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Droit devant

"J'étais sûr que c'était toi, Kaizu-kun* ! Mon instinct m'trompe jamais !"
*littéralement "carte maritime", en référence aux tatouages d'Uzi.

Intimidé par l'entièreté de l'atmosphère qui l'entourait, l'homme à la peau brûlante prit quelques secondes pour observer, penaud, son propre reflet dans l'un des miroirs incrustés dans les murs du prestigieux hall de l'hôtel dans lequel il avait été convié.
À sa tenue chic lambda à laquelle il commençait à s'accoutumer s'étaient ajoutés d'autres détails supplémentaires, les stylistes du gouvernement ayant cherché à véritablement marquer le coup. Une veste de costume du même velours noir que son pantalon et ses gants flottait sur ses épaules, les deux extrémités reliées par une chaîne d'un argent brillant, et le logo du Gouvernement Mondial apparaissait d'un blanc éclatant sur son côté droit. Ce même logo qui, en plus d'être mis en évidence via les bijoux de ses boucles d'oreilles, se réinvitait de manière insistante sous la forme d'un médaillon moyen qu'il portait autour du cou. Il avait enfin été conseillé au sniper d'attacher ses dreadlocks avec un ruban discret noir de sorte à les emmener vers le haut de son crâne, et d'en laisser seulement une pendre de chaque côté de son visage, créant ainsi une symétrie presque parfaite qui n'était cassée que par son piercing nasal - qu'il avait ici été invité à remplacer par une simple petite boule argentée. Les tailleurs semblaient particulièrement attachés à garder ce contre-balancement entre le style urbain qu'il tenait de son village natal et la droiture des costumes des services secrets.
Il se retourna enfin, tentant dans son mouvement de mettre un visage sur cette voix qui s'adressait sans aucun doute à lui. Ce surnom ne lui était pas étranger non plus. Levant le plus poliment qu'il put le visage, il reconnut son interlocuteur.

Mister Tea était un vétéran du Cipher Pol qui, entre autres, avait accueilli l'ancien artilleur sur la base du G-4 le jour de son inscription. Alors que, sauvé par l'optimisme et l'excentricité du recruteur qui s'était déplacé sur l'île où il travaillait, le tatoué n'était pas l'homme attendu par les services de détection de potentielles recrues, il avait tout de même été accueilli à bras ouverts par le gigantesque bonhomme à l'iroquoise et son comparse maître d'armes. Bien qu'ayant souvenir de deux êtres fermes et sévères, chacun à leur manière, l'agent avait reconnu en eux deux personnes de très bonne volonté, animés jour après jour par leur unique soif d'inculquer leurs principes et leur expérience, fût-ce de manière brutale. Il dompta l'impressionnante aura du gaillard à la jambe de bois et lui répondit d'une salutation polie, fermant les yeux et s'inclinant avant de le regarder de nouveau. Le bonhomme avait pris une ou deux rides seulement depuis 1625, mais n'avait pas bougé d'un pouce hormis cela, débordant toujours d'énergie malgré sa prothèse, qu'il avait remplacé par une jambe contreplaquée en or tressé pour l'occasion.

"Monsieur Tea, véritable honneur de vous revoir. Comment se porte monsieur Hogan ? Et monsieur Haark ?"

L'instructeur lui répondit d'un clin d'œil presque exagéré, avant de répondre d'un ton plein d'assurance.

"Tategami-san* est en pleine forme, j'lui ai confié mes petits pendant mon absence. J'espère qu'il va pas les tuer, bo ha ha ! Quant à Garasuashi-san**, j'l'ai pas revu depuis... Te fais pas d'bile, j'sais qu'il va bien : nous les estropiés on a une télépathie spéciale pour ça, bo ha ha ha ha !"
*littéralement "crinière", en référence à la chevelure en bataille du maître d'armes Jyo Haark
**littéralement "jambe de verre", surnom du recruteur Joe Hogan.


Après avoir désigné selon sa définition de la subtilité sa jambe en moins, il dévisagea le tatoué, l'impressionnant un peu plus au passage, et lui posa ses deux gigantesques mains sur les épaules - engendrant involontairement une vive et brève douleur au sniper, qui sursauta sur le coup.

"Mais on est pas là pour parler d'ça, p'tit. C'est ta journée ! On dirait qu'il s'était pas trompé sur ton cas, tu nous prouves aujourd'hui qu'tu fais plus partie d'la simple bleusaille !"

Maintenant comme entassé par ces deux coups simultanés en plus d'être mal à l'aise, Uzi se contenta de se gratter l'arrière du crâne.

"Je vous remercie sincèrement, monsieur Tea. Je n'en serais probablement pas là si vous n'aviez pas montré autant de tolérance à mon égard ce jour-ci."

Le vétéran grivois se contenta de lui signifier d'un geste las de la main qu'il n'y avait pas de quoi le remercier, puis prit l'intégralité de son corps sous son épaule avant de le conduire en boitant vers une jeune femme, manifestement ennuyée par la situation.

"Viens, y a deux-trois gros bonnets qu'il faut que j'te présente ici ! Elle, c'est mam'zelle Endfield, une des meilleures agentes de nôt' vénérable pôle ! Elle est direc'ment rentrée sans formation, parce qu'elle vient d'la garnison du Vice-Amiral Fenyang, ouaip ! On dit même que c'est sa maît..."

Le gaillard à l'iroquoise se fit surprendre par un Soru surhumain de la part de l'ancienne officière, qui apparut derrière lui et lui asséna un sauvage coup de pied dans la tête. Alors que le bonhomme se remettait de ce mauvais accueil, elle retira sa légendaire sucette à la cerise de sa bouche, permettant alors au tatoué de se rappeler des échos qu'il avait eu de ses exploits, et la recala aussitôt entre sa mâchoire et sa joue droite, expliquant son geste à Tea.

"On est au Cipher Pol, monsieur Tea, certains secrets le resteront et c'est tant mieux."

Elle s'intéressa ensuite à l'ex-armurier, le toisant de haut en bas avant de fixer le sol, puis s'adressa à lui sans que ses pupilles n'en donnent l'impression.

"Ah, c'est pour toi qu'on est ici, hein ? Tu dégages pas grand chose, pourtant. Fin si, on peut dire que t'as une sorte de charme, t'es original quoi. Tu sais, le physique c'est déterminant quand tu représentes le Gouvernement. Heureusement que t'es pas trop mal habillé. Fais voir tes cheveux ?"

Avant qu'elle ne puisse toucher aux dreadlocks d'Uzi, l'instructeur se redressa, manifestement vexé de ne plus être le moteur de ce dialogue. Il désigna l'agente à la sucette du doigt.

"Hé, Sakura-san* ! T'as pas l'droit d'me violenter comme ça ! T'es p'têtre hyper balèze mais j'reste ton supérieur ! Excuse-toi en bonne et due forme."
*littéralement "cerisier".

La jolie femme leva les sourcils et se retourna d'un air désabusé, lâchant les cheveux de l'homme à la peau brûlante.

"Pff, ouais, je m'excuse, pardon, etc."

Alors que l'agent réalisait qu'elle venait de prononcer l'abréviation "etc." à l'oral, il fut de nouveau traîné par le vétéran fou, à la recherche d'une autre personnalité à présenter à celui qu'il avait désigné comme son poulain. Ne trouvant pas sa cible, il se contenta d'interrompre deux agents quelconques dans leur beuverie et de leur demander lui-même.

"Salut les jeunes, vous savez où s'est encore fourré Denwachō-san* ?"
*littéralement "annuaire" ("directory" en anglais), surnom du coordinateur William Clifton.

