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Classe verte

Faut que je te dise un truc, l’ami. Je suis pas quelqu’un de très peureux, sans vouloir me vanter, et je m’en sors plutôt bien dans la vie, en général, je veux dire. Je suis plutôt sûr de moi, je me repère en ville sans trop de problème, je sais comment jacter un minimum, tout ça. Comme un bon espion, quoi. Mais en terres sauvages, là, c’est une autre paire de manche. Tu sais faire un feu, toi? Moi pas. Cette plante bizarre, là, à mes pieds? Aucune idée de ce que ça peut être. Je goûterai bien, mais j’ai l’impression que si j’approche ce truc là de mon estomac, c’est tout le système digestif qui part à la dérive. Alors tu me diras, ouais mon bon vieux Tom, on s’en fout, t’es sûrement encore entrain de filer un blaireau de la Marine dans un petit endroit urbain tout chaleureux ! Sauf que si tu suis un peu et que tu regardes le nom de l’île au dessus, tu comprendras que je suis un peu dans la merde. Boyn, c’est quand même vachement pourri. Heureusement que les bottes des Mouettes sont résistantes, sinon je pataugerai déjà dans la boue, là. Je me suis déjà fait piqué par trois insectes, j’ai failli me viander une bonne demi-douzaine de fois, et j’ai marché sur un espèce de vieux champlard tout moisi qui veut pas se décoller de ma semelle, je crois même que ce con pousse à vue d’œil sur le caoutchouc. Je suis tellement pas dans mon élément que quand j’ai eu le briefing de mission, j’ai osé protester pendant une seconde. C’est pas vraiment conseillé, alors je me suis ravisé, mais quand même, j’étais pas jouasse.

Je le suis encore moins depuis que j’ai posé pied ici. Tu veux savoir ce que je fais là? Un sergent-instructeur complètement timbré s’est dit que ça serait une bonne idée d’emmener toute une garnison ici, sur ce qu’on surnomme affectueusement l’Enfer Vert, pour faire un genre de super-entraînement. Moi, je trouve ça surtout super-con, mais j’ai pas mon mot à dire. J’espère que t’es d’accord avec moi quand même, quelle idée d’entraîner ses hommes sur une plante carnivore géante… Je suppose que les collègues du bureau de propagande font du bon boulot, et que la Marine manque pas de chair à canon, mais bon, tout de même… Je me gratte la nuque, je crois que je me suis encore fait piqué par une bestiole. Heureusement que mes vaccins sont à jour, même si dans tout les cas, je crois bien que je suis bon pour un séjour à l’infirmerie une fois la mission finie.

« Lieutenant sous-instructeur ! »

C’est une voix sur ma droite qui m’interpelle. Grave, dure, ferme. C’est l’idiot qui a eu la brillante idée de venir ici, et accessoirement, c’est mon supérieur du moment. Heureusement que ma couverture c’est d’être son assistant, et pas d’être une de ces recrues qui s’apprêtent à vivre l’entraînement le plus extrême de leur vie.

« Ouais m’sieur, c’est pas un vrai grade m’sieur…
- Vous êtes prêt à lancer l’épreuve?
- Ouais ouais. »

On est encore sur la côte, enfin, si on peut appeler ça une côte. Notre navire a fière allure, posté comme ça devant nous, le soleil derrière lui donnant un joli contre-jour. J’aimerai bien être à bord, au lieu de patauger dans la boue et la chair de plante carnivore. Devant nous, à plusieurs dizaines de mètres, des arbres, qui délimitent l’entrée de la dense forêt qui recouvre l’île sur laquelle on se trouve. On peut appeler ça des arbres? En tout cas, ça y ressemble vachement. Le seul truc qui choque, c’est les fruits tout difformes qui poussent sur les branches. Le but de l’épreuve? En ramener un par soldat. La difficulté de l’épreuve? Survivre au trajet. Quelques dizaines de mètres, normalement, c’est rien, mais quand le sergent a balancé un gros caillou sur le chemin, y’a trois plantes qui sont sorties du sol pour bouffer le machin, à vitesse mach 3 environ, selon mes calculs. Les soldats tremblent comme des feuilles. D’après les estimations du sergent, les chances de mourir sont de 1%. D’après mes estimations à moi, les chances de perdre une jambe sont quand même de 1000%. Et le plus drôle, c’est que c’est une épreuve préliminaire, pour estimer le niveau des hommes, et aviser pour la suite. La suite, pour moi, elle est toute vue : on retourne fissa au QG et on soigne les survivants, mais bon, on va encore dire que je suis pessimiste.

« Aller ! En piste les mous du genoux !
- Bon courage mon pote, que je lance à un petit soldat frêle qui me regarde avec des yeux humides. »

Je lève le pistolet qu’on m’a confié, et qui servira de signal pour lancer l’épreuve. Je regarde les soldats se mettre en ligne. Tu sais ce qui m’ennuie le plus, dans tout ça? C’est que ma mission concerne même pas le sergent, même si je suis sûr de pouvoir le faire suspendre pour maltraitance. Nan, elle concerne plutôt une partie des soldats, ceux qui tremblent et dont les joues servent de toboggans à leurs larmes. Dans le tas, y’en a au moins un qui fricote avec des types pas très recommandables. Quelqu’un, des bureaux, a intercepté une communication den-den entre un membre de la garnison, et un type lié à un réseau de contrebande, lui-même très probablement lié à une sous-section de l’Armée Révolutionnaire. Un bordel, je t’évite la lecture du rapport. Le tout, maintenant, c’est de retrouver la trace de l’escargophone qui a servi à communiquer, et avec ça, de mettre la main sur le ou les types incriminés. J’ai déjà fouillé quelques cabines, en mer, mais ces gars là sont des vrais tir-au-flancs. Sûrement pour ça que le sergent les a amené ici, d’ailleurs. Ils ont quasiment pas quitté leurs quartiers du trajet, et ici, m’est avis qu’ils gardent leurs secrets sur eux. J’irai refaire un tour à bord à la nuit tombée, mais en attendant, je pointe le canon vers les cieux, vers ce nuage en forme bizarre là, et…  

PAN
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Le semaines passaient et les recherches s’allongeaient, l’année 1628 s’était transformée en routine. En se posant à Weatheria quelques mois plus tôt, Raphaël pensait facilement pouvoir retrouver la trace de ses amis : mais lorsqu’il était retourné sur Little Garden où leurs chemins s’étaient séparés, il n’avait retrouvé personne. Le campement qu’ils avaient monté ensemble n’existait plus, proprement abandonné, ils avaient dû trouver un moyen de s’en échapper, partant sur les mers au hasard pour ne pas à avoir 365 jours à attendre que leur Magnétopose se recharge.

Chaque matin, dès que Yuna -l’ange qui l’accompagnait- était disponible, ils montaient sur sa grande chouette harfang et partaient explorer les îles avoisinantes. Quelques soirs ils restaient pour poursuivre, mais la plupart du temps ils rentraient sur l’île céleste itinérante avant que les étoiles ne s’invitent dans le ciel. Pour s’occuper, ils perfectionnaient sa maîtrise de la science climatique dans le prestigieux institut qu’était la Cloud’Academia, lisait et pensait beaucoup. Rien de trop sombre, il savait que Nova et le petit Jack étaient vivants, intimement, mais la recherche était longue et les résultats toujours frustrants.

"Bon !… J’en peux plus, faut qu’on en parle Raphaël !… Tu peux m’expliquer ce qu’il t’a pris ce matin ! C’est quoi cette moustache !... "



Mi-curieuse, mi-moqueuse, l’ange venait de briser le long silence qui les accompagnaient depuis l’aube. Depuis qu’elle avait fait sa rencontre sur Armada, intimée par Izya à lui venir en aide du mieux qu’elle pouvait, Yuna avait eu l’occasion de voir les nombreuses facettes du jeune homme. Il était devenu un ami et, par extension, elle avait appris à sonder ses humeurs et savait qu’un petit trait d’humour ou une taquinerie étaient toujours bienvenus face à la morosité.

"J’ai voulu essayer quelque chose de nouveau !… " lui répondit celui qui, face à son miroir le matin même avait rasé l’épaisse barbe qui lui poussait sur le menton. La moustache avait fait exception, sa moue boudeuse également et l’ange aux cheveux blancs prit une petite tape en prime "Probablement pour tenter la chance !… J’sais pas, tu m’emmerdes avec ta question pourrie ! "
-C’est !… Très distingué !
- Fous toi de ma gueule !…
- Si, si, il y a un petit air de Merlin !… Ils doivent être très fier à la Cloud’Academia d’avoir une influence si positive sur le style des mers bleues ! Nouvelle tendance !
- Tu veux pas qu’on se pose avant de taper la causette plutôt ! On va bientôt pouvoir atterrir sur Turpitude, j’en ai marre de gueuler ! "

Tous deux hurlaient à pleins poumons, survolant le séduisant archipel de Boyn en se laissant porter par les alizées. La sensation d’un vol était incomparable, et plus encore depuis qu’il voyait le monde à travers du spectre des phénomènes météorologiques, Raphaël appréciait prendre de l’altitude. Quelques jours d’exploration les attendaient et ils avaient décidé d’installer leur campement sur l’île rocher qui portait le nom de Turpitude, de bien se préparer et surtout d’éviter de prendre des risques. Le phare qui ornait son sommet avait un but bien précis : éloigner les marins du danger qui les guettait dans ces eaux.

