Les affaires sont les affaires! [PV Kaito]

▬ Pfiouh, enfin tranquille …

Voilà quelques temps que les Intrépides Libres ont quitté Boréa pour s'aventurer jusqu'à South Blue dans le cadre d'une des mission confiés par Wallace. Les derniers jours se sont montrés les plus difficiles tant la situation fut quelque peu dangereuse, mais fort heureusement, ils purent s'en tirer et parvinrent finalement en début de matinée sur cette petite île où ils prévoyaient d'accoster depuis leur départ de North Blue. Après tout, ils avaient encore à faire dans ce coin du monde, et plus particulièrement par ici.

Concernant l'endroit, impossible de le nommer tant l'endroit était plutôt oubliable. L'île en elle-même était tout juste assez grande pour accueillir un ou deux petits villages ainsi que la ville principale, où les Intrépides débarquèrent tristement dans la zone la plus malfamée du port, mais dont l'activité, notamment sur les quais, tendaient à montrer que leur présence ne serait pas mal perçu, bien au contraire. Et confiant aussi le rôle à sa seconde de se charger du bateau et des commodités de débarquement, Kaito s'en était allé découvrir la ville.

À vrai dire, il n'accordait pas grand-chose au décor qui se présentait à lui. Les maisons qu'il observa tout en marchant lui firent rapidement comprendre que la zone n'était pas des plus riches ou connus. Visiblement, de ce qu'il en comprenait, l'île servait en grande partie de plate-forme commerciale sur cette blues, notamment pour les pirates et les contrebandiers. Un lieu pas nécessairement des plus recommandables donc, mais il apparut que l'ambiance y était au beau fixe, comme si l'habitude était prise et que les habitants vivaient sans être gênés par la présence de tant de malfrats – enfin, sûrement pas mal de malfrats peu dangereux, au vu des bateaux amarrés aux quais principaux, mais malgré tout non négligeable.

▬ Bon, bon, trouvons ce casino.

Cependant, Kaito n'était pas venu pour faire du tourisme. Il venait pour accomplir la mission de son patron. Cette dernière était plutôt simple : récupérer des informations sur un certain contrebandier sévissant à Boréa. Le kanokunien ne connaissait guère tous les détails de cette affaire, mais de ce qu'il en savait, l'homme s'attaquerait à quelques-uns de ses bateaux de fret pour s'accaparer ses marchandises et les revendre sur le marché noir. Une situation que l'armateur ne pouvait laisser passer.

En cette occasion, Wallace était parvenu à identifier un collaborateur proche de son homme et espérait de son désormais mercenaire qu'il découvre l'identité de cet personne et possiblement un moyen de mettre la main sur lui. Dans les faits, cela ne semblait pas des plus difficiles pour le capitaine pirate, et il savait par avance que si le besoin s'en faisait sentir, il pourrait agir pour éviter que l'homme ne dévoile son existence, mais de ce que Wallace lui en avait dit, ce fameux collaborateur était un marchand assez reconnu sur cette île. Sa mort ne manquerait donc pas de faire grand bruit et cela risquait de compromettre l'appréhension de leur véritable cible, qui serait sûrement plus sur le qui-vive après cela.

Voilà pourquoi Kaito avait trouvé un plan : cambrioler la maison de ce fameux marchand et de maquiller ça en un simple cambriolage local sans importance. Le souci était malheureusement que le kanokunien n'était guère un expert en la matière. La solution, heureusement, n'était pas des plus difficiles à obtenir : trouver quelqu'un qui s'y connaissait. Et bien que le jeune homme aux cheveux d'argent n'en connaissait pas personnellement – à part à Luvneel – mais il savait qu'en un tel endroit, en trouver un ne serait pas difficile.

