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Convoi 05 - Rope o'Cop

Loin du formidable et majestueux déploiement de force d'une flotte en marche, le Chacal du Commandant Groar Roddower n'est pas la pour convoyer des prisonniers vers leur exécution.

Oh bien sur, il est aussi la pour ça. Et la tripotée de pirates qui sont enchainés à fond de cale sont clairement des types qui ne méritent que la mort. Kazoku D. Souchou, surtout connu maintenant pour être le père d'un des pirates les plus sanguinaires de l'équipage de feu Mantle Shoma, et être tout aussi fou que lui. John Bronze dont le surnom de boucher se passe de commentaires, et enfin la montagne de muscle qui se fait appeler Vent de L'ouest, dont il n'a pourtant ni la légèreté ni la douceur.

Mais le vrai objectif du commandant Groar n'est pas de transporter des pirates, mais bien d'en attirer d'autres. D'en attirer d'autre vers ce petit convoi, vers cet unique bateau et ses quelques centaines de marins d'élites.

Vers cet appât empoisonnée qui se transformera en piège dés qu'un pirate aura mordu !

Car au delà de l'unique navire de guerre, tapi sous la surface, le grand timonier en personne a décidé de s'assurer que le convoi arriverait à bon port.
    Claquant férocement au vent, le cercueil silencieux annonçait notre approche. Surplombant la tempête furieuse depuis la cime du grand mât, l’étendard peu engageant dépeignait l’aspiration des braves osant s'y confronter. Les Faucheurs étaient de sortie ! Noyées sous les successions de lames glacées, ils mangeaient doucement mais surement l'avance du convoyeur isolé. Le fuyard avait choisi de venir s'enterrer dans la mer déchainée du Maelstrom. Les masses nuageuses happées par son sillage se tordaient dans un fracassement de tous les diables, irradiant l’épais couvert de zébrures menaçantes. Sous les claquements soudains des cieux, les eaux voraces bouillonnaient. La tentative d’échappement éprouvait les hommes du pont mais le défi ravissait mon âme de forban. Tenter le pire pour atteindre le mieux ne manquait pas de louanges. J’étais le chasseur traquant sa proie, mais les rôles inversés m’auraient conduit à entreprendre la même manœuvre. Alors qu’un nouveau creux aspiré la vieille embarcation pour mieux l’engloutir, jamais je n’aurais pu espérer un meilleur débourrage pour le Helhest !

    Bravant les éléments, l'équipage de raclures s’acharnait sur les cordages sans rien lâcher. Le navire avait beau craquer de toutes parts, il tenait la cadence. Le gain de vitesse pesait sur sa stabilité, ce qui obligeait les hommes à redoubler d’efforts et d’attention. Malgré le rodéo, les enfants de la mer restaient en selle. Trempés, ils passaient d’un bord à l’autre d’un pas chaloupé sans jamais quitter les fixations. Épousant les vagues pour mieux accompagner le mouvement, ils remplissaient le contrat. Une engeance de fond de caniveau pêchée sur Dead End n’existant que la haute mer attente. Des regards mauvais fusaient mais qu’importe. C’est aujourd’hui aux précipices de la vie qu’ils se révélaient à la hauteur de mes attentes. L’étape suivant pouvait commencer. Beuglant dans la tempête, j’entrais en scène.

    - Armez le canon !

    L’unique canon du pont avait été positionné sur un sabord du tribord, autour le maître-canonnier s’échinait à charger le crache mort de poudres encore sèches. Le temps était compté avant qu’une nouvelle vague vienne tremper la tentative. Un grognement racla.

    - Armé ! Paré à envoyer !
    - Hé hé.. Te loupe pas ! Dégomme-moi ce fils de chien !

    Alors que je prenais la direction de la proue, une détonation m’arracha les tympans pendant que fusait le boulet sans que les eaux démontées permettent de mesurer la réussite. Le navire marine continuait de voguer à l’avant, le colis était à destination de confrères peu scrupuleux sur les convenances. Il faut dire qu’on n’était pas les seuls à faire la cour au convoyeur de prisonniers. D’autres nous talonnaient avec la même fougue. Le tir n’était qu’un avertissement, une invitation à prendre le large pour l’un des poursuivants, servant d'écho pour les autres. Le manque de budget avait obligé de voir à la baisse l’armement. Trois autres boulets attendaient leur envoie et pas un de plus. L’échange en mer exclu, seul l’abordage était envisageable à cette heure. Tirer le premier avait le mérite de tromper un temps sur notre capacité de feu, tout en marquant sans ambigüité notre volonté à prendre possession du bâtiment traqué.

    Si la promesse d’une richesse garantissait l’engouement du bord, l’arraisonnage avait principalement l’objectif d’inscrire dans les journaux le nom du Cavalier. De la renommée découlerait de nouvelles opportunités pour l’équipage naissant. Les prisonniers libérés n’allaient pas rapporter le moindre berry mais mon regard portait sur le long terme. L’attaque des précédents convois avait gagné toutes les mers. Le doute sur l’entreprise était cependant palpable. Des râlements, grognements ponctués les mis-clos. A mesure que je remontais le pont en m'appuyant sur la faux, ils se taisaient en de noirs regards. L’un des plus confiants me cracha aux basques alors qu’une nouvelle vague nous écrasa. Ces hommes à l’esprit libre ne suivaient pas aisément les ordres d’un vieillard rapiécé sorti de nulle part. Je les savais entrain de me jauger autant que je le faisais. Souriant au mutin en devenir, je frappai négligemment son dos de la paume pour l’aider à cracher la tasse. Se retrouvant à quatre pattes le gredin manqua de se faire emporter par la vague suivante. M’esclaffant de la mésaventure, j'atteignis le ponton avant. Sans quitter leurs tâches, les hommes me portaient leur attention. La tempête déchainée couvrait à peine ma voix maintenant Le Chacal à portée.

    - Nous y sommes sacrés veinards ! Le moment de faire vos preuves est venus ! Plus que deux brasses avant de déchainer les sept enfers sur le rafiot ! Et à nous le butin ! Pas de quartiers pour la bleusaille, on prend ce qui nous revient par le droit du Code et on repart vissa se mettre au sec. Libérez des chaines toutes les bonnes âmes prêtes à rejoindre nos rangs et laissez les autres croupir par le fond ! Vous avez entendu !!!
    - OUI !
    - Alors préparez vous ! ON ABORDE !!


