Salle du trésor, tour de l’horloge engloutie
"Achab vieille crevure, t’as toujours eu le don d’faire perdre du temps à tout l’monde. Tes conneries… Ta putain de théâtralité… M’demande bien l’énergie que t’as pu consacrer à bricoler toutes ces merdes… Probablement ça qui t’a achevé... Enfoiré ça fait plaisir… "
Droit, seul devant la grande porte d’acier qu’une explosion démoniaque avait fait sauter de ses gonds, le capitaine Némo était resté en retrait pendant que ses compagnons d’exploration s’engouffraient dans la caverne aux merveilles du défunt Achab. Une vive émotion l’avait saisi à la gorge. Chasseur de trésor, pilleur, explorateur du siècle dernier, le flibustier était mort en emportant avec lui l’emplacement secret de ses richesses, ne laissant à descendance et à son vieux camarade que de maigres indices. Des dernières volontés éparpillées : le souhait d’être cherché sans jamais être retrouvé.
Des années de recherche et d’entêtement plus tard, le deuil de Némo s’était transformé en frustration. Les larmes, le manque et la douleur s’étaient changées en colère.
Mais un coup du sort avait voulu que ce jour-là toutes les pièces du puzzle fussent réunies. L’intérêt commun pour la fortune perdue d’Achab avait rapproché de drôles d’explorateur, unis malgré leurs différents dans une chasse au trésor sous-marine qui se terminait dans les ruines de l’ancienne tour de l’horloge. La chance et le culot leur avaient fait franchir tous les obstacles, le vieux marin n’avait pas eu le temps de reprendre son souffle, mais maintenant qu’il était là, à contempler cet immense dôme, cette chapelle à la gloire des trophées de son plus vieil ami, il se sentait soulagé d’un immense poids.
"…J’ai tenu promesse. "
Il referma le médaillon qu’il tenait plaqué contre son cœur puis s’engagea à la suite de ses compagnons dans la contemplation passionnée de leurs découvertes. La cuistot de l’équipage marine prénommée Cook, cheveux rouges vifs et du genre à chercher les emmerdes, n’arrêtait pas de jurer devant les tas d’or qui s’amoncelaient un peu partout, décorés de joyaux étincelants, d’objets précieux ou plus communs mais d’une diversité complètement affolante. À la lumière de leurs torches –assez nombreuses grâce au pouvoir du fruit du passe passe - et des limaces phosphorescentes, le trésor brillait comme des centaines de soleil. Une collection de soieries d’Alabasta était pendue au squelette gigantesque d’une baleine qui traversait la cathédrale de part en part, des roues crantées, des engrenages et des pignons usés par le temps servaient d’étagères à une impressionnante et éparse bibliothèque, mais plus singulier était le grand sapin qui trônait au milieu de cette mer de trésor.
"Ça ferait un sacré beau mat, depuis le temps qu’il est là, toujours plein de vitalité tu t’imagines ?! Longtemps que je n’ai pas travaillé un aussi beau matériel, c’est pas du bois d’adam mais on s’en approche ! " s’était exclamé Alma en gravissant une des dunes d’or pour se rapprocher de l’arbre, poursuivi par sa blonde qui était aussi bien décidée à ce qu’ils discutent sérieusement de l’offre du gouvernement mondial qu’à ressortir la plus fortunée possible de cette aventure.
Un peu plus loin, Raphaël les regardait en souriant, enviant leur complicité et se jurant de revenir avec ses propres compagnons dès qu’il se serait débarrasser de la marine. Lui aussi avait envie de se jeter la tête la première dans cette océan d’or qui lui faisait complètement tourner la tête, mais il était encore tenu en laisse par la commodore Vasilieva et ne tenait pas à ce qu’elle lui reprenne le peu de lest et de liberté qu’elle avait daigné lui accorder. C’était par un affrontement avec la 346ème Carter que tout avait commencé, en essayant de fuir à bord du sous-marin du Capitaine Némo, le vert avait été victime du pouvoir du fruit des menottes et n’avait pas réussi depuis à se débarrasser de sa détentrice. En l’affrontant il avait toutes ces chances de se libérer, bien plus à présent qu’ils n’étaient plus dans l’espace confiné du Moby Bus, mais le moment n’était pas propice à un conflit. Plus il se faisait oublier, mieux ça vaudrait. Faire semblant de respecter les consignes de l’officière –que personne, elle la première, ne respectait- et garder un semblant d’illusion de contrôle par les mouettes, ça lui allait très bien.