Il se dirigea rapidement vers une des tavernes, s'installant à une table solitaire après avoir commandé une pinte de bière. Si son accoutrement a de quoi attirer le regard, il faut bien reconnaître que l'animation dans ce lieu est très vite plus intéressant que sa présence, surtout en voyant la diversité de personnes présentes – Kaito repéra même quelques hommes-poissons dans leur coin – et le jeune homme ne manque pas de passer suffisamment inaperçu pour se permettre de lancer quelques yeux autour de lui. Il finit par repérer cette table de jeu non loin, où se trouvait attablé un autre jeune homme à l'allure atypique, en train de jouer avec ses cartes. Rendu curieux, le kanokunien n'hésita pas à rejoindre sa table sans demander la permission, lui offrant son sourire le plus amical bien que son regard trahissait une certaine impassibilité.

▬ Vous m'avez l'air d'attendre que quelqu'un se joigne à vous pour une partie, aussi je me propose volontiers.

Kaito était plus confiant dans ses paroles. L'inconnu avait effectivement l'air de vouloir attirer des gens pour jouer avec lui, mais peut-être qu'il attendait déjà quelques amis ou camarades ? Impossible à dire dans l'immédiat, mais la réponse ne tarda pas à tomber, le jeune homme commençant à distribuer les cartes. Sans grande surprise, le kanokunien n'était pas un grand joueur de poker et sans vraiment s'en rendre compte, ses mises disparurent rapidement, bien vite remporté par son adversaire. Comme il l'espérait, l'inconnu était intelligent et rien qu'à le regarder, c'était comme s'il parvenait à connaître parfaitement les cartes. Une personne de choix pour sa mission. Restait à savoir s'il allait accepter. De toute façon, au vu des personnes présentes dans cette taverne et l'île en elle-même, le capitaine pirate ne se sentait pas vraiment gêné à l'idée de tenter le coup avec cet homme. L'aurait-il seulement été, cependant ? Lui-même se posait intérieurement la question.

▬ Hmpf, j'aurai peut-être dû miser mes berries d'une meilleure façon … À ce propos, je cherche actuellement quelqu'un pour une petite mission, et je me dis que vous pourriez être intéressé. Je paierai bien plus que ce que j'ai pu miser ici, évidemment.

La proposition était lancée. L'idée était évidemment d'appâter l'inconnu avec l'argent, à vrai dire la seule valeur potable que pouvait à ce moment-là mettre sur le tapis le capitaine pirate. Il lui sembla cependant que c'était là une proposition suffisamment alléchante. Restait évidemment à fixer le prix le cas échéant, mais ils auraient largement le temps d'en discuter si son interlocuteur acceptait …

Au grand soulagement de Kaito, son interlocuteur semblait intéressée par sa proposition. Bien sûr, il n'en connaissait pas les tenants et les aboutissants, mais au regard qu'il lui lança, le kanokunien sentit que l'homme se doutait que l'offre qu'il s'apprêtait à lui faire n'engageait rien de très légal. De toute façon, d'un simple regard, il se dit que cet homme devait être du genre à accepter ce genre de petit boulot « dangereux ». Sûrement plus que Kaito, à vrai dire, qui avait dû apprendre à s'y faire depuis qu'il travaillait pour Wallace. En tout cas, la discussion avait ainsi pu débuter sous les meilleurs auspices pour le pirate.

▬ Nous ferions mieux d'en discuter à l'abri des oreilles indiscrètes. Rejoignez-moi à l'arrière du bar, je vous en dirais plus. suggéra-t-il.

Alors que son homme sortit une pièce de son verre que venait de lui apporter le barman sur sa demande, sans doute pour l'impressionner, voilà que la demande était faite innocemment – ou presque -, espérant qu'il soit compris. Son affaire n'était effectivement pas quelque chose qui se discutait en public, encore mieux dans un lieu où la piraterie était visiblement monnaie courante.

En y pensant, sa proposition semblait apparaître comme une tentative étrange de guet-apens. Peut-être que l'homme se méfierait et ne suivrait pas son mouvement. Malheureusement, le mal était fait et tout ce que le sabreur pouvait faire à présent, c'était lui montrer que la confiance pouvait être réciproque. Ainsi sortit-il quelques berrys de sa poche, un petit sachet de cinq mille supplémentaire. Certes pas non plus de quoi devenir riche, mais – Kaito l'espérait – suffisant pour que son homme comprenne qu'il ne cherchait pas à l'entourlouper.