    Dans le feu de l'action peu de place était laissée aux discussions. L'ordre était simple et les gaillards ne pouvaient discuter une prise de risques sans perdre la face. Joignant les actes à la parole, je glissai une main dans les plies de ma soutane afin de dévoiler la blancheur de mes mollets. Un bref élan envoya ma carcasse de l'autre bord dans un grand cri, les deux pieds joints en avant. Alors qu'ils se posaient en premier sur le pont ennemi, une question germa. La question devint doute. Pourquoi n'avait on subi aucun tire des marines ?!
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    Si le premier convoi avait été une aubaine, les autres représentaient un danger potentiel. C'était du moins ce que je me disais. Ces appâts jetés au milieu de l'océan, à la merci des pirates, petits comme gros poissons, devaient bien servir un objectif pour le Gouvernement Mondial. Restait cependant à savoir lequel car à nous se présentait cette fois-ci un simple navire, un seul, qui ne payait pas de mine et comportait pourtant à son bord tout un tas de raclures, le commandant d'élite pour commencer.

    Je savais que je ne pouvais espérer un coup d'éclat similaire au premier, d'autant plus que je n'étais pas première sur la liste : un autre vaisseau avait fait son entrée et commencé les hostilités, de l'autre bord de l'ennemi. Celui-ci avait commencé à tourner sur lui-même pour lui montrer son flanc, probablement dans le but de représailles, mais en ce-faisant ignorait notre présence.

    « - Bien, cette fois-ci il va falloir se battre pour le butin. »

    Je n'avais pas vraiment idée des crapules qui pourrissaient dans la cale ; il était même certain que je ne pourrais jamais tomber sur des hommes comme ceux que j'avais trouvé. À présent, une véritable discipline régnait à bord tout autant qu'un esprit d'équipe commençait à se former. Les hommes les moins aguerris rattrapaient les plus expérimentés et donnaient l'idée d'un groupe de pirate puissant où se démarquaient certaines têtes plus que d'autre, mais dans l'humilité.

    « - Peut-être devrions-nous les laisser faire tout le boulot à notre place ? » répondit Angelica, à mes côtés.

    « - Et zapper toute la partie amusante ? Hors de question. Nous allons forcer le navire de la Marine à tenir un abordage sur deux fronts.

    - Ce sera un chaos sans nom.

    - Ce sera un vrai acte de piraterie. »

    La peur. Une arme pour le GM, probablement la plus puissante, et nous en étions les instruments. Ce genre d'opération était ce qui faisait la une des journaux. Mais c'était aussi ce qui faisait notre renommée ; nous n'avions d'autre choix que de vivre dans l'ombre des braves gens. En réalité, c'était la société voulue par les Étoiles qui faisait de la plupart d'entre nous des criminels.

    « - Parés à l'abordage ! » signai-je tandis que le navire fendait les flots vers l'ennemi, dont la masse à bord évoluait à présent vers notre côté aussi. « Tribord toute. Ouvrez les écoutilles ! »

    Comme d'habitude, Angelica devinait mes ordres avant que je les ai émis. La manœuvre se fit de la façon la plus fluide possible. Les six écoutilles de la cale s'ouvrirent simultanément. Derrière elles, des bouches de feu firent leur apparition, s'avançant sur leurs rails jusqu'à l'ouverture. Sur le pont, deux autres canons roulèrent jusqu'au bastingage.

    « - Canon prêts à faire feu... Feu ! »

    L'odeur de la poudre était omniprésente. Un court silence frappa l'équipage, avant que les détonations ne surviennent pratiquement toutes en même temps. Les boulets volèrent, les masures du navire-prison chutèrent et des éclats de bois jaillirent dans toutes les directions. Nous avions triomphé par notre rapidité : leur artillerie avait dû être suffisamment touchée pour être hors-service et manquer de répondre à temps.

    « - Lancez les grappins ! » tonnai-je tout en posant une botte sur le bastingage, poignards en main.

    Alors, comme les cordes faisaient le lien entre les deux vaisseaux, je sautai de l'autre côté pour empêcher l'ennemi de les sectionner, balayant d'une lame d'air chargée en vibration tout le flanc droit du croiseur. Un doute s'empara soudain de moi, comme je remarquai la tenue misérable des soldats qui nous faisaient face, tremblotants, rachitiques. Maladifs, c'était le mot. Une odeur pestilentielle avait succédé à celle de la poudre et je la reconnaissais entre mille : mon haki m'informa rapidement de la présence d'un charnier dans la cale où des dizaines de corps pourrissaient à présent, emportés par une maladie que le médecin de bord n'avait probablement pas su traiter. Seules quelques âmes demeuraient, immunisées ou mourantes ; la plupart terrorisées à fond de cale.

    Merde, nous venions de tomber sur la barque de Charon.

    « - Restez où vous êtes ! Ce navire est dévoré par la variole ! » hurlai-je tout en détachant un premier grappin et en pointant l'une de mes lames sur l'acrobate le plus preste, lui signifiant de faire demi-tour.

    Le constat frappa les autres boucaniers à rebours, alors qu'ils continuaient à se déverser sur le pont sans rencontrer de véritable résistance. Je lus dans le regard de leur capitaine, un homme à l'allure cadavérique, qu'il avait deviné en même temps que moi ce qu'il s'était passé ici. Mais il n'avait pas su agir à temps.
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    Tout s'est passé très vite tandis que mes doppiosters et moi-même nous tripotions la bite métaphoriquement, au chaud dans la Fun House, lorsque l'ennui t'étreint tu finis par faire des choses stupides, comme lire des journaux pour te renseigner sur le monde et la façon dont le monde creuse et quelle profondeur va atteindre la tombe du monde,

    -Oh ! Alors ça m'sieur Doppio, ça me troue !
    Tu lis les journaux Jean-Claude ? J'ignorais que tu disposais de cette compétence !
    Je sais lire depuis mes 25 ans, m'sieur Doppio.
    Je suis scié ! Tu m'as scié, Jicé.
    Figurez vous, m'sieur Doppio, que le gouvernement va envoyer plein plein de révolutionnaires à l'abattoir, qu'il transporte sur les mers à bord d'immenses cages en bois. J'imagine toute cette viande grise se perdre dans des exécutions sommaires accomplies par des amateurs, et ça m'emplit d'une immense tristesse.
    A l'abattoir... Hmmm...
    -Oh ! M'sieur Doppio réfléchit !
    Chut ! Laissez réfléchir m'sieur Doppio !