Et d’ailleurs, il avait suffisamment de mains à sa disposition pour ne pas se limiter à toucher ce fantastique musée qu’avec les yeux. En plus des petits tas d’or qu’il se constituait discrètement en balluchons, des livres qu’il faisait apparaître devant lui et qu’il triait méticuleusement, sa dernière trouvaille consistait en un petit lot de boules décoratives rebondissantes aux couleurs de Noël. Dans sa sacoche s’amoncelaient déjà de nombreuses trouvailles qu’il se passerait bien de présenter à ses compagnons.
"Pssst… Merci pour l’aide… C’est quoi déjà ha ha… Rafaelo ? Non, j’ai la mémoire qui fume c’était pas tout à fait ça… " s’approcha gauchement le roi Minos, soutenant par sa musculature disproportionnée le gros caisson de rangement dans lequel il stockait sa récolte personnelle : pièces mécaniques et autres morceaux de ferraille qui pourraient servir aux réparations des sous-marins. Au même moment, une des invocations en forme de gant de cuir flottant relâchait une poignée de boulons dans la caisse.
"Raphaël. " lui répondit-il franchement, n’étant vraiment appelé Rafton Anderswag que sur son avis de recherche. " On fait ce qu’on peut, à quoi bon se charger si on a plus de quoi remonter à la surface ! Deux sous-marins ce ne sera pas de trop, vu comme vous étiez déjà serré dans votre boîte à sardine !
- Ha Ha ha ! Vrai, et ça me fait d’ailleurs penser à une bonne blague. Fine. Comme j’aime. Faudra que je vous la raconte avant qu’on revienne « aux » sous-marins, mais…" il prit le temps de vérifier que personne ne soit en train de les épier, de poser son caisson et de sortir un ample bonnet à pompom qui pendait à sa ceinture "Je viens de trouver ça au rayon lingerie, je le détricoterai bien pour en faire quelque chose de plus raffiné seulement… Qu’est-ce qui est écrit dessus ? " demanda-t-il l’air presque gêné, tapotant ses deux index l’un contre l’autre. Les railleries de la Sergente-Cheffe Cook sur son illettrisme ne l’avaient pas laissé de marbre ou peut-être était-ce le potentiel explosif de sa nébuleuse conquête qui lui intimait d’être prudent.
"Short cut.
- Gné ?
- Short cut, c’est ce qu’y a d’écrit. Comme un shortcut, un raccourci, un moyen d’arriver plus vite à ses fins ou de s’éviter une difficulté. Couper court, j’imagine que c’est un jeu de mot acceptable pour décorer un bonnet ?
- Mouais. T’as pas mieux niveau story-telling ? " lui répondit le grand homme dont le bras emplâtré faisait à peu de choses près sa taille, devant la mine déconfite de Raphaël il eut l'air déçu puis, repérant un gros morceau de mécanique à démonter de la façade, il lui balança le bonnet et s’éloigna "Garde ça de côté tu veux, je vais avoir les mains plein de cambouis, faut qu’on termine la première livraison de pièces détachées. Et puis faudra faire les sandwichs. Tiens tant que je suis avec vous, Commodore : salade, tomates, oignons, mayo allégée ? "
Laissant le semi-géant prendre les commandes pour la sergente-cheffe Cook, il rangea le bonnet dans sa sacoche, s’occupa de la livraison des pièces détachés d’un tour de passe-passe et recommença à jouer avec ses balles rebondissantes en admirant les lieux. Leur petite expédition était bien gratinée. De quoi s’étonnait-il après tout ? Il était sur la route de tous les périls et ici plus qu’ailleurs, les journées communes n’existaient pas, les rebondissements étaient nombreux.
Pensée tout aussitôt confirmée. Il s’arrêta brutalement, ses balles lui échappèrent et il eut un mouvement de recul. Son ancien capitaine braquait un fusil harpon sur lui.
"Némo ?... Qu’est-ce que ?... "
Le trait se ficha derrière-lui, empalant brutalement une petite créature humanoïde, les pupilles dilatées, pourvue d’écailles sombres, de branchies et d’une collerette tombante en guise de chevelure. L’homme-poisson lâcha son dernier souffle en même temps que le poignard avec lequel il s’apprêtait à frapper. Au même moment une des torches s’éteignit.
"En garde. Nous ne sommes pas seuls… "
Entrée sous-marine, tour de l’horloge engloutie
"Et voilà, le tour est joué ! " s’exclama la sergente Fhira Benett qui attendait avec impatience le premier arrivage, ne cachant pas son excitation à ses deux compagnons restés à l’arrière pour les réparations.
