Les premiers rayons de soleil rentrait par la fenêtre de Mallory, la jeune demoiselle se réveilla, resplendissante, les oiseaux chantaient, la vie était belle. Et puis une demi-douzaine de prétendant, tous plus beaux les uns que les autres firent éruption dans son palais…
Pendant ce temps dans la réalité véritable.
Déjà il est midi, ça faisait déjà quelques heures que le soleil essayait de la tirer de son lit par le carreau éternellement brisé de sa fenêtre. Elle avait les cheveux en pagaille, une posture qui lui garantissait un bon lot de crampes pour la journée et un joli filet de bave lui coulait le long de la joue. Elle aurait pu profiter de ce songe pour quelques heures encore, jusqu’à ce qu’une mèche de cheveux rebelle décide en plein ronflement qu’il serait intéressant d’aller voir ce que la jeune femme a dans la trachée. Une profonde crise de toux et une poignée de haut-le-cœur plus tard, la voilà réveillée, inutile de dire qu’on a déjà fait plus glamour… Les douces mélodies de la nature en éveil s’évanouis subitement, laissant place aux cris aigus des mouettes perchées sur sa lucarne. Les yeux vitreux et bouffis elle se leva tout doucement, essayant de retarder l’inévitable… Après avoir décidé lequel de ses pieds allait être le mauvais pour aujourd’hui, elle se tire vers sa commode, se peigne, se coiffe, tresse se cheveux et choisis son accoutrement pour la journée, salopette bleue solide et chemisier blanc, il ne faut pas changer les formules gagnantes, et aussi qu’elle n’a pas le courage d’acheter des fringues plus stylées vu l’état misérable du reste de sa garde-robe, elle étouffe un pincement au cœur juste à y penser…
Après avoir dégusté une crêpe goût plafond et plancher préparée par ses soins elle était fin prête à affronter la journée, elle se demande quand même ce qui l’attendait aujourd’hui, c’était un matin plutôt aisé, rien ne c’est enflammé, son toit ne coulait pas, même le nombre de chutes et de collisions était largement en dessous de la moyenne! C’est louche… Elle avale son déjeuner d’une traite et en saluant ses parents déjà bien occupés en boutique elle s’éclipsa, question d’éviter un maximum de dommages collatéraux dans le coin. Le reste du port des jumeaux n’était aucunement à l’abris mais bon elle ne pouvait pas protéger tout le monde non plus… Elle continue à errer sur les quais, fusillant du regard chaque recoin, la poisse peut frapper à tout moment, fort heureusement il n’y avait pas un seul nuage au-dessus de sa tête alors au moins elle n’avait pas à se méfier de catastrophes météorolo-
Et puis soudainement, voilà qu’un épais brouillard enveloppa le port, ça lui apprendra à penser tout haut ce qu’elle devrait penser tout bas… Ce n’est que de la brume après tout, alors oui une visibilité réduite signifiait forcément un nombre encore plus grand d’accidents de toutes sortes, elle serre instinctivement les dents… Et elle a bien fait! Elle n’avait pas fait deux pas dans ce nuage qu’elle posa pied sur une planche branlante. Son pied droit alla directement faire trempette alors que la seconde extrémité de la planche, dans un magnifique exemple de levier, se redresse d’un seul coup, un CLOPS bien sonore se fit entendre avant que la planche ne se retrouve à la verticale et frappe le requin directement sur le pif… Il n’y avait pas de doute, elle avait percuté autre chose… Et d’après ses estimations l’objet en question était à peu prêt à hauteur de menton… Alors oui, estimation, le brouillard opaque ne lui offre pas suffisamment de détails pour savoir qui, ou quoi, elle venait de heurter! Ce qui voulait dire que peu importe ce qu’il se trouve quelques pas plus loin ne pouvait pas non plus la reconnaitre! Sans faire un bruit elle retira son pied du trou, laisse la planche reprendre sa position initiale et rebrousse le chemin en sifflotant nerveusement.
Ni vu, ni connu... Du moins elle ose y croire.