La manœuvre pouvait représenter un danger, sur cette île qui me devait beaucoup mais était désormais occupée par le GM. Le gouverneur en place était d'ailleurs un ami de Sloan O'Murphy, raison pour laquelle nous ne devions pas faire de vieux os ici. Karen n'aimait pas cela. Pourtant, il fallait faire tomber le voile, cette dernière étape de la destruction du moi d'avant. Pour cela, j'avais dû activer certains contacts que je savais proches de la révolution, me mettre en danger... tous nous mettre en danger.
C'était un journaliste, mais il n'en avait pas l'habit. On aurait plutôt dit une raclure des bas fonds, une racaille comme on en fait partout dans le Nouveau Monde. Un homme petit et trapus, prêt à casser des mâchoires, mais il n'en était rien : c'était un journaliste. Seulement, il bossait dans l'ombre, il fournissait des tuyaux, il servait la révolution en sous-main. Il ne m'aimerait pas beaucoup.
« - Apparemment tu as des informations sur Amanda Holmes ? »
Une ennemie terrible de la criminalité, qui avait occasionné des pertes dans son propre camp. Qui avait débarqué sur cette île pour la pacifier il y a longtemps, qui était passée à Parisse ensuite et l'avait dévastée. Cette partie du monde ne l'appréciait pas et beaucoup de Marines non plus. À raison, c'était un monstre. J'étais un monstre.
« - C'est une de mes identités. »
Il hoqueta. L'endroit n'était pas fameux non plus, nous étions dans le quartier le plus pauvre et le plus délabré, celui qui mettrait du temps à se construire ou se reconstruire, du moins. Tercio, au plus profond des bas-fonds, entourés d'organisations fomentant de sales coups ; même la révolution était là, pas loin. Il en était la preuve.
Nous avions trouvé un cagibi au fond d'un immeuble à peine reconstruit. Une porte en fer bouchait l'accès et derrière cette porte en fer, Angelica avec sa nouvelle mine patibulaire.
« - Tu te fous de moi, c'est ça ? »
Je secouai la tête négativement, dévoilant un bras sur la table, paume vers le haut. Avec les doigts de mon autre main, je vins tâter les interstices de mes articulations et soulevais la peau, dévoilant les mécanismes sous-jacent.
« - Je suis celle qui a maté la révolution de Mandrake à Parisse. Celle qui a vaincu les commandants de la 2e et 5e flotte de Frost, celle qui a destitué le Président de Lone Down et créé les émeutes qui sont aujourd'hui à l'origine du nouveau gouvernement. J'ai mis pas mal de bâtons dans les roues à la révolution et aux yonkou. Je suis une ennemie de l'humanité. »
Il n'en revenait pas ; son corps tremblait, mais il ne parvenait pas à me regarder dans les yeux. « C'était un odieux mensonge, une blague grossière que je lui faisais, » devait-il se dire. Alors je lui ai tout raconté.
Tout. Mon enfance, mon intégration au CP8, mes mésaventures dans les Blues. La perte de ma demi-sœur. Drum, Alabasta, Bulgemore. L'assassinat de ma famille ; les fausses accusations portées contre Craig Kamina, contre l'ancien juge suprême d'Enies Lobby. Les complots, quels qu'il soient, ceux de Lone Down ou de Parisse. Mes fausses identités...
Il me fallut une heure pour livrer toute ma version des faits sur les crimes commis au nom du Gouvernement Mondial, de la paix soi-disant. J'apportais des preuves et éclaircissais des mystères quand je le pouvais ; je rappelais à l'homme de prendre des notes.
Son expression changea progressivement. D'abord interloqué, il fut de plus en plus estomaqué et nauséeux, avouant avoir le tournis au fil des révélations. Je terminai sur l'Arme Minerva et la capture de Sloan O'Murphy, de ce qui nous avait menées jusqu'ici.
« - Toutes ces informations représentent un véritable danger pour le Gouvernement Mondial. Si elles venaient à être publiées, nul doute que celui-ci aurait du mal à rattraper le désastre et empêcher les rumeurs de circuler.