Car si depuis l'horizon, la petite dizaine d’îles jumelles pouvait séduire par ses couleurs chatoyantes, ses formes allongées qui rappelaient celles d’une plante exotique et sa splendide végétation qui se laissait deviner entre deux reliefs, donnant envie aux voyageurs inconscients de venir s’y ravitailler, la vision était toute autre depuis les cieux. Des plantes géantes, carnivores, donc la mâchoire et les entrailles se dessinaient en un gouffre gigantesque au centre de la forme étoilée de leurs pétales. La végétation luxuriante n’était qu’un leurre, en symbiose avec la plante-mère, engraissant la faune diverse et dangereuse qui l’habitait pour mieux la dévorer ensuite. Le cycle de la vie version accéléré, quiconque s’y aventurait sans y être préparé finirait piégé. Une destination très probable pour des voyageurs égarés, mais était-ce juste possible d’y survivre ?

Yuna acquiesça, donna des indications au vert mais celui-ci se laissa distraire par un détail auquel il ne s’était pas préparé, se penchant pour être sûr de bien le distinguer : un croiseur de la marine, amarré à une des îles carnivores.

*PAN*

La chouette hurla, s’ébroua, rua. Son aile immaculée transpercée.

Raphaël perdit pied, fut projeté, sentit le vide, l’air claquant contre lui, la chute. Il n’entendit pas Yuna crier, une main projeté vers lui. Son cerveau s’était arrêté.

C’était le même genre de croiseur que celui à bord duquel il avait quitté Little Garden. Celui-là même qui l’avait conduit à Jotunheim. La glace. La terreur. Le sang. La solitude. La peur. Le monstre en lui le saisit à la gorge, l’étouffa, son esprit vrilla. Le temps d’un instant et il se reprit, mais il était déjà trop tard, il allait trop vite, il ne maîtrisait plus rien.  Sa lucidité retrouvée il invoqua des gants de cuir pour le soutenir, le ralentir, mais les unes après les autres elles disparurent, réduites en miettes par sa chute.

Ses pensées s’enchaînaient alors que le sol se rapprochait.
Le sol ou la mer.
La noyade ou l’écrasement.
À ce stade-là, les plantes carnivores étaient presque séduisantes.

Fermer les yeux. Se concentrer. Le vent était si fort qu’il n’y aurait rien vu. Activer machinalement les mécanismes de ses engins climatiques. Se laisser porter par les courants d’air. Perdre de la vitesse.

Ses yeux se rouvrirent et une cinquantaine de mains se déployèrent derrière lui, accrochées les unes aux autres pour former des maillons et couvrir le plus de surface possible. Agissant comme un parachute de fortune, elles lui permirent de mieux contrôler sa chute, de le ralentir, mais s’évanouirent aussitôt quand il tomba dans les premiers branchages.

De justesse, il se posait sur une des îles carnivores. Le choc fut rude, il visait les feuilles de palmier, évitant de s’empaler sur des branches ou des troncs mais chaque impact était brutal, interminable. Il échappa aux épines géantes de ce qui ressemblait à un acacia mutant et vit enfin le sol…

"Puisque je vous dis que c’est un Petunioideae Droseraaaaa… Non merde, il faut que je sois un peu plus péremptoire ! Encore un effort, je dois rentrer dans le personnage. Petuuuuuunioooiiii-
-ATTTTENTIOOOOOOON ! "

*BAM*

Trop tard.

Avec toute la grâce qui lui restait en stock, Raphaël atterrit sur un petit moustachu à lunettes qu’il n’avait pas eu le temps de prévenir. Les feuilles de papier que celui tenait fermement, bien ordonnées, s’envolèrent en tout sens, Raphaël roula et fut violemment arrêté par le tronc de l’arbre qui lui avait déjà fait quelques bosses et l’homme…

"OH-PU-TAAAIN… "

Tombé à la renversé, si ce n’est projeté, l’homme en blouse sonné avait atterrit dans un buisson.
Puis le buisson s’était animé.
L’avait entouré de ses lianes.
L’homme inconscient avait disparu dans le buisson.
Le buisson avait recraché l’uniforme de marine, la blouse de scientifique qui le recouvrait et la casquette et les petites lunettes de soleil qui complétaient sa tenue.

"Burps.
-Oh putain…"

Les sens en alerte, Raphaël se releva aussitôt. Après quelques instants de répit, le cœur battant encore la chamade mais certain qu’aucun monstre végétal n’allait lui sauter dessus, le vert se laissa aller à quelques observations. Aucun signe de Yuna. Des marines étaient sur cette île et il venait vraisemblablement de causer indirectement la mort de l’un d’entre eux. Boyn ne déméritait pas sa réputation. Vu où il était tombé, il n’était pas loin de la côte. Est-ce que Yuna s’en était tirée ? Avait-elle dû atterrir en urgence ? Si oui était-ce sur cette île ou une autre ? Elle avait dû le voir tomber ici. Si c’était bien le cas, comment pouvait-il faire pour être trouvable le plus facilement.

La blouse blanche immaculée, très légèrement imbibée de sève, s’imposa à sa vision.
Blanche.
Bien plus visible ici que ses vêtements verdâtres et la touche de gazon qui lui servait de couvre-chef.

D’instinct il l’enfila, ne cherchant même pas à s’excuser auprès de son précédent porteur, la casquette et les lunettes de soleil suivant aussitôt pour parfaire la panoplie. Pile sa taille. Faute d’autres idées, encore un peu choqué, il s’empara de quelques feuilles volantes et se dirigea vers ce qui lui semblait être la direction de la côte.

S’il croisait un ou quelques marines, l’effet de surprise pouvait jouer en sa faveur.
S’il n’en croisait pas, il pourrait se servir de la blouse pour être plus facilement vu par Yuna.

Ses yeux parcoururent rapidement le document qui était en possession de son prédécesseur mais, alors qu’il tentait d’être vigilant et attentif à son environnement, il déboucha bien plus vite qu’il ne l’aurait cru sur la plage de boue qui bordait l’île, face au croiseur de la marine et à un groupe désordonné, qui courrait en tous sens, couvert de pulpe de fruits écrasés, de sable et se débattant du mieux qu’ils pouvaient avec les racines tentaculaires qui leur faisaient barrage ou qui tentaient de les broyer.

Dans un coin, un gradé et un grand homme caché sous son feutre qui les observaient dans leur galère, prenant à intervalles réguliers des notes. Son arrivée perturba à peine l’activité en cours, il jeta de nouveau un coup d’œil aux feuilles de papier qu’il avait rassemblées :  

"Je… Hmmmm… Mon équipe de recherche s’est perdu dans la jungle…. À l’aide ! "

Lut-il de la façon la plus convaincante ce qui ne semblait finalement être qu’un script. Quelques regards se tournèrent vers lui, il espéra que son coup de bluff marcherait mais qu’étaient finalement une casquette, une paire de lunettes de soleil et une blouse face à une prime de 66.000.000 de berrys diffusée mondialement.

Un silence s’insinua quelques secondes –ponctué des gémissements de ceux qui luttaient encore avec la mauvaise herbe-  mais fut aussitôt brisé par le sergent instructeur :

"Hmpf ! Héhé, excellent la moustache verte Garnier, j’ai failli pas te reconnaître !  " il se gaussa, s’aventura une botte après l’autre dans la tourbe et repêcha quelques-unes de ses recrues qui s’y étaient trop enfoncées ou qui rougissaient un peu trop fort d’être étranglées par la mangrove et finit par reprendre "Bon la bleusaille, maintenant qu’on s’est bien échauffé il va être temps de passer à la deuxième épreuve ! Sauvetage en terrain hostile ! Le gaillard que vous voyez là est de la brigade scientifique -facile à repérer, il chouine- toute son unité est portée disparue. Vous devez organiser une mission d’extraction. Ouvert à vos suggestions. Moustache verte, sacrés acteurs hahaha, savent plus quoi inventer pour rentrer dans leur personnage. "

Le bluff, la caquette, les lunettes, la blouse mais oui… surtout la moustache.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Ven 30 Avr 2021, 12:56, édité 1 fois
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Des arbres à perte de vue. C'est vert partout, c'est vert et ça respire, ça bouge, ça vie. Et on vous parle que de la flore, un millier de plantes aux couleurs chatoyantes, pour faire face à leur prédateurs sans nulle doute, pour se rendre impressionnantes en tout le cas. Et pas de la faune, ce milliard d'insecte qui grouille sous les pas, attendant patiemment l'heure du déjeuner. La chaîne alimentaire sur Boyn, est très bien rodée.

