- Commandant ! Navire en approche !
Peter St. Borough, à la tête du 68e régiment de la Marine, lève la tête et hausse un sourcil en écoutant le messager. Lâchant sa plume, il laisse de côté sa paperasse hebdomadaire et quitte ses quartiers pour rejoindre l'équipage sur le pont de son bâtiment. Les côtes de Bulgemore sont à quelques mètres à peine, et l'épaisse neige qui tombe à cette période gêne sa vue. Il peste et grimace face à ce temps de chien. En plissant les yeux, il parvient tout de même à apercevoir l'objet de l'intérêt de ses hommes.
- Donnez-moi ça.
On lui tend une longue vue et le commandant analyse plus en détail le bateau qui fait route vers eux : sans équipement militaire visible, il ressemble davantage à un navire de transport qu'à l'embarcation de hors la loi... Mais les règles étant ce qu'elles sont, et sa trajectoire n'étant pas celle du port, Peter ne peut s'empêcher de penser à un mauvais présage. L'expérience parle pour lui, et ce n'est pas la première fois qu'un arrivant aux airs innocents se révèle être un criminel recherché. L'île de Vegapunk attire toutes sortes d'individus, au grand dam des représentants de l'ordre.
L'officier ordonne aux matelots de s'activer. Le cuirassé commence son approche. L'intrus ne fait pas mine de ralentir. Une minute passe, puis deux. Le silence qui accompagne leur trajet est pesant et l'on entend presque déglutir son voisin. Personne n'aime ce genre de situation, peu importe le nombre de fois auxquelles on y fait face.
Un instant, ses yeux discernent quelques formes vagues s'agitant sur la proue du navire, mais le temps est trop mauvais pour qu'on puisse savoir de qui il retourne. Il lui semble cependant que le trois mâts en face d'eux ralentit... Ce changement de vitesse est anormal. D'un geste de la main, le commandant invite tous ses hommes à focaliser leur attention sur le moindre mouvement suspect à bord. Après quelques temps, ils sont suffisamment proches pour discerner le pont de l'autre bâtiment, mais il ne semble y avoir personne. La gorge de Peter se noue encore plus. Ce n'est clairement pas bon... Armé de son escargophone, lui-même relié aux portes-voix de cuirassé, il dit :
- Ici Peter St. Borough, commandant du soixante-huitième régiment, en charge de la sécurité de Bulgemore ! Vous naviguez en ce moment-même vers un secteur non réglementé. Identifiez-vous et annoncez l'objet de votre venue !
Face à lui, le navire continue d'avancer, sans faire mine de manoeuvrer ailleurs que dans leur direction. Peter ne prend pas la peine de réitérer ses propos :
- Contournez-le. Armez les canons ! Maintenant !
C'est à une vitesse record que son équipage s'exécute. Chaque soldat a été entraîné à répétition pour ce genre d'occasions, et l'officier supérieur n'apprécie guère les mollassons. Quant on patrouille avec lui, on refuse la routine confortable. Chaque lendemain est un inconnu qu'il faut affronter au meilleur de soi-même... Car plus ses hommes sont compétents, moins il a de travail à fournir. On est loin d'une patrouille tranquille aux abords d'une île paradisiaque, mais chaque détail compte pour réduire ses charges administratives. C'est donc en moins d'une minute que le cuirassé se retrouve sur le flanc du navire suspect et qu'il ouvre le feu, au plus près de la coque, sans faire mouche :
- Ceci est notre dernier avertissement ! Arrêtez-vous immédiatement !
La Marine est focalisée sur le bateau qui ne ralentit plus, ni ne vire. Le messager de tout à l'heure, à l'insigne de caporal, se permet de tirer doucement son supérieur par l'épaule :
- Commandant, regardez... Il n'y a personne.
En effet, Peter ne voit rien, pas âme qui vive. De la proue à la poupe, en passant par le gouvernail, il n'y a pas un seul individu qui dirige ce navire fantôme.
- ... Abordez-le immédiatement.
- Ci-fait, mon commandant !