- Et nombreux seront ceux à faire le lien entre toutes tes identités à présent et vouloir ta peau, à commencer par mes employeurs. »
C'était vrai. En dévoilant tous mes secrets, je me mettais à découvert, me délaissant de l'ultime sécurité que me promettait le GM tant que je restais en vie : de ne pas dévoiler ma véritable identité. Je pouvais les devancer sur ce terrain et me retrouver au milieu d'un champ de mine, mais la tourmente les cinglerait eux aussi et j'étais résolue à vivre dangereusement désormais. Puis, je suspectais certains grands pontes d'avoir déjà découvert le pot aux roses, notamment Amber Frost et le Conseil des Dragons.
« - Fais marcher tes contacts, fais ton boulot : nul doute que cette histoire fera la une des journaux. Cela pourrait même servir les intérêts de la révolution... Il est grand temps de faire tomber cet ordre mondial menteur et mensonger, qui prend un malin plaisir à se servir des vies humaines pour tous nous asservir.
- Tu utilises des grands mots, pour quelqu'un qui a massacré des milliers d'innocents. »
Je tournais un regard sombre vers lui, lui faisant comprendre qu'il y avait des limites à ne pas franchir. Le passé m'importait peu et qu'importe le portrait qu'il se faisait de moi, je souhaitais uniquement qu'il sème les graines de la discorde là où les nouvelles se répandraient. C'était un dernier baroud d'honneur pour Amanda Holmes, Elizabeth Butterfly et Annabella Sweetsong.
Il était temps de dévoiler au monde l'existence de mon jeu d'acteur et le véritable visage d'Eleanor Bonny. Quoi qu'il en coûte.
« - Je vais y aller, » annonça finalement le bonhomme, soulevant sa chaise et se préparant à faire le chemin inverse jusqu'à la porte. Je l'interceptais, plongeant mes pupilles dans les siennes.
« - Sois sûr que si tu modifies ou déformes mon récit, je te trouverai et ferai de toi un nouveau martyr de la révolution. »
Il eut du mal à avaler sa salive, je le laissai aller. Angelica reçut le signal pour ouvrir la porte et le laissa passer avant de rentrer dans la pièce.
« - Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- On se barre d'ici avant qu'il n'appelle ses potes. Et ensuite on profite du spectacle. »
C'était un journaliste, mais il n'en avait pas l'habit. On aurait plutôt dit une raclure des bas fonds, une racaille comme on en fait partout dans le Nouveau Monde. Un homme petit et trapus, prêt à casser des mâchoires, mais il n'en était rien : c'était un journaliste. Seulement, il bossait dans l'ombre, il fournissait des tuyaux, il servait la révolution en sous-main. Il ne m'aimerait pas beaucoup.
« - Apparemment tu as des informations sur Amanda Holmes ? »
Une ennemie terrible de la criminalité, qui avait occasionné des pertes dans son propre camp. Qui avait débarqué sur cette île pour la pacifier il y a longtemps, qui était passée à Parisse ensuite et l'avait dévastée. Cette partie du monde ne l'appréciait pas et beaucoup de Marines non plus. À raison, c'était un monstre. J'étais un monstre.
« - C'est une de mes identités. »
Il hoqueta. L'endroit n'était pas fameux non plus, nous étions dans le quartier le plus pauvre et le plus délabré, celui qui mettrait du temps à se construire ou se reconstruire, du moins. Tercio, au plus profond des bas-fonds, entourés d'organisations fomentant de sales coups ; même la révolution était là, pas loin. Il en était la preuve.
Nous avions trouvé un cagibi au fond d'un immeuble à peine reconstruit. Une porte en fer bouchait l'accès et derrière cette porte en fer, Angelica avec sa nouvelle mine patibulaire.
« - Tu te fous de moi, c'est ça ? »
Je secouai la tête négativement, dévoilant un bras sur la table, paume vers le haut. Avec les doigts de mon autre main, je vins tâter les interstices de mes articulations et soulevais la peau, dévoilant les mécanismes sous-jacent.