Alors que les deux compères lui assuraient qu'ils ne l'avaient pas revu depuis un moment, le Barracuda décida qu'il allait simplement passer à une présentation à l'aveugle. Il s'adressa de nouveau au Rokadien.

"Sacré gars, lui aussi ! C'est m'sieur Clifton, un des meilleurs coordinateurs d'chez nous ! Il oublie jamais un seul agent, ni un seul dossier, y a rien qui lui échappe. Il doit même être en train d'travailler au moment où j'te parle ! Un vrai malade mental."

Le bonhomme à l'iroquoise chercha du regard parmi la petite foule présente dans la pièce et, ayant repéré une gemme apparemment plus rare encore que les deux précédentes, se hâta du mieux qu'il le pouvait jusqu'à une table ronde ornée autour de laquelle était dressé un bandeau marqué plusieurs fois de l'indication "VIP".
N'osant au départ pas lever les yeux, Uzi s'y résolut et put enfin reconnaître la plus âgée des deux silhouettes qui se tenaient le plus proprement possible autour de la table privatisée, un verre à pied tenu délicatement du bout du pouce et de l'index, portant un simple costume bicolore élégant à nœud papillon accompagné de quelques reflets et éléments violets subtils. Réalisant qui se tenait devant lui, il ne put empêcher son corps de commencer à trembler, comme s'il perdait contrôle de son propre sang qui s'agitait de plus belle. L'aura que dégageait cet homme était plus impressionnante encore que celle de Tea, et, contrairement à celle de celui-ci, n'était nullement rassurante et protectrice. Bien plus de l'ordre du menaçant, elle inspirait une véritable crainte, non pas liée à l'instinct primaire et physique de survie, mais bien une crainte de statut. Si le nom et le visage de cet homme n'étaient pas connus du citoyen lambda de South Blue, ils l'étaient du membre lambda du CP5.
Brisant un court silence qui avait paru durer une éternité, le gaillard unijambiste fit les présentations, bien qu'elles n'étaient pas nécessaires.

"Kaizu-kun, j'me doute que t'as déjà vu sa tête quelqu'part. Cet homme, c'est nôt' administrateur à tous, m'sieur René Réginald Scorpio. Tout c'qu'on fait d'puis plusieurs années, c'est surtout grâce à lui qu'arrive à gérer toute la paperasse la plus importante pour permettre à nôt' vénérable pôle d'exister et d'fonctionner ! En même temps, le dirlo est toujours en mouvement, alors pas possible de l'attraper. C'est pour ça qu'on..."

Le scorpion enjamba le bandeau le plus élégamment qu'il le pouvait, et se rapprocha du futur promu, le laissant découvrir ses cheveux grisonnants et son début de calvitie, son regard sombre et l'air mauvais qu'il se donnait probablement pour laisser une impression à la hauteur de son grade. Légitimement, puisque cet homme était la seconde autorité, sinon parfois la première, de l'instance gouvernementale dont le sniper n'était qu'un simple employé. Il interrompit le Barracuda en levant son bras gauche, lui indiquant qu'il lui demandait de se retirer pour le laisser seul à seul avec le tatoué. Le vétéran s'exécuta et partit à la recherche d'un autre agent à importuner.
L'administrateur se passa la main sur le crâne et soupira, avant d'observer le tatoué d'un air dominant.

"Mister Tea fait correctement son travail, mais il est trop bavard. Et nous savons que ce n'est pas un trait de caractère inhérent aux services que nous proposons. N'est-ce pas, jeune homme ?"

Par réflexe, l'agent à la peau brûlante s'agenouilla et baissa la tête, commençant à s'introduire à son supérieur. La légère chaleur qu'il ressentait sous la veste noire posée sur ses épaules paraissait comme quadruplée par la situation. Scorpio l'interrompit immédiatement.

"Ne vous présentez pas, va. Agent Timmerson Uzielgin, n'est-ce pas ? Oh, pardonnez-moi, c'est vrai que vous n'utilisez pas ce nom dans le cadre de votre fonction. Ce sera Tim Uzi, je présume."

L'arachnide esquissa un sourire extrêmement léger, semblant vouloir montrer, sans trop en souligner l'évidence, qu'il éprouvait un malin plaisir à montrer à l'agent de terrain qu'il avait plusieurs informations confidentielles sur lui, comme sur des dizaines d'autres. Il reprit son discours en ouvrant ses bras, prétendant adopter une démarche plus avenante.

"Si je me suis renseigné, c'est aussi et surtout parce que vous n'êtes que deux à bénéficier d'une promotion aujourd'hui. Oh, quel étourdi je fais. Voici l'agent Platonische Liebe, qui passe catégorie deux, tout comme vous."

L'autre homme présent à la table privatisée prit son verre à pied avec lui et se baissa pour passer le bandeau "VIP", avant de sourire calmement et de saluer le tatoué en levant son chapeau beige à motifs légers. Le reste de sa tenue ressemblait à la panoplie de l'agent classique du Cipher Pol, à la différence près que son costume était décoré par différentes stries gris clair qui n'étaient pas sans évoquer celles d'un accoutrement mafieux classique. La parcelle de sa veste couvrant son buste droit était cependant marquée du symbole du Gouvernement Mondial, à l'image de celle du tatoué, et était simplement entourée d'un cercle marqué d'une limite blanche. L'homme, bague dorée au bijou rouge étincelant au doigt, cachait sous son couvre-chef une coupe de cheveux courte de couleur bleu turquoise et avait respectivement un piercing argenté à l'oreille droite et deux à l'oreille gauche. Il plongea ses yeux d'un noisette-vert profond dans les yeux bleu clair de l'ancien armurier, l'intriguant cette fois plus que l'intimidant, et lui offrit une main à serrer cordialement.

"Agent Liebe pour faire plus court, toujours enchanté de faire de nouvelles rencontres. C'est alors toi qui t'es infiltré parmi les manouches pendant plusieurs mois ? Quelque chose que je n'aurais pas fait sans doute, ce qui force mon respect à ton égard. Si l'on te permet cette montée en grade, tu la mérites de toute façon."

Le tatoué se releva et s'inclina poliment pour répondre à celui qui était, cette fois, son égal. Si la pression n'était pas entièrement redescendue du fait que le scorpion les observait toujours de près, Uzi pouvait enfin avoir un minimum d'assurance sans risque de manquer de respect à une quelconque hiérarchie, malgré le fait qu'il ne connaissait pas le moins du monde celui qui se présentait devant lui.

"Autant ravi de vous rencontrer, agent Liebe. Je vous retourne bien entendu le compliment, votre promotion est au moins aussi méritée que celle que j'ai l'honneur d'obtenir."

L'autre chercha dans la poche gauche cousue dans son élégante veste et en sortit un bout de papier cartonné qu'il tendit à l'homme à la peau brûlante.

"Prends donc ma carte. Tu pourrais avoir besoin de mes compétences un jour, qui sait."

Le tatoué ne put se retenir entièrement en fronça les sourcils, surpris par cette proposition. Il attrapa doucement la carte en question et l'observa attentivement pendant quelques instants. Une escargographie de l'autre futur promu le montrait souriant et séducteur, l'angle mettant en avant la couleur de sa peau de sa peau lisse et légèrement mate, tandis qu'étaient inscrites les informations suivantes : "Sir. Platonische LIEBE - Diplomatie, médiation, création et ouverture au dialogue", suivies d'une fréquence escargophonique.
Le tatoué profita de cet instant de concentration pour hasarder une question à l'égard de l'arachnide en costume, qu'il savait encore en train de fouiner derrière eux.

"Je vous remercie. Monsieur Scorpio, vu que monsieur Tea mentionnait notre directeur tout à l'heure... Avec tout mon respect, si vous vous êtes déplacé ici, n'est-il pas présent également ?"