▬ Libre à vous de m'y rejoindre, évidemment, mais pour vous prouver que je ne cherche pas à vous piéger, voici un très léger acompte offert d'emblée. lâcha-t-il.

L'argent n'était pas nécessairement un problème pour le kanokunien. À vrai dire, il n'y trouvait guère plus d'intérêt que celui de faciliter l'accomplissement de ses objectifs. Alors nulle doute qu'il en aurait lâché quelques dizaines de plus, histoire de montrer qu'il était sérieux et fiable. Pour autant, il ne tenait pas à passer pour un pigeon, et puis s'il devait faire affaire avec cet homme, autant qu'il sache par avance qu'il ne serait pas non plus facile à plumer.

En tout cas, la balle était dans son camp, et Kaito n'ajouta rien de plus, se contentant de quitter la table, payant le barman en lui lançant son dû avant de s'éclipser rapidement des lieux, contournant rapidement la devanture pour se rendre dans ce qui s'apparentait à une arrière-cour où s'entassaient saletés et autres poubelles, attestant autant de l'activité du lieu que du manque d'hygiène de la part de ses clients.

Le pirate vérifia rapidement que personne ne l'avait dans son champ de vision puis sauta une palissade, se retrouvant entre deux bâtiments le long d'un petit couloir sombre tout juste éclairée par la lumière du jour. Le passage était étroit et la sortie – visible un peu plus loin, semblait donner sur un début d'entrepôt où il semblait peu probable que quelqu'un passe, surtout pour regarder si quelqu'un se trouve dans ce petit passage. Enfin, les murs ont des oreilles, comme on dit, mais c'était toujours mieux que de discuter en plein milieu de la masse populaire …

Quelques petites minutes s'écoulèrent, dans un silence de mort que le bourdonnement de la ville venait tout juste briser, puis enfin Kaito, perçut un mouvement de l'autre côté de la palissade. Par chance, il put profiter d'un petit trou dans le bois pour observer furtivement ce qu'il en était et constata que son homme était en présence. Vérifiant – bien que sommairement au vu de son champ de vision – une nouvelle fois que personne ne regardait, il attrapa son sabre et le passa légèrement au-dessus de la palissade, le secouant pour attirer son attention. Mieux valait éviter de siffler, c'était le meilleur moyen pour attirer les curieux. En tout cas, voilà qu'ils étaient désormais deux dans cet étroit passage, se faisant face dans ce même silence de mort que précédemment. Le pirate ne manqua cependant pas le briser, relançant le dialogue laissé en suspens.

▬ Merci pour la confiance, déjà. tint-il à souligner. Ce que j'aimerai vous proposer n'est pas franchement des plus légales, mais je ressens que vous n'êtes pas du genre à refuser ce genre de propositions … poursuivit-il.

Kaito préféra ne pas passer par quatre chemins. Lui faire comprendre qu'il ne l'avait pas choisi bêtement, c'était pour lui la meilleure façon de mettre les choses à plat histoire de pouvoir enchaîner très rapidement sur le sujet – ce qu'il fit évidemment, réponse de la part de son homme ou non.

▬ En fait, je cherche quelqu'un pour jouer les cambrioleurs. Un homme sur cette île possède des informations qui me sont précieuses dans le cadre de mon travail, mais je ne suis pas dans le genre discret malheureusement. Ainsi, j'aimerai vous proposer d'être ce cambrioleur. Tandis que je ferai diversion, vous vous infiltrerez chez lui pour récupérer tous les documents qui m'intéressent. expliqua-t-il.

Le kanokunien prit un temps pour respirer. Il avait parlé sans détour, histoire que l'homme n'aille pas penser qu'il se moque de lui ou quoi. Il était venu dans un but, et il ferait ce qu'il faut pour y parvenir. À vrai dire, il aurait pu tenter de le faire seul, mais le risque d'échec était bien plus important que s'il pouvait avoir quelqu'un pour s'occuper de la partie vol à sa place. Dans tous les cas, il manquait une petite composante à mettre dans la balance pour que l'homme saisisse pleinement l'affaire qui lui était proposé.