La moitié des hommes du cuirassé grimpe à bord, aux côtés de St. Borough. L'homme à la barbe finement taillée tâte son sabre nerveusement. Il aurait préféré que cette journée soit comme les autres : froide et cyclique. Et son paquet de clopes est resté dans ses quartiers.
Très vite, il constate que l'accès aux quartiers, ainsi qu'aux entrailles du navire, sont bloquées. Le caporal observe une fine couche de givre remplissant l'interstice des portes et des ouvertures. Mais malgré la température ambiante, il est impossible qu'une telle chose se produise en si peu de temps. D'un coup net et précis, le commandant fend chaque accès obstrué, de sorte à ce que les soldats continuent l'investigation. Il se décide à descendre jusque dans les cales, souhaitant n'y trouver que des produits inoffensifs. Mais là encore, rien. Quelques caisses vides, des sacs de céréales à moitié consommés, une réserve d'eau quasiment épuisée... Mais pas la moindre marchandise, pas même une arme ou la mèche d'un explosif.
- Merde... Sortez-les de là !
Un de ses hommes s'exclame près de la zone réservée aux mousses. Peter remonte en trombe et se fraie un chemin jusqu'à rejoindre les soldats, attroupés devant...
- De la glace ?
Une épaisse couche transparente fait face à son escouade, sans qu'aucun ne puisse en expliquer la raison. Derrière ce mur, l'officier supérieur remarque des ombres qui s'agitent. Puis des voix s'élèvent et il saisit alors la nature des personnes coincées derrière : l'équipage de ce transporteur, restreint pour leurrer les soldats.
Poussant un juron, St. Borough rassemble ses forces et se met à taillader le rempart de givre, jusqu'à libérer les otages. Ceci fait, il se dépêche de rejoindre le pont et, avant de pouvoir donner de nouvelles directives, un des guetteurs du cuirassé le hèle :
- Mon commandant ! Une barque vient de rejoindre la côte !
Trop tard, la véritable menace vient d'atteindre son premier objectif.
Peter St. Borough, à la tête du 68e régiment de la Marine, lève la tête et hausse un sourcil en écoutant le messager. Lâchant sa plume, il laisse de côté sa paperasse hebdomadaire et quitte ses quartiers pour rejoindre l'équipage sur le pont de son bâtiment. Les côtes de Bulgemore sont à quelques mètres à peine, et l'épaisse neige qui tombe à cette période gêne sa vue. Il peste et grimace face à ce temps de chien. En plissant les yeux, il parvient tout de même à apercevoir l'objet de l'intérêt de ses hommes.
- Donnez-moi ça.
On lui tend une longue vue et le commandant analyse plus en détail le bateau qui fait route vers eux : sans équipement militaire visible, il ressemble davantage à un navire de transport qu'à l'embarcation de hors la loi... Mais les règles étant ce qu'elles sont, et sa trajectoire n'étant pas celle du port, Peter ne peut s'empêcher de penser à un mauvais présage. L'expérience parle pour lui, et ce n'est pas la première fois qu'un arrivant aux airs innocents se révèle être un criminel recherché. L'île de Vegapunk attire toutes sortes d'individus, au grand dam des représentants de l'ordre.
L'officier ordonne aux matelots de s'activer. Le cuirassé commence son approche. L'intrus ne fait pas mine de ralentir. Une minute passe, puis deux. Le silence qui accompagne leur trajet est pesant et l'on entend presque déglutir son voisin. Personne n'aime ce genre de situation, peu importe le nombre de fois auxquelles on y fait face.