Il y'a ce qui doit être manger, et ce qui mange. Et puis y'a moi, juste au dessus de toute ça, lâchant ma crotte sur un bosquet qui en mène pas large. Tiens, dans ta tronche la nature. Voilà ce que j'en pense de tes plantes à la con, et de tes insectes de merde. J'suis pas du genre citadin non plus, qui défend son bout de gras contre la campagne. Mais plus j'avance dans ce merdier, plus je déteste la jungle. Y'a pas à dire, comme environnement, on fait rarement pire.

Il fait humide, chaud, la sueur et la boue vous colle à la peau. Et puis y'a ce milliard de moucheron que t'avale à chaque fois que tu respires, et puis les araignées, ça me rappelle de mauvais souvenirs. Des souvenirs dans une arène géante, ou j'avais été fait prisonnier. Une arène dont m'avait sortis celui qui est maintenant l'un des ennemis publique numéro 1, Toji Arashiquelquechose, j'ai jamais bien retenu les noms.

- Patron, on a repéré un engin volant s'écrasant au nord de la foret. Fit un des deux gars qui m'accompagnaient e et qui faisaient tâches, habillés comme des pingouins. C'était mes deux garde chiourmes, qu'on m'avait collé au basque pour faire bon genre auprès des grands pontes de North Blue.

C'que je fiche là ? Simple contrôle de routine. A ce qu'il paraît, y'a une plantation sur cette île, et pas une petite. Une plantation de Koka, une base à la drogue que diffusent ceux qui m'ont engagé. J'suis toujours une épée à louer, et pas la moins efficace. Alors j'me suis coltiner le voyage jusqu'ici, les deux gars à surveiller parce que j'sens que si je les ramène pas, on va me chier dans les bottes, et la jungle. L'immense jungle verte qui nous entoure et ne demande qu'à nous dévorer. Littéralement.

- Mh, on va aller vérifier, mais on essaye de rester discret. Faut dire, j'mesure presque deux mètres, et j'suis accompagné de deux loustic en costard. Pour la discrétion, on repassera. Mais essayons quand même. J'attrape la machette qui me permet de tailler une route dans cet enfer verdoyant. Traître et trompeur. Je sais pas si j'préférais pas le désert.

Quoi que le sable dans les parties, c'est redoutable.

Si on est ici, c'est que North Blue n'a plus de nouvelle de son principal fournisseur de Koka, et que la dernière équipe envoyée ici, n'est jamais revenue. Alors on envoi les gros bras, et ça tombe bien, parce que j'ai besoin d'argent en ce moment. J'sais pas encore comment, mais il me faut un gros paquet, pour mettre ma famille à l'abris. Pour mettre même tout l'île à l'abris.

Ca se chiffre en milliard, de racheter une île sous le joug du GM. Et beaucoup de diplomatie, ou bien beaucoup de canons. A vous de choisir. Je donne un coup dans une plante, qui couine et laisse échapper un liquide jaunâtre qui manque de m'asperger. C'est dégeu, on dirait un oeuf pourri qu'on cassé contre le rebord d'un poêle. Je comprends qu'on est arrivé dans un endroit assez dangereux quand ma godasse reste planté dans le sol, là ou le liquide à fait une marque qui semble corrosive.

Il ne manquait plus que ça. Un genre de champs de mine, ou chaque coin d'arbre, peut se transformer en un véritable bain d'acide. On avance prudemment, quand j'vois au loin du mouvement. Du blanc. J'me tends.

- Pablo, sort ton gun, on se planque là ! Que je fais en montrant du doigt un bosquet qui a l'air pas truffé de bestioles en tout genre, ni de plantes carnivores. Du coin de l'oreille, j'entends au loins des voix qui se disputent.

- Mais je te dis qu'on est perdu, ça sert à rien, on va tous mourir fit un petit gars aux cheveux mi long, et pourvue de lunette rondes.
- Non, si le lieutenant nous a envoyé ici, c'est qu'il a foi en nos capacités, on va s'en sortir messieurs, comme on l'a toujours fais ! Fit le plus habité des cinq mouettes présente ici.
- Si j'pouvais avoir cinq minutes en tête à tête avec celui qui a proposé cet exercice dans la hiérarchie ... Fit un troisième, pensif.
- On devait juste faire une ronde autours du campement de base, pourquoi ça à dégénéré autant ... ! Fit le plus agité des cinq hommes.

Je fis signe aux hommes de se taire, et d'observer.
    Bon. Je suis pas con, ou en tout cas, pas trop. Forcément, la première chose que j’ai faite en m’embarquant sur ce fichu navire, c’était de lire le briefing en long et en large, et d’apprendre à connaître ce petit équipage sur le bout des doigts. Et ce Garnier, là, je me souviens avoir vu son nom traîner dans ma pile de dossier. Par contre, je me souvenais pas qu’il avait cette gueule là. Alors ouais, il paraît qu’il s’est déguisé et que ça fait partie de l’exercice, mais quand même. Je tapote l’épaule du sergent instructeur, avant qu’il ne rejoigne les autres dans la jungle, genre « haha bonne journée, super exercice mec, bon moi je dois pisser vite fait j’arrive hein ».

    Alors qu’en fait, j’vais pour me glisser tranquille dans le navire rechopper la paperasse. La plupart des soldats sont entrain de s’enfoncer dans cette île de mort, et en tant qu’assistant d’instruction, je suis relativement pénard, pas besoin de me baisser et de raser les murs. Ce qui sert de bureau à l’instructeur et chef de régiment est pas bien loin, et un petit coup de passe-passe d’agent secret plus tard, me voilà à l’intérieur. C’est lui qui a la plupart des dossiers sur ces hommes. Je choppe rapidement la pile qui m’intéresse. Y’a du gribouillis sur à peu près tout les profils, des annotations. « Apte au combat. » « Trop faible. » « Peur de la mort » « Peur des araignées » « Pas apte au combat » « Ferait mieux d’être assigné en cuisine ». Ce genre de chose.
    Pour rire, je choppe le dossier à mon nom, enfin à mon faux nom plutôt. « Apte à me seconder pour le restant de son service, pas plus ». Va te faire foutre. Te moque pas de moi, toi, j’ai beau être sous couverture, ça fait mal quand même.
    Bon. Je tombe vite fait sur ce qui m’intéresse. Garnier. Soldat Garnier. Peu de faits d’armes, un type classique, performances passables. Une super photographie, on voit bien sa tronche. Rien à voir avec le Garnier qu’on a croisé dehors. Je glisse la photo dans ma poche, on sait jamais, je range le bordel que j’ai foutu, et je referme derrière moi.

    Je vais pas trop te mentir, je suis bien content d’être tombé sur ça. Parce que c’est ma seule piste. Alors, certes, ça colle pas vraiment, parce que moi, ce qu’on m’a dit, c’est qu’on avait un infiltré parmi ces hommes. Un type déjà infiltré, je veux dire, donc ce faux Garnier, ça peut difficilement être lui. Y’a autre chose qui cloche, par ici. Un complice?

    Le soleil tape, sur la plage. Enfin, si on peut appeler ça une plage. Mais à peine je me rapproche de l’épaisse végétation qui couvre l’île que la lumière commence déjà à se faire la malle. La plupart des soldats sont déjà parti pour leur petit exercice en conditions réelles. Il en reste que deux, qui sont entrain de se chamailler et de tâter le terrain. J’ai plus leurs noms en tête, alors ça sera Sbire Un et Sbire Deux.

    « Bonjour, Sbires.
    - B’jour m’sieur, euh… En fait…
    - Vous pouvez me dire ce que vous faites encore là?
    - Ben… En fait… On est rentré dans la forêt, et…
    - … Et y’a des trucs qui sont sorti des arbres, m’sieurs.
    - Des feuilles?
    - Non m’sieur, pire.
    - Des fruits?
    - Non non m’sieur… Des genres d’algues qui ont voulu nous attraper… Alors, nous, ben…
    - Ouais… On a… fui comme d-
    - Je vois ! Que je les coupe. Vous avez annoncé une retraite anticipé mais bienvenue, afin de réfléchir à une meilleure stratégie d’approche, bien joué.
    - Ah bon?
    - Vous avez passé le premier test.
    - Ah bon?
    - Sans prudence, vous tiendrez pas longtemps en plein combat. On peut passer à la deuxième étape.
    - C’est quoi, la deuxième étape, m’sieur?
    - Me suivre bien gentiment et faire tout ce que je vous dis.
    - Ca fait vraiment parti du test m’sieur?
    - Bien sûr ! Après, si vous avez des doutes, je peux toujours aller voir votre instructeur et lui dire que je vous ai trouvé ici.
    - Ah, non, c’est bon, on vous croit.
    - Alors en avant. »

    Et on y va. J’ai pas plus envie qu’eux d’y aller, mais à trois, ça devrait être un peu moins chiant. Au pire, je les envoie en avant et je vois ce qu’il se passe. C’est un peu comme lancer une chaussure sur une piège pour voir. Sauf que la chaussure, elle cri pas. Je garde une main près de mon arme à feu, au cas où, et j’ai les yeux rivé sur le sol devant moi. J’ai un révolutionnaire à débusquer, moi, pas le temps de jouer les engrais. Mes compagnons du moment sont silencieux, à part le claquement de leurs dents. Et ça me saoule d’entendre que les insectes et le bruissement des feuilles, alors je reprends la conversation.