« - Je suis celle qui a maté la révolution de Mandrake à Parisse. Celle qui a vaincu les commandants de la 2e et 5e flotte de Frost, celle qui a destitué le Président de Lone Down et créé les émeutes qui sont aujourd'hui à l'origine du nouveau gouvernement. J'ai mis pas mal de bâtons dans les roues à la révolution et aux yonkou. Je suis une ennemie de l'humanité. »
Il n'en revenait pas ; son corps tremblait, mais il ne parvenait pas à me regarder dans les yeux. « C'était un odieux mensonge, une blague grossière que je lui faisais, » devait-il se dire. Alors je lui ai tout raconté.
Tout. Mon enfance, mon intégration au CP8, mes mésaventures dans les Blues. La perte de ma demi-sœur. Drum, Alabasta, Bulgemore. L'assassinat de ma famille ; les fausses accusations portées contre Craig Kamina, contre l'ancien juge suprême d'Enies Lobby. Les complots, quels qu'il soient, ceux de Lone Down ou de Parisse. Mes fausses identités...
Il me fallut une heure pour livrer toute ma version des faits sur les crimes commis au nom du Gouvernement Mondial, de la paix soi-disant. J'apportais des preuves et éclaircissais des mystères quand je le pouvais ; je rappelais à l'homme de prendre des notes.
Son expression changea progressivement. D'abord interloqué, il fut de plus en plus estomaqué et nauséeux, avouant avoir le tournis au fil des révélations. Je terminai sur l'Arme Minerva et la capture de Sloan O'Murphy, de ce qui nous avait menées jusqu'ici.
« - Toutes ces informations représentent un véritable danger pour le Gouvernement Mondial. Si elles venaient à être publiées, nul doute que celui-ci aurait du mal à rattraper le désastre et empêcher les rumeurs de circuler.
- Et nombreux seront ceux à faire le lien entre toutes tes identités à présent et vouloir ta peau, à commencer par mes employeurs. »
C'était vrai. En dévoilant tous mes secrets, je me mettais à découvert, me délaissant de l'ultime sécurité que me promettait le GM tant que je restais en vie : de ne pas dévoiler ma véritable identité. Je pouvais les devancer sur ce terrain et me retrouver au milieu d'un champ de mine, mais la tourmente les cinglerait eux aussi et j'étais résolue à vivre dangereusement désormais. Puis, je suspectais certains grands pontes d'avoir déjà découvert le pot aux roses, notamment Amber Frost et le Conseil des Dragons.
« - Fais marcher tes contacts, fais ton boulot : nul doute que cette histoire fera la une des journaux. Cela pourrait même servir les intérêts de la révolution... Il est grand temps de faire tomber cet ordre mondial menteur et mensonger, qui prend un malin plaisir à se servir des vies humaines pour tous nous asservir.
- Tu utilises des grands mots, pour quelqu'un qui a massacré des milliers d'innocents. »
Je tournais un regard sombre vers lui, lui faisant comprendre qu'il y avait des limites à ne pas franchir. Le passé m'importait peu et qu'importe le portrait qu'il se faisait de moi, je souhaitais uniquement qu'il sème les graines de la discorde là où les nouvelles se répandraient. C'était un dernier baroud d'honneur pour Amanda Holmes, Elizabeth Butterfly et Annabella Sweetsong.
Il était temps de dévoiler au monde l'existence de mon jeu d'acteur et le véritable visage d'Eleanor Bonny. Quoi qu'il en coûte.
« - Je vais y aller, » annonça finalement le bonhomme, soulevant sa chaise et se préparant à faire le chemin inverse jusqu'à la porte. Je l'interceptais, plongeant mes pupilles dans les siennes.
« - Sois sûr que si tu modifies ou déformes mon récit, je te trouverai et ferai de toi un nouveau martyr de la révolution. »
Il eut du mal à avaler sa salive, je le laissai aller. Angelica reçut le signal pour ouvrir la porte et le laissa passer avant de rentrer dans la pièce.
« - Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- On se barre d'ici avant qu'il n'appelle ses potes. Et ensuite on profite du spectacle. »