Eclaireuse de formation, la jeune mouette était la plus apte à se déplacer seule et rapidement dans ce genre d’environnement. Après avoir rejoint le groupe d’exploration, elle, sa supérieure, Raphaël et le Roi Minos s’étaient mis d’accord sur la logistique à mettre en place : elle assurerait la communication entre les deux groupes et les livraisons seraient facilitées par le pouvoir du vert.
Celui-ci n’ayant à une telle distance, qu’une maîtrise limitée de son environnement, elle avait joué les guides d’aveugle pour que la main gantée en lévitation arrive jusqu’à l’entrée sous-marine. Un signal escargophonique pour prévenir, un tour de main pour l’esbroufe et le caisson remplis de pièces de rechange était apparu. Aussitôt vidé, un autre signal et il avait pu être renvoyé.
La plongée dans les profondeurs de Clockwork Island n’avait pas été de tout repos, et s’ils pouvaient s’estimer chanceux d’être arrivés jusqu’ici vivants, leurs deux sous-marins avaient écopé de dommages très importants. Pour ne rien arranger, une gaffe du roi troglodyte avait donné l’occasion au Moby Bus, sous-marin du Capitaine Némo -curieusement le plus spacieux et le moins endommagé des deux-, de retourner à l’état sauvage emporté par des créatures sous-marines.
"Fini de jouer, maintenant on se retrousse les manches ! On a du boulot pour faire en sorte que ce tas de ferraille nous remonte tous à la surf- "
Une secousse coupa l’ingénieure. D’abord légère, elle fut aussitôt suivie d’une bien plus violente.
Des stalactites tombèrent et un nuage de poussière se souleva.
Une autre secousse et une paroi se fissura. Agitées, les deux marines se tournèrent vers la voûte rocheuse de laquelle semblait venir les perturbations. Les tremblements cessèrent, mais l’espace d’un instant elles crurent voir le plafond s’agiter comme un tissu qu’on déforme en passant à travers. Les pattes cliquetantes, la pince massive et la démarche caractéristique d’un crabe monstrueux qui naviguerait dans la roche.
Puis plus rien.
"J’ai un mauvais pressentiment... "
"Achab vieille crevure, t’as toujours eu le don d’faire perdre du temps à tout l’monde. Tes conneries… Ta putain de théâtralité… M’demande bien l’énergie que t’as pu consacrer à bricoler toutes ces merdes… Probablement ça qui t’a achevé... Enfoiré ça fait plaisir… "
Vernon J. Némo
Explorateur et ex-Capitaine du Moby Bus
Explorateur et ex-Capitaine du Moby Bus
Droit, seul devant la grande porte d’acier qu’une explosion démoniaque avait fait sauter de ses gonds, le capitaine Némo était resté en retrait pendant que ses compagnons d’exploration s’engouffraient dans la caverne aux merveilles du défunt Achab. Une vive émotion l’avait saisi à la gorge. Chasseur de trésor, pilleur, explorateur du siècle dernier, le flibustier était mort en emportant avec lui l’emplacement secret de ses richesses, ne laissant à descendance et à son vieux camarade que de maigres indices. Des dernières volontés éparpillées : le souhait d’être cherché sans jamais être retrouvé.
Des années de recherche et d’entêtement plus tard, le deuil de Némo s’était transformé en frustration. Les larmes, le manque et la douleur s’étaient changées en colère.
Mais un coup du sort avait voulu que ce jour-là toutes les pièces du puzzle fussent réunies. L’intérêt commun pour la fortune perdue d’Achab avait rapproché de drôles d’explorateur, unis malgré leurs différents dans une chasse au trésor sous-marine qui se terminait dans les ruines de l’ancienne tour de l’horloge. La chance et le culot leur avaient fait franchir tous les obstacles, le vieux marin n’avait pas eu le temps de reprendre son souffle, mais maintenant qu’il était là, à contempler cet immense dôme, cette chapelle à la gloire des trophées de son plus vieil ami, il se sentait soulagé d’un immense poids.
"…J’ai tenu promesse. "
Il referma le médaillon qu’il tenait plaqué contre son cœur puis s’engagea à la suite de ses compagnons dans la contemplation passionnée de leurs découvertes. La cuistot de l’équipage marine prénommée Cook, cheveux rouges vifs et du genre à chercher les emmerdes, n’arrêtait pas de jurer devant les tas d’or qui s’amoncelaient un peu partout, décorés de joyaux étincelants, d’objets précieux ou plus communs mais d’une diversité complètement affolante. À la lumière de leurs torches –assez nombreuses grâce au pouvoir du fruit du passe passe - et des limaces phosphorescentes, le trésor brillait comme des centaines de soleil. Une collection de soieries d’Alabasta était pendue au squelette gigantesque d’une baleine qui traversait la cathédrale de part en part, des roues crantées, des engrenages et des pignons usés par le temps servaient d’étagères à une impressionnante et éparse bibliothèque, mais plus singulier était le grand sapin qui trônait au milieu de cette mer de trésor.