    Ensuite on est tous ensemble allés au port chopper le premier bateau qui passe, j'en ai trouvé un plutôt cool d'un bois légèrement rosé, il appartenait à des pirates ou à des révo' je sais plus, en tout cas il est à moi maintenant, et je l'ai baptisé Anasthase-Pierre Valjean, une référence à un gladiateur que j'ai buté il y a fort longtemps dans l'arène et qui ressemblait à un bateau.

    J'embarque quelques doppiosters, dont ce bon Jean-Claude, mon ami cannibale aux moeurs légères et à l'estomac plein à craquer de friandises. Les autres sont des jeunes recrues dont je veux éprouver le cran ! En bataille navale si tu perds tu tombes à l'eau puis tu meurs, c'est complètement antijeu. Mais j'ai jamais essayé, si ça se trouve je vais me découvrir une passion !

    ***
    Ok ! Tirez !

    Et là, t'as le boulet qui part, et le canon qui explose, arrachant une main à Grego. Tout le monde éclate de rire, sauf la main de Grego, qui éclate tout court ! Le gag fonctionne.

    C'était une blague, j'avais mis un tonneau de poudre entier dans le canon.
    Hahaha j'en peux plus !
    C'est l'arroseur arrosé !
    Oui hahaha je crois que je vais tomber dans les pommes...

    Comme la blagounette, le boulet fait mouche, part soulever de la flotte quelques centaines de mètres plus loin, en pulvérisant au passage un albatros. Joli tir ! Dire que des gens font des études pour ça, alors que l'astuce réside dans la quantité de poudre, et dans la quantité d'amour que tu investis lorsque tu allumes la mèche.

    L'explosion a arraché un bon quart du pont, et a abimé les deux autres seuls canons qu'on a trouvé à bord, mon navire a une sale gueule maintenant, au pire on ira s'incruster sur un autre, c'est fait pour ça non ? Tu jettes ton bateau comme un mouchoir usagé, c'est que du matériel de toute façon tout ça, du matériel volé en plus, on s'en tape.

    -Vous avez vu ? On est pas les seuls à attaquer m'sieur Doppio !
    Des pavillons pirates ? Pourquoi voudraient-ils libérer des révolutionnaires ?
    -C'est sûr sûr sûr que les prisonniers sont des révos ?

    Alors déjà chaque chose en son temps. C'est qui les marines déjà ?

    Les marines c'est ceux qui ont les mouettes c'est ça ?
    Oui, tout à fait. Votre connaissance approfondie de l'ennemi vous honore, m'sieur Doppio.
    Remarque qu'il y en a qui auraient pu se déguiser en navire pirate pour se fondre dans la masse !
    -Vous pensez qu'ils feraient des choses aussi éthiquement discutables ?
    -C'est pas le genre de la marine !
    Dans le doute on va aborder celui au milieu là-bas ! Vous voyez ?

    Je le pointe du doigt, ce gros navire ridicule. Il se fait saucissonner par les grappins des pirates, c'est une position compromettante. Y a plus trop d'agitation là-dessus, par contre, j'espère que ça repartira de plus belle lorsqu'on se sera rapprochés, j'aimais bien l'idée des explosions, des brûlures au 3ème degré, des furieux avec du haki et tout et tout. Mais là il se passe rien, on dirait, ça m'inquiète pour la suite...

    -Ça se fait d'aborder un navire qui se fait déjà aborder par quelqu'un d'autre ?
    -Ouais ? C'est pas, genre, impoli ?
    Les marines sont les méchants dans ce conte de fée qu'on écrit tous ensemble, on s'en fout de tout ça. On va tous taper dessus, et ça va tous nous rendre potes.
    -Comment on aborde un navire m'sieur Doppio ?
    On va leur foncer dessus à toute berzingue, ils verront rien venir.
    Mais si on coule, avec votre fruit, vous finirez mangés par vos confrères poissons. Et si quelqu'un doit vous manger un jour, ça doit être moi, on était d'accords, m'sieur Doppio.

    J'ai des branchies mon pote, au pire je ferai une Craig Kamina et je me taperai un gentil coma tout en me laissant dériver au gré des courants, ou alors je filerai la chiasse à un roi des mers gourmand avec un peu de pot.

    Jicé, voyons... Je suis déjà mort trente-neuf fois cette semaine ! Et je vise un nombre rond, tu vois le truc ?
    Bon ! Vous maîtrisez déjà la situation à ce que je vois ! Parfait !
    -A toute berzingue !!
    En criant très fort. Criez tous très fort.
    A L'ABOOOOORDAGE !
    Oui comme ça, c'est très bien.

    Ces gens se font déjà aborder par deux autres équipages sur des navires rutilants. T'en as un qui l'est particulièrement, rutilant, avec un petit aspect pue la mort très chatoyant, j'espère qu'il est aussi accueillant qu'il en a l'air, je voudrai faire l'after chez eux... C'est vrai non ? Ces évènements, ça transforme des étrangers en meilleurs amis, et puis ça peut permettre de retrouver de vieilles connaissances aussi, qui sait...

    Bon moi par contre j'ai pas attrapé le rafiot le plus puissant de la portée ! J'aurais du en piquer un meilleur. Regarde comme il se traîne le cul. Ou bien c'est parce que mes copains savent pas le manoeuvrer, ils jouent avec les voiles et le gouvernail au pif, on avance en zig zag depuis qu'on est partis du port... On va percuter frontalement le vaisseau de la marine, mais à cette vitesse, ça va juste faire "poc" et ça va être très triste et décevant.

    Donc en attendant qu'on se soit un peu rapprochés, je pars ouvrir quelques tonneaux de poudre à canon supplémentaires dans l'idée d'en expérimenter les effets lorsqu'on s'en introduit dans le nez, dans la bouche ou encore dans d'autres orifices moins accessibles ! Plaisir et bagarre.

    A L'ABORDAAAAAAGE !

    Mes amigos continuent à se crever les poumons ! J'aime cet enthousiasme.