L'administrateur leva les yeux au ciel et se contenta de pouffer d'une manière dédaigneuse, mais qui se voulait paraître l'être accidentellement, sans arrière-pensée. Il ferma les yeux et hocha négativement de la tête.

"Cette cérémonie a lieu régulièrement, vous savez. Si par miracle monsieur Rei avait l'occasion de nous faire honneur de sa présence de temps en temps, ce serait de toute façon avant toute chose pour les promotions vers la catégorie un, voire pour celles en chef d'équipe. C'est déjà une chance que je parvienne à organiser de telles sauteries et à me libérer malgré mes occupations."

L'ancien artilleur acquiesça et s'excusa platement, avant de regarder autour de lui. À l'instar de la table où ses deux interlocuteurs étaient installés, la majorité de la décoration de la salle dans laquelle se trouvaient les quelques membres du Cipher Pol 5 était composée de blanc chic orné de motifs en or luxueux, à l'exception de quelques éléments d'un bleu marine profond qui venaient souligner encore plus le ton éclatant des deux valeurs centrales du hall.
Le tatoué ferma les yeux et se passa discrètement la main sur le visage en réalisant que Scorpio était dés lors capable de privatiser l'un des plus prestigieux hôtels de l'Archipel Shabondy pour une simple célébration privée, à partir du moment où il en avait simplement l'envie. Uzi observa autour de lui et, bien qu'il ne se sentait pas encore exactement à sa place, tenta de se convaincre qu'il était digne de ce qui lui arrivait. Cette tentative d'auto-thérapie tomba à pic, puisque l'administrateur retourna à l'intérieur de sa zone "VIP" et monta délicatement sur la table, trahissant malgré lui de courtes mimiques d'homme chétif, avant de se lever et d'infliger plusieurs pichenettes à son verre à pied. Le choc de ses ongles assez longs et de la matière du contenant eut un effet immédiat, et un son cristallin rappela ainsi l'entièreté de la salle à l'ordre.

"Je vous exprime dans un premier temps ma gratitude pour être venus, mesdames, messieurs. Je me permets d'exiger le silence pour que nos deux promus du jour puissent prononcer leurs discours. Messieurs ?"

Levant les sourcils, il désigna aux deux agents une estrade rectangulaire couverte d'un drap bleu marine en satin, les intimant par le regard d'y monter et de s'y exprimer. Le diplomate chapeauté tapota gentiment le dos du sniper et se dirigea vers la surface, invitant son comparse à le suivre.
Ce qu'Uzi fit, non sans écarquiller les yeux. La vérité, c'est que, si l'autre paraissait définitivement avoir eu vent du déroulement de la cérémonie, ce n'était pas le cas du tatoué. Qui n'avait donc préparé aucun discours.

Saloperie.


Dernière édition par Tim Uzi le Mar 2 Mar 2021 - 3:19, édité 2 fois
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"Je ne compte plus le nombre de choses que j'aimerais vous dire ici et maintenant. Enfin, pour être honnête, si : je le sais précisément. En l'honneur de cette cérémonie, j'aimerais donc faire seize déclarations. Je plaisante, évidemment."

La foule s'esclaffa d'un rire poli, laissant le bellâtre reprendre son récital.

"Il y n'en a que quinze. Ma première pensée vient au formidable monsieur Scorpio, qui m'a permis lui-même d'intégrer cette formidable équipe, que dis-je, famille, qui..."

Le médiateur autoproclamé ne mentait pas : plus le temps avançait, plus le tatoué réalisait qu'il avait effectivement préparé une quinzaine de chapitres à son allocution. Ledit tatoué, le visage poliment baissé bien que ne pouvant pas le cacher sous ses dreadlocks cette fois-ci, avait nerveusement laissé ses deux mains se joindre derrière son dos, écoutant d'une seule oreille son comparse tandis que l'autre ne pouvait s'empêcher de capter les bruits futiles de l'environnement. La salle de réception d'un hôtel cinq étoiles n'était, à priori, pas un lieu dont la biodiversité était supposée accueillir ceux de la classe miséreuse dont il provenait. Il se contentait donc de hocher courtoisement la tête lorsque Liebe semblait mettre l'accent sur un point précis, et de décroiser ses mains pour imiter du bout des doigts les applaudissements de la petite assemblée chaque fois qu'ils survenaient.

Alors que la prise de parole du séducteur paraissait interminable, il se résolut pourtant à y mettre fin sur une touche de remerciements tous plus spécifiques les uns que les autres, exprimant d'ailleurs au passage une gratitude factice envers le sniper, qu'il venait pourtant de rencontrer. L'ovation affable des membres du pôle prouva à Uzi, qui n'avait en réalité écouté qu'un mot sur deux, que l'autre promu avait réussi à montrer avec brio sa maîtrise de l'art de la rhétorique.
Ce fut alors à son tour de s'exprimer. Il leva lentement la tête et sépara ses dix doigts pour les joindre de nouveau, cette fois-ci devant son bassin, avant de s'avancer d'un pas. Cherchant un regard exprimant une quelconque forme de soutien, c'est celui de l'instructeur, surjouant légèrement ce qui s'apparentait à des encouragements gestuels, qui lui donna l'impulsion nécessaire pour démarrer son toast improvisé. Il ferma les yeux une, deux secondes, puis les rouvrit et usa du peu de confiance dont il disposait pour laisser s'échapper ses premiers mots. Suivis des autres.

"Merci, agent Liebe, et encore félicitations. Je n'ai rien préparé, donc je me contenterais d'être le plus sobre possible. Je viens d'un milieu où la foi envers les instances gouvernementales est rare, et où ceux qui ont cette foi n'ont que peu souvent les moyens de la mettre à profit. Je n'ai jamais eu de réelle motivation, si ce n'est celle d'avoir un rôle, fut-il mince, dans l'avancée de la justice. Aujourd'hui, j'ai des occasions de contrebalancer les erreurs et mauvaises actions de ceux auprès de qui j'ai grandi, et c'est aussi grâce à monsieur Scorpio ci-présent, et au pôle en général."

Le scorpion, qui avait levé les yeux d'un air menaçant en craignant que l'homme à la peau brûlante insiste sur la situation désastreuse du peuple Rokadien, souffla et se détendit en entendant le revirement de discours du concerné. L'ancien artilleur put continuer et finir son allocution, conscient de n'avoir pas fait aussi bien que le diplomate qui se tenait à ses côtés.

"Je ne suis pas certain de mériter cette promotion, mais la refuser serait vous faire affront. Je m'assurerais de travailler plus fidèlement et efficacement pour faire honneur à ce grade. Merci à tous."

Il s'inclina poliment, sous une flopée d'applaudissements cette fois-ci plus timides, et fit un pas en arrière pour reprendre sa place initiale. Il fut surpris par un coup de coude de l'autre agent, qui le rassura d'un clin d'œil complice et d'un sourire rayonnant. Il acquiesça sans pour autant être rassuré d'une quelconque manière, et ce ne fut que lorsqu'il croisa le regard approbateur, presque paternel, de Mister Tea qu'il parvint à reprendre le contrôle et à respirer convenablement.
C'est Liebe qui le rappela à l'ordre en le saluant poliment et en s'éloignant, suivant un homme aigri à l'allure bouffie portant une version grise vieillotte du costume traditionnel du Cipher Pol. Toujours l'air légèrement perdu, Uzi fut à son tour sollicité par un homme d'un certain âge, yeux d'un vert clair étincelant, costume brun foncé et cravate grise, qui rejoignait le devant de l'estrade d'un pas rapide.