Un instant, ses yeux discernent quelques formes vagues s'agitant sur la proue du navire, mais le temps est trop mauvais pour qu'on puisse savoir de qui il retourne. Il lui semble cependant que le trois mâts en face d'eux ralentit... Ce changement de vitesse est anormal. D'un geste de la main, le commandant invite tous ses hommes à focaliser leur attention sur le moindre mouvement suspect à bord. Après quelques temps, ils sont suffisamment proches pour discerner le pont de l'autre bâtiment, mais il ne semble y avoir personne. La gorge de Peter se noue encore plus. Ce n'est clairement pas bon... Armé de son escargophone, lui-même relié aux portes-voix de cuirassé, il dit :
- Ici Peter St. Borough, commandant du soixante-huitième régiment, en charge de la sécurité de Bulgemore ! Vous naviguez en ce moment-même vers un secteur non réglementé. Identifiez-vous et annoncez l'objet de votre venue !
Face à lui, le navire continue d'avancer, sans faire mine de manoeuvrer ailleurs que dans leur direction. Peter ne prend pas la peine de réitérer ses propos :
- Contournez-le. Armez les canons ! Maintenant !
C'est à une vitesse record que son équipage s'exécute. Chaque soldat a été entraîné à répétition pour ce genre d'occasions, et l'officier supérieur n'apprécie guère les mollassons. Quant on patrouille avec lui, on refuse la routine confortable. Chaque lendemain est un inconnu qu'il faut affronter au meilleur de soi-même... Car plus ses hommes sont compétents, moins il a de travail à fournir. On est loin d'une patrouille tranquille aux abords d'une île paradisiaque, mais chaque détail compte pour réduire ses charges administratives. C'est donc en moins d'une minute que le cuirassé se retrouve sur le flanc du navire suspect et qu'il ouvre le feu, au plus près de la coque, sans faire mouche :
- Ceci est notre dernier avertissement ! Arrêtez-vous immédiatement !
La Marine est focalisée sur le bateau qui ne ralentit plus, ni ne vire. Le messager de tout à l'heure, à l'insigne de caporal, se permet de tirer doucement son supérieur par l'épaule :
- Commandant, regardez... Il n'y a personne.
En effet, Peter ne voit rien, pas âme qui vive. De la proue à la poupe, en passant par le gouvernail, il n'y a pas un seul individu qui dirige ce navire fantôme.
- ... Abordez-le immédiatement.
- Ci-fait, mon commandant !
La moitié des hommes du cuirassé grimpe à bord, aux côtés de St. Borough. L'homme à la barbe finement taillée tâte son sabre nerveusement. Il aurait préféré que cette journée soit comme les autres : froide et cyclique. Et son paquet de clopes est resté dans ses quartiers.
Très vite, il constate que l'accès aux quartiers, ainsi qu'aux entrailles du navire, sont bloquées. Le caporal observe une fine couche de givre remplissant l'interstice des portes et des ouvertures. Mais malgré la température ambiante, il est impossible qu'une telle chose se produise en si peu de temps. D'un coup net et précis, le commandant fend chaque accès obstrué, de sorte à ce que les soldats continuent l'investigation. Il se décide à descendre jusque dans les cales, souhaitant n'y trouver que des produits inoffensifs. Mais là encore, rien. Quelques caisses vides, des sacs de céréales à moitié consommés, une réserve d'eau quasiment épuisée... Mais pas la moindre marchandise, pas même une arme ou la mèche d'un explosif.
- Merde... Sortez-les de là !
Un de ses hommes s'exclame près de la zone réservée aux mousses. Peter remonte en trombe et se fraie un chemin jusqu'à rejoindre les soldats, attroupés devant...
- De la glace ?
Une épaisse couche transparente fait face à son escouade, sans qu'aucun ne puisse en expliquer la raison. Derrière ce mur, l'officier supérieur remarque des ombres qui s'agitent. Puis des voix s'élèvent et il saisit alors la nature des personnes coincées derrière : l'équipage de ce transporteur, restreint pour leurrer les soldats.
Poussant un juron, St. Borough rassemble ses forces et se met à taillader le rempart de givre, jusqu'à libérer les otages. Ceci fait, il se dépêche de rejoindre le pont et, avant de pouvoir donner de nouvelles directives, un des guetteurs du cuirassé le hèle :
- Mon commandant ! Une barque vient de rejoindre la côte !
Trop tard, la véritable menace vient d'atteindre son premier objectif.