    Ils devraient avoir le même, les pirates, à mordiller les genoux des marines comme les gentils chienchiens qu'ils sont. Pourquoi j'entends aucune mélodie de bagarre ? Y a zéro ambiance dans tes petites fiestas, gouvernement mondial, c'est pour que ça que tout le monde veut te renverser.
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    - Tranchez dans le lard ! Ne les laissez pas vous approcher !!

    L'odeur de pestilence prenait à la gorge. Tel un troupeau de zombies aliénés, des silhouettes putréfiées s'étaient trainées à notre rencontre sitôt le pied au plancher. Les jambes flageolantes les portant à peine, rampant pour certains, ils avançaient bras tendus... Armés du seul espoir d'être secouru, ils progressaient lentement mais surement vers les nouveaux venus. L'articulation rendue difficile, seuls des suppliques étouffées s'entendaient. Une véritable vision d’horreur. Rien n’était pire en mer que de tomber sur un vaisseau de souffreteux. La masse avide de brigander se pressant dans le dos me poussait en avant. Il fallut une bordée de canons pour renverser le jeu de quilles. La secousse secoua tous les ponts dans un nuage de débris. Manquant de peu de me faire arracher un morceau, je déviai l’un des boulets d’un revers. Au milieu du chaos le spectacle n’était pas jouasse,  mais ce temps me permit de mieux discerner la situation. Un cri souleva mes doutes. Une saloperie de variole…

    Une blanche corneille venait de débarquer et refourguait ses hommes en arrière. Les moribonds les plus vifs et les plus proches, déjà sur jambes prêt à étaler leurs miasmes, goutèrent à un passage de faux. Les chaires volèrent, le sang se mélangea à la pluie.. à distance de nous pour l’instant encore. Se joignant à mon appel, le cliquetis des armes s’entendit derrière moi et une seconde vague fut fauchée sous le déluge de balles. Une certaine hésitation parcourut le rang des condamnés. Une sortie s’entrouvrit alors. Gueulant pour percer le silence de la tempête, je dirigeai mon doigt crochu droit devant moi. La serre squelettique à peine dépliée attira les regards craintifs. La soutane usée balayée par le vent et les eaux, mon ombre sembla s’étendre.

    - Sales chiens galeux ! Approchez pas !! Rien ne vous attend de ce bord ! Si vous êtes assez cons pour espérer un remède, allez plutôt voir de l’autre si j’y suis !! Hé hé !

    Un à un les yeux pochés à la pustule se tournèrent lentement dans la direction du doigt jusqu’à se stopper à la donzelle isolée. Pensifs, ils revinrent de nouveau sur moi contempler ma bouille d’ange et les mines patibulaires de ma suite de chérubins à barbes. Certains frémirent. J’englobai les spectateurs de mes prunelles vides, prisonniers des deux puits palots j’attendais leur décision. Malgré le ton de ma voix, je ne ressentais aucune animosité pour ces âmes malmenées. Un profond détachement et une promesse de trépas étaient tout ce que j’avais à leur offrir. Au porte de la Mort, une frousse les gagna à s’approcher davantage d’un damné. L'aura ténébreuse les avait déjà gagnés. Ils bifurquèrent sur leurs talons et chargèrent la pirate d’un même bloc. Un regain d’énergie naquit du mélange de peur et d’espoir. Sortant de l’ombre où il se tapissait, le lieutenant Kazoku bondit à la tête du troupeau désireux de vivre. Le tueur de femme n’accepterait jamais de mourir avant d’avoir tué ses enfants. Une montagne de muscle le suivait de prêt. La masse grouillante avait beau sembler sous perfusion d'un cocktail multivitaminé, Bonny ne broncha pas.

    - Dites Capitaine, vous dit pas quelque chose sa tête ?
    - Hum.. T’être bien… On les laisse passer d’abord puis on ira ramasser ce qu’y a sur le navire de la demoiselle. Se peut qu’on ait de bonnes surprises hé hé…


    Quelques secondes plus tard, je sentis une patte se poser sur mon épaule. La masse velue du quartier-maître glissa un marmonnement à mon oreille.
    - Euh dites Capitaine, s’entendez quoi par aller sur son navire ? Les gars et moi on se demandait..
    - Hum.. Oubliez on s’approche pas de ce machin, on remballe hé hé..
    - Hip Hip Hip ?!
    - A L'ABORDAAAAAAGE !
    - Hahaha ! Très bien !
    - ... ?
    - A l’abordage, à l’abordage, à l’abordagggeeeuhh ! ♫
    - ... ?!
    - Aaaborrdageuh !
    - Par une morte couille ! C'EST LE FIGHT CLUB ?!!


    Chantant l’hymne de l'abordage une nouvelle troupe entrait en scène. De joyeux frappadingues aux crânes durs. Ils rejoignirent les festivités en frappant tout ce qui était à portée sans distinction. Alliés comme ennemis inconnus. Les faucheurs aux premiers loges rendirent les coups mais rapidement le pont se transforma en une foire à l'empoigne. Totalement désarmé devant les événements, je sentis un rire euphorique monter. Cette sortie se révélait finalement au-delà du fiasco et de mes attentes. Le repli perturbé, je serrai l'hampe de mon arme et rejoignis la mêlée générale. Advienne que pourra !


    ***


    De l'eau bouillonnante, une tige métallique perçait en toute discrétion la surface. Le périscope rutilant ne manquait rien de la scène se jouant plus haut. Le plan A suivait son cours. Le commandant Groar aux manettes libéra un sourire carnassier...
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    Les retournements de situation s'enchaînaient. Si les soldats qui lui faisaient face n'étaient pas morts, ils n'étaient certainement plus vivants non plus. Certains mastodontes se démarquaient du troupeau, mais tous avaient en commun la même et unique folie qui les poussait à se ruer dans ma direction. L'indication venait de l'équipage adverse qui avait bien saisi l'occasion, je le reconnaissais, de dévoiler là où le déséquilibre des forces semblait le plus logique.

    À ceci près qu'ils se trompaient, et pas qu'un peu.

    « - Lys de vent, » murmurai-je en balançant prestement ma jambes dans un arc de cercle pratiquement artistique.

    La volupte s'arrêtait là, cependant, laissant place à l'horreur pour ceux qui se trouvaient sur ma direction. La lame d'air couvrait une étendue à cent-quatre-vingt degrés et faucha le troupeau comme des épis de blé. Pour rajouter au gore de la scène : les plus proches eurent le moins de chance, goûtant au plaisir d'être sectionnés en deux. Le courant d'air dû même faire frémir le bout du nez des pirates de l'autre bord.

