est super mystérieux, c’est pour ça qu’on l’adore. Souvent, il s’en va pendant plusieurs jours, et on sait jamais où il va. Alors on prie jusqu’à son retour. Et après, il fait une super entrée fracassante.
– Vous… Priez?
– Oui ! On se cogne la tête contre des gros blocs de béton jusqu’à ce qu’ils soient tout rouge et que des bouts de cervelles collent dessus. Tu veux venir prier avec nous?
– Ça ira, je préfère attendre dans mon coin.
– Tu vas pas t’ennuyer?
– Tu peux te transformer en gros chien?
– Je peux te croquer?
– Tu veux faire un concours de coup de boule? Le premier qui meurt a perdu ! »
L’attente risque d’être longue.