    « Vous connaissez le soldat Garnier?
    - Euh, Garnier, Garnier… Vite fait, pourquoi?
    - Ca fait partie du test. Il a une moustache?
    - Euh… Je crois pas, pourquoi?
    - Si on tombait sur lui, là maintenant, vous sauriez le reconnaître?
    - Beeen, sûrement ouais, pourquoi?
    - Même si il était déguisé?
    - Déguisé comment?
    - Avec une moustache, justement.
    - Ah… Ca, j’sais pas m’sieur.
    - C’est le test numéro trois, que je dis. Savoir discerner l’ennemi, et ne pas se laisser berner. Très important.
    - Ah oui, j’comprend m’sieur.
    - Sa démarche, sa voix, ça vous aiderai à le reconnaître?
    - Si on tombait sur lui là maintenant, et qu’il serait déguisé avec une moustache, m’sieur?
    - Exactement.
    - Moi j’pourrai je pense, j’ai joué au dé avec lui y’a trois jours, on a un peu causé, et…
    - Super, Sbire Deux.
    - Euh, mon nom c’est A- »

    Je coupe le son dans ma tête, j’ai ce qu’il me faut. Je peux me concentrer sur quelque chose que je connais un peu plus; la traque, et la filature. J’essaie de repérer des traces, n’importe quoi. On en trouve quelques unes, qui se séparent assez rapidement : c’est les différents groupes de soldats partis avant nous. Bon. Je me souviens vite fait de la direction qu’à pris le sergent, avec Garnier. Quelques traces correspondent. Plus qu’à prier qu’on tombe pas sur un truc trop vénère.

    Au pire, j’aurai qu’à me servir de mes deux homme-chaussures.
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    "Ah mon petit Garnier, j’ai hâte de savoir où est-ce que vous êtes en train de nous emmener ! J’espère que vous avez choisi les pires sentiers… Attendez ! Ne me dites rien ! Oh non, je ne veux pas savoir, laissez-moi la surprise ! Hahaha ! " s’esclaffa le sergent instructeur en se tapant la bedaine.

    À coups de serpe et de sabre, le petit contingent de marine en formation avançait prudemment vers l’intérieur des terres. Aucun n’était vraiment rassuré et, parmi ceux qui auraient préféré être ailleurs, Raphaël aka « mon petit Garnier » se serait bien esquivé à la première occasion. Seulement le sergent pot de colle s’était accroché à son épaule et avait décidé qu’ils crapahuteraient ensemble dans les pas des apprentis marines. Eux se pissaient dessus et sursautaient au moindre craquement de branche, et le vert était à peu près sûr qu’un coup de fusil accidentel finirait par blesser quelqu’un.

    "Sergent, je dois partir devant. Le reste de l’épreuve à préparer, les autres m’attendent. " tenta Raphaël qui ne souhaitait pas finir en dommage colatéral, il n’avait pas la moindre idée de la direction qu’il prendrait  mais il parla avec toute l’assurance qu’il estimait nécessaire à convaincre le gradé bedonnant.
    "Et risquer que ces fainéants vous suivent ? Y’a pas moyen Garnier ! Ce sont peut-être des chiffe-molles mais ils ne sont pas bêtes ! S’ils en ont l’occasion, ils VONT suivre la voie facile ! Non ils sont là pour faire leur boulot de marine ! Je veux de la traque ! Je veux de l’action ! Je veux de la testostérone ! Profitez donc, sont-ils pas beaux ces puceaux en sueur ? De la graine d’homme ! Encore quelques poils de barbe, des nerfs endurcis et ils seront directement pris dans l’élite… Enfin, ceux qui survivront Hahaha !
    - Hm. Oui. Super."

    C’était au contact de ce genre de type qu’on se prenait de sympathie pour les marines du rang : anonymes, fragiles, envoyés au premier rang des batailles, et surtout traumatisés par leurs instructeurs. Drôle de vie.

    Pas que la sienne n’ait été plus tranquille récemment. Il devait trouver un moyen de retrouver Yuna avant que les marines ne se rendent compte de son identité ou tout se compliquerait. Turpitude était sa véritable destination, c’était là-bas qu’il était le plus probable de retrouver des survivants, peut-être ses amis. Mutin après la réponse du sergent, il se laissa à réfléchir à un plan pour échapper à sa vigilance. Les risques étaient multiples, le temps qu’il perdrait s’étirait, mais plus il y pensait, plus il songeait que cette île pouvait avoir attirer Jack et Nova malgré son hostilité. Il se décida donc, même s’il arrivait à fausser rapidement compagnie aux marines, à laisser un peu de chance à son exploration. Ici comme sur le reste de l’archipel.
    L’être humain avait bien survécu aux dinosaures, s’étaient installés sur la plus dangereuses des mers, et faisait chaque jour montre de capacités dépassant l’entendement. Pourquoi pas survivre à des plantes mangeuses d’hommes ?

    "Sergent ! Sergent ! On a trouvé quelque chose !
    - Je crois que c’est un indice, venez vois sergent ! On a retrouvé des traces de l’équipe de recherche !"

    Et comme pour répondre à ses questionnements, le petit groupe de soldats qu’ils s’étaient décidés à suivre semblaient avoir trouvé la suite du scénario. Entre lianes et arbustes, dans une petite clairière cachée par d’épais buissons de ronces, se trouvait une plantation bien aménagée. De facture humaine à en croire les serres et les systèmes d’irrigation bricolés pour nourrir les plants les plus fragiles. Une petite hutte, quelques systèmes de défenses à base de désherbant -à en croire les cadavres de plantes carnivores qui s’y étaient frottés- pour se protéger des prédateurs mobiles et surtout la culture en rang biens alignés d’arbustes à petits fruits rouges.

    Il était évident que quelqu’un entretenait les lieux, pourtant il n’y avait pas signe de vie, pas même un tireur embusqué pour les menacer. Comme si la plantation avait été abandonné dans la journée. Et à en croire les pages de son script auquel il venait de nouveau de jeter un coup d’œil rapide, Raphaël était un peu près sûr qu’elle n’avait rien à voir avec la soit disante « équipe de recherche ».

    "’Font quand même de drôles de recherche… " inspecta un des soldats qui avait l’air de s’y connaître, fusil écartant les buissons et l’air désireux de s’y attarder.
    "Tu crois que c’est ce que je pense ? On pourra tester, tu penses ?
    - Attend, faut les raffiner non ?... J’ai pas envie de tomber malade.
    - BON LA BLEUSAILLE ! Vous vous mettez un peu à enquêter plutôt qu’à admirer les fleurs ?! Sinon j’en envoie une pour vous bouffer le nez ! PREMIERE ETAPE D’UNE ENQUÊTE ? On interroge le témoin, et que ça saute !
    - Hm… Vous avez découvert nos baraquements. C’est ici que j’ai vu mon équipe pour la dernière fois, je n’ai pas de nouvelles depuis hier. J’ai… peur que le pire soit arrivé. " continua-t-il de surjouer en haussant des épaules. La conviction lui manquait un peu, d’autant qu’il était à peu près sûr de ne déjà plus suivre le scénario écrit par l’agence de formation des mouettes.
    " ENTENDU ?! Vous ôtez vos minois de cette salade et vous inspectez les lieux ! Traquez-moi ces blouses blanches, on doit les retrouver et les sauver avant qu’un drame n’arrive ! Vous êtes les premiers arrivés à cette étape, vous laissez pas rattraper par les autres groupes !"

    Aussitôt, la garde s’excita et se mit à courir dans tous les sens. Le gradé avait de l’autorité.

    "Quant à vous Garnier…" pointa-t-il Raphaël de son gros doigt, un sourcil arqué et l’œil mauvais.
    "Quelque chose ne va pas sergent ? " se méfia aussitôt Raphaël, prêt à réveiller son armement et répondre à la moindre offensive.
    "Franchement…" son adversaire se jeta sur lui, mais il fut désarçonné par le grand sourire qui changea aussitôt la face de ce dernier et se laissa attraper par l’épaule et plier à hauteur de confidence "Vous abusez franchement… Je sais qu’on essaye de donner envie aux recrues de s’engager dans la Marine et de donner du meilleur d’elle-même, mais c’est quoi cette pub que vous nous donnez avec ces fausses plantations de stupéfiants là ?! On est quand même à la limite du légal, non ?
    -  Hé. Hé. Hé… Des stupéfiants hein. Je… vous savez comment sont les patrons hein, pas mieux à l’instruction qu’ailleurs : Faites ce que je dis mais pas ce que je fais, et surtout pas de remarques sur ce que je fais.
    - Garnier… Garnier… Je vais peut-être devoir faire un rapport sur vous là, hahaha !"