    Une seconde, c'était tout ce qu'il avait fallu pour mettre le gros de l'ennemi à terre. Je ne prenais aucun plaisir à abattre des malades, mais je n'avais pas le choix si je devais les conserver à distance. De la trentaine d'hommes qui m'avaient fondu dessus, une poignée survécurent ou restèrent suffisamment conscients pour continuer à me tenir tête, se maintenant à présent à distance respectable. Face à moi, un homme à la mine patibulaire, avec une lueur dans le regard que je reconnaissais bien, me jetait des regards incendiaires.

    De l'autre côté du bastingage, les hurlements s'intensifiaient ; je commençais à les percevoir malgré mon attention rivée sur les pestiférés.

    « - Je ne serai votre ennemie que si vous m'attaquez...

    - À l'abordage ! À l'abordage !

    - ...je n'ai pas l'intention de faire de vieux os ici de tou...

    - À L'ABOBO, À L'ABOBO, À L'ABORDAGE !

    - Mais bordel on peut même plus s'entendre pens-

    - A L'ABORDAAAGEUUUUUH »

    Ils surgirent de nulle part, sans prêter attention à quoi que ce soit. Pas plus aux soldats malades qu'au carnage que je venais de causer ou bien à la rivalité naissance entre les deux équipages pirates qui se faisaient face. Je n'avais clairement plus aucune idée de ce qu'il était en train de se passer, mais je savais que ça ne présageait rien de bon.

    Criant comme des gorilles, les hommes aux accoutrements grotesques ne perdirent pas de temps une fois hissés sur le pont pour sortir leurs lames et se mettre à tirer ou trancher tout azimut, dévorant parfois leurs opposants comme des... Puis je sus à qui j'avais à faire dès lors que je le vis débarquer, au commandes de tous les olibrius. Il se délectait de la cacophonie et de l'instabilité ambiante qui venait de gagner un cran sur le navire-prison.

    « - Craig Kamina ! »

    Peut-être le meneur des scrofuleux crut-il que le moment était opportun pour m'attaquer, croyant que j'avais perdu toute concentration et que mon regard ne serait plus occupé que par mon ennemi juré. Il n'en était rien pourtant. Élancé dans ma direction, il tenta de me fendre en deux mais ne rencontra qu'un Lys de Roche invulnérable, sur lequel il martela bêtement jusqu'à comprendre : son Haki n'était pas au niveau. Abandonnant ma rigidité, je lui renvoyai l'ascenseur en une pointe de la rotule portée au ventre ; il esquiva et tenta un estoc, éructant lorsqu'il crut m'avoir atteinte. Mais je n'étais alors qu'une enveloppe flexible ; je pouvais lui faire toute la panoplie du Rokushiki. De rage, il perdit sa concentration et je vis une ouverture lorsqu'il essaya d'asséner verticalement son épée pour me fendre en deux dans un coup impulsif : probablement la maladie qui devait lui avoir bousillé les méninges. Je détournai alors sa tranche sans la moindre forme de procès, le laissant finir dans le bois du bastingage, et lui balançai mon talon dans la figure.

    « Perce-Neige ! »

    La sphère de vibration acheva de transformer la boite crânienne de l'officier en bouillie, lui promettant en supplément un catapultage propre et net dans la flotte, à une bonne vingtaine de mètres du navire. Sans le savoir, je venais d'abattre le père d'un des lieutenants de Mantle Shoma, une pointure de la piraterie. Profitant de l'énergie libérée par le mouvement, je me propulsai alors en direction du révolutionnaire, poing en avant, prête à frapper à nouveau.

    « - KAMINAAAA ! »

    ***

    « - Étrange, on dirait que quelque chose l'a salement énervée là-bas, » dénota la cornue tout en regardant le regard du soldat flotter à la surface de l'eau, inerte.

    « - Impossible à dire, c'est le véritable bordel à bord. Peut-être un sale coup de la Marine ?

    - Ouais mais quand même, pour la mettre dans ces états là... »

    Tous les hommes étaient sur le pont et regardaient pour la première fois le déferlement de puissance dont le capitaine faisait usage. Il n'était plus question de faire dans la demi-mesure ; à ce moment précis, bon nombre se réjouissaient d'être du bon côté. Sur le gaillard d'arrière, Karen et Angelica devisaient calmement en regardant la mer, comme si de rien n'était. À deux reprises, quelque chose accrocha le regard du rat de bibliothèque qui s'était penchée pour mieux voir.

    Non, décidément, elle n'avait pas rêvée. L'onde se produisit une troisième fois et elle put correctement discerner ce qui se cachait sous la surface bleutée. Ses yeux s'écarquillèrent et elle eut aussitôt le réflexe de porter son poignet à sa bouche pour dévoiler l'escargophone qui l'ornait. Il lui sembla qu'on décrocha à l'autre bout du combiné et même si elle était dans l'incapacité de savoir si son capitaine l'écoutait réellement, elle hurla désespérément :

    « - ELEANOR, C'EST UN PIÈGE, LE VÉRITABLE ENNEMI EST TAPI SOUS LA SURFACE ! »
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    Regarde Jicé comme Elizabeth a broyé la patate du bonhomme là-bas ! Un vrai jukebox de violence gratuite, j'adore l'écouter chanter... Le Fun est à notre porte et il toque très fort.

    Je participe pas au spectacle : je suis juste assis sur le rebord de mon fier navire et je me laisse régaler de tout ces bons petits plats de viande pétrie et de pustules éclatées... T'as Elizabeth tu vois qui produit des genres de vibrations... Elle émet des good vibes, les âmes tremblent et les os se brisent... Elle fait vibrer mes copinous, certains sont rentrés en transe, ils essayent de s'interposer pour goûter une ou deux ondes de choc, ils meurent en étant au bon endroit au bon moment, eh oui ça arrive...

    Comment je sais qu'elle s'appelle Elizabeth ? Craig a laissé traîné des affaires dans ce cerveau. Dès que je l'ai vue, son nom est arrivé, pouf, il est tombé du ciel ou alors remonté des enfers, par contre tout les autres mecs ils me disent rien du tout : y a un bon 80% qui survivra pas aux 20 prochaines minutes mais j'ai hâte de découvrir les biographies des survivants !