"Agent Uzi ? Veuillez me suivre, je vous prie."

Comme obnubilé par les événements qui, selon lui, le dépassaient, il se contenta d'obéir modestement à celui qui l'invitait à fermer la marche. Le gentilhomme prit de ses nouvelles d'un ton étonnamment accommodant.

"Tout s'est bien passé pour vous ? Le trajet jusqu'à l'archipel ?"

Observant le dos tressé de la veste élégante que portait son mystérieux accompagnant, le sniper monta les marches du côté droit du double-escalier cossu qui serpentait autour du hall, et parvint à se permettre une question qui lui envahissait l'esprit.

"Convenable, je vous remercie. Sauf votre respect... où nous rendons-nous, et nous sommes-nous déjà présentés ?"

L'homme âgé interrompit sa course, conduisant l'agent à en faire de même, puis se retourna, dégageant un dédain et une aversion envers ce qu'il venait probablement de prendre pour un irrespect. Une fois en face du tatoué, il s'adoucit d'un coup et, bien que ne souriant pas par souci de professionnalisme, esquissa une expression bien plus décontractée.

"Oh, c'est que j'en oublie les bonnes mœurs, pardonnez-moi. Je me nomme William Clifton. Je vous conduis simplement dans une chambre bien au chaud, pour que nous puissions discuter de quelques procédures de promotion. Trois fois rien, rassurez-vous."

Éliminant le plus rapidement possible le potentiel sous-entendu sexuel que cette phrase pouvait laisser, l'agent se contenta de serrer cordialement la main de l'homme distingué et de reprendre avec lui leur marche. Lorsqu'il mentionna la description que l'instructeur lui avait faite de Clifton, ce dernier souffla calmement du nez.

"Sacré Tea, toujours à grandir l'envergure de tout le monde. Je ne me soucie pas d'une chose aussi caduque que ma réputation, vous savez. Je ne suis qu'un coordinateur qui fait correctement son travail."

Lorsqu'ils atteignirent la chambre numérotée "2", Directory sortit de sa poche droite de pantalon une minuscule clef et ouvrit la porte, invitant l'agent à entrer. Celui-ci, interrogé par l'absence apparemment complète du personnel de l'hôtel - l'administrateur avait bien privatisé, semblait-il, l'entièreté de la structure -, entra calmement.



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"Cette formalité est ridiculement simple, en vérité. Hormis quelques futilités dont je peux m'occuper sans votre aide, nous n'avons que trois rubriques à traiter ensemble. Après quoi vous aurez bien entendu loisir de relire le contrat intégralement, afin que nous soyons parfaitement en accord. Si vous voulez mon avis là-dessus, la pire erreur qu'un être humain puisse faire, c'est de signer quelque chose qu'il ne comprend pas."

Installé dans un fauteuil en cuir doux en face d'une table en verre, le tatoué acquiesça et signala qu'il était prêt. Assis sur le bord du lit king-size rouge trônant au centre de la chambre, le coordinateur ne se fit pas prier et, sortant d'un porte-documents noir un dossier léger, entama la procédure en règle. Il commença par la première question, plus que rhétorique dans le cas présent.

"Confirmez-vous avoir été convoqué par le Gouvernement Mondial pour être bénéficiaire d'une montée en grade ? Bon, je coche directement celle-ci."

Le sniper, qui avait commencé à sortir la minuscule lettre de convocation qui lui avait été transmise au QG de South Blue, la rangea aussitôt, réalisant l'absurdité de cette démarche. Clifton poursuivit calmement, tentant de mettre l'agent le plus à l'aise possible malgré l'aspect officiel de sa démarche. Trouvant la page qu'il cherchait, il poursuivit.

"Souhaitez-vous poursuivre l'exercice de vos fonctions dans des conditions particulières ? Le cas échéant, lesquelles ?"

Le coordinateur exposa le plus clairement possible les trois choix qui s'offraient à Uzi. Le premier était de loger et d'exercer dans les quartiers généraux du pôle sur la Terre Sainte, à l'instar de la grande majorité des membres des services secrets, et le second de faire la demande d'être décentralisé et d'être accueilli dans l'une des bases de la Marine. Le troisième, grossièrement intitulé "Autres", servait essentiellement en cas d'infiltration ou de couverture de longue durée.
C'est cette fois sans véritable hésitation que l'ancien artilleur prit sa décision. Bien qu'étant ainsi un marginal parmi les agents du Gouvernement, il ne se sentait pas prêt à changer la configuration sous laquelle il travaillait présentement.

"Deuxième case, s'il vous plaît. J'exerce déjà dans le QG du G-4, et ne souhaite pas en changer pour le moment."

Malgré les mises en garde de Directory, qui lui apprit notamment qu'il ne pourrait plus modifier ce choix jusqu'à sa prochaine promotion, il maintint et confirma son choix. L'homme âgé acquiesça avant d'enchaîner, les lèvres pincées, sur la troisième et dernière décision dont ils devaient discuter.

"Oui, les deux autres n'engagent à pas grand chose, mais celle-ci entraîne plus de... conséquences. Confirmez-vous avoir accepté la rétribution spéciale du pôle qui vous était destinée ? En cas de refus, veuillez vous expliquer afin de nous permettre d'envisager en conséquence. Alors..."

L'agent avala sa salive, intrigué par ce paragraphe particulier, et observa avec une pointe de méfiance l'homme élégant, visiblement en train de chercher quelque chose sous l'immense lit sur lequel il était installé. Il parvint enfin à en sortir une épaisse mallette noire, et s'empressa de l'ouvrir sans faire attendre l'agent à la peau brûlante plus longtemps.
Le contenu de la mallette trônait au milieu de l'écrin rouge qui était collé à sa surface inférieure. Le sniper écarquilla les yeux en découvrant la "rétribution spéciale" qui lui était proposée.

Droit devant Mikku12

Trois fois rien, vraiment ?


Dernière édition par Tim Uzi le Mar 2 Mar 2021 - 3:22, édité 1 fois
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Toujours abasourdi par la "récompense" qui se présentait devant lui, le tatoué chercha dans le regard de l'homme élégant une forme de confirmation. Confirmation qu'il obtint, informé par un calme hochement de tête de la part du coordinateur que la situation était bien réelle. Non sans un sentiment très contrôlé de compassion pour le futur promu, Clifton entama les explications.

"Je ne vous ferais pas l'offense de vous expliquer à quelle catégorie appartiennent ces fruits, ni ce que la consommation de ce genre d'aliments implique jusqu'à la fin d'une vie."

Désireux d'en venir aux faits, l'homme certes âgé mais bien conservé ferma dynamiquement le dossier et le retourna pour consulter l'unique page de l'annexe qui y était agrafée. Celle-ci, ordonnée autour d'une escargographie de la grappe qui trônait au centre de la mallette, semblait en expliquer en détail les tenants et les aboutissants.

"Mikku Mikku no Mi, ou fruit du Mime. Il permet d'invoquer un objet mimé, et d'en dissiper l'apparition après utilisation. Il est déconseillé de parler lorsque le pouvoir est en action car, le cas échéant, le mime est annulé et l'objet disparaît. Il me semble aussi important de souligner que, pour pouvoir mimer précisément, il est impératif de se rappeler de comment exactement se manipule l'objet souhaité."

Bien que toujours submergé par ce lourd honneur, aussi bien que cette lourde responsabilité, qui lui revenait d'avoir le choix de consommer une telle rareté, le sniper s'inspira du professionnalisme exemplaire de Directory et fit de son mieux pour se reprendre. Le membre respecté du CP5 en vint à la partie qui liait tout, ramenant Uzi vers un contexte spatio-temporel qui lui rouvrait pourtant une plaie encore fraîche.