"Ça ferait un sacré beau mat, depuis le temps qu’il est là, toujours plein de vitalité tu t’imagines ?! Longtemps que je n’ai pas travaillé un aussi beau matériel, c’est pas du bois d’adam mais on s’en approche ! " s’était exclamé Alma en gravissant une des dunes d’or pour se rapprocher de l’arbre, poursuivi par sa blonde qui était aussi bien décidée à ce qu’ils discutent sérieusement de l’offre du gouvernement mondial qu’à ressortir la plus fortunée possible de cette aventure.
Un peu plus loin, Raphaël les regardait en souriant, enviant leur complicité et se jurant de revenir avec ses propres compagnons dès qu’il se serait débarrasser de la marine. Lui aussi avait envie de se jeter la tête la première dans cette océan d’or qui lui faisait complètement tourner la tête, mais il était encore tenu en laisse par la commodore Vasilieva et ne tenait pas à ce qu’elle lui reprenne le peu de lest et de liberté qu’elle avait daigné lui accorder. C’était par un affrontement avec la 346ème Carter que tout avait commencé, en essayant de fuir à bord du sous-marin du Capitaine Némo, le vert avait été victime du pouvoir du fruit des menottes et n’avait pas réussi depuis à se débarrasser de sa détentrice. En l’affrontant il avait toutes ces chances de se libérer, bien plus à présent qu’ils n’étaient plus dans l’espace confiné du Moby Bus, mais le moment n’était pas propice à un conflit. Plus il se faisait oublier, mieux ça vaudrait. Faire semblant de respecter les consignes de l’officière –que personne, elle la première, ne respectait- et garder un semblant d’illusion de contrôle par les mouettes, ça lui allait très bien.
Et d’ailleurs, il avait suffisamment de mains à sa disposition pour ne pas se limiter à toucher ce fantastique musée qu’avec les yeux. En plus des petits tas d’or qu’il se constituait discrètement en balluchons, des livres qu’il faisait apparaître devant lui et qu’il triait méticuleusement, sa dernière trouvaille consistait en un petit lot de boules décoratives rebondissantes aux couleurs de Noël. Dans sa sacoche s’amoncelaient déjà de nombreuses trouvailles qu’il se passerait bien de présenter à ses compagnons.
"Pssst… Merci pour l’aide… C’est quoi déjà ha ha… Rafaelo ? Non, j’ai la mémoire qui fume c’était pas tout à fait ça… " s’approcha gauchement le roi Minos, soutenant par sa musculature disproportionnée le gros caisson de rangement dans lequel il stockait sa récolte personnelle : pièces mécaniques et autres morceaux de ferraille qui pourraient servir aux réparations des sous-marins. Au même moment, une des invocations en forme de gant de cuir flottant relâchait une poignée de boulons dans la caisse.
"Raphaël. " lui répondit-il franchement, n’étant vraiment appelé Rafton Anderswag que sur son avis de recherche. " On fait ce qu’on peut, à quoi bon se charger si on a plus de quoi remonter à la surface ! Deux sous-marins ce ne sera pas de trop, vu comme vous étiez déjà serré dans votre boîte à sardine !
- Ha Ha ha ! Vrai, et ça me fait d’ailleurs penser à une bonne blague. Fine. Comme j’aime. Faudra que je vous la raconte avant qu’on revienne « aux » sous-marins, mais…" il prit le temps de vérifier que personne ne soit en train de les épier, de poser son caisson et de sortir un ample bonnet à pompom qui pendait à sa ceinture "Je viens de trouver ça au rayon lingerie, je le détricoterai bien pour en faire quelque chose de plus raffiné seulement… Qu’est-ce qui est écrit dessus ? " demanda-t-il l’air presque gêné, tapotant ses deux index l’un contre l’autre. Les railleries de la Sergente-Cheffe Cook sur son illettrisme ne l’avaient pas laissé de marbre ou peut-être était-ce le potentiel explosif de sa nébuleuse conquête qui lui intimait d’être prudent.
"Short cut.
- Gné ?