▬ Je vous propose vingt mille berrys à l'acceptation, trente mille de plus en cas de réussite. dévoila-t-il.

Pour un petit larcin qu'il pensait sans danger pour celui qu'il tentait de recruter, cette somme lui paraissait fortement alléchante – et dérisoire à ses yeux. En revanche, il lui serait difficile de monter plus haut comme ça, l'homme allait devoir négocier fort s'il le souhaitait. Et en attendant, le cadre désormais posé, il était temps, pour le kanokunien tout du moins, d'offrir quelques politesses.

▬ Je m'appelle Kaito Yamamoto, au fait. Mercenaire pour le compte d'un homme dont je préfère taire le nom. se présenta-t-il.

Il avait hésité un court instant à se présenter en tant que pirate, mais au final, il ne connaissait rien de cet homme. De toute façon, de pirate il n'avait encore pour le moment que la pensée. Tant qu'il n'avait pas commis d'acte répréhensible ou causé de problème en public, nulle raison de se décrire ainsi. Puis au final, il ne mentait pas sur son actuel métier, alors il ne trahissait pas ses principes.

Restait à savoir comment son interlocuteur allait y réagir …

Kaito fit la moue.

Il comprenait évidemment pourquoi il souhaitait garder l'anonymat, et dans ce cas il n'en avait cure, mais il aurait tout de même trouvé plus sympathique de connaître le prénom de celui qu'il employait. Bon. Il se dit qu'il aurait dû s'y attendre et se contenta de hausser les épaules pour faire comprendre qu'il acceptait cette réponse.

Il s'employa ensuite à répondre à ses interrogations, mentionnant qu'il ne cherchait pas nécessairement des documents en particulier, mais plutôt des informations sur de possibles plans d'actions, des achats particuliers que son possesseur avait souhaité cacher … Bref, tout ce qui pouvait lui permettre de comprendre ce que pouvait bien mijoter le gang auquel appartenait cet homme.

Quant à la localisation, le pirate se montra cependant ici plus précis. Il s'agissait d'un manoir situé en bordure de ville, assez richement distingué et que peu approchaient, d'après ce que lui en avait dit Wallace. L'homme constituant sa cible jouissait visiblement d'une petite réputation sur place et l'attaquer de front n'était sans doute pas la meilleure solution pour mettre la main sur les informations recherchées. Et c'était là que le cambrioleur se devait d'intervenir.

▬ Vous pouvez me faire confiance pour la diversion, l'important sera de mettre la main sur un maximum de documents qui vous paraîtront étranges. Ne vous préoccupez pas d'autre chose. acheva-t-il finalement.

Il ajouta succinctement qu'il lui donnait rendez-vous près du manoir, à l'arrière d'une maison abandonnée dont on lui avait une fois de plus fait mention – Kaito réalisa à cet instant que son patron lui avait tout de même bien mâché le boulot – et à partir de laquelle ils pourraient aisément lancer leur opération. Ils devraient s'y retrouver à la nuit tombée.

Le kanokunien s'assura une dernière fois que son interlocuteur était toujours d'accord avec ce plan puis fournit finalement l’acompte dont il avait fait mention, se délestant des berrys avec un grand sourire. Dernière salutation, puis les deux hommes se quittèrent en silence, le pirate rejoignant l'allée principale comme s'il était parti se soulager entre deux bâtiments.

La suite de la journée se fit plus tranquillement, le jeune homme rejoignant ses amis pour discuter un peu de la suite. Pour cette fois, ils n'auraient pas à intervenir, mais il leur demanda tout de même de préparer rapidement leur départ dans la soirée sachant ce qui pouvait les attendre. Sarah le questionna tout de même sur le comment il allait pouvoir récupérer les documents par la suite, mais Kaito la coupa rapidement, lui demandant de lui faire confiance à ce sujet.