"Vous voyez où nous souhaitons en venir, vous avez travaillé sur une partie de l'artillerie actuellement utilisée par la Marine. Mais il m'a été rapporté qu'avant-même, vous avez grandi dans une armurerie, ce qui a fait de vous un véritable expert de tout ce qui possède un canon. Je me trompe ?"

L'agent à la peau brûlante grimaça le plus discrètement possible, avant de confirmer d'un respectueux signe de tête.

"C'est exact. Je sais utiliser quelques armes blanches, cependant les armes à feu restent mon domaine de prédilection, même si je ne me prétendrais pas expert pour autant. Comme vous dites, j'ai passé mon enfance..."

Le regard du tatoué dériva dans le vide, et il ne parvint pas à finir sa phrase. La mort de son père, armurier miséreux d'Alegria, était encore monstrueusement récente et personne n'aurait pu s'en remettre en aussi peu de temps. Ce rappel de la part de l'homme au costume brun n'était pas réellement le bienvenu, mais le pauvre homme, d'un autre côté, n'avait aucun moyen de le savoir.

Une question envahit l'esprit de l'ancien artilleur, écrasant toutes les autres sous son poids. Ce jour-là, s'il avait vu un homme tenter d'assassiner Roberson Y. Uzielgin devant ses yeux, alors même que cette scène précise lui avait déjà été prédite par le Manslouche lunatique, et qu'il avait consommé ce fruit du démon... Aurait-il pu réagir à temps ?
Après une méditation intense de plusieurs dizaines de secondes, il entama un nouveau contact visuel avec Clifton et comprit que sa mention de la mort du commerçant Rokadien dans son rapport avait également été lue par le coordinateur. Ce dernier ferma les yeux d'un air compréhensif. Il n'en fallut pas plus au fils d'armurier pour poser fermement l'index droit sur le rebord de la mallette.

"D'où vient la décision de me déléguer cette capacité ? Qui en est à l'origine ?"

Il allait de soi que la réponse à cette question n'allait pas lui être communiquée, mais Directory, soucieux de son image d'honnête homme, joua la carte de la franchise.

"Je devrais vous dire que ça ne vous regarde pas, mais en toute sincérité, je ne le sais pas moi-même. En vue de votre compatibilité avec cette aptitude, il va sans dire, en tout cas, qu'elle ferait de vous un atout considérable pour le pôle."

Le sniper se passa la main droite sur le visage, puis en retira délicatement le gant en velours avec l'autre main avant de l'approcher de la grappe et d'en détacher l'un des fruits d'un mouvement résolu. Il observa ensuite les motifs en spirale de sa "rétribution spéciale" et, ayant connaissance de la rumeur comme quoi les fruits du démon avaient un goût des plus ignobles, prit la décision de l'avaler net pour s'éviter une sensation désagréable pouvant potentiellement l'humilier devant un membre honoraire du Cipher Pol. Le simple contact de la peau du grain du démon descendant le long de son œsophage lui suffisait à imaginer son horrible saveur.
Tel un démon entrant et prenant possession de son corps, une entité invisible et étrange, pas plus matérielle qu'immatérielle, semblait traverser son enveloppe charnelle de haut en bas, puis de bas en haut. Légèrement nauséeux, il reganta sa main et la posa le plus délicatement possible sur le rebord de la table. Il regarda une énième fois le coordinateur dans les yeux, comme ayant l'impression de sortir d'une épreuve. Ce dernier le félicita solennellement et rouvrit le dossier pour en signer la dernière rubrique, avant de poser son stylo à côté de la case qu'il venait de remplir. Il se posa ensuite le pouce et l'index sur le menton, puis proposa à Uzi de s'essayer à une première tentative.

"Vous allez déjà mieux, apparemment. Voyons voir... Mimez-moi une tasse de thé ?"

Il n'était pas entièrement de dire que le tatoué allait mieux, puisqu'il ne s'était pas vraiment porté "mal". La simple chose qui le perturbait était cette impression inexpiable que quelque chose en lui avait changé, et ce pour toujours. Se redressant en lâchant le rebord qui lui servait jusqu'ici de soutien d'équilibre, il réfléchit un moment et tenta de former un C avec sa main, opposant symétriquement son pouce et ses quatre autres doigts collés les uns aux autres. En guise de réaction, une bouteille de vodka semblable à celles qui lui étaient offertes lors de son infiltration sur Hat Island apparut dans le creux de sa main, à la différence que celle-ci scintillait d'un rose fluo translucide. Entendant que Clifton avait laissé s'échapper un léger soufflement du nez, il releva la tête comme stupéfait et tenta de se justifier.

"C'est..."

À peine deux mots prononcés, il fut surpris par son propre poing qui s'était brusquement refermé sur lui-même. Il comprit sans regarder que la bouteille s'était volatilisée sitôt qu'il avait ouvert la bouche, et reprit non sans confusion son explication.

"...que je n'ai pas beaucoup eu l'occasion de boire du thé, monsieur Clifton. Veuillez m'excuser."

Sans doute également renseigné sur la mission du tatoué sur Hat Island, l'homme élégant se contenta de lui signifier qu'il n'y avait pas de quoi. Alors qu'il s'apprêtait à reprendre son stylo pour reprendre patiemment et point par point le contrat avec l'agent, ils furent tous les deux interrompus par une agitation extrême qui provenait de derrière leur porte. Directory se leva et marcha hâtivement jusqu'à celle-ci, avant de l'ouvrir et de prendre à parti un membre du Cipher Pol en pleine fuite en exigeant d'être éclairci sur ce qui pouvait bien conduire tous les convives de la cérémonie privée à se comporter aussi bruyamment. L'autre répondit succinctement, pressé de sauver sa peau.

"Ils ont dit d'évacuer le rez-de-chaussée ! Y a des psychopathes qui ont trouvé l'hôtel, et ils ont essayé de rentrer ! L'instructeur est en train de les retenir !"

L'homme à la peau brûlante et Clifton froncèrent les sourcils de manière synchronisée et s'échangèrent un regard, comprenant qu'il parlait de Tea. Le sang bouillant du futur promu ne fit qu'un tour : il s'empressa de se diriger vers l'entrée d'un Geppou-Soru le plus rapide possible, suivi de près par le coordinateur qui avait pris le temps de fermer la mallette, de ranger le dossier et de verrouiller la porte de la chambre avant de le rejoindre.

Les deux atterrirent en même temps sur l'herbe verdoyante de l'archipel, devant le lieu loué pour la célébration, et aperçurent un Mister Tea dos contre terre, haletant face à trois adversaires qui, rien qu'à leur manière d'observer celui qui se trouvait à leur merci, paraissaient être animés d'une seule et même volonté. Celui à gauche était un blond svelte au visage creusé, torse-nu, et était armé d'une machette - Uzi remarqua qu'il était manifestement gaucher. Une marque mystérieuse brillait sur son front, du même orange que ses pupilles : celui-ci était définitivement sous l'emprise de quelque chose. Celle à droite était une petite et belle femme brune, vêtue d'une manière très chic quoique très provocatrice, et avait les yeux bandés d'un bout de tissu noir ; elle serrait dans sa main droite le manche d'un couteau de cuisine. Celui au centre, enfin, était un homme noir de peau et barbu vêtu d'une tunique somptueuse et d'un turban gris, percé de trois anneaux ornés à chaque oreille et d'un autre à l'arcade sourcilière gauche. Ses pupilles brûlaient de la même couleur que celles du blondinet, renforçant la conviction que le tatoué avait d'une cause unique derrière leurs actes coordonnés.
Rejoint par son camarade Liebe qui venait d'apparaître quelques mètres derrière, le sniper se rua vers le gaillard à l'iroquoise et profita des quelques mètres qui le séparaient des trois mystiques pour s'accroupir devant lui, témoignant sans avoir besoin de dire un mot de sa volonté de protéger le colosse. Plus loin encore, quatre autres individus apparemment dans le même état s'apprêtaient à saisir leur chance de doubler les trois autres pour prendre l'ancien artilleur par la force du nombre ; chance que le coordinateur, réagissant le plus efficacement possible, ne leur laissa pas.