- Short cut, c’est ce qu’y a d’écrit. Comme un shortcut, un raccourci, un moyen d’arriver plus vite à ses fins ou de s’éviter une difficulté. Couper court, j’imagine que c’est un jeu de mot acceptable pour décorer un bonnet ?
- Mouais. T’as pas mieux niveau story-telling ? " lui répondit le grand homme dont le bras emplâtré faisait à peu de choses près sa taille, devant la mine déconfite de Raphaël il eut l'air déçu puis, repérant un gros morceau de mécanique à démonter de la façade, il lui balança le bonnet et s’éloigna "Garde ça de côté tu veux, je vais avoir les mains plein de cambouis, faut qu’on termine la première livraison de pièces détachées. Et puis faudra faire les sandwichs. Tiens tant que je suis avec vous, Commodore : salade, tomates, oignons, mayo allégée ? "
Laissant le semi-géant prendre les commandes pour la sergente-cheffe Cook, il rangea le bonnet dans sa sacoche, s’occupa de la livraison des pièces détachés d’un tour de passe-passe et recommença à jouer avec ses balles rebondissantes en admirant les lieux. Leur petite expédition était bien gratinée. De quoi s’étonnait-il après tout ? Il était sur la route de tous les périls et ici plus qu’ailleurs, les journées communes n’existaient pas, les rebondissements étaient nombreux.
Pensée tout aussitôt confirmée. Il s’arrêta brutalement, ses balles lui échappèrent et il eut un mouvement de recul. Son ancien capitaine braquait un fusil harpon sur lui.
"Némo ?... Qu’est-ce que ?... "
*TCHAC*
Le trait se ficha derrière-lui, empalant brutalement une petite créature humanoïde, les pupilles dilatées, pourvue d’écailles sombres, de branchies et d’une collerette tombante en guise de chevelure. L’homme-poisson lâcha son dernier souffle en même temps que le poignard avec lequel il s’apprêtait à frapper. Au même moment une des torches s’éteignit.
"En garde. Nous ne sommes pas seuls… "
***
Entrée sous-marine, tour de l’horloge engloutie
"Et voilà, le tour est joué ! " s’exclama la sergente Fhira Benett qui attendait avec impatience le premier arrivage, ne cachant pas son excitation à ses deux compagnons restés à l’arrière pour les réparations.
Eclaireuse de formation, la jeune mouette était la plus apte à se déplacer seule et rapidement dans ce genre d’environnement. Après avoir rejoint le groupe d’exploration, elle, sa supérieure, Raphaël et le Roi Minos s’étaient mis d’accord sur la logistique à mettre en place : elle assurerait la communication entre les deux groupes et les livraisons seraient facilitées par le pouvoir du vert.
Celui-ci n’ayant à une telle distance, qu’une maîtrise limitée de son environnement, elle avait joué les guides d’aveugle pour que la main gantée en lévitation arrive jusqu’à l’entrée sous-marine. Un signal escargophonique pour prévenir, un tour de main pour l’esbroufe et le caisson remplis de pièces de rechange était apparu. Aussitôt vidé, un autre signal et il avait pu être renvoyé.
La plongée dans les profondeurs de Clockwork Island n’avait pas été de tout repos, et s’ils pouvaient s’estimer chanceux d’être arrivés jusqu’ici vivants, leurs deux sous-marins avaient écopé de dommages très importants. Pour ne rien arranger, une gaffe du roi troglodyte avait donné l’occasion au Moby Bus, sous-marin du Capitaine Némo -curieusement le plus spacieux et le moins endommagé des deux-, de retourner à l’état sauvage emporté par des créatures sous-marines.
"Fini de jouer, maintenant on se retrousse les manches ! On a du boulot pour faire en sorte que ce tas de ferraille nous remonte tous à la surf- "
Une secousse coupa l’ingénieure. D’abord légère, elle fut aussitôt suivie d’une bien plus violente.
Des stalactites tombèrent et un nuage de poussière se souleva.
Une autre secousse et une paroi se fissura. Agitées, les deux marines se tournèrent vers la voûte rocheuse de laquelle semblait venir les perturbations. Les tremblements cessèrent, mais l’espace d’un instant elles crurent voir le plafond s’agiter comme un tissu qu’on déforme en passant à travers. Les pattes cliquetantes, la pince massive et la démarche caractéristique d’un crabe monstrueux qui naviguerait dans la roche.
Puis plus rien.
"J’ai un mauvais pressentiment... "
Dernière édition par Raphaël Andersen le Mar 16 Mar 2021 - 22:21, édité 3 fois