Ce qu'elle fit, bien que légèrement à contrecœur. Et les heures qui suivirent se passèrent dans la bonne humeur, bien que le kanokunien s'éclipsa très vite pour réfléchir à ce qui allait venir, les laissant aller préparer le bateau comme convenu. Très vite, le sabreur rejoignit le point de rendez-vous, bien en avance, et prit le temps de visualiser un peu ce qui l'attendait depuis sa position. Il ne voyait guère beaucoup de choses, mais assez pour comprendre que le manoir n'était pas protégé que cela, sûrement par vantardise ou par confiance en soi. Dans tous les cas, il était assez confiant dans ses capacités avec ce qu'il pouvait observer.

Finalement, comme convenu, le cambrioleur reparut lorsque la nuit fut tombée, visiblement tout à fait prêt à accomplir son travail. Kaito, souriant, rappela brièvement l'objectif en vu puis indiqua qu'il allait lancer les hostilités.

▬ Au premier cri que tu entendras, tu pourras y aller.

L'annonce était faite avec calme et sérieux. L'idée était que le pirate agisse comme son « métier » lui demandait de le faire : comme un pirate. Il n'avait cependant pas en tête de tuer quiconque, du moins dans l'immédiat, mais il s'appliquerait à faire le plus de bruit possible pour attirer l'attention rapidement.

D'un hochement de tête, il laissa celui qu'il avait employé à son ultime préparation puis s'élança sans perdre de temps vers l'entrée du manoir, un grand portail en fer près duquel se tenait deux hommes armés et prêts à en découdre … Enfin presque. Profitant de l'absence de personnes sur l'unique rue qui donnait sur cette dite entrée, Kaito accéléra ses foulées, chargeant ces deux ennemis sans leur laisser le temps de comprendre qu'il les attaquait, frappant leur flanc, tranchant à l'horizontal sans chercher à viser. En quelques secondes, les deux hommes furent à terre, hurlant à la mort. Le signal était tombé.

Se concentrant alors un instant, Kaito fit traverser sa lame en son centre d'un puissant coup vertical, coupant net la serrure qui retenait l'ouverture. Ainsi libre de pénétrer dans la zone, le pirate s'y engouffra sans perdre de temps, cherchant désormais à rejoindre son prochain objectif : la chambre du propriétaire des lieux.

Kaito s'étirait tandis qu'il passait l'entrée principale de la grande maison.

À l'intérieur régnait un silence certain, même si le vacarme qu'il avait provoqué juste avant apportait désormais son lot de bruits de pas à l'étage, preuve que le personnel présent se mettait déjà en branle. Dans l'énorme salon qui se présentait au pirate cependant, nulle âme ne subsistait. À croire que tous les hommes s'étaient rassemblés autour du propriétaire des lieux.

Finalement, alors que le jeune homme s'avançait pour explorer à l'étage, où l'activité semblait bien présente, il se trouva soudainement pris à l'arrière par un groupe de gardes qui stationnait visiblement à l'extérieur. Ils étaient visiblement armés et leurs regards trahissaient leur instinct meurtrier. Jamais ils ne lui laisserait une chance de survivre s'il décidait de se rendre. Il n'aurait donc pas le choix de se battre, mais à vrai dire, cela ne le gênait guère, c'était là son travail. Sortant sa lame, il profita de la couverture d'un canapé rembourré pour esquiver la première salve de balles qui fusa sur lui.

▬ Crève, sale intrus !
▬ Tu sortiras pas vivant d'ici, mon gars !

Le capitaine des Intrépides Libres soupira légèrement. Visiblement, il se fichait bien de qui il pouvait être. Il était un intrus, un point c'est tout. Ainsi, même l'idée d'une discussion amicale une fois qu'il les auraient maîtrisé était à exclure. Bon. C'était eux qui l'avait cherché, l'invitant clairement à leur faire face. Ils allaient être servis. Kaito inspira un instant avant de soulever violemment le canapé, prenant ses adversaires par surprise et profitant de cet élément de surprise pour mener sa meilleure course jusqu'à ces hommes de mains, tranchant à l'horizontal sans laisser de jaloux derrière lui.