Alors qu'il savait les trois inquiétants personnages se rapprochant dangereusement de lui, Uzi ferma les yeux. Il lui fallait se remémorer une atmosphère précise. Il chassa rapidement les images de Rokade, de son père et de K'Davra qui le hantaient encore, et s'arrêta enfin sur le souvenir qui l'intéressait. Lui, au chantier. Au Royaume de Bliss. Les sifflements joyeux de Smiley qui observait discrètement l'avancée de ses travaux. Et ce canon naval à calibre fin dont il avait achevé l'assemblage ce jour-là. Il posa son genou droit contre terre et s'imagina manœuvrant son bijou, l'orientant de haut en bas.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, le canon était là, entre ses jambes. Et les trois assaillants étaient mortellement proches, prêts à l'achever. Il actionna le simple mécanisme de sa pièce de bateau rose fluo, allumant la mèche du même coup, et en maintint la poignée pour en contrôler le recul. Le Barracuda protesta faiblement, refusant probablement d'être secouru.

"Kaizu-kun..."

Le tatoué se protégea d'un Tekkai passif, et le coup partit en plein dans le buste de l'homme au turban, qui n'avait manifestement pas eu le temps de calculer son coup suite au revirement de la situation, et provoqua une explosion qui le repoussa sur quelques mètres et le fit s'écrouler au sol.
Sitôt l'arme navale disparue, les deux autres, que la détonation-même ne semblait pouvoir arrêter, attaquèrent l'agent d'un coup sec avec leurs armes respectives. La technique de durcissement de la peau du Rokushiki bloqua la machette du jeune homme, mais se laissa pénétrer légèrement par le couteau de la demoiselle, faisant serrer les dents à Uzi. Ne voulant pas risquer de tourner le dos à ceux qui le tenaient en joue, il revira son regard vers le coin de l'œil.

Rêvait-il ou Liebe était en train d'observer tranquillement la scène, sans intention d'intervenir ?


Dernière édition par Tim Uzi le Mar 2 Mar 2021 - 3:27, édité 1 fois
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L'homme blond et la jolie aveugle abandonnèrent enfin la pression qu'ils tentaient d'exercer sur la peau brûlante du tatoué, préparant d'ores et déjà un second assaut d'autant plus violent. Libéré de la pointe de la lame qui avait commencé à lui percer la peau, il se retira d'un Soru hâtif pour se retrouver aux côtés du gentleman au chapeau beige et, sans quitter des yeux les deux étranges individus, en vint rapidement aux faits.

"Que se passe-t-il, Liebe ? Qu'attendez-vous ?"

L'autre décora son visage d'un rictus résigné et haussa des épaules, les deux paumes vers le ciel. Ce geste était là pour appuyer sa réponse, qui vint peu de temps après.

"Je ne sais nullement me bagarrer, agent Uzi. Je suis un médiateur, tout ceci n'est pas mon domaine."

La tranquillité sereine apparente du diplomate alors même que le vétéran à l'iroquoise gisait sur le sol non loin réveilla une faible portion de la colère que l'ancien artilleur portait en lui depuis son escale à Alba. Il le regarda d'un air menaçant en tentant de garder contrôle sur lui-même : il n'était, en ce moment, pas dans un état d'esprit où la moindre erreur de sa part allait pouvoir être corrigée par de simples excuses. Il garda donc son calme et proposa une solution, évitant de justesse un lancer précis de couteau perpétré par la femme aux yeux bandés - qui venait de se désarmer au passage.

"Dans ce cas, médiez donc. Faites ce que vous faites."

L'agent récemment promu au costume strié feignit d'observer pendant un petit instant les deux assaillants, repérant leurs mouvements presque parfaitement synchronisés, avant d'offrir un diagnostic précipité à son comparse.

"Voyez-vous, ces trois-là n'agissent pas par volonté-propre. Quelque chose est au-dessus d'eux. Je ne peux rien faire."

Uzi soupira, jeta un œil rapide au combat que Clifton menait visiblement avec plus de facilité que lui et redirigea son regard vers les deux inquiétants personnages. Le troisième paraissait toujours hors d'état de nuire pour le moment, mais cela n'empêchait pas ses deux acolytes de marcher lentement jusqu'à l'ex-armurier. Après une remontée de cette sensation de corps lourd et habité par une force étrangère, ce dernier se releva et sentit ses repères spatiaux légèrement perturbés. Il tenta de se concentrer, cette fois les yeux ouverts, et bougea les doigts d'une manière spécifique en tentant de manipuler un colt fictif. Celui-ci apparut à son tour dans sa main, lui permettant de tendre le bras pour viser les deux représentants de la menace qui avait surgi devant l'hôtel. Lorsque la non-voyante commença à s'exprimer d'une manière inhumaine, presque robotique, le sniper se raidit, se maîtrisant pour que sa surprise ne lui fasse pas émettre un quelconque son.

"Nous sommes l'appel de cœurs trahis. De cœurs purs unis par leur rancœur, salis. Nous sommes la vérité, la lumière pour les ignorants. Une nouvelle vie pour les anciens innocents."

Ne lâchant pas son colt translucide fluo, le tatoué tourna brusquement la tête vers l'homme torse-nu qui s'était mis, pareillement, à réciter de mystérieuses paroles. Le séducteur à l'accoutrement mafieux continuait à observer la scène, détendu et déterminé à rester simple spectateur de la scène.

"Nous sommes l'avènement des nouveaux gens normaux. Celui des vertueux en harmonie, celui des corrompus en morceaux. Nous sommes la fin de l'homme admis comme homme faux. Nous sommes..."

Relativement intimidé par la situation, Uzi sursauta de nouveau en entendant la demoiselle compléter la phrase de son partenaire.

"...Monroe."

Même s'il appréciait consulter les archives auxquelles on lui laissait l'accès pendant son temps libre à la base, le fait était que ce nom était entièrement étranger au sniper. Il n'eut de toute manière pas le temps d'y réfléchir puisque, distrait par le discours énigmatique des deux pâles figures, il n'avait pas eu loisir de remarquer qu'ils s'étaient de nouveau dangereusement rapprochés. Tirant dans le tas pour changer son colt en une arme plus adaptée à l'urgence présente, il ne parvint bien entendu pas à toucher l'un d'entre eux. Il lui fallait dés à présent mimer une machette pour rivaliser avec le svelte, devenu la plus grande des deux menaces depuis que la charmeuse s'était dépossédée de son ustensile.
Problème : il n'avait pas utilisé de machette depuis des années. La dernière fois remontait à sa pré-adolescence à Alegria et il n'en avait plus un souvenir assez net pour pouvoir le retranscrire en geste précis.