    Si seulement tout pouvait se régler avec un rapport.
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    Le sol tangue.J'sens comme si ça allait se dérober sous mes pieds. Pourtant j'ai vérifié, j'ai pas marché dans une énième merde. Je suis toujours en poste d'observation, suivant ma petite troupe de bras cassés qui arrive à survivre, mine de rien. La raison de cette passivité ? La survie. Mon instinct est très aiguisé et très efficace. Il sait quand il doit se mettre en marche. En les laissant nous précéder comme des éclaireurs, nous économisions nos forces et énergies, nous pouvions anticiper à priori ce qui allait se passer dans les quelques minutes suivantes. La nature est bien faite, elle se regroupe, elle vit et respire. C'est un organisme vivant qui marche, avec sa logique. Ses contraintes. Ses propres choix, et je peux vous assurer que d'avoir cette bande de bras cassés devant nous est plus utile que contraignant. Déjà qu'ils seraient pas foutus de repéré un éléphant dans un magasin de porcelaine...

    Nous cheminons de manière linéaire, sans jamais faire de détours, nous filons droit. J'connais pas non plus le guide du bon survivaliste, mais j'pense que faire des lacets dans un jungle pareil n'est pas forcément plus intelligent ou plus utile. Je sais pas ce que la Marine fait là, mais je vais le découvrir au bout de la route avec mes nouveaux amis. J'suis pas Sherlock, mais le fait que l'armée du Gouvernement Mondial soit sur place me semble être une coïncidence un peu grosse. Et les deux zigotos qui m'accompagnent vont pas penser le contraire. M'suis demandé s'ils sont payer à penser de toute manière. On engage ce type de gorille plutôt pour les biscotos que pour le cerveau. Vrai que prendre des décisions c'est pas la principale qualité de Diogo et Dimitriechko. Deux gars de la dure et rude armée de gros bras dont dispose North et ses alliés, drus sur le menton, fluide dans le pas chassé.

    - Ah bah voilà j'voulais l'avait bien dit... Fit le premier en mettant les mains en guise de lunette de précision.
    - Hein ? Un ahuris de plus dans l'armée des mouettes.
    - On est sauvé, enfin on les retrouve ... Soupira de soulagement l'un d'eux, qu'il entendit plus qu'il ne vit pour le Pater Pugilat.
    - Sergent sergent ! Serrrrgent ! Fit le dernier, courant en ligne droite sans se stopper, les bras grand ouverts, jamais aussi content de revoir son sergent chef depuis des lustres. Il avait des étoiles dans les yeux, et devait avoir la bouche en cœur. Tous se portèrent à la rencontre du groupe de soldat qui faisait face à des buissons touffues pourvus de baie rougeoyante. D'après ce qu'on m'a dit de l'île, ça  doit être ici que l'on fait pousser la plante dont la sève serait un puissant hallucinogène. Moi personnellement je me contente de bière et de cigares, mais je jugerai pas le vice de tout à chacun. Nous suivons encore une fois le groupe, tandis que le premier des soldats se porte au contact des autres en faction. Le sol tremble.On entends des arbres se fracasser comme si un éclair les avaient frappé, ou comme si une tronçonneuse avait fait son boulot. A ma connaissance, personne n'avait l'air d'un bucheron ici, à part moi et ma barbe, mes tatouages et mes larges mains calleuses. Je décapitais des érables aux tons orangés l'hiver, et des ifs gigantesques et noueux en été. C'était ma routine sur l'île que j'ai quitté. Je reconnais le caractère d'une forêt très rapidement, et celle-ci est vilaine. Salace. Presque hostile.

    J'fais bien de me méfier quand j'vois une pente douce se créer sous les pieds d'un premier soldat, et une plante carnivore et souterraine, s'élever pour lui croquer le bout de gras. Enfin une extrémité plutôt. Une jambe si j'en crois mes mirettes. Ca gueule, ca crie, ça souffre. Des lianes sortent du sol et enroulent un autre soldat comme s'il voulait le saucissonner. Il beugle comme un cochon qu'on égorge. Je me doute que le genre de saloperie qui est maintenant une sorte de plante sur pattes, et qui poursuit le troisième larron avidement, doit être empoisonné et pourvu de nombreux piquants en formes d'épines, en sus. La monstruosité verte, mesure plus de trois mètres, et s'élève presque jusqu'à la cime des arbres les plus grands de la jungle.

    Et elle se dirige dangereusement vers les plantations et vers le groupe le plus important d'humains, comme mus par un seul objectif : se nourrir le plus possible pour grandir et devenir encore plus impressionnant ! Il en fallait de la soupe pour avoir ce genre de croissance démesurée durant la phase de pousse. Je siffle à part moi, mes deux collègue blêmissant comme deux jouvencelles devant une amputation dans des guerres que j'avais connus et que mon père avait avait connu avant moi.

    On a les nerfs solides dans la famille Jefferson.

    - Fioooou...Et bah les gars, j'crois qu'on sait maintenant ce qu'il s'est passé.
    Que je fais en agitant la main d'un côté et de l'autre. Si les autres employés de la pègre, de pauvres cultivateurs, avaient eu affaire à ce genre d'ennuis, ils ne devaient pas avoir fait de vieux os ici.

    Et peut être ne devrions-nous pas faire de même ... Que j'me dis, pas folle la guêpe. En attendant je regarde la plante progressé inexorablement et lentement vers ses cibles, et les premières frayeur atteindre l'avant garde de la petite troupe qui s'aventure dans pareilles régions inhospitalière...



      « Chaussure numéro Une, en avant !
      - Euh, moi, m’sieur?
      - Oui.
      - Mais enfin… Déjà, c’est pas mon nom, et puis… Euh… Vous êtes vraiment sûr?
      - Évidemment. Faites dix pas en avant, s’il-vous-plaît.
      - Mais, euh… La terre vient de trembler, et… »

      Manque de confiance en son supérieur hiérarchique. Je noterai ça dans mon faux rapport de faux sergent-instructeur. Je lui met une petite tape sur l’épaule, et il s’avance, pendant que je regarde attentivement, avec Chaussure numéro Deux qui reste bien à côté de moi.

      Un pas.
      Deux pas.
      Trois pas.
      Tout va bien.
      Quatre pas.
      Ça tremble à nouveau.
      Cinq pas.
      Six pas.

      « Euh, m’sieur, j’ai peur, m’sieur.
      - C’est normal, maintenant, il faut apprendre à maîtriser sa peur. L’écouter. La raisonner.
      - Ben, m’sieur, ma peur, elle me dit de me barrer de là.
      - Et moi je te dis de continuer. »

      Sept pas.
      Les arbres bougent sous une nouvelle secousse.
      Huit pas.
      Il y est presque, le con, il y arrive.
      Neuf pas. Le sol s’ouvre en deux, Chaussure numéro une se casse la gueule sur le côté en criant comme une fillette.

      Là, un monstre comme j’en ai jamais vu s’élève, se rue vers l’avant, et replonge sous le sol, en arrachant à mon pauvre sbire une partie du pied droit. Il hurle, ça m’énerve, mais je compatis, il doit douiller sec. En tout cas, la méga plante mouvante s’éloigne, ça m’étonne un peu, mais on y réfléchira plus tard, j’ai une chaussure à rafistoler, moi.

      « Chaussure numéro Deux, éloignez le du trou.
      - O-oui m’sieur.
      - Bandez lui le pied.
      - J’ai pas de bandage, m’sieur.
      - Vous partez en opération dans cette jungle sans équipement?
      - Le sergent-chef a dit que ça faisait partie de l’entraînement, m’sieur, qu’il fallait se débrouiller seul, m’sieur.
      - Mais quel connard, celui-là. Chaussure 2, déchire ta chemise et panse la plaie. »

      Mon Sbire 1 hurle, et comme on a pas de quoi le calmer sur nous, j’emploie une vieille méthode, transmise de génération en génération : un bon bourpif, et voilà, il fait dodo. On le prend chacun sur une épaule, et on se traîne en avant, vers le chemin que cette plante a prit. Pourquoi? Parce que j’ai une théorie, si elle nous a pas bouffé, c’est que doit y avoir plus appétissant là-bas. Donc d’autres humains, sûrement plus nombreux. C’est une piste comme une autre, non? Cette monstro-plante laisse pas mal de traces dans son sillage, ça rend la traque plutôt pénard. Un sacré taré, le type qui a décidé de cet exercice, quand même. Tu me prends peut-être pour un salaud vu mon rapport à mes sbires, mais je compatis, vraiment. Tellement que ce sergent-instructeur, il aura une bonne place dans mon rapport, ça risque de pas lui plaire. Parmi les traces de la bestiole, je peux voir des traces de pas, d’humains. Mon sergent, avec de la chance, et avec lui, ce Garnier, qui je le rappelle constitue mon seul début de piste pour cette mission à la con.