Un coup de lame dévastateur, parvenant à éliminer la plupart de ses adversaires – surtout les premiers à subir son assaut – et il s'occupa rapidement des derniers survivants, tranchant au niveau des bras pour leur soutirer leurs pistolets. La menace éliminée, le pirate se remit vite en mouvement, sentant que le silence avait laissé place au branle bas de combat. S'il ne montait pas immédiatement, nulle doute qu'il se ferait facilement canarder depuis l'étage.

Il courut à coups de grandes foulées, sautant plusieurs marches pour gagner du temps. Et bingo, alors qu'il approchait de l'étage, quelques hommes parurent, armés de fusils. Fort heureusement, s'attendant à le trouver au milieu du salon, l'apparition du jeune homme à leur niveau à l'instant où ils se posèrent sur la rambarde offrit un élément certain de surprise, fatal à ces gardes qui ne faisaient clairement pas le poids face à Kaito.

▬ Que l'on me dise où se trouve votre chef, si vous tenez à ne pas finir comme vos petits amis !

La phrase fut lancée alors que le long couloir face au pirate se remplissait de combattants pas franchement effrayant pour le jeune homme, mais assez nombreux pour l'épuiser plus que de raisons. Kaito s'en trouvait d'ailleurs étonné, ne pensant pas que sa cible se montrerait si précautionneux.

En y pensant, ce n'était pas illogique. Après tout, il était un homme visiblement connu dans le coin, et ses informations devaient être suffisamment importantes pour qu'il s'entoure d'un certain nombre de gardes. Pourtant, même là, c'était étonnamment beaucoup. Avait-il prévu le coup ? Se doutait-il qu'on finirait par en attenter à sa vie ? Des questions que le capitaine pirate ne manquerait pas de résoudre auprès de sa cible. En attendant, il allait devoir trancher dans le tas.

▬ Bon, visiblement personne, c'est dommage …

Oui, effectivement, personne ne lui répondit. Au contraire, cela n'avait fait que les rendre plus agressif. Cette nouvelle phrase ne fit que les motiver encore plus à s'attaquer au jeune homme, et Kaito n'eut d'autre choix que de passer pleinement à l'action. Il chassa quelques gouttes de sang perlant encore sur sa lame et passa à l'offensive, tranchant sans distinction tout ceux qui venaient jusqu'à lui, profitant de leur masse pour empêcher ceux qui se battaient à distance de tenter quelque chose.

Il y eut cependant bien quelques balles qui fusèrent, et malgré toute sa bonne volonté, le pirate fut tout de même touchée légèrement à l'épaule et à la jambe, mais ce qui l'handicapait, c'était que l'affrontement lui sembla interminable, et lorsqu'il put enfin atteindre les pistolets pour s'en débarrasser, ses mains légèrement tremblantes lui firent bien comprendre que combattre plus longuement aurait pu être fort problématique pour lui.

Les hommes désormais éliminés, il s'avança plus profondément dans le couloir et trouva un bureau dans une pièce, depuis laquelle on pouvait observer une fenêtre étrangement ouverte. Kaito sourit, car même s'il ne voyait pas, il devinait la présence de celui qu'il avait employé. En passant, il leva donc un pouce d'approbation doublé d'un petit « fais ton office » lancé à la volée sans attente d'être entendu.

Puis enfin, il se dirigea vers la pièce du fond, déboulant sur une grande chambre où un homme, doublé de deux gardes du corps un peu plus féroce que leurs camarades, était en train de préparer ses affaires par précaution, l'air visiblement paniqué.

▬ Bonjour.

Le souffle fort, les blessures apparentes bien que minimes, Kaito affichait son sourire le plus amusé et amical possible. À vrai dire, il était tout à fait serein pour le coup. Après tout, une fois ces deux combattants éliminés, sa mission serait dans la poche. Le reste ne dépendrait plus que de celui qu'il avait employé qui, il en avait l'assurance, devait accomplir son travail sans soucis …