Il leva le regard et, comprenant que tout n'était pas encore tout à fait perdu, envisagea une autre approche. S'il ne pouvait se rappeler de l'utilisation exacte d'une machette, il avait un modèle grandeur nature juste devant lui. Il se rua alors vers l'ennemi, s'attendant à le prendre de court - mais ne parvenant pas à le faire sourciller -, et se présenta à lui comme un appât, avant d'esquiver trois coups de Kami-E bien placés, les yeux bien rivés sur la posture du blond et sur son utilisation de l'arme blanche. Il ne vit malheureusement pas assez rapidement le quatrième coup venir et se le prit presque de plein fouet, se faisant entailler superficiellement la tempe gauche. Désemparé, il prit un mouvement de recul et décolla en Geppou au fur et à mesure de son éloignement.
Priant pour avoir fait une analyse suffisante bien que limitée par le peu de temps de pensée que lui offraient les circonstances, il serra le poing fort en prenant soin de faire passer son pouce bien au-dessus des autres doigts. Inclinant légèrement le bras comme il l'aurait fait pour se protéger d'une lame courte mais particulièrement coupante, il pencha ensuite le poignet pour indiquer que le manche était bien pris en main pour que la lame apparaisse à l'avant et non à l'arrière. Enfin, il traça un huit horizontal d'un mouvement de bras assez rapide pour évoquer le poids léger de la machette.
Une arme blanche - qui était, pour le coup, plus rose qu'autre chose - émergea entre ses doigts et, bien qu'il était parvenu à mimer l'outil souhaité, il fonça vers son adversaire d'un coup sec sans prendre le temps de le vérifier. L'entrechoquement entre les deux machettes, dont l'une était propulsée par l'élan d'une technique du Rokushiki, fit un bruit assourdissant. L'ancien armurier parvenait à prendre l'avantage et, après deux échanges de coups très intenses, parvint à feinter l'étrange fanatique et à profiter d'une faille dans ses manœuvres de gaucher pour lui trancher la gorge. L'autre tomba sans se faire prier, permettant enfin au sniper, désarmé par la désactivation automatique de son nouveau pouvoir, d'atterrir sans encombre.

Les encombres le rattrapèrent lorsque la jeune femme au bandeau lui rappela sa présence d'un uppercut sec dans les abdominaux. Alors qu'il était en train de relâcher pendant quelques fractions de secondes son attention, il souffert pleinement et comme il se devait la douleur provoquée par cette attaque et se reprit, encaissant d'un Tekkai la seconde. Il se concentra ensuite sur la verdure du grove pour lancer un Rankyaku le plus précis possible, rasant une partie de l'herbe et faisant perdre à l'ennemie en mouvement son équilibre. La combine fonctionna, et l'aveugle fit une douloureuse roulade avant qui lui rendit plus difficile le simple fait de se relever. Entendant son collègue s'approcher, le tatoué évita un nouvel assaut désespéré d'un Kami-E volubile et constata avec effroi que celui-ci s'approchait de leur adversaire, le couteau à la main. Le sniper interrogea Liebe du regard pour comprendre pourquoi diable l'avait-il ramassé alors même qu'elle semblait avoir oublié son existence. Le diplomate s'expliqua sans aucune honte.

"Manipulée ou non, elle reste une femme. Vous n'auriez pas honte d'affronter une dame désarmée, agent Uzi ?"

Alors que celui qui était pourtant son propre allié s'apprêtait à tendre son arme à la non-voyante, Uzi fut contraint de se creuser la tête pour trouver rapidement un moyen de rééquilibrer la situation. Dans la panique, il tint un large mais court récipient imaginé entre ses deux mains, les doigts à moitié refermés. Lorsque l'objet prit forme dans sa teinte vive, il se révéla rapidement être un seau de béton liquide dans lequel l'arme que le médiateur tendait à la charmante tueuse se retrouva plongée.
Abasourdis par l'improbabilité de la situation, les deux agents observèrent bêtement le ciment emprisonner l'ustensile en se solidifiant de manière accélérée. Liebe lâcha le manche par réflexe, pas plus désireux de se salir que d'avoir une main emprisonnée dans du béton rose, et Uzi se fit de nouveau prendre par stupeur en se laissant entraîner à même le sol par une demoiselle au bandeau qui s'était manifestement déjà faite à l'idée de ne finalement pas réutiliser son couteau. D'une force et d'une détermination sans fluctuations, presque mathématiques, cette dernière commença à stranguler violemment l'ancien artilleur, à qui il ne restait que peu de forces. Il trouva tout de même l'énergie de concentrer son désir primaire de survie - entraînant un véritable conflit interne avec son mental - dans son index et son majeur droit, renforçant ainsi les dégâts de sa technique, et transperça l'épaule de la jolie femme d'un Shigan à deux doigts, visant le côté qui le tenait en joue et commençait à l'asphyxier. Il fut libéré par ce mécanisme de défense qui fit tomber l'ennemie, trop dépourvue d'équilibre pour de nouveau se tenir sur ses deux jambes.
Le coordinateur revint d'un Geppou rapide, haletant suffisamment pour pouvoir témoigner d'avoir fait un effort conséquent pour éliminer quatre assaillants, et observa les alentours. Il fut intrigué de découvrir un couteau de cuisine coincé dans l'une des créations du fruit qu'il venait de faire manger à son collaborateur. Celui-ci décida d'un banal mot d'ordre pour briser le silence et effacer le seau.

"Stop."

Uzi posa ensuite son regard sur la belle femme qui, impuissante, restait affalée sur le sol. Après avoir feint l'inconscience pendant quelques secondes, elle enleva son bandeau et révéla ses deux yeux. Sur chacun d'entre eux était inscrit, de la pommette au sourcil en passant par la pupille elle-même, le même symbole orangeâtre que sur le front de l'homme svelte. Elle prit de nouveau la parole.

"Une injustice de coutume, de mœurs, par peur d'un sexe et de ses avantages. "

La gorge saignant abondamment, le blond prit tout de même la force de rebondir d'une faible voix, attirant l'attention vers l'endroit où il s'était écroulé.

"Une injustice d'institution, qui brise les rêves et apporte désillusion avant l'âge."

L'homme au turban se manifesta enfin, effrayant les deux membres du CP5 - hormis le Pacifiste, encore occupé à vérifier qu'aucune parcelle de son costume n'avait été endommagée - qui ne l'avaient pas vu se relever. Il avait replacé son turban pour qu'il retombe derrière son épaule, révélant enfin sur le côté droit de son cou le fameux symbole orange luminescent. Comme pour boucler la boucle, il s'exprima en finissant de se diriger lentement vers l'homme à la peau brûlante.

"Une injustice de statut, qui vous fait passer pour un personnage que d'autres ont fabriqué."

Le prédateur aux anneaux argentés leva son shotel à lame tranchante recourbée et s'apprêta à l'abattre sur Directory et le tatoué d'une puissance et à une célérité phénoménale, les yeux orangés entièrement dépourvus de ressentiment.

"Abattre ceux qui lui ont causé du tort, indépendamment du sexe et du camp... et ainsi, la Justice est appliquée."

Ni le coordinateur ni le sniper ne semblaient avoir de solutions pour s'extraire de l'emprise de l'ancien pirate dans leur état, aussi se préparaient-ils à subir le coup de grâce.

Qui ne vint pas. Le Barracuda était de nouveau sur pied, et il venait d'envoyer voler le chef des illuminés d'un Tekkai signature, durcissant seulement son crâne et son iroquoise et laissant le reste du corps libre de ses mouvements pour pouvoir foncer comme un animal sauvage sur l'adversaire une fois sa garde baissée. Respirant péniblement et saignant à divers endroits, il se retourna vers ses collègues et sourit d'un air complice avec les dernières ressources qu'il lui restaient.

"Kaizu-kun, Denwachō-san. J'suis plus c'que j'étais, c'est pas faux, mais j'refuse de vous laisser m'faire de l'ombre. Compris, mes p'tits potes ?"

Plus que de se soucier de la mort qui venait de le frôler, Uzi regarda l'instructeur dans les yeux et souffla un grand coup. Cet homme était définitivement incroyable.