      On suit les traces, pour finalement déboucher dans un endroit un petit plus dégagé, y’a même un début de plantation que je peux apercevoir, et des bâtiments, dans le fond. Qui serait assez con pour s’installer par ici? J’me le demande. J’entends des voix, au loin. J’indique à mon Sbire encore conscient de se poser sur le côté et de pas faire un bruit. Faut être stupide pour s’installer ici, donc pas impossible que ça soit mes petits révolutionnaires. Alors, prudence. Je m’avance doucement, la main près de mon revolver prêt à l’emploi. Je passe par des fourrés qui me semblent plus ou moins sûrs, et je me rapproche comme un loup. Au loin, je reconnais un uniforme qui me rassure un peu. Là-bas, y’a de la bleusaille. Je siffle mon compagnon de route, qui traîne tout seul, comme un homme, Chaussure 1, qui est toujours inconscient.

      « Tieeens ! Lieutenant sous-instructeur ! »

      Qu’on me lance, d’un peu plus loin. C’est le sergent au charge. Je lui fais signe.

      « Sergent, content de vous retrouver. On a un blessé, de notre côté. J’ai trouvé ces deux petits et les ai aidé à arriver ici.
      - Houla ! Ça à l’air de faire mal ! Qu’il répond. Bah, ça forge un homme, tout ça ! »

      Quel enfer, ce sergent.

      « Alors, tout ça avance bien Sergent? Que je demande. C’est quoi, cet endroit, d’ailleurs?
      - Vous ne devinerez jamais ! Sacrée mise en scène, non? C’est ça, la puissance de la Marine. Parfait pour un exercice de recherche, hein?
      - Ouais, ouais. »

      J’en crois pas un mot. Personne n’a monté tout ça juste pour cet exercice de merde, tu t’en doutes comme moi, hein?

      « Et dites moi, sergent, vous n’auriez pas vu ce bon vieux Garnier?
      - Garnier? Bien sûr que si ! Ah, tenez, le voilà. »

      Aaah. Voilà mon ami, qui sort d’une des cabanes, l’air tout penaud. Je m’en vais vers lui, délaissant mon sergent pour le moment, qui de toute façon m’est plus inutile que n’importe qui d’autre ici.

      « Garnier ! Mon ami ! »

      Je m’exclame en lui tendant ma main. Il hésite un moment.

      « Tu te souviens pas de moi? Arrête de ma faire marcher ! On a joué aux cartes tout le trajet enfin ! »

      Il sourit finalement, s’esclaffe même, et me sert la main bien fort. Je lui rend son sourire, à pleine dent même.

      « Je suis vraiment, vraiment content de te revoir mon pote ! »
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      Oui, oui ! Maintenant que tu me le dis…” à défaut d’avoir réussi à convaincre, le vert avait encore la possibilité de semer le doute en répondant le plus franchement possible et en lâchant quelques confessions à voix basse “C’est un vrai métier…. Une vraie transformation… À force d’incarner mon personnage, j’ai l’impression de… de ne plus avoir mémoire de rien, de ne plus reconnaître les visages… d’être quelqu’un d’autre quoi…Enfin tu vois ?

      Non ?

      Gêne. Sourire crispé. La main de Raphaël n’arrivait même plus à lâcher celle de son collègue d’un jour qui continuait à le regarder avec ce sourire d’obsédé. Vite trouver un autre truc à dire

      Tu ferais bien de faire attention à tes gars, la suite du scénario est prometteuse mais… ça va se corser.

      Il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il était en train de raconter, tentative désespérée que l’autre homme s’intéressa à autre chose qu’à lui. Il y avait dans les yeux du lieutenant sous-instructeur une conviction et une détermination troublante.
      Pas que Raphaël estima sa moustache et le reste du déguisement à l’épreuve des yeux aguerris de la justice, mais derrière la perspicacité du marine, il décelait également une sorte d’amusement et de curiosité, comme s’il lui prêtait déjà des intentions, comme s’il cherchait à en savoir davantage et lui annonçait franchement qu’il l’avait percé à jour mais qu’il voulait continuer à jouer le jeu avec lui. Etait-il seulement ce qu’il prétendait ?

      Oh Garnier, je te fais confiance et j’ai hâte de voir ce que tu nous prépares… Je suis plutôt curieux de nature et faut dire que tu as sacrément attiré mon attention…

      Il n’eut pas le temps d’aller au bout de sa tirade que des hurlements se firent entendre derrière eux :

      “ON EST ATTAQUE !!!
      - ELLE VIENT D’AVALER FRED !!!
      - VITE TOUT LE MONDE EN FORMATION, ELLE SE DEPLACE SOUS TERRE ! ELLE PEUT SURGIR DE N’IMPORTE OÙ !!
      - UN LANCE-FLAMME VITE ! BRÛLEZ TOUT AAAAAAAAAH !!!!”

      Les marines ayant maladroitement piétiné le reste des protections du camp, une plante sous-terraine géante venait d’en profiter pour attaquer par surprise. Déchaînant ses lianes puissantes pour faire face aux armes à feu et le gouffre plein de dents qui lui servait de bouche pour gober ses proies les unes après les autres, la créature était en train de mettre à mal les nouvelles recrues.

      Aussitôt, voyant une ouverture Raphaël en profita pour s’échapper derrière un arbuste et fausser compagnie à son interlocuteur, il faillit rentrer dans un soldat en prise avec trois hommes qui ne portaient pas l’uniforme marine mais il s’échappa d’une pirouette scénaristique :

      Vite, le camp est attaqué ! Vaincre la plante est votre prochaine mission !

      Pas besoin de réfléchir à qui étaient ces hommes, il devait mettre le plus de distance possible avec la marine et surtout avec le lieutenant sous-instructeur qui l’avait dans le viseur. Retrouver Yuna, son seul objectif. Était-il seulement possible que Jack et Nova se soient installés sur cette île ?

      GARNIEER ! Tu ne m’échapperas pas !

      Le hurlement était déjà lointain, mais dans une jungle aussi dense la vigilance était de mise, trébucher sur une racine pouvait être lourd de conséquence.


      Dernière édition par Raphaël Andersen le Mar 25 Juil 2023, 08:58, édité 1 fois
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      Savais-tu que la forêt peut être une puissante alliée ?
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      BAM

      Le son résonne dans l’air, figeant sur place la rouquine qui s’activait depuis ce matin dans le jardin familial. Elle se tourne vers la direction du son, observant une nuée de volatiles prendre la fuite face au son étranger. Elle pince les lèvres face à l’intrusion sonore, un signe avant-coureur de problème. Elle dépose l’outil de pierre qui lui permettait de retirer les herbes mortes et elle s’éloigne en direction de son sac et de ses fouets pour les attraper et les glisser sur son dos. Elle détestait quand des étrangers venaient sur son île, ils arrivaient avec des grandes idées, déstabilisant la faune et la flore, saccageant tout sur leur passage avant de repartir la queue entre les jambes, aillant perdues face à la dangerosité de l’île. Elle soupire lourdement, commençant à courir doucement pour rejoindre la position possible de l’action sonore.

      Sur le chemin, elle en profite pour attraper des feuilles, de la mousse, de la terre ou encore de la fourrure abandonner pour commencer son déguisement de camouflage qui lui permettrait de passer plus inaperçu dans la forêt. Après de longues minutes, elle passe de simple humaine à un étrange esprit végétale protecteur, la moitié de son corps disparue sous l’écorce abandonner d’un arbre, de mousse recouvert de petits champignons inoffensifs, des feuilles et liane dans l’épaisse tignasse flamboyante. En cette saison d’été, sa peau était naturellement verte, lui permettant un camouflage encore plus réaliste comme esprit de la forêt. Après une dizaine minutes de marche, l’esprit de la forêt se glisse entre deux larges racines, observant l’un des prédateurs de la forêt s’activer a récupère quelques encas pour la journée.

      Malgré elle, la rousse sourit devant l’entrain de cette dernière et la panique générale qu’elle inspire à ces ennemis, jusqu’à ce que quelqu'un d’eux cri au lance-flammes. Elle se crispe sous le terme flamme, connaissant que trop bien la signification. Elle devait intervenir avant que la forêt ne soit davantage touchée par la stupidité de ce geste. La rouquine fait travailler ses méninges pensant à une manière de faire quitter la plante et de lui faire croire que les hommes n’en valent pas la peine. Puis elle se souvient qu’elle avait chassé au petit matin et qu’elle trimbalait toujours avec elle ce petit mammifère. Elle l’extirpe de son sac et elle plante les bouts de ses phalanges et ses canines dans la chair encore chaude de l’animal mort. Le goût caractéristique métallique taquine sa langue, coule un peu le long de sa bouche sur son menton avant qu’elle ne retire ses dents de l’animale. Elle observa le poison vénéneux qu’elle venait de planter grâce aux prises ferme et elle aggripe de son autre main l’un des fouets.