    Mais nooon vous vous faites charcuter à la chaîne comme des porcelets sortis trop tôt du ventre de leur maman... La mort c'est la fin du plaisir j'ai pas raison ? Soyez raisonnables allez. Allez plutôt câliner les mecs à pustules, eux ils ont quelque chose à vous apprendre. Laissez Elizabeth tranquille !

    Elizabeth ? C'est Eleanor Bonny, j'ai vu son portrait dans le journal. Une immense prime et un fruit légendaire, m'sieur Doppio, un plat de résistance tout à fait appétissant. Je l'imagine délicatement rôtie à la broche.
    Alors non son nom c'est Elizabeth, j'ai creusé dans les vieux souvenirs de Craig Kamina et ce nom est revenu de nombreuses fois ! Craig la... haïssait. Parce qu'elle a tué des gens ! Mais qui ne tue pas de gens de nos jours ? Surtout sans faire exprès ?
    Quand elle vous a aperçu, elle a bien reconnu Kamina, "vous" avez un passé commun ! Délicieuse coïncidence.
    Je suis impatient de pouvoir construire avec elle de nouveaux souvenirs, loin, loin de l'ombre de Craig ! On va...
    - KAMINAAAA !

    Son poing en partance pour mon bidon, il rentre en gare : mon nombril s'affaisse j'ai un peu liquéfié ma gadoue, pour accueillir cette bonne vieille pote. Ça amortit l'impact ! Ça prolonge la douleur. Ça, ça, ça, ça
    Ça tonne jusque dans mes cartilages je suis un maelstrom vivant, mon esprit est catapulté sur au moins trois univers différents, dont un administré par un gigantesque blob rouge empestant l'hémoglobine...

    Écran noir ! Dissous dans l'espace profond. Je deviens absolu... une seconde d'éternité...

    Mon âme s'est tirée une seconde puis la revoilà en selle, aux commandes de son petit vaisseau de viande, d'eau, d'os et de sang, de beaucoup de sang, de tellement de sang que ça en déborde. La lumière revient. Chacun de mes organes crie, comme s'ils voulaient s'échapper pour danser dehors, le ciel est bleu et le sol est rouge... Jicé !

    Jicé ! J'ai ma quarantième mort ! Youpi !! Dites tous youpi.
    YOUPIIIII !

    Ben ça alors ! Je suis empalé sur un mât de mon propre bateau, je viens de le remarquer. Je me laisse couler, sous l'hilarité générale de mes vieux complices, sous ma forme de grosse flaque, mes organes sont chatouilleux, j'ai mal, atrocement mal, ce jour est en lice pour rentrer dans le top 5 des jours les plus cools de ma vie... De la souffrance continue à être dégueulée sur le navire de la marine, et je suis en train d'en rater une partie ! Y avait un apollon sur le pont, tout à l'heure, avec une faux gigantesque, un délire sur pattes et un coup de foudre instantané, je veux rien rater de ce qu'il fait, même s'il décidait de se toucher la nouille devant tout le monde, je voudrais pas le rater, j'espère qu'il se touchera effectivement la nouille.

    Le problème c'est qu'Elizabeth est encore là et qu'elle tient vraiment à jouer avec moi, comme ces filles collantes et bizarres dans la cour de récréation...

    Elle a le visage maculé de boue ! J'ai du l'arroser quand elle m'a frappé. Je lui adresse un sourire mutin, elle tire la gueule. La plupart de mes meilleurs amis tirent la gueule lorsqu'ils me voient ! Je perds pas espoir. Une amie capable de te faire rebondir ton âme dans tous les sens à chaque coup de poing, ça se perd pas de vue ! Pourquoi tu la détestais Craig ? Elle est tip top cette petite dame.

    Ça va te choquer mais tu sais, le Craig Kamina que tu as appris à aimer est mort ! Moi c'est Doppio, ça s'écrit avec deux P. Craig et moi on a le même corps mais pas la même âme. Si tu veux on peut s'asseoir là et discuter, tu me parlerais de tous les gens que tu as tué et je te parlerai de...
    - Ferme-là !

    Elle a décroché son escargot, quelqu'un crie dedans et elle préfère l'écouter plutôt que moi. D'un regard réprobateur j'espère lui signifier son impolitesse.

    Bah d'accord... Ben je vais aller draguer l'autre mec là-bas qui ressemble à un cadavre. C'est fini entre nous t'as raté le coche.

    Je suis ici pour faire des rencontres. Reste sur ton escargot, moi il me tarde de parler météo et enfants avec le gentil faucheur qui débouche des corps comme des bouteilles de champagne là-bas...

    - OU TU CROIS ALLER COMME ÇA ?! Tu penses vraiment m'endormir avec tes...

    Ça tremblote ! Je veux dire, le sol...

    M'SIEUR DOPPIO ! SOUS L'EAU !
    Attends deux secondes, je m'explique avec la madame !
    -C'est un poisson ?
    -Waaaw ! L'est rien gros !

    Je m'explique pas trop en fait elle essaye de m'étrangler ! J'ai plus trop accès à ma voix. Elizabeth c'est long d'étrangler quelqu'un tu sais ? Tu veux me faire souffrir ? Le régal est total je me marre silencieusement. Je sue des litres de vase, ça lui dégouline sur ses petons. Je profite d'une poignée de secondes d'une saine suffocation avant de dégainer un gros tentacule vomi par mon nombril ! Ça la surprend elle relâche son étreinte. Je commençais à sentir des good vibes elle allait peut-être vouloir m'exploser la tête plutôt que simplement la priver d'oxygène finalement ! Penaud et tristounet je recule, j'aurais du attendre juste un peu plus pour voir si j'allais
    BROUUUUUM

    Retremblote mais encore plus. Et puis mon bateau commence à pencher ! Il bascule comme s'il avait envie de mettre la tête sous l'eau.

    ... Ben alors on casse le matos des autres ?
    - Abruti, c'est pas moi... On est tombés dans un piège !