Dernière édition par Tim Uzi le Mar 2 Mar 2021 - 3:35, édité 1 fois
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"Monroe. Vous savez de quoi ils voulaient parler ?"

Le colosse cette fois-ci à terre après son dernier effort spectaculaire, une demi-dizaine de membres du Cipher Pol téméraires avaient bravé leur frayeur pour lui prodiguer des aides de premiers secours. L'homme élégant au costume brun répondit poliment à l'interrogation du sniper, affaibli par la petite plaie sur le côté du crâne sur laquelle il continuait à presser sa main.

"Bien entendu. Monroe est... plusieurs criminels se réclamant d'un seul nom. Les meurtres sont tous connectés et ont fait beaucoup de bruit il y a quelques années de ça. Mais mis à part la même signature caractéristique à chaque crime et des modes opératoires parfois similaires, nous n'avions pour l'instant trouvé aucune preuve tangible."

Le coordinateur observa les trois corps inconscients en fronçant les sourcils, se nettoyant la gorge avant de soulever le point qui l'inquiétait.

"C'était la seule chose qui liait ces trois tueurs en série... jusqu'à maintenant. Je ne crois pas qu'ils aient déjà opéré ensemble. Certainement une première dans leur stratégie. De toute évidence, il y avait ici quelqu'un qu'ils souhaitaient particulièrement voir mort."

L'agent, qui n'en était plus à sa première fois quant aux tentatives d'assassinat ciblées, se contenta de hocher la tête et de garde contrôle de ses sentiments, de toute façon trop épuisé pour véritablement réagir. Une voix qu'il avait entendue il y a moins de deux heures le ramena au monde réel et lui rappela sa douleur aux organes internes, le conduisant à couvrir son ventre de sa deuxième main.

"Mesures de sécurité complétées au deuxième étage ! Les plus faibles sont sains et saufs !"

L'ex-officière aux cheveux blonds venait de surgir de l'encadrement de la luxueuse porte d'entrée, et de leur signaler que la situation était sous contrôle de son côté. Clifton se contenta de l'arrêter d'un signe de main et de lui reprocher son absence lors du conflit.

"Mademoiselle Endfield, enfin, pourquoi ne pas nous avoir donné un coup de main ? Nos deux promus auraient pu y rester !"

L'agente de catégorie I remarqua avec quelques secondes de retard la présence du membre honoraire du CP5 qui s'adressait à elle, et répondit d'un ton curieux à mi-chemin entre enjoué et agacé.

"Ah, c'est toi Willy ? Désolée, j'étais en train de régler la situation là-haut, ça va ! T'aurais fait quoi à ma place, hein ?"

Directory se tourna de nouveau vers Uzi, comme vexé par l'attitude de la jolie femme à son égard.

"Mademoiselle Endfield croit que je suis son employé personnel. Elle en oublie l'existence du pôle..."

La missionnaire à la sucette se volatilisa pour apparaître près des deux collaborateurs d'un Soru magistral et, accompagnant le dandy d'un certain âge dans son geste, aida le tatoué à se relever. Celui-ci parvint à rester debout après une courte minute de difficultés. Elle attrapa ensuite l'une de ses dreadlock, profitant probablement du fait d'enfin pouvoir l'examiner, et retira la sucrerie bâtonnée de sa bouche pour prononcer une phrase inattendue.

"Tsss, j'te jure. Première fois que monsieur Scorpio organise une petite soirée comme celle-ci, et quand enfin il se passe quelque chose de sympa je loupe déjà tout !"

Le sang de l'agent ne fit qu'un tour. Il fronça les sourcils, alarmé, et demanda expéditivement à l'ancienne gradée de la Marine de répéter exactement ce qu'elle venait de dire. Alors qu'irritée, elle lâcha ses cheveux et tenta de commencer à en découdre, c'est Clifton qui l'apaisa d'une main sur l'épaule. Il s'adressa à Uzi, l'invitant à partager ses doutes avec eux.

"Un souci, agent Uzi ?"

L'ancien armurier s'exécuta, pressé de comprendre dans quoi s'était-il embarqué.

"Lorsque j'en ai discuté avec lui, monsieur Scorpio m'a bien fait comprendre que cette célébration avait lieu régulièrement."

L'agente d'élite pencha la tête et fronça les sourcils à son tour, rangeant de nouveau la sucette à la cerise entre sa joue gauche et sa mâchoire.

"Quoi ? Mais, pourquoi il t'aurait dit ça ?"

Le coordinateur se passa la main dans les cheveux et en vint à une autre question qui méritait d'être posée.

"D'ailleurs, mademoiselle Endfield, où est-il ? L'avez-vous croisé à l'intérieur du bâtiment ?"

La jeune femme répondit d'un hochement de tête horizontal.

"Pas du tout. Je pensais même qu'il était dehors avec vous, d'ailleurs."

Manifestement gêné, Directory se contenta de pointer du doigt la solution la plus viable, à savoir de poser la question à celui qui avait passé le plus clair de sa soirée aux côtés du scorpion. Il se tourna vers l'endroit où il avait vu pour la dernière fois le Pacifiste se plaindre d'un ciment disparu depuis longtemps, mais ne l'aperçut nulle part.

René Réginald Scorpio et Platonische Liebe avaient disparu.

Le membre respecté du CP5, plus embarrassé que jamais, sourit pour la première fois, tentant de contrebalancer avec le flou de la situation devant l'agent à la peau brûlante sans y parvenir. Il se contenta de lui mettre une tape dans le dos, reprenant son air sérieux et professionnel comme il le pouvait.

"Écoutez, laissez-nous nous occuper de tout ça. Monsieur Scorpio est probablement juste rentré à la Terre Sainte. Dans tous les cas, je vous promets que nous allons tout faire pour mieux comprendre les événements d'aujourd'hui. Sur ce, agent Uzi, j'envoie le contrat à la base de South Blue dés ce soir pour que vous vous assuriez de tout lire à tête reposée. N'hésitez pas si un ou plusieurs points y sont un peu trop obscurs."

Clifton soupira, moins exaspéré par ce scénario tout droit sorti d'une conspiration que du mauvais impact qu'il pourrait avoir sur l'image qu'il donne de lui, et tendit au sniper un banal cahier de brouillon un peu abîmé. Il montra la couverture du doigt et s'expliqua.

"Page 49, ma fréquence escargophonique est inscrite dans le sens miroir. Je serais ravi de travailler avec vous sur une mission si l'envie vous prend, et que mon emploi du temps le permet."

Devant le regard jugeur et quelque peu jaloux de l'ancienne officière, qui n'était pas ravie que son "employé personnel" s'intéresse à un autre agent, l'homme au costume brun serra solennellement - bien qu'avec une pointe de sincérité - la main de l'ex-artilleur. Il demanda ensuite à deux membres des services secrets de l'escorter jusqu'au navire de la Marine supposé le ramener chez lui, puis à deux autres de contacter le service de nettoyage. Attendant que son nouveau protégé s'éloigne, il fit sortir la tête de son micro-escargophone de la poche inférieure de sa veste et composa une fréquence. Après une demi-sonnerie à peine, le correspondant décrocha.

~ Nous sommes en plein brainstorming, Clifton. Possible de rappeler plus tard ? ~

Le coordinateur se posa le pouce et l'index sur le menton et s'éclaircit la voix avant de répondre.

~ Je suis sur Shabondy, à une cérémonie organisée par Scorpio. Plusieurs choses sont arrivées. J'ignore ce qu'il se passe, mais ça ne présage rien de bon. Sois simplement prévenu... ~

Il marqua une pause, avalant sa salive, avant de continuer et de conclure son court appel par une simple dénomination.

~ ...Rei. ~
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