      Grâce à la liane-fouet, elle attrape une branche base et se propulse vers le campement. Elle atterrit entre la plante carnivore qui venait d’attraper un homme et le groupe de soldats qui essayait de se mettre en formation. Avec l’arrivé de sa présence, il y eut une surprise générale et une hésitation a tirer. Elle utilise cette hésitation pour lancer le mammifère empoissonné de petite taille dans la gueule du monstre végétal au même moment qu’il avalait le soldat. La créature se figea un instant avant de recracher sa prise et le mammifère et relâcha toute prise sur les humains et observa la grande femme qui se trouvait devant elle, une main tendue ou ses ongles déversait un liquide vert et donc une odeur vinaigrée semblait s’en échapper. La plante carnivore recule, crache de mécontentement avant de retourner vers la forêt. L'esprit qu’elle est, pivote vers les soldats et s’exprime ;

      ‘’Les flammes et les sons ne feront qu’attirer d’autres prédateurs ou pire encore réveillerons la plante carnivore qu’est l’île et vous ne voulez surtout pas cette deuxième option.’’
      ‘’Vous êtes qui vous ?’’
      ‘’Une des habitantes et protectrices du lieu… Si vous cherchez vos semblables, j’ai vu le dernier groupe périt sous les dents des plantes carnivores parce qu’ils se sont crus invincibles.’’
      ‘’Et vous n’avez rien fait ?’’
      ‘’Et pourquoi j’aurais agi ? C’est la loi du plus fort ici et puis vous croyez qu’ils m’auraient écouté ? Les quelques fois où j’ai averti les aventuriers de votre genre, ils m’ont tous envoyé balader… Je vous conseille fortement de quitter, n’attisez pas l’appétit de l’île sinon vous allez tous le regretter.’’ Annonce-t-elle avant d’utiliser de son fouet pour accrocher une branche et se propulser loin des hommes.

      Elle profite de la confusion pour retourner sous les couverts de la forêt et surveiller les hommes un instant avant que son attention ne soit attirée par du mouvement derrière elle. Elle remarqua un homme qui s’éloignait du campement rapidement pendant qu’un autre hurlait un avertissement. Les cheveux vers du premier intrigue fortement la rouquine qui se met à bouger et à suivre à distance la chemise blanche. Est-ce qu’il était un scientifique ? Curieuse de voir où il allait et ce qu’il allait faire, elle l’observe silencieusement, suivant le cheminement du vert quand elle remarque qu’il allait droit croisée une Magnoliophyta Magna, ces plantes carnivores qui se déplaçaient pour chasser. Devait-elle s’interposer ? D’ordinaire, elle n’aurait fait qu’observer, mais le fait de croire que c’était peut-être un scientifique fit en sorte qu’elle réagit.

      Elle se déplace de sorte qu'elle se retrouve devant l’homme à une distance sécuritaire. Elle s’extirpe finalement de derrière son arbre, faisant un signe à l’homme pour attirer son attention. Elle porte une phalange à sa bouche en signe de silence et pointe de son autre main la direction de l’imposante plante qui traversait silencieusement et lentement la forêt dans leur direction. Elle lui pointe une autre direction, dévoilant deux imposants arbres donc les racines s’entremêlaient dans un nid nœud et creux, parfait pour se cacher. Elle se déplace à nouveau aussi silencieusement qu’elle était venue et se glissa dans la cachette.


      “Is the land a source of belongings, or a source of belonging ?”

      “The underlying melody via every rock, plant, animal, sky and star, inside the water, from the dirt, through the light: only love lasts.”
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      Rankyaku !

      L’imposante plante sur pattes rugit lorsque l’agent du gouvernement commença à déchaîner sur lui les techniques du 6ème style pour se défendre. Pris en embuscade par la chasseuse carnivore alors qu’il poursuivait Raphaël, le lieutenant sous-instructeur se retrouvait dans la position délicate de proie et était obligé de faire plein usage de son arsenal.

      Qu’est-ce qu’un agent du Cipher Pol vient faire ici…

      Il n’était pas surprenant de voir un officier de la marine faire usage du Rokushiki, Raphaël en avait déjà été témoin, mais en revanche il était bien peu usuel que cet art martial soit enseigné à un homme du rang et qu’il le maîtrisa avec une telle aisance. Tapi silencieusement dans la cachette que lui avait indiqué la jeune femme, ils observaient le petit affrontement s’éloigner peu à peu alors que les coups de pied ouragan de l’un et les déjections acides de l’autre se taillaient un chemin à travers le décor…

      ’Devrait pouvoir se débrouiller, ça va me laisser un peu de répit. Merci en tout cas, moi c’est Raphaël… C’est… Je l’ai échappé belle, c’est n’importe quoi cette histoire.
      -Cet imbécile va faire arriver d’autres Magnoliophyta… Elles chassent en meute.
      -Encore mieux…

      Se débarrassant de sa casquette de marine, de ses lunettes d’intellectuel et de sa blouse blouse, Raphaël parvint tant bien que mal à s’extraire de son déguisement de pseudo-scientifique et à s’armer de ses deux gants équipés de technologies célestes. Fini de jouer les acteurs, le danger était réel sur cet île et il n’allait pas pouvoir s’en tirer éternellement avec des réécritures de scénarios. Devant la surprise manifeste de sa sauveuse, il expliqua avec beaucoup de raccourcis comment il avait atterri sur l’île et s’était retrouvé bien malgré lui à jouer le rôle d’une personne décédée devant lui dans une bien drôle de mise en scène pour les marines. Encore une mésaventure de touriste malchanceux.

      … Toute son équipe a sûrement subi le même sort.
      - Pas d’autres blouses blanches alors ? Quelle idée de venir faire ça ici… Je…

      C’est alors que ça le frappa. La connaissance du terrain et de sa flore, la tenue faite de lianes et de mousses, l’agilité notable de la jeune femme.

      Tu… Vous… Enfin, vous êtes originaire d’ici ? Des gens habitent vraiment ici ?

      Faisait-elle partie d’une communauté locale ?
      Etait-elle exploitante des plantations et des barricades qu’il avait débusqué un peu plus tôt ? Pour qui ? Pour quoi ?
      Est-ce qu’il y en avait d’autres sur ces îles ? Vu la richesse du sol de l’île et son isolement, il y avait de quoi  créer une véritable mine d’opiacées.
      Avait-elle pu croiser Yuna ou même héberger Jack et Nova ? D’une façon ou d’une autre, il attendrait sa première réponse pour enchaîner sur toutes les autres questions qui se bousculaient dans sa tête car si la jeune femme était liée à un quelconque trafic, il ne serait peut-être pas bon de trop se confesser.
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      Savais-tu que la forêt peut être une puissante alliée ?
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      En position accroupie dans leur cachette, les yeux émeraude de la rousse observent silencieusement l’autre homme qui immergeait d’un buisson pour rencontrer de plein fouet la graminacée carnivore. Le nouveau venu exprima des mots aliènes aux oreilles de l’habitante et elle fut surprise de voir des lames d’air tangible venir frapper la carnassière végétale. C’était particulier à voir la créature reculer, mais ceci ne semblait pas suffisant pour la dissuader de vouloir en faire son repas. Sous la voix de son compagnon de fortune, elle tourna son regard sur lui, observant les agissements. Quand il semble être sûr de la victoire de l’homme, Helia le reprit simplement, lui apprenant que tout ceci ne ferait d’attirer encore plus de prédateurs.

      Tout en voyant le désintérêt de son compagnon face au sort de l’autre soldat, elle allait l’invité à s’éloigner silencieusement quand il commençait à retirer certains de ces vêtements, notamment la casquette de marine et sa blouse blanche. Elle plisse les yeux d’incompréhension, avant de vaguement comprendre qu’il n’était peut-être pas ce qu’il avait prétendu. Elle trouve cette découverte dommage, elle qui espérait discuter avec un autre scientifique… Il vient ensuite lui offrir une explication bancale sur son rôle et sa présence ici et elle ne fit qu'offrir un hochement de tête entendu. Elle lui apprit au passage le décès fort possible de l’équipe en question. Combien de personnes non équipées avait-elle vu périr ? Tout ceci pour essayer de conquérir une partielle de son île. Toutefois, les prédateurs de Born avaient presque toujours raison, rare étaient ceux qui survivaient pour sortir vivant d’île.

      C’est à ce moment-là que l’homme pour la première fois depuis leur dialogue semble la voir réellement. Un petit silence s’installe pendant qu’il la dévisage de la tête aux pieds, glissant ses yeux sur son habit de camouflage et son regard semble s’illuminer d’une compréhension divine. Elle penche la tête sur le côté, laissant une mèche de cuivré glisser de son oreille sur le devant de son corps.