    Ok ! J'arrive les copains, je vous rejoins sur le navire marine. Mais pas sans essayer avant de projeter mon tentacule ventral à la gueule de cette coquine !
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    Glissant sous la voilure d'un mât en berne, j'en ressors tel un ressort dans le dos à nu d'un inconnu. La faux s'élève et le sang retombe. D'une enjambée la dépouille s'éloigne, puis deux nouvelles se couchent à mes pieds. A la bordure du malstrom, les éléments tonnent pendant que sur le pont la folie furieuse habite les cœurs. La foule grouillante s'échine à s'entretuer et je prends plaisir à les accompagner.

    Entamant une lugubre symphonie, je laisse tendrement glisser mes mains rugueuses le long de l'hampe usée. Le temps est au silence dans l’âpreté de la bataille. Non loin, un bodybuildeur couvert de cicatrices abat férocement une matraque en fanon de baleine sur le dos brisé d'un pustuleux implorant. Tout en frappant, le colosse inonde le mal-loti d’encouragements endiablés. Souriant, je lâche une inspiration, puis deux. La Mort s'élance alors en avant la faux dans son dos. Le gaillard a beau me voir venir, une jambe part puis la tête. Celle délivrée du malheureux l'accompagne bientôt. Le rythme m'habite et les pas s’enchainent. Floutant mes contours d'un tourbillon de tissu rapiécé, j'empale dans le bas ventre le camarade de l'un venu à la rescousse. Une cascade vermillon marque mes empreintes alors que de nouveaux assaillants se dressent à ma rencontre. L'acier rencontre l'acier. Les chocs se répercutent et raisonnent à l'unisson, puis de nouveau le bruit ambiant reprend le dessus. Avançant toujours plus loin, toujours aussi loin que possible des deux énergumènes, un courant glacé guide mes pas. L'écho du trépas. Fauchant toutes âmes à portée, la lame poursuit sa douce mélodie. L'instrument crochu passe et repasse sous les cris enthousiastes d'un public conquis. D'autres me rejoignent et d'un râle m'accompagne. Des corps ensanglantés émiettent mon passage.

    En prise avec la garde d'un désœuvré repu au maniement du sabre, j'essaye d'en percer la faille lorsqu'une ombre vrombissante m'assaille. L'expérience de l'âge et des coups foireux soufflant le danger à l'oreille, je remonte mon arme et l'interpose à l'aveugle. Balayant le pont et ce qui s'y trouve, une explosion destructrice s'écrase sans douceur sur ma brève défense. Le bras encaisse douloureusement la lourdeur de l'offensive mais les pieds décollent. La violence du choc m’envoie m'écraser comme une loque à quelques coudées. La tronche sonnée de mon adversaire applatie devant moi, je reprends mon souffle que le mât brisé du navire prison tente de nouveau de m'écraser. Roulant sur moi-même afin d'en éviter la caresse, le plancher vole en éclats à ma place. Se dressant haletant à l’épicentre de la zone ravagée, une montagne de muscle souffrante fait tournoyer son arme. Les traits tirés par le traitement du Commandant Groar, le Vent de l'Ouest brasse l'air sans distinction tout autour de lui. La fièvre bien installée lui embrume maintenant la tête d'un voile de fureur. Désespéré et perdu, il se contente de balayer le pont de son arme de fortune sans distinction.


    Dernière édition par Le Cavalier le Ven 12 Mar 2021 - 13:57, édité 1 fois
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    Prêt à prendre un bain avec la sous-marine ? Convoi 05 - Rope o'Cop 4257582545

    Je viens annoncer que plus aucun nouveau PJ ne peut intervenir et que vous avez une semaine pour conclure. Bien sûr, cette semaine sera reportée tant qu'il y aura des choses à jouer (un combat en l'occurrence). Sitôt le conflit terminé et le sort des prisonniers joué, ce sera fini pour ce convoi. Bon jeu à tous !
      Notre position était délicate. Mon regard faisait des allers-retours entre mon équipage et Craig Kamina, qui prétendait s'appeler Doppio à présent, tandis que les vagues soulevaient la carcasse du navire abordé sous nos pieds. Il n'était pas trop tard pour agir.

      D'un geste ample, ma jambe dessina une courbe dans l'air et envoya une lame d'air couper les cordes des grappins restants, libérant mon navire qui commença aussitôt à s'écarter. Au moins une bonne nouvelle.

      « - Peu importe ce qu'ils ont prévu, si la Sous-Marine y est mêlée, ce n'est pas bon. Ni pour toi, ni pour moi. »

      J'avais mes comptes à régler avec le déserteur, même si à présent on pouvait me ranger dans la même case que lui, mais ça pouvait attendre. Il nous fallait faire front commun, si sa tête de merlu pouvait le comprendre. Le bâtiment des pseudo-révolutionnaires s'était échoué dans le navire-prison : au point de jonction, le bois se craquait et se soulevait de chaque côté, couvrant le clapotis nerveux des vagues en contrebas. Les animaux qu'avait ramenés l'hurluberlu luttaient à la fois contre l'équipage du vieux décharné, les pestiférés et... eux-mêmes. Je jugeais qu'il n'y avait rien de bon à envisager de faire équipe avec de tels écervelés, mais Craig semblait les maîtriser.

      Les rouleaux se faisaient plus ardents aux alentours, tandis que la ligne d'horizon à bord se soulevait. Un sous-marin naissait sous nos pieds, probablement, et poussait le méli-mélo de bateaux sans discontinuer. Par un craquement brutal émanant de la coque du vaisseau abordé, nous comprîmes que celui-ci n'allait pas tarder à être ouvert en deux. Il avait même probablement été volontairement sabordé avant notre arrivée ; le plan était de nous entrainer là.

      Cette fois-ci, nous n'avions pas vu la seconde partie du convoi, nous étions tombés pile dans le panneau. Tous les trois.

      « - Il faut se serrer les coudes. Nous réglerons ça une prochaine fo- » commençai-je avant d'être interrompue par un brouhaha de l'autre côté du pont.

      Des hommes criaient comme une masse informe jaillissait de la cale et réduisait en charpie tout ce qui se trouvait à sa portée. Amis ou ennemis, elle ne faisait aucune différence. Un nuage de poussière et de morceaux de bois flottait autour de lui, mais je le reconnus aussitôt que je vis le soleil luire sur la coque de son scaphandre.