      ‘’Oui, je suis née ici et je suis la dernière de ma tribu. Pour vous ? Je suis seule avec toi...’’ Demande-t-elle curieuse qu'il est utiliser un terme aux plusieurs, avait-il mangé l'un de ces champignons hallucinogène ?

      Si on pouvait dire que sa famille était une ‘tribu’, mais elle n’allait certainement pas entrée dans les détails de sa vie personnelle avec un pur inconnu. Elle tourne son attention vers l’homme qui échange encore des ‘coups’ de lame faite d’air avec la plante. Elle tend l’oreille et les yeux vers un point derrière la chasseuse verte qui semble encore plus décider à en faire son repas. Elle détecte quelques mouvements familiers et elle pince les lèvres.

      ‘’Quittons, je détecte la présence de trois autres plantes qui approche. Si nous nous glissons au travers ses racines, nous déboucherons à l’opposé du combat et de leur présence… Si tu veux vivre, suis-moi.’’ Annonce finalement la rousse qui s’étire telle un félin pour se frayer un chemin vers la sortie de l’arbre. Une fois la tâche faite, elle, silencieusement, jetant un coup d’œil à l’homme pour voir s’il la suivait bien sur le trajet invisible qu’elle suivait dans la forêt.


      “Is the land a source of belongings, or a source of belonging ?”

      “The underlying melody via every rock, plant, animal, sky and star, inside the water, from the dirt, through the light: only love lasts.”
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      Tu… Pardon, je v-… je t’ai vouvoyé… Façon de parler, dernière de ta tribu… seule donc ?…

      Elle le regardait très curieusement, comme s’il était une espèce inconnue et fascinante qu’elle voyait s’échouer ici pour la première fois. Pourtant elle ne lui avait pas posé de questions, s’était contentée de l’écouter et de répondre par des brefs mouvements de visage ou de courtes phrases, elle le rappelait à son rôle d’étranger avec une attitude presque scientifique.
      Dernière de sa tribu, la réponse soulevait d’autres questions et ne convenait qu’en partie aux attentes de Raphaël.
      S’il y avait une tribu humaine qui l’avait vu naître sur cet île, depuis quand était-elle installée ? Etait-il possible qu’elle le soit également sur d’autres archipels ? Quels étaient leurs moyens de défense face à cette flore féroce et surtout… Etait-ce la première fois qu’elle venait en aide à un étranger de cette façon ?

      Toutes ces interrogations n’eurent néanmoins pas plus de réponse car déjà la rousse lui déclarait avec un ton très solennel qu’ils allaient au devant de nouveaux ennuis. Silencieux, il obéit et rampa à sa suite pour s’éloigner du coeur de l’affrontement qui allait opposer les marines bruyants et irrespectueux aux dangers sauvages de l’île carnivore. Quand enfin ils se furent suffisamment éloignés, débarquant au milieu d’une clairière ensemencées de fleurs et de fougères tropicales où butinait une petit famille de colibris, la grande bouche de Raphaël souffla d’admiration et vint continuer ce qu’il estimait être une conversation fascinante avec cet esprit protecteur de la nature.

      C’est… déroutant. On passe du terrible au beau, du chaotique à l’harmonieux en une fraction de secondes… C’est comme si des dizaines d’écosystème se confrontaient et s’entraidaient ici… Ca plairait tellement à Jack…

      Ses amis lui manquaient, il aurait aimé partagé la découverte de cette île merveilleuse avec eux , comme toutes celles qu’il avait écumé depuis des semaines à leur recherche, mais cette dernière en particulier lui rappelait intimement le petit garçon chapeauté, il imaginait ses grands yeux jaunes écarquillées et sa mâchoire tomber d’admiration, il le voyait précautionneusement faire mille-et-un prélèvements pour ses cultures personnelles, et tout simplement sourire heureux d’être dans son meilleur élément.

      C’est un ami que j’ai perdu l’année dernière… Ma faute…” répond-il au regard interrogateur de l’autochtone “Un jeune garçon originaire de Whiskey Peak - une autre île, en forme de cactus… c’est vrai que c’est drôle…- et qui a été témoin et acteur de la naissance d’un peuple de fruits et de légumes vivants… Qui parlent… Ont et expriment des personnalités, comme toi et moi… C’est encore différent, beaucoup plus abouti que ce que les plantes d’ici incarnent. Enfin, je ne veux pas me montrer trop rude, j’ai du mal à trouver les mots pour décrire ce phénomène, ils parlent, aiment, se battent, c’est comme si on leur avait insufflé la vie… Fascinant… Oh Jack…

      Que le nom du garçon ou que l’île de Whiskey Peak évoquent quelque chose pour la jeune femme, elle devrait probablement attendre un peu avant de se confier ou de satisfaire sa curiosité car déjà les voix rauques de trois nouveaux personnages se manifestaient :

      T’as pas intérêt à nous planter Judas, les patrons veulent récupérer leur business…
      -Fais pas genre Pablo, t’sais très bien que sans moi tu pas survivre cinq minutes ici. J’vous lâche quand j’veux les gamins, alors tiens toi bien à ton arsenal, hésite pas à me cramer d’autres de ses atroces légumes sur pattes, faut qu’on mettre la main sur la sauvageonne avant que les marines ne le fassent pour savoir ce qui est arrivé à notre production de Koka ! On s'occupera des mouettes après, si elle est pas coopérative tant pis pour elle et son jardin...
      -Pourquoi chercher à produire ici franchement…
      -La thune Albert, la thune !
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      Savais-tu que la forêt peut être une puissante alliée ?
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      ‘’Tu, vous ? Quelle est la différence ? Oui, je croyais avoir été clair en précisant dernière…’’

      La rousse l’observe comme s’il venait de dire quelque chose d’étrange et qui ne faisait pas de sens. En même temps, l’autochtone n’avait pas la même éducation et l’homme et manquait, donc certaines cultures modernes.

      ‘’Heliamphora, c’est mon nom, vous pouvez utiliser ceci en vous adressant à moi.’’

      Offre-t-elle finalement avant de l’inviter à quitter le lieu pour le guider vers un endroit beaucoup plus calme et sans danger dans l’immédiat. Silencieuse, elle les fit déboucher dans une clairière loin des dangers et sécuritaire de toute embûche. Si quelqu’un voulait les attaquer ou même une plante, ils les verraient venir sans problème. Elle se retourne vers son interlocuteur, observant l’homme qui s’émerveille du lieu comme s’il voyait la végétation pour la première fois.

      ‘’Tu as bien résumé les îles de Boyn. Elles sont remplies de vie sauvage, bouillante d’une énergie chaotique et pourtant, elle déborde de merveilles qui n’attend qu’à être découverte par ceux et celles qui savent tendre l’oreille pour écouler la voix du vert.’’

      Elle laisse le silence s’installer, regardant l’expression de l’homme graduellement changer et son expression joyeuse devenir plus, fermer, voir triste. Il devient pensif et la rousse n’ose pas trop le déranger, reconnaissant l’expression hangar et lointaine que sa propre mère affichait vers la fin de sa vie. La situation était différente, elle sait que cet homme ne va pas mourir, mais même si son corps est présent, son esprit est loin en train de naviguer sur les eaux des souvenirs douloureux. Elle prend une grande respiration, remplissant ses poumons de l’air végétal avant de porter son attention sur la voix distante de l’homme.

      ‘’Pas besoin de vous excuser, tout le monde à ses propres souvenirs…’’

      Et elle parle avec expérience, elle venait à peine de perdre sa propre mère. Elle soupire un peu, chassant le sujet délicat d’un revers de main. Elle allait presser tout de même sur les deux autres points intéressant quand de nouvelles voix s’élèvent. La sauvageonne s’étire nerveusement, prenant une position défensive, elle se faufile rapidement vers son compagnon de fortune et le plaque au sol, dans un creux à moitié camouflé dans le sol et la végétation. Elle plaque son corps contre le sien pour venir utiliser son propre camouflage naturel et essayer de leur offrir une couverture. Elle pose une main sur la bouche de l’homme, laissant une odeur fleurage remplir l’espace.

      Elle ne comprenait pas de quoi les hommes parlaient, une plantation de Koka ? Personne n’avait installé un tel truc sur son île. Elle en serait bien aux courantes si c’était le cas, tout ce qu’elle pouvait penser, c’était qu’ils s’étaient trompés d’îlots. Mais ils menaçaient tout de même de mettre le feu. Elle devait faire quelque chose. Elle pouvait faire quelque chose, elle pouvait peut-être les attirer vers l’intérieur de l’île, elle connaissait plusieurs endroits piégés naturellement, ou encore l’emplacement de gros prédateurs qui se feraient un plaisir de leur mâcher la moelle. Son esprit tourne rapidement, cherchant la solution la plus viable pour sa survie face à ces potentiels ennemis.

      ‘’Est-ce que tu connais ces gens ? Rassurez-moi qu’ils ne sont pas vos alliés…’’ Murmure-t-elle tout bas à son invité surpris.


      “Is the land a source of belongings, or a source of belonging ?”

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