      « - Merde... »

      Les ennuis venaient de salement s'intensifier. Déjà, que la sous-marine soit présente, ça nous mettait dans la panade, mais ce n'était pas non plus n'importe quel officier qui avait fait le déplacement. Je ne l'avais jamais vu, mais j'avais suffisamment entendu parler de lui pour deviner son identité : le Grand Timonier. Comme pour répondre à mes craintes, sa foreuse s'actionna à nouveau pour transpercer sans effort l'un des illuminés qui s'était jeté sur lui sans même esquinter son armure.

      Je jetai un regard à mon compagnon d'infortune, dont une lueur de folie éclairait le regard. Cela se voyait : il avait envie de se mesurer au forçat et, si je ne le connaissais pas, je dirais même qu'il espérait se faire broyer par son arme fétiche. Un véritable déséquilibré, mais je pouvais profiter de l'occasion. Nous n'arriverions peut-être pas à bout du scaphandrier, même avec nos forces conjointes, mais nous pourrions gagner du temps. Je pourrais gagner du temps... suffisamment pour mettre mes hommes en sécurité.

      Craig se jeta comme un petit fou dans la mêlée, tandis que ceux qui s'appelaient les Fauchés se hâtaient contre le bastingage ; certains regagnaient même leur navire d'origine. Je suivis l'homme-poison, tranchant et broyant tout ce qui me passait sous la main. Sur mon chemin, un malabar faisant des tourbillons avec une masse et imposant une certaine terreur chez l'assemblée eut la malchance de faire la rencontre de mon poing, chargé de haki et d'ondes sismiques. Le choc fut tel que l'homme décolla largement du sol avant de voler vers la foreuse de Meuler, qui l'embrocha sans se poser de questions.

      Alors, tandis que le déserteur se changeait en un tas de boue informe prêt à ensevelir l'ennemi, trop occupé à dégager le cadavre de son arme, je terminai le travail de la sous-marine. La jambe levée bien haut, je l’abattis soudainement sur la carcasse du navire prison, au grand dam de tous ceux qui s'y trouvaient encore ; il était hors de question de laisser une nouvelle surprise nous prendre à défaut.

      « - Réséda ! »
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      L'impact du coup secoua les alentours, rameutant les vagues vers le cadavre du navire-prison après les avoir poussées tout azimut. Certains hommes avaient glissé dans le gouffre béant et étaient tombés, plus bas, sur la coque en acier du sous-marin à découvert. Bingo.

      Un bruit métallique surgissant aussitôt derrière moi m'indiqua que le Timonier avait de la suite dans les idées. Trop tard ou trop lent cependant : je parvenais au dernier instant à me soustraire à sa prise pour glisser vers la tourmente en contrebas. Le temps était compté et mon coup avait suffisamment repoussé l'Anonyme pour le mettre hors de portée de l'ennemi, mais suffisamment proche pour que je le rejoigne grâce à ma technique du Colibri. Il ne me restait plus qu'à nous garantir la fuite en sabordant le seul moyen que la Sous-Marine avait pour nous poursuivre : les propulseurs du submersible.

      À la surface, quelques hommes avaient deviné mon intention et me canardaient, tandis qu'une ombre planait sur moi, de plus en plus grande, dessinant la forme d'un immense scaphandre. La mer elle-même semblait m'en vouloir, se refermant sur le trou que je venais de créer grâce à la force des vibrations : l'eau ne tarderait pas à récupérer son territoire, ainsi je n'avais que quelques précieuses secondes et pas le temps de faire dans la dentelle.

      Mon poing s'illumina au moment même où un martèlement d'acier signa l'amortissement de la chute du Timonier ; hasardeusement, je ciblai une partie de la coque vers l'arrière du bâtiment tout en espérant atteindre quelques mécanismes grâce à une attaque dévastatrice. C'était risqué, notamment compte tenu du manque de temps, mais je n'avais pas d'autre solution et la force de l'impact me garantirait une fois de plus un court répit face à la violence des courants qui cherchaient à m'engloutir.

      « - Perce-Neige ! »

      Mes phalanges heurtèrent la cible et le paysage s'inversa soudainement : grièvement touché, le sous-marin faisait la culbute et promettait de m'emporter dans sa pirouette si je ne m'activais pas assez vite. Un coup d’œil rapide me garantit une victoire fugace, suffisante pour mettre les voiles mais clairement pas immobiliser à tout jamais le vaisseau. Là où je venais de frapper, un trou fumant laissait apparaître des circuits brûlés, des câbles écorchés et des jets de vapeur.

      J'avais pratiquement réussi à m'évader lorsqu'une main puissante saisit ma cheville gauche à la volée et m'envoya bouler dans la cale béante du navire-prison. Chance ou malchance, un tas de macchabées m'accueillit et amortit ma chute. Le prochain à s'en servir comme piste d'atterrissage était le Commandant qui semblait bien décidé à m'enfoncer sa foreuse dans les chicots. Mantra aidant, j'esquivai le coup en longeant sa silhouette grâce à un Lys de Papier et retrouvai l'air libre de la surface. Un hurlement me succédait, mais je n'en tins pas compte : mon regard fit rapidement le tour de la zone, me gratifiant du spectacle des deux autres zigotos rappelant leurs hommes, pirates comme révolutionnaires. Bien, je n'étais pas la seule à avoir de la jugeote.

      L'arme de l'officier de la Sous-Marine transperça le sol du pont principal, à l'endroit exact où je me trouvais jadis, une seconde après que j'aie décollé. Affichant un sourire figé, je contemplais son désarroi tout en fuyant en direction de mon bâtiment, Lys de Plumes et de Foudre aidant. Je savais que c'était une bataille que je n'aurais pas pu gagner et acceptais, en quelque sorte, cette petite défaite qui me tendait les bras. Si bien que de retour à bord de l'Anonyme, je restai d'abord muette face aux interrogations de Karen et Angelica, n'acceptant de parler qu'après avoir bu la moitié d'une des bouteilles de gin que nous avions en cargaison.

      Lorsque je fus persuadée que nous étions loin de la bataille navale et tous en sécurité, je m'effondrai sur le pont, consciente de la vision de moi que mes hommes avaient à ce moment-là. Ils m'avaient crue invincible, peut-être changeraient-ils d'avis après cela. Je n'étais pas en état de dissimuler mes failles à cet instant. Les deux femmes, elles, s'interrogeaient plus que jamais, plantées devant moi les bras croisés. Après une bonne minute passée à retrouver mon souffle, je laissai alors échapper :

      « - Putain, j'ai failli crever. »

